mardi 22 février 2022

Poutine est-il paranoïaque ?

 


Quand les sécessionnistes catalans réclament leur indépendance, Manuel Valls crie au scandale et dénonce une atteinte à l'État de droit. Quand Poutine essaie de conserver l'Ukraine, historiquement sous influence russe depuis au moins 800 ans, sous orbite russe, le même Manuel Valls crie au scandale et dénonce une atteinte à l'État de droit. Deux poids deux mesures ? Écraser pénalement, écrouer, ou les contraindre à l'exil les indépendantistes catalans, bafouer la souveraineté du peuple catalan qui s'était pourtant exprimé par référendum en faveur du oui à l'indépendance à une très large majorité, ça c'est conforme à l'État de droit ; mais essayer de rétablir une toute petite partie sécessionniste pro-russe d'une région russe à l'origine, comme on peut dire que la Bretagne est une région française pratiquement à l'origine - disons 500 ans officiellement, même si certains ont encore du mal à l'admettre -, dans son giron, même pas la région entière loin de là - ce qui serait au fond presque légitime, qui lui appartenait pourtant entièrement je le répète depuis des siècles, ça ce n'est pas conforme à l'État de droit.

Oui deux poids deux mesures, c'est tout à fait conforme à l'idéologie manichéenne occidentale. Et moi je dis que nos dirigeants français sont des traîtres à la nation depuis 40 ans, car inféodés à l'impérialisme américain, est-ce que cela pourrait me valoir d'aller en prison ?

Les Américains ne rêvent que d'une Europe morcelée de micro-régions souveraines, « démocratiques », mais sans aucun pouvoir politique susceptibles de leur faire concurrence, pour les réduire en sous-traitants esclaves de leur capitalisme/sous-culture impérialiste et oligarchique, même dépecer la France ne leur créerait pas d'états d'âme mais longtemps après avoir dépecé la Russie. Il est d'ailleurs étonnant que les États-Unis ne soient pas intervenus militairement pour aider les Catalans à obtenir le droit de disposer d'eux-mêmes en 2017, c'est conforme à l'idéologie libérale pourvu qu'une superpuissance impérialiste tire les ficelles et puisse tirer profit de cette idéologie qui divise ; sans doute dans un second temps, quand l'Europe orientale aura été entièrement dépecée, atomisée, en microsatellites de l'empire américain. Il ne faut pas trop se faire d’illusions, les Américains ne sont pas trop sensibles aux valeurs aristocratiques et artistiques que véhicule notre vieille civilisation européenne pour nous sauver de leur volonté de puissance, ils ne sont sensibles qu’à la valeur de l’argent, et cette émotion est hélas contagieuse, y compris dans la vieille Europe, là-bas tout près de la Russie, pour y installer des rampes de missiles dirigées contre la Russie par le biais de l'OTAN. L'OTAN c'est les États-Unis et son argent, et rien d'autre.

Dans les pays de l'Est et surtout en Russie il y a les fameux « oligarques » (ah bon en Occident il n'y a pas d'oligarques ?), qui de notoriété publique dans les éléments de langage occidentaux, manipulent les populations, font la pluie et le beau temps. Rien de tel en Occident bien sûr, l'Occident est parfaitement transparent de notoriété publique, dans le langage en société penser le contraire ou seulement dévier du droit chemin simplement en termes de pensée - Big Brother, et même pas d'actes, c'est déjà faire preuve de conspirationnisme. Le doute, le scepticisme tendent à devenir des formes de complotisme. Le "crime" de pensée, la pensée déviante, ne se paient pas encore pénalement mais favorisent le mensonge et la fausseté en société, le camouflage de ses idées et de ses sentiments, en aboutissant comme prix de sa sincérité pour ceux refusant de se cacher, le plus souvent à un bannissement de toute vie sociale, en réalité remplie d'hypocrites n'osant pas avouer le fond de leurs pensées. Dans ce contexte de mensonge généralisé, où même le langage est travesti en « élément de langage », les gens sincères sont les coupables et taxés de paranoïa, déjà il y a plus de 250 ans Rousseau en avait fait amèrement les frais.

