jeudi 22 février 2018

Pourrait-il y avoir une résurgence des guerres de religion en Europe ?


Il y a peut-être des Juifs de droite dogmatiques et des Juifs de gauche plus critiques et ouverts. Il semblerait que sur ce forum, seuls les Juifs de droite s'expriment (sur les commentaires du magazine Causeur). On pourrait même peut-être dire par esprit de provocation, juifs de droite et Juifs de gauche ?
Mais quoiqu'il en soit le débat est très passionné et l'on atteint très vite le fameux point Godwin.
Apparemment pour ceux de droite, les plus dogmatiques et fanatisés, les Juifs de gauche dont fait partie Zeev Sternhell, sont des traîtres, des cons ou même des antisémites, donc des nazis évidemment.
À se demander si les Juifs dogmatiques et fanatisés ne haïssent pas encore plus les Juifs ouverts et tolérants que les islamistes, en qui ils voient un double en qui se reconnaître, et le même masque hideux de la religion dogmatique et de la haine.
Yitzhak Rabin fut assassiné par la mouvance la plus intolérante, radicale, et à droite du sionisme. On notera qu'en général dans l'histoire ce sont ceux qui font preuve de tolérance et qui veulent réconcilier des peuples ennemis par les circonstances, voire des religions antagonistes qui sont assassinés (Henri IV, Gandhi, JFK, Martin Luther King, Rabin parmi tant d'autres...)
La nature humaine préfère le confort de ses certitudes et l'esprit de partialité voire de la haine, plutôt que l'effort de l'ouverture à l'autre : pourtant il s'agit toujours de la même espèce, que l'on soit juif, musulman ou chrétien, ou encore Israélien, Français ou Syrien.
L'esprit génocidaire vient justement du fait que l'on ne considère pas autrui comme faisant partie de la même espèce que soi. On s'estime humain et l'on estime que son adversaire est une bête qu'il vaudrait mieux exterminer plutôt que de la laisser vivre (cf L'espèce humaine, Robert Antelme). Ce comportement est vieux comme le monde et il explique sans doute l'extermination des néandertaliens par les homos sapiens.
Conclusion, comme Élisabeth de Fontenay, je pense que c'est en changeant les sort que l'on réserve aux bêtes, que l'on pourrait modifier le sort que l'on réserve à ses ennemis, pour des raisons religieuses, politiques (jusqu'à il y a peu raciales), ou économiques.
Effectivement si l'on respectait les animaux, on ne considérerait plus son ennemi comme une bête digne d'être exterminée, puisque chaque bête serait respectable, chaque ennemi serait respectable, comme ce fut le cas au temps des Grecs anciens (cf Simone Veil et l'esprit d'impartialité).
C'est bien pour cette raison que l'on doit se revendiquer de l'anti-spécisme, mais c'est encore un autre problème !

Oui c'est bien de Simone Weil dont je voulais parler, de la philosophe, pas de la femme politique (Simone Veil), j'ai fait une erreur d'orthographe. Je suis très étonné que les gènes des néandertaliens se trouvent dilués dans la population actuelle, car il s'agissait de deux espèces différentes, qui ne pouvaient pas se reproduire entre elles, tout comme un chien ne peut pas se reproduire avec un chat.
La politique et la science ne font pas forcément bon ménage, la politique est effectivement actuellement favorable au métissage, pourquoi pas ?
Mais concernant la science elle se pose aujourd'hui la question de savoir si Sapiens et Neandertal ont pu se métisser ? Ou alors si des éléments néandertaliens propre à l'homme moderne, ne peuvent pas provenir d'une sous-structure d'un ancêtre africain Homo sapiens archaïque, qui n'est pas n'exclue ?
Pour ma part, connaissant l'espèce humaine et en l'absence de preuves irréfutables de métissage, je penche pour une extermination des néandertaliens par les homos sapiens.
On me dit que ma conception de l'extermination des néandertaliens par les homos sapiens est délirante ! Non, je m'appuie sur des hypothèses, il n'y a pour l'instant que des hypothèses, en faveur d'une thèse ou de l'autre (métissage ou non de Neandertal avec Sapiens).  A priori deux espèces différentes ne peuvent se reproduire entre elles, je serais très étonné du contraire, et cela n'a rien à voir avec "l'imagination au pouvoir" de mai 68.
Mai 68 que je n'ai de cesse de fustiger.
Je ne "ressens" rien, l'espèce humaine en est une de génocidaire, c'est un fait 1000 fois vérifié au cours de notre très courte histoire humaine, qui remonte environ à 5000 ans avec l'invention de l'écriture.
La seule pierre que "je" voudrais bien immodestement apporter à l'édifice, mais ce sera à la science de le prouver ou de prouver le contraire, c'est qu'homo sapiens fut déjà génocidaire dans la préhistoire, alors on pourra dire CQFD !
De toute façon qu'il l'ait été ou non dans la préhistoire, n'enlève rien au fait qu'il l'a été de multiples fois dans l'histoire, de façon de plus en plus monstrueuse à mesure que se développaient les moyens techniques d'extermination de masse.
Je pense que l'on veut nous faire croire en la théorie du métissage pour des raisons politiques. Aucune preuve irréfutable du métissage n'a réellement été apportée, et des gènes communs pourraient très bien provenir tout simplement d'un ancêtre commun aux deux branches qui se sont séparées et qui étaient donc cousines.
Cependant peut-être que ces deux espèces distinctes (car il s'agit bien de deux espèces distinctes comme un chimpanzé est distinct d'un gorille et ne peut se reproduire avec lui), avaient suffisamment de points communs pour se reproduire entre elles. Je ne suis pas dogmatique, je n'exclus aucune hypothèse, mais j'ai quand même ma petite idée sur la question, et j'ai peut-être tort.

Concernant l'anti-spécisme, c'est une figure théorique puisque dans les faits des espèces différentes ne peuvent se reproduire entre elles. Mais l'anti-spécisme postule qu'au delà de la question de l'espèce et de la reproduction possible qui va avec, nous avons beaucoup plus de points communs avec les bêtes, que de différences. 
L'anti-spécisme peut aussi prendre le visage du sectarisme, pour accorder des droits aux animaux, de façon dogmatique et inhumaine, en humiliant l'homme et en le rabaissant. Je suis d’accord avec certains doctrinaires du propre de l'homme sur ce point.
Mais j'accorde de l'importance aux travaux en éthologie de Boris Cyrulnik sur la théorie de l'attachement, qui nous fait voir des points communs entre les bêtes et l'homme, et aussi aux travaux en philosophie d'Elisabeth de Fontenay, concernant la question du propre de l'homme dans la tradition de la métaphysique occidentale.

Après on me fait le reproche d'avoir un mode de pensée binaire gauche/droite concernant par exemple d'éventuels Juifs de gauche et Juifs de droite dans le début de mon article.
Ce n'est pas si simple, car qu'est-ce que la gauche, ou la Gauche ?
Par exemple en France ce sont les partis dits de gauche, notamment le PS depuis une bonne quarantaine d'années, qui ont mené les réformes libérales les plus en faveur de l'enrichissement des riches, qui est la pente d'accroissement des inégalités dans laquelle nous nous trouvons.
Il faut beaucoup de libertarisme, voire pour parler comme Jeff Bezos du libertarianisme pour que cet accroissement, cette fracture entre gagnants de la mondialisation et ses perdants, aille encore plus vite et avec plus de dégâts sociaux, pour cela il faut en finir avec toutes les contraintes étatiques.
Nos milliardaires modernes sont un peu des anarchistes dans leur genre, dans la droite lignée au fond de mai 68, ils veulent en finir avec l'Etat. Tout comme nos gentils chevelus babas cools voulant en finir avec celui qui représentait l'Etat, comme une émanation paternelle de cet Etat : de Gaulle.
La gauche est de tradition libérale en réalité depuis la Révolution française, et l'on doit la distinguer du socialisme historique, qui n'est pas la même chose que le marxisme. Le socialisme historique se proposait de répondre au problème de l'aliénation au travail causée par le libéralisme, aliénation due à des conditions de travail reposant sur l'atomisation des travailleurs et la destruction de toutes les formes de solidarité traditionnelle. Aujourd'hui c'est la reprise de la pensée de George Orwell par un certain nombre d'intellectuel plus ou moins médiatisés qui se retrouve à l'avant-garde de la Gauche, à distinguer de la gauche libérale-libertaire ou encore macronienne.
Avec un épisode comme mai 68, on a bien vu que la bourgeoisie était historiquement de gauche, c'est-à-dire libérale-libertaire. La gauche de tradition libérale-libertaire est la meilleure amie de la mondialisation et de ses dérives, bien plus encore que la droite conservatrice dont Wauquiez voudrait être le leader, et dont un chantre de la mondialisation comme Alain Minc a fait son adversaire.
Autrement dit la droite conservatrice de Wauquiez est en réalité selon moi plus proche de la Gauche socialiste définie par George Orwell et un certain nombre de ses héritiers contemporains (dont Natacha Polony je crois), que de la gauche libérale-libertaire, bobo bourgeoise de Macron.
Il y donc pour faire bref la gauche de la mondialisation et la Gauche qui y résiste.

J'ai lu l’Iliade, et j'ai lu aussi l'Ancien Testament. S'y affrontent deux visions de l'ennemi. Dans l’Iliade, l'ennemi, le Troyen, est vu comme un égal, qui combat de façon tout aussi valeureuse que les alliés de Grèce qui veulent récupérer Hélène (un prétexte pour conquérir Troie, dont les Grecs sont jaloux, et qui s'unissent pour l'assujettir).
Dans l'Ancien Testament, c'est un combat des bons contre les méchants. C'est une telle vision qui prévaut dans tous les conflits modernes, d'autant plus qu'il y a une dissymétrie totale entre les moyens militaires des deux camps. Vu de l'intérieur, on pourrait croire que c'est Dieu, comme dans l'Ancien Testament qui avantage le camp du Bien (le camp occidental), alors qu'en réalité ce sont tout simplement les moyens techniques de destruction.
Le pire est que les adversaires ont également la même vision manichéenne que les Occidentaux, et je dirais même que c'est pire chez eux car empreint d'un ressentiment vieux de 1400 ans, inscrit dans les Sourates du Coran, qui sont globalement une incitation au meurtre des mécréants.
On n'a donc pas le choix, mais réellement je préférais la vision beaucoup plus impartiale et vraie des Grecs.
Le monde s'est corrompu en 2400 ans, il n'y a eu aucun progrès sur le plan de l'éthique, mais régression, même si je reconnais la réalité irréfutable du progrès technique.
On me dit que l'Ancien Testament n'est pas le combat du bien contre le mal, mais celui des fils de la lumière et les fils de l'ombre. Pensez-vous qu'au nom du combat entre les fils de la lumière et les fils de l'ombre, l'extermination de ses ennemis soit légitimée et qu'il faille s'en réjouir ?
Les Grecs ne le pensaient pas, mais comme ils avaient une vision tragique et non manichéenne de l'existence, ils le déploraient.
Eux aussi tuaient leurs ennemis, mais ils leur laissaient le droit de se rendre les honneurs : ce qu'illustre l'épisode du combat d'Achille et d'Hector. Achille ne voulait pas que les Troyens puissent rendre honneur à la dépouille d'Hector, mais Priam lui-même est venu implorer Achille, et ce dernier a cédé devant la véhémence du vieil homme.
C'est une tendance actuelle, manichéenne donc bien peu tragique, de ne pas vouloir que son camp lui rende les honneurs après avoir tué un ennemi. Comme ce fut le cas pour Ben Laden, dont on a fait disparaître le corps à tout jamais, pour que jamais précisément personne ne puisse lui rendre hommage, officiellement pour ne pas faire de sa tombe un lieu de pèlerinage. Comment ne pas faire enrager le camp des ennemis en procédant ainsi, en les disqualifiant de leur condition humaine ?

