lundi 25 février 2019

L'humanisme destructeur



Les Etats-Unis représentent 5 % de la population mondiale, mais consomment jusqu’à 40 % des matières premières et sources d’énergie, et apportent 50 % de toute la pollution du globe. Souvenons-nous que le développement de l'humanisme a connu une époque où, après d’Holbach, Helvetius, Diderot, fut proclamée et acceptée par de nombreux adeptes la théorie de « l’égoïsme rationnel ». Si l’on parle sans fioritures, il s’ensuivait que le plus sûr moyen de faire du bien aux autres était d’obéir strictement à ses propres intérêts égoïstes. Aussi l’humanisme rationaliste, cet anthropocentrisme opiniâtre et séculier, ne pouvait-il échapper à une crise inéluctable. Et quel bon air cela nous a-t-il apporté ? Un totalitarisme économique, directif et universel : la mondialisation libérale sur fond d'oligarchie ploutocratique génératrice d'injustices sociales et de désordres migratoires qui s'exacerbent avec le temps, et qui expliquent des phénomènes comme le Brexit, l'élection de Donald Trump ou encore l'apparition du mouvement des gilets jaunes en France ! Comment est-ce possible ? De surcroît, engendré par les pays les plus démocratiques qui soient ! N'oublions pas non plus que libéralisme, socialisme et communisme ont une seule racine commune : l'humanisme, qui lui même a des racines religieuses judéo-chrétiennes.

Il faudrait tout simplement revenir sur l'humanisme et la confiance aveugle que l'on met en l'Homme, pour tout reconstruire sur des bases religieuses mais à l'échelle mondiale, personnellement le bouddhisme aurait ma préférence comme trame structurelle : pure utopie bien peu réaliste évidemment, puisque le mondialisation se fait suivant le principe de la cupidité propre au capitalisme, et non ceux de la compassion et de la sympathie que l'on retrouve encore comme des ersatz dans certaines parties du monde, noyés dans la mondialisation et l'industrie du tourisme. Il faudrait faire de la Nature un temple sanctuarisé avec ses tabous et ses rituels si l'on voulait éviter sa dégradation puis sa destruction, oui la deep ecology est une forme de secte qui pourrait se transformer en religion, donc en mode de pensée sectaire et dogmatique : c'est sans doute le revers de la médaille d'un tel mode de pensée pour des individus formatés par plus de deux siècles de sécularisation comme nous autres Occidentaux.

L'Homme a besoin de se prosterner devant plus grand que soi, voire pourquoi pas de se soumettre, si l'on veut qu'il respecte quoique ce soit, sinon ce sera le rôle de la dictature, oui et certainement dans le cadre de l'oligarchie que l'on connaît déjà... Mais bon ! comme on ne peut revenir en arrière et que l'on doit subir les développements funestes de l'idéologie de philosophes des Lumières optimistes sur la nature humaine et inconséquents, il nous faut bien respecter ce qui reste à respecter : les valeurs de la République ou autrement dit de la démocratie dans la plupart des pays occidentaux, et faire semblant de croire à leur universalisme pour pouvoir continuer à vivre dans un monde rendu par elles hyper violent et destructeur des équilibres anthropologiques et environnementaux...

Quand un seul peuple est sacralisé et mis au dessus des autres parce qu'il a subi la pire abjection c'est-à-dire le plus singulier des génocide, tout fait écho à ce meurtre originel y compris la moindre allusion antisioniste assimilée à de l'antisémitisme, et cela finit par créer des jalousies : pourquoi des Hommes ou des États auraient-ils plus de valeur que d'autres et ne seraient pas critiquables, alors que l'on a postulé au départ l'universalisme des droits de l'Homme ? On le voit malgré le principe d'universalisme républicain postulant l'égalité laïque entre les Hommes, tous recherchent en réalité un point de sacralité à partir duquel il s'agit de se définir : comme si l'Homme sécularisé ne pouvait entièrement se départir de ses racines religieuses. C'est de là que naît le conflit : les Hommes ne sont pas égaux aujourd'hui devant le sacré (d'un point de vue psychanalytique : l'amour du Père c'est-à-dire de dieu), et c'est de cette inégalité que naissent les injustices sociales, voire les désordres climatiques et migratoires. D'où la guerre que les musulmans poursuivent sur le terrain religieux en vue de l'hégémonie pour certains, de plus de justice sociale pour d'autres, alors qu'ils l'avaient commencée dans les années 60/70 sur celui du tiers-mondisme et du marxisme.

