lundi 1 juillet 2013

Le mérite

Qu'est-ce que le mérite ? Personnellement je ne pense pas mériter ce qui m'arrive. La notion de mérite a été très mise en avant par la droite de Sarkozy. Est-ce à dire que ce que vous êtes, ce que vous avez, vous le méritez ? On dit "j'ai pas mérité ça", lorsqu'une chose affreuse vous arrive. Cette chose affreuse peut être consubstantielle à votre être; comme une image de soi brisée par exemple. On dit que les femmes ne recherchent pas la jouissance, mais sont plus sensibles à l'image. Mais qui n'est pas sensible à l'image? Et j'irais même plus loin, n'est-ce pas une image de soi qui constitue notre être? C'est peut-être la vocation du philosophe de se dégager de cette image ? Le philosophe se départ des images qu'il assimile à des préjugés. Le mérite fait partie de ces préjugés. Mais le philosophe n'est-il pas constitué par l'image qu'il a de lui-même. Encore un préjugé finalement. Car si il n'y avait vraiment plus d'image, alors le philosophe s'effondrerait. A force de torpiller toutes les images, d'ôter tous les masques, et le mérite est un de ces masques là; le mérite est le masque de la droite moderne pour légitimer ses biens; pour pas que sa richesse apparaisse illégitime.
A force de torpiller toutes les images donc, on risque rien moins que la folie.

Critique :
D'accord avec toi : la notion de mérite n'existe pas. Mais attention : tu ne peux pas dire alors que tu n'as pas mérité ce qui t'arrive. Car tu réintroduis la notion de mérite. Ce que nous sommes est au-delà du mérite et de son contraire.

Je n'entends plus les binious

J'ai peu d'amis, j'ai peu de charisme; j'en ai conscience. Pour réussir il faut déjà avoir une bonne image de soi, savoir communiquer cette bonne image de soi aux autres. Et voilà c'est suffisant. Pour avoir une bonne image de soi, il faut avoir eu une bonne relation avec son entourage durant sa petite enfance.
La culture, la bonne éducation, tout ça c'est des conneries, enfin de plus en plus. L'important c'est l'image et la communication. Qu'importent les choses intelligentes ou les conneries que vous communiquez. L'important c'est que le message passe. Mieux passe le message, plus vous êtes populaire, plus vous êtes heureux, mieux vous réussissez. Le contenu, la culture, la pertinence, plus personne n'en a rien à foutre. L'important c'est que ce que vous véhiculez, rapporte du fric, à la communauté et à vous accessoirement.
Pourquoi se fatiguer à se cultiver ? Pour certains la bonne image de soi passe par la culture, mais c'est pour une minorité, une minorité qui devient de plus en plus minoritaire. Même à l'école on apprend de moins en moins un contenu, un contenu culturel. On apprend de plus en plus des comportements, une façon d'être qui fasse que vous ne soyez pas exclu du groupe. L'important à défaut d'avoir une bonne image de soi ou d'être populaire, c'est au moins d'être sociable, de ne pas être déshumanisé, dépersonnalisé. Le grand mal qui ronge nos société de masse, c'est la dépersonnalisation, la déshumanisation. Comme la communication qui se fait dans une société de masse, est une communication de masse, on assiste à l'apparition d'un nouveau phénomène, les meurtriers de masse. Les meurtriers de masse, sont passée au travers du filet de la socialisation de masse. Ils ont je le pense une très mauvaise image d'eux-même. Leur ennemi c'est la communauté toute entière.
La bonne image de soi on ne peut pas la forcer, on l'a ou on ne l'a pas. Cette image de vous conditionne tout le reste de votre existence. La culture pouvait être un élément de résistance à une mauvaise image de soi. Je pense par exemple que Nietzsche avait une image brisée de soi et souffrait de la pauvreté de ses relations affectives; les deux éléments mis bout à bout ont causé sa mort. Mais entre les deux il a produit de grandes œuvres.
Avec la disparition de la culture, la mauvaise image de soi risque de n'avoir plus à se manifester, que par le biais de la violence. Soit contre soi, soit contre les autres; dont la manifestation ultime et contemporaine est le meurtre de masse.
Le problème aussi c'est qu'aujourd'hui la communication, le véhicule de son image de soi, se fait de plus en plus par des médiations violentes. La violence se banalise dans la communication de soi aux autres. Les éléments fragiles du système ne peuvent plus s'exprimer autrement que par la violence. Et cette violence crée leur propre perte. Car il faut beaucoup de force pour véhiculer une image de soi par la violence. La violence se retourne toujours contre soi.
J'appelle communication violente de soi aux autres, par exemple la musique rock ou du même style, mais aussi une certaine catégorie de cinéma, et aussi beaucoup de jeux vidéo. Je suis un peu "réac" en disant cela, un peu vieux. Mais c'est mon corps qui réagit à la violence. Et pourtant je n'écoute pas ou peu de musique classique. Moi aussi j'écoute de la musique populaire et plutôt du rock; c'est de la musique de masse, le plus souvent d'origine anglo-saxonne. J'ai été choqué par exemple, en Bretagne, d'entendre lors d'une fête populaire, ce genre de musique de masse, alors qu'il y a cinquante ans, on aurait eu droit aux binious, que personnellement je préfère.