vendredi 16 février 2024

La panthéonisation des époux Badinter participe-t-elle d'un phénomène religieux davantage que républicain ?



Oui R. Badinter dont on oublie souvent de dire que derrière tout « grand homme » se cache une femme plus grande encore ! Elisabeth Badinter (Publicis).

Fortune : 1,39 milliard d'euros. Evolution 2023/2022 : +39%. La philosophe héritière du fondateur de Publicis (dont elle est actionnaire) profite d'une nette remontée de l'action de ce groupe publicitaire, dopée par ses belles performances. Certes, difficile de donner des leçons de morale au reste de l'humanité sur la liberté, l'égalité, la laïcité quand soi-même on ne partage aucune des préoccupations quotidiennes des Français ordinaires, leurs difficultés matérielles mais aussi leur décence commune. Le fric tue aussi, et il ne ruisselle pas du tout malgré la propagande qui ose prétendre le contraire, mais suinte généralement le mépris et l'arrogance, on peut très difficilement y échapper. Effectivement l’homme politique Badinter, garde des Sceaux, président du Conseil constitutionnel, sénateur, passa son existence à défendre les intérêts de la grande bourgeoisie à laquelle il appartenait. Se plaçant systématiquement du côté de sa classe, il s’opposera toujours aux mesures sociales et politiques venues de la gauche. Parmi les exemples de son aversion pour les couches populaires pensons à ses prises de position au moment de la crise des gilets jaunes. Et à son aveu d'avoir fait du Conseil constitutionnel, un bouclier contre l'expression souveraine du parlement.

De telles sommes astronomiques sont tout simplement indécentes, surtout lorsque l'on s'est donné pour vocation d'être supérieur aux autres sur le plan éthique : « regarde la poutre dans ton œil avant de voir la paille dans celui de ton voisin ». Marx nous a appris que le capital accumulé était toujours le fruit d'une exploitation de l'homme par l'homme. Les Badinter sont donc coupables a priori - la famille d'Élisabeth s'étant enrichie sur le dos de travailleurs, en exploitant leur force de travail pour en tirer une plus value, qui parfois en sont morts prématurément -, bien davantage que le commun des mortels (tout homme est coupable, c'est la condition humaine) à qui ils ont eu le culot, par-dessus le marché, de ne cesser de donner des leçons tout au long de leur vie.

La moindre des dignités quand on est milliardaire, que l'on a donc commis une faute morale vis-à-vis du reste de la communauté que l'on a volé (puisque « la propriété c'est le vol »), est de fermer sa gueule, de faire profil bas, éventuellement de profiter de sa fortune en jouisseur, à la limite c'est moins hypocrite et indécent. Aucune pudeur morale chez les Badinter. Bientôt on va presque devoir les plaindre d'avoir été des milliardaires, à quoi s'ajoute la culpabilité d'origine toute chrétienne, mais aussi laïque (via l'enseignement de la Shoah), vis-à-vis de leur confession religieuse : « pauvre petite fille riche ! »

On me dit : « quelle faute morale a-t-elle commise ? » C'est parfaitement expliqué il me semble : sa famille est coupable d'avoir exploité la force de travail de milliers de travailleurs pour en tirer une plus value colossale dont elle a hérité. On ne sait pas combien de victimes innocentes cela a occasionné, mais certainement un grand nombre comme dans toute forme d'esclavage, je veux parler de l'esclavage salarié des prolétaires, n'étant « riches » que de leur progéniture. De toute façon comme l'a très bien montré Marx le capitalisme est par essence criminel, toutes les atrocités des XIXème et XXème siècles en sont le fruit (y compris le communisme et le nazisme qu'il faut comprendre comme des phénomènes de réaction, des épiphénomènes du capitalisme), le fruit de la concupiscence et du péché. Mais n'importe comment c'est aujourd'hui la mode des « philosophes » millionnaires voire milliardaires, des « oligarques de la pensée », et tous les réseaux d'influence que cela sous-entend (c'est loin d'être anodin et c'est même nocif, en ce que cela fausse, voire ruine, le processus démocratique impliquant un minimum d'égalité entre les citoyens), cela en dit long sur la corruption de notre époque.