Les dés sont pipés au départ, le libéralisme, le néodarwinisme c'est-à-dire la compétition, et la méritocratie républicaine sont en réalité des slogans sans fondement et des impasses ; ce qui assure sa survie à l'être humain c'est la caractère de chez-soi de son environnement que lui confère une sacralité religieuse. Voilà pourquoi même le communisme a échoué partout où il a voulu s'imposer en raison de sa racine commune au libéralisme : l'humanisme séculier ; et un socialisme coupé de ses racines conservatrices y compris religieuses par opposition à progressistes, serait lui aussi voué à l'échec. Ainsi tout notre édifice idéologique libéral est-il une fuite en avant mortifère, particulièrement intense en l’absence qui plus est de toute alternative idéologique crédible comme le communisme, pour se masquer cette réalité indépassable : l'Homme est un homo religiosus mû par des idéaux transcendants, que l'on ne parviendra jamais à totalement transformer en homo œconomicus mû par de purs motifs égoïstes ; c'est un contresens opéré sur la nature humaine qui explique la crise et les apories actuelles, dont nous ne sortirons pas sauf changement radical de paradigme.

Cependant la plus belle preuve que l'on a été élu par le Père, est le retour sur investissement d'affects par des signes de réussite. Voilà pourquoi Israël de tout temps, marqué par un très long intermède diasporique qui n'est pas clos, peut s’enorgueillir de ses rejetons et susciter la jalousie et la convoitise de ses rivaux en sacralité comme l'islam ; parce que cette nation contrairement à la France et la plupart des nations occidentales entièrement sécularisées, n'a jamais entièrement renoncé à ses racines religieuses qui lui ont fait conserver son identité à travers les âges, malgré l'absence d'un quelconque royaume temporel pendant des siècles...
Oui Je pense qu'Israël est avant tout une nation, une nation essentiellement spirituelle qui pendant longtemps ne s'est pas construite sur un territoire, mais dans l'esprit d'un peuple que l'on ne peut même pas définir ethniquement, car il est le fruit d'apports hétérogènes par prosélytisme discret.

dimanche 17 février 2019

Finkielkraut joue son rôle en cabotinant



Moi : « Sinon Finkielkraut a voulu faire le buzz... et il a fait le buzz comme d'habitude ! À chaque fois qu'il y a des mouvements sociaux il se fait conspuer et il le sait très bien même si ce n'est pas normal, cela lui permet de susciter l'indignation unanime de la classe politique, d'être appelé personnellement par le président pour qu'il lui dise toute sa détermination contre l'antisémitisme, et d'être invité sur tous les plateaux télé pour dire tout le mal qu'il pense du mouvement des GJ et du nouvel antiracisme antisémite. Notre finkielkraut est un cabot, peut-être un peu plus narcissique que la moyenne, et qui aime être rassuré et cajolé par les plus hautes autorités dont il fait d'ailleurs partie. »

Hinageshi : « Quand la députée LREM Laetitia Avia reçut une lettre anonyme raciste - et la menaçant de mort - Causeur se fendit d’un article passablement dégueulasse dont voici un extrait :
« […] il ne s’agit que d’une lettre, une seule, d’un anonyme marginal et,
avant de surjouer l’indignation, il est sans doute préférable d’accorder
à cet acte l’importance qu’il mérite. Apporter de façon brute une telle
lettre sur la place publique, c’est encore alimenter le mythe selon lequel
nous vivrions dans un pays d’affreux beaufs racistes, gangrené par
un péril nazi, comme aux heures les plus sombres de notre histoire, etc.
Mais pour la victime autoproclamée, le procédé est très avantageux.
Cela permet de faire parler de soi en bien, de redorer son image gratuitement,
d’avoir grandes ouvertes les portes du plateau de C à vous et d’attirer
à soi les tweets de “total soutien” d’une classe politique à l’unisson dans
un concours d’indignation larmoyante. »
Des esprits chagrins pourraient faire remarquer que les insultes lancées hier contre Finkielkraut peuvent être décrites peu ou prou selon les mêmes termes. C’est avec impatience que l’on attend donc les articles que Causeur ne va pas manquer de publier à la rescousse du Grand Homme. »

