vendredi 7 juillet 2017

Macron et le sacrifice de la France d'en bas


Jean Pierre C. : "Coup de théâtre ! : "La découverte d’une structure composée de crânes humains, à Mexico, autrefois la capitale de l'empire aztèque, révèle l’existence de victimes jusque-là insoupçonnées par les chercheurs : des femmes  et des enfants". C'est décidément sympa toutes ces chouettes religions..."


Mariane F. : "Ce n'est pas une nouveauté que la pratique du sacrifice humain chez les Aztèques ! Et ce que j'adore, c'est la réaction rapportée comme "horrifiée" de Cortes le colon espagnol sanguinaire en découvrant ce peuple primitif, exterminé jusqu'au dernier par la même occasion par les Européens. Faut-il rappeler que les "bons sauvages" amérindiens étaient pour nombre d'entre eux anthropophages ? Et que la peur éprouvée par le colon à leur encontre, si elle ne justifie rien, explique néanmoins que la confrontation ait pu être problématique ?"

Moi : "Oui tout à fait cela est un élément de réponse dans l'explication du génocide de ces "barbares" par les colons. Il faut rétablir la bonne conscience de notre civilisation occidentale telle qu'elle va. Il est évident qu'avec Macron au pouvoir nous profiterons tous pleinement des bienfaits du progressisme, et que jamais dans l'histoire de l'humanité un pays n'a eu un président aussi parfait que lui. Jamais non plus l'Homme ne fut plus civilisé, conscient des horreurs du passé et conscient que sa vie s'améliore considérablement au rythme du progrès. Alors bien sûr le génocide des Indiens est un peu regrettable, mais il faut bien voir la barbarie à laquelle nous avons échappé si les Indiens avaient remporté la victoire sur les colons, nous avons échappé à un grand péril, c'était eux ou nous. Et comme ce fut nous, nous pouvons voir aujourd'hui l'incomparable supériorité de notre civilisation démocratique basée sur l'idée de progrès, sur toutes les autres civilisations du passé."

Jean Pierre C. : "Bravo pour cet utile rapprochement entre les Aztèques et l'élection française: tout s'éclaire soudain!..."

Moi : "Ce que je veux dire Jean Pierre C., malgré votre aveuglement dogmatique, c'est tous les ravages qu'entraîne déjà le mode de fonctionnement de notre civilisation reposant maintenant depuis trois cents ans sur l'idéologie libérale, telle que conceptualisée de manière systématisé par Adam Smith, et appliqué à la lettre, avec de moins en moins de régulations étatiques pour pondérer ses effets. Ces ravages consistent en France en une rupture désormais quasi radicale entre les Français bobos des grands centres urbains exploiteurs et les Français dits de la France périphériques exploités, l'abandon du projet d'éduquer les enfants de France en sous payant les fonctionnaires chargés de le faire, donc démotivés, pourquoi ne faudrait-il récompenser que la finance, le patronat et les actionnaire ? C'est ensuite à l'échelle mondiale, les guerres et le désordre exportés au Moyen-Orient (des millions de victimes dont nous sommes responsables). Enfin c'est la question de la préservation de l'environnement incompatible avec l'idéologie libérale qui postule une croissance illimitée, oui mais le problème est que notre monde, notre planète, elle, est finie, comporte des limites, les ressources ne sont pas inépuisables. Conclusion : nous sommes bien pires que les Aztèques qui eux ne remettaient pas en question les équilibres écologiques qui assurent notre survie (pour combien de temps encore ?), sur cette petite planète, dans un petit coin d'une galaxie, perdue dans le vaste univers."

Sylvie T. : "Je trouve fâcheux d'instrumentaliser une découverte "archéologique" dans un sens ou dans un autre. Et fâcheux est un terme un peu lâche pour dire mon indignation."

JP F. : "La religion ou les idéologies, cela donne si souvent des catastrophes, mais à vrai dire c'est l'Homme qui est la cause."

JP F. : "Cet amalgame de haine de l'élite et d'antioccidentalisme est du populisme évitable mais triomphant actuellement. D'un autre coté le mépris des religions est bien compréhensible mais ça n'avance guère car l'Homme doit surtout apprendre à gérer ses angoisses tout en trouvant du sens. Cela ne se réglera pas par ce genre d'attitude, même le rationalisme scientiste s’avère farci de contradictions et faiblesses. Non ?

Moi : "Bien sûr que le rationalisme scientiste s'avère farci de contradictions et de faiblesses, par exemple je pense que la science s'avère incapable de donner du sens à nos vies, et que nous avons besoin de chercher des nourritures spirituelles, ailleurs, c'est évident. Mais notre civilisation progressiste et matérialiste s'éloigne de toute trace de spiritualité et va à sa perte à n'en pas douter, même les Aztèques avec leurs sacrifices humains étaient porteurs de plus de spiritualité que nous, car leur religion donnait un sens au monde, c'est cela que nous avons oublié, que l'Homme est un animal certes rationnel mais avant tout religieux qui a besoin pour son équilibre psychique de donner un sens au monde. Ainsi peut-on voir notre civilisation comme une civilisation criminelle, criminelle pour la santé mentale de ses propres citoyens."