Peut-être que si on ne traitait pas nos ennemis comme des « chiens », alors eux non plus ne nous traiteraient pas ainsi ? C'est une escalade de la violence.
Il faudrait dans l'idéal que nos ennemis islamistes fassent leur aggiornamento sur le Coran, qui comporte un certain nombre de sourates qui sont un appel au meurtre explicite des mécréants, là je suis entièrement d'accord avec certains Juifs de droite. Il faudrait aussi que les islamistes sortent du moyen âge dans leurs têtes. Mais pour cela, pourquoi ne pas les traiter avec plus d'humanité ? Sachant que la violence ne va pas s'arrêter du jour au lendemain. Évitons de mettre de l'huile sur le feu, essayons d'apaiser petit à petit, ne soyons pas aussi sectaires et dogmatiques que nos ennemis. Élevons-les, plutôt que de nous rabaisser à leur niveau !
Il y a plusieurs façons de tuer un ennemi. On peut même le tuer psychiquement sans avoir besoin de le faire physiquement. 
Une fois mort, on peut même encore le tuer une seconde fois, en lui déniant le droit d'appartenir au genre humain, par l'interdiction de lui donner une sépulture par exemple, qui est pourtant un des traits qui font le propre de l'homme.
Ce n'est pas au niveau de la réalité que cela se joue, c'est au niveau du symbolique. On s'en fout de tuer des musulmans ou que des musulmans nous tuent au fond. Je sais bien que lors des attentats du Bataclan, des morts ont été éviscérés, et des testicules arrachées pour les mettre dans la bouche des victimes.
C'est précisément ça qui est inadmissible, les rituels barbares, dont notre camp ne fait pas non plus l'économie. Essayons d'élever nos ennemis plutôt que de nous rabaisser à leur niveau de barbarie moyenâgeuse. Il n'y a pas de raisons qu'ils soient plus incurables que d'autres parce qu'ils sont musulmans, et qu'ils soient ainsi mauvais par essence, je reste persuadé que cette religion puisse faire son aggiornamento.

On me dit que je suis cynique avec cette phrase : « On s'en fout de tuer des musulmans ou que des musulmans nous tuent au fond. » Je veux dire qu'il s'agit d'une guerre de religion, et que maintenant qu'elle est là, ne faisons pas l'autruche, il y aura forcément encore des morts innocents, aussi bien en Israël, qu'en France.
C'est une guerre qu'il s'agit de désamorcer par l'émancipation intellectuelle de musulmans influents, qui pourraient faire la publicité des Lumières occidentales auprès de leurs coreligionnaires enténébrés. Mais il y a selon moi plusieurs facteurs qui s'opposent à ce projet : c'est d'abord que la culture de masse occidentale n'est pas du tout émancipatrice...
N'empêche que je fais le lien entre la libéralisation économique de la société et l'islamisation de la société française, et la même chose se joue dans tout l'Europe, et ça me fait chier, les deux !
J'irais même jusqu’à dire que les Juifs en Israël ont bien de la chance de connaître la vraie nature de l'islamisme, alors qu'en France nous les faisons entrer dans la Cité, comme les Troyens firent entrer le fameux Cheval de bois. Il n'y a effectivement aucune lucidité chez la plupart de mes compatriotes.
Bref les Juifs ont fait leur aggiornamento et ont quitté les ténèbres depuis 3000 ans ! Nous autres chrétiens n'exterminons plus officiellement au nom de la religion depuis environ 300 ans, c'est bien aussi pour cela que fut créé le libéralisme, c'est-à-dire une vision des rapports humains fondée sur le « doux commerce », pour en finir avec les guerres de religion. Le paradoxe est que par le libéralisme nous faisons entrer le cheval de bois de l'islamisme, dans la Cité qui croyait en avoir fini avec les guerres de religion...

mardi 20 février 2018

Zeev Sternhell et la question du statut des Palestiniens


Moi : « De quel Bibi parlez-vous ? De celui qui s'exprime plus que de raison ici, ou de de l'autre ? À moins qu'il ne s'agisse du même ? Ou que l'un soit le clone de l'autre ! C'est d'un De Gaulle dont la France a besoin, non pas d'une réplique plus ou moins fidèle de Benjamin Netanyahu.
Tous les ultras-libéraux qui au fond sont des clones ou répliques les uns des autres qui s'expriment à longueur de temps et en meutes cultivées (ce qui leur sert de caution idéologique) et un peu moins civilisées, sur les commentaires de Causeur, pratiquant l'entre-soi et la congratulation réciproque, sont peut-être des traîtres et des peureux congénitaux, qui ne font plus aucune confiance en la France, je veux dire à son âme éternelle, et qui se rangent systématiquement comme des moutons derrière le « grand frère » américain.
Honnêtement je ne vous jetterai pas la pierre, votre comportement est bien compréhensible. Mais il se trouve que tous mes ancêtres furent des résistants ou des prisonniers de guerre en Allemagne. Et à cause de mon attitude fidèle à ma famille, qui n'a jamais trahi la France de De Gaulle, eh bien tout le monde me crache dessus.
Alors que ceux qui avaient des ancêtres collabos se rangent beaucoup plus facilement derrière le « grand frère américain » et adoptent sans difficultés son idéologie libérale délétère pour la planète : car une croissance illimitée dans un monde fini est un oxymoron, ou encore jamais le 1% le plus riche du monde ne s'est autant enrichi, au point que Jeff Bezos avec ses 115 milliards de dollars de capital, possède autant que la richesse produite en un an par un pays comme la Hongrie ou deux pays comme la Bulgarie. Au point aussi que les 500 personnes les plus riches du monde possèdent deux fois le PIB de la France.
Mais que valent la destruction programmée de la planète, et l'accroissement exponentiel des injustices sociales pourtant potentiellement très dangereuses à très court terme, face à l'attitude victimaire dans laquelle se complaisent le libéral et consorts ? Comme si la douleur de toutes les minorités opprimés au cours des millénaires était l'apha et l'oméga de toute vérité, le sens suprême que l'on doit accorder et la vie, et au point aussi que les minorités opprimées s'en retrouvent majoritaires dans le pays, si on y ajoute les femmes. Moi aussi je l'ai déjà dit je viens d'une minorité opprimée et persécutée, mais il y a un moment où l'intérêt général doit primer sur l'intérêt particulier de toutes les petites victimes que nous constituons tous autant que nous sommes, principalement lorsque nous sommes divisés. Non l'Amérique n'est pas si forte, sa force est une illusion qui repose sur l'abêtissement culturel des masses par sa culture de masse, destinée à conditionner plus qu'à élever.
Tout le monde sait très bien, sur ce forum de commentaires de Causeur, que vous êtes des gagnants de la mondialisation, et plutôt des bobos snobs des grands centres urbains, que vous êtes en gros les « sales gosses » d'Élisabeth Lévy à défaut d'être ses enfants fidèles, vous êtes avec Finkielkraut et Elisabeth Lévy, un peu comme les filles du roi Lear, des enfants profondément ingrats et peu reconnaissants.
Une fois encore je ne vous stigmatise pas, je ne vous jette pas la pierre, ce n'est pas de votre faute, et je n'ai rien à dire sur ce forum, car c'est vous leurs enfants légitimes, alors que je ne suis que leur enfant adoptif, ou encore pour le dire comme Nietzsche, le fruit d'une « généalogie fantastique ».
Et tout cela ne choque absolument personne tant que la sécurité d'Israël est assurée, mais pour combien de temps encore ? Dans un tel contexte de guerre civile, y compris jusqu'en Europe ? Spinoza aurait dû vous apprendre que l'on ne peut pas être « un empire dans un empire », que si le monde s'effondre, à commencer par l'Europe, alors même Israël, cette revanche des persécutés de la terre entière sur le monde entier, s'effondrera aussi.
Seulement voilà les gars, le principe de réalité, à savoir que nous vivons sur une planète aux ressources limitées, et aux équilibres environnementaux fragiles, n'est pas conforme avec l'idéologie libérale. D'ailleurs Finkielkraut qui dénonce la marchandisation de tout ce qui est vivant, et Zemmour qui défend bec et ongle, l'âme de la France éternelle, seraient plutôt d'accord avec moi qu'avec le polémiste et consorts.
Par vos commentaires, vous trahissez tous l'âme du journal Causeur, et le message qu'il veut faire passer, qui est un message de rassemblement et d'union, mais surtout de résistance face au péril qui nous menace tous et qui est un péril de dilution dans l'islamisme et le féminisme outrancier (bien que les deux soient à terme strictement incompatibles, comme le remarque fort justement Houellebecq) de ce qui a fait le caractère de la France durant 1500 ans, et non pas de repli chacun dans son particularisme, n'est-ce pas monsieur le polémiste (dilution et délation... ;-)
Enfin bref plus personne ne croit en la France, et le pauvre républicain quand il essaie de la défendre un peu, se retrouve à un contre dix, pourtant j'avais cru comprendre que lui aussi était un libéral... mais son tort est de défendre la France et les Français, ce qui est inadmissible pour une âme bobo victimaire, et qui s'est généralement enrichie derrière le dos des véritables victimes "en chair et en os". »

Le libéral : « Je suis enchanté d'apprendre que la mondialisation me range dans le camp des gagnants. Je ne l'aurais pas découvert moi même.
Bon, ce n'est pas tout ça, je vais devoir payer l'Impôt sur la fortune, et je dois veiller sur mes 9 000 000 000 d'euros placés aux îles Caïman. Je ne voudrais pas être obligé de vendre un de mes petits châteaux en Touraine. Je vous écris tout ça de Floride au bord d'une piscine de marbre veiné d'orichalque et remplie de champagne ou s'ébattent de charmantes jeunes filles vêtue d'un collier d'émeraude. Avant de plonger et de m'ébattre parmi ces naïades TRES aimables, j'achève de vider ma bouteille de Romanée Conti à votre santé, vous là bas, les pauvres. J'ai ensuite à conférer avec les collègues de "Bull and Scones". »