C. Canse : « La loi fait une différence entre injure privée et publique. Un courrier, fût-il anonyme, est privé ; pas la rue. »

J. bobo : « Si vous pensez qu'une lettre raciste anonyme dont on ne connait pas la provenance peut se comparer à des bordées d'insultes et d'attitudes violentes spontanées de la part d'un groupe d'hommes en plein jour dans une rue parisienne c'est que vous divisez le monde en catégories trop larges pour pouvoir comprendre ce qui s'y passe. »

Hinageshi : « Vous avez raison. Une injure telle que « Sale sioniste de merde » est d'une insoutenable gravité, en comparaison de « grosse truie noire venue d'Afrique », vu que la première a été lancée en pleine rue, et la seconde parvenue par voie postale… Ah… les catégories et leur insondable finesse ! »

J. bobo : « Non, la différence n'est pas là. Elle est dans le fait que ces insultes aient été proférées face à face de manière physiquement menaçante dans l'espace public, en plein jour et devant d'innombrables témoins. Cette lettre anonyme est... anonyme. Personne ne peut dire qui l'a écrit et dans quel but. Si ça se trouve elle se l'est écrite elle-même, qu'en savons-nous ? Tandis que pour Finkielkraut nous savons que ce n'est pas bidon, d'autant plus que l'origine ethnique de ce groupe d'hommes menaçants ne fait aucun doute. Mais si vous ne voyez pas la différence, si c'est trop subtil pour vous... »

C. Canse : « Erwan, vous n'avez pas honte ? »

Moi : « J'ose espérer que vous êtes ironique. »

C. Canse : « Certainement pas. Se promener et se faire insulter n'a rien à voir avec "faire le buzz". Lors des manifestations, la presse est présente et c'est son travail que de filmer ; ici, un gros plan est fait de l'insulteur, cela permettra au procureur de le faire retrouver rapidement. »

Émile Kzomil : « Pas sûr cela pourrait indisposer certaines populations favorables à notre conducator. »

C. Canse : « Le cameraman ne semble pas vivre dans le déni, c'est beaucoup trop rare. »

Émile Kzomil : « Je parlais plutôt du parquet, il se peut fort bien qu’il fasse comme avec le coffre de Benalla... »

C. Canse : « Nous verrons s'ils osent. »

L'Ours : « M. Blesbois, vous n'avez même pas lu ma réponse un tout petit peu plus bas et votre méconnaissance du bonhomme est criante..
Quand vous aurez le dixième sinon de son niveau au moins de son honnêteté intellectuelle, vous viendrez faire le malin. Finkielkraut est tout sauf un cabot, mais on sait qui sont les chiens ! »

Moi : « Je ne remets pas en question son honnêteté intellectuelle, mais il a son style bien à lui et très prévisible depuis le temps, que j'assimile à du cabotinage, il n'y a qu'à voir son grand sourire jusqu'aux oreilles lorsqu'il se fait copieusement insulter. Pendant ce temps là alors qu'il n'est pas dépourvu d'humour, à savoir pouvoir rire de lui-même et du propre rôle qu'il se voit assigner par la société française : le juif de service ; les plus hautes autorités de l'État réagissent comme il se doit avec une absence totale d'humour et d'ironie, en brandissant le bâton.
Comme il l'a très bien exprimé dans Le Juif imaginaire : « Le Juif errant, c’est moi ; le détenu famélique au pyjama rayé, c’est moi ; moi, le torturé de l’Inquisition, moi Dreyfus à l’île du Diable. Voilà le roman dans lequel j’ai passé mon adolescence. Le Différent, l’Écorché vif, le Rescapé : je n’en finissais pas de brandir et de savourer cette image. Du judaïsme, je ne retenais que l’adjectif auquel il me donnait droit et l’usage narcissique que je pouvais en faire. J’allais chercher dans mes origines, les fastes que me refusait la trame sans accroc d’une existence studieuse et sage. J’étais, d’un seul tenant, un Juif authentique et un Juif imaginaire. » »

