dimanche 5 juin 2011

Pourquoi avons-nous besoin du bouddhisme?

Pourquoi je veux à tout prix être un sauveur, pourquoi je veux être un héros ?
Je ne suis pas Jésus, suis-je prêt à me sacrifier pour que d’autres vivent sur ma dépouille ?
C’est mon souhait le plus vif : bizarre non ? Quel orgueil ! Comme Pasolini, l’artiste que je vénère le plus : sa mort dans des circonstances mystérieuses ressemble effectivement à un sacrifice qu’il a consenti pour ressembler à son idole : le Christ.

N’empêche Jésus, quel coup de poker il a réussi. On n’a jamais fait aussi sublime que son sacrifice.  Comment un seul homme a-t-il pu frapper autant de consciences, pendant 2000 ans ! C’est trop fort. Je comprends que le christianisme ait été pendant autant de temps une religion si puissante. C’est une religion sublime.

Je ne veux pas dénigrer les autres religions. Il est évident que le judaïsme est la religion matricielle, celle dont sont sortis les deux monothéismes que sont le christianisme et l’islam. J’aime aussi beaucoup le bouddhisme. J’ai fait un voyage en Thaïlande il y a 13 ans, et je ne me suis jamais senti aussi bien dans ma vie d’adulte que là-bas. Normalement j’y retourne en février 2012, je suis bien content. Je ne peux pas expliquer pourquoi je me suis si bien senti là-bas, je n’ai pas fait de tourisme sexuel, je vous l’assure. Et pourtant même sans sexe, il y a une atmosphère là-bas indescriptible, vraiment apaisante. Un peuple encore très religieux, très respectueux des rituels, une philosophie du détachement dans tous les actes de la vie quotidienne. Un Thaïlandais, on dirait que rien ne le touche vraiment, les événements passent, la mort même, on dirait qu’ils s’en foutent. Tout passe, et ils sont toujours là. J’aime beaucoup les Thaïlandais. Ne parlons pas de leurs temples et des paysages, c’est indescriptible de beauté.
Si un jour je devais déserter ce serait pour me barrer dans un pays bouddhiste, il y a moins de souffrances là-bas, les souffrances on les laisse passer, on les dénigre, les gens sont doux, ça calme. Il n’y a pas de tension comme on peut la sentir chez nous partout. Un petit massage et hop c’est reparti !

Et Nietzsche, il nous dit sans arrêt qu’il faut nous débarrasser du christianisme, Ok je suis un peu d’accord avec lui. Nous sommes tellement souffrants désormais, tellement épuisés de notre civilisation, tellement décadents, qu’il nous faudrait une religion du type du bouddhisme, une religion qui combat les affects de souffrance en chacun de nous, et non plus une religion comme le christianisme, qui s’adressait à des brutes barbares d’après la destruction de l’empire romain, qui débordaient d’un trop plein de vitalité, et pour qui la question qui se posait était : comment faire pour que vous brutes barbares vous modériez votre trop plein de vitalité et fassiez moins de mal aux autres. La question qui se pose maintenant pour le citoyen lambda, qui n’est plus une brute barbare bien que souvent la technique lui donne une force qu’il est incapable de maîtriser, ce n’est plus de cesser de faire mal aux autres (quoiqu’encore un peu), mais c’est comment souffrir moins, sachant que le citoyen lambda est épuisé, déréglé et souffrant et aliéné obéissant à une volonté qui n’est pas la sienne mais celle de la technique, qui a sa volonté propre, qui ne peut même plus être un moyen dont nous maîtriserions les fins.

Oui Nietzsche donc qui veut en finir avec le christianisme et qui pourtant adopte une attitude christique lorsqu’il s’identifie à son Zarathoustra, et qu’il nous dit qu’il a des disciples et que ses disciples devront le renier, pour mieux revenir à lui. Mais n’est-ce pas ce que le Christ a fait comprendre à ses disciples. Pierre son plus fidèle soutien ne l’a-t-il pas renié devant la foule en colère pour sauver sa peau ?

Nietzsche donc, ce malade, cet autiste peut-être même, cet idiot au sens dostoïevskien du terme mais c’est un autre problème, n’a-t-il pas toute sa vie résisté à la volonté de ressembler au Christ, au désir de ressembler au Christ et peut-être n’y est-il pas arrivé : sa fin comme celle du Christ ressemble à un long supplice, une longue agonie avec quelques détails gracieux comme des oiseaux qui venaient se poser sur son corps immobile de fou catatonique, je parle du Nietzsche foudroyé d’après sa crise.

De toute façon dans le christianisme, le Christ n’est que l’artiste. Le théoricien, celui qui a mis en œuvre la machine de guerre à convertir qu’est le christianisme, c’est Paul. De la même façon, Nietzsche n’est que l’artiste. Utilisé ensuite par un tas de théoriciens  pour monter des machines de guerre destinées elles-aussi à convertir, notamment contre le christianisme, et dont Deleuze est peut-être l’archétype.

Oui mais pour faire quoi ? Un monde idéal où tout le monde serait artiste, libre,  c’était le projet fou de certains soixante-huitards Je pense que cela ne peut pas marcher, on ne peut pas demander à l’homme normal d’être un artiste, ce dernier a juste besoin d’une religion ou philosophie de vie comme le bouddhisme qui lui permettrait de moins souffrir. D’autant plus que ces faux artistes ces imposteurs post 68, font écran aux vrais qui eux sont des malades, et qui essaient de sublimer leur maladie dans l’art. Pour un vrai artiste et ce n’est pas un titre de gloire - l’artiste est bien souvent un idiot un quasi autiste d’après la terminologie propre à notre modernité (terminologie dégradante, et qui montre la chape de plomb que font peser les normaux sur les déviants), il ne faut pas l’envier - pour un vrai artiste donc l’art n’est pas avant tout un jeu (quoiqu’un peu), mais avant tout quelque chose de très sérieux qui s’apparente à un moyen de survie.

5 commentaires:

  1. Mon cher mari, je te reconnais bien là... Tu es fidèle à toi même !

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  2. Si tu avais introduit une pointe de darwinisme et un brain de transhumanisme on serait dans un panorama presque complêt ( le futur est encore à subir ou à inventer) de l'histoire de l'homme moderne. L'aternative la plus crédible au christianisme pour l'homme occidental n'est pas le bouddhisme selon moi mais le transhumanisme fruit de la sainte singularité. Amen. Sinon c'était très intéressant comme synthèse.

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  3. Pas mal le transhumanisme... Je ne connaissais pas... Je me coucherai moins bête ce soir !!

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  4. Pourquoi vouloir créer quelque chose de nouveau, le transhumanisme, à partir de rien? Le transhumanisme pour l'instant n'existe pas, et sonne un peu comme une secte, comme l'église de scientologie.
    Le bouddhisme existe déjà, il a fait ses preuves, il suffirait juste d'opérer une translation de l'Asie à ici, pas bien compliqué au fond.

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  5. Le transhumanisme a commencé avec l'agriculture, nous fusionnons avec la technologie sans même nous en rendre compte, la technologie (les systèmes experts) dépasse l'homme dans bien des domaines et l'une des voies possibles pour éviter l’obsolescence de l'homme est le transhumanisme. Bon il faudrait que je m'étende sur le domaine....

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