Je sais bien qu'elle et son mari constituent des icônes intouchables, voire « sacrées », de la République, en voie de panthéonisation, en raison de l'abolition de la peine de mort à laquelle je suis favorable. Levinas avait bien raison de considérer la France comme une « terre promise » vue de sa Lituanie natale, considérant qu'un pays, où tout un peuple se déchirait autour de la question de l'innocence ou non, d'un très obscur petit officier juif nommé Alfred Dreyfus, n'aurait su être foncièrement antisémite. Je ne sais pas comment les Juifs se débrouillent pour être les derniers dépositaires de la sacralité dans notre pays, ou plutôt si je le sais très bien : il y a là certainement un phénomène qui touche à la rivalité mimétique et la violence qu'elle engendre, faisant de la victime de cette violence mimétique un tabou, un interdit, religieux voire un Dieu, dont parle René Girard. Ce phénomène religieux a aujourd'hui imprégné l'ensemble du corps politique, ce qui n'était pas encore le cas à l'époque de De Gaulle.

On me dit : « Mais enfin, quelle faute directe ont commise Robert ou Elisabeth Badinter ? Vous voudriez que les gens riches fassent comme saint François (il y a quelque chose de religieux archaïque dans vos propos), distribuent leurs biens aux pauvres (qui ne sauraient pas quoi en faire, rappelez-vous la fable du Savetier et du Financier) et partent nus sur les routes ? » Ah, ah, ah 🤣🤣🤣 ! Quel tableau ! Mais oui c'est un peu ça, c'est en cela que l'on peut distinguer l'éthique juive fondée sur la richesse matérielle et le désir, de la morale chrétienne basée sur le dénuement et le libre-arbitre.

Régis de Castelneau est excellent, c'est Élisabeth Lévy qui fait preuve de partialité et de sa mauvaise foi permanente pour promouvoir sa communauté, comme d'habitude. Il n'est pas sûr du tout que l'on puisse qualifier les attentats du 7 octobre de « terroristes ». Il y a eu des actes de barbarie indéniables, des crimes de guerre, mais le Hamas dans le temps long se caractérise comme étant un mouvement de résistance à l'oppression de l'État hébreu, qui elle aussi est indéniable. Comme d'habitude la France a pris parti pour « son camp », le camp du Bien. Quelle explication en donner ? Voilà tout est là, on a fait de la communauté juive dans notre pays la vache sacrée absolument intouchable, à qui tout est dû, parce qu'elle revêt le caractère sacré de la « victime ». Or les Juifs aujourd'hui sont considéré comme les dépositaires de la Shoah mais où sont ses victimes ? On confond les vivants avec les morts ! De plus la Shoah est un leg donné à l'humanité toute entière qui en porte la responsabilité universelle, sans que des avantages sonnants et trébuchants puissent être accordés à des « héritiers » plus légitimes que d'autres (cf. Norman Finkelstein qui parle du business de la Shoah dans « L'industrie de l'holocauste »), et on ne peut pas assimiler de près ou de loin ce qui s'est passé le 7 octobre avec la Shoah, cela n'a rien à voir. Or Macron a présidé une cérémonie quasiment « religieuse » pour rendre hommage aux victimes franco-israéliennes du 7 octobre, tout à fait dans la lignée des hommages, avec le ton solennel et quasi sacré, rendu régulièrement aux victimes de la Shoah.

Autrefois on traitait certaines personnes de « sales juifs » pour les dénigrer. Le monde a tellement changé avec la Shoah et la sacralisation de la victime, qui est un processus anthropologique tout à fait logique que je comprends, que désormais on traque plutôt toute suspicion d'antisémitisme afin de le pénaliser à l'aide de la justice. En gros la peur a changé de camp. Pratiquement tout le monde aujourd'hui a intériorisé cette faute morale vis-à-vis des Juifs, qui remonte d'ailleurs aux origines du christianisme et à l'enseignement du mépris véhiculé avec une notion comme celle de « peuple déicide ». Je n'ai pas dit que tous les Juifs étaient riches, loin de là, mais c'est un idéal à atteindre pour être « sauvé » (ici et maintenant et non dans un au-delà hypothétique), comme chez les calvinistes (plutôt dans l'au-delà), alors que chez les catholiques, ou leurs descendants déchristiannisés qui ont conservé certaines pratiques, la richesse matérielle est suspecte, voire honteuse, au point qu'il faut la cacher.