Ji : « Je n'aime pas injurier les personnes, mais avant je ne vous lisais pas parce que vous étiez trop long, maintenant je ne vous lirai plus parce que vous êtes trop ...

Moi : « Attention je ne prends pas partie, je ne me situe pas au niveau du droit pour dire si il est légitime ou non de poursuivre ceux qui se prétendent antiracistes et se cachent derrière cet alibi pour faire preuve d'antisémitisme en insultant une personne de confession juive, je dis juste que Finkielkraut en bon cabotin coutumier du fait (si c'était la première fois il aurait le bénéfice du doute, mais là il y a récidive) est allé les chercher pour faire entendre sa petite musique, et in fine discréditer le mouvement des GJ. Or précisément Finkielkraut a minimisé ce matin sur LCI les violences policières en France, et mis l'accent sur la violence des manifestants qui selon lui reste globalement impunie : on croirait presque entendre du Berléand dans le texte, l'expression d'un parisianisme bobo apeuré. Que Finkielkraut s'en prenne aux islamo-gauchistes et aux « racailles » islamisées cela ne me gène pas car les flux migratoires incontrôlés sont la conséquence du néolibéralisme, donc in fine du macronisme dans la lignée de ses prédécesseurs ; mais qu'il cherche à discréditer le mouvement des GJ influencé qu'il est par un certain parisianisme, j'y vois là une macronisation inquiétante de son discours alors qu'au départ il soutenait plutôt ce mouvement, dont l'origine ne l'oublions pas est une réaction saine aux dégâts du néolibéralisme et donc du macronisme dans la vie quotidienne des gens. »

Ji : « Et bien il devient de temps en temps urgent de "prendre partie", et votre accusation sur Finkielkraut est abjecte.
On peut même le remercier de mettre en évidence qui sont les pourritures antisémites qui gangrènent les GJ.
Au passage, je ne crois parce qu'il "confesse" une quelconque religion, mais il est juif. »

Moi : « Plus abjecte que d'aller crever l’œil de Jérôme Rodrigues parce qu'on l'a reconnu comme un leader du mouvement ? »

J. bobo : « Pourquoi refuser de nommer les choses, les agresseurs sur cette vidéo sont tout simplement des gens d'origine maghrébine... »

mercredi 13 février 2019

L'antisémitisme est-il lié au mouvement des gilets jaunes ?



Tous les phénomènes actuels d'antisémitisme, de cyber-harcèlement, d'homophobie, que sais je encore ! tant ils sont nombreux et quasiment non résorbables ! prouvent bien que l'éducation dans un cadre strictement sécularisé, humaniste et progressiste est un non sens. La génération qui a fait mai 68 fut globalement élevée dans des valeurs religieuses certes en grand déclin par la force des choses et du « progrès », et elle a cru s'en émanciper comme d'un carcan étouffant - c'est d'ailleurs le point de départ du mouvement : pouvoir partager les dortoirs avec les étudiantes, bref réclamer la mixité à l'école - : grave erreur d'interprétation, ce sont ces valeurs qui lui permit de se fédérer dans un mouvement harmonieux et dont elle a privé les générations postérieures, qui sont incapables de se fédérer gracieusement mais dans le conflit, la discorde et la fabrication de boucs émissaires comme les institutions de la République ou les Juifs.

