vendredi 4 novembre 2022

Insultes racistes à l'assemblée nationale, vraiment ?



Là où le député RN a tort c'est que la France n'est pas un safe space, un espace protégé des dérèglements du monde et de ses migrations provoqués par la mondialisation néolibérale, un capitalisme dérégulé voire déréglé, ses conséquences comme le réchauffement climatique, les guerres pour le contrôle de l'énergie et des matières premières. La France ne peut pas recevoir toute la misère du monde mais elle doit y contribuer et elle y contribuera certainement, par la force des choses, de plus en plus. Ça c'est la réalité. Le manque de disponibilité de l'Homo sapiens pour l'Homo sapiens ça c'est la réalité du modernisme et de la rentabilité. C'est aussi la réalité, hélas selon moi néfaste du progrès et du progressisme dans toute leur acception chrétienne, qui envisagent toute l'histoire humaine comme une ligne droite vers toujours plus d'humanité, d'opulence, de bien-être, de justice, de savoir, de santé... bref une ligne droite orientée vers le salut ici-bas... on nous aurait menti ? 

Pour moi le progrès (sic) est avant tout un produit du christianisme avant de s'être fait contre le christianisme qui n'envisageait le salut que dans l'au-delà et en récompense d'une vie bonne. Tout est contenu dans les principes du christianisme bien avant le développement exponentiel des sciences et techniques n'ayant jamais existé sous le règne des Grecs puis des Romains, qui n'avaient peut-être même pas l'intuition d'une telle linéarité temporelle orientée vers un but.

Viennent s'y ajouter les principes abstraits de la République. Les droits de l'Homme étant universels il est normal que n'importe quel "étranger" puissent se sentir investi dans sa singularité par ce type de discours généreux qui l'élève, lui rend hommage, et vient vers lui pour le reconnaître. Ce genre de discours universel n'était pas chauvin, nationaliste, ni même patriotique, aux yeux des philosophes, et n'avait pas vocation à s'adresser aux seuls Français, ou alors cela aurait été une vision très réductrice au particulier et au local, du général et de l’universel – tout comme le discours marxiste internationaliste avait vocation à s’adresser à tous les travailleurs exploités de la planète (mais il a fait flop). D'une certaine façon les Français contemporains décadents et déclinants, en chair et en os, se sentent aujourd'hui pris en otage par leurs propres principes qui désormais les dépassent, car ils avaient été énoncés du temps de leur grandeur... passée ! Mais il est désormais bien trop tard pour reculer et demander aux Africains demandeurs d'asile, en situation irrégulière, de retourner "chez eux", en bateau ou en avion ; et ce malgré quelques attentats et faits divers glauques qui demain seront anecdotiques comme les affaires Paty ou Lola.

Il est bien évident que le député RN ne s'adressait pas au député LFI en raison de sa couleur de peau quand il a dit "qu'il retourne en Afrique !", mais faisait référence au retour d'un bateau de migrants au large des côtes européennes en Afrique d'où il venait, une sorte de retour à l'envoyeur. Il aurait été beaucoup plus grave que le député RN stigmatise un de ses confrères en raison de sa couleur de peau. Mais Véran fait comme s'il s'agissait d'exactement la même faute morale : le racisme ; en renvoyant le RN à son immoralité foncière, à son péché originel. Il y a là pas mal de mauvaise foi et la ruse habituelle de Macron et de ses sbires, car on sait bien que la stratégie de Renaissance est de marginaliser les électeurs et les élus d’un parti, de les stigmatiser, tout en voulant faire de ce parti son partenaire (adversaire) privilégié pour la reconquête du pouvoir (la troisième fois) aux élections de 2027, pour être sûr d'être réélu. Tout en sachant bien que Renaissance est un parti d'opportunistes fait de bric et de broc, de technocrates 2.0, d'ambitieux aux dents longues, de traders ayant raté leur vocation, sans autres couleurs et convictions politiques que celles de l'UE et surtout des États-Unis.

