dimanche 6 février 2022

Un vice de fabrication !

 


Pour en finir avec la question de parents baby-boomers comme les miens qui ont voulu apparaître comme des dieux aux yeux de leurs enfants et petits-enfants ; je pense très fort à la mère abandonnante et égoïste de Houellebecq aussi, genre de précurseuse des mamans baby-boomeuses qui viendront en masse après elle. Sans Dieu, dieux, l'homme n'aurait jamais été aussi grand qu'il ne l'a été, bâtisseur de civilisations. Sans Dieu, dieux, l'homme est aujourd'hui tout petit, insignifiant, s'agitant dans le vide. Avec ou sans Dieu, dieux, personne n'a entendu parler de l'homme, hormis l'homme, mais qui est l'homme ? C'est à dire rien du tout, ça oui, une créature bouffie d'orgueil qui ne cesse de vouloir péter plus haut que son cul ; il disparaîtrait que tout le monde s'en trouverait soulagé dans le règne animal sans parler du règne végétal, et ne laisserait aucun souvenir car les animaux n'ont pas de mémoire écrite, tout serait effacé jusqu'au souvenir de son existence sur terre. Au moins la conception qu'il avait de Dieu le remettait à sa juste place, et il en avait bien besoin quand on voit le résultat actuel des Lumières : hubris, volonté de puissance, narcissisme, perversion... généralisés. À partir du moment où « Dieu est mort », ce sont des hommes qui veulent apparaître comme des dieux pour d'autres hommes, l'exemple paroxystique de ce comportement prédateur qu'il rapporte de son expérience dans les camps de concentration nazis étant décrit par Robert Antelme dans L'espèce humaine. Aujourd'hui vous n'en avez pas de ces exemples comme le nez au milieu de la figure dans votre expérience quotidienne ? Avec les baby-boomers indûment enrichis par des circonstances économiques favorables qui souvent veulent passer pour des dieux aux yeux de leurs enfants appauvris, sans parler des petits chefs dans la vie de tous les jours qui se prennent pour de petits dieux, et cela va jusqu'aux énormes milliardaires de la Silicon Valley ou d'ailleurs, qui se prennent pour des dieux omnipotents. Nous ne sommes plus soumis aux caprices d'un créateur tout puissant, mais à ceux de créatures sournoises, violentes et globalement malveillantes ; il n'y a que l'amour que des humains puisse accorder à leurs petits, biologiques ou non, pour que ces derniers soient à leur tour capables de reporter cet amour sur des alter egos et d'enfanter, qui soit louable, tout le reste n'est qu'une vaste comédie absurde et cruelle. Le grand mystère de la création, que l'on soit d'ailleurs créationniste ou darwiniste, peu importe finalement, c'est l'amour. Puisque la science n'arrive pas à percer ce mystère, à quoi sert la science ?

L'homme était bien plus grand au temps des grandes civilisations antiques qu'il ne l'est aujourd'hui. Le christianisme c'était déjà le début de la fin, le christianisme a préparé sa propre sécularisation, sa propre dégradation dans le domaine public. Car tout ce que touche l'homme, sans médiation spirituelle, se transforme aussitôt en merde ! Comme le montre d'ailleurs, selon mon interprétation, Pasolini dans son dernier film posthume truffé de scènes scatologiques.

« Si l'homme est ce qu'il est, c'est un vice de fabrication imputable à ce Dieu ! »

Le dire comme ça c'est de l'anthropomorphisme. Il y a des choses qui nous échappent, que l'homme ne peut pas contrôler ; la plus importante de ces choses est l'amour, à partir duquel l'homme peut construire son foyer, son chez-soi, base de toutes les grandes découvertes ; car je parle de chez-soi psychique davantage que matériel, l'amour d'une mère pour son enfant, ou un enfant adoptif, est primordial. À partir de là, la volonté de tout contrôler de l'homme me paraît vaine, il devrait se faire plus petit et accepter que des choses puissent lui échapper, bref qu'il y a une part de mystère dans la « création », que même la science la plus exacte ne pourra jamais percer.

Les chefs d'État sont des marionnettes, ils sont très loin de discuter d'égal à égal avec les milliardaires étant des dieux séculiers.

La science, la raison, ne servent pas seulement à libérer les hommes du joug de la servitude, elles servent aussi à expliquer les phénomènes naturels. Et avant la science, ce sont les mythes de la création qui servaient à les expliquer, à comprendre le monde ; la religion avait un rôle pédagogique, d'éveil et de compréhension du monde.

