vendredi 22 avril 2016

La société des pairs est une société sans père

Les policiers objectivement sont des prolétaires, mais ils sont au service du grand capital, ils en sont les chiens de garde. Les policiers sont des victimes que leurs maîtres n'hésitent pas à traîner dans la boue, à la moindre "bavure". Ils sont lâchés sans scrupules par leurs maîtres et mis en examen à la moindre peccadille, pour calmer la colère populaire qui se trompe de cible. Il ne faut pas se tromper d'ennemi, les flics sont de la même classe sociale que les classes laborieuses, et que les jeunes sans emplois ou en emplois précaires. Les flics servent de défouloir à toutes les frustrations sociales qui ne cessent de s'accroître. Retenons bien ce chiffre, les 62 personnes les plus riches du monde possèdent autant que 50% de la population mondiale la plus pauvre, soit 62 personnes possédant autant que 3,5 milliards de personnes ; et les 1% des personnes les plus riches possèdent désormais plus que les 99 % restants. Plus qu'hier et moins que demain... Les plus riches de la planète le sont de plus en plus. Cela ne peut plus durer, car cela met en outre en péril l'équilibre écologique de la planète, car pour faire du profit les 1 % ne reculent devant aucun tabou, n'ont aucun respect de la nature, de l'environnement, des animaux, car ce sont le plus souvent des spécistes par souci de profit et de rentabilité, aucun respect évidemment des êtres humains. C'est cet état de fait qui est responsable de la perversion à l'œuvre dans les rapports humains. Mais retenons que les policiers ne sont que des prolétaires qui jouent le rôle de chiens de garde, et pour qui leurs maîtres bien à l'abri, n'ont que mépris, comme pour tout le reste de l'humanité d'ailleurs et du règne animal et végétal, les maîtres se jouent du citoyen lambda, avec un ricanement de cynisme. C'est le libéralisme qui est criminel, le grand patron ou grand actionnaire lambda doit regarder les pauvres taper sur d'autres pauvres, alors qu'il est bien à l'abri, avec un grand ravissement dans son cœur, voire une petite pointe de sadisme et de jouissance perverse.
Quant au "produit" Macron, c'est une comète de marketing, un produit standardisé voué à l’obsolescence programmée, c'est à peine un être humain, je me demande même parfois si ce n'est pas un robot très bien fait et dont le programme est conçu pour servir les intérêts du grand capital. Encore une de tes chimères, Emmanuel Mousset, parce que tu as la flemme ou que tu es maintenant trop vieux et que tu appartiens à une génération de merde dans un monde de merde, pour remettre en question, en profondeur le système. Activité qui serait de toute façon aussi vaine, et finalement moins confortable que la posture que tu as prise.
Les psychologues et les psychanalystes sont les curés des temps modernes chargés d'organiser la société sans pères, effectivement la société des pairs est une société sans père, en ce sens on peut parler d'une "nouvelle aventure", ou de "nouveaux aventuriers" pour qualifier nos contemporains, dont la psychologie officielle, qui découle encore souvent de la psychanalyse freudienne mais pas seulement, est la police comportementale. Dans l'école désormais, c'est moins le contenu des apprentissages qui compte que le contenant, à savoir l'ensemble du système, et le contenant de l'école devient de plus en plus psychologisant. Il est plus désormais question de savoir-vivre ensemble, que d'apprentissages, il est plus question de conditionnement à un comportement à avoir en société "éducative", que d'apprentissages, que de contenus. Il est plus question de superficialité que de profondeur. Il est possible que l'école, le milieu qu'elle représente, soit sur le point de rendre impossible les conditions de possibilité d'épanouissement d'intelligences en mesure de remettre en question le système. La dimension asymétrique de l'autorité est bafouée, au profit de la société des pairs aux egos démesurés et incapables de la moindre réflexion, et je le déplore. Ça oui on a des cerveaux en France, l'école forme encore beaucoup de cerveaux, mais dans un monde de copains. Or Mark Zuckerberg ou pour le dire autrement Facebook, n'est pas notre copain. Il sert de modèle a des millions, voire des milliards de gens, mais au fond il est un profiteur du système qui gagne des milliards et qui fait des victimes. Il est un de ceux mais loin d'être le seul, donc il n'est pas à stigmatiser plus qu'un autre, mais il est de ceux qui ont rejoint finalement l'éthique du protestantisme à sa source, source religieuse et éthique qui est de faire du profit pour le profit, en utilisant l'idéologie soixante-huitarde ou son équivalent américain, des pairs et de rejet de toute autorité transcendante ou asymétrique. Le problème est qu'en société post soixante huitarde, le système scolaire a trop joué aux copains, elle a favorisé la société des pairs, là où elle aurait dû mettre de l'autorité. Pairs qui sont faussement pairs, puisqu'ils ne cessent de se tirer dans les pattes pour obtenir un peu plus de gratification de la part de l'autorité en faillite, c'est-à-dire pour eux-mêmes rejoindre une position de pouvoir, qu'ils seront incapables pour la plupart d'assumer.