Personnellement je renvoie dos à dos les réflexes nationalistes et chauvins de repli sur soi (je ne dirais pas racistes contrairement à Véran) et de protection des Français - impossible dans un contexte de mondialisation néolibérale (sauf à combattre non pas les étrangers mais le néolibéralisme) ; et la thématique néolibérale qui instrumentalise de grands principes universalistes énoncés par de grands philosophes il y a 250 ans, dans le but d'asservir la planète à une mondialisation non consentie et non profitable à l'intérêt général pour le seul profit de quelques richissimes soi-disant géniaux qui envoient des fusées dans l'espace, et à un capitalisme dérégulé voire déréglé destructeur de tous les écosystèmes et des individus, travailleurs ou non, exploités qui en font les frais. La République n'est plus la République et elle a trahi la République, c'est-à-dire ses principes dès ses origines bourgeoises, ce que Marx qui se voulait le fossoyeur du capitalisme fut le premier à mettre en exergue après que Rousseau l'ait pressenti.

Quand la France était une grande puissance, voire la première puissance mondiale, elle pouvait se permettre d'énoncer des grands principes généreux sur les droits de l'Homme et surtout de s'y tenir. Mais qu'est-ce qui en a fait une grande puissance ? C'est l'absolutisme, l'aristocratie, et la charité chrétienne. Qu'est-ce qui en a fait une puissance déclinante ? C'est la bourgeoisie, une classe vile et cupide préoccupée que d'appât du gain et de son confort, et la laïcité soi-disant neutre qui récompense le résultat au mérite soit le produit de la sélection opéré par cette même bourgeoisie via l'école - Bourdieu (il y a bien sûr des exceptions héroïques). Napoléon a porté haut et fort, aristocratiquement pourrait-on dire, les principes de la Révolution dans toute l'Europe. Mais in fine il n'a fait qu'attiser les nationalismes et autres particularismes locaux, surtout en Allemagne. Il n'a fait qu'enflammer une idée romantique du vitalisme des peuples ayant trouvé son apogée sinistre avec Hitler et son pangermanisme. Au final par Hitler via Napoléon, cela constitue un contresens absolu de l'idéal des Lumières et de son universalisme, une apologie du localisme et de la race élue. Est-ce vraiment ce genre d'idéologie que Véran a derrière la tête quand il dénonce le racisme du RN ? Il me semble plutôt qu'il s'agit d'un protectionnisme que l'on peut trouver certes moisi, mais surtout caractéristique d'un peuple sur le déclin et plus du tout sûr de lui comme le disait déjà péjorativement de Gaulle des Français. Les politiciens comme Véran sont des bonimenteurs et des arracheurs de dents.

Quant à la République, comme je l'ai déjà dit et je tiens à le répéter, elle n'est plus la République, elle a trahi la République, c'est-à-dire ses principes dès ses origines bourgeoises, ce que Marx qui se voulait le fossoyeur du capitalisme fut le premier à mettre en exergue après que Rousseau l'ait pressenti et nous ait mis en garde bien avant 1789. Aujourd'hui comme hier il y a juste une caste politique qui emprunte des éléments de langage à la Révolution bourgeoise mais surtout aux philosophes des Lumières (ce qui constitue une trahison) pour asseoir sa domination forcément particulière (sinon il n'y aurait pas de domination) donc non-universelle, et des richissimes qui n'ont rien d'aristocratique et empruntent juste aux people.

Conclusion : Nietzsche disait que le pays en Europe aristocratique par excellence était la France, je crains fort que ce ne soit plus du tout le cas. Je préférais l'absolutisme et l'aristocratie, le grand style par lequel s'exprimaient aussi les philosophes des Lumières pour propager leurs idées universelles qui n'avaient rien à voir avec le minable wokisme - cet antiracisme et ce féminisme de pacotille que propage notre culture débile ; à cette caricature de démocratie qui ne génère partout à travers le monde via la mondialisation et le capitalisme dérégulé, que de la laideur et de la misère morale, une opulence feinte, un bien-être frelaté, une absence totale d'humanité.

samedi 29 octobre 2022

Le destin du libéralisme

 


L'École est aujourd'hui dévoyée au service des intérêts du capital ou de ses gadgets comme le wokisme ou la théorie du genre. L'École n'a plus à être neutre, elle doit combattre les intérêts du capital ou disparaître. Elle doit mener une lutte sociale et non pas sociétale. Les enseignants doivent s'unir contre leur gouvernement traître à l'intérêt général et au peuple, tout comme ont su l'effectuer les gilets jaunes assez courageux pour le faire. Nous n'en sommes plus au stade des explications, pour nous sortir de la situation désastreuse ou nous ont mené 40 ans de néolibéralisme sauvage, plus rien n'est possible hormis l'action violente légitime contre des gouvernants qui refusent de comprendre, pour revenir à un ordre juste.