Même les puissants jadis avaient envie de savoir, ils n'avaient pas pour seul objectif de mettre sous le joug de la croyance et de la superstition les masses crédules en instrumentalisant la religion et les mythes de la création. Pour eux aussi la religion, la quête de Dieu ou des dieux, était une source de savoir. Bref de notre point de vue moderne, rationnel, techniciste et scientifique, même les puissants étaient crédules. Aujourd'hui ils le sont beaucoup moins, ils ne le sont même plus du tout, nos élites sont cyniques ; d'autant plus que même les asservis, les assujettis, les très pauvres, sont devenus à leur tour cyniques et incrédules. Mais il n'en demeure pas moins que ces derniers sont manipulés, que leur consentement est fabriqué, qu'on arrive assez facilement à obtenir d'eux une forme de servitude volontaire.

Les femmes semblent aimer leurs enfants, mais même l'amour maternel est très surfait. Le grand mystère est qu'il faut bien que cet amour vienne de quelque part, et d'où vient-il ? Je pense qu'il vient seulement de la puissance de l'acte sexuel et de rien d'autre, du coït le plus bestial possible, et que même l'amour maternel lui est totalement inféodé. Autrement dit les coutumes, les traditions, la religion, n'étaient là que pour canaliser tout cet amour qui vient de l'acte sexuel, du coït le plus bestial possible, vers des obligations plus contraignantes, comme la famille, les enfants, le couple, le mariage, le travail… Il me semble que l'oubli de cette réalité-là aboutit à une perte globale de sens chez nos contemporains, qui ne savent plus transformer l'acte sexuel en énergie positive afin de réaliser des actes spirituels qui dépassent le simple fait de forniquer avec un(e) partenaire, comme le mariage, la famille, l'éducation des enfants, le travail, et au-delà les traditions et la religion pour leur servir de clef de voûte.

C'est la tradition et la religion qui servaient à soutenir l'édifice social, dont la seule source d'énergie est toujours venu de l'acte sexuel ; il faut bien avouer qu'avec les valeurs progressistes de la République tout ce vieil édifice traditionnel est devenu obsolète, ne reste que l'énergie qui vient de l'acte sexuel et qui ne sait plus trop bien à quel saint se vouer ! En l'absence de tout soutien spirituel, c'est "boum" l'explosion, la perte de sens, le sentiment de l'absurde qui prédominent.

Bref, religions, coutumes, traditions, n'étaient pas là que pour inféoder, n'étaient pas seulement un instrument d'emprise dans les mains de puissants manipulateurs ; la manipulation aujourd'hui passe par des instruments d'emprise bien plus coercitifs, bien plus totalitaires, par la société du spectacle, par le plaisir, la jouissance, et la peur d'en être exclu. Pour finir sur une saillie ou punchline à la Houellebecq, Freud a tout foutu en l'air en démystifiant absolument tout de manière très exagérée et sectaire afin de promouvoir sa "médecine" - c'est-à-dire en réalité sa religion étant un pansexualisme -, destinée dès l'origine ou alors récupérée par des personnes sans scrupule se réclamant de lui, afin d'abuser de la crédulité des simples gens pour faire du profit et établir l'hégémonie de la corporation des psys, bonjour les dégâts au sein des familles ! Comme pour tout j'ai été contaminé par la nouvelle religion de Freud - « notre Freud » comme il est dit dans Le meilleur des mondes d'Huxley-, par le pansexualisme auquel je crois malgré moi, cependant je crois aussi absolument pour en avoir été la victime - de cette croyance au pansexualisme, que les valeurs traditionnelles doivent totalement prédominer sur les pulsions sexuelles, au moins dans le discours dominant et dans l'éducation des enfants. Il serait souhaitable que la pulsion sexuelle demeure de l'ordre de la transgression et de la clandestinité, tolérée mais pas exaltée ni livrée comme modèle dominant. Il y a des choses qui nous sont présentées comme une vérité scientifique, qui le sont certainement, mais qu'enfants et adolescents ne devraient pas apprendre sous la pression des lobbys pansexualistes, mais seulement découvrir par eux-mêmes.