Moi : « Monsieur le libéral, pour commencer merci de m'avoir répondu, c'est un signe de courtoisie et de civilité que peu de vos condisciples ont encore sur ce forum et en général dans l'espace public, où l'ostracisation des fâcheux y est la norme. J'interprète votre réaction comme une marque de haute civilité, et donc la preuve que la civilisation n'est pas encore tout à fait morte, dans ce vieux pays qu'est la France, et qui perd son âme à essayer de se moderniser bien plus vite qu'il fait l'effort de transmettre l'héritage de son passé glorieux, pour employer une litote, puisqu'en réalité il y a totalement renoncé, faisant par là même le lit de l'islamisme et du féminisme le plus outrancier.
J'essaierai de me rendre digne de l'intérêt que vous semblez être le seul à me porter encore, je sais aussi que de votre côté cela doit vous demander un effort énorme, et que vous pensez que peut-être au fond je n'en vaille pas la peine.
Qui sait ? Peut-être que oui, peut-être que non, moi-même j'ai une revanche à prendre sur la société, mais je sais aussi que cela ne vaut pas quitus pour le "n'importe quoi", dont vous semblez presque tous peu ou prou penser que je me rends coupable immodérément, avec une certaine complaisance.
Or ce n'est pas le cas, je ne joue pas la comédie, et plus grave encore, je pense réellement tout ce que je dis, même quand cela s'exprime parfois à travers un esprit de provocation qui peut heurter ceux qui se sentent meurtris dans leur chair par les événements récents et l'esprit génocidaire si répandu au XXème siècle et peut-être même déjà en ce début de XXIème siècle dans certains endroits du globe, et dont notamment le crime le plus singulier et abominable de l'histoire de l'humanité constitue le summum de l'abjection. Au moins sur ce point et pratiquement uniquement sur ce point je suis en accord avec BHL.
Mais je vous répète que selon moi cet événement de par son ampleur inédite et hors norme, a quitté la sphère du particulier pour accéder au rang de l'universel, dont chaque être humain sur la planète doit se sentir redevable et solidaire, non pas seulement pour le crédit qu'on devrait faire aux descendants de ceux qui en furent les victimes, car après tout ils appartiennent à la même espèce que leurs bourreaux (et il n'est pas si rare dans l'histoire de voir les victimes se transformer en bourreaux et inversement). Mais pour la rupture qu'il introduit dans l'histoire de l'humanité, et pour le réveil concernant l'illusion que l'homme a toujours eu de lui-même, avant que des moyens techniques très développés lui permettent de passer à l'acte dans la réalisation de ses fantasmes les plus refoulés, mais qu'il avait sans doute déjà à l'état latent, dès les origines de l'humanité.
L'espèce humaine, et l'on pourrait dire le propre de l'homme, est d'être une espèce génocidaire, contrairement à toutes les autres espèces du règne animal. C'est désormais avec cette vérité là, dégagée de tous ses oripeaux humanistes, culturels et civilisationnels, que l'humanité va devoir vivre dorénavant. Et qui dit sans illusions dit peut être sans art ? Qui a dit que toute poésie était désormais impossible après Auschwitz ?
Dans le temps de l'après coup je me dis que l'espèce néandertalienne a dû faire les frais de cette pulsion génocidaire chez ses cousins sapiens sapiens. Peut-être que l'espèce néandertalienne n'était pas une espèce génocidaire au même titre que les Sapiens, et qu'elle aurait eu beaucoup à nous apprendre si elle avait survécu ? Ou alors peut-être aussi que le fond génocidaire est inscrit au cœur de la vie, y compris de tout le règne animal, qui ne dispose pas des moyens techniques développés pour s'en rendre coupable ?
Pour paraphraser Lars Van Trier, c'est peut-être la nature toute entière qui est la cause du mal, et la vie une malédiction. »

Le libéral : « Je parlerai sérieusement. Ma famille a pratiqué le métier militaire. Mon grand père a été soldat 7 ans dans l'armée russe, mon père soldat sept ans dans l'armée française, un cousin s'est fait tuer en 44 dans l'armée américaine, un autre a fait son service militaire dans l'armée polonaise et a certainement été assassiné plus tard, un autre cousin est rentré de la guerre dans l'armée russe si esquinté qu'il est mort très vite, ce qui lui a évité d'être assassiné comme tout le village par les Blancs, un autre cousin a fait la guerre d' Algérie... comme il n' y avait pas de guerre j'ai dû me contenter de faire mon service en Allemagne .
Après une vie de travail je suis écrasé d'impôts, et je vais devoir arrêter vu que ça devient fou. J'ai la perspective d'une retraite forte modeste, si les caisses ne font pas faillite. Et je remarque que le travailleur et surtout le travailleur indépendant est écrasé plus que de raison. Il est vrai que je n'ai pas encore de casier judiciaire et que je n'ai jamais dealé, je m'en excuse
Le monde étant ce qu'il est, je suis obligé d' observer ce qui est : notre gouvernement a renoncé à protéger les citoyens, des activités anti-sociales sont tolérées et pratiqué ouvertement (trafics, mendicité d'enfants, dégradation des façades par le tag), l' intelligence et l'instruction régressent, et on retrouve le bouc émissaire traditionnel, le juif, qui n'est plus un sémite mais un sioniste ou un hyksos pour africamaat. Ils sont responsables de l'immigration, de l'islamisme, de la guerre en Syrie au Liban et partout, du mariage pour tous, de la mondialisation, de la traite des noirs, ils martyrisent les Palestiniens (dont le nombre a triplé en 50 ans du fait de la médecine préventive), et sont condamnés par l'ONU, les communistes islamistes nazistes, la gauche, les identitaires, les panafricanistes, les antifascistes, antiracistes, racistes, fascistes, sans oublier MM Enderlin Soral Dieudonné. Le monde juif européen, terminé dans le monde arabe, à l'agonie dans le monde musulman, disparaît d'Europe. Et un monsieur se réjouit vertueusement de prévoir l'Iran mettre fin à l'état juif, sans faire du mal à personne bien entendu. Si Israël est liquidé, l'effet sera probablement le même que la disparition de la Tchécoslovaquie en 1938. La paix ne s'achète pas, elle doit être défendue.
Je conclus : je n'ai plus d'opinions politiques, je n'ai pas d'opinions religieuses, et je trouve le monde inquiétant. Et je ne suis pas content. Et je ne crois pas en la durée de l'UE. »

Moi : « "Après une vie de travail je suis écrasé d'impôts et je vais devoir arrêter vu que ça devient fou. J'ai la perspective d'une retraite fort modeste, si les caisses ne font pas faillite. Et je remarque que le travailleur et surtout le travailleur indépendant est écrasé plus que de raison."
Je peux comprendre votre ressentiment envers l'Etat en tant que travailleur indépendant. Mais personnellement ma thèse est que nous allons dans l'autre sens, vers la baisse des dépenses publiques et l'encouragement de l'enrichissement des fortunes personnelles en vue de l'innovation. Selon moi cela ne profitera pas à l'intérêt général mais à l'intérêt particulier de quelques happy few qui tireront leur épingle du jeu.
On en voit les prémisses dans le fait qu'aujourd'hui l'intérêt personnel de quelques individus supplante totalement l'intérêt général d'une communauté, ensemble des individus composant la société qui en régime démocratique était représenté par des États qui servaient l'intérêt général.
Avec le lancement de la "Falcon Heavy" dans l'espace, ce qui est inquiétant est que ce ne sont même plus des organisations étatiques qui font la loi en matière spatiale, comme la Nasa ou Ariane espace en Europe, mais des individus plus ou moins crédibles comme Elon Musk, que le système libéral a laissé s'enrichir de façon totalement démesurée.
On risque de retomber dans un genre de tyrannie qui n'aura alors plus rien à envier aux pires époques de l'histoire, cela ne manque pas.
On sera, on est déjà, dirigé par des multinationales menées par des gourous séduisants et séducteurs, mais des gourous, avec tous les excès que peut comporter la définition d'un tel mot. Vivons-nous encore en démocratie ? Quid de l'intérêt général ? Quand ce qui prime en régime libéral-libertaire est l'intérêt particulier d'une poignée d'individus qui dirigent le monde du travail, au gré de principes de management de plus en plus aliénants.
Est-ce que la vision que l'on peut avoir de mai 68, ne dépend pas d'où l'on se situe ? Pour ma part j'interprète ce mouvement comme une fantastique dilapidation de richesses.
Pour la génération qui l'a vécu ce fut très jubilatoire et plus encore très jouissif, comme pour un enfant de détruire le château de cartes qu'il avait mis des heures à bâtir. Une jubilation très perceptible dans le comportement de beaucoup de baby-boomers, même aujourd'hui, qui souvent se comportent encore comme des gamins à 70 ans révolus (refusant d'être coupables, ils se voulaient responsables, alors qu'en réalité ce sont tous globalement des irresponsables). Tous les possibles s'ouvraient alors à eux. Mais c'est bien finalement l'option libérale que la plupart des acteurs de cette époque ont choisi. Et cette « fête » que constitua mai 68, interminable (cf Philippe Muray), plus encore que ce mouvement anarchiste, ne peut-elle pas être interprétée par les générations qui suivent, souvent dans la douleur, comme une fantastique dilapidation de 1500 ans d'héritage principalement chrétien pour ce qui est de la civilisation occidentale, tant au niveau matériel, que moral et spirituel. Avec le recul, ne s'aperçoit-on pas qu'il s'agit d'un fantastique gâchis qui a abouti effectivement à l'enrichissement exponentiel d'une poignée d'individu dont le plus riche d'entre eux, Jeff Bezos, avec quand même 115, 7 milliards de dollars de capital, se définit lui-même comme un libertarien, c'est-à-dire comme un anarchiste certes capitaliste mais qui milite (la mot militant renvoie à un imaginaire propre aux contestations étudiantes des années 60/70) pour la suppression de toute contrainte étatique.
Ce qui est intéressant dans cette définition qu'un milliardaire donne de lui-même, c'est effectivement le terme anarchiste que l'on croirait directement issu des mouvements de la jeunesse occidentale en révolte dans la fin des années 60 et le courant des années 70. Terme anarchiste donc, qui établit un cousinage entre ce que le libéralisme semble avoir fait de pire (des situations de management où les travailleurs sont dépossédés de leur travail, aboutissant à des pathologies de burn-out généralisées), et la contestation sympa des jeunes chevelus baby-boomers dans ce tournant dans l'histoire.
Bref je pense que tout est lié, on ne peut distinguer complètement et les opposer, les courants anarchistes des courants néolibéraux qui ont émergés de mai 68, les deux ne sont pas distincts, mais s'enrichissent ou s'appauvrissent mutuellement et globalement (au sens de la mondialisation économique globale refusant toute contrainte étatique).
De plus, quid des générations venant après celle fameuse qui a fait mai 68 ? Qui globalement au nom de cette jouissance et de cette jubilation dans l'action de détruire un héritage, en vue de la réalisation d'une utopie (ou plutôt d'utopies diverses et variées ayant finalement générée une utopie globale, celle d'une mondialisation délivrée des contraintes étatiques), fut ensuite dans l'incapacité pour des raisons multiples en plus de celles que j'ai évoquées, de transmettre quoique ce soit aux générations venant après. Ce qui pourrait être un élément d'explication de la crise actuelle, dans l'incapacité qu'ont de bien vivre, car privées de tout héritage symbolique et même commun, les générations venant après cette génération funeste et globalement destructrice.
Bien entendu il ne s'agit que d'une hypothèse que je généralise dans un souci de démarche philosophique. Si réellement ce que ma proposition sur la génération des baby-boomers et de celles qui viennent après s'avérait exact, c'est-à-dire était généralisable, alors ne pourrait-on pas dire que l'hypothèse est valide ?
Est-ce qu'alors ma proposition ne prendrait pas la pertinence et la véracité d'un fait établi, alors que jusqu'ici il ne s'agissait que d'une hypothèse fondée sur un vécu particulier, une idiosyncrasie ? Car en recoupant une expérience avec d'autres expériences on arrive à peu près à la même conclusion.
Quel rapport avec le conflit israélo-palestinien ?
Oui je sais bien le conflit israélo-palestinien est un imbroglio désespérant, mais il faut bien voir la cause qui a amené selon moi à une telle situation : les Juifs ne pouvaient pas continuer à se laisser exterminer, comme ce fut le cas durant la seconde guerre mondiale, aboutissement de siècles de persécutions, ils ont donc dû reprendre une terre qui leur avait appartenu 2000 ans auparavant. Certes dans les pays libéraux par tradition, comme les pays anglo-saxons, notamment les Etats-Unis, les Juifs ne sont pas persécutés, et ils y sont même puissants. Mais sait-on jamais, même là bas aux Etats-Unis la situation pourrait évoluer défavorablement. Donc les Juifs avaient besoin d'une terre pour se rassurer, et en cas de « coup dur ». Ce qui est regrettable dans la façon dont cela s'est fait est le sort réservé aux Palestiniens. Pour ma part je suis en réalité opposé à une logique de colonisation des territoires occupés, et pour un partage du territoire, équitablement entre Israéliens et Palestiniens, il faudrait en revenir au plan de partage de 1947 (ou un autre plan de partage équitable), on n'en prend pas le chemin avec la reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis, comme capitale de l'État d'Israël.
Ce sont toujours des injustices initiales qui finissent par créer des conflits et donc des guerres, ceci aussi bien à l'échelle de la famille, qu'à une échelle bien plus vaste, géopolitique. D'autre part en soutenant aveuglément le « grand frère » américain parce qu'il pense qu'il y va de sa survie, un réflexe courant du peuple juif dans le monde, mais pas de tous ses représentants loin de là - puisque les exceptions les plus notables sont Noam Chomsky, Norman Finkestein et Howard Zinn aux Etats-Unis, notamment, qui critiquent avec virulence le système libéral qui favorise l'accaparement de l'ensemble des richesses crées dans le monde par une minuscule poignée d'individus ce que d'aucuns appellent oligarchie, et qui contribue à bâtir et débâtir l'échiquier politique dans le monde occidentale au gré de ses caprices et surtout intérêts, et qui se plaignent lorsque le "peuple" ne vote pas "comme il faut "(Brexit, Trump) -, je pense que le peuple juif fait fausse route.
En aparté Zeev Sternhell vient d'ailleurs de souligner très récemment un danger potentiel de dérive, notamment dans le sort réservé aux statut des Palestiniens, considérés non pas comme des citoyens mais des résidents du territoires, et donc in fine privés de droits élémentaires (voir ici).
En comparaison de l'oligarchie occidentale, ce qu'on appelle complaisamment l'oligarchie russe dans le monde occidental pour stigmatiser Poutine (mais pourquoi donc d'ailleurs ?), fait figure d'amateurisme. »

