mardi 23 novembre 2021

Freud avait-il des pulsions fascistes ?

 


 LA NATURE DE L'HOMME SELON FREUD, extrait de Malaise dans la Civilisation :

« ... L'homme n'est pas une douce créature qui a besoin d'amour et peut, tout au plus, se défendre quand on l'attaque, mais qu'il doit également compter une part considérable d'agressivité parmi ses tendances pulsionnelles. Par conséquent, son prochain est pour lui non seulement une aide éventuelle et un objet sexuel, mais aussi une tentation de satisfaire son agressivité à ses dépens, d'exploiter sa force de travail sans dédommagement, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de le dépouiller de ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le torturer et de le tuer. Homo homini lupus. »

Freud a une vision pessimiste de la nature humaine, comme Hobbes, homo homini lupus. Cela pourrait expliquer pourquoi Freud avait de la sympathie pour le régime fasciste de Mussolini selon les dires d'Onfray ; mais alors pourquoi a-t-il si formellement rejeté la religion dans L'Avenir d'une illusion, elle qui permettait la fabrication d'un surmoi au sein d'un cadre moins belliciste que le fascisme ? C'est peut-être qu'il vivait la religion comme une rivale pour sa théorie ayant à ses yeux une vocation messianique - ce sur quoi il ne s'est d'ailleurs pas trompé. Autre point commun entre Hobbes et Freud, au nom de leurs visions pessimistes de la nature humaine, la revendication de régimes forts et autoritaires capables de canaliser la pulsion prédatrice humaine.

La religion peut évoluer avec son temps. Elle n'est pas figée, peut se réformer et admettre ses erreurs contrairement à la doctrine freudienne qui ne saurait être blasphémée, ni remise en question d'un iota par ses adorateurs.

Lisez l'article d'Onfray et vous verrez que Freud à travers certains indices que son œuvre livre, n'ayant pas confiance en l'homme fait confiance au chef ; tout comme Hobbes qui à son époque défendait l'absolutisme royal. Ce qu'il était lui-même, Freud, au sein de sa confrérie : le leader, voire le gourou qu'il est encore pour beaucoup par mimétisme avec la doctrine du maître à penser même s'il est mort depuis longtemps. Je connais pas mal de psychanalystes qui en ont fait leur "Dieu", ou tout du moins leur idole indéboulonnable.

Je ne pense pas que la religion judéo-chrétienne, sa mythologie et son Credo, soit si absurde que ça comme l'explique très bien René Girard, et comment la religion a su gérer de façon plutôt pacifique par rapport aux horreurs du XXème siècle la logique sacrificielle et le besoin pour toute communauté de bouc-émissarisation d'un tiers. Ce tiers c'était le corps du Christ au cours de la cérémonie de l'Eucharistie, dont on répétait symboliquement le sacrifice en le mangeant - cannibalisme. Quant aux principes de pardon et de charité du christianisme, il serait de bon ton dans notre période très sombre de violence mimétique exacerbée par le consumérisme et la compétition républicaine (la fameuse "méritocratie" !) de s'en souvenir un petit peu. Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui la majorité des hommes soit plus émancipée qu'avant 1789, d'autant plus qu'il faut compter désormais sur l'explosion démographique pour assister à une multiplication des individus souffrant, directement issue des progrès scientifiques. Non je crois que tout allait mieux avant 1789, et que l'on n'aurait jamais dû se jeter tête baissée dans le progrès en coupant des têtes... 

Et puis le freudisme n'est pas une science exacte, mais vient s'imbriquer dans une époque de scientisme, c'est une doctrine qui comporte son propre Credo, ses mythologies et ses superstitions, surtout vis-à-vis du sexe considéré comme un remède quasiment miraculeux par le sens commun contemporain.

Quel progrès le XXème siècle ! Deux guerres mondiales, des génocides, le goulag, j'en passe et des meilleures, des centaines de millions de morts violentes dans des conditions absolument effroyables. Il ne s'agit pas de gober ni d'être archaïque, il s'agit de se conformer à la nature humaine profonde, on n'abolira pas par décret le besoin de bouc-émissarisation d'un tiers pour souder toute société. La logique sacrificielle fait profondément partie de la nature humaine, c'est sa part maudite, certes de façon très archaïque ; mais comme nous les ont montrées toutes les horreurs du XXème siècle d'une manière tragique, de façon indépassable même par la science et la raison. Le scientisme constitue la plus grande des naïvetés dans laquelle le freudisme est tombé. Et Heidegger d'affirmer que la science ne pense pas.

Kant disait qu'à un certain moment il fallait mettre une limite à la raison pour laisser place à la foi, c'est ce que notre époque de toute puissance nietzschéenne (la volonté de puissance/nuisance) a totalement occulté.

En tout cas je reste persuadé que la construction du surmoi chez l'enfant en développement n'a rien de rationnel et passe par la foi en des valeurs, en Occident d'origine judéo-chrétienne, ce que sont d'ailleurs les valeurs républicaines : une sécularisation de la religion catholique en France (bien sûr selon moi rien ne vaut l'original !), comme ne serait-ce que le bien est préférable au mal et que tout autre chemin scientiste, rationaliste ou autre, nous conduira à une énième impasse. Nous vivons aujourd'hui une crise de la laïcité parce que le savoir en lui-même ne comporte aucune autorité qui puisse le faire trouver préférable à l'ignorance, cette notion d'autorité du savoir ne peut passer que par le biais de valeurs qui sont elles-mêmes mises à mal par la religion du consumérisme qui ne distingue plus entre bien et mal et souvent fait l'apologie de la violence, de la réussite à n'importe quel prix et du sexe sans aucune limite.

J'espère que vous noterez que ce surmoi social est aujourd'hui en pleine déconfiture et demanderait à être réactivé d'une façon ou d'une autre. Je suis aussi un grand fervent des mythes grecs mais ils sont trop lointains dans notre culture pour être réactivés. Ce que je déplore, car jamais époque ne fut plus féconde et fructueuse sur tous les plans que durant l'âge classique hellénique. Ce que déplorait Nietzsche, lui aussi.

Pour conclure, j'adhère à ce que dit Onfray parce que je trouve bien des points communs entre ma mère qui est psychanalyste et psychologue freudienne, et n'importe quelle personnalité autoritaire et rigide de type fasciste. Elle ne fait jamais preuve de la moindre miséricorde même pour sa propre famille, c'est pour cela que j'aurais préféré qu'il n'y ait pas chez elle de rupture aussi brutale avec son propre héritage catholique qu'elle a obstinément refusé de transmettre et entièrement refoulé par véritable entêtement. Cela en fait véritablement une femme prédatrice malgré les dénégations de Freud sur cette même nature prédatrice, non pas chez l'homme en général puisqu'il prétend le contraire mais quand même on pourrait au moins l'espérer chez ses propres adeptes ou ses patients guéris : paradoxe ? Ou alors c'est qu'il était trop pessimiste sur la nature humaine pour croire en sa propre "science" afin d'en sortir.

En gros Freud pose bien la problème mais n'apporte aucune solution, hormis une sympathie affichée pour les régimes fascistes.

Les médias brandissent l'épouvantail de l'extrême droite et font son jeu

 


Les causes de la montée de l'extrême droite aujourd'hui n'ont absolument plus rien à voir avec celles qui l'ont expliquée dans les années 30.

C'est exactement ce que j'essaie d'exprimer. La gauche a abandonné le terrain social depuis 40 ans, elle s'est convertie à l'orthodoxie néolibérale depuis 1983. L'extrême gauche de Mélenchon n'est préoccupée que de créolisation et de wokisme militant. Mélenchon est un social-traître effectivement, je connais assez ceux qui militent pour son programme pour savoir ce qui se loge dans la tête de l'électeur moyen d'extrême-gauche souvent plus bas du front qu’un fasciste pur jus, et se foutant de la justice sociale comme de sa première chemise : avant tout la haine de soi-même et de tout son héritage culturel ancestral, une volonté d'expiation sans fin passant par la castration des hommes blancs, et enfin une volonté de domination et d'emprise sur son groupe d'affiliés puisqu’aucune transcendance ne saurait la justifier autrement que par cette volonté d’emprise toute animale et sauvage. L’homme n'a pas besoin de tant d'argent que ça, tout ça c'est de la merde, de la valeur d'échange ; je ne sais même pas s'il a besoin d'égalité réelle, en tout cas on s'en éloigne grandement. Il a besoin d'un surmoi, donc de valeurs un peu supérieures à la simple immanence auxquelles il puisse adhérer lorsqu'il est encore un enfant en plein développement, et de valeur d'usage. Tout ce que la société actuelle lui refuse en le maintenant éternel adolescent, et tout ce que l'extrême gauche avec son très pur matérialisme historique immanent n'arrivera jamais à combler.

Comme la nature a horreur du vide, c'est l'extrême droite qui apparaît comme la seule alternative crédible en faisant miroiter un patriotisme économique protecteur, un gaullisme social alliant le capital et le travail comme durant les Trente Glorieuses, un retour à des valeurs judéo-chrétiennes capables de refédérer une société atomisée jusque dans ses fondements familiaux depuis cette date symbolique et fatidique que représente mai 68 et sa revendication d'une innocence absolue de la jeunesse, qui a frisé en réalité l'irresponsabilité la plus totale chez les plus cyniques des 68ards.

Bien entendu tout ceci est sans doute de la part de l'extrême droite nous faire prendre des vessies pour des lanternes en laissant espérer un retour à une gauche du travail et une droite des valeurs, comme sous de Gaulle. Cependant sous Macron c'est aujourd'hui un wokisme caricatural (en quoi Mélenchon apparaît davantage comme son idiot utile que comme son opposant) et une droite forcenée du travail qui règnent, fruit d'un processus qui je le répète dure depuis 40 ans et va en s'exacerbant inexorablement que le régime soit de gauche, de droite, ou les deux "en même temps" désormais, ou encore ni l'un ni l'autre, c'est selon !