4 commentaires:

  1. L'amour maternel est très surfait : Les enfants devraient pouvoir accéder à des refuges provisoires ou non lorsqu'ils n'en peuvent plus

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  2. "il y a une part de mystère dans la « création », que même la science la plus exacte ne pourra jamais percer..."

    La science n'est doute pas, ou plus... Et la science sert quand même à éclairer un peu de ce mystère de la création, ce qui est mieux que rien. Combattre la science est vain, c'est une activité inhérente à l'être humain puisque c'est justement le questionnement face à l'étonnement de cette création qui en est à l'origine, comme pour les religions...

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  3. J'ai un autre point de vue.

    Avec Dieu l'homme était tout petit, obéissant et soumis (et tellement peu enthousiaste), au grand bénéfice de quelques-uns, ses maîtres sur terre qui eux ne croyaient pas à ce mythe, leurs faits et méfaits en attestent. Avec Dieu l'homme fut médiocre, les uns, qui n'y croyaient pas s'en servaient, comme d'un redoutable moyen de coercition avec pour résultat la domination et l'avilissement de la majorité, jusqu'à ce qu'elle ait la gueule de l'emploi, portant les stigmates de sa condition, confortant ainsi ceux (les dominants), dans leur jugement à leur encontre et, suprême et mépris faignant de s'en affliger les amenant ainsi à se sous-estimer eux même parfois jusqu'à la détestation.

    Sous le joug de cette barbarie, l'individu n'avait, n'a aucune chance d'échapper à sa condition, celle-ci étant au fondement même de notre civilisation. N'a, car aujourd'hui ses véritables maîtres sont ceux-là même qui se tiennent à ses côtés (les puissants ayant échappés à cette contingence), appelant à son émancipation, attestant ainsi de son infériorité, alors qu'il est question de justice. Le pauvre est vu comme en état de nature, sa condition lui étant imputable. Bref, tout est bien, chacun est à sa place. Là n'est pas une civilisation digne de ce nom.

    Des sous hommes ont été inventés, créés de toutes pièces - avec l'aide de Dieu -, car nécessaires aux ambitions démesurées, sans limites, d'autres hommes. Les milliardaires du moment qui peuvent pratiquement tout se permettre, jusqu'à discuter d'égal à égal avec des chefs d'État et ainsi influer sur la marche du monde en attestent.

    Si aujourd'hui, sans Dieu l'homme est tout petit, insignifiant selon vos dires, c'est qu'il est seul, désarmé livré à lui-même et que les dominants, qui couvrent un large spectre sur l'échelle sociale veulent, surtout, que rien ne change. Dieu fut peut-être nécessaire, il ne l'est plus et s'il manque quelque chose à l'homme, c'est peut-être tout simplement d'être un Homme. La compétition, entre les nations, les individus au niveau de développement où nous sommes parvenus sont devenus un poison mortel pour l'Humanité. Il suffit de considérer les moyens à notre disposition.

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  4. Erwan présente ce qu'il tire du livre d'une certaine façon. Je l'ai lu quasi entièrement et ai relu certains passages en les annotant. Notamment parce que j'effectue des recherches depuis 10 ans sur Malègue, un romancier catholique. Malègue est selon un de ses critiques, un chantre du quotidien, de la banalité et cette banalité est pour lui sacrée car elle est pleine de l'humilité de Dieu. Je le rapporte parce que pour Houellebecq, la banalité est importante aussi. Comment? Il a quelque chose des romanciers d'anticipation, non pas d'utopies mais de dystopies. Dans cette seconde catégorie on trouve des écrivains qui mettent en scène des effondrements sanglants, pleines de monstres, d'incendies, de massacres. Houellebecq en fait partie mais ces effondrements dans la banalité quotidienne, sont des effondrements qui en ont la banalité, chacun se vidant face à une existence dépourvue de sens, de fraternité, d'amour, de Dieu. Il y a beaucoup de choses à dire de ce livre très riche. Mais je m'en tiens à cela qui n'est pas tout mais qui est peut-être une bonne façon non de le résumer mais d'en dire un angle d'attaque important. Quand ils étaient âgés de 10-13 ans, mes deux fils ont raffolé de "C'est arrivé tout près de chez vous". Il y a des trucs qui font rire mais il y a des images insoutenables comme par exemple quand Poelvoorde tue un enfant . Je crois que j'ai compris pourquoi mes enfants aimaient ce film. Houellebecq ressemble souvent à un catholique traditionaliste...

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