Le libéral : « Oui, en effet, les juifs avaient besoin de se rassurer en cas de coup dur. Les juifs de Pologne, par exemple, se retrouvaient à 300 000 sur 3 300 000, les autres étaient morts, et on en a assassiné après la guerre environ 2000. Crainte de coup dur, les autres sont partis. Dans le monde arabe la minorité juive a été jetée dehors. Les Israéliens s'entendent promettre l'extermination tous les jours et tout israélien sait qu'il risque l'assassinat dans la journée qui vient, le risque est faible, mais ça rend nerveux. Je rappelle qu'en 1968 on avait promis aux juifs israéliens de les tuer tous et qu'on chantait " égorge égorge ". L'Iran travaille à se munir de la bombe et a promis d'anéantir Israël. Alors si survient le COUP DUR, il ne restera personne.
Les Palestiniens ont été mieux traités que les juifs du monde arabe, ils constituent plus de 20 % des citoyens israéliens ce qui n'est pas tout à fait le cas en Libye Irak Algérie, ni au Yémen ou restent 50 juifs qui aux dernières nouvelles étaient menacés de morts par les rebelles Houthis, on ne les a pas exterminé et leur nombre est passé de 400 000 à 12 millions depuis la fin du 19ème siècle avec un record mondial d'accroissement. La médecine introduite par les juifs y est peut être pour quelque chose.
Quant aux méfaits du libéralisme ils m'échappent. La spéculation frauduleuse les délits d'initiés l'entente illégale la concussion n'est pas du libéralisme. L'appauvrissement des classes moyennes est peut être du à la logique économique, mais aussi à une politique fiscale délibérée. »

Moi : « Le principal méfait du libéralisme est dans ses origines et n'a rien à voir avec les Juifs, en rien ! Il réside dans le fait que l'homme y est considéré comme un animal commercial et consumériste, ne recherchant dans la vie que son intérêt propre, tel un Robinson Crusoé isolé qui se construirait tout seul au sein d'une société d'individus ou une communauté voire un peuple, alors que toutes les études anthropologiques montre qu'il un animal social qui a besoin de donner et de recevoir gratuitement de façon désintéressée, bref que la conception libérale telle que théorisée par Adam Smith constitue une mutilation de son psychisme (cf Marcel Mauss "La théorie du don").
Mais alors au sujet de la polémique soulevée par Zeev Sternhell. Les Palestiniens sont ils considérés comme des citoyens à part entière ou des "citoyens" de seconde zone, de simples résidents privés de droits ?»

Le libéral : « Il est évident que ce sont des citoyens de seconde zone et que l'égalité des droits est un mensonge. Mais avoir des droits et vivre dans une société de droits, c'est infiniment meilleur que de n'avoir pas de droits du tout et de pouvoir être tué quand les autres sont de mauvaise humeur.
Évoquer le nazisme à ses début, disons de 1920 à 1937, c'est exagéré. Comme dit l'auteur de l'article, l'Allemagne n'était pas menacée ni bombardée ni menacée de mort et les chrétiens n'étaient pas poignardés ou assassinés par des juifs. Il n'y a pas de numerus clausus en Israël ni de lois discriminatoires, ni de camps de concentration destinés à terroriser le monde. Comparons ce qui est comparable.
Le libéralisme consiste à laisser librement jouer les lois du marché et de l'ordre et la demande. Il est possible que le système capitaliste libéral aboutisse un jour à une société de milliardaires, un groupe d'employés bien payés totalement soumis aux riches et à une masse de prolétaires misérables. Ce fut à peu près l'état de la société au Haut Moyen âge, avant la seigneurie la chevalerie et la féodalité. C'est ce que prévoyaient Anatole France et Jack London. Mais ce n'est pas encore arrivé, bien que le laminage de la petite bourgeoisie soit un signe inquiétant. Par contre, ce type de société a été reproduit dans le monde communiste. Libéralisme et capitalisme ne sont pas parfaits et si on les applique comme des commandements religieux, ça devient malfaisant. L'expérience a montré que ça fonctionnait mieux que le socialisme et le collectivisme, qui se sont révélés catastrophiques. Mais il est vrai que capitalisme et libéralisme ne s'accordent pas aux instincts humains, qui ne recherchent ni la raison, ni la richesse, ni le bonheur. »






jeudi 15 février 2018

L'UJPF est-elle une organisation juive à caractère antisémite ?


Moi : « Vous n'êtes pas très crédible, car vous avez toujours des images qui culpabilisent tout le monde et qui atteignent constamment le point Godwin. J'entends bien que vous soyez meurtris dans votre chair par les exactions du nazisme. Mais hormis les juifs, pensez-vous que le monde entier soit méchant et/ou mauvais ? Et n'attribuez-vous pas la responsabilité du mal à tous les autres peuples, le peuple juif étant par "essence", "innocent", "pur" et "bon". N'est-ce pas faire preuve un tantinet d'esprit de partialité ? »

Un sympathisant : « Pourquoi tout le monde? Uniquement l'Europe à part l'Angleterre et Mohammed Amin al-Husseini grand mufti de Jérusalem et grand collaborateur des nazis pour l'extermination des Juifs. Il culpabilise qui? Les nazis et le p’tit mufti ? Faut espérer ! »

L'intransigeant : « Vous retournez les choses c'est le plus grand nombre qui dit que le peuple juif est coupable. Ne serait-ce que pour cela nous pouvons, nous qui ne sommes pas narcisses à ce point ni paranoïaques, dire que les quelques millions qui habitons cette terre ne peuvent être responsables des malheurs de milliards d'individus. »

Le polémiste : « Exactement ce que dit l'intransigeant ci-dessus, "vous retournez les choses", etc.
Outre la Shoah, vous ne pouvez nier que les Juifs sont persécutés depuis des temps immémoriaux.
Vous parlez du "monde entier". Les Juifs représentent en effet moins de 0.2% de la population mondiale.
En France, ils en restent moins de 0.7% de la population totale. Aujourd'hui même, sur notre propre sol, ils sont obligés de fuir les persécutions et même les meurtres. Que voudriez-vous qu'ils fassent ?
Quelle que soit leur prétendue nature, pensez-vous vraiment qu'ils soient en mesure de se rengorger ainsi que vous semblez le suggérer ?
Je me demande si, car ils sont aussi humains que nous quoi qu'on en dise, certains d'entre eux ne finissent pas, eux aussi, par se laisser persuader naïvement qu'ils sont persécutés par la faute d'Israël. »

Le libéral : « Pour ma part je ne juge aucun peuple. L'histoire d'un peuple, quel qu'il soit, est une suite de crimes de misères et de folies, et la raison en est que les hommes sont de méchants singes. Quand on a compris ça, on devient assez indulgent pour tout le monde. J'aimerais que les petits enfants palestiniens reçoivent une meilleure éducation, et les petits français aussi. Je n'ai jamais entendu un des amis et soutiens des Palestiniens parler de cela. »

Le militant de gauche : « Il faut arrêter de leur raconter des histoires (aux enfants). Le peuple juif est un mythe. Ça les enduit avec de l'erreur ! »