Jean Pierre C. : "Votre vie à le sens que vous lui donnez..."

JP F. : "Je ne crois pas a un sens nombrilisé, ni a une culpabilisation aussi extrême de notre civilisation."

Moi :  "C'est une réponse typiquement conforme à l'idéologie libérale Jean Pierre C., qui voudrait nous faire croire que nous somme des individus atomisés, séparés spirituellement les uns des autres. Or non, comme le présentait Rimbaud "Je est un autre", autrement dit nous avons besoin des autres, de l’intersubjectivité pour dire "je". Même la bourgeoisie occidentale qui se croit parfaitement "autonome" conformément à une tradition métaphysique occidentale, qu'Elisabeth de Fontenay qualifie de subjectivité humaniste et prédatrice, est avant tout une construction qui repose sur le rapport aux autres, et dans le cas de la bourgeoisie occidentale sur l'exploitation d'autrui. La bourgeoisie occidentale a en outre rejeté massivement la religion pour adhérer aux valeurs du libéralisme, et elle ne se pose même plus globalement les questions du bien et du mal, donc le problème de la liberté et du choix entre le bien et le mal. Le nouveau dogmatisme de la bourgeoisie n'est plus religieux, mais c'est celui du politiquement correct qu'il impose aux populations les plus défavorisées du territoire."

Moi : "Comment expliquez vous alors si la santé mentale de nos concitoyens n'est pas atteinte, l'usage massif d'antidépresseurs et d'anxiolytiques, notamment chez les Occidentaux, et particulièrement chez les Français, si notre société libérale est capable de fournir du sens ?"

Jean Pierre C. : "C'est Le manque d'Aztèques..."

Moi : "Expliquez moi votre jeu de mots, je n'ai pas compris !"

JP F. : "Nous allons dans le mur"

JP F. : "Je veux dire cette discussion dogmatique..."

Moi : "Nous allons dans le mur", c'est vrai puisque le libéralisme postule une croissance illimitée sans se poser la question de savoir si la Terre possède des ressources inépuisables ou non. Le dogmatisme est généralement du côté de ceux qui se croient dans le camp du bien et imposent à leurs interlocuteurs le dogme du politiquement correct comme argument, alors qu'il ne s'agit pas de réflexion mais d'un genre de réflexe défensif dénué de toute spiritualité et intelligence."

JP F. : "Je le répète, cet amalgame de haine de l'élite et d'antioccidentalisme est du populisme évitable mais triomphant actuellement. D'un autre coté le mépris des religions est bien compréhensible mais ça n'avance guère car l'Homme doit surtout apprendre à gérer ses angoisses tout en trouvant du sens. Cela ne se réglera pas par ce genre d'attitude, même le rationalisme scientiste s'avère farci de contradictions et de faiblesses. Non ?"

Moi : "Comment répondez vous à l'argument qu'un croissance illimitée est criminelle et non viable dans un monde fini, postulez vous comme dans Interstellar que nous arriverons à coloniser d'autres planètes pour désengorger la planète Terre ? Je ne suis pas un anti occidentaliste obtus, j'admire les civilisations grecques et romaines à l'origine de la nôtre, j'admire bien des réalisations de notre civilisation, mais je conchie le libéralisme, je conchie cette idéologie purement matérialiste, qui est en train de détruire toute trace de spiritualité dans notre civilisation, spiritualité qui avait fait sa force, matérialisme qui fera sa perte."

Moi : "L'élite médiatico-intello-politico-artistique bobo de Paris particulièrement et des grands centres urbains n'ont plus d'Aztèques à exploiter ou exterminer, ce seront donc désormais les indigènes de la France périphérique (lire Christophe Guilluy), l'éradication par la mort médiatique puis professionnelle puis psychique est "en marche", de ces Français plus ou moins de souche, qui avait le tort d'avoir des racines, désormais comme le dit Macron, ils ne sont "riens"."

Sylvie T. : "Je pense que, plutôt que de faire des comparaisons an-historiques, il vaut mieux examiner le présent et sortir du mythe. Par exemple, si nous restons au Mexique, que se passe-t-il dans les Chiapas? Ou comment ces gouvernements exaltent-ils des Aztèques mythiques pour continuer à ne pas voir et écraser les "Indiens" indigènes etc. réels."

Moi : "Bien sûr que je fais des comparaisons an-historique parce que précisément j'essaie de m'éloigner du dogme du politiquement correct, auquel vous essayer de ramener notre conversation : vous me parlez d'un problème local propre au gouvernement mexicain, je vous avouerais que je ne connais pas du tout cette problématique certainement digne d'intérêt. Mais Rousseau disait déjà des intellectuels en France à son époque, qu'ils préféraient éprouver une forme de compassion pour de lointains Tchétchènes ou autres opprimés, qu'ils ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, que d'avoir la moindre compassion pour le vagabond démuni au pied de leur immeuble. Mais comme l'a très bien exprimé Macron ils ne sont "riens", donc on ne les voit pas..."