Le camp du bien réclame une adhésion sans faille et cerise sur le gâteau de l'enthousiasme pour ses « valeurs », au moins en apparence. L'oligarchie et le néolibéralisme, la quête du profit même au prix de l'exploitation de l'homme par l'homme et de la destruction de l'environnement, c'est en réalité cela l'« État de droit » dont parle Manuel Valls, et ils font de gros dégâts depuis au moins 40 ans dans tout l'Occident, depuis que le capitalisme n'en est plus un de séduction mais de concurrence et de compétitivité acharnées entre les atomes au sein de cette société atomisée, que l'on appelle individus autonomes selon la doxa du libéralisme, sans valeurs communes et communautaires, sans communauté politique. Société atomisée que constitue l'Occident en décrépitude mais arrivant quand même à représenter, mais pour combien de temps encore, aux yeux reste du monde une image de Disneyland attractif.

De là à dire de Poutine qu'il est sincère parce qu'il est taxé de paranoïa par tous les médias occidentaux, il y a un pas que je ne franchirais pas - car il s'agit d'un homme politique et tous les hommes politiques ont la psychologie du Prince de Machiavel qu'ils soient du camp du « bien » ou du camp du « mal ».


lundi 14 février 2022

L'Homme peut-il avoir la connaissance des causes de ses désirs ou pourquoi Macron sera réélu ?


Je ne sais pas si Spinoza lui-même a trouvé les causes de ses désirs (aujourd'hui on dirait de ses fantasmes) qui le déterminaient, c'est peut-être finalement un trop grand optimiste. Car Schopenhauer avec la Volonté, puis Freud plus tard avec la psychanalyse, ont montré que la part inconsciente du sujet, donc inconnaissable si ce n'est par bribes dans les rêves notamment, était plus prépondérante que la part consciente dans les prises de décision, dans les actes ; un peu comme la face immergée de l'iceberg bien plus importante que la part émergée. Bref que notre volonté, notre liberté, notre représentation, la face visible de notre moi que l'on veut bien montrer aux autres, sont des illusions, sont factices, sont des faux-semblants, ce que je crois bien volontiers.

Au départ il y avait eu la tradition pour nous « aider », voire nous obliger, à faire des choix en nous y soumettant avec en toile de fond Dieu ou des dieux. Puis il y eu l'idéologie surtout au XIXème siècle et aux débuts du XXème siècle. Aujourd'hui c'est soi-disant chacun pour soi, une logique de l'individu au sein d'un système néolibéral, et jamais le sujet, qui ne l'est plus de rien ni personne, n'aurait été aussi « libre » émancipé de toute contrainte sociale, traditionnelle, idéologique, voire politique (qui n'est plus qu'une formalité sans véritables enjeux, comme voter Macron parce que c'est normal, tout le reste étant bizarre, excessif voire exotique), et même familiale avec en toile de fond un antagonisme né du féminisme, entre les hommes et les femmes ayant remplacé la nécessaire complémentarité féconde - en Occident mais pas en Asie ni en Afrique ; pur animal consumériste, c'est en réalité une vaste fumisterie !

L'Homme est un animal social, un animal politique même comme le disaient les Grecs - zoon politikon, qui a besoin de vivre en communauté pour faire des choix, et notre société postmoderne d'individus solitaires, aliénés parce que coupés de la communauté, semble vouloir faire l'impasse sur cette nécessité. Nous sommes désormais comme des atomes propulsés dans le vide selon une trajectoire rectiligne et invariable, en nous percutant souvent, où est le clinamen cher à Lucrèce et Épicure qui permettait de nous rencontrer et non de nous percuter ?