Un sympathisant : « Vraiment n'importe quoi ! Et oui on compare la Shoah maintenant aux terroristes du Hamas qui eux seraient des vicitmes innocentes et non des victimes d'une guerre qu'eux menent toujours en premier. »

Le militant de gauche : « Quand on prend un peu de recul, la plupart des victimes sont innocentes. »

Un républicain : « Là, c'est quand même plus rigolo que d'habitude, parce que c'est une association juive qui se tient mal et qu'il n'est pas donc possible d'amalgamer aussi facilement (et paresseusement) son antisionisme/sa critique de la politique d'Israël avec de l'antisémitisme, comme il est courant ici. »

Le libéral : « L'antisémitisme existe aussi chez les juifs et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Bizarre, mais c'est comme ça. »

Moi : « L'esprit d'impartialité est justement de ne pas faire porter la responsabilité du mal à un seul peuple ou bien à tout le monde sauf ce peuple, mais de tout mettre sur la table en essayant d'être le plus juste possible, à l'instar du comportement des Grecs anciens, et à l'opposé de celui d'un Johnny Halliday dans le partage de son héritage. Ce sont des situations d'injustice à la base, qui génèrent ensuite les pires crimes, par esprit de revanche ou de vengeance. Mais qui est encore capable de juger sans esprit de partialité, dans les débats passionnés que mettent en scène les commentaires du magazine Causeur ? »

L'Israélien : « Les non-juifs ne peuvent pas avoir la même sensibilité que nous sur ces questions. Chez nous qui sommes un petit peuple, chaque mort est comme un membre de notre famille qui disparait. On est en peine, on souffre, on l'enterre, on pose un caillou sur sa tombe fraichement remuée. Et on pleure. Quand c'est la moitié de notre famille, six millions, c'est insoutenable. Ça reste comme un poids en fonte qui écrase notre cœur. Qui peut comprendre ça si ce n'est un membre de la famille, de cette grande famille que nous formons, même sans nous connaitre tous. Mais « eux », qu'en savent-ils, comment pourraient ils resentir la même chose, et pourquoi le devraient-ils ? La seule chose que l'on puisse attendre des nations c'est le respect pour notre souffrance permanente, et le silence. Celui des enterrements, le silence des cimetières quand il nous arrive de nous rappeler de cette immense tragédie qu'a été la Shoah. »

Le polémiste : « Je ne vois pas où vous voulez en venir Erwan... »

Moi : « Dès qu'on essaie de prendre un peu du recul ou de ne pas prendre parti comme des membres d'une secte néolibérale, islamiste ou autre, vous ne voyez jamais où l'on veut en venir : ceux qui vous critiquent sont par nature coupables, c'est comme ça que vous les discréditez, et vous vous sentez par nature innocent. Je n'ai pas envie de me sentir coupable, donc je ne rentrerai pas dans votre jeu malsain à base de points Godwins récurrents. »

L'intransigeant : « Votre galimatias est incompréhensible : c'est quoi votre problème contre les juifs ? Vous êtes antisémite ? Soit ! Dans ce cas ça relève de la psychiatrie et rien d'autre donc il faut se faire suivre comme on dit... »

Le républicain : « Je sens la proposition - surtout d'une seule ligne et n'argumentant pas mais affirmant tranquillement - conçue principalement pour (re)conforter les convictions qui sont les vôtres, fussent-elles peu étayées, plutôt que pour contribuer à plus d'intelligence sur les phénomènes pouvant nous paraître "bizarres". À ce compte-là, généralisons : tout être humain a plus ou moins d'inclination à la haine de soi (et donc, entre autres, des principaux aspects spécifiques qui le constituent en propre). C'est regrettable, mais qu'est-ce que ça a à voir avec l'antisémitisme haineux et peu éclairé « envers l'autre », qui est à combattre ? Rien de significatif. Cette UJPF a l'air gauchistement délirante, mais ce que vous autres, Phalange-sioniste-active-chez-Causeur cherchez à étouffer par une étonnante posture symétrique du Point Godwin, ce qui est en soi révélateur, c'est simplement la possibilité d'une critique de gauche raisonnable de la politique d'Israël, une gauche qu'on n'entend quasiment plus, là-bas, et ça fait partie des dérives que l'on en droit de critiquer sans encourir de stupides stigmatisations comme celle dont nous discutons. »

Moi : « Comment voulez-vous que les Français s'unissent pour lutter contre le péril islamiste sur de telles bases ? Certains Juifs jouent constamment sur la corde sensible de l'antisémitisme pour que les Français se sentent coupables, un peu de tout et de rien (croisades, guerres de religions, colonialisme, esclavagisme, torture en Algérie, Shoah etc.), mais surtout de la Shoah.
Sans fond commun les Français ne pourront plus s'unir, car comme le souligne pertinemment quelqu'un comme Zemmour, ils ont renoncé à leur identité qui était leur roman national, pour se suicider eux mêmes depuis 1968. Il n'y aura donc personne pour s'opposer au péril islamiste en France, sinon sur quelles bases ? La défense de l'intégrité de l'État israélien ou la sécurité des ressortissants de confession juive, en France ? Si l'on suit le fil de mon raisonnement jusqu'au bout cela débouchera sur le scénario catastrophe évoqué dans le roman de Houellebecq : Soumission...
Je suis non-juif est je me sens suffisamment sensible à votre souffrance par le biais de ma génitrice qui s'est laissée embrigader par la secte de ceux qui exhibent constamment leur souffrance pour en retirer des avantages sonnants et trébuchants. Si ils voyaient l'usage que certains font de leur mort, je parle de l'instrumentalisation de la Shoah, bien des Juifs victimes du crime le plus abominable de l'histoire (je ne conteste nullement ce fait avéré et établi) se "retourneraient dans leur tombe". Le meilleur moyen de rendre hommage aux morts est de les laisser "reposer en paix".
La Shoah est un héritage funeste à méditer pour l'humanité entière sur le mal que peut générer l'espèce humaine mise dans des situations extrêmes (cf L'espèce humaine, Robert Antelme), ce n'est même pas l'héritage du seul peuple juif. Autrement cela débouche sur tous les abus d'instrumentalisation, et l'esprit de partialité inouï dont on voit constamment l'expression outrancière dans les commentaires du magazine Causeur. L'espèce humaine, le bien comme le mal qu'elle est capable de faire, est Une, il n'y a pas de petits groupes innocents par nature et d'autres coupables par essence. Et oui quand on médite sur l'Histoire récente de l'humanité on constate que l'homme générique (par delà ses appartenances religieuses, spirituelles ou laïques) est plutôt pécheur et ontologiquement coupable, plutôt que bon par nature.
Notre société repose sur la victimisation et les avantages que des « minorités » peuvent en retirer sur la plan politique et économique, qu'il s'agisse des femmes, des juifs, des musulmans, des noirs descendants d'esclaves, et pourquoi pas des Bretons comme moi. Tout le monde utilise la même dialectique victimaire pour clouer le bec de son interlocuteur. Si l'on fait la somme des « minorités » persécutées, elles sont largement majoritaires dans le pays. »

L'intransigeant : «Vous vous sentez suffisamment sensible à notre souffrance ? Mais on ne vous demande rien.
Notre souffrance, comme vous dites, fait partie de votre histoire. Méditez là, cette histoire, réfléchissez à comment vous en êtes arrivés à un tel degré d'ignominie. Cela, c'est votre héritage.
Occupez vous de votre héritage et nous nous occupons du nôtre. »

Le polémiste : « Vos délations et dilutions seront (sont?) appréciées à leur juste absence de valeur sur des sites d'une sphère lointaine. »

Moi : « Délation... Et quand Proust parle du rapport qu'il a eu avec sa mère, là aussi il y a délation ? On est ni responsable ni coupable du rapport que l'on entretient avec ses ascendants, et notre devoir est d'en rendre compte lorsqu'on estime que c'est nécessaire. »

La prof d'Histoire : « Une chose que dit Erwan avec laquelle je suis d'accord si vous permettez : la Shoah fait partie de l'histoire des juifs mais pas seulement. Elle appartient à l'histoire de l'Europe et au-delà, à l'histoire de l'humanité. Je me sens concernée par ce qui a été fait à Auschwitz parce que ça a été fait par des hommes, à des hommes que l'on ne considérait plus comme des hommes. »

L'Israélien : « Je vous dirais ce que j'ai répondu à Erwan plus bas : "vous pouvez compatir, mais pas vous substituer à nous". C'est comme dans un enterrement, au premier rang c'est la famille, viennent ensuite les amis. »

La prof d'Histoire : « Je ne cherche pas à me substituer à vous. Je ne me place pas sur le plan de l'émotion. Je ne cherche pas à faire une hiérarchie des souffrances (Cela, c'est ce que croient ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez). Je dis qu'intellectuellement, ce qui s'est passé là, constitue une césure dans l'histoire de l'humanité. Je ne peux comprendre votre souffrance mais je j'ai un vertige immense quand j'étudie cette histoire particulière. »

Le polémiste : « Personne ne nie la dimension universelle de ce fait historique. C'est bien pour cela que "l'argument" arabe qui consiste à dire "on n'a pas à payer le prix de ce crime" n'est pas vraiment recevable. »

Un républicain : « Je ne sous-entends pas qu'il y ait une solution à ce conflit cinquantenaire - dont les répliques perturbent la plupart des régions du monde sur toute cette période - dans le retour au "statu quo ante". Aussi bien pour un bénéfice local que pour faire cesser ces "répliques" très pénibles en plus de l'état du monde actuel, il faut vouloir trouver une solution à partir de la situation actuelle, ce que ne commence pas à essayer de faire le gouvernement d'Israël depuis trop d'années, ce pour quoi il est critiquable. Personnellement, j'aimerais voir advenir une solution confédérale où pendant une période initiale, Israël assurerait les fonctions régaliennes (et une remise à niveau des ressources) pour une Palestine désarmée, qui serait ainsi provisoirement sous tutelle. »

L'intransigeant : « "dont les répliques perturbent la plupart des régions du monde sur toute cette période." Vous considérez les juifs à l'origine de tous les conflits du monde ? Argument antisémite classique. Reprise du Protocoles qui se trouve sur votre table de chevet. »

Un républicain : « À propos de la remarque de Finklielkraut comme quoi il "regrette de voir l'antisémitisme coincé aujourd'hui entre le racisme et la haine anti-LGBT" je crois qu'il faut remarquer que les stratégies de combat et la dialectique des minorités visibles (femmes, noirs, homosexuels, musulmans...) ont été inaugurées par les groupes de pression et des intellectuels juifs entre 1950 et 2000 ce qui explique que l'on puisse parfois les ranger dans le même sac : celui des groupes qui demandent des traitements particuliers en raison de leur appartenance à une minorité menacée ou discriminée... Les musulmans en particulier ont beaucoup appris des juifs dans leurs efforts pour se victimiser et retournent contre ces derniers leur propre dialectique dans une nouvelle version de l'arroseur arrosé. Il y a pourtant une logique imparable dans ce retournement de situation : le concept de minorité est l'ennemi de celui de nation et de démocratie et donc, à terme, de liberté individuelle. Pour qu'un État-nation (et donc une démocratie) puissent fonctionner il faut qu'il limite au maximum le sentiment qu'ont certains de ses citoyens d'appartenir à des minorités, sentiment qui va parfois jusqu'au point où ces appartenances finissent par primer sur le sentiment d'identité nationale. La démocratie c'est la nation solidaire et unie, c'est l'union des citoyens qui luttent ensemble pour un même idéal, pas une somme de minorités qui luttent les unes contres les autres pour tirer le meilleur d'un système politique et d'un État. »