Ceci étant je comprends le mouvement des gilets jaunes, car il est l'expression d'une prise de conscience que l'on peut certes trouver maladroite très globalement et surtout sur la forme, des méfaits du néolibéralisme sur le plan économique et social qui sont énormes et la source d'une violence qui s'exerce contre le peuple ; et la manifestation des dégâts du progressisme et de l'humanisme au niveau de l'éducation qui se traduisent par les dérives violentes du mouvement que l'on ne peut nier, tout comme la répression qui s'exerce à son égard et qui est tout aussi réelle quoique selon moi disproportionnée et occultée par les médias mainstream
Effectivement, les gens il faut leur apprendre dans leur enfance à respecter l'autorité et cela ne peut venir que d'une transcendance religieuse et à condition que l'autorité soit juste, et pas de ces dérisoires valeurs de la République dont on mesure aujourd'hui l'impuissance tant elles sont injustes dans leur essence, et dont Sade avait même pressenti le potentiel destructeur et antéchristique pour s'en réjouir et annoncer plus d'un siècle en avance toutes les horreurs du XXème siècle ; sinon c'est Sa majesté des mouches dans la cour de récréation avant de le devenir dans la société des adultes. Les enfants reproduisent à l'âge adulte dans la société, ce qu'ils avaient connu enfants : leur propre insécurité face à une autorité globalement malveillante où les gros poissons mangent les petits, et où cette insécurité face aux prédateurs néolibéraux et néodarwiniens ou autres, est devenue tellement normale que cela ne fait plus réagir personne à l'âge adulte, hormis précisément aujourd'hui les GJ et c'est là que ce mouvement recueille tout notre intérêt.

Voilà pourquoi je me méfie du progressisme et de l'humanisme - comme le montre d'ailleurs sans une certaine ironie mordante l'affaire de la « ligue du LOL », où les donneurs de leçons professionnels les plus virulents sont aussi les plus virulents harceleurs, comme si ils avaient le mieux compris la nature profondément perverse du système à sa racine -, et pense qu'il faut se battre pour le maintien ou le rétablissement de valeurs qui avaient fait leurs preuves, comme des valeurs religieuses de compassion et d'amour contre celle de l'intérêt privé, qui prévaut exclusivement dans le libéralisme des origines dans l'esprit de ses concepteurs, et dont ne s’exonèrent pas les institutions de la République, où la volonté n'est jamais pure et neutre contrairement à ce que l'on voudrait nous faire croire, mais influencée par les intérêts les plus « importants » qui en fin de compte sont pratiquement toujours l'expression du degré d'avidité des acteurs ; volonté qui est tout sauf de nature bienveillante pour le commun des mortels ou le citoyens lambda, et dont la devise pourrait être : « les gros poissons mangent les petits, amen ! ». 
Maintien ou rétablissement de valeurs certes au sein d'un dogme c'est inévitable, mais qui ne soit pas exclusif mais universel, et c'est bien ce que réclament les GJ : moins d'inégalités et plus de justice sociale ; et les valeurs de la République malheureusement ont toujours une tendance invariable à s'écarter de leur caractère universel au profit d'intérêts particuliers, d'où habituellement ce soupçon de favoritisme et ce complotisme de la part du commun des mortels, que bien sûr les élites condamnent même si il fait partie selon moi de l'essence même du projet libéral privé de toute transcendance, hormis humaniste ou progressiste ce qui est un oxymore. 
Effectivement, Sade avait prévu de tels développements intrinsèquement liés à la nature de la République privée de toute transcendance religieuse. Il voyait beaucoup plus loin et de manière plus pessimiste que tous les autres philosophes qui lui sont contemporains appelés « des Lumières » (avec le recul on pourrait dire « des Ténèbres »), et n'avait aucune illusion sur l'Homme : dans l'Histoire de Juliette notamment, il avait pressenti notre modernité, pour effectivement s'en féliciter avec le sentiment formé à partir de son nom et qui lui est propre et à quelques autres - voire suivant sa logique à la globalité des Hommes sous régime républicain -, le sadisme : « Souviens-toi, nous dit la nature au lieu de cela, oui, souviens-toi que tout ce que tu ne voudrais pas qui te fût fait, se trouvant des lésions fortes au prochain, dont tu dois retirer du profit, est précisément ce qu'il faut que tu fasses pour être heureux ; car il est dans mes lois que vous vous détruisiez tous mutuellement ; et la vraie façon pour y parvenir est de léser ton prochain. »