Les Français sont craintifs et grégaires (de Gaulle disait qu'ils étaient des veaux), ce n'est pas une communauté politique mais un troupeau apeuré au sein duquel la crainte est contagieuse et l'envie exacerbée, ils ne prendront jamais le risque de voter pour des extrêmes, qu'il s'agisse de Mélenchon, MLP ou Zemmour. Ils voteront comme ils ont toujours voté, pour qui ont leur a dit de voter, c'est-à-dire Macron ; ça s'appelle la fabrication du consentement et la technique est désormais bien rodée. Et toutes les contorsions sémantiques n'y changeront rien car les Français sont comme ça ! Je le répète, sans doute dans le vide hélas, notre volonté, notre liberté, notre représentation, la face visible de notre moi que l'on veut bien montrer aux autres, sont des illusions, sont factices, sont des faux-semblants ; au final les Français veulent plutôt montrer une belle image d'eux-mêmes au reste du monde, et ils sont persuadés que cette belle image c'est Macron, c'est de l'ordre de l'inconscient, du message subliminal que l'on fait passer dans les médias, plus encore que de la volonté consciente.

La plupart des gens préfèrent le mensonge à la vérité, pourvu que ce mensonge les soulage de la culpabilité et leur donne bonne conscience.


mercredi 9 février 2022

L'oubli de l'Être c'est croire que la science prime sur la philosophie


 

Nietzsche disait aussi qu'il n'y a pas de faits mais que des interprétations... Le politique a vocation à primer sur l'histoire car sa tâche est d'interpréter les faits historiques et non de s'agenouiller devant eux comme le font les historiens professionnels. Les faits historiques ne sont pas des vérités scientifiques, les historiens qui le pensent réellement ou feignent de le penser par ruse - pour asseoir leur pouvoir, commettent une erreur d'interprétation. Quant au politique lui-même, il n'est à proprement parler qu'une branche de la philosophie, il lui est subordonné. On peut prendre un autre exemple : la médecine elle-même n'est qu'une branche de la psychiatrie, qui n'est qu'une branche de la philosophie. En gros la philosophie a toujours été l'arbre et les racines, tout le reste ne sont que des branches. En faisant comme on le fait aujourd'hui de la science et des techniques, l'arbre et les racines, et de tout le reste les branches, en occultant la philosophie, on commet une très grave erreur d'interprétation - qu'a notamment commise Freud concernant sa discipline empreinte de scientisme, comme un argument en sa faveur alors qu'elle la dessert (on pourrait dire la même chose de l'Histoire lorsqu'elle fait mine de vouloir s'imposer avec pour caution la vérité scientifique) -, et qu'Heidegger a raison d'assimiler à l'oubli de l'Être, voire même à l'oubli de l'oubli et à la subjectivité arraisonnante.

La science fait effectivement l'impasse sur la morale, et « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » Rabelais. En dernière instance c'est bien une conception morale et non scientifique, ayant trait à une certaine idée de la France variable suivant les citoyens, qui fait juger chacun en son for intérieur si Zemmour a tort ou raison d'affirmer que Pétain a sauvé une majorité de Juifs français ou les a au contraire fait rafler et sacrifiés, avec zèle sans même attendre l'ordre de l'État allemand ; il en a été de même pour l'affaire Dreyfus qui a divisé la France en deux clans moralement incompatibles avec deux conceptions de la France s'affrontant. Cette conception morale ayant trait à une certaine idée de la France qui est une interprétation, dépasse de très loin la simple "vérité" des faits, car elle repose sur des convictions viscérales, philosophiques et religieuses. C'est aussi au nom de la soi-disant "vérité" des faits, de la science objective finalement, en toile de fond d'un pragmatisme libéral et financier ne s'encombrant pas de morale, qu'aujourd'hui la majorité des politiciens français bradent l'avenir de la France et de son peuple - notamment son industrie à la différence de l'Allemagne, et sabotent sa vocation et son destin, c'est-à-dire le rôle qu'elle devrait avoir à jouer et a toujours joué par le passé depuis au moins 1000 ans, dans les relations internationales - à cet égard de Gaulle fut peut-être le dernier feu de paille masquant un déclin irrémédiable.