Moi : « Ah oui j'avais oublié ! Vos adversaires (les Golems qu'en réalité par votre attitude dogmatique et sectaire vous avez contribué à créer), c'est-à-dire tous ceux qui n'adhèrent pas aveuglément à votre idéologie néo libérale et mondialiste, en plus d'être l'incarnation du mal, sont de quasi réincarnations d'Adolf Hitler individuelles, et sont tous globalement des nihilistes caractérisés par leur absence de valeurs. Ce faisant vous vous privez d'alliés intéressants dans votre lutte légitime contre l'islamisme. »

Le libéral : « Oui monsieur, et je ne sais pas qui est votre génitrice ni de quelle secte vous voulez parler, et je ne suis pas curieux de le savoir, mais ce vous êtes, vous, je le sais, et je parie que vous n'êtes ni juif, ni arménien, ni allemand des sudètes, ni ukrainien, ni biélorusse, sinon vous comprendriez certaines choses. Enfin je me trompe peut être et tout simplement vous n'avez pas de coeur. »

Moi : « Est-ce que je vous demande d'avoir du cœur avec mes ancêtres qui se sont fait massacrer par les armées républicaines en Bretagne et en Vendée ? Ou bien alors avec la quasi intégralité de mes arrières grands parents qui on péri lors de la première guerre mondiale, occasionnant des traumatismes irréversibles ? Je vous répète que la Shoah est le crime le plus abominable de l'histoire, je veux bien que certains se sentent meurtris dans leur chair plus que d'autres, c'est légitime, mais c'est aussi un héritage à méditer pour l'humanité entière. Autrement dit je ne me laisserai pas voler cet héritage, pour l'intérêt d'un seul peuple, fusse-t-il plus que les autres meurtri dans sa chair. Il faut arrêter de jouer avec le chantage affectif ! »

L'homme viril : « "je ne me laisserai pas voler cet héritage" ! Même si d'aucuns peuvent vous comprendre, sur le fond, vous devriez surveiller vos formulations. »

L'intransigeant : « Oui, après avoir fait disparaître la moitié des juifs d'Europe, vous souhaitez voler à ceux qui ont survécu, jusqu'au souvenir de leurs morts? Vous êtes un grand malade, vous ! Peut être un haineux pathologique ? »

Moi : « Je n'ai pas dit ça, j'ai dit que cela constituait un héritage universel à méditer, à ne pas oublier, et également évidemment un deuil plus particulier pour ceux qui ont été meurtris dans leur chair. Vous dites, "vous", comme si c'était moi qui étais responsable de la disparition de la moitié des Juifs d'Europe. Écoutez, oui si vous voulez c'est moi le diable, le grand malade responsable de tous vos malheurs. Est-ce que réellement on peut discuter sans être assimilé à une réincarnation d'Adolf Hitler ? »

L'intransigeant : « Vous avez exprimé exactement "cela". C'est vous qui avez dit "je ne me laisserais pas voler cet héritage". Comme si les juifs qui évoquent leur histoire familiale vous "volaient" quelque chose, par cette simple évocation. »

Moi : « Merci docteur Freud. Je sais qu'il n'est pas de bon ton d'avouer ses faiblesses sur ce genre de forum, sous peine de passer pour une mauviette avec des problèmes psychologiques. Mais c'est effectivement quelque chose de cet ordre là. Quelque chose qui a une relation avec ce que la nature humaine a de plus immonde. Comme le lavage de cerveau et la culpabilité imposée à une mère, au nom d'une cause supérieure, celle d'un certain génocide, pour qu'elle ne s'occupe plus de son enfant, mais de membres de la communauté qui fut persécutée. Ça ressemble un peu à un film de Polanski, effectivement, on peut penser à "Rosemary's baby". »

L'intransigeant (qui finalement transige) : « Cela ne ressemble pas du tout à "Rosemary's baby". C'est vous qui décidez de le vivre ainsi. Malgré votre âge certain, vous restez bloqué au petit, furieux que sa mère ait d'autres centres d’intérêt. Le problème, ce ne sont pas les juifs. Le problème, c'est vous et votre incapacité à accepter votre enfance.
Tous ceux de la génération d'après ont des stigmates de ce qu'ont vécu leurs parents. J'en fais partie. On fait avec, on n'accuse personne. On comprend bien que nos parents ont fait comme ils ont pu pour survivre et vivre avec ça. On sait bien, de plus à notre âge, que ce n'est pas facile d’élever des enfants, que même sans la Shoah, la guerre, nous aussi on a fait des erreurs avec eux.
Alors, en plus, avec ça, comment leur en vouloir de quoi que ce soit ? »

Moi : « Je suis entièrement d'accord avec vous. Il se trouve que j'ai été sensibilisé très tôt au problème que posait la Shoah au peuple juif, parce que dès ma prime adolescence j'ai été élevé au contact de ce que ma mère appelait "la tribu", et qui était un groupe d'amis juifs. Il se trouve que ma mère par une certaine forme de haine de soi (ou simplement de moi), a choisi de totalement me désinvestir symboliquement, pour totalement investir et faire d'un des membres de cette "tribu", son quasi fils spirituel, et qui fut en même temps son amant. Je suis même à peu près sûr qu'elle essaiera de me déshériter, à l'avantage de cette personne (même si je sais que dans le droit français, il est impossible de totalement déshériter ses descendants). Honnêtement je n'ai rien à redire sur ce groupe d'amis juifs, ils étaient sympas avec moi, toujours. Oui ce que je condamne c'est le comportement irresponsable de ma mère, et je ne devrais pas faire l'amalgame avec le peuple juif en général. C'est elle qui a fait des choix (Shoah ?), ce n'est pas ce groupe d'amis qui l'a forcée à quoi que ce soit. Mais comprenez que les dommages psychologiques induits par une telle attitude, peuvent susciter l'éclosion de fantasmes, car c'est toujours difficile pour un fils de totalement stigmatiser sa mère, et on lui cherche toujours des circonstances atténuantes, comme une forme d'emprise exercée de l'extérieur sur elle. »

Le libéral : « Et je ne me suis jamais permis de dire un mot sur les gens qui évoquent les colonnes infernales et les exploits de Turreau Carrier et du général Amey (on trouve son nom sur l'Arc de Triomphe), qui sont une préfiguration des Einsatzgruppen. Cette guerre m'intéresse beaucoup, c'est une tentative de génocide pour le bien de l' humanité. Je suis également très intéressé par le sort des Arméniens en Turquie des Tibétains des Ukrainiens au début des années 30 des Biélorusses entre 1941 et 1944 des Polonais de Galicie des Tchetchenes Ingouches Karatchaïs Balkhars Kalmouks Tatars de Crimée Grecs en Turquie et à Odessa Gitans Russes d' Asie centrale Allemands de Prusse orientale Silésie Sudètes etc etc etc. Je ne sais pas quel crime est le plus abominable de l'histoire parce que la concurrence est sérieuse, mais je trouve tout à fait naturel que certains peuples pensent plus souvent que d'autres au passé. Quant aux néolibéraux et aux golems, je ne comprends pas trop et je m'en fous complètement. En gros, Robespierre, Hitler, Adam Smith, même combat ? »

Moi : « Ne sommes nous pas passés d'un paradigme religieux à un paradigme sacrificiel qui découle de l'économie de marché dérégulée, avec un court intermède laïque qui ne générait pas assez de sens ? Sacrificiel au sens où l'on peut faire l'analogie avec une civilisation comme la civilisation aztèque, je m'explique. Au sein de la famille : sacrifice de l'un de ses membres généralement un des enfants ou le seul enfant, pour qu'elle fonctionne ; au sein de l'entreprise ou d'un groupe social, sacrifice d'une catégorie du personnel ou de certains membres du groupe pour qu'ils fonctionnent, au sein d'une nation, sacrifice de catégories de la population (chômeurs, sdf), pour qu'elle fonctionne. Alors que les religions faisaient la différence entre fidèles et hérétiques, ou fidèles et infidèles (selon la terminologie musulmane, les "infidèles"), avec tous les abus liés à l'intolérance que cela pouvait susciter (l'inquisition, les croisades, les guerres de religions) ; notre société sacrificielle, dont le leitmotiv est la jouissance très intense du réel immanent comme justification et comme récompense, sans principes transcendants d'origine divine ou spirituelle, et sans contraintes liées à la transmission d'une culture ou d'une civilisation, ne génère-t-elle pas une fabrique dualiste de bourreaux et de victimes ?
Enfin pour rendre compte de ce Réel traumatisant ou exaltant, cela dépend où l'on se situe, bien des œuvres d'art sont là pour en rendre compte. La noirceur de la vision de l'homme des premiers théoriciens libéraux, qui repose sur le fondement irréfragable de son unique intérêt personnel, de son isolement théorique au sein de la société, et du rapport de lui-même avec lui-même comme un Robinson Crusoé, et non sur la théorie anthropologique du don et du contre don qui sous-entend qu'il est avant tout un animal social qui puise sa richesse dans la relation avec autrui, interrelationnel observable dans toutes les tribus primitives et aussi dans la plupart des sociétés religieuses d'antan ou contemporaines, et enfin les conséquences de cette vision noire, pessimiste et pauvre, sur le fonctionnement de la société, est bien rendue visible dans une grande partie de la production artistique issue du cinéma (je pense tout particulièrement à un film comme "Crash" de Cronenberg qui rend compte du thème de l'automutilation), de la bd, ou de la littérature.
Pour conclure la crise actuelle ne vient-elle pas d'un contresens par les théoriciens libéraux, de ce qui fait la nature profonde de l'homme, et aboutissant aujourd'hui à des phénomènes comme le sacrifice ou l'automutilation ? Ce vaste contresens n'est-il pas à l'origine de l'aporie ou crise de civilisation gigantesque dans laquelle nous nous trouvons ? »

Le polémiste : « blablabla incompréhensible, fumeux et prétentieux. Ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut ouvrir sa grande g.... »

Le libéral : « Il y a plus d'assassins au Venezuela qu'en Suisse. »

Moi : « Tout être humain est digne de donner et de recevoir. C'est plus conforme à sa nature et à sa dignité d'être humain, que la poursuite de son seul intérêt personnel. Caractérisation purement individualiste faite de lui par les premiers penseurs libéraux (parmi lesquels Adam Smith), et qui l'abaisse non pas au rang de la bête, mais plus bas encore que la bête. »