Comme rien ne semble pouvoir enrayer ce processus de durcissement du monde du travail et de réglementation wokiste, en réalité rigide et culpabilisante des rapports humains - alors que la base sociétale de cette nouvelle réglementation était libertaire donc déculpabilisante, et 68arde ; la plupart des médias qui depuis bien longtemps ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir mais au contraire ont pris pour lui fait et cause, n'ont rien trouver d'autre comme parade que d'attirer l'attention sur les dérapages extrémistes, xénophobes, antisémites, sexistes, homophobes... des mouvements contestataires pour les discréditer et culpabiliser ceux qui seraient tentés de se détourner du droit chemin ; sans se douter que par là même, ils pouvaient aussi faire leur jeu en fabriquant de toutes pièces le seul parti de contestation possible auquel un "déplorable" encore attaché à des valeurs traditionnelles puisse s'identifier.

Les baby-boomers se revendiquant peut-être à tort de Freud ont voulu rejeter toute forme de culpabilité. On pourrait dire pour qu'au sein d'une chaîne de causalité implacable, de l'innocence absolue revendiquée par la génération des baby-boomers refusant toute forme de culpabilité et d'interdits, surtout d'origine religieuse, découle aujourd'hui une culture de la violence dans l'art et encore davantage dans l'industrie du divertissement qui tend à remplacer l'art, une banalisation de la violence dans la rue, une radicalisation violente du langage et des rapports humains débouchant de plus en plus souvent sur leur judiciarisation, une violence inédite dans les rapports sociaux à l'intérieur du monde du travail, une atomisation de la famille dont les enfants font très violemment les frais... Tout cela par oubli d'un principe assez simple : personne n'est innocent ; intuition pourtant présente dans le christianisme mais violemment rejetée par les jouisseurs et cyniques de tout poil dans la lignée de mai 68. L'enfance est innocence par rapport à l'âge adulte et c'est précisément pour ça qu'elle a plus que jamais besoin qu'on lui transmette des valeurs permettant de se structurer, ce qu'on appelle un surmoi, que la majorité des baby-boomers ont été incapables de transmettre par irresponsabilité totale sous couvert d'innocence, d'où la profonde crise actuelle... et motif d'explication des phénomènes de réaction contemporains - on pense au succès d'un Zemmour. On a absolument tout toléré de la part de cette génération gâtée, y compris tous ses excès qui nous coûtent aujourd'hui très cher et expliquent la montée de l'extrême droite.

En gros la cause essentielle de la montée de l'extrême droite c'est mai 68, et tous les abus de la génération des baby-boomers qui s'auto-proclamait innocente et refuse toujours de s'en départir.

dimanche 7 novembre 2021

Le néolibéralisme a érigé l'égoïsme et l'amour propre en système

 


La question de la liberté de choix est une vraie question. Dans la modernité je ne suis pas certain que les gens "choisissent" leur aliénation ; là où le christianisme présentait quand même l'intérêt d'être une religion du libre arbitre, il y a donc eu recul avec les "droits de l'homme" lorsqu'ils sont associés au néolibéralisme. Quant aux avancées de la gauche elles ne sont visibles depuis une quarantaine d'années que dans le domaine sociétal (aujourd'hui on dirait le wokisme), au détriment du social. Autrement dit la gauche a abandonné le terrain social depuis 40 ans, et elle est même devenue l'idiote utile du capitalisme lui servant à diviser pour mieux régner. Seule la génération des baby-boomers a pu profiter à plein des droits de l'homme, lorsqu'ils étaient associés à une politique sociale associant le capital au travail durant les Trente Glorieuses. Je dirais que les générations qui viennent après seront de plus en plus aliénées si l'on ne change pas rapidement de trajectoire.

Je n'ai pas du tout connu ce genre de problème dans le petit village breton de mon enfance chez mes grands-parents. Ils ne me semblaient pas aliénés par la religion, mais portés par un catholicisme syncrétique imprégné de paganisme qui leur permettait de s'épanouir et même de faire preuve d'une bonté naturelle, peut-être celle dont parle Rousseau, à des années-lumière de ce qu'est devenue leur fille, ma mère, sous l'influence du parisianisme et de sa vanité intrinsèque qui porte à la méchanceté plutôt qu'à la bonté. En plus de 1000 ans de catholicisme dans les terroirs il y régnait selon moi un certain enchantement spirituel, et les valeurs judéo-chrétiennes venues se greffer sur des rites païens qu'elles n'avaient pas fait disparaître, les gens en étaient imprégnés comme naturellement. C'est une propagande de la République laïque que de nous faire croire que les gens dans les campagnes étaient aliénés par la religion. Le néolibéralisme depuis 40 ans nous aliène bien davantage, d'autant plus que nous avons été déracinés pour soi-disant profiter de ce système qui était censé nous émanciper.

D'après moi là où l'on déracine et veut rééduquer, là est le mal, même si cela porte les beaux noms de Liberté, droits de l'homme, École, Laïcité... 1500 ans de catholicisme imprégné de rites païens dans les terroirs, un peu plus de 200 ans de valeurs de la République, 40 ans de néolibéralisme qui veut même se mêler des valeurs de la Laïcité et de l'École, ce qu'on appelle pudiquement faire connaître le monde l'entreprise aux plus jeunes via l'École. Comme si le monde de l'entreprise était devenu la finalité de la société libérale des droits de l'homme et donc de l'École à son service.

C'est François Delpla qui dit que les droits de l'homme n'ont jamais été appliqués comme il faut et qu'il serait souhaitable qu'ils le soient pleinement comme remède aux maux de la société. Moi j'ai un problème avec les droits de l'homme dans la mesure où mes deux parents étaient deux "fous" qui n'ont pas respecté mes droits. J'entends bien que cela fausse mon jugement et explique mon désir d'une communauté dont l'intérêt commun puisse dépasser l'intérêt personnel et vénal de chacun. Or nous n'y sommes pas du tout, dans la "société des droits de l'homme" chacun essaie de faire passer ses petits intérêts mesquins et égoïstes, y compris au moyen de la judiciarisation, avant celui de la communauté dont les valeurs devraient être le bien commun et idéalement reposer sur l'altruisme. C'est le libéralisme ayant une vision très noire de la nature humaine qui a placé le vice comme moteur de l'action humaine (« vice privé, vertu publique » ; Mandeville), ce qui fausse complètement la question des droits de l'homme ; car si la liberté des droits de l’homme est de s'adonner égoïstement au vice, quelle valeur accorder à cette liberté ? Ce n'était du tout pas la vision de l'homme qu'en avait une conception judéo-chrétienne (le vice à réfréner) ou encore gréco-romaine - un optimisme considérant que l'homme est naturellement porté vers le bien et que le mal constitue une erreur dont le remède est la connaissance de soi objet de la spéculation philosophique ; "connais-toi toi-même", maxime de la sagesse grecque antique inscrite à l’entrée d’un temple.

Le socialisme n'a jamais été appliqué en France. Il y a eu une politique keynésienne de redistribution et d'association capital-travail durant les Trente Glorieuses.

C’est parce que vous avez une vision optimiste de la nature humaine que vous dites que le consumérisme nous regarde individuellement. Pour un libéral l'homme est naturellement porté au vice et à la satisfaction de ses appétits égoïstes à travers la consumation que constitue l'acte de consommer un objet. La perversion d'un tel système est que de gens en arrivent à "consommer" leur prochain en le chosifiant comme un objet, c'est-à-dire à le consumer. Je vous répète que j'ai parfaitement connu ça de la part de mon père et dans une moindre mesure de ma mère, ce qui fausse mon jugement sur les droits de l'homme. Je crois que cette action de consumer son prochain se manifeste à travers une pathologie moderne et très largement répandue que l'on nomme perversion narcissique.

Le vice, c'est-à-dire principalement l'égoïsme, est le moteur de l'action dans une société libérale. Lisez Mandeville et Smith. Vous comptez réprimer l'égoïsme par la loi ? De l'égoïsme découlent tous les autres vices qui paraissent totalement légitimes à qui les conçoit au nom de ses droits ; la question de la morale (c'est-à-dire celle du rapport à mon prochain) est devenue totalement secondaire dans la société moderne des droits de l'homme. L'égoïsme et l'amour propre totalement généralisés et banalisés dans la société moderne sont une perversion de l'amour de soi, tendance négative que favorise la société que dénonçait déjà Rousseau quand il affirmait que l'homme naissait bon et que la société le corrompait.

Les fondements du libéralisme posés par Mandeville et Smith encouragent l'égoïsme et l'amour propre. À cette conception vient se heurter celle d'un Rousseau qui distingue effectivement l'amour de soi de l'amour propre, ce dernier étant encouragé par les valeurs de la société de son époque.

Non seulement rien n'a changé depuis Rousseau mais tout a empiré sous l'action des valeurs du néolibéralisme qui encouragent l'égoïsme - there is no society ! Thatcher. Ce n'est même plus la société mondaine sous l'influence des valeurs de l'aristocratie selon lui corrompues qui encourage l'amour propre comme à son époque, mais le pouvoir politique et tout le système consumériste. On pourrait dire que l'on a érigé l'égoïsme et l'amour propre en système.

« Les "filles mères" des petits villages catholiques n'approuvent pas du tout, toujours la même chose depuis au moins 10 ans, pourquoi écrire tellement pour raconter inlassablement la même chose ? »

Sauf que je n'ai pas cette histoire singulière des filles mères, et que mes parents ont utilisé tout le progressisme et la modernité de leur époque pour me persécuter, mon père à travers des pulsions pédophiles incestueuses que la société via les intellectuels de gauche encourageait alors, et ma mère à travers le freudisme qu'elle a perverti et la volonté de puissance que lui confère son statut social. Et elle continue, elle a déjà réussi à manipuler ma fille aînée qui me prend pour un fou, et bientôt ce sera au tour des deux suivantes.