Cet abaissement de la France au nom de conceptions globalement libérales majoritairement d'origine anglo-saxonnes hélas, individualistes et égoïstes, voire fondées sur le vice pour voir émerger une très hypothétique vertu publique (Mandeville), Zemmour l'appelle aussi, et a raison de l'appeler ainsi, haine de soi, car ces conceptions ne correspondent pas à son caractère propre, à son Histoire. La haine de soi c'est le narcissisme exacerbé, c'est faire passer l'amour propre avant l'amour de soi - Rousseau. Dans une famille par exemple c'est faire passer sa petite personne avant celle de ses enfants. Tous ceux qui aujourd'hui au sein même des élites françaises à l'instar de Macron exaltent le cosmopolitisme financier, en réalité dégradent et abaissent l'image de la France dans le monde au nom du pragmatisme financier et affaiblissent son peuple, son industrie, son agriculture. Macron est davantage que l'adversaire de la France et de son peuple, c'est l'ennemi de l'intérieur, un TRAÎTRE !!! Typologiquement comme le dirait Nietzsche bien davantage un Anglais qu'un Français au niveau du caractère, de l'état d'esprit, du physique même. À travers Macron, son amour propre et son narcissisme exacerbé, nous assistons surtout à sa haine de la France et de son peuple.

Voilà ce qui me fait dire que Zemmour ne peut pas être un ultralibéral comme ne cessent de le clamer certains de ses adversaires pour le discréditer, et qui me paraît constituer une erreur grossière, voire grotesque, d'interprétation. Il faut aussi bien voir que tous ceux très nombreux (comme aujourd'hui encore) qui n'ont cessé d'abaisser la France, d'attaquer son intégrité et son honneur dans l'entre-deux-guerres - une sale habitude qui remonte aux ennemis très nombreux de Napoléon expliquant les origines du déclin français sur la scène internationale et la baisse de la natalité dès le début du XIXème siècle, ainsi que sa décadence avant tous les autres pays d'Europe -, ont favorisé la débâcle de 1940, donc OFFERT LA POSSIBILITÉ POUR L'ALLEMAGNE DE METTRE EN PLACE LA SOLUTION FINALE ; ce qui constitue une catastrophe dont l'Europe n'a pas fini de payer le prix en termes de réparations, de culpabilité, d'autoflagellation, et de baisse de la natalité par absence de sens, perte du désir de vivre dans un monde qui a pu enfanter une telle horreur. 

Il s'agit moins d'un déclin européen que d'une véritable décadence européenne au sein du reste du monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale - dont Houellebecq s'est d'ailleurs fait le chantre, tout comme la France était la première à être entrée en décadence au sein de l'Europe dès la défaite de Napoléon. C'est pour cette raison qu'à la différence de Zemmour je n'admire pas Napoléon, car je pense que même s'il incarnait la France bien mieux que tout autre avant lui et après lui, il a précipité son déclin sur la scène internationale et celui de son peuple, pas seulement par sa défaite mais aussi par les horreurs engendrées par la guerre.



dimanche 6 février 2022

Un vice de fabrication !

 