Mais bon comme on ne peut revenir en arrière et que l'on doit subir les développements funestes de l'idéologie de philosophes optimistes sur la nature humaine et inconséquents, il nous faut bien respecter ce qui reste à respecter : les valeurs de la République et faire semblant de croire à leur universalisme pour pouvoir continuer à vivre dans un monde rendu hyper violent par ces mêmes valeurs...

samedi 9 février 2019

Le capitalisme c'est l'avidité érigée en système


C'est très différent d'accumuler pour soi ou pour les dieux : les prêtres accumulaient les richesses dans les pyramides, les temples, puis les églises et les cathédrales... pour les dieux ou dieu ! Tout comme dans l'antiquité on faisait des sacrifices aux dieux lorsque l'on profanait la nature, comme tuer des bêtes pour les manger, dont on trouve encore des traces dans les rituels d'abatage juifs et musulmans. Toute offense à la nature ou prélèvement de ses fruits, avait un prix dont les Hommes s'acquittaient. Avec l'humanisme, qui a certes des origines religieuses, toute trace de culpabilité envers les créatures créées par la nature hormis les Hommes a pratiquement disparu, comme toute marque de gratitude pour sa prodigalité ; bien au contraire l'enrichissement matériel personnel démesuré qui cause un grand tort à l'environnement et à autrui, est favorisé par le capitalisme qui n'est qu'une production de l'humanisme : lui-même une foi aveugle et une confiance démesurée dans le genre humain qui a pourtant largement prouvé son haut potentiel destructeur tout au long du XXème siècle.
Mais il faut bien avouer aussi que dans ce qu'est devenu l'Homme contemporain ou « moderne », il y a sans doute un vieux fond de vénalité qui se trouvait déjà chez l'Homme pré-historique et qui a profité de circonstances favorables pour pleinement s'épanouir grâce au capitalisme. L'Homme religieux était peut-être une erreur et une hypocrisie de tout temps, brimant son avidité intrinsèque et constitutive et son authentique désir de viol et de profanation. L'Homo œconomicus est devenu franchement cynique, de ce cynisme il n'a pas conscience car c'est devenu une seconde nature : un Homme avec un brin de sens du sacré et de pudeur propre à l'antiquité, voire à l'islam ou au bouddhisme, transposé à notre époque et en nos lieux, serait profondément choqué par nos comportements impudiques et profanateurs.
Le capitalisme c'est l'avidité érigée en système d'organisation de la société, et ce n'est ni l'amour ni la compassion qui lui servent de principes, que toutefois les gens peuvent toujours pratiquer dans un cadre privé si ça leur chante mais qui ne revêt aucun caractère obligatoire, contrairement à l'avidité si l'on veut y survivre. Toutes les autres manifestations d'avidité dans d'autres périodes de l'Histoire que je ne nie pas, font figures de bien pâles copies folkloriques et sans fondement théorique.
Dans ces conditions l'Homme et ses éventuelles productions artistiques peuvent difficilement échapper au déterminisme inscrit dans ce système d'organisation, qui repose rationnellement sur l'avidité selon la conception qu'en avaient les premiers philosophes libéraux britanniques et français, surtout Adam Smith...
Quelle conception pauvre et bien peu spirituelle de l'Homme, que de le réduire à sa dimension purement vénale : c'est l'Homme unidimensionnel. En réalité la satisfaction des instincts primaires est nécessaire et constitue la condition non suffisante qui rend possible l'accès à des nourritures plus spirituelles, mais elle n'est pas essentielle.
Je ne suis pas sûr avec le recul du temps présent et de ses atrocités, que l'Homme fut en situation d'exiger quoique ce soit des dieux comme « un juste retour » des sacrifices qu'il leur offrait, une créature si vile et si injuste intrinsèquement qui cachait bien son jeu pour les trahir le moment venu ! Mais voilà que désormais grâce à la sécularisation de ses aptitudes intellectuelles et l'humanisme, il se retrouve comme « maître et possesseur de la nature », avec un jouet qu'il exploite sans vergogne jusqu'à épuisement ; pas sûr cependant que l'Homme lui-même y ait gagné au change : si la planète qui lui sert d'asile commun avec ses pairs se transforme en caillou stérile sans que sa technologie qu'il divinise, lui permette de se sauver et d'en exploiter d'autres.