On me dit : « en traitant les juifs de "déicides", l'Eglise Catholique a erré gravement pendant des siècles en oubliant que Jésus était juif ! » C'est intéressant ce que vous dites, il pourrait bien se passer la même chose pour la Shoah, qui est peut-être un évènement de même ampleur que la naissance du christianisme.

Non je ne suis aucunement jaloux. Il y a quelque chose de très intéressant avec la Shoah qui prend forme peu à peu (loin de s'atténuer le scandale s'amplifie avec le temps), et sera peut-être de l'ampleur de la naissance du christianisme. Il s'agit d'un phénomène religieux, voire de la naissance d'une nouvelle religion, fascinant à observer. La rivalité mimétique d'Hitler avec les Juifs sur la question du peuple élu (il ne pouvait y en avoir deux), a donné lieu à un clivage entre ceux dignent de participer à l'humanité et les autres qu'il fallait éliminer, se soldant par une extrême violence exterminatrice dont les Juifs ont été les premières victimes. Dans ce processus les victimes ont été après-coup sacralisées, étant donné la haute dose de culpabilité, d'émotivité culpabilisatrice paroxystique qui ne cesse d'ailleurs de croître, que leur mort a suscitées dans l'ensemble de la communauté occidentale (on comprend mieux la réticence des musulmans à l'« enseignement » de la Shoah, car ils sentent par instinct qu'il s'agit bien d'un phénomène religieux qui ne concerne en rien leur propre religion). Dans les religions primitives, on a fait de la victime un dieu, quand cette victime appartenait de plein droit à la communauté qui l'a mise à mort (souvent un père abusif qui veillait jalousement sur son monopole sexuel au détriment de ses fils). Dans le cas paroxystique de la Shoah, on pourrait faire de la Victime (la somme de toutes les victimes, les 6 millions de morts), un Dieu, un nouveau Dieu. Je ne sais absolument pas la forme que cela prendra, mais en tout cas tous les phénomènes qui se rapportent à la Shoah sont dorénavant de l'ordre du religieux bien plus que de la raison.

En attendant Netanyahu bombarde Gaza, les colons « nettoient » la Cisjordanie, au nom du « plus jamais ça » (la bête immonde c'est-à-dire la barbarie nazie, alors que les nazis ont été vaincus il y a presque 80 ans, et que l'on feint de croire que c'était juste hier !), tous en lutte contre ce que l'opinion publique occidentale assimile à des « nazislamistes », à peine des humains, des « animaux » qui ont juste l'apparence des humains. Et l'opinion publique gobe, alors que selon toute vraisemblance, le Hamas avait surtout l'intention de faire des otages, n'ont jamais fait cuire des bébés dans des fours. La moitié des victimes Israéliennes du 7 octobre sur les 1200 environ dont à peu près 800 civils, l'auraient été du fait de leur propre armée, Tsahal, l'armée la plus « morale » (sic) du monde ! Par exemple il y a eu plus de 1000 morts du côté du Hamas lors de l'opération. Est-ce que réellement des Israéliens sans défense auraient pu faire autant de morts parmi leurs agresseurs sans l'aide de Tsahal ? Ce qui prouve bien que l'armée israélienne est intervenue le jour même de l'attaque, contrairement à ce qui a été dit, a riposté, occasionnant de nombreuses victimes civiles israéliennes innocentes dans les échanges de tirs avec le Hamas. D'autres éléments le prouvent, comme la façon, dans les rares images que l'on a vues, dont les voitures étaient disposées sur les chaussées : sur les bas côtés et non au milieu, comme si des hélicoptères avaient canardé la route et provoqué cette étrange disposition des véhicules ; je ne vois à vrai dire pas d'autres explications. On sait aussi que ce qui embête le plus l'État hébreu est la question des otages, on dit même que Tsahal a longtemps eu pour consigne de les éliminer plutôt que de les laisser aux mains de leurs ravisseurs, car ça pouvait en faire ensuite une monnaie d'échange bien embarrassante à gérer.

C'est une hypothèse très crédible de ce qu'il s'est réellement passé le 7 octobre, plutôt que ce qu'essaie de nous faire croire notre gouvernement, qui n'est plus désormais qu'un porte parole de la classe dominante et dans une moindre mesure des agents dominés de la domination versus le reste de la population, dont la fonction est de fabriquer le consentement de ce dernier à l'acceptation de la politique belliciste de l'État hébreu à Gaza et en Cisjordanie.

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