Pour en finir avec la question de parents baby-boomers comme les miens qui ont voulu apparaître comme des dieux aux yeux de leurs enfants et petits-enfants ; je pense très fort à la mère abandonnante et égoïste de Houellebecq aussi, genre de précurseuse des mamans baby-boomeuses qui viendront en masse après elle. Sans Dieu, dieux, l'homme n'aurait jamais été aussi grand qu'il ne l'a été, bâtisseur de civilisations. Sans Dieu, dieux, l'homme est aujourd'hui tout petit, insignifiant, s'agitant dans le vide. Avec ou sans Dieu, dieux, personne n'a entendu parler de l'homme, hormis l'homme, mais qui est l'homme ? C'est à dire rien du tout, ça oui, une créature bouffie d'orgueil qui ne cesse de vouloir péter plus haut que son cul ; il disparaîtrait que tout le monde s'en trouverait soulagé dans le règne animal sans parler du règne végétal, et ne laisserait aucun souvenir car les animaux n'ont pas de mémoire écrite, tout serait effacé jusqu'au souvenir de son existence sur terre. Au moins la conception qu'il avait de Dieu le remettait à sa juste place, et il en avait bien besoin quand on voit le résultat actuel des Lumières : hubris, volonté de puissance, narcissisme, perversion... généralisés. À partir du moment où « Dieu est mort », ce sont des hommes qui veulent apparaître comme des dieux pour d'autres hommes, l'exemple paroxystique de ce comportement prédateur qu'il rapporte de son expérience dans les camps de concentration nazis étant décrit par Robert Antelme dans L'espèce humaine. Aujourd'hui vous n'en avez pas de ces exemples comme le nez au milieu de la figure dans votre expérience quotidienne ? Avec les baby-boomers indûment enrichis par des circonstances économiques favorables qui souvent veulent passer pour des dieux aux yeux de leurs enfants appauvris, sans parler des petits chefs dans la vie de tous les jours qui se prennent pour de petits dieux, et cela va jusqu'aux énormes milliardaires de la Silicon Valley ou d'ailleurs, qui se prennent pour des dieux omnipotents. Nous ne sommes plus soumis aux caprices d'un créateur tout puissant, mais à ceux de créatures sournoises, violentes et globalement malveillantes ; il n'y a que l'amour que des humains puisse accorder à leurs petits, biologiques ou non, pour que ces derniers soient à leur tour capables de reporter cet amour sur des alter egos et d'enfanter, qui soit louable, tout le reste n'est qu'une vaste comédie absurde et cruelle. Le grand mystère de la création, que l'on soit d'ailleurs créationniste ou darwiniste, peu importe finalement, c'est l'amour. Puisque la science n'arrive pas à percer ce mystère, à quoi sert la science ?

L'homme était bien plus grand au temps des grandes civilisations antiques qu'il ne l'est aujourd'hui. Le christianisme c'était déjà le début de la fin, le christianisme a préparé sa propre sécularisation, sa propre dégradation dans le domaine public. Car tout ce que touche l'homme, sans médiation spirituelle, se transforme aussitôt en merde ! Comme le montre d'ailleurs, selon mon interprétation, Pasolini dans son dernier film posthume truffé de scènes scatologiques.

« Si l'homme est ce qu'il est, c'est un vice de fabrication imputable à ce Dieu ! »

Le dire comme ça c'est de l'anthropomorphisme. Il y a des choses qui nous échappent, que l'homme ne peut pas contrôler ; la plus importante de ces choses est l'amour, à partir duquel l'homme peut construire son foyer, son chez-soi, base de toutes les grandes découvertes ; car je parle de chez-soi psychique davantage que matériel, l'amour d'une mère pour son enfant, ou un enfant adoptif, est primordial. À partir de là, la volonté de tout contrôler de l'homme me paraît vaine, il devrait se faire plus petit et accepter que des choses puissent lui échapper, bref qu'il y a une part de mystère dans la « création », que même la science la plus exacte ne pourra jamais percer.

Les chefs d'État sont des marionnettes, ils sont très loin de discuter d'égal à égal avec les milliardaires étant des dieux séculiers.

La science, la raison, ne servent pas seulement à libérer les hommes du joug de la servitude, elles servent aussi à expliquer les phénomènes naturels. Et avant la science, ce sont les mythes de la création qui servaient à les expliquer, à comprendre le monde ; la religion avait un rôle pédagogique, d'éveil et de compréhension du monde.

