dimanche 21 mai 2017

L'argent mettra tout le monde d'accord



La gôche est immorale, ceux qui votent très majoritairement à gauche libérale-libertaire dans les grands métropoles, sont les baby boomers devenus retraités qui se sont enrichis profitant de la conjoncture des trente glorieuses, et leurs enfants bobos : je crois que Macron est un bobo typique et très doué, "héritier" de ce monde construit par les baby boomers dans les années 80, et dans une ambiance festive. J'ai dis immorale : car la plupart des baby boomers n'ont rien transmis à leurs enfants. "Héritier" entre guillemets, parce que Macron est une exception.
L'héritage est effectivement une valeur de droite, ainsi que la famille et les valeurs qu'elle véhicule, la plupart des baby boomers de gauche libérale-libertaire méprisent la famille et les contraintes qu'elle entraîne, lui préférant la jouissance ("jouir sans entrave").
Moralement la droite est supérieure à la gauche libérale-libertaire, qui restera toujours un genre de chienlit sans avenir, et surtout sans volonté de transmettre un héritage à ses enfants.
Maintenant il conviendra de distinguer la gauche, d'un véritable mouvement de solidarité en direction des plus fragiles de nos concitoyens, ceux que l'on dit de la "France périphérique", et qui vivent dans un genre d'invisibilité médiatique. Ils ne sont effectivement pas représentés notamment dans le showbiz et à travers les médias (sauf pour s'en moquer comme de "Deschiens"), où les minorités multiculturelles qui vivent à proximité des métropoles sont elles représentées : cela aussi peut nourrir un certain ressentiment, une xénophobie.
Les classes moyennes ont en réalité disparu. Il reste les très riches (1%), c'est-à-dire l'oligarchie qui donne le la en matière d'orientations économiques : elle penche pour toujours plus de flexibilité et de dérégulations. Les classes aisées qui vivent dans les grands centres urbains (les bobos qui votent à gauche), mais aussi la vieille bourgeoisie traditionnelle qui vote encore à droite ; et le reste des gens, ceux que l'on appelle les "petits blancs", parfois xénophobes, mais ne faisons pas de généralités, qui se sentent déclassés et invisibles. Disons que par son mépris cette gauche est encore plus cruelle avec les "petits blancs" remplis de ressentiment désormais (il suffit de se souvenir de la campagne culpabilisante d'entre-deux tours menée de main de maître par Macron), que la vieille bourgeoisie traditionnelle de droite ne le fut, qui elle ne fait pas preuve de mépris mais de paternalisme.
Baroin n'a pas compris que les bobos l'ont emporté peut-être définitivement contre la bourgeoisie traditionnelle, mais certains ont compris au sein des LR, qu'au fond les intérêts des bourgeois historiques et des bobos pouvaient être convergents, d'où le grand nombre de ralliements de bourgeois historiques sur la gauche bobo de Macron : l'argent au fond permet de réconcilier tout le monde, à l'exception des "petits blancs" obtus qui restent à la marge...