mardi 19 avril 2016

L'obsolescence programmée des gadgets politiques d'inspiration néolibérale

Alain Badiou semble être un funeste philosophe qui a soutenu Pol Pot, et qui ne souhaite qu'une chose, le chaos et la destruction de l'Occident, afin qu'un nouveau prolétariat planétaire prenne la relève, ailleurs qu'en Occident si possible. Le mérite de Badiou cependant est de soulever le problème des inégalités à l'échelle du globe qui ne cessent de s'accroître, modestement à mon petit niveau, c'est ainsi que j'envisage l'hypothèse communiste : comme le disait Paul Valéry la civilisation occidentale a trouvé un équilibre littéraire et philosophique vers le début du XXème siècle, la technique emballant tout, la littérature et la philosophie se détériorent, une certaine intelligence faite d'équilibre et de raison disparaît au profit de l'emballement technique qui ne permet plus de réfléchir. C'est la réalité actuelle, la pensée humaine est déjà dépassée par l'accélération technologique, cela se vérifie dans la vie de tous les jours. Les penseurs et les politiques aujourd'hui n'ont plus la profondeur des écrivains et philosophes du début du siècle, ils écrivent et réfléchissent déjà comme des machines. Certains optimistes pensent que la modernité est peuplée de philosophes de la trempe de Descartes, Spinoza, Leibniz, Kant, Hegel, Nietzsche, Heidegger... ou encore Marx ou Freud pour ne citer que les plus grands, désolé de vous décevoir... mais non ! Si c'était le cas cela se saurait. Que l'aspect messianique de l'idéologie de Marx ait eu des conséquences désastreuses, cela fournit l'alibi pour rejeter aujourd'hui toute sa philosophie, qui reste cependant plus proche de la vérité que l'idéologie libérale malgré ce que dit Emmanuel Mousset : " Nous ne referons pas le monde : la chose a déjà été essayée et a dramatiquement foiré. " Si les hommes ne se soucient plus de vérité mais de rentabilité et d'efficacité, c'est plus dû à l'emballement technoscientifique, qu'à une réelle prise de conscience des conséquences funestes de l'aspect messianique du communisme. Les conséquences désastreuses du communisme sont d'ailleurs le fait en grande partie de la mauvaise volonté de la bourgeoisie internationale à procéder au partage de la valeur ajoutée apportée par le travail des masses laborieuse : problème qui est toujours d'actualité. C'est toujours un fait qu'une minorité de personnes et d'actionnaires qui ne travaillent pas, possèdent pratiquement tout ; et qu'une grande majorité de personnes qui travaillent ne possèdent pratiquement rien. Le peuple s'est laissé enfumé par beaucoup de penseurs et de philosophes qui en condamnant les crimes réels du communisme, ont oublié de dire à quel point il est réel de dire que la conscience d'un individu est le fait de la conscience qu'il développe au travail, c'est-à-dire dans les rapports de production, et à quel point il y a encore tellement de travailleurs exploités et qui vivent en situation d'esclavage à travers le monde. Qui dira les crimes réels du libéralisme qui sont certainement supérieurs aux crimes du communisme ? On a de grands commentateurs, de grands historiens de la philosophie, cela pullule, mais de philosophes véritables, qui inventent des mondes nouveaux, nada ! Toute la pensée, y compris la pensée politique est à l'ère de la rentabilité, donc machiniste, point barre ! De mon médiocre point de vue je constate la mort de la philosophie et même de la politique remplacée par le souci de rentabilité d'essence technoscientifique. Pour conclure : l'initiative de Macron est un gadget de plus voué à l'obsolescence programmée.
Je ne suis pas à proprement parler communiste, ce qui est important c'est de gommer l'aspect messianique et prophétique du communisme, comme si il s'agissait d'une doctrine inéluctable, mais il faut en retenir certaines grands piliers : d'abord évidemment que le capitalisme génère des inégalités insupportables, voire la mort dans des conditions d'esclavages d'enfants et de travailleurs, dans les pays dits émergents. Ensuite que même en matière économique on doit plus se soucier de vérité que de rentabilité et d'efficacité. Or la vérité est notamment que ceux qui possèdent l'appareil de production ne redistribuent que très peu et de moins en moins la valeur ajoutée apportée par le travail, aux travailleurs. Enfin Gandhi a gagné par la non violence, et il faut absolument gagner par la non violence contre le capitalisme, sinon le mouvement - si tant est qu'il y ait le moindre mouvement allant dans le sens de l'hypothèse communiste - sera discrédité par le crime, comme toutes les initiatives communistes précédentes.