Nous vivons dans une civilisation déconcertante, inquiétante, qui mute constamment et de plus en plus vite, au nom du progrès et du progressisme, donc du salut. C'est la civilisation chrétienne en cela différente de toutes les civilisations qui l'ont précédée, qui perduraient dans le temps comme un ordre immuable - on pense à une civilisation comme la civilisation égyptienne avec une unité de style sur des milliers d'années.

Le libéralisme a au moins un destin, il mènera le monde à sa perte et nous fera sortir de l'histoire linéaire orientée vers un but. Le libéralisme n'a jamais été au départ qu'une arme de guerre dressée par les Anglo-Saxons contre la France, pour obtenir la victoire sur les plans militaires et du commerce. Dans l'absolutisme classiciste français il y avait des formes de collectivisme que nous avons perdu, à cause notamment de la dissolution des corporations au nom de "l'intérêt général" (sic) par la loi Le Chapelier en 1791. Cette date est absolument fondamentale car elle sonne le glas du collectivisme français et du travail artisanal bien fait, paradoxalement en pleine période révolutionnaire et au nom du peuple français (sic). Dans les périodes ultérieures il n'y aura plus jamais de grand style français mais des ersatz sans âme.

Toute forme de libéralisme mène selon moi au néolibéralisme. Toute forme de libéralisme qu'elle soit politique, économique ou sociétale, est selon moi à rejeter. Ce n'est pas seulement une question de vocabulaire, tout est lié, là est le problème. Soit on accepte tout du libéralisme, soit on se voit obligé de tout en rejeter, y compris le régime démocratique tel qu'il s'exerce aujourd'hui. Autrement c'est adhérer pleinement au néolibéralisme dont Macron constitue la quintessence la plus achevée. À ce système déréglé, dérégulant, et très perturbant, je lui préfère un ordre plus immuable, mais issu également de la civilisation chrétienne, comme l'absolutisme ; dont de Gaulle avait essayé mais en vain, de faire la synthèse avec le régime parlementaire. Le problème est aussi qu'il n'existe plus d'alternative communiste, l'hypothèse s'étant révélée obsolète par les faits. Marx n'était donc pas un si grand penseur que ça ! Quant aux libéraux pur jus actuels, ce sont généralement des fumistes opportunistes plus ou moins pédophiles issus de Mai 68, comme Cohn-Bendit, et anti-gaullistes.

Et plus tard, après l'âge classique de l'absolutisme, Nietzsche parlera de l'éternel retour du même. Qu'il faut s'attacher (égoïstement) à la valeur de sa vie comme si on allait la vivre indéfiniment. Ce qui pour moi constituerait le pire des châtiments. Je crois qu'Héraclite quand il dit qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, parlait d'infimes variations au sein de l'éternel retour cyclique des choses. Cela s'apparente sans doute davantage au clinamen des épicuriens qu'à une linéarité temporelle et progressiste, inconcevable pour les Grecs anciens, mais si évidente pour un esprit moderne, surtout lorsqu'il est formaté comme celui de Macron nous parlant de la transition écologique.

La mondialisation néolibérale ou capitalisme financier déréglé, s'accommode de toutes les idéologies et de toutes les religions pourvu qu'elles ne les remettent pas en question. La laïcité n'est pas neutre par rapport à ce capitalisme financier déréglé. L'École n'est pas neutre par rapport aux gouvernements qui la dirigent, elle les forme et les accompagne dans leurs délires économiques et sociétaux. Elle devrait l'être davantage concernant la question sociétale et se mêler de la question sociale afin de remettre en question ce modèle unique. Et au passage la seule religion virulente de nos jours jusqu'en Europe, n'est plus le christianisme mais l'islam. Alors que l'École en France, les médias, et les caricatures, font comme si le catholicisme était encore son pire ennemi. Le wokisme n’a en réalité qu’un seul objectif : diviser pour mieux régner.