Ce n'est certainement pas avec des populistes de droite comme Le Pen, qui ne remettent pas en question le système capitaliste que la situation s'arrangera. Il faudrait tout simplement revenir sur l'humanisme et la confiance aveugle que l'on met en l'Homme, pour tout reconstruire sur des bases religieuses mais à l'échelle mondiale, personnellement le bouddhisme aurait ma préférence comme trame structurelle : pure utopie bien peu réaliste évidemment, puisque le mondialisation se fait suivant le principe de la cupidité propre au capitalisme, et non ceux de la compassion et de la sympathie que l'on retrouve encore comme des ersatz dans certaines parties du monde, noyés dans la mondialisation et l'industrie du tourisme. Il faudrait faire de la Nature un temple sanctuarisé avec ses tabous et ses rituels, si l'on voulait éviter sa dégradation puis sa destruction, oui la deep ecology est une forme de secte qui pourrait se transformer en religion, donc en mode de pensée sectaire et dogmatique : c'est sans doute le revers de la médaille d'un tel mode de pensée.
Et ce ne sont pas non plus ces dérisoires institutions de la République, ces pitoyables valeurs de la République, qui nous sauveront en France, dont on a fait notre vache sacrée, alors qu'elles ne génèrent globalement que de la violence et du conflit puisqu'elles ne sont pas neutres de tout pouvoir politique, lui même soumis aux diktats du capitalisme...


vendredi 8 février 2019

Les déchets du capitalisme



« Il n’y a pas plus cubiste qu’une guerre comme celle-là qui te divise plus ou moins proprement un bonhomme en plusieurs morceaux et qui l’envoie aux quatre points cardinaux. » (Fernand Léger, Lettre à Jeanne Lohy, 28 mars 1915) 

Ce sont les guerres comme la première guerre mondiale qui permettaient au système de repartir à 0, et qui ont sans doute contribuées à inspirer des styles artistiques comme le cubisme, mais à la marge du système.
Le capitalisme est un système en perpétuel déséquilibre, qui se caractérise par l'accumulation de richesses dans les mains de quelques uns, l'augmentation de la dette, des inégalités, jusqu'à son paroxysme de tension dans le conflit et la violence, d'une façon ou d'une autre, qui est sa dépense sacrificielle inhérente.
Les religions réglaient le problème autrement mais n'étaient pas non plus sans générer de la violence. La dépense sacrificielle semble la part maudite de toute société humaine dont elle ne peut pas faire l'économie, cela peut se caractériser aussi par la fabrication de boucs émissaires. Aujourd'hui le système semble avoir atteint sa limite, et au delà commence la purge qui a déjà démarré par exemple avec la répression des gilets jaunes et les violences policières, mais cela peut aller encore beaucoup plus loin : il n'y a pas de limites à la violence du capitalisme parce qu'il n'y a pas de limites rituelles, sacrées, taboues à la volonté de puissance de chacun qu'aurait pu apporter une religion dont c'était la fonction régulatrice. Il n'y a pas non plus de limites à la violence de beaucoup d'anti-capitalistes comme les Black-blocs.
Résultat le XXème siècle fut bien plus sanglant que tous les autres siècles malgré les progrès techno-scientifiques et la confiance humaniste, c'est-à-dire la foi aveugle que l'on avait mis en l'Homme. Le XXIème siècle continuera-t-il à faire aveuglément confiance en l'Homme et à sa volonté de puissance sans limite qui s'incarne dans son système capitaliste, ou dans toute autre forme de système dont l'origine serait humaniste comme le communisme ?
On peut voir l'art comme un reliquat des religions qui a aussi une fonction régulatrice d'apaisement, mais qu'en est-il de cette fonction en régime libéral, humaniste et sécularisé ? L'art s'est marchandisé comme tout le reste, non ? L'art ne semble plus voué qu'à générer des œuvres dont l'obsolescence est programmée, qui ont perdu leur dimension d'intemporalité pour se faire déchets du système qui caractérisent la condition de l'Homme moderne...