Finkielkraut conspué

Finkielkraut ne fait que défendre l'école, et une certaine idée de la France. Qu'est-ce qu'être réactionnaire ou progressiste ? Si être progressiste c'est dire oui au libéralisme, oui à ce que certains individus gagnent personnellement des milliards, oui à la disparition de la classe moyenne, oui à ce que les inégalités se creusent au niveau mondial, précisément depuis 1983 et le tournant libéral de la gauche socialiste française, qui a peut-être servi de modèle à d'autres gauches européennes. Alors je suis réactionnaire. Mais Finkielkraut ne tire pas toutes les conséquences de sa pensée. Il regrette le passé, le temps où les intellectuels avaient encore de l'influence sur la société civile, le temps où l'école formait des hommes de lettres et en même temps d'action politique. Il dénonce et il a raison, la disparition progressive de toute forme de littérature du champ politique bien sûr, mais aussi de la société civile, ce qui rend la société de plus en plus barbare, ce dont il a fait les frais. Mais lui, comme Zemmour, ne dénoncent pas assez explicitement la responsabilité du libéralisme dans cette évolution, et préfèrent condamner ces nouveaux "barbares" que sont selon eux les musulmans, en général ou en particulier, à chacun d'interpréter. Notamment lorsque ces mêmes musulmans ne se livrent pas au moins à une critique féroce de leur propre dogme. Finkielkraut compte sur la littérature pour amender les musulmans de leur propre croyance, de leur propre dogme, Zemmour est moins subtil encore. C'est pour cela, pour cette limite ambigüe avec l'amalgame, que beaucoup les traitent de "fachos".

vendredi 15 avril 2016

Le bien et le mal et non pas la vérité, comme conditions de possibilité de toute réflexion ou de non-réflexion