La laïcité en France c'est la séparation en 1905 de l'Église et de l'État. Peu importe les origines plus anciennes de la laïcité qui peuvent exister à l'intérieur du christianisme.

Je suis plutôt un adepte des théories de l'effondrement. Je ne suis pas sûr qu'il y aura des temps futurs où des historiens et des archéologues auront encore le loisir de se pencher sur notre civilisation. Il y aura d'abord sans doute un temps dystopique de retour à la barbarie la plus primitive, peut-être la fin de l'espèce humaine. Dans les perspectives les plus optimistes, seul un petit nombre survivra, et maintiendra vivant l'héritage de la civilisation. C'est surtout une hérésie d'avoir cru en un temps linéaire en constant progrès. Le monde évolue mais est-ce qu'il progresse ? C'est comme l'oxymore que constitue une croissance illimitée dans un monde fini, c'est aussi absurde !

Je refuse le maître mot du système sélectif néolibéral, qui se nomme adaptation. Nous ne sommes pas des bêtes dans une jungle, même si le néolibéralisme a transformé le monde social en jungle.

J'ai toujours rêvé d'être hégélien et que du négatif pouvait surgir le positif. Mais comme le disait Schopenhauer, indécrottable pessimiste, Hegel n'est qu'un imposteur. Et Marx a fait rêver les foules... pour quels résultats ?

Toutes les théories néolibérales étaient déjà en germe chez mes parents soixante-huitards et baby-boomers. Fascinés par la réussite sociale, le sexe, et l'argent facile. Je crois que le néolibéralisme est le véritable projet de Mai 68, par des acteurs vieillissants incapables d'éduquer leurs enfants, en manque de repères, et cherchant à se renouveler.

Il n'y a pas de libre arbitre contrairement à ce que postule le christianisme, il n’y a plus que des pervers et des mendiants dans la société actuelle. Il n'y a pas de responsabilité individuelle, seulement des responsabilités collectives. La réussite ou non-réussite de chacun, sont des notions subjectives, affaires de points de vue. Chaque Allemand pris individuellement n'était pas libre de choisir ou de ne pas choisir Hitler, mais collectivement ils sont responsables alors qu'Hitler ne l'est pas.

Macron est un personnage qui représente une responsabilité collective, celle des Français. Mais Macron comme Hitler ne sont pas responsables. Il n'y a peut-être même pas de responsabilités collectives, il n'y a que le néant et l'illusion du libre arbitre.

Dans les sciences dures il n'y a qu'une seule vérité, comme dans la religion la plus dogmatique. Cela apporte à l'esprit l'apaisement d'un monde immuable et indiscutable. Je conseille aux esprits en quête d'absolu les sciences dures, comme la physique, la biologie, ou les mathématiques. Tout le reste au fond n'est que bavardages fumeux de philosophes et de poètes en quête de reconnaissance, et n'est pas très sérieux. Le freudisme comme le marxisme ne sont pas des sciences exactes, mais des pseudo-sciences.

Vouloir combattre l'islamisme avec la laïcité, c'est comme vouloir combattre Hitler avec la ligne Maginot. Je ne parle pas d'islam mais d'islamisme. Je ne parle pas de religion mais d'idéologie mortifère et dévoyée, dérivée d'une religion. Surtout qu'aujourd'hui, si la laïcité est neutre religieusement elle n'est pas neutre idéologiquement - wokisme, néolibéralisme, monde de l'entreprise... C'est l'École dégradée par l'idéologie wokiste et le monde de l'entreprise qui est devenue une vraie purée conceptuelle pour les enfants. Il aurait peut-être mieux valu que l'École ne devienne jamais neutre religieusement, et reste attachée à sa dimension chrétienne.

Vous n'avez même pas conscience de la spécificité de la génération des baby-boomers... Ce n'est pas une classe d'âge comme les autres, c'est une classe d'âge qui a voulu porter un message révolutionnaire, communiste, marxiste, maoïste, dans les années 60/70, et qui s'enfonce aujourd'hui dans le conformisme macroniste le plus abject.