Sylvie T. : "Ce n'est pas un problème local propre au gouvernement mexicain. Il n'est pas question de phrases compassionnelles, mais de comprendre réellement, mondialement, de quoi on parle quand on parle de mondialisation et des dégâts causés par le néocapitalisme. J'aimerais ici chanter l'internationale..."

Moi : "Je crois savoir de quoi on parle quand on parle de mondialisation et rassurez vous je ne crois pas aux théories du complot qui serait mondialiste selon Pierre Hillard, ce ne sont pas mes références, même si ses écrits peuvent parfois être intéressants. Vous voulez chanter l'internationales dans le sens d'une solidarité des travailleurs de tous les pays ou dans le sens des vertus du libéralisme qui par le biais du commerce rapproche les peuples entre eux, en abolissant les frontières ?"

Didier H. : " L'élite médiatico-intello-politico-artistique bobo" ça me rappelle quelqu'une..."

Moi : "Vous savez que dès ses origines le socialisme, qui s'était construit en réaction aux ravages dans le monde ouvrier du progressisme (ce dernier était porté déjà idéologiquement au XIXème siècle par la gauche républicaine), le socialisme et ses adeptes donc (Proudhon, Fourier, Marx, Engels etc.), ne trouvait pas stupides tous les arguments énoncés par la droite monarchiste et réactionnaire contre l'idéologie bourgeoise, et en reprenait même certains à son compte. Tout comme Mélenchon et Le Pen utilisent souvent les mêmes arguments, et se copient l'un l'autre, contre l'idéologie libérale. Jacques Sapir avait même préconisé une fusion des deux mouvement qui se recoupent idéologiquement sur bien des points, car leur division est contre-productive pour les classes populaires et arrange bien la classe bobo (bourgeois hors-sols et modernes), qui ne cesse de caricaturer ces deux mouvements et de les qualifier de populistes. Alors qu'au départ il n'y a pas si longtemps, le terme de "populisme" était un terme noble pour qualifier la colère légitime des classes populaires exploitées."

Jean Pierre C. : "Abandonnez un instant votre obsession, il s'agit d'un commentaire sur les "bonheurs" de la religion, et accessoirement sur les Aztèques…"

Moi : "Dans le monde de Macron, il n'y a que les "créateurs de richesses" qui comptent. Les fonctionnaires ne sont pas des créateurs de richesse, ils ne produisent rien, ils ne sont donc "rien" ; aussi Macron va-t-il réduire leurs salaires et "dégraisser" la fonction publique de 120 000 fonctionnaires inutiles et "parasites". Heureusement pour le "salut de l'humanité" les 2000 personnes les plus riches du monde, les créateurs de richesses, ont une fortune totale estimée à environ 7 670 milliard de dollars, soit 3 fois le PIB de la France et un peu moins de la moitié du PIB des Etats-Unis. Tout notre système économique libéral a pour finalité l'enrichissement toujours plus grand de cette caste : c'est ce qu'on appelle un système pyramidal, où la grande masse des populations (dont les fonctionnaires ces parasites), doit se contenter des miettes qui tombent parcimonieusement de ces gâteaux colossaux. Pyramidal comme les pyramides du haut desquelles les Aztèques pratiquaient leurs sacrifices humain. Finalement notre société n'est pas très différente de celles des Aztèques, les sacrifiés sont les chômeurs, les pauvres, les fonctionnaires etc.... Ainsi va le monde, et on n'y peut pas grand chose !"


lundi 3 juillet 2017

Les valises à roulettes et la pensée complexe de Macron


Moi : "Tu as "noté" un de tes intervenants sur ton blog en disant que c'était "assez bien". Ça me rappelle quand Chédin nous demandait de noter, nous autres élèves en philosophie, d'autres élèves qui faisaient un exposé oral sur une notion philosophique, assez "masochistes" pour accepter de s'exposer au verdict de leurs condisciples. Le plus "cruel" était systématiquement notre ami philosophe Emmanuel Mousset qui mettait généralement comme note "0", quant à moi paralysé par la terreur que représentait cet exercice de tauromachie philosophique, je n'osais dire une note qu'avec une voix tremblante et atone et Chédin me considérait avec une moue de mépris comme si je n'existais pas. Bon je vois que notre ami philosophe a fait des progrès, il consent à dire "assez" bien."

Emmanuel Mousset : "Je me souviens de l'exercice, pas de mes zéros. Cette note ne me ressemble pas. La cruauté consiste à mettre un, deux ou trois. Zéro, c'est le néant absolu : il faut du génie, de l'inconscience ou de la perversité pour avoir zéro. La médiocrité est pire que la nullité. C'est pourquoi j'accorde facilement quelques points, mais pas trop, et jamais zéro. Quelqu'un qui a zéro peut se vanter de son exploit ; celui qui a deux ou trois taira son piteux résultat."