Moi : " En règle générale je dirais que l'humanité est un peu folle et que les choses n'ont plus beaucoup de sens. C'est Schopenhauer plus que Nietzsche, qui est mon philosophe préféré. Schopenhauer a eu l'intuition le premier qu'un vouloir sourd et aveugle, bien plus puissant que la raison était la véritable motivation de tous nos actes, Nietzsche en a tiré les conséquences et de multiples interprétations. Dans un cas extrême, le nazisme est une interprétation nietzschéenne de l'hégémonie de la volonté de puissance sur la raison. Aussi Nietzsche est-il très dangereux car c'est une pensée qui interprète les conséquences de l'hégémonie du vouloir sourd et aveugle sur la raison, sans garde-fous, ce qui a dû le rendre finalement fou lui-même. Les conséquences d'une telle pensée ne sont effectivement ni plus ni moins que la folie. A mon humble avis tu devrais essayer de t'en sortir par la réflexion, la religion et la morale : par la morale plus que par la politique. La politique telle que tu la pratiques est aussi une interprétation nietzschéenne. Or ne faut-il pas dépasser l'interprétation nietzschéenne du culte de la puissance et de la perversion à l'œuvre dans toute activité politique, par nature machiavélique au mauvais sens du terme ? Le rôle de l'enseignement aujourd'hui n'est-il pas de reconstruire une digue, là où les flots fous, ont déjà commencé depuis longtemps à tout envahir, là où la politique donne constamment le spectacle de l'incurie et de la corruption. Moraliser la vie politique et moraliser les mœurs de la société, tel devrait être le rôle de tout professeur de philosophie digne de ce nom. Mais je sais, il est bien plus excitant de se livrer à l'activité politique, jeu d'adultes par excellence, sans moralisation, avec encouragement de la perversion, comme moteur de toute réussite individuelle. "

Le philosophe : " Oui, tu as raison, la politique est en rapport avec le mal, beaucoup plus que le ping pong ou la cueillette des cerises. Mais la politique est aussi en rapport avec la vérité : elle dévoile ce qu'est la nature humaine, beaucoup plus que le ping pong ou la cueillette des cerises. Et puis, contrairement à l'image idéale que tu t'en fais, la politique est plus souvent l'épreuve de l'échec et de l'impuissance que l'exaltation de la réussite et de la volonté. Sur ce dernier point, je me demande d'ailleurs si le ping pong et la cueillette des cerises ne sont pas plus probants. "

Moi : " Mais comment sais-tu que le ping pong et la cueillette des cerises sont deux de mes activités favorites, véridiquement ? On avait dû en parler ensemble lorsque nous étions étudiants. Sinon il serait bon, même pour les hommes politiques qu'ils puissent se ressourcer, comme c'était le cas au temps de Louis XIV, et puis longtemps après, juste avant Nietzsche, qu'ils puissent se ressourcer dans les dogmes de la morale... kantienne notamment, et les dogmes de la religion. Mais les conditions de possibilité de la vérité et de la représentation individuelle, rendent obsolètes les dogmes de la religion, donc de tout ce qui pouvait donner un sens collectif à la société. Comme je suis pessimiste et schopenhauerien, je dirais qu'il n'y aura pas de solutions. Nous sommes pris dans une spirale infernale, où les progrès technoscientifiques et l'économie, ont leur propre volonté, suivent leur propre destin, sur fond de destruction des idéologies collectives, donc de tout ce qui pouvait faire corps, et donner du sens à l'idée de collectif. Sur fond d'individualisme forcené, voulu d'ailleurs par le libéralisme économique comme condition de possibilité de son épanouissement, les hommes ont perdu les conditions de possibilité de modification de leur destin. Leur destin qui sera peut-être effectivement une surveillance généralisée par le biais de l' IA. L'individu y gagnera du confort, de la sécurité et du repos, au prix de sa liberté.
Les conséquences de la destruction du dogme de la religion, ont été rendues visibles de la façon la plus spectaculaire par les grands génocides du XXème siècle. Bien que la religion ait aussi rendu possibles d'autres génocides, celui des Indiens d'Amérique par exemple. 
Ce qui est inédit dans le "génocide" d'aujourd'hui est qu'il concerne notre propre peuple, les nôtres, on assiste effectivement à un "génocide" de la jeunesse. La jeunesse n'a jamais été aussi déprimée et faible qu'aujourd'hui. Les anciennes générations ont tout, et comme il n'y a plus ni religion ni moralité, les anciennes générations ne transmettent plus à la jeunesse. La jeunesse de notre pays va donc majoritairement sombrer. Et les jeunesses successives occidentales ne cesseront pas d'être toujours plus faibles et impuissantes, manipulées par les anciennes générations machiavéliques et perverses. Le nietzschéisme n'a pas tenu ses promesses, et sans le dogme, on se rend compte que l'homme sans garde-fous est globalement mauvais. Le rôle de la philosophie devrait être de tirer toutes les conséquences, et s'efforcer de rétablir un dogme moral et universel, sans distinction de classe, de "race", d'âge, de religion ou de genre : car globalement nous sommes tous aujourd'hui des "victimes" du système. Sauf peut-être les quelques individus qui gagnent des milliards et qui sont selon moi, absolument immoraux, et devraient être jugés par la société comme tels. Même si leur enrichissement est une conséquence de la religion, dans l'éthique du protestantisme. Aux hommes de créer de nouveaux dogmes plus éthiques et moraux pour contrebalancer l'immoralité de l'éthique du protestantisme. "

