mercredi 15 janvier 2014

Le paradigme hitlérien et le bouffon Dieudonné

Ce que l'on évalue avant tout chez un élève, c'est la santé. La santé au sens des psychologues, au sens de Nietzsche. L'intelligence est un signe de bonne santé. La bêtise est un signe de mauvaise santé. Même quand on croit juger quelqu'un au nom du bien et du mal, on le juge en réalité du point de vue de la santé. La santé a toujours raison. Souvent on ne sait pas que l'on est en mauvaise santé. C'est par le fait d'avoir été en bonne santé que l'on peut se rendre compte que l'on est malade. Dieudonné par exemple s'en rend-il compte ? On l'attaque au nom du bien et du mal, alors qu'on devrait faire preuve à son égard de compassion, comme à l'égard d'Hitler, difficile toutefois de faire preuve de compassion pour un homme responsable plus ou moins directement de 60 millions de morts. Mais cessons de rêver à de vaines utopies. L'Histoire juge et elle juge durement du point de vue du monde des adultes, à un instant t.  Cet instant t n'a rien d'absolu, il est relatif. Il dépend de chaque époque qui est gouverné par des "forts", c'est-à-dire par des gens en grande santé. Mais même la vision du bien et du mal des hommes en bonne santé est relative. Ce qui compte c'est d'appartenir au groupe et d'adhérer aux valeurs qu'il s'est choisi. Dans un régime aristocratique, les valeurs ne sont pas les mêmes que dans un régime démocratique. Le temps de la démocratie nominale ou de l'oligarchie réelle, n'est pas forcément éternel. Il n'est pas dit que l'on puisse faire mieux, ni faire pire. Des gens psychologiquement malades, comme Jésus, peuvent aussi être repris par des forts, pour orienter l'époque vers des millénaires de conception  du monde. L'Histoire se nourrit de martyrs, de héros, c'est-à-dire de gens souvent en mauvaise santé, qui ne font pas passer leur volonté de persévérer dans l'existence, avant celle des autres, ou comme un absolu. C'est un signe de bonne santé de s'accrocher à l'existence comme un ténia, comme une moule à son rocher ; mais cela ne fait pas de vous un martyr. Hitler a le profil d'un martyr, bien qu'il soit criminel. Et toute sa gestuelle et son discours sont aujourd'hui repris par certains humoristes ou penseurs complotistes. Preuve que Hitler est toujours vivant, ne serait-ce que dans la gestuelle, dans le geste de la quenelle par exemple. Cette survivance est en plus le déclencheur d'un guerre civile larvée. Quelquefois aussi dans les cours de recréation, c'est l'élève malade, d'un point de vue psychologique, qui se retrouve en état de bouc-émissaire, et taxer de ressemblance au laid, c'est-à-dire au vaincu, c'est-à-dire à Hitler. Quelquefois on a besoin d'un plus petit que soi, pour en faire son petit Hitler intime. Autrement dit tout le monde, et pas seulement les gens en mauvaise santé, est responsable de la propagation d'une forme de délire de persécution post-hitlérien. Le problème c'est qu'à l'heure actuelle on ne sait toujours pas sortir du paradigme hitlérien.
Conclusion : c'est un signe de faiblesse de l'époque que nous ne soyons pas sorti du paradigme hitlérien. La censure est la preuve que nous ne sommes pas sorti de ce paradigme. Si nous étions forts, il n'y aurait pas de censure et nous ne ririons non pas des spectacles de Dieudonné, mais du bouffon Dieudonné.