Moi : "On est donc bien d'accord sur une chose : tu es cruel, ce qui serait un élément d'explication de ta "réussite professionnelle". Ma petite théorie personnelle est qu'en régime libéral drastique de "guerre de tous contre tous", ce sont les plus individualistes et les plus cruels qui s'en sortent le mieux. Nietzsche dirait d'ailleurs pour ta défense que ce que le troupeau prend pour de la méchanceté chez un individu, est en réalité la valeur supérieure de cet individu au regard des faibles qui le jalousent. Tout comme aux yeux des serfs et des "vilains", le comportement des seigneurs pouvait être interprété comme de la méchanceté alors qu'il n'était que le reflet de sa valeur "supérieure". Bravo tu es devenu un "seigneur" local que beaucoup jalousent, certains craignent et d'autres admirent.
Bien sûr je n'adhère pas du tout à ce point de vue nietzschéen qui cautionne la cruauté des riches et des classes aisées à l'encontre des gens ordinaires qui ont gardé des valeurs de décence commune, ce qui explique leur vote pour Macron pour lutter contre le "péril fasciste", sentiment exploité avec cynisme par l'intéressé et ses nombreux soutiens de l'ombre. Macron qui de toute façon les dupera dans leur idéal de décence commune, puisqu'il réalisera le programme, rien que le programme et tout le programme inscrit dans la doctrine du libéralisme telle qu'énoncée pour la première fois de façon systématique par Adam Smith, postulant le vice et la perversion individuelles comme garanties de la vertu collective apportée par la prospérité économique qui découle de l'action de la "main invisible" impliquant la non intervention de l'Etat en matière économique. L'erreur de départ de raisonnement qui prend désormais un écho formidable, et que du vice intime ne peut déboucher la vertu collective, mais bien plutôt un genre de vice et de perversion collectifs qu'une petite heure en naviguant sur internet suffit, afin de prendre la mesure des dégâts engendrés dans l'absence de toute décence commune qui s'y exprime, le plus souvent au nom du profit."

Emmanuel Mousset : "Ma "cruauté", comme tu dis, n'est pas personnelle ou psychologique. Je crois que je ne ferais pas de mal à une mouche. Mais ce qui est "cruel", c'est la vérité, surtout quand elle porte sur les personnes."

Un intervenant : "Laissez la cruauté à Antonin Artaud, ce que vous tentez d'expliquer, E M, n'est que la condescendance et froideur du petit bourge vis à vis de ceux que vous considérez tout simplement inférieur parce que ceux là ne sont justement pas vous. Vous ne feriez sans doute pas mal à une mouche, en êtes-vous plus humain que d'autres pour autant ?"

Emmanuel Mousset : "Non, je ne prétends pas être plus humain qu'un autre. Et il m'arrive même de tuer des moustiques."

Moi : "Il est normal qu'Emmanuel Mousset soit un peu cruel avec les autres, puisqu'il l'est beaucoup avec lui-même. La culture, l'éducation, l'instruction sont une cruauté nécessaire que l'on inflige aux enfants, aux ados, aux jeunes adultes, et pour ceux qui sont courageux ou qui aiment ça, parce qu'ils ont sublimé la cruauté en plaisir, en curiosité, qu'ils s'infligent tout au long de la vie.
C'est une cruauté nécessaire car sinon l'ensemble de la société sombrerait dans la barbarie, Emmanuel Mousset est tout simplement un gardien ou encore un phare pour ceux qui sont naufragés, sans repères, sans direction, incapables de s'orienter.
Le problème posé est celui d'une société qui avait des racines catholiques comme la France, donc qui posait un bien commun universel, et qui mute doucement sous l'action du libéralisme vers une forme de protestantisme où chacun est gardien de sa propre foi et de sa conscience. Autrement dit le catholicisme est une religion sociale en contradiction avec les valeurs du libéralisme qui sont purement individuelles et qui prônent l'individualisme.
A chacun désormais que nous avons détruit tous collectivement les racines catholiques de la France, de s'en sortir comme il peut dans une société qui ne fournit plus à personne des valeurs spirituelles mais des valeurs purement mercantiles. Chacun est encore libre si il le souhaite de renouer avec le catholicisme, pour ma part je tente de m'orienter vers ce choix personnel, car je n'en vois pas d'autre."

Emmanuel Mousset : "Ce qu'il y a d'infâme dans "ton" catholicisme, c'est qu'il est purement identitaire, social, moral. Il ne correspond pas à un acte de foi sincère. Il n'est même pas une quête métaphysique. Tu as besoin de valeurs, de repères, de racines : la mystique chrétienne, au contraire, renverse tout ça. Finalement, tu es une sorte de musulman, qui veut un cadre de vie, une communauté, des traditions."