Même les puissants jadis avaient envie de savoir, ils n'avaient pas pour seul objectif de mettre sous le joug de la croyance et de la superstition les masses crédules en instrumentalisant la religion et les mythes de la création. Pour eux aussi la religion, la quête de Dieu ou des dieux, était une source de savoir. Bref de notre point de vue moderne, rationnel, techniciste et scientifique, même les puissants étaient crédules. Aujourd'hui ils le sont beaucoup moins, ils ne le sont même plus du tout, nos élites sont cyniques ; d'autant plus que même les asservis, les assujettis, les très pauvres, sont devenus à leur tour cyniques et incrédules. Mais il n'en demeure pas moins que ces derniers sont manipulés, que leur consentement est fabriqué, qu'on arrive assez facilement à obtenir d'eux une forme de servitude volontaire.

Les femmes semblent aimer leurs enfants, mais même l'amour maternel est très surfait. Le grand mystère est qu'il faut bien que cet amour vienne de quelque part, et d'où vient-il ? Je pense qu'il vient seulement de la puissance de l'acte sexuel et de rien d'autre, du coït le plus bestial possible, et que même l'amour maternel lui est totalement inféodé. Autrement dit les coutumes, les traditions, la religion, n'étaient là que pour canaliser tout cet amour qui vient de l'acte sexuel, du coït le plus bestial possible, vers des obligations plus contraignantes, comme la famille, les enfants, le couple, le mariage, le travail… Il me semble que l'oubli de cette réalité-là aboutit à une perte globale de sens chez nos contemporains, qui ne savent plus transformer l'acte sexuel en énergie positive afin de réaliser des actes spirituels qui dépassent le simple fait de forniquer avec un(e) partenaire, comme le mariage, la famille, l'éducation des enfants, le travail, et au-delà les traditions et la religion pour leur servir de clef de voûte.

C'est la tradition et la religion qui servaient à soutenir l'édifice social, dont la seule source d'énergie est toujours venu de l'acte sexuel ; il faut bien avouer qu'avec les valeurs progressistes de la République tout ce vieil édifice traditionnel est devenu obsolète, ne reste que l'énergie qui vient de l'acte sexuel et qui ne sait plus trop bien à quel saint se vouer ! En l'absence de tout soutien spirituel, c'est "boum" l'explosion, la perte de sens, le sentiment de l'absurde qui prédominent.

Bref, religions, coutumes, traditions, n'étaient pas là que pour inféoder, n'étaient pas seulement un instrument d'emprise dans les mains de puissants manipulateurs ; la manipulation aujourd'hui passe par des instruments d'emprise bien plus coercitifs, bien plus totalitaires, par la société du spectacle, par le plaisir, la jouissance, et la peur d'en être exclu. Pour finir sur une saillie ou punchline à la Houellebecq, Freud a tout foutu en l'air en démystifiant absolument tout de manière très exagérée et sectaire afin de promouvoir sa "médecine" - c'est-à-dire en réalité sa religion étant un pansexualisme -, destinée dès l'origine ou alors récupérée par des personnes sans scrupule se réclamant de lui, afin d'abuser de la crédulité des simples gens pour faire du profit et établir l'hégémonie de la corporation des psys, bonjour les dégâts au sein des familles ! Comme pour tout j'ai été contaminé par la nouvelle religion de Freud - « notre Freud » comme il est dit dans Le meilleur des mondes d'Huxley-, par le pansexualisme auquel je crois malgré moi, cependant je crois aussi absolument pour en avoir été la victime - de cette croyance au pansexualisme, que les valeurs traditionnelles doivent totalement prédominer sur les pulsions sexuelles, au moins dans le discours dominant et dans l'éducation des enfants. Il serait souhaitable que la pulsion sexuelle demeure de l'ordre de la transgression et de la clandestinité, tolérée mais pas exaltée ni livrée comme modèle dominant. Il y a des choses qui nous sont présentées comme une vérité scientifique, qui le sont certainement, mais qu'enfants et adolescents ne devraient pas apprendre sous la pression des lobbys pansexualistes, mais seulement découvrir par eux-mêmes.