lundi 31 août 2015

Les deux mai

Moi : " Il est normal qu'Emmanuel Mousset ait pour modèle les valeurs de mai 68, y compris en matière de goûts artistiques. Il a une dette envers cette génération qu'il comprend, il lui doit tout, notamment son emploi ; il est le "petit frère" de cette génération, il est donc intégré au système et ne peut pas ou ne veut pas voir le lien entre cette génération, son goût de l'exclusivité financière et symbolique, et la montée du FN, qui est le signe de l'exclusion du peuple et de la jeunesse à se nourrir du gâteau "commun", qui n'a plus rien de commun, puisqu'il appartient à une génération dont la moyenne d'âge est de 70 ans, des momies virulentes. "

Le philosophe : " Sur mon emploi, je ne comprends pas. Mais il y a tant de choses incompréhensibles à travers ce vaste monde ..."

Moi : " Je vais faire un syllogisme pour que tu comprennes : Tu dois ton emploi à un concours de circonstances dont le nom est Chédin ; or de quoi Chédin est-il le nom ? de mai 68. Donc tu dois ton emploi à mai 68 plus ou moins directement. "

Le philosophe : " Les circonstances, encore faut-il les dominer et en tirer profit, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Quant à Olivier Chédin (éminent professeur de philosophie à la Sorbonne, il faut le préciser à nos lecteurs qui vont s'étonner de nos échanges abscons), il est le nom d'un Emmanuel, oui, mais KANT celui-là, à tel point que mon maître l'a attribué à sa progéniture, au féminin, qui a enseigné non loin de chez moi, à Chauny (propos de nouveau abscons, que tu comprendras). KANT et Mai 68, ça fait quand même deux, et beaucoup plus que ça ... "

Moi : " Non je distingue deux mai 68, l'un avant 1983, révolutionnaire, communiste, orienté vers le partage des richesses et de la libido, c'est celui là auquel je pense à rattacher Olivier Chédin, que je voyais bien en militant révolutionnaire. L'autre mai 68 est un mai 68 dévoyé et libéral, post 1983, et se caractérise par la trahison des idéaux initiaux, à l'avantage d'une seule génération qui s'est enrichie outrageusement, qui a viré de gauche à droite économiquement, du communisme au libéralisme, cyniquement. "

Le philosophe : " Mai 68 ne finit pas en 1983, mais 10 ans avant, avec les Lip, le Larzac et la mort de Pierre Overney. Le PS n'a jamais été "soixante-huitard". En 1983, il retrouve sa vraie nature, devient enfin fidèle à son identité profonde : le réformisme, la social-démocratie. S'il y a "trahison" (terme qui appartient à la culture stalinienne, qui n'est pas la mienne), c'est ailleurs qu'il faut aller la chercher. "

Moi : " Pour comprendre la vraie nature de mai 68, il faut prendre conscience du fait qu'il ne s'agissait pas seulement de partage des richesses mais aussi de partage de la libido. Il s'agissait de réformer l'homme moderne pour qu'il soit plus "épanoui" ; afin notamment qu'un événement comme la Shoah ne se répète plus et aussi d'éradiquer le racisme. C'est un échec selon moi, les communistes avaient raison de considérer les socialistes comme des bourgeois trop timides et "sociaux-traîtres". Cela dit dans les faits, tout ce qui est radical, comme le communisme entraîne des massacres sans nom ; tout comme le rousseauisme en 1793. Mais le libéralisme qui postule l'inégalité entre les hommes est une belle saloperie, que le socialisme se réclame de cette idéologie injuste plutôt que du marxisme me paraît sinon une trahison, au moins un contresens. "

Le philosophe : " Le rousseauisme est une saloperie, le socialisme est une saloperie, le communisme est une saloperie, le libéralisme est une saloperie. Erwan, on fait quoi ? C'est l'histoire du gars qui a les mains blanches, mais qui n'a pas de mains ... "

Moi : " Un socialisme tempéré, influencé par le rousseauisme et le marxisme, pour le partage des richesses et de la libido, qui postule l'égalité entre les hommes, mais non radicalement, me paraît plus souhaitable et moins absurde qu'un socialisme influencé par le libéralisme. Mais la société a atteint un tel niveau de narcissisme et de cynisme, qu'on me répondra " Erwan tu as vu la vierge en 3D !" Moi je réponds : "hommes de peu de foi !" "