Elle a bien compris que quand on a le fric on peut tout se permettre, c'est bien pour ça qu'elle a vendu égoïstement la maison de Quiberon, pour en avoir encore plus et pouvoir m'humilier davantage, maintenant via mes filles. Colette est comme ça, implacable.


vendredi 5 novembre 2021

Faut-il jeter le bébé philosophique d'origine allemande avec l'eau du bain wokiste ?


"La "ligne de fuite" s'est vue promptement reterritorialisée, de façon on ne peut plus fascisante...", joli ! Je ne pense pas que l'on puisse réduire Heidegger à son adhésion au parti nazi et qu'il y a beaucoup de choses à sauver chez lui. Nietzsche disait qu'il n'y avait pas de faits mais que des interprétations, de même que l'interprétation qui peut être faite de son œuvre, de gauche ou de droite. Pour ma part je n'ai connu à la Sorbonne que des profs se réclamant d'un Nietzsche "de gauche", dont Sarah Kofman, Jean Maurel ou Élisabeth de Fontenay, vers la fin des années 80 et le début des années 90.

Qu'est-ce qu'on fait alors, on biffe Heidegger et on se prive de penser l'autonomie de la technique ? On biffe Nietzsche et on se prive de penser la modernité ? On revient à un pur idéalisme kantien qui valide le pouvoir de la raison ? Oui mais sauf que Kant par le biais de la "banalité du mal" développée par A. Arendt n'est lui-même pas tout blanc dans cette affaire de barbarie nazie, idem pour Hegel et sa vision dialectique de l'Histoire. C'est en réalité toute la philosophie allemande qui s'est compromise ; faut-il comme Jankélévitch tourner le dos à toute la culture allemande ? Faut-il biffer Foucault, Deleuze, Derrida parce qu'ils se sont inspirés de la philosophie allemande ? Peut-on penser après Auschwitz ? Non, pour la simple et bonne raison qu'il n'y a aucun PARDON possible comme le disait Jankélévitch. Donc abstenons-nous de penser et adonnons-nous à la religion du consumérisme, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes festifs - dont Philippe Muray fait une description jubilatoire ? D'autant plus que le wokisme, tout comme le nazisme, sont des interprétations très réductrices et tendancieuses de l'œuvre nietzschéenne.

Le débat ne demande pas selon moi à être simplifié mais complexifié, en s’aidant de tous les outils mis à notre disposition ; et non en s’interdisant de penser parce que tous ces outils seraient biaisés. De toute façon il faut accepter que toute pensée humaine soit imparfaite et biaisée, par définition. Nul système aussi brillant qu’il puisse paraître ne comporte des failles par où viennent s’introduire les interprétations tendancieuses, comme le wokisme. Réduire toute la pensée de Foucault, Deleuze, Derrida, à une "vaste escroquerie" parce qu’elle engendrerait aujourd'hui des interprétations, tendancieuses, biaisées, et fascisantes, comme c'est vite dit ! Malheureusement la plupart des gens préfèrent des réponses toutes faites à des questions complexes.

C'est assez normal que Bouveresse "vomisse" Nietzsche penseur de l'interprétation issue du sentiment de l'absurde, puisqu'il est un tenant de la philosophie analytique. Il est le défenseur du courant analytique en terres philosophiques continentales… Tout le courant herméneutique issu de la pensée nietzschéenne doit lui paraître irrationnel. Bouveresse a surtout réglé son compte à toute une philosophie herméneutique nietzschéenne "de gauche" qui rencontrait un grand succès quand lui n'en avait aucun.

J'aurais dû être plus nuancé et dire plutôt que "vomisse", que Bouveresse "a du mal à comprendre Nietzsche penseur de l'interprétation issue du sentiment de l'absurde", ce que ne peut lui permettre son approche analytique et non "sophistique". L'approche analytique est biaisée en elle-même car elle s'interdit l'herméneutique. Or je pense que Nietzsche a effectivement tout dit et son contraire ; ce qui peut laisser place à des interprétations de droite et de gauche, selon la sensibilité de chacun ; c'est ce qui fait aussi la richesse de sa pensée qui est non partisane, non binaire, non castratrice, ouverte à tous les fantasmes qui structurent la personnalité de chacun, au passage tout le contraire de l'idéologie woke - castratrice par nature ; et sans imaginer que sa pensée aurait pu être récupérée pour stimuler les fantasmes sadiques qui structuraient l'imaginaire nazie.

La pensée de Nietzsche n'est pas univoque mais équivoque, comme celle de Montaigne d'ailleurs, l’implicite y règne en maître au détriment de l’explicite, l’ambivalence et l’ambiguïté, le second degré également : toutes choses que nos contemporains, surtout wokistes et adeptes du politiquement correct ne comprennent plus du tout. Faire l'amalgame entre la pensée de Nietzsche et ses fâcheuses "conséquences" wokistes, me paraît relever du contresens le plus complet.

POUR AU CONTRAIRE RÉHABILITIER NIETZSCHE ET HEIDEGGER CONTRE TOUTE LES TENTATIVES DE SIMPLIFICATION ANALYTIQUE D’ORIGINE ANGLO-SAXONNE, - je n’ai rien a priori contre les Anglo-Saxons, mais comme l’a fort bien montré Nietzsche, en matière de pensée ils sont très étriqués.

Dans l'œuvre de Nietzsche la chose la plus importante y est moins ce qu'on dit que la force avec laquelle on dit cela, qui permet d'affirmer des choses contradictoires d'un point de vue analytique, mais pas du point de vue de la pensée dont Heidegger dit qu'elle est toute autre chose qu'un développement logique qui s'appuierait sur des axiomes, mais un CHEMINEMENT. La science "ne pense pas" selon Heidegger précisément pour cette raison : elle n’est pas un cheminement. Même si la logique depuis Aristote et Platon a toujours constitué un élément important de la philosophie, il faut bien voir que Nietzsche s'inscrit davantage dans le mouvement sophistique pour qui le principe de non contradiction n'est pas rédhibitoire. Parce que ce principe de non contradiction constitue encore un arrière monde de philosophe, alors que Nietzsche s'efforce d'avoir une approche poétique de la réalité dont le projet philosophique ultime est de féconder des créateurs et non des idéologues fascisants et sectaire, dans un monde où « Dieu est mort ».

Faire de Nietzsche un penseur exclusivement de droite (ce qu'il est aussi !) constitue pour moi un a priori rédhibitoire que j’attribue à sa formation analytique. Bouveresse : « Nietzsche en penseur politique, défenseur d'un radicalisme aristocratique selon lequel la masse du peuple doit obéir, travailler et être asservie pour que l'élite puisse être libre, commander et créer. », au fond nous y sommes et il n’y avait pas besoin de Nietzsche pour cela ; la déformation des idéaux des Lumières par le capitalisme y a pourvu assez bien - un jouet entre les mains des bourgeois pudiquement rebaptisés bobos. Nietzsche est le philosophe du "en même temps", bien avant notre président néolibéral... et "philosophe" (sic) selon les mots de Brice Couturier.

Enfin pour terminer je vais être un peu caustique, voire cynique, parce que je m'en fais régulièrement la réflexion à moi-même ; qui vous dit que replacé dans le contexte de l'époque et si vous aviez été allemand voire français, vous n'auriez pas admiré Hitler ? Il y a tellement aujourd'hui dans les médias des "résistants d'opérette" qui se réfèrent constamment à Hitler pour distribuer des points Godwin et qui le voient partout chez leurs adversaires, pensant que s'ils avaient été présents à l'époque ils auraient pu changer le cours de l'histoire, c'est tellement facile et peu glorieux dans le temps de l'après-coup !

Mais qu'en savent-il seulement à l'aune de leurs convictions présentes que favorise la doxa d'aujourd'hui et ses lois liberticides de la liberté d'expression (contrairement à la législation américaine du premier amendement) que dénoncent d'ailleurs Noam Chomsky ; généralement pour interdire toute opinion divergente dans un bel unanimisme antifasciste, se transformant parfois en fascisme... woke ! s'ils avaient été soumis à la pression de l'époque ? Je ne dis pas ça pour défendre Hitler ni pour tenter de réhabiliter d’une quelconque façon le personnage monstrueux et ceux qui ont encore aujourd'hui pour lui une forme d'admiration, mais je pense que ceux qui voient des Hitler ainsi que des disciples de Hitler à combattre, partout, de façon hystérique, sont peut-être ceux qui l’auraient adulé avec le plus de ferveur de son vivant.

Pour ceux qui prétendent qu’ils n’auraient jamais été séduit par un tel personnage, je leur réponds le problème est que la pression social et la doxa dominante de l'époque les auraient peut-être forcés à être "séduit", l'homme est avant tout une animal social, un zoon politikon ; c'est l'idéologie libérale qui prétend qu'il un INDIVIDU libre et autonome qui se réalise par son travail au service de l'intérêt général, si l'on rajoute l'amour cela forme la doxa freudienne : "qu'est-ce qu'être normal, c'est aimer et travailler". Tout cela n'est qu’une vaste fumisterie, l'homme a besoin de vivre en communauté, de partager en commun comme le disait Marx, au moins dans la famille - mais cette dernière est souvent toxique ; il ne se définit et ne s'épanouit qu'au sein de la RELATION. Et cette relation est toujours relation à un AUTRE.

Je pense au contraire que le but ultime de la philosophie de Nietzsche était de féconder l’élan créateur quelle que soit sa provenance sociale, il ne cesse d’ailleurs dans toute son œuvre de rétablir la figure du criminel, victime des circonstances, traîné dans la boue par le troupeau des faibles alors qu’il est lui-même détenteur d’une vérité qui le rapproche de l’artiste. Si ce n’est pas être de gauche ça !