Moi : "Je n'ai pas atteint ton degré d'abstraction dans la spiritualité, je n'ai pas été enfant de chœur et mes parents ne m'ont pas autorisé à recevoir le baptême. D'une certaine façon la boucle est bouclée entre le baptême de Clovis et ma génération qui majoritairement n'a pas reçu le baptême.
Pour moi la foi ne se marie pas avec un idéal abstrait, elle a pour modèle des valeurs vivantes, des valeurs charnelles qui ont trouvé à s'exprimer dans le réel et furent capables de rendre le monde habitable : la boucle est bouclée, oui car le monde devient inhabitable.
J'ai modestement, à mon petit niveau connu ce monde là dans un coin reculé de basse Bretagne où les gens ordinaires parlaient encore breton, et savaient ce qu'était une vie décente, sans prédation de son prochain pour se hisser au niveau de la réussite. Je ne suis pas un mystique du déracinement, je suis un terrien attaché à un terroir, tout ce que vomit une certaine idéologie parisienne. Ce que j'aimerais c'est une société qui ne nous impose pas de force le déracinement comme condition de possibilité de la "paix" dans le monde, tout enracinement impliquant une frontière, donc une césure entre humains à l'origine des conflits. Ce n'est pas si simple car la perte d'identité et le conflit permanent avec ses pairs, pour un brin de reconnaissance sociale déshumanise : qu'est ce qui est pire, mourir dans un conflit armé pour défendre sa patrie, ou bien mourir psychiquement de son vivant, sans aucun idéal, détruit par ses pairs au nom des valeurs du libéralisme qui nous imposent la guerre de tous contre tous ?
Je vois où tu veux en venir avec ton attaque ad hominem, tu veux encore me faire parler de la religion par laquelle est née le catholicisme, tu veux me faire parler de nos parents spirituels les Juifs. Je sais qu'il y a un peuple pour qui sa nature et sa spiritualité correspondent au déracinement, qui s'explique par son histoire particulière, ce particularisme devrait-il devenir un universel ? Est-ce pour autant qu'il devrait imposer son modèle à tous les autres peuples ? Je pose juste la question. Entre parenthèses il a tellement confiance en son particularisme nomadiste, qu'il s'est empressé de se trouver une terre, donc des racines. Terre où il n'hésite pas à pratiquer le nationalisme le plus intransigeant, à faire rougir de pudeur une Marine Le Pen. Il y a des explications à tout ça, quand il a compris que beaucoup de peuples étaient rétifs à sa mystique du déracinement, à sa tentative toute récente d'évangélisation à la mystique du déracinement, pratiquée d'ailleurs comme conséquence d'un traumatisme post-Shoah, en vue d'un "plus jamais ça !", et qui s'accompagne de sa part d'un paradoxal retour à la terre d'Israël, comme si il craignait inconsciemment les conséquences de sa tentative d'évangélisation à la mystique du déracinement.
Je ne sais pas qui est le plus infâme entre celui qui voudrait que l'on respecte la nature et les racines comme condition de possibilité de notre survie sur cette planète, ou celui qui au nom de sa spiritualité abstraite déclare que la nature est une "merde" méprisable tout juste bonne à être dominée et exploitée.
Quant à la "mystique chrétienne qui renverse tout ça", on dirait un de ces "arrière-mondes" que pourfendait Nietzsche.
Pour un peu je croirais entendre que c'est moi la bête immonde ("écrasons l'infâme" que représente le dogme chrétien disait Voltaire), tout ça parce que par l'esprit je n'ai pas su saisir les valeurs de la modernité. Oui mais même l'esprit est l'objet d'une transmission charnelle selon moi. Autrement dit pour toi les infâmes sont les victimes et les vainqueurs sont forcément vertueux : renversement des valeurs par rapport au sens commun, mais cela se respecte."

Emmanuel Mousset : "Tu idéalises la terre et le passé. Depuis Clovis, l'histoire a été tumultueuse ! Oui, le judaïsme est une bonne référence. Quant à l'existence d'Israël, elle répond évidemment à une tragédie historique, non pas à un besoin d'enracinement. Les Juifs n'en ont d'ailleurs pas besoin : ils se sont toujours très bien intégrés là où on les a acceptés." 

Moi : "Je n'ai jamais dit que l'existence d'Israël correspondait à un besoin d'enracinement. Oui c'est suite à une tragédie historique, n'empêche que par la force des choses les juifs n'ont pas choisi n'importe quelle terre, mais celle qui correspondait à leurs racines spirituelles, à la terre qu'ils ont dû quitter et qu'ils ont idéalisé durant 2000 ans. Et pourquoi les Français eux devraient-ils être en exil sur leur propre terre selon une métaphysique du déracinement, et devraient-ils renoncer à toute métaphysique liée à la terre et à l'histoire, au nom de quoi ? De la flagellation au nom de tous leurs crimes passés qui justifie l'accueil de tous les damnés de la terre, plus légitimes moralement à occuper cette terre car vierges de tout crime et même victimes. Après la bataille des idées, voici venu le temps de les appliquer, remplaçons le vieux peuple réactionnaire et renfermé sur son histoire, par un peuple capable d'entendre l'idée de progrès c'est-à-dire un peuple progressiste !"