Le philosophe :" Ton socialisme rousseauiste, marxiste, égalitaire et libidineux, c'est le mouton à cinq pattes. "

Moi : " Bon eh bien dans ce cas là je préfère encore être anachronique et m'affirmer comme un rousseauiste pur et dur. Robespierre me voilà ! "

mercredi 19 août 2015

L'âme de Bill Gates

Pourquoi y a t il un rapport entre la montée du front national et mai 68 ? Deux générations ont été fragilisées et abîmées par ce mouvement. L'une des désormais 35-50 ans qui vote peu FN, qui a été "conditionnée" par SOS racisme, et autres dans sa jeunesse à avoir "la haine" du FN ; génération festive, narcissique, peu créatrice, qui vit de plaisir et de fêtes, peu politisée à la différence de la génération 68, très politisée dans sa jeunesse mais qui a transformée des valeurs gauchistes en valeur libérales économique de droite, de réussite. On ne peut en vouloir à une génération d'avoir pris le pouvoir parce que l'occasion se présentait, notamment pour des raisons démographique, la génération 68 c'est celle du baby boom, c'est le nombre. Ensuite ce sont maintenant sous des slogans pervertis et éculés, mais dont on sent l'origine soixante-huitarde, que les grandes enseignes voire multinationales française vendent leurs produits. L'autre génération abîmée et fragilisée par mai 68 est celle des 18-35 ans, celle là vote massivement FN, car elle subit de plein fouet les conséquences de la politique économique libérale de droite, c'est-à-dire de la crise, qui est une composante nécessaire de toute politique économique ultralibérale ; puisque l'ultralibéralisme est un cheval de Troie anglo-saxon, et que c'est une façon de se faire la guerre par la voie économique, pour affaiblir notamment les Etats continentaux, il faut qu'il y ait des victimes (les chômeurs), et des vainqueurs (les super enrichis). Les intérêt des héritiers de 68 et les valeurs économiques d'origine anglo-saxonnes se sont rencontrées, derrière le dos du général De Gaulle qui doit se retourner dans sa tombe, lui qui voulait réellement unir les Français (les hommes politiques qui aujourd'hui répètent ce leitmotiv font malheureusement pâle figure mais y croient-ils vraiment ?), et derrière le dos de leurs enfants qui aujourd'hui votent FN. Alors que le but d'une société n'est pas l'enrichissement d'une génération (celle de 68), mais demande de réels sacrifices pour élever des enfants, ce qui n'est plus le cas. Alors bravo Michel Onfray, que je n'ai ni lu ni écouté sur ce sujet, mais je pense que je suis d'accord avec lui, de s'en prendre à la génération qui a le pouvoir financier et symbolique, et ne veut le partager.
Toute politique économique libérale est forcément de droite, politique libérale de gauche est un oxymore, car le libéralisme économique postule l'inégalité entre les hommes, son fondement est dans le protestantisme qui postule a priori que certains hommes seront sauvés ici-bas par la réussite sociale (dont le signe est l'argent) ; tous les autres n'ont pas été élus, ils seront maudits ici-bas et dans le royaume des cieux, pour ceux qui y croient, les protestants pratiquants à l'origine de l'éthique du capitalisme y croient. Il suffit de visionner le moindre film américain, avec ses "méchants"(maudits) très prononcés, pour voir que les Américains y croient, Bill Gates est le "good guy" par excellence.

Pour un Français vaguement rousseauiste et existentialiste comme moi, Bill Gates est un "salaud" de patron dont le corps et "l'âme" se décomposeront après la mort sans espoir de salut, encore que je n'en soit pas complètement certain, car j'ai un fond catholique, il sera peut-être damné d'avoir exploité tant de gens pour s'enrichir. Pour ma part j'ai déjà dépensé bien plus de mille euros en licence microsoft, multipliez ça par le nombre d'habitants sur Terre, et vous aurez une idée de la fortune de Bill Gates.