Le problème de Nietzsche est surtout qu'il a mis la barre beaucoup trop haut pour les médiocres bassement matériels et vénaux que nous sommes pour la plupart, qui explique que son œuvre fasse davantage recette pour produire des idéologues wokistes bornés plutôt que pour féconder des créateurs véritables : encore une fois, cela ne s’explique pas par l’œuvre de Nietzsche mais par la médiocrité de ceux qui font sur lui un travail d’interprétation - surtout que toute interprétation dépend de ce que l'on y met de soi-même ; ou plus exactement de l'herméneutique de l'herméneutique faite par Foucault, Derrida, Deleuze. Ou encore une herméneutique de l'herméneutique de l'herméneutique etc. Effectivement Nietzsche pour beaucoup c'est un peu l'ours de "l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours" ; peu de gens ont le courage et la patience de se confronter, dans le cas de Nietzsche, à la source la plus ardue, et préfèrent se contenter de commentaires de commentaires.

La Volonté de Puissance, l’ouvrage est une manipulation de la sœur de Nietzsche à partir de fragments isolés, voire elle en a peut-être tout simplement inventé certains, sans liens les uns avec les autres et présentée comme une démarche structurée, c'est une falsification grotesque.

Sans vouloir me livrer à une analyse sauvage, je crois surtout qu'à travers Bouveresse qui est un penseur médiocre empli de ressentiment pour la pensée continentale, beaucoup cherchent à brûler leurs anciennes idoles. Mais c'est bien ils sont sur la bonne voie, ils font preuve d’une démarche iconoclaste nietzschéenne.

J'espère qu’ils ne sont pas de ceux qui pensent que c'est le dernier qui a parlé, en l’occurrence Bouveresse qui a raison. "La nouveauté c'est vieux comme le monde."

Enfin sur ce que dit Deleuze sur la vignette : « Être de gauche c’est d’abord penser le monde , puis son pays, puis ses proches, puis soi », une telle citation me paraît être surtout de l’angélisme, typiquement de gauche dans ce qu’elle a de plus stupide, qui met la vérité sur la tête, constituant l’alibi chez les plus malsains, voire pervers, pour ne pas se préoccuper de leurs proches, pour négliger leur famille, voire l’exploiter sexuellement comme l’a montré l’affaire O. Duhamel, un cas pas si isolé que ça, une tendance lourde issue de mai 68 et que Rousseau dénonçait déjà : "Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins" ; on pourrait rajouter pour être dispensé d’aimer ses propres enfants, ce qui constitue le premiers des devoirs ou essayer de faire semblant puisque l'amour ne se commande pas. C'est justement parce que l'amour ne se commande pas que le devoir est là pour y pourvoir, c'est l'un des enseignement du judéo-christianisme et de la morale kantienne ; nos désirs ne peuvent pas tout et surtout ne doivent pas tout, car le plus souvent ils font fi de l'altérité : la maladie du modernisme étant la généralisation de la perversion narcissique.

Contre Deleuze et sa vision déterritorialisée et nomade il faut sauver la famille et la communauté, voire réhabiliter l’idée de communauté religieuse d’origine catholique en France, surtout parce que c’est le néolibéralisme bien plus encore que la gauche qui tente de les faire exploser. Enfin l’individu n’est rien sans la famille et la communauté ; les droits de l’homme qui s’adresse à l’individu et qui ne défendent souvent que ses petits intérêts mesquins et vénaux, sont une construction des Lumières, une « robinsonnade » comme dirait Marx, une très pâle interprétation de Rousseau et de Diderot dont on a instrumentalisé les pensées pour les associer aux intérêts de la bourgeoisie via le capitalisme ; une construction qu’il serait bon de remettre en question, de déconstruire - mais alors qu’ils déconstruisent tout le reste les wokistes se désintéressent du capitalisme, tandis que la pensée de Marx qui s’était attelée à cette déconstruction est devenue obsolète ; une construction de la bourgeoisie plus que des Lumières d’autant plus néfaste que selon une certaine conception libérale anglo-saxonne très pessimiste sur la nature humaine, cette dernière se caractériserait par une impulsion naturelle au mal que l’on doit encourager par le vice plutôt que de la réfréner comme dans le judéo-christianisme par la vertu ; c’est la logique de la religion du consumérisme et du commerce. Seuls les Grecs très optimistes sur la nature humaine avaient pressenti que l’homme pouvait avoir une prédisposition naturelle au bien, et l’avaient encouragé dans cette voie : souhaitons ou plutôt rêvons qu'ils soient les seuls à ne pas s'être trompés.



NIETZSCHE PENSEUR DU SURHOMME ET DU GRAND STYLE N'EST PAS UN PHILOSOPHE POLITIQUE

Et dans le même ordre d’idées vous ajoutez : « La philosophie de Nietzsche, je crains que. B. Russell et J. Bouveresse aient raison à ce sujet, constitue bien une forme d'élitisme aristocratique... Peut-on sortir d'une société composée de maîtres (le camp nietzschéen) et d'esclaves (le camp chrétien) ? C'était le pari de la social-démocratie, visant à promouvoir une classe moyenne... Je crains que ce pari soit aujourd'hui en voie d'obsolescence programmée. » En gros pour vous la philosophie de Nietzsche légitime la logique néolibérale (là je ne suis pas d’accord car Nietzsche est très rarement un penseur politique et n'a rien à voir avec le libéralisme), foncièrement inégalitaire nous sommes bien d’accord sur ce dernier point. D’ailleurs assez cocassement bon nombre d’aphorismes de Nietzsche sont repris comme des slogans dans la publicité pour vanter les mérites de tel ou tel produit. La logique inégalitaire est dans les fondements mandevilliens du libéralisme, sans avoir besoin d'avoir recours à Nietzsche.

Cependant le projet ultime de sa philosophie était selon moi de féconder des artistes créateurs (Nietzsche de gauche) bien plus encore qu’une aristocratie politique (Nietzsche de droite). Il avait pris acte de la mort de Dieu donc de la mort du Christ et du christianisme, il avait donc le désir de féconder des créateurs d'un type nouveau axé sur le modèle du surhomme et du grand style ne devant plus rien au modèle chrétien qui avait pourtant si prolifiquement fécondé l’art durant bien plus de mille ans. Il disait que les artistes devraient renoncer à prendre pour modèle l’agonie du Christ dans l’acte de création – modèle dont au passage un écrivain comme Houellebecq dit se revendiquer, vomissant Nietzsche et son amoralisme.

Je crois qu’il voulait aussi qu’on assiste à un regain et à un âge d’or de la culture gréco-romaine sur le modèle de la tragédie grecque et de l’opposition entre apollinien et dionysiaque, comme cela s’était produit durant la période de la Renaissance qu’il admirait. Il rêvait d’être le prophète de cet âge d’or aristocratico-esthétique à travers son Zarathoustra qui avait vocation à servir de méthode.

Il avait la dent très dure envers les chrétiens, d’autant plus que lui-même avait échappé de peu à une carrière de pasteur alors que toute sa généalogie familiale l’y destinait. Malgré des paroles parfois très dures envers les Juifs, il détestait l’antisémitisme allemand qu’il définissait comme un poison et avait pour eux plus bien plus d’indulgence (que pour les chrétiens) puisqu’il disait qu’ils seraient un jour amenés à devenir les guides et les maîtres de l’Europe, c’est-à-dire les nouveaux aristocrates dans le projet d’un âge d’or aristocratico-esthétique ou élitistement artistique. Aristocrates au sens d’artistes, de créateurs, et non pas de maîtres politiques. Le but de Nietzsche n’était pas de fonder une nouvelle élite politique.

Le projet de Nietzsche n’est donc pas selon moi politique, ou très peu, contrairement à un Machiavel ou un Mandeville. Ce qu’on peut en revanche lui reprocher c’est son amoralisme foncier (le point commun avec le libéralisme mandevillien) qui doit inspirer bien des « créateurs » dans le domaine publicitaire.

Je souscris à votre propos, à un point près : je pense que le "maître" nietzschéen n'est pas seulement un artiste (c'est la lecture de J.-N. Vuarnet, dans son essai Le Philosophe-artiste), c'est aussi un maître au plan politique, comme Machiavel l'annonçait en effet, un maître sans scrupule, la moraline étant réservée aux faibles, aux esclaves... Pourquoi Nietzsche se serait-il arrêté au seuil du domaine de la grande politique ? Fallait-il selon lui laisser le gouvernement de la cité aux prêtres ou aux socialistes ? Il n'a pas de mots trop durs pour les vilipender, ces hommes du ressentiment.

Nous n'y sommes pas du tout avec le libéralisme dont la logique est certes inégalitaire - un bon point pour Nietzsche. Les maîtres n'y sont pas des aristocrates mais des plébéiens enrichis aux goûts aussi vulgaires que les gueux, mais certes amoraux - encore un bon point pour Nietzsche ; voire immoraux : des pervers selon Mandeville amenés à prendre le contrôle de la Cité parce qu'ils sont les pires de tous les hommes, the worst of them, (cf. Dany-Robert Dufour).

Je ne pense pas que Nietzsche aurait pu se reconnaître dans ces hommes politiques contemporains (hormis peut-être la tentative de Zemmour !), idem pour ces milliardaires qui les font et défont, tous ces people si dénués de toute forme de noblesse, aux goûts si vulgaires qu'ils partagent d'ailleurs avec les hommes du ressentiment, lui qui revendiquait comme modèle politique absolu le grand siècle de Louis XIV (encore un modèle qui le rapproche de Zemmour).