Emmanuel Mousset : "1- Les Juifs sont un peuple religieux. Leur Jérusalem n'est pas de ce monde.
2- Les Français n'ont jamais été poussés hors de chez eux. En revanche, ils ont souvent occupé d'autres territoires, loin de leur patrie."

Moi : "Macron vient de comparer la France à une gare : "Une gare, c'est un lieu où l'on croise des gens qui réussissent, et des gens qui ne sont rien." Autrement dit pour être français désormais il faut réussir, sinon on n'existe pas. C'est effectivement conforme à l'idéologie libérale. Ce n'est plus le fait d'être né sur le sol qui vous assure le droit d'être français mais celui de réussir ou de ne pas réussir, quel que soit votre lieu d'origine ou votre volonté ou non d'adhérer à ses valeurs et à son histoire, à ses mythes et à son art de vivre. Le droit du sol vient d'être remplacé par le devoir de réussite pour être français, sinon on n'est "rien". C'est la fin d'une nation qui reposait sur la religion, la culture, l'histoire et l'art de vivre, c'est le début d'une nation champignon sans racines, ou start-up nation."

Emmanuel Mousset : "Géniale, cette métaphore de la gare : c'est tout à fait ça ! Mais ton interprétation est erronée (ce qui est dans l'ordre des choses pour un anti-macronien). Ceux qui ne réussissent pas, il faut leur donner les moyens de réussir (et on peut réussir de multiples façons). Ce pourrait être aussi une définition du "socialisme" tel que je l'entends."

Moi : "C'est vrai que ce que propose Macron c'est un modèle de réussite dans le cadre de l'économie Monde et non pas seulement dans la France, qui il le dit clairement doit être considérée comme "un lieu de passage". C'est pas con, et l'on pourrait même envisager à terme, si tout les pays jouaient le jeu, l'établissement d'un gouvernement mondial dans l'esprit d'une mystique du déracinement. Il y aura évidemment de nombreux sacrifiés, des gens qui resteront au bord du chemin, et il faudra aussi penser à eux, les secourir, car tout le monde n'est pas capable d'une réussite éclatante à la Zuckerberg. Il est évident aussi que dans ce nouvel habitus que nous propose Macron, certains partiront avec plus d'atouts que d'autres selon leur niveau d'éducation, car il faudra être bien armé pour affronter le Monde."

Emmanuel Mousset : "1- Ton séjour sur terre n'est lui aussi qu'un bref "passage". Mais rassure-toi : quand tu boufferas les pissenlits par la racine, ton idéal de la terre et de l'enracinement sera enfin réalisé.
2- Depuis la préhistoire, certains partent avec plus d'atouts que d'autres. Ce n'est pas une raison pour s'y résoudre. Macron ne se résout pas à ce qu'il y ait des millions de chômeurs en France alors que des millions d'autres vivent sans problème majeur d'emploi, de logement, de santé et de loisirs. Voilà l'injustice, l'inégalité à combattre. Et pas par ta logorrhée antilibérale qui ne débouche sur rien, même pas sur la révolution et le communisme (au moins, ça aurait une certaine allure)."