lundi 15 mai 2017

Lettre à un fils d'ouvrier qui vote Macron


Tu n'es sensible qu'à toi-même et à "tes conditions de vie à l'époque", pauvre petite victime annoncée et qui a forcé son destin à la force du poignet ! Mais songe un peu aux conditions de vie de ceux qui ont exprimé un vote de désespoir au second tour et qui sont 11 millions. Ce n'est pas l'arrogance de ceux qui nous gouvernent et de ceux qui les commentent, qui résoudra le problème. C'est peut-être la compassion de certains profs pour le spectacle pitoyable et pathétique que constituait ta vie selon tes dires ("tes conditions de vie à l'époque"), qui explique le succès de ta trajectoire. Succès inespéré qui explique ta volonté de défendre désormais coûte que coûte tes privilèges acquis, sans l'expression de la moindre empathie (mot que tu détestes), ni compassion (autre mot honni, sauf quand elle s'exprime pour protéger le pauvre petit être blessé et désavantagé par sa naissance que tu fus), ni compréhension pour tes ennemis, les électeurs qui exprimèrent un vote de protestation au premier tour des présidentielles, soit en comptant Le Pen et Mélenchon, 14,5 millions d'électeurs qui ne se reconnaissent plus dans le système. Puisque tes ennemis se situent dans l'extrémisme "antirépublicain" selon toi, et que tes adversaires se situaient - jusqu'à l'élection de Macron, qui veut rassembler les deux camps unis contre "la France qui perd" - dans la droite républicaine.
Tout cela sans exprimer pour tes ennemis vaincus la moindre miséricorde, en les traitant par le mépris au mieux, généralement de "cons" sans autre argument, et en enfonçant avec morgue le clou de la victoire, encore et encore, dans le plus pur esprit de partialité, entre "le camp du bien" et les autres, ceux qui n'ont rien compris au projet européen.
Il faudra un jour que tu nous explique ce projet, et aussi, comme disent les politiques lorsqu'ils veulent faire passer une réforme, que tu fasses preuve de pédagogie, par delà le motif psychologique qui te pousse à admirer les puissants, admiration intéressée, selon moi destinée à recueillir leur compassion.
Les classes sociales ne sont plus ce qu'elles étaient, regarde toi, moi instit et toi prof de philo, hiérarchiquement tu m'es socialement supérieur. Je sais que tu t'en fous, que tu ne te détermines pas en fonction du regard des autres, mais par rapport à toi-même, comme tu ne cesses de le répéter. Détrompe-toi c'est grâce au regard bienveillant de certaines personnes que tu t'es épanoui et développé, sans doute des gens qui aujourd'hui votent pour Macron, donc on peut comprendre que tu leur sois reconnaissant, on peut le comprendre mais ne pas être d'accord.
Tu t'es arraché à ta condition de prolétaire, mais tu es aussi le fruit d'une certaine époque où "l'ascenseur social" n'était pas en panne, et où les "prolétaires" dans les années 70 étaient vachement à la mode, ça faisait tellement classe de mépriser les bourges à cette époque ! Ce n'est malheureusement plus le cas : c'est là que réside ta mésinterprétation de l'époque contemporaine. Les types nés comme toi aujourd'hui ne s'arrachent plus à leur condition, car ils ne sont plus du tout à la mode, et ceux qui ont entre 20 et 30 ans issus d'un milieu ouvrier, votent majoritairement FN. En les traitant de cons c'est un peu toi-même que tu traites de con si tu étais né 20 ans plus tard.
Toujours est-il que ce serait moi qui aurait un préjugé bourgeois et pas toi ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité !
Les classes sociales ne furent plus ce qu'elles étaient, il faut le dire au passé, grâce aux "trente glorieuses" et leur générosité matérielle et redistributive, et aussi leur lot d'intellectuels contestataires tels Deleuze, Sartre, Foucault... favorables au renversement des hiérarchie traditionnelles.
Mais tout cela n'est plus du tout dans l'air du temps et on assiste avec le néolibéralisme qui suit sa trajectoire ascendante depuis 1983, à une Restauration de classes, dont Macron constitue un modèle emblématique, et un fervent militant de l'accroissement des inégalités. C'est pour cela que je pense que tu te trompes énormément en le soutenant aveuglément.