Nous en sommes à des années-lumière. Et c'est entièrement la logique libérale dont la conception remonte à Mandeville et Adam Smith qui explique les inégalités actuelles, Nietzsche n'étant pas un libéral (encore moins un socialiste certes) et sa conception aristocratique du pouvoir politique n'y étant absolument pour rien. Car sa conception du pouvoir politique est calquée sur un modèle esthétique et amoral, c’est-à-dire aristocratique mais non libéral et immoral – le vice c’est-à-dire le mal se transformant en bien pour les penseurs libéraux, il faut l’encourager. C’est pour cela que faire l’amalgame entre l’inégalitarisme foncier du libéralisme associé au capitalisme avec l’inégalitarisme aristocratique de Nietzsche me paraît constituer un contresens. Je pense que Nietzsche aurait vomi l’inégalitarisme libéral, parce qu’il ne débouche pas sur une morale aristocratique chez les maîtres mais sur leur perversion comme l’explique et le justifie très bien Mandeville pour la conduite de l'économie (cf. Dany-Robert Dufour ; Baise ton prochain)

Pour moi qui ne suis pas un apologiste de la Révolution française je peux très bien comprendre la position nietzschéenne, et je pense que l’on vivait, même chez les gueux, plus agréablement sous l’ancien régime que sous le régime actuel - parce que le monde y était enchanté par un catholicisme syncrétique imprégné de paganisme, et qu’il n’y était pas soumis à l’arraisonnement par la technique. D’ailleurs les gueux de l’ancien régime n’ont rien à envier aux gueux actuels, « sans dents », « riens », qui sont pléthores.

POUR ME DÉMARQUER DE NIETZSCHE ET DE SA MORALE ARISTOCRATIQUE

Je dirais que suis de ceux qui pensent que le degré de bien-être ou d'aliénation d'un homme n'est pas directement proportionnel à ses bonnes ou mauvaises conditions de vie matérielles. Le progrès technique peut être un motif d'aliénation, par rapport aux modes de vie plus simples, bien plus frustes de nos ancêtres, plus proches de la nature aussi, ce que nous avons tendance à oublier ; ancêtres reliés entre eux par la communauté religieuse. Le progrès apporte du bien-être matériel, mais le prix à payer est un isolement bien plus aliénant que la pauvreté et la simplicité lorsqu'elles sont tempérées par l'appartenance à un monde commun fait de coutumes et de traditions partagées dont le point commun est de célébrer la vie et la nature plutôt que de les exploiter, comme fonds commun disponible afin de faire du profit.

Ce monde commun qui était un catholicisme syncrétique imprégné de paganisme en France jusqu'à il y a très peu de temps dans les terroirs les plus reculés (vers la fin des années 70 chez les anciens), n'existe plus. Il n'y a plus que des tribus, des individus en guerre les uns contre les autres ne recherchant leur salut que dans l'argent se recroquevillant sur des droits (de l'homme) mesquins, des modes liées au consumérisme, des codes vestimentaires ou de langage permettant aux tribus de se reconnaître entre elles et de se distinguer, des logiques de bouc-émissarisation qui excluent et ostracisent, du communautarisme, mais plus de communauté. La crise que nous vivons aujourd'hui, la violence qu'elle génère par rivalité mimétique généralisée non tempérée par l'eucharistie (qui était le sacrifice symbolique d'un tiers indispensable à la cohésion du groupe) est directement liée à la disparition de ce monde commun, encourageant des mouvements de nostalgie pour le vieux monde dont Zemmour est une des manifestations contemporaines.

Alors bien sûr il n'y a plus de gens qui meurent de faim dans les rues, il n'y a plus la peste, le choléra, la tuberculose... mais le prix à payer qui est l'isolement et l'aliénation visibles à travers la consommation massive de neuroleptiques, anxiolytiques, antidépresseur... au sein de la population, est bien trop exorbitant. L'École et la Laïcité ne peuvent constituer à elles seules des solutions exhaustives si elles ne s'accompagnent pas d'un retour à des valeurs ancestrales prenant en compte la part de spiritualité qu'il y a en l'homme et dont il a faim, plus encore que de simple nourriture et de biens matériels.

 

 

 

mardi 2 novembre 2021

Zemmour underground, Sainte Blandine livrée aux lions



Tautisme : « Autisme tautologique par lequel on répète interminablement la même cérémonie abstraite. Autisme totalisant par lequel nous sommes dilués dans l’absolu du monde, faute de nous être séparés de lui pour le comprendre. »

Dans notre monde on ne peut être que tautiste : « Principe qui consiste à prendre la représentation de la réalité pour son expression. Par ce biais les médias se copient les uns les autres et cette répétition tend à nous faire croire qu'elle vaut preuve.  Le terme est à la fois un néologisme et un mot-valise, forgé à partir des mots tautologie et autisme (maladie de l’auto-enfermement communicationnel dans laquelle le patient n’éprouve pas le besoin de communiquer) » Lucien Sfez (Cf. Critique de la communication. Seuil, 1988)

Tous tautistes donc, puisque le monde est totalement désenchanté des religions qui l'avaient enchanté. Pourtant il existe toujours de la création artistique, ou plutôt des choses bizarres, des phénomènes étranges comme l’art contemporain, le rap et les smartphones. Oui on ne peut être que tautiste puisque le monde ne nous parle plus, alors on se raccroche à des images, à des discours, qui nous font prendre la représentation de la réalité pour son expression. En général on se raccroche à la doxa dominante, et comme la nature a horreur du vide, il y a toujours un discours transgressif. La grosse ironie est qu'aujourd'hui la transgression vient des milieux catholiques les plus conservateurs et traditionnalistes, alors qu'au départ la transgression se définissait par rapport à ces milieux catholiques conservateurs et traditionnalistes, étant aujourd'hui complètement marginalisés et quasiment underground, totalement ridiculisés et traînés quotidiennement dans la boue dans tous les médias, faisant l'objet des caricatures les plus grotesques comme celles qui représentent Zemmour en réincarnation d'Adolf Hitler.

Désormais c'est le dogme religieux catholique qui est transgressif et underground en France, tandis que la censure est imposée par ceux qui se prétendaient hier les transgressifs et subversifs de mai 68. Nous voici revenus 2000 ans en arrière en une seule génération, celles des baby-boomers, où ils jouent le rôle des Romains persécuteurs et Zemmour le rôle de Sainte-Blandine livrée aux lions, persécuté pour ses idées par la doxa tautiste ; et plus globalement tous les conservateurs et les réacs le rôle des premiers chrétiens.

Entre parenthèses Zemmour a permis d'ouvrir la boîte de Pandore de toute la frustration catho tradi, parce qu'il a la légitimité pour ça, et qu'est ce qui lui donne cette légitimité ? C'est le fait d'être juif, c'est à dire d'appartenir à ce peuple que nul ne peut suspecter d'entrer en collusion avec le fascisme, qui jouit d'une pureté virginale en ce domaine, comme Jeanne qui était pucelle. Un homme blanc c'est toujours 100 % coupable, un homme blanc juif non, pas tout-à-fait, car il peut toujours brandir la Shoah qui lui permet de se refaire une virginité morale.

Le Génocide des Juifs était la part maudite du nazisme au sens de Georges Bataille, il y a quelque chose là-dedans qui a à voir avec le sacrifice. Peut-être un sacrifice collectif aux dieux païens germaniques pour obtenir la victoire.

Zemmour est comme Jeanne d’Arc, il décuple les forces de ses sympathisants, non parce qu’il est une femme comme Jeanne au milieu de guerriers mâles, mais presque de la même façon, parce qu’il est un Juif et qu’il représente l’altérité au sein de ces milieux catho tradi ; désormais le camp de la subversion et de la transgression. Il est évident que pour les conservateurs et réacs de tous bords, Zemmour représente la DIVINE SURPRISE. D'un point de vue freudien c'est aussi le retour du trop longtemps et trop brutalement refoulé.

NIETZSCHE A DIT DIEU EST MORT, RESSUSCITONS DIEU !

Je suis matérialisme car je pense avec mon corps, paradoxalement je pense que l'homme n'est rien sans transcendance. Quand je regarde le monde autour de moi avec mon corps, je ne vois que violence, laideur, rapports de force pour obtenir le moindre travail salarié ; les seules choses belles que je vois sont des œuvres du passé quand les hommes avaient encore de l'esprit : églises, cathédrales, grands monuments, châteaux, toute l’architecture jusqu’aux débuts du XXème siècle...

Alors bien sûr on fait vivre un maximum de gens dans un bien-être relatif, avec un consumérisme qui leur sert de religion, mais le prix à payer est-ce la disparition de l'esprit ? Dans ces conditions le soi-disant recul de la misère n'a aucun sens.

Quant à la littérature un des derniers bastions préservés, elle est contaminée comme tout par le wokisme et la déconstruction ; Finkielkraut et Houellebecq prédisent sa disparition. Que restera-t-il ? Quel sera le moteur de nos actions ? La pure spéculation scientifique (la science spéculative), qui ne pense pas selon Heidegger ? Non ce moteur ne sera vraisemblablement que l’expression de la médiocrité la plus crasse lorsqu’elle n’est dirigée que par la vanité et l’orgueil sans nulle transcendance, c’est-à-dire sans ressentir aucune présence.

Nietzsche disait que l'homme avait besoin d'illusions pour penser et créer, si Dieu doit être cette illusion, ressuscitons Dieu ! On ne voit plus que la vanité et l’orgueil des hommes, donc leur médiocrité, qui s’affichent partout en gros caractères, c’est cela l’émancipation ? Les droits de l’homme je veux bien, mais un peu d’humilité quand même.

Misère de l’homme sans Dieu, comme le disait Pascal. Sans cette présence qui est à ressentir avec son corps, et qui est de l'ordre de l'expérience mystique que bien des hommes pouvaient ressentir tout naturellement quand les époques étaient encore religieuses, même la famille et la nation disparaîtrons. Et ce n'est pas par décret que vous pourrez lutter contre les dérives du wokisme, qui n'est que l'effet de la fragmentation de la société depuis 1789. Cette fragmentation, cette dissolution, dans les rapports humains, nul besoin d'être un grand clerc pour la ressentir dans son corps ; tout le monde à sa propre échelle peut la ressentir et c'est faire preuve de mauvaise foi que de prétendre le contraire.