L'israélien : « Je ne crois pas que vous soyez antisémite, ce serait dommage pour votre fille, en bon père que vous semblez être. Mais vous n'êtes pas un endeuillé vous-même. Vous pouvez juste compatir, pas nous juger. Notre ressentiment, notre souffrance nous appartient. Elle n'est pas un bien commun. Personne ne vous empêche de mettre un caillou sur nos tombes, mais leur entretien est à notre charge, c'est notre concession, pas la vôtre. »

Moi : « Pourquoi alors l'enseignement de la Shoah est-elle l'enjeu crucial de l'Éducation nationale, faudrait-il y renoncer ? Il faudrait renoncer au fait que cela constitue non pas seulement un deuil privé légitime, mais un bien publique au sein de la chose publique qu'est précisément la République ? »

Le libéral : « Ah parce que vous pensez qu'un libéral est incapable de donner et de recevoir ? »

Moi : « Vous ne pouvez nier la crise de civilisation dans laquelle nous nous trouvons, et qui est aussi un élément d'explication de l'émergence d'un phénomène comme l'islamisme. Autrement dit sans libéralisme il n'y aurait pas d'islamisme virulent en Europe ? Oui je le pense... »

Le libéral : « N'importe quoi... Si vous avez tellement la nostalgie du marxiste, il y a encore des pays qui le pratique qui peuvent très bien vous accueillir. »

Moi : « Cet héritage qui appartient au patrimoine universel de l'humanité, quand je dis « je » (« je » ne me laisserai pas voler cet héritage), très immodestement j'aimerais parler pour ce qu'il y a d'universel en l'homme, au nom de tout ce qui échappe à ses particularismes, nature universelle et intemporelle de l'être humain, rendue par bien des penseurs, écrivains, artistes d'origine juive notamment, puisque des circonstances contingentes (que j'ai déjà expliquées) ont permis à ce peuple de survivre à l'Antiquité, contrairement aux Grecs anciens, aux Romains ou aux Gaulois.
Pour ma part je comprends tout à fait le besoin pour les Juifs, de savoir que quelque part ils peuvent se sentir en sécurité, et ce quelque part est la terre d'Israël, avec le moins d'injustices possibles souhaitables sur le partage des terres entre Israéliens et Palestiniens (je sais que la situation est très complexe), je ne leur jetterai pas la pierre sur la gestion du conflit israélo-palestinien.
Tout comme pour la France à défaut désormais d'un fond commun religieux comme le catholicisme à la base de son identité et qui remonte au baptême de Clovis, ne peut-on envisager au moins l'enseignement du roman national, c'est-à-dire de l'histoire tout court, sans qu'on la censure au nom du politiquement correct ?
Moi ce qui m'intéresse plutôt c'est le sort de la France, plus encore que celui d'Israël. Et la France ne va pas bien, mais alors pas du tout. Finkielkraut dit que « nulle sphère de l'existence n'échappe désormais au principe marchand ». Allons plus loin, le déclin de la France est une conséquence directe du triomphe du libéralisme, et du communautarisme multiculturel qui est une de ses conséquences. »

Le polémiste : « Plus haut dans le fil de la conversation, vous avez évoqué l'expression "chantage affectif", je ne comprends pas ? »

Moi : « "Chantage affectif" renvoie au recours trop systématique et banalisé de photos qui évoquent la persécution des Juifs durant le seconde guerre mondiale, pour les comparer à la situation actuelle sur le rapport des Juifs avec les musulmans, le point Godwin est systématiquement atteint, j'appelle cela jouer avec les émotions de vos lecteurs pour emporter leur adhésion. Tout comme l'intervention en Irak fut justifiée notamment par la comparaison de Saddam Hussein avec Hitler. La banalisation de la persécution des Juifs à tort et à travers, risque à terme de vous desservir et de se retourner contre vous. Car vos adversaires sont suffisamment intelligents pour comprendre vos techniques de combat afin de les retourner contre vous. Ce que les islamistes ont commencé à faire en France, non seulement contre les ressortissants français d'origine juive, mais aussi contre l'enseignement de l'histoire du roman national à l'école, et plein d'autres choses, par la victimisation qu'ils savent très bien faire de leur "communauté" musulmane au sein de la nation française (bien que la notion de "communauté" ne soit pas conforme au modèle français d'intégration). Au point que l'on ne sait plus très bien aujourd'hui ce qu'est la nation française... »

Le polémiste : « Vous puisez vos plaintes d'une source riche en n'importe quoi. »

Moi : « Ce qui m'intéresse plutôt c'est le sort de la France, plus encore que celui d'Israël. Et la France ne va pas bien, mais alors pas du tout. Finkielkraut dit que « nulle sphère de l'existence n'échappe désormais au principe marchand ». Allons plus loin, le déclin de la France est une conséquence directe du triomphe du libéralisme, et du communautarisme multiculturel qui est une de ses conséquences, c'est dans ce sens là que je parle de la responsabilité du néolibéralisme dans la situation actuelle.
Golems, c'est dans le sens où à force de polluer le débat et de tout ramener à leur souffrance particulière (sans nier le caractère universel d'un traumatisme comme la Shoah), certains Juifs risquent de créer leurs propres créatures monstrueuses qui se retourneront contre eux, à force de les avoir stigmatisés dès l'enfance à coup de culpabilisation outrancière. »

Le libéral : « Hélas monsieur, je suis un travailleur et je vois parfaitement que la société où je vis n'est pas du tout libérale en économie. Je paye pour le savoir et je vous assure que le travail n'enrichit pas. C'est même tout le contraire.
Quant à créer des golems... Si des gens sont agacés au point de devenir des criminels, c'est peut être que ce sont de très mauvaises gens. Moi aussi on m'emmerde, je n'ai pas l'intention de devenir un assassin. »

Moi : « Et bien luttez pour que la société devienne enfin libérale, moi je lutterai pour le contraire. »

Moi : « Et bien sûr nous tous européens sommes à mettre dans le même sac pour des faits certes imprescriptibles, mais pour lesquels nous n'étions même pas nés. Comme je l'ai déjà évoqué dans mon premier commentaire, nous sommes tous nés coupables car Européens, sauf les Anglo-Saxons bien sûr.
Mais dans votre raisonnement vous oubliez l'Asie aux facultés d'adaptation remarquables, dans la lutte à mort que se livrent des continents entiers sur le plan économique, je ferais bien un petit pari sur l'Asie.
Pourquoi ? Parce qu'ils ne se déchirent pas comme nous, comme sur le continent européen, entre descendants de juifs, chrétiens ou musulmans désormais.
J'ai déjà expliqué que mes ancêtres avaient été persécutés et pour certains génocidés par la République durant la Révolution française. Je n'ai aucune leçon à recevoir en matière de persécution de votre part, merci ! Est-ce que je vous demande d'avoir du cœur avec mes ancêtres qui se sont fait massacrer par les armées républicaines en Bretagne et en Vendée ? Ou bien alors avec la quasi intégralité de mes arrières grands parents qui on péri lors de la première guerre mondiale, occasionnant des traumatismes irréversibles ? La nature profonde de l'homme consiste dans sa capacité à donner et recevoir, pas dans la poursuite de son petit intérêt individuel égoïste, fusse-t-il celui d'un peuple ayant subi la plus abominable et singulière des persécutions. »

L'homme viril : « Ben alors ramenez pas votre fraise avec les Chouans... si je vous disais que le sud Vendée était pour grande part républicain ; que je viens d'une famille bretonne jacobine ayant célébré l'empereur... et que la couronne britannique a mis les ancêtres qui m'ont donné mon patronyme au martyr... allez ça va... »

Moi : « Tu me fais craquer, tu es d'une telle virilité mon chou ! »

L'homme viril : « Gamin va ! Mais la Shoah n'est pas un héritage c'est une plaie. Il n'y a rien à "voler" !»

Moi : « Oui mais c'est une plaie pour le genre humain, qui descend de son piédestal avec un tel crime sur la conscience. Car encore une fois selon moi le genre humain est Un, il n'y a qu'une seule nature humaine qui est universelle. C'est tombé sur le peuple allemand de commettre l'irréparable, mais cela aurait pu être n'importe quelle autre nation du monde. D'ailleurs les Allemands ne sont pas les seuls à avoir commis des génocides. Il me semble quand même que le premier génocide de masse fut celui des Indiens d'Amérique. Peut-être même que ce qui caractérise l'espèce humaine par rapport aux espèces animales est son aspect génocidaire... Ça fait réfléchir effectivement ! »

L'homme viril : « Houla ! Vous pleurez des ancêtres d'il y a deux siècles que vous n'avez pas connu vous ? Ne voyez-vous pas que votre comparaison est totalement déplacée ?! »

Moi : « Et si je vous disais que mon ex-compagne est juive, que ma fille est juive, que mon beau-père qui m'a apporté affection et bonté est juif, vous me croiriez ? »

Le polémiste : « Qu'est-ce qu'on a à foutre de votre chantage sentimenteux? En quoi vos problèmes psychologiques sont-ils pertinents au sujet en discussion ? »

Moi : « Je reconnais là bien votre style de juif à la nuque raide, et votre façon de chasser vos proies en meutes. Vous vous trompez de cible ! »

L'homme viril : « Ah mais sur le fait que l'humanité est souvent à désespérer, qu'on a fait des progrès dans la barbarie, et le génocide, pour finir par s'envoyer en l'air aux portes des ghettos, là, bien sûr qu'on va tomber d'accord... vous n'avez pas inventé l'eau chaude mon vieux ! »

Moi : « Oui ce n'est pas ça le cœur de "mon" problème effectivement. Moi j'ai su donner et recevoir de la part de Juifs. J'ai même "donné" un enfant à votre communauté par amour, mais continuez à m'insulter de façon dogmatique pour vous prouver votre virilité. Je sais que désormais le mot Amour n'évoque plus rien pour vous, et qu'il n'y a plus que la Haine ! »



vendredi 9 février 2018

Le lancement de la fusée Falcon Heavy ne peut-elle pas être assimilée à une "performance" (telle qu'on la définit dans l'art contemporain) ?