dimanche 14 mai 2017

Le projet libéral de Macron


Laisse agir ton mentor, après on pourra établir un jugement sur une éventuelle supériorité légitime ou non de sa part, pour l'instant Macron est une image que l'on nous a vendu. Il aura une réalité avec les répercussions de sa politique sur les Français. Et non, on ne peut pas dire selon moi, que les classes moyennes sont la cause de tous les maux et de la distorsion du langage. La classe moyenne a une dignité et un sens de la mesure que le élites pipolisées n'ont plus. Quant à la prestation de Madame Le Pen, elle a eu le mérite de rendre parfois très drôle un débat qui normalement est très ennuyeux, sa prestation fut trop avant-gardiste et surréaliste pour être comprise immédiatement. Peut-être qu'en visionnant à nouveau la séquence d'ici 3 ou 4 ans, les gens diront devant leur écran : "finalement elle n'était pas si sotte que ça !"
Mais en réalité je n'en sais rien, je n'ai aucune certitude, mais l'on ne peut pas blâmer les gens d'être rétifs à un esprit de manipulation de moins en moins discret de la part du pouvoir, que toi tu légitimes constamment par la supériorité supposée de ceux qui nous dirigent et manipulent parfois au nom de leur intelligence qui serait supérieure à la nôtre, donc admirable. En réalité l'intelligence est juste une puissance de calcul supérieure, elle ne rend pas meilleur ni plus humain.
Je me souviens que tu as cette volonté de fer depuis Maastricht, référendum pour lequel tu me poussas à voter, et pour lequel je votai "oui" à Maastricht sans en comprendre réellement le sens ni la signification. On en voit aujourd'hui effectivement les conséquences de dire oui à ce que des gens plus intelligents que nous ont décidé pour nous, "pour notre bien, car "ils" sont le bien."
En réalité "ils" ne sont pas le bien, "ils" ont juste une puissance de calcul supérieure, et je ne suis pas sûr qu'"ils" agissent pour l'intérêt commun, mais bien plutôt pour le leur propre, qui consiste en leur propre enrichissement personnel et sans limite.
Comment expliquer une telle perversion du système ? Tout simplement par la chute des religions et des grandes idéologies collectives, qui mettaient de l'humanité, du cœur et de l'espérance comme conditions de possibilité d'épanouissement et d'accès éventuellement comme une cerise sur le gâteau, à l'intelligence ; mais dans leur grande sagesse, elles ne faisaient pas de l'intelligence, c'est-à-dire d'une puissance supérieure de calcul, le but suprême de la vie... à la différence de l'idéologie libérale qui préconise des acteurs rentables, c'est-à-dire dotés d'une puissance raisonnable de calcul.
Tout cela est désormais remplacé par un individualisme implacable et mortifère, qui fait de chacun l'ennemi de son voisin, au nom du calcul. Là oui on peut parler d'un narcissisme de chacun, auquel d'ailleurs n'échappe pas Macron. Là oui on pourrait dire qu'avant de vouloir changer le monde, il faudrait d'abord commencer par se remettre en question soi-même, mais n'est-il pas trop tard ?
La machine que constitue notre civilisation semble être prise par un emballement qui échappe à tout contrôle, nous menant droit à l'abîme, sans possibilité de la stopper avant l'instant fatal.
Le coût du travail est tout simplement trop élevé dans les pays développés occidentaux selon la doxa libérale, et nous sommes concurrencés par des pays émergents où le coût du travail est bien plus bas : d'où cette fameuse expression de "concurrence déloyale" qui n'est pas tout à fait stupide.
C'est vrai que dans un environnement mondial de libéralisation de l'économie, l'adaptation préconisée est le nivellement par le bas des droits des travailleurs. C'est en réalité l'environnement mondial qu'il faudrait changer : il s'agirait de changer les règles du jeu économiques à l'échelle européenne, puis mondiale.
Pour lutter contre la concurrence déloyale des pays émergents, plutôt que de se protéger et de se replier sur la nation, on devrait agir dans le cadre d'une coopération internationale pour valoriser les droits sociaux des travailleurs de ces pays, donc augmenter en fait le coût du travail dans tous les pays du monde : car les droits sociaux, c'est-à-dire le coût du travail, sont une richesse et non une entrave à l'innovation et à la libre entreprise, malgré les idées reçues.
Mais le monde, et le projet européen tel qu'il fut conçu et continue à se construire, vont dans l'autre direction : l'alignement vers le bas des droits des travailleurs des pays développés sur les pays émergents. Un nivellement par le bas, un genre d'"esclavage" généralisé pour les populations au service de l'oligarchie, alors que le projet des lumières réellement progressiste visait l'émancipation du genre humain.
L'abandon progressif des droits sociaux et du droit du travail programmé par Macron dans son projet d'assouplissement des règles, qui n'est peut-être qu'un euphémisme pour désigner une destruction méthodique, s'accompagne en outre d'une baisse des exigences scolaires, faute de moyens, et même d'un modèle scolaire à deux vitesses : l'éducation des privilégiés dans les beaux quartiers des centres urbains boboïsés, et le reste du territoire...
Le constat du monde tel qu'il se construit sous couvert d'idéologie libérale, est très loin du projet d'émancipation des lumières. C'est un fait que toute personne qui fait l'effort de réfléchir un peu et d'observer son environnement ne peut pas réfuter, sauf à faire preuve de dogmatisme ou d'hypocrisie ou encore de cynisme ou d'égoïsme.


dimanche 7 mai 2017

Faut-il faire un triomphe à Macron ?