Nietzsche avait sans doute raison de dire que le nihilisme est dans la volonté des philosophes à vouloir changer le monde à partir d'arrières-mondes. Mais plus encore aujourd'hui comme le dit Heidegger qui prônait le retrait dans la fin de sa vie, ce nihilisme est dans la volonté de puissance de nos contemporains qui tournent complètement à vide, absurdement.

lundi 1 novembre 2021

Les mystères du mal

 


"Le travail est le premier outil du pouvoir puisqu'il distribue ou pas le travail, donc un salaire, à ceux qui louent leurs bras pour survivre. Dans le même temps, ceux qui distribuent ce travail - et assurent la survie de leurs obligés - s'enrichissent et créent des inégalités sociales. L'armée, la religion, la police, la dépendance à la consommation et aux crédits ... existent uniquement pour protéger les nantis, détenteurs du pouvoir." Philippe Decloux


Socrate semble quand même bien naïf en affirmant que le mal n'existe pas et que nul n'est méchant volontairement. Ils ne le font pas exprès, s'ils le font c'est qu'ils sont dans l'erreur. C’est un motif d’explication qui ne prend pas en compte la jouissance qu’il y a à faire le mal, et c’est considérer alors que les croisades furent une erreur, l’esclavagisme une erreur, le colonialisme une erreur, l’exploitation des ouvriers par la bourgeoisie une erreur, les deux guerres mondiales une erreur, le fascisme une erreur, le nazisme une erreur, la Shoah une erreur etc. Socrate n’avait pas assez d’Histoire chargée de crimes comme la nôtre derrière lui pour pouvoir concevoir le mal, comme nous modernes pouvons le concevoir ; il n’avait peut-être qu’une conception tragique du mal où effectivement les héros grecs le font bien souvent à leur insu comme Œdipe de tuer son père et de coucher avec sa mère, sans le savoir. Nous pouvons nous autres modernes concevoir que le mal n’est pas toujours une simple erreur, qu'il ne se définit pas comme une absence de bien, mais comme une présence d'une toute autre nature que le bien. La Shoah semble avoir atteint le point culminant du mal que l’on peut difficilement tenter de relativiser en déclarant que c’était une simple erreur, une bévue oups ! qu’Hitler n’aurait pas fait exprès. Ce que l’on fait parfois, en expliquant qu’Hitler avait été un enfant battu, qu’il avait subi une violence inouïe de la part de son père, que pour la préservation de sa santé mentale il avait dû s’identifier à cette forme d’agression paternelle n’ayant pas la capacité de la rejeter, qu’il était donc une victime avant d’être un coupable.

Mais devant la dimension absolue du désastre il est difficile de relativiser. Il est difficile de dire aujourd’hui que les nazis ne l’avaient pas fait exprès, qu’ils n’avaient pas été méchant volontairement.

Cependant vous avez raison d'insister sur le mal qui procèderait en fin de compte de l'ignorance, mais ce n'est pas la thèse de la "banalité du mal" définit par A. Arendt. Le mal absolu ne serait pas le fait d’un pervers, d’un criminel extraordinaire et rare, mais proviendrait de l’abandon par l’individu de sa responsabilité de penser. Ce serait donc plutôt le refus de se sentir responsable, la trop lourde charge que cela représente, la médiocrité et la veulerie, que l'ignorance selon A. Arendt et son concept de "banalité du mal", qui serait la cause du mal. Des hommes peuvent être très savants et cultivés, comme l'étaient d'ailleurs la plupart des Allemands et non des néopaganistes teutons revenus à une sorte de transe hystérique, primitive et collective, et pourtant délaisser leur responsabilité de penser à d'autres voire un seul autre, se contentant alors d'obéir. Les nazis ont été kantiens jusqu'au bout donc trop obéissants, pensant que cela pouvait les dispenser de penser et laissant cette prérogative à leur guide suprême : Adolf Hitler. Il ont été médiocres et c'est ce qui explique pour Annah Arendt la "banalité du mal", débouchant sur le mal absolu.

Onfray dit aussi que Sade est le chaînon manquant entre Kant (culte de l'obéissance et de l'impératif catégorique) et le nazisme. Le nazisme entendu dans ce sens constituant une perversion du kantisme. Le chaînon manquant entre l’obéissance absolue d'origine kantienne (qui fait totalement l'impasse sur les pulsions humaines) et les camps de la mort, c’était le sadisme, comme a tenté de le montrer Michael Haneke dans son film : Le ruban blanc. Un sadisme peut-être généré par une répression trop forte, toute kantienne, des instincts humains. Bref selon A. Arendt, le kantisme serait sans doute à l'origine du nazisme à lui tout seul sans avoir besoin de Sade, la répression des pulsions se chargeant de générer le sadisme qui de l'obéissance mène directement aux camps de la mort. Donc non, le nazisme ne serait pas une perversion du kantisme, mais constituerait un de ses héritages possible.

Aujourd’hui le mal semble plutôt se trouver du côté des élites qui assument de façon festive leur perversion. Et l’on demande aux peuples d’être honteux. En ce sens Zemmour est populiste car il se met du côté du peuple contre les élites.

J’ai l’intuition que la majorité de nos contemporains modernes, ou postmodernes peu importe, jouissent de faire le mal par mimétisme de ce qui se dégage des élites en matière de comportement malsain, en en étant parfaitement conscients et qu'ils y trouvent le moteur de leurs actions, car c'est bien plus efficace et plus rentable que la vertu - Kant avait évoqué l'hypothèse d'un peuple de démons au sein d'une constitution qui n'était pas impossible à résoudre pourvu que ce peuple soit doué d'entendement ; la modernité par le biais de Mandeville et de Freud, avec toutes les leçons que nous offre l'Histoire en matières de crimes contre l'humanité, a pris conscience qu’il n’y avait aucune inclination naturelle au bien mais bien plutôt une inclination naturelle au mal, c'est une vision pessimiste de l'humanité. Puisque l'on ne peut se passer d'actions, le néolibéralisme postule qu’il ne s’agit plus de réfréner ce mal qui est en chacun de nous mais de l'encourager, car il constitue notre vraie nature et tous ceux qui prétendent le contraire ne seraient que des Tartuffes. Toutes les autres époques ont tenté de réfréner le mal, et les Grecs étaient les seuls à être suffisamment optimistes pour penser que l’inclination naturelle de l’homme était le bien. Il y avait la notion de culpabilité et de péché chez les chrétiens, celle d'hybris chez les Grecs, celle de Loi contraignante chez les Juifs.

Dans une société qui encourage le vice comme la nôtre par le biais de la consumation consumériste notamment, il n'y aura plus que des pervers narcissiques si l'on n'y prend pas garde. Mes parents en furent et je lutte contre, j'ai choisi des femmes qui n'en étaient pas. Mais je suis un peu comme le docteur Jekyll et mister Hyde comme le disait la mère de ma première fille étant psychologue de profession, et trop de sautes d'humeur, de violence, de colères, comme le disait mon ex-épouse.

Vous avez lu les livres de Dany-Robert Dufour sur Mandeville ? Mandeville est à l'origine de la conception du néolibéralisme moderne. Il semblerait que dans ses prémices même, le vice y soit encouragé pour se soigner d'une société trop moralement étriquée. On a surtout retenu de Mandeville la célèbre formule qui caractérise la société du "doux commerce" selon l’expression de Montesquieu : "vices privés, vertu publique" ; alors que le commerce était surtout chez les autres penseurs libéraux destiné à tempérer la violence de l'espèce. Il n’en est rien aujourd’hui, il ne s’agit plus de tempérer mais d’exacerber le vice, d'accepter enfin notre vraie nature pour qu'à l'échelle de la société la prospérité vienne à bout de la violence mimétique. Autre chose, Mandeville disait explicitement que les pires d'entre les hommes, the worst of them c'est à dire les pervers, ceux qui se complaisent dans le vice et en tirent leur jouissance c'est-à-dire nos milliardaires, devaient régner sur tous les autres. Les autres ? C'est-à-dire tous ceux qui respectent encore les lois pour en obtenir d'ailleurs une forme de gratification narcissique, de récompense (ce que Kant aurait réfuté), alors que les pires d'entre les hommes reconnaissent l'utilité des lois pour les autres hommes mais ne les respectent pas pour eux-mêmes, se distinguant ainsi de la racaille qui ne les respecte pas et se fiche bien que les autres les respectent ou non. 

On voit bien tout l'intérêt qu'il y a pour les milliardaires à ce que la majorité des hommes respecte la loi, alors qu'eux ne la respecte pas, ils s'efforcent de gratifier narcissiquement, de récompenser, ceux qui respectent les lois en les distinguant de la racaille, et font tenir les institutions démocratiques traditionnelles issues de l'héritage de 1789.

Mandeville avait tout anticipé et tout théorisé. Il paraît que Hayek et l'École de Chicago qui ont inspiré Thatcher et Reagan étaient imprégnés de sa théorie, que l'on trouve dans La fable des abeilles qui fut aussi le livre de chevet d'Adam Smith. Et l'on connait le rôle d'Adam Smith comme théoricien classique du capitalisme. Il y a d’ailleurs un bon livre de JC Michéa consacré au libéralisme des origines qui s'intitule Impasse Adam Smith.