Dans les faits la laïcité est aujourd'hui au service d'un monde qui survalorise le produit de la sélection qui s'opère au profit des plus forts et donc des plus riches, au détriment des plus faibles et des pauvres. Et la laïcité appelle ça résultat au mérite. La laïcité ne véhicule plus de valeurs désintéressées, et l'École s'est mise complètement au service des valeurs du néolibéralisme. C'est ce que Macron appelle de ses vœux à travers le nouveau monde, le nomadisme, l'ubérisation du monde du travail, le remplacement de la valeur d'usage par la valeur d'échange, et la start-up nation. On en voit les résultats dès L'école primaire qui choisit de plus en plus de faire l'impasse sur les apprentissages fondamentaux au profit de l'épanouissement (sic) de l'enfant. En réalité c'est une façon d'encourager une école à plusieurs vitesses. L'exigence n'étant réservée qu'aux plus favorisés.

"Le message révolutionnaire dont les Lumières sont l'expression laïcisée coupée de toute transcendance"... Oui effectivement, au profit de la seule bourgeoisie, on dirait aujourd'hui bobos. La laïcité et toutes ses hiérarchies administratives internes, son labyrinthe de contraintes aussi fastidieuses que vaines, sont le clergé séculier des bobos le plus souvent de gauche.

Si l'ordre immuable des choses s'est nommé durant un bref instant de l'histoire, absolutisme, il n'était pas du tout dans son essence chrétienne de perdurer. La seule civilisation du progrès est au fond la civilisation chrétienne, et le progrès finit toujours par y engendrer le chaos, ce n'est toujours seulement a posteriori que la crise y entraîne la critique pour ne plus jamais que cela se reproduise - comme les guerres de religion, l'esclavage, la colonisation ou le nazisme. "Plus jamais ça" n’est aussi qu’un des autres slogans, avec adaptation, de la civilisation du progrès. Je parle donc de l'absolutisme qui n'était pas fait pour perdurer en raison de l'essence de la civilisation chrétienne qui repose sur le progrès. Et le progrès linéaire contrairement au temps cyclique, efface tout sur son passage. Qui peut comprendre encore un monument comme la cathédrale de Notre-Dame ?

Le progressisme qui mène tout droit au transhumanisme est déjà contenu en germe dans l'essence du christianisme. Le coup de force du christianisme est d'avoir supplanté au temps cyclique antique des anciens, une temporalité linéaire orientée vers un but : le salut.

Le ver est dans le fruit, si je puis dire, avec le christianisme, du point de vue du progrès et du renversement de l'ordre immuable des choses malgré un clergé borné et rigide attaché à ses privilèges, pour ce qui est du catholicisme contrairement au protestantisme en réaction à ces privilèges. Quant à l'ordre immuable des choses contenu dans un temps cyclique et absolument incompatible avec une temporalité orientée vers le salut, il n'est pas contradictoire avec l'émergence foudroyante de la raison et de la philosophie, des arts et de la culture, donc des Lumières, comme le montre l'exemple des Grecs anciens. Progrès n'est donc pas forcément synonyme de Lumières, et réciproquement. Progressisme non plus.

Je pense qu'un ordre immuable est préférable à une sélection impitoyable fondée sur l'adaptation du plus fort aux changements, pour ce qui est du développement psychique de chacun et particulièrement des enfants, ainsi également que du point de vue du développement des arts et de la culture. La notion de progrès était contenue à l'intérieur même du christianisme, l'ordre n'y était pas si immuable que ça même au temps de l'absolutisme le plus rigide, car le temps n'y était plus cyclique (une boucle qui se répète indéfiniment) comme dans la plupart des grandes civilisations antiques et amérindiennes, mais évolutif (une linéarité qui progresse vers un but). Dans la notion de salut de l'âme par la vertu et l'ascèse, il y a déjà l'idée du progrès, l'idée que l'on peut atteindre son salut par l'effort personnel - c'est aussi tout le sens de la laïcité au sein de l'École, qui découle au fond absolument complètement du christianisme.