Moi : "Je ne suis absolument pas d'accord avec ta définition du socialisme, je ne vois pas comment l'application du programme du libéralisme pourrait déboucher sur une forme de socialisme, c'est absurde : un libéralisme socialiste, c'est un oxymore, arrête d'enfumer tes lecteurs avec des contre vérités. Depuis longtemps la gauche républicaine s'est rangée du côté du libéralisme en contradiction avec les idéaux du socialisme originel porté par des penseurs comme Fourier, Proudhon et beaucoup d'idées de Marx à condition qu'elles ne cherchent pas à faire système.
Et je ne cherche pas à avoir de l'allure, mais à ce que les gens ordinaires autour de moi aient une vie décente dans une société décente : afin que la société fasse corps dans la joie de vivre, ce n'est pas une utopie irréalisable, j'ai connu une telle joie de vivre dans mon enfance, dans ma famille, et qui aujourd'hui semble avoir disparue de toute vie sociale : il y a désormais bien longtemps que le progrès n'est plus au service de l'humain, mais l'humain au service du progrès.
Par contre la gauche libérale libertaire représentée par Macron est certainement le régime politique qui permettra la meilleure réalisation du libéralisme bien plus que la droite conservatrice finalement, d'où le fort engouement qu'il suscite dans les milieux médiatico-culturels, qui attendaient en France la réalisation du libéralisme économique dans sa forme la plus pure depuis des années. La première grande mesure de la Révolution française et de la gauche républicaine, qui allait devenir de nos jours la gauche libérale libertaire, fut d'abolir les corporations au nom de la liberté individuelle, "liberté" qui postule la prépondérance de l'individu sur la communauté, et finalement sur l'intersubjectivité : effectivement l'association et la solidarité entre travailleurs ont toujours été le pire ennemi du patronat bourgeois, qui cherche à isoler les travailleurs physiquement, moralement et spirituellement. Cette "liberté" individuelle, issue de la Révolution française d'inspiration idéologique bourgeoise, a abouti à une atomisation et une aliénation des travailleurs, ce qui arrange bien les patrons pour mieux les exploiter : le sort des travailleurs fut bien plus dur au XIXème siècle de Germinal que sous l'Ancien Régime et le statut des corporations qui permettait l'association et la solidarité des travailleurs entre eux. Ce n'est pas parce que toi tu as de la considération pour les travailleurs issus des milieux populaires, que Macron et les patrons partagent ton point de vue. Toi tu es peut-être un faux naïf, mais eux sont de vrais cyniques.
Je le répète les gens ordinaires aspirent à une vie décente, or la patronat a intérêt à maintenir un certain niveau de chômage afin que les salariés ne deviennent pas insolents en exprimant notamment des revendications salariales et sociales jugées "exorbitantes" par les patrons, qui aspirent à tirer toujours plus les salaires vers le bas en mettant en concurrence des travailleurs de tous les pays vers le moins disant salarial et social. D'où l'objectif pour Macron de faire de la France, "un lieu de passage" pour les travailleurs de tous les pays, qui seraient recrutés en fonction de la faiblesse de leurs revendications, ou au contraire en raison de leur haut niveau de compétence.
L'équité pour toi c'est de rabaisser les droits des travailleurs les plus "privilégiés", pour permettre de créer des emplois : et cela conformément aux vœux de Macron de détruire ou tout au moins de "simplifier" drastiquement le droit du travail. Pour moi la création d'emplois ne repose pas sur de tels sacrifices qui consistent en un nivellement par le bas des droits de tous les travailleurs et certainement la future création d'une masse de travailleurs pauvres ; mais sur la bonne volonté du patronat, qui en réalité dans son histoire n'en a jamais fait preuve et n'en fera sans doute jamais preuve sauf sous la contrainte imposée par le rapport de force (devenu de moins en moins possibles car les travailleurs sont atomisés, et le seront encore plus par les accords d'entreprise en remplacement des accords de branche), son seul principe de conduite étant sa rapacité dont il a fait un dogme indépassable."

Emmanuel Mousset : "1- Il y a plusieurs définitions du socialisme (encore heureux !) et le libéralisme (qu'on confond souvent avec le mode de production capitaliste) est au départ une idéologie de gauche.
2- Les gens ordinaires aspirent à une vie décente ? C'est quoi, ce catéchisme saint-sulpicien ? Va à Auchan le samedi matin, tu la verras, la "vie décente" des "gens ordinaires" ! Mais suis-je bête ! Tu es sans doute le premier à t'y précipiter, "homme ordinaire" que tu es, avec ta "vie décente". Moi, l'ordinaire ne me convient pas, et je ne vais jamais à Auchan."