Bref le vice semble aujourd’hui de façon très clair le moteur de l'action dans nos sociétés capitalistes chez les pires d’entre nous - et par mimétisme à peu près chez tout le monde ; ceux appelés à devenir nos dirigeants, et chacun à son échelle avec son petit business vicieux. Le pauvre Kant, transposé à notre époque se taperait la tête contre les murs, tout y est fait par intérêt même la vertu et le vice est le moteur de l'action et non le désintéressement. C'est peut-être parce que l'homme n'y a plus l'ambition d'être vertueux qu'il est enfin en accord avec sa vraie nature, étant le moteur de son action ; comme le dit Michéa c'est une vision très pessimiste de la nature humaine mais peut-être réaliste compte tenu de toutes les leçons tragiques de l'Histoire.

Le scandale de la pédophilie de l'Église sert à masquer le scandale de la perversion des élites

 


La science ne pense pas, la technique est autonome, les hommes semblent comme damnés dans un monde dont le rythme n'a plus rien d'humain.

L'orgueil des personnes malsaines est selon moi aujourd'hui celui des élites qui nous dirigent dont la propagande sur la pédophilie de l'Église catholique cherche à masquer la perversion.

Je ne partage pas votre thèse du rationalisme qui permettrait de former des esprits libres davantage que la religion, regardez tous ces esprits libres formés par le catholicisme comme Bernanos ou Pascal par exemple. Vous parlez de fondement épistémologique, eh bien comme Heidegger je dis que la science ne pense pas, et ne permet pas à elle seule de former des esprits libres. Alors que la religion si, le projet du catholicisme a toujours été de former des esprits libres capables de distinguer le bien du mal, ce que la science est incapable de faire car ce n'est pas son domaine de compétence. La raison cartésienne débouche sur la technique et la technique déshumanise, cette dernière est un mode de dévoilement de la vérité dont la manifestation est l'arraisonnement du monde ; il s'agit d'un cercle assez vicieux selon moi où les progrès techniques favorisent les progrès des sciences et vice versa, on pourrait appeler l'ensemble des deux qui progressent mutuellement de façon d'ailleurs exponentielle, le domaine des technosciences. La nature y est sommée de livrer toutes ses richesses jusqu'à l'épuisement complet des ressources, ce qui signera fatalement l'extinction de l'espèce humaine si l’on continue ainsi, mais les scientifiques n'en ont cure, ce n'est pas leur problème, obsédés qu'ils sont par leurs recherches scientifiques qui sont aussi leur gagne-pain. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.

Entre temps on risque d'assister à l'apparition de tout un tas de phénomènes très désagréables, le peu de temps qu'il reste à vivre à l'espèce risque d'être tout simplement cauchemardesque. Espérons simplement que ces temps apocalyptiques servent à l’homme de révélation, puisque c’est son étymologie, au sens religieux du terme, afin de sortir d'une telle métaphysique prédatrice du cogito  amorcée par Descartes où il s'agissait de se rendre comme maître et possesseur de la nature.

Il n'y avait pas un projet d'exploitation du monde dans l'hellénisme, qui était pourtant plus rationnel et esthétique que religieux dans son âge d’or éphémère que l’on a appelé le miracle grec, n'ayant pas conçu l'arraisonnement du monde et la technique comme manifestations de la vérité. C'est pour cela que Heidegger tout au long de son œuvre préconise un retour aux présocratique seul susceptible de nous sauver, allant encore plus loin en disant que seul un dieu pourrait nous sauver et prônant le retrait après la catastrophe que constitua pour lui la seconde guerre mondiale et l'échec de l'Allemagne à pouvoir imposer sa culture contre les menaces libérales et collectivistes des États-Unis et de l'URSS. Chez les Grecs la vérité était un dévoilement (alètheia) impliquant une certaine pudeur et un grand respect pour son objet, la nature n'y était pas honteusement exploitée et défigurée, comme nous en avons pris l'habitude, les Grecs auraient vu dans notre rationalité cartésienne une forme d'hybris qu'ils auraient aussitôt condamné.

Dans la dimension religieuse, dont vous signalez le critère de fausseté épistémologique parce qu'il s'agit selon vous d’une croyance que l'on peut facilement démonter en qualifiant les objets de cette croyance de déités inexistantes, il y a une célébration de la nature. Les réalisations humaines qui rendent grâce au divin ne sont cependant pas de simples préjugés que l’on pourrait invalider scientifiquement, essayez d'invalider les cathédrales et les églises ! elles témoignent d'une certaine conception de la vérité (dont vous réfutez la validité) prenant en compte la dimension esthétique, en plus de la dimension morale. Alors que notre conception épistémologique de la vérité a comme conséquence parmi tant d'autres ces affreuses réalisations architecturales postmodernes témoignant d'une perte du goût esthétique et d'affects, ces zones commerciales périurbaines dépourvues de toute grâce, ces éoliennes qui défigurent nos paysage, ces axes routiers qui ne cessent d'y creuser des entailles et sont comme autant de plaies à vif qui le blessent, sans parler de la pollution qu’elle soit visuelle, sonore ou chimique ; ainsi que l'apparition d'un art contemporain qui semble privé de sens, donc absurde… la dernière innovation étant l’art wokiste !

Si le critère esthétique (sans parler du critère moral) était un mode de validation de la vérité, alors on pourrait dire que la vérité des chrétiens était supérieure à celle de nos contemporains, lorsque je vois Notre-Dame, elle me semble plus vraie, au sens de plus réelle et également bien plus belle que la pyramide du Louvre. Et je pense que l’homo religiosus était considérablement plus moral que l’homo oeconomicus, donc beaucoup moins destructeur dans les rapports humains et que tout le reste n’est que propagande.

Vous aurez beau dire vous aurez beau faire, malgré toute l’épistémologie du monde qui vous sert à réfuter toutes les religions qui reposent selon vous sur des déités inexistantes, la science ne pense pas, alors que la religion si. C'est pour ça que tant de scientifiques brillants ressentent le besoin de trouver une forme de spiritualité ailleurs que dans la science, qui en est totalement dépourvue. Par ailleurs vous parlez de déités inexistantes comme si c'était un acquis scientifiquement prouvé, or rien dans l'état actuel de la science ne permet de prouver davantage l'inexistence de Dieu que son existence. La seule attitude probe à adopter même de la part du scientifique le plus scientiste est de s'en tenir à une forme d'agnosticisme.

Dieu, nous n’en savons rien mais nous pouvons en ressentir beaucoup en étant à l’écoute de notre corps.

Pour ce qui est de la formule provocatrice de Heidegger concernant la science ; "elle ne pense pas !" Les nazis n'ont jamais rien compris à l'œuvre de Heidegger, c'est ce qu'ils lui reprochaient. Car effectivement la critique de la technique est incompatible avec le nazisme, elle réfute le nazisme, Heidegger avait adhéré au parti nazi parce qu'il voulait préserver un héritage européen contre la menace capitaliste, libéraliste, individualiste du côté des États-Unis, et contre la menace collectiviste du côté de l'URSS ; c'est parce que l'Allemagne et sa grande culture philosophique et artistique était prise en étau entre ces deux périls qu'il a adhéré au parti nazi en souhaitant que cela soit un moindre mal, mais pas par conviction antisémite selon moi, et surtout sans envisager que l’on puisse en arriver à exterminer les Juifs un jour.

Annah Arendt qui fut sa maîtresse était juive, Levinas et Derrida qui s'en sont très largement inspirés dans toute leur œuvre étaient juifs inspirés par la culture allemande. Toute sa philosophie réfute l'idéologie occulte scientifiste et techniciste du nazisme.

Le scandale de la pédophilie de l'Église sert à masquer le scandale de la perversion des élites

En parlant de mystique je pense que la très majorité des prêtres ne sont que des humains médiocres qui n'ont pas su trouver la grâce, sinon ils ne seraient pas pédophiles et il n'y aurait pas tout ce scandale de la pédophilie au sein de l'Église catholique. Pour ce qui est de la maturité sexuelle, c'est un concept très flou, sinon pourquoi tant d'hommes et tant de femmes éprouveraient-ils le besoin de tromper leur conjoint(e) ? Je pense que la sexualité, même s'il y a de l'amour c'est toujours insuffisant et ne suffit pas pour trouver une certaine forme de maturité et de sérénité. Je prends un exemple encore dans ma famille, mon père avait en plus de sa sexualité avec ma mère de nombreuses maîtresses, eh bien cela ne l'empêchait d'éprouver qui passaient parfois à l'acte et d'avoir des pulsions pédophiles incestueuses à mon égard et d'être exhibitionniste à la maison. Cela plus globalement n'a pas empêché mes deux parents d'avoir une pulsion d'emprise à mon égard, d'être deux pervers dont malheureusement je n'ai jamais réussi à échapper à la pulsion d'emprise.

Si une fois j'avais réussi à 25 ans, grâce à l'influence d'une prof de philo très bienveillante, et ça m'avait donné une pêche extraordinaire, une forme de grâce, et une capacité de travail et un esprit dans mon travail, décuplés, eh bien figurez-vous que j'ai tout gâché en fumant un seul joint ; la grâce et tout le reste se sont envolés et je n'ai jamais réussi à les retrouver à cet état si pur ; ce joint c'était un retour du refoulé, c'est à dire de toute la haine qu'ont toujours ressenti mes deux parents à mon égard. C'était sans doute une expérience mystique avant que je fume ce joint fatidique, dont sont incapables malheureusement la majorité des prêtres, et plus généralement la grande majorité des humains. Le cannabis a toujours été pour moi un grand ennemi pendant les deux ans où je m’y suis adonné intensément entre 17 et 19 ans, surtout en ce qui concerne la possibilité d'éprouver une forme de grâce et de ressentir l'expérience mystique ; pourtant je le savais bien à 25 ans, alors pourquoi ai-je replongé ? C’est un mystère au sens religieux du terme, d’autant plus que c’était un joint que j’avais trouvé par terre dans la rue, et que je ressentais que c’était la providence voire Dieu qui le mettait sur mon chemin, que cela constituait un genre de test. Je crois surtout que le cannabis provoquait chez moi le retour du refoulé, c'est à dire dans mon esprit le retour de la présence malveillante de mon père et peut être même dans une moindre mesure de ma mère tout aussi malveillante.