Le philosophe : " Pour le ping pong et les cerises, je ne sais pas, c'est une pure déduction : je n'aime pas, donc tu dois aimer, puisque tu es le contraire de moi. 
Nécessité des dogmes, oui, mais seule la religion peut en produire : la philosophie généralement les conteste. "

L'optimiste : " Tu n'as raison sur rien à part ta propre déprime, pour le reste l'avenir parlera et j'espère pour toi te donnera tort. Nostradamus de pacotille ! "

Moi : " Soit tu fais preuve de mauvaise foi et au fond tu sais que j'ai raison, soit tu es aveugle. La jeunesse est effectivement globalement la grande victime de notre société, je dis bien globalement, pour ceux qui sont abandonnés par leurs parents, physiquement ou moralement et qui sont de plus en plus nombreux, on peut assimiler cela à un "génocide" (cf Salo Pasolini). Car il n'y a pour l'enfant abandonné plus aucune institution ou dogme capable d'effectuer sur le jeune, un travail de résilience et de construction ou de reconstruction de soi, comme la religion ou le communisme étaient capables de le faire. "

L'optimiste : " D'accord uniquement sur le fait que la jeunesse soit sacrifiée, mais justement, cela va lui donner le coup de fouet nécessaire. "

Moi : " On parie combien que la jeunesse ne gagnera pas ce combat, une seule jeunesse a gagné c'est celle de mai 68, parce que les conditions socio-économiques de sa victoire étaient réunies, et elle a gardé pour elle-même ses acquis, sans souci de partage avec les générations d'après. Cela a d'ailleurs entraîné le suicide de mon cousin germain, victime de la rapacité de sa famille, c'est-à-dire ma famille. Je ne suis effectivement pas philosophe, car je mets le bien et le mal et non la vérité, comme condition de possibilité de toute réflexion ou de non-réflexion. La vérité est une condition nécessaire mais non suffisante pour l'exercice de la réflexion, alors que le milieu et la morale, sont des conditions nécessaires et suffisantes. "


jeudi 7 avril 2016

L'odeur de Xavier Bertrand

Moi : " Pourquoi une telle complaisance pour les politiques, et aussi faible estime pour les enseignants dont tu fais partie, qui eux gagnent si peu ? Pourquoi une telle complaisance pour le monsieur au gros bâton qui promet, si il revient aux affaires, qu'il appliquera les trois jours de carence pour les enseignants ? Le monsieur qui ne s'acclimate pas à la vie locale, et préfère mettre ses enfants dans un établissement privé des beaux quartiers. Tout dans le comportement de votre président de région suinte une mauvaise odeur, y compris son comportement en interview, face à un journaliste local, qu'il a écrasé de sa morgue et de son mépris ; Xavier Bertrand est infréquentable ! Pour en revenir à toi, masochisme d'un enseignant qui n'a jamais réellement réussi à parvenir aux affaires, mais dont le seul jouet qui le passionne vraiment est l'État ?
J'ai une histoire familiale difficile, mais je ne veux blesser ni offenser personne. Tout ce que je recherche avec les gens ce sont des rapports plus cordiaux et plus amicaux, si c'est possible ; mais notre société, noire, pour les raisons que j'ai évoqué dans mes divers articles, ne permet plus, ou de moins en moins ces rapports cordiaux et sympathiques. Je ne mets aucun dogme avant l'épanouissement d'un être humain quel qu'il soit, et je pense que nous vivons une époque troublée, qui déboussole, et je ne jette l'anathème ou l’opprobre sur personne, si ce n'est les puissants. "

