samedi 28 février 2015

Pourquoi j'ai fait des enfants ?

Personnellement je me suis décomposé en un jour, en un instant. Je n'ai même pas eu le temps d'avoir mon heure de gloire. Si j'ai peut-être eu un petit instant de gloire. Ma vie c'est trois semaine de paradis et tout le reste de purgatoire voire d'enfer dans les pires moments. Je ne suis même pas un "artiste people" warhollien qui aurait eu quelques jours de célébrité. Ma vie est triste à en pleurer, comme celle de millions d'anonymes. Je n'ai plus qu'à être un obscur tâcheron qui comme des millions d'anonymes mise tout sur ses enfants, sans leur mettre je l'espère aucune pression à la réussite. Il est vrai que pour moi la réussite fut un enjeu capital, car sans elle je n'ai même pas la reconnaissance de ma mère, et je ne me suis pas vengé de mon père. Echec sur toute la ligne.
Maintenant la seule question qui se pose pour moi est : y a-t-il un sens à une telle déroute ? J'essaie de comprendre, j'espère même quelquefois que la mort sera une forme de salut, de réconciliation, même si plus personne n'y croit, et moi non plus. Je n'ai aucune croyance religieuse et comme tous mes pairs je pense que l'on trouve le salut ici-bas. D'où une angoisse de la vieillesse, un culte de la jeunesse, le sentiment qu'après 40 ans on est vraiment très très vieux, et que tout est très rapidement foutu, pas de sérénité donc. Je vis par procuration avec quelques idoles comme Pasolini ou Houellebecq, ou même Philip K. Dick, quand j'étais plus jeune Céline, qui eux ont vaincu la fatalité et qui s'approchent au plus près de la vérité sans se brûler les ailes ; ou qui si ils se les brûlent ont vécu ou vivent encore avec une telle intensité que leur vie en aura valu la peine.

Mes enfants me vengeront-ils et parviendront-ils à la notoriété ou au moins à la réussite ? Mais pas une réussite par l'argent, mais une réussite par l'argent avec comme cerise sur le gâteau par l'argent et par l'art. Pour que pour eux l'interprétation, la représentation puisse l'emporter sur les seuls faits, sur la seule volonté à l'œuvre dans la nature, pour qu'ils puissent prendre leur envol, en se détachant de la tristesse du réel. Leurs chances de réussite ? Une sur des millions. Finalement j'ai été égoïste en faisant des enfants, je ne pensais encore et toujours qu'à moi-même.

mercredi 11 février 2015

Welcome to DSK

Il y a un excellent film sur DSK : Welcome to New York, d'Abel Ferrara, DSK interprété magistralement par Depardieu, ce film a beaucoup fait pour faire remonter dans mon estime cet acteur, par ailleurs il en dit beaucoup plus sur DSK que tous les discours. Après on aime ou on n'aime pas ce style de personnage, personnellement je le trouve assez abject, mais avec une grande lucidité et une grande intelligence sur ce qu'il est et sur l'état du monde, qu'il vomit en tant que responsable, témoin de l'abjection libérale économique, en première ligne. Ses frasques pourraient être la compensation d'un cynisme qu'il voyait à l'œuvre dans les rapports économiques entre le hommes ; et tout son dégoût il l'a recraché dans ses rapports avec les femmes. Un homme aussi meurtri narcissiquement, et donc aussi cynique, avant même l'affaire Nafissatou Diallo, aurait évidemment fait un très mauvais président de la république, à moins que l'on ne fasse du cynisme et de la perversion sexuelle une vertu morale. Après tout "vice privé, vertu publique", disent les libéraux.

Quand les Américains font des films sur l'Amérique, et qu'ils dépeignent sans concession la réalité la plus sordide mais pertinente sur leur propre pays, comme ils savent le faire, on crie à juste titre au génie, ce que les Français ne savent pas faire. Les Français ont du mal à montrer au peuple la réalité, seules les élites savent et ne disent rien. Quand un Américain comme Abel Ferrara appuie là où ça fait mal dans un film comme Welcome to New York, on crie au scandale, on l'accuse de bassesse voire bien pire, là où si il avait parlé de l'Amérique on aurait salué sa lucidité.  C'est là tout l'hypocrisie française, notre spécialité ; et là où les Américains auraient des leçons de démocratie à nous donner. N'oublions pas que son film comme toute œuvre d'art ne prétend pas traduire la vérité mais se vante d'en être une interprétation, car il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations ; c'est pour cela que la loi qui ne prétend s'appuyer que sur les faits pour appliquer son jugement est moins puissante que l'art, et surtout objectivement beaucoup plus injuste, mais passons. Les Américains parce que ce peuple est plus "populaire" que le vieux peuple de France, d'origine aristocratique (une origine à proprement parler, non partagée par le peuple, mais qui en tant que faisant partie d'une société aristocratique en a pris les habitudes), malgré son récent pédigrée républicain, ont un côté "fouille-merde" ; qui comme aurait dit Nietzsche des Français, répugne à nos vieilles mœurs aristocratiques.