Je n’ai pas été gâté par mes parents. Ma quête est toujours aujourd'hui de me détacher de l'enfant que j'étais sous leur emprise, mais j'ai beaucoup de mal à me détacher de cet enfant martyrisé. Je n'y arrive pas comme j'avais réussi une seule fois à le faire sous l'influence de cette prof de philo bienveillante, malgré mes deux compagnes successives et mes trois filles qui m’ont pourtant comblé d’amour, et ma situation professionnelle d’enseignant dans laquelle je suis incapable de m’épanouir.

Un pervers, ce qu'était mon père, c'est un être immature qui le reste toute sa vie. On ne devient pas pervers, on le reste. Et je crois que c'est aussi le cas de ma mère. Ce n'était pas le cas de mes grands-parents, heureusement pour moi car ce sont eux qui ont essayé de m'éduquer malgré la résistance de mes parents qui en étaient incapables ; non seulement c'étaient des enfants mais en plus ils refusaient au nom de fausses valeurs issues de mai 68 que des adultes comme mes grands-parents fassent mon éducation. 

Le symptôme de mes parents, la perversion, est malheureusement assez globalement généralisable à une grande partie de la génération des boomers qui ont fait mai 68. Cette génération de pervers qui sont resté des enfants et n’ont jamais grandi sont aujourd’hui aux manettes du pouvoir, leur projet depuis les années 80 : détruire la France et stigmatiser les Français en raison de leur héritage. Le projet de Zemmour qui n’est pas resté un enfant à la différence de Macron : rétablir la souveraineté de la France et la fierté d'être français en raison de son héritage. Pour les uns l'héritage est tellement méprisable qu'il convient de le détruire - le projet d'un BHL à travers toute son œuvre ; pour l'autre qui nous paraît bien fragile et isolé, sur qui il est bon ton de cracher, qui est soutenu par Bolloré, l'héritage est tellement estimable qu'il convient de la réhabiliter. Les uns sont nihilistes, l'autre est humaniste.

Mais que cherche Bolloré à travers Zemmour ? Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un pur produit de fabrication médiatique, mais qu'à travers Zemmour Bolloré cherche à développer des idées dont il a l'intuition mais qu'il serait incapable lui-même de formuler, à chacun son métier ! Bolloré est un homme d'affaire très puissant et riche, c'est le mécène de Zemmour qui est un penseur. Tous les deux cherchent à réhabiliter une certaine idée de la France afin qu'elle retrouve une partie de son lustre passé. On remarquera aussi derrière Bolloré et la famille Le Pen une certaine idiosyncrasie bretonne qui trouve à s’exprimer, cette idiosyncrasie bretonne c’est que Michelet appelait l’esprit de résistance de la France, qui dans son histoire lui a permis de contrer bien des périls souvent d’origine étrangère. Ce n’est pas un jugement, juste une constatation. Bolloré a remarqué que Zemmour avait bien plus de talent et de crédibilité que l’héritière de la famille Le Pen.

dimanche 31 octobre 2021

Chacun sa vie, chacun sa merde !

 


Ce que j'observe c'est que les valeurs de droite et même d'extrême droite tendance Zemmour arrivent à instruire et éduquer des enfants pour qu'ils deviennent adultes et autonomes. Alors que les valeurs de gauche qui se prétendent beaucoup plus généreuses aboutissent souvent comme résultat à produire toutes sortes de ratés de l'existence qui resteront assistés toute leur vie, à moins qu'ils ne se suicident bien avant comme mon cousin germain à 23 ans.

Mes parents se prétendaient de gauche en tout cas, rejetant tout leur héritage chrétien et cela leur permettait de camoufler des instincts atroces car ils ne se sentaient plus coupables de rien du tout, innocents dans leurs vices coupables et émancipés, il y avait de la perversion chez les deux, comme la pulsion pédophile incestueuse et l'exhibitionnisme chez mon père, et la pulsion d'emprise dénuée de toute empathie pour son enfant chez ma mère : elle voulait juste que je fasse des études permettant d'avoir un métier qui rapporte de l'argent, pourquoi voulait-elle que je gagne du fric ? Pourquoi ne voulait-elle pas que je fasse des études de philo et a tout fait pour saboter ces études ? Pourquoi ne voulait-elle pas tout simplement comme c'est le désir d'une mère normale que je sois heureux et que je m'épanouisse ? Pour combler son confort narcissique ou bien pour que je lui reverse du fric - son fantasme secret ?

Mes grands-parents catholiques qui votaient à droite et étaient sans doute favorables, hélas, à la peine de mort étaient dans la vie de tous les jours très propres moralement, beaucoup plus humains et empathiques avec moi et ont essayé de me transmettre un héritage de valeurs malgré la résistance de mes parents en réalité nihilistes concernant toute forme d'instruction et d'éducation. On était juste après mai 68, l'École était dans un état lamentable et avait renoncé à exercer toute forme d'autorité et à transmettre un quelconque genre d'instruction aux enfants. Il faut dire que j'étais à Vitruve, une école expérimentale située à Paris et totalement idéologisée par des théories d'extrême gauche militant pour l'abolition de l'autorité, je n'ai pas souvenir d'avoir eu un seul maître ou maîtresse à cet âge de la vie où l'apprentissage de la lecture et de l'écriture est crucial, les enfants étaient livrés à eux-mêmes et à leur violence. Mes parents, véritables Rastignac de l'ascension sociale profitant du contexte très favorable des Trente Glorieuses pour réussir relativement assez bien professionnellement, et même accumuler un petit capital confortable destiné à épater leurs amis et se payer des vacances de rêve, se désintéressaient totalement de mon sort sinon pour m'exploiter et abuser sexuellement de moi du côté de mon père, parce qu'à l'époque il y avait quand même tout un courant de pensée de gauche voulant légaliser la pédophilie.

Il n'y a pas que dans l'Église catholique qu'il y a des abus sexuels. Le premier lieu d'abus est la famille surtout lorsqu'elle est influencée par des intellectuels de gauche qui donnent une certaine légitimité à ces abus, les proclamant innocents. Il y a des paradoxes qui sont assez difficiles à expliquer dans ma vie, qui font que désormais je me reconnais davantage dans les valeurs de droite voire d'extrême droite tendance Zemmour au moins en ce qui concerne l'éducation des enfants, que dans les valeurs de gauche responsables selon Zemmour à juste titre du suicide français, qui déconstruisent tout et dont le symptôme actuel très inquiétant est le wokisme.

Je rêve aussi d'un retour à la tradition catholique et à l'Eucharistie pour apaiser la violence mimétique qui fait des ravages dans notre société. Avant le mal était circonscrit dans sa sphère par la religion, il y avait bien l'aristocratie qui profitait de sa condition, mais elle n'a jamais fait autant de mal au peuple que la bourgeoisie capitaliste qui l'a exploité jusqu'à l'os pour accumuler un capital. Je suis persuadé que l'aristocratie qui avait des valeurs, a toujours été au fond plus proche du peuple et beaucoup moins hypocrite et manipulatrice que la bourgeoisie qui n'a d'autre valeur que l'accumulation d'argent. Bourgeoisie impitoyable requalifiée de bobo dans les beaux quartiers haussmanniens, à laquelle elle s'est totalement intégrée, n'hésitant pas à me sacrifier pour ça comme elle m'a toujours sacrifié pour tout.

Depuis 1789 le mal se déchaîne crescendo et contrairement à ce que vous pouvez bien penser, cela ira en s'amplifiant car les exploiteurs capitalistes n'ont pas renoncé à accumuler du capital en exploitant désormais toute la population mondiale, sans parler des dégâts occasionnés sur l'environnement.

Je sais que ça ne donne pas envie, qu'il ne faut pas dire de telles choses et que si des circonstances traumatiques m'ont dégoûté à ce point de la vie dans une période qui paraissait cependant prometteuse, ce n'est pas une raison pour en dégoûter les autres ; aussi je préfère vous laisser à votre optimisme béat et à vos illusions sur les droits de l'homme qui vous permettent de vivre normalement, c'est-à-dire en aimant et travaillant. Bref il y aurait encore beaucoup de choses à dire mais je préfère m'arrêter là.

PS : La réalité est aussi que j’ai été sacrifié par mes parents, j’ai été la part maudite de leur relation conflictuelle qui exigeait le sacrifice d’un tiers. Ce tiers c’était moi qui ai été programmé pour le suicide dès son plus jeune âge. Ma vie n'est qu'une longue résistance contre le suicide dont l'idée ne me quitte jamais. Mon père qui a toujours rêvé que j'ai une vie de merde doit être heureux, oui j'ai eu une globalement une vie de chien jusqu'à 54 ans avec quelques éclaircies de bonheur comme mes deux compagnes et mes trois filles m'en ont apportées. Papa si tu me lis sois heureux j'ai été très malheureux, ma vie a été et sera jusqu'au bout un calvaire, un chemin de croix, absurde. Pour ne plus que des enfants comme moi soient sacrifié par leurs parents je rêve d'un retour à l'eucharistie catholique où le tiers sacrifié était le Christ, et permettait la réconciliation de la communauté et familiale dans mon cas. Mon cousin germain s'est suicidé à 23 ans, il s'est lui aussi sans doute senti sacrifié et ne l'a pas supporté, et j'ai une demi-sœur autiste.

Peut-être effectivement que je ne pourrais trouver le salut que dans la religion catholique, j'avais déjà fait une approche, j'ai même fait baptiser mes filles, mais me concernant elle ne fut pas concluante, je n'arrivais pas à trouver en moi même la plus petite parcelle de foi et d'espérance.