Quand on voit toute la laideur, le vice, la perversion, la pornographie, la décadence, le nihilisme, engendrés dans notre société laïque depuis 1905 en France, il y a de quoi se poser des questions sur les vertus de la raison. Nous n'en sommes plus du tout au temps de l'absolutisme royal où l'on pouvait encore opposer les lumières de la raison à un clergé catholique borné. Le christianisme du temps classique de l'absolutisme a en réalité engendré de belles œuvres dans tous les domaines, on ne peut pas en dire autant du néolibéralisme contemporain, ni même de la période des Trente Glorieuses. Nous vivons dans les ténèbres de l'obscurantisme généré par la perversion, la laideur, la compétition, qui découle de la mobilisation totale des forces vives des sociétés occidentales et désormais asiatiques en vue de l'arraisonnement du monde par les sciences et techniques, sur fond de domination économique par le monde de la finance. On vit dans un monde qui survalorise le produit de la sélection qui s'opère au profit des plus forts et qui broie les plus faibles et où le maître mot se nomme adaptation aux changements : je n'appelle pas ça, Lumières... Ou alors les Lumières se sont fourvoyées dès leur origine, dès Voltaire et en n'écoutant pas assez Rousseau, qui se voulait l'avorteur du capitalisme quand Marx a voulu en être le fossoyeur.

Autre preuve de la contamination de l'École par les valeurs libérales : sa neutralité axiologique. Nous vivons qu'on le veuille ou non dans une civilisation chrétienne orientée vers un but : le salut. La laïcité avec sa fameuse neutralité religieuse et soi-disant politique est encore plus faible que le christianisme actuel qui ne demande qu'à être ravivé dans sa foi. Qui plus est la laïcité n'est qu'un ersatz sans âme et sans saveur du christianisme.

Quant au libéralisme, il se veut neutre axiologiquement, sans jugement de valeur sur le bien et le mal. Être neutre axiologiquement c'est encore faire de la politique, de la politique libérale. C'est aujourd'hui l'ensemble de la société qui est devenue neutre axiologiquement, et les instituteurs ont depuis bien longtemps renoncé à enseigner la morale et émettre des jugements de valeur. Ne pas apprendre aux enfants à distinguer le bien du mal au nom du relativisme, est en réalité une violence exercée à leur encontre. Même si l'on récuse comme moi l'idée de libre arbitre ce n'est pas une raison pour relativiser absolument le bien et le mal, même si l'on ne peut rien atteindre on peut tendre vers.

Deux bons films français récents qui suscitent un certain malaise. Malaise dans la société néolibérale macroniste française. J'avoue contre toute attente que j'ai éprouvé un plus grand malaise encore devant Barbaque (je m'y suis littéralement senti traqué en tant qu'être humain sensible) qu'Oranges sanguines - je ne saurais me l'expliquer ; ce dernier étant structuré comme un film de Tarantino avec le cycle de la vengeance finale et salvatrice. Un des protagonistes qui est avocat, y dit que la justice n'existe pas : "il n'y a pas de justice, il n'y a pas de justice, alors faites-vous justice par tous les moyens !"

Le néolibéralisme est cannibale (le thème du film Barbaque), il phagocyte tout, les émotions, les sentiments, les êtres humains. C'est le cerveau reptilien qui est à l'œuvre dans le monde actuel, aseptisé et en même temps d'une violence inouïe - dont la cause première est partout une économie locale phagocytée entièrement par le monde cosmopolite de la finance et la spéculation. Si Voltaire avait pu imaginer que s'en prendre à l'autorité de la religion, et donc du père, déboucherait sur un tel chaos dépourvu d'empathie, l'aurait-il fait ? Son monde était rigide et intolérant comme peut l'être un père (mais ne dit-on d'un bon père qu'il est sévère mais juste ?), cependant le nôtre sous prétexte notamment de tolérance - dont on trouve l'expression moderne la plus caricaturale sous les traits du wokisme, du politiquement correct, ou de la chasse à l'homme blanc de plus de 50 ans, veut faire l'économie du père et vire au sadisme à l'égard des plus faibles qu'il broie à travers une logique de l'argent.

Mais même le néolibéralisme fait partie de la civilisation chrétienne, et on peut espérer que la crise si forte y entraînera finalement a posteriori la critique pour ne plus jamais que cela se reproduise.

samedi 17 septembre 2022

Godard avait-il le droit (moral) de se suicider ?