Est-ce que réellement une société peut fonctionner sur autre chose que la théorie du don et du contre don telle qu'énoncée par Marcel Mauss ? Après cela pose bien des questions. Est-ce que tout le monde est capable de jouer le jeu sans tricherie, c'est-à-dire sans essayer d'accumuler tout seul dans son coin dans le jeu capitalistique de la concurrence, comme un « renard dans le poulailler » ?
Toujours est-il que la société libérale actuelle ne s'est pas construite sur ce modèle du don, pourtant propre à la nature humaine et qui sous-entend l'interrelationnel. Mais il y a maintenant environ 250 ans par la voix des premiers théoriciens de la doctrine libérale, et ses épigones qui sont venus la soutenir au fil du temps, sur une vision beaucoup plus pessimiste et noire de la nature humaine, qui supposait que l'homme se construit comme un individu isolé des autres individus à la manière d'un Robinson Crusoé au sein même d'une société, incapable suivant cette conception de donner (puisque les autres n'existent pas, comme l'interrelationnel n'existe pas au fond), mais juste d'accumuler pour s'enrichir, par le biais du commerce en ne poursuivant que des intérêts personnels.
Au point qu'aujourd'hui l'intérêt personnel de quelques individus supplante totalement l'intérêt général d'une communauté, ensemble des individus composant la société qui en régime démocratique était représenté par des États qui servaient l'intérêt général.
Avec le lancement de la Falcon Heavy dans l'espace, ce qui est inquiétant est que ce ne sont même plus des organisations étatiques qui font la loi en matière spatiale, comme la Nasa ou Ariane espace en Europe, mais des individus plus ou moins crédibles comme Elon Musk, que le système libéral a laissé s'enrichir de façon totalement démesurée.
On risque de retomber dans un genre de tyrannie qui n'aura alors plus rien à envier aux pires époques de l'histoire, cela ne manque pas.
On sera, on est déjà, dirigé par des multinationales menées par des gourous séduisants et séducteurs, mais des gourous, avec tous les excès que peut comporter la définition d'un tel mot. Vivons-nous encore en démocratie ? Quid de l'intérêt général ? Quand ce qui prime en régime libéral-libertaire est l'intérêt particulier d'une poignée d'individus qui dirigent le monde du travail, au gré de principes de management de plus en plus aliénants.
Peut-être alors que la théorie du don et du contre don telle qu'énoncée par Marcel Mauss, est incompatible avec la vision de l'homme qu'en avaient les théoriciens libéraux ? Peut-être même que l'idée de démocratie est incompatible avec la vision de l'homme qu'en avaient les théoriciens libéraux ?

Il me semble qu'à bien des égards l'art contemporain ne fasse que mimer les processus économiques à l'œuvre dans le capitalisme moderne, par la dichotomie valeur d'échange/valeur d'usage concernant l'utilisation que l'on peut faire d'une œuvre contemporaine qui repose plus sur sa valeur d'échange que d'usage précisément, par la notion d'obsolescence programmée des objets d'art contemporain généralement, par la notion aussi de bulle spéculative par laquelle une œuvre d'art contemporain accède à une forme de reconnaissance, enfin par la notion de performance, dont le sens peut évoquer la démarche d'un artiste contemporain, mais aussi qui aligne l'art sur le processus qui préside à la production/consommation ; sur le résultat obtenu dans une compétition, les performances d'un champion ; sur le rendement, le résultat le meilleur : les performances d'une machine. C'est aussi un peu me semble-t-il, la force et en même temps la limite de l'art contemporain.

Juste pour revenir à l'actualité, la voiture avec son mannequin à bord lancé dans l'espace par la fusée Falcon Heavy, ne pourrait-t-elle pas être assimilable à une œuvre d'art contemporain ?
« La performance (...) héritière du happening et des courants anarchistes de l'après-1968, elle est encore souvent considérée comme refusant précisément le courant d'industrialisation et de marchandisation de l'art. » (voir ici dans les commentaires). Vous faites le distingo entre marchandisation et anarchisme, je vais essayer de démontrer que les deux termes sont en réalité liés aujourd'hui, alors qu'ils ne le furent pas du point de vue de leur genèse historique.
Est-ce que la vision que l'on peut avoir de mai 68, ne dépend pas d'où l'on se situe ? Pour ma part j'interprète ce mouvement comme une fantastique dilapidation de richesses.
Pour la génération qui l'a vécu ce fut très jubilatoire et plus encore très jouissif, comme pour un enfant de détruire le château de cartes qu'il avait mis des heures à bâtir. Une jubilation très perceptible dans le comportement de beaucoup de baby-boomers, même aujourd'hui, qui souvent se comportent encore comme des gamins à 70 ans révolus (refusant d'être coupables, ils se voulaient responsables, alors qu'en réalité ce sont tous globalement des irresponsables). Tous les possibles s'ouvraient alors à eux. Mais c'est bien finalement l'option libérale que la plupart des acteurs de cette époque ont choisi. Et cette « fête » que constitua mai 68, interminable (cf Philippe Muray), plus encore que ce mouvement anarchiste, ne peut-elle pas être interprétée par les générations qui suivent, souvent dans la douleur, comme une fantastique dilapidation de 1500 ans d'héritage principalement chrétien pour ce qui est de la civilisation occidentale, tant au niveau matériel, que moral et spirituel. Avec le recul, ne s'aperçoit-on pas qu'il s'agit d'un fantastique gâchis qui a abouti effectivement à l'enrichissement exponentiel d'une poignée d'individu dont le plus riche d'entre eux, Jeff Bezos, avec quand même 115, 7 milliards de dollars de capital, se définit lui-même comme un libertarien, c'est-à-dire comme un anarchiste certes capitaliste mais qui milite (la mot militant renvoie à un imaginaire propre aux contestations étudiantes des années 60/70) pour la suppression de toute contrainte étatique.

Ce qui est intéressant dans cette définition qu'un milliardaire donne de lui-même, c'est effectivement le terme anarchiste que l'on croirait directement issu des mouvements de la jeunesse occidentale en révolte dans la fin des années 60 et le courant des années 70. Terme anarchiste donc, qui établit un cousinage entre ce que le libéralisme semble avoir fait de pire (des situations de management où les travailleurs sont dépossédés de leur travail, aboutissant à des pathologies de burn-out généralisées), et la contestation sympa des jeunes chevelus baby-boomers dans ce tournant dans l'histoire.
Bref je pense que tout est lié, on ne peut distinguer complètement et les opposer, les courants anarchistes des courants néolibéraux qui ont émergés de mai 68, les deux ne sont pas distincts, mais s'enrichissent ou s'appauvrissent mutuellement et globalement (au sens de la mondialisation économique globale refusant toute contrainte étatique).
De plus, quid des générations venant après celle fameuse qui a fait mai 68 ? Qui globalement au nom de cette jouissance et de cette jubilation dans l'action de détruire un héritage, en vue de la réalisation d'une utopie (ou plutôt d'utopies diverses et variées ayant finalement générée une utopie globale, celle d'une mondialisation délivrée des contraintes étatiques), fut ensuite dans l'incapacité pour des raisons multiples en plus de celles que j'ai évoquées, de transmettre quoique ce soit aux générations venant après. Ce qui pourrait être un élément d'explication de la crise actuelle, dans l'incapacité qu'ont de bien vivre, car privées de tout héritage symbolique et même commun, les générations venant après cette génération funeste et globalement destructrice.
Bien entendu il ne s'agit que d'une hypothèse que je généralise dans un souci de démarche philosophique. Si réellement ce que ma proposition sur la génération des baby-boomers et de celles qui viennent après s'avérait exact, c'est-à-dire était généralisable, alors ne pourrait-on pas dire que l'hypothèse est valide ?
Est-ce qu'alors ma proposition ne prendrait pas la pertinence et la véracité d'un fait établi, alors que jusqu'ici il ne s'agissait que d'une hypothèse fondée sur un vécu particulier, une idiosyncrasie ? Car en recoupant une expérience avec d'autres expériences on arrive à peu près à la même conclusion.

C'est dire si la question de l'art contemporain, de savoir si il se rattache à un modèle libéral ou un modèle anarchiste, apparaît bien futile et dérisoire en comparaison de la crise de civilisation dans laquelle nous nous trouvons. Et l'art contemprorain n'est-il pas intéressant en tant qu'il peut être un révélateur de cette crise ? Un symptôme du passage de témoin d'une civilisation qui reposa sur l'idée de Dieu (avec un art chrétien rendant directement hommage à Dieu, et les mouvements classique, baroques puis romantiques qui s'y rattachent par filiation spirituelle), à une civilisation qui repose sur la fascination de la Technique (principalement l'art contemporain) et privée de toute transcendance divine (un art surréaliste qui cherche sa transcendance dans l'inconscient et le rêve, un art moderne puis aujourd'hui contemporain qui ont pris acte de la mort de dieu) et de toute spiritualité, sans morale non plus. Art contemporain donc, témoignage d'une époque, plus symptomatique et intéressant sous cet angle là, que de savoir s'il se rattache à une filiation anarchiste ou libérale (puisqu'a fortiori comme je l'ai dit les deux termes sont étroitement liés aujourd'hui) ?
Ne sommes nous pas passés d'un paradigme religieux à un paradigme sacrificiel qui découle de l'économie de marché dérégulée, avec un court intermède laïque qui ne générait pas assez de sens ? Sacrificiel au sens où l'on peut faire l'analogie avec une civilisation comme la civilisation aztèque, je m'explique. Au sein de la famille : sacrifice de l'un de ses membres généralement un des enfants ou le seul enfant, pour qu'elle fonctionne ; au sein de l'entreprise ou d'un groupe social, sacrifice d'une catégorie du personnel ou de certains membres du groupe pour qu'ils fonctionnent, au sein d'une nation, sacrifice de catégories de la population (chômeurs, sdf), pour qu'elle fonctionne. Alors que les religions faisaient la différence entre fidèles et hérétiques, ou fidèles et infidèles (selon la terminologie musulmane, les "infidèles"), avec tous les abus liés à l'intolérance que cela pouvait susciter (l'inquisition, les croisades, les guerres de religions) ; notre société sacrificielle, dont le leitmotiv est la jouissance très intense du réel immanent comme justification et comme récompense, sans principes transcendants d'origine divine ou spirituelle, et sans contraintes liées à la transmission d'une culture ou d'une civilisation, ne génère-t-elle pas une fabrique dualiste de bourreaux et de victimes ?
Enfin pour rendre compte de ce Réel traumatisant ou exaltant, cela dépend où l'on se situe, bien des œuvres d'art sont là pour en rendre compte. La noirceur de la vision de l'homme des premiers théoriciens libéraux, qui repose sur le fondement irréfragable de son unique intérêt personnel, de son isolement théorique au sein de la société, et du rapport de lui-même avec lui-même comme un Robinson Crusoé, et non sur la théorie anthropologique du don et du contre don qui sous-entend qu'il est avant tout un animal social qui puise sa richesse dans la relation avec autrui, interrelationnel observable dans toutes les tribus primitives et aussi dans la plupart des sociétés religieuses d'antan ou contemporaines, et enfin les conséquences de cette vision noire, pessimiste et pauvre, sur le fonctionnement de la société, est bien rendue visible dans une grande partie de la production artistique issue du cinéma (je pense tout particulièrement à un film comme Crash de Cronenberg qui rend compte du thème de l'automutilation), de la bd, ou de la littérature.
Pour conclure la crise actuelle ne vient-elle pas d'un contresens par les théoriciens libéraux, de ce qui fait la nature profonde de l'homme, et aboutissant aujourd'hui à des phénomènes comme le sacrifice ou l'automutilation ? Ce vaste contresens n'est-il pas à l'origine de l'aporie ou crise de civilisation gigantesque dans laquelle nous nous trouvons ?