Le philosophe : " Mon pauvre Erwan, ton problème, c'est toi-même. Tu psychologises (désolé pour le néologisme) tout, et surtout la politique. Ta seule excuse, c'est que tu n'es pas le seul, c'est même que vous êtes aujourd'hui majoritaires. C'est la génération bobo, pas au sens des bourgeois bohèmes, mais des petits maux d'enfant. Vous ne savez pas ce que sont la vie, l'histoire, la politique, le monde des adultes. Vous découvrez la Lune : revenez sur Terre ! "

Un intervenant : " Pour une fois, j'abonderai aux propos mesurés de M Blesbois (que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam donc sans complaisance parce que quand on connaît physiquement quelqu'un, soit il nous plaît, soit il nous déplaît, mais véritablement, extrêmement rarement, on reste véritablement indifférent - ou alors avec la personne en question on n'a rien échangé du tout). Il rappelle fort à propos comment peut se comporter notre président de région avec des gens qu'il veut "casser". Je n'irai pas jusqu'à "infréquentable" qualifiant à réserver aux extrémistes de droite, mais je le pense "incrédible" comme on dit par ailleurs. Son crédit est terminé. Il est à combattre. Malheureusement, par la grâce de M de Saintignon, personne à gauche pour le contredire au niveau régional. Il s'agit d'un nouveau roitelet au salaire équivalent. Si la personnalité du président d'une région était importante pour que ladite région se développe, ça se saurait. C'est la majorité qui gère la région qui compte. Alors, payons les tous tant qu'on y est... "

Le philosophe : " Attendez quand même un peu avant de juger. Il est arrivé il n'y a pas si longtemps à la tête de la région. "

Moi : " Ça je sais bien que mon problème c'est moi-même, et la société est encore assez ouverte et tolérante pour laisser quelqu'un comme moi en liberté, et ne pas m'interner d'office dans un hôpital psychiatrique, et de me fournir un travail, et de me nourrir, ma famille et moi, c'est déjà un miracle en soi, et j'en suis reconnaissant à la société, tout n'est pas si noir que je l'"exagère" - mais si peu au fond - souvent dans mes écrits. Mais je sais aussi que je marche sur le fil du rasoir, et que tout cela peut avoir une fin du jour au lendemain. Et je sais que je n'ai jamais pu compter sur des hommes puissants, pour me soutenir ou m'aider - et que ce ne sera jamais le cas -, mais le plus souvent sur des femmes compatissantes et ouvertes d'esprit. Que veux-tu que je te dise, c'est mon histoire et mon caractère, qui ont des similitudes avec ceux de Jean-Jacques Rousseau, que tu admires tant. Alors ne crache pas dans la soupe. "

Le philosophe : " Non, je n'ai jamais admiré Rousseau, dont je n'aime pas les plaintes, le ressentiment, la misanthropie, le sentimentalisme. Mais grand écrivain et grand philosophe, bien sûr. Je préfère d'ailleurs l'écrivain au philosophe. "