Ce n'est certainement pas avec des populistes de droite comme Le Pen, qui ne remettent pas en question le système capitaliste que la situation s'arrangera. Il faudrait tout simplement revenir sur l'humanisme et la confiance aveugle que l'on met en l'Homme, pour tout reconstruire sur des bases religieuses mais à l'échelle mondiale, personnellement le bouddhisme aurait ma préférence comme trame structurelle.
Et ce ne sont pas non plus ces dérisoires institutions de la République, ces pitoyables valeurs de la République, qui nous sauveront en France, dont on a fait notre vache sacrée, alors qu'elles ne génèrent globalement que de la violence et du conflit puisqu'elles ne sont pas neutres de tout pouvoir politique, lui même soumis aux diktats du capitalisme...

vendredi 1 février 2019

La main (dans ta gueule) invisible




Depuis de Gaulle les élites au pouvoir se sont irrésistiblement éloignées des préoccupations du peuple, les aspirations de ce dernier sont systématiquement méprisées et foulées au pied (cf. le traité de Lisbonne, l'immigration massive, l'absence de redistribution des richesses, le pouvoir politique dans les mains de la finance et des ultra-riches...) : la violence qui s'exerce aujourd'hui de sa part, toute relative, et moindre que celle dont la police fait usage à son encontre, est proportionnelle à la violence sociale qu'il subit depuis 1983 environ, son corrélat logique. Le populisme qui est aujourd'hui un terme traité péjorativement par les médias, quasiment synonyme de fascisme, n'a pas toujours eu cette connotation ; populisme cela veut dire aussi prendre en compte les aspirations du peuple, et il peut être de droite mais aussi de gauche : cf. les mouvements anarchistes et socialistes de la fin du XIXème notamment, qui ont donné lieu à la commune de Paris, en réaction aux excès du libéralisme destructeur des équilibres sociaux, déjà !

Le projet libéral est d'abolir toute idée de société (There is no society, Thatcher), il n'y a que des individus que rien ne relie. Alors on peut dire que la société se délite sous l'action du libéralisme qui atomise, qui « darwinise » les rapports humains, qu'il y a une évolution vers l'atomisation et la guerre de tous contre tous depuis en gros les années 80, mais que la société résiste notamment avec un mouvement comme celui des GJ, qui prouve que tout n'est pas encore complètement mort d'un point de vue social.
Rien que pour cette raison bien sûr qu'il faut encourager un tel mouvement, plutôt que d'accepter de se faire dévorer par les grands prédateurs de la finance qui sont la Volonté qui anime le pouvoir politique incarné par Macron, qui l'ont porté aux commandes en attente d'un retour sur investissement.
Il n'y a pas de société, car le pouvoir politique au service des intérêts financiers voudrait qu'il n'y ait que des individus en situation de précarité plus ou moins importante, le « cul à l'air » et qui luttent au jour le jour pour leur survie, donc in fine incapables de la moindre rébellion collective : la destruction programmée de la classe moyenne ; c'est dans le projet du libéralisme mais pas encore tout à fait complètement dans la réalité mais presque... sous l'action du néodarwinisme qui détruit (aspect destructeur et antéchristique de la République et des libéraux, que Sade avait pressenti avec une certaine joie malsaine dès la Révolution française donc bien avant que Darwin puisse être mal interprété), une des composantes essentielles du néolibéralisme contemporain depuis les années 80.

Ouvrez les yeux, observez, sentez l'air du temps... et au fondement d'une telle évolution délétère de la société on trouve effectivement la doctrine d'Adam Smith, qui fut elle-même largement influencée par la spiritualité calviniste de salut par l'enrichissement matériel personnel. L'enfer est pavé de bonnes intentions, comme dans le cas des libéraux historiques de lutter par exemple de bonne foi contre les guerres de religions.