"Bon puisque le FN est effectivement la cuve des chiottes remplie de haine et de ressentiment, pour avoir un peu plus d'estime de moi, je vais voter Macron avec conviction sur le dos de ces salauds de pauvres. Après tout ils n'avaient qu'à bien travailler à l'école, ils sont trop bêtes et méchants, on ne peut plus les sauver. Mais comment les faire travailler sans qu'ils nous fassent chier ?
En votant j'aurai l'impression de tirer la chasse d'eau afin que ce cauchemar prenne fin, et j'aurai en plus d'une meilleure estime de moi, la conscience soulagée. Le bonheur c'est si simple au fond, il suffit d'écouter les médias et de faire ce qu'ils nous disent de faire, il suffit d'obéir et on sera toujours dans le camp des vainqueurs : mais est-ce que ce n'est pas ce qu'on appelle une forme de totalitarisme soft d'inspiration libérale-libertaire ?
Le combat était gagné d'avance, il n'y a aucun héroïsme que l'on attend de moi, juste obéir. L'ennemi est désigné, il est vaincu d'avance, ce sont des gens de mon pays mais qui ne font plus partie du pays, ils sont les ennemis de l'intérieur, ceux que l'on dit de la "France périphérique", une zone de relégation sans aucunes perspectives, remplie de haine et de désespoir.
En obéissant, en faisant mon devoir civique, je vais éprouver l'exaltation d'une victoire, au terme d'un combat truqué, arrangé, non démocratique et partial pour que je gagne. En me sentant dans le camp du bien qui remporte une victoire sur le mal, à très peu de frais, je vais me faire une virginité morale et pouvoir me regarder dans la glace avec fierté. Avec un peu de chance, on fera la fête dans les rues, comme lors de la Libération de Paris en 1944. Après tout en faisant gagner Macron c'est une répétition d'Oradour-sur-Glane et de la Shoah qu'on a évité, et même la guerre atomique selon Hollande. Ouf, on l'a échappé belle, un peu grâce à moi ! Finalement en obéissant aux médias et en votant bien, je suis un peu un héros, un résistant, un Jean Moulin, vive moi, vive Macron, Macron nous a sauvé d'un péril affreux, Macron président !!! Vive l'optimisme !!!", voilà pour le délire personnel...
La majorité des gens ont encore des valeurs morales qui leur permettent de voter en conscience contre Marine Le Pen, sans adhérer au projet de Macron. Mais pour combien de temps aurons-nous encore des valeurs morales dans la société du règne de l'argent-roi, où les inégalités ne cessent de s'accroître, et où le sort des immigrés est instrumentalisé pour diviser les Français entre eux ? Car enfin nous sommes tous français, quelle que soit notre origine. Je doute que le projet de Macron soit de rassembler les Français, mais bien plutôt de les diviser entre gagnants de la mondialisation et perdants (la "France périphérique"). C'est pour cela que personnellement je m'abstiens par delà toutes les injonctions morales qui font l'unanimité dans les médias.
On nous dit que la politique n'a rien à voir avec la morale. Effectivement pour moi Macron n'a aucune morale, c'est un Machiavel qui fait une instrumentalisation cynique de la conscience des électeurs pour être élu dans un fauteuil, car il sera élu dans un fauteuil et c'est ce qu'il cherche pour accroître sa légitimité politique, légitimité qu'il ne manquera pas de nous rappeler lorsque sa politique augmentera la fracture entre les Français. Son projet est ultra libéral, il veut donner les pleins pouvoirs aux patrons dans la négociation avec les salariés. Comme si la négociation était une affaire de bonne volonté, et non un rapport de force où les salariés ont besoin de syndicats pour les épauler. Après avoir bouffé les classes populaires, je prédis que sous Macron le monde de l'argent va achever les classes moyennes.
De toute façon Macron sera élu avec plus de 60% des voix.