Moi : " Malheureusement pour moi je reconnais avoir tous les défauts de Rousseau, que tu as énuméré. Mais sans avoir ni son œuvre d'écrivain, ni de philosophe ; je me demande comment tu fais pour me supporter encore. Je suis effectivement constamment dans la plainte, le ressentiment, la misanthropie, le sentimentalisme, ce sont les quatre défauts ou qualités qui me définissent le mieux. Et ne vient pas me citer Nietzsche qui n'a cessé de casser du sucre sur le dos de Rousseau, mais qui au fond était bien plus cinglé que ce dernier. L'idéal de grandeur a quelque chose de sain chez Napoléon par exemple, parce que cela correspondait à son caractère : mais chez Nietzsche c'est une vaste rigolade, ce pauvre hère - à l'œuvre immense -, mais dans la réalité, totalement castré par sa mère et sa sœur, incapable de construire la moindre idylle avec une femme, malgré son désir pour Lou Andréas-Salomé. De toute façon c'est tellement facile de casser du sucre sur le dos des philosophes ou des écrivains, dont le vie privée n'avait aucun rapport avec la grandeur de leur œuvre. "

Le philosophe : " Je te supporte parce que je suis patient, distant et que je connais pire que toi. Nietzsche est mon philosophe préféré. Je te laisse avec ton explication psychologique, qui ne m'intéresse pas. De toute façon, nous sommes tous castrés de et par quelque chose ou quelqu'un. Ca n'empêche pas de vivre, ça permet même de créer. "

Moi : " Pire que moi, non c'est impossible, tu dis cela pour flatter mon ego. Je sais bien que je suis ce que Nietzsche appelait le "dernier homme". Allons plus loin je suis certainement le dernier des hommes. Mais cela peut aussi s'entendre différemment, je suis le dernier des hommes dans un monde qui n'est plus humain, qui est peuplé de clones et de robots sans empathie (cf Philip K.Dick). Heureusement pour l'estime de moi-même je suis beaucoup plus attaché à cette interprétation, et cela me rend un peu vaniteux et finalement inhumain pour le commun des mortels, car je suis trop empathique avec les gens de rien. Au contraire de toi qui n'a d'admiration que pour les puissants. "

Le philosophe : " Erwan, par définition, l'admiration consiste à lever les yeux vers qui est plus élevé que soi. Je regrette que l'admiration se perde. Les gens ne savent aujourd'hui que se comparer et se jalouser. Attention : toute puissance n'est pas admirable. Certaines sont détestables. Mais la faiblesse est toujours méprisable, surtout celle qu'on porte en soi. "

Un intervenant : " Mais ... Deleuze a retourné l'argument en démontrant que l'on peut transformer une faiblesse en une puissance.
Un handicap physique ou psychologique, faiblesse apparente, peut être utilisée dans notre environnement social ou familial comme une puissance pour influencer ou manipuler etc. "

Moi : " La puissance de Xavier Bertrand en l’occurrence est détestable, c'est pour moi le pire des hommes de droite, mais peut-être parce que tu me le fais connaître au travers de ton blog. Quant à moi, je "marche" à l'admiration, alors je n'ai pas de leçons à recevoir de toi en ce domaine, je déteste le jeu de miroir avec autrui et la rivalité mimétique ; je n'évolue que parce que j'admire, et je peux même t'admirer parfois. Ta grande culture, ta ténacité, ton intelligence, ta réussite finalement, oui tout cela est admirable et rare aujourd'hui chez nos contemporains. Ton caractère t'a donné l'extrême privilège d'être un élu du destin, et plus rien ne pourra jamais briser cela désormais, même si tu ne parviens pas à concrétiser toutes tes ambitions, ce qui serait finalement dommage, y compris - allons-y gaiement, soyons généreux - pour le destin du pays. La France a besoin d'incorruptibles comme toi. Sinon pour ce qui est de la psychologie, Nietzsche que tu admires tant, ne se définissait-il pas lui même comme un grand psychologue, c'est à sa définition de la psychologie que je me rattache, et non à la vulgate psychologisante contemporaine. Je jauge Xavier Bertrand, et je constate qu'il en suinte de "mauvaises odeurs", pour reprendre une terminologie chère à Nietzsche.

Je sais que tu es toi-même "surveillé" et qu'il y a certains commentaires, concernant certains hommes politiques, dont tu es assez proche finalement, que tu ne peux pas publier. Nous sommes tous "surveillés" et nous le serons de plus en plus dans l'avenir."