Même Godard a choisi le suicide médicalement assisté, alors qu'il n'était pas malade, juste épuisé mais sain de corps et d'esprit. Alors pourquoi ne pas descendre cet âge pour des gens sains à 80 ans, puis 70, 60, 50, 40, 30, 20 ans ? Sains mais ratés de l'existence, victimes de leur famille ou de la société, j'en passe et des meilleurs et que sais-je encore ! Dieu sait qu'ils sont nombreux et ont conscience de leur "inutilité" en ce bas monde. Lorsque la souffrance est intolérable pour x ou y raison, le droit au suicide médicalement assisté devrait être un droit de l'Homme universel et gratuit comme l'École, et non réservé à quelques millionnaires ou people en Suisse. La société doit se regarder en face et assumer la mort de Dieu, la fin du jugement de Dieu, son idéal de jouissance exacerbé, sans entraves ni limites, post soixante-huitard que le néolibéralisme a pleinement repris à son compte - sauf qu'il n'y a que les pervers en réalité qui arrivent encore à jouir dans une société aussi fondamentalement corrompue et nocive. Je m'explique :

On a confondu épanouissement personnel ou collectif, plaisir, joie, bonheur, et jouissance privée. Car la jouissance est privée en réalité, plus que jamais, comme la propriété. Et qui dit jouissance privée pour une minorité dit aussi privé de jouissance pour la majorité. Ce qui fait la jouissance est qu'elle ne se partage pas à la différence du plaisir, de la joie, ou du bonheur encore plus rare. On jouit en réalité de son égoïsme voire du malheur de l'autre, sinon on ne jouit pas. La jouissance est en réalité une émotion égoïste et prédatrice fondée sur la jalousie et l'envie, la rivalité mimétique, que notre société moderne peuplée de pervers narcissiques de différents calibres porte en étendard. La jouissance est le propre du pervers. La plupart, pervers narcissiques de petit calibre ou simples jouisseurs inoffensifs, en sont largement privés, restent pour toujours frustrés, car elle est pleinement réservée aux élites qui en ont les moyens - juste récompense d'une enfance studieuse donc choyée et d'une carrière fondée sur le mérite ? Il y a un fil conducteur de Mandeville dès le début du XVIIIème siècle, premier théoricien du libéralisme moderne, à aujourd'hui. C'est écrit noir sur blanc dans La fable des abeilles : pour que la société s'enrichisse il faut que le pouvoir économique revienne aux pires des Hommes, c'est-à-dire aux pervers, ceux pour qui la loi est nécessaire mais uniquement pour les autres. Et tout l'édifice social en régime néolibéral repose sur le pouvoir économique, non plus sur la religion, ni même la morale, ni même encore le savoir et la culture. C'est ce qu'on appelle le libéralisme d'une société qui se libéralise chaque jour toujours plus.

Stop à l'hypocrisie, il y a des gens que la société vomit, qu'elle ne peut absolument pas supporter, qui sont intolérables. Non parce qu'ils sont ignorants ou immoraux, mais victimes, ce sont les mauvais coucheurs qui ne demandent qu'à disparaître. Ce ne sont évidemment pas les pervers, ils sont immoraux et leur propre nature est de générer des victimes, ils sont pleinement adaptés au monde moderne et admirés comme c'est leur souhait le plus cher, généralement millionnaires voire milliardaires, au moins people ou psychologues. Alors que la société assume pleinement ses responsabilités plutôt que de continuer à surveiller et punir, à humilier les plus fragiles, les "inutiles", les démunis, pour son plaisir sadique en réalité. En les faisant sursauter à coups de tirs de revolver au milieu des pieds, pour qu'ils dansent une gigue endiablée. Et c'est le pervers qui tient le manche, car lui seul échappe toujours aux fourches caudines de la loi, voire devient lui-même magistrat pour le plaisir de punir, donc de faire du mal, dans cette grande comédie tragi-comique qu'est la vie en société. Tandis que la foule frustrée donc cruelle, se réjouit de voir punies des victimes encore plus profondes qu'elle ne l'est elle-même.

Celui qui est puni une fois adulte fut très généralement une victime dans son enfance, ou alors paie les fautes de ses parents, voire de ses ancêtres ou de son peuple tout entier. Et Dieu sait combien la génération des baby-boomers fut fautive à plus d'un titre ! Plutôt la mort que la souillure