Moi : "Est-ce que j'ai dit que le libéralisme n'était pas une idéologie de gauche ? Oui et c'est bien le contresens que font beaucoup de gens en pensant que la gauche n'est pas libérale mais sociale. Or précisément et tu as bien raison de le souligner, le libéralisme qu'il soit politique ou économique a bien des racines de gauche. Et c'est précisément la gauche de Mitterrand au pouvoir qui a accompli en France la plus grande mutation libérale non seulement sociétale, mais surtout économique. Ainsi faut-il bien distinguer entre gauche et socialisme, ce n'est pas du tout la même chose malgré ce qualificatif de "parti socialiste", qui fut bien souvent trompeur pour bien des gens et a continué à l'être jusqu'à très récemment. Je crois qu'il a été remplacé par l'appellation "nouvelle gauche', c'est déjà moins malhonnête sur la marchandise proposée.
Les citoyens se laissent souvent enfumer par ce concept de gauche, car ils pensent que c'est une forme de socialisme, or pas du tout. Le socialisme s'est construit au XIXème siècle face aux ravages de l'idéologie progressiste et à la déshumanisation engendrée sur la classe ouvrière. Je ne dis pas que la gauche soit totalement insensible à cette déshumanisation, elle tente d'y remédier de façon plus humaine que la droite je pense, mais il n'empêche, la gauche pense qu'elle va trouver le salut pour l'humanité dans l'idée de progrès, dans le progressisme. C'est une illusion. Quand les socialistes à l'instar de George Orwell, dont une figure moderne pourrait être représentée par le cinéaste Ken Loach, tentent de trouver le salut dans de nouvelles formes de solidarité, de coopération, d'intersubjectivité entre les Hommes, de vie décente, bref d'humanisation que recherche naturellement tout Homme ordinaire, alors que le libéralisme nous entraîne toujours plus loin dans l'égoïsme, l'individualisme, l'indécence et la prédation dans les rapports humains. La "vie Auchan", je suis d'accord avec toi est une forme de déshumanisation que s'infligent à eux même les Hommes ordinaires lorsqu'ils n'ont pas trouvé les ressources spirituelles de s'épanouir dans la culture : c'est le Monde du donné par opposition à un Monde qui serait à construire culturellement et spirituellement. La "vie Auchan" est une forme de servitude volontaire. Or à cause de la propagande publicitaire, mais aussi de la culture contemporaine qui se déshumanise progressivement, cela demande un effort inouïe de s'extirper du monde du donné.
Je pense que d'un point de vue catholique, une victime est autant coupable finalement qu'un bourreau, car une victime en consentant à sa servitude répand elle aussi le mal, mais d'une autre façon qu'un bourreau, qui lui, inflige la servitude à autrui. Autrement dit une victime se complaît dans son malheur et n'apporte pas plus d'espérance au monde : d'un point de vue éthique je reconnais que tu m'es donc bien supérieur.
Une philosophie actuelle pourrait être une forme de stoïcisme, consistant à essayer de se mettre à l'abri spirituellement en attendant éventuellement des jours meilleurs, car la plupart des Hommes et tu as raison de le souligner ne sont pas prêts à entendre une forme de vérité, qui consiste en une résistance face au consumérisme aliénant.
Contrairement à ce que pense Macron, ce n'est pas une mystique du déracinement et les patrons qui sauveront la France, éventuellement ils sauveront ce qu'il restera de la France, c'est-à-dire Paris intra-muros et quelques grandes métropoles régionales, condamnées à se couper du reste du pays encore attaché à des valeurs de terroirs et d'enracinement.
Bien sûr l'idéal consiste toujours dans le dosage et dans une juste mesure entre mystique du déracinement (qui comporte bien des points positifs), et mystique de l'enracinement (qui comporte aussi bien des points négatifs), ici je rejoindrais la pensée "complexe" de Macron : "et en même temps" (comme quoi il y a aussi du bon chez Macron)."

Emmanuel Mousset : " Une gare ferroviaire est un haut-lieu métaphysique. J'ai fait un billet là-dessus, il y a quelques années. Récemment, traversant la gare du Nord (la plus grande d'Europe), j'ai eu cette pensée (macronienne ou pas ?) : "Je sais où je vais. Beaucoup de gens ici ne savent pas". Pour poursuivre dans la métaphore, je crois qu'un grand mal a été fait à l'humanité le jour où on a inventé les valises à roulettes (je te laisse méditer sur ça)."

Moi : "Sinon je ne vois pas très bien la différence entre le libéralisme économique et le mode de production capitaliste. Comme par hasard sous l'action de la "main invisible", le libéralisme économique abouti toujours à des modes de production capitaliste. Cite-moi un seul exemple où ce n'est pas le cas ? 
Oui effectivement les Trente Glorieuses où le libéralisme économique était régulé par des modes de redistribution sociale et financière d'inspiration keynésienne. Le phénomène économique appelé "Trente Glorieuses" s'explique par deux facteurs :
1) Il fallait reconstruire après un terrible conflit mondial destructeur et meurtrier et donc motiver l'esprit de solidarité chez les gens.
2) Il fallait offrir un contre modèle attrayant au communisme, le virage libéral sans régulations ni redistributions des années 80 s'explique par l'extrême faiblesse du communisme en URSS, puis par sa chute finale.
D'un point de vue économique les Trente Glorieuses étaient donc un compromis bâtard entre socialisme redistributif et libéralisme d'inspiration adam smithienne. Malheureusement pour l'humanité, le libéralisme a fini par tuer le socialisme, ce qui est logique et hégélien et non pas héraclitéen, lorsque deux logiques contradictoires cohabitent (oui car Héraclite, tout comme Nietzsche tolèrent et même encouragent la contradiction, sans la mise à mort de l'un des deux éléments contradictoires). Ça me rappelle un prof de philo arrivant en classe et s'exclamant : "Nietzsche a tout dit... Tout... et son contraire !" Alors que chez Hegel, la totalité est le fruit d'un processus dialectique où l'un des deux termes contradictoires parvient à l'emporter sur l'autre et à l'éliminer totalement de la surface de la terre. Ce qui était bien le projet qu'avaient les nazis pour le peuple juif : "mystique de la race" contre "mystique du cosmopolitisme". La tolérance c'est bien accepter l'existence et la cohabitation de termes en apparence contradictoires, mais qui en réalité peuvent parvenir à s'harmoniser.
C'est donc le libéralisme économique à sa source chez Adam Smith qu'il faut critiquer, car il amène toujours et c'est inscrit dans son programme, dans son ADN, des modes de production capitalistes donc déshumanisants pour la majorité des gens ordinaires."