Un intervenant : " En clair : on ne peut pas avoir une page dans "St-Quentin Mag" et dire quoique soit de vraiment critique vis à vis de XB. "


Le philosophe : " XB est pour moi un adversaire politique, dont je combats les idées. Mais ça ne m'autorise pas à la critique systématique, stupide et injuste. C'est même un devoir, à mes yeux, de pratiquer une opposition avisée, intelligente et constructive. Et tout ça n'a rien à voir avec "St-Quentin Mag", où je tiens librement une rubrique amusante. "

vendredi 1 avril 2016

Le déracinement programmé

L'idéal aurait été que la planète ne fut peuplée que de déracinés, le déracinement donne une sensibilité exquise et souvent une intelligence supérieure. Le mal absolu en France, c'est évidemment le franchouillard enraciné dans son terroir, qui se croit chez lui, et est d'autant plus virulent qu'il défend son "chez soi". Les gens qui se croient quelque part chez eux sont souvent odieux, notamment avec ceux qu'ils dénomment les "métèques", mot dont l'origine est grecque et désigne l'étranger dans une cité.
Pourtant le déracinement a déjà eu lieu, il n'est pas le fruit d'une invasion musulmane, même si celle-ci est toujours possible. Le déracinement est le fruit de l'école, mais surtout du caractère de notre société, portée vers le progrès technoscientifique et soumise à l'économie libérale dérégulée, sans aucun souci de l'épanouissement individuel ou du bonheur de chacun. Le problème est que ce déracinement se fait de façon perverse et brutale, sans que l'on demande leur avis aux habitants du pays France notamment, on comprend que presque tout le monde - à part quelques fidèles, dont la fidélité frise le fanatisme - soit complètement déboussolé, et ne se reconnaisse plus dans aucun parti politique.
Ce qui explique évidemment la montée des votes extrêmes, c'est une réaction de rejet  - mais que l'on assimile aussitôt à du racisme et de l'antisémitisme - de ce cette aliénation : absence de choix, et non possibilité d'épanouissement personnel ; mais pour un autre caractère qui si il a des similitudes avec le racisme des états du sud des États-Unis avant la guerre de sécession, ou encore avec l'idéologie allemande des années 30, sera très pervers aussi, mais de toute façon n'aura plus la puissance de frappe qui était celle de l'Allemagne à cette époque. En réalité aujourd'hui on a le choix entre Charybde et Scylla, choix entre le libéralisme dérégulé qui porte un projet - celui de l'oligarchie mondialisée -, ou le repli sur son identité, sans autre projet politique ou économique que ce repli sur soi.
Il est évident aussi que l'oligarchie qui s'est constituée à partir de ce libéralisme dérégulé, et de cette quête technoscientifique vers toujours plus de progrès, sans autre finalité que sa propre amélioration technique - vers but ultime nous dit-on l'IA, c'est-à-dire le contrôle généralisé de la population mondiale par des machines -, sans souci du devenir de chaque caractère particulier, peut aussi donner l'impression de la manipulation et du complot. Alors que non ! l'oligarchie ne fait qu'accompagner le caractère pervers de la société technocratique et libérale, qui a sa volonté propre et son propre destin déshumanisé et déshumanisant, elle surfe sur ce caractère pervers généralisé pour en retirer des bénéfices, jusqu'au bout elle cherchera le profit pour le profit, sans aucune finalité d'épanouissement personnel, même pour elle-même, et là on rejoint l'éthique du protestantisme. Il ne faut pas croire que les Français auraient fait mieux, par d'autres chemins ils auraient aussi accompagné, de la même façon que les Anglo-Saxons le caractère de la technique, qui est de se développer sans autre finalité que son propre développement et en dehors de la considération de tout épanouissement individuel possible, hormis dans l'intégration à ce système qui au final est... pervers, car il se fait derrière le dos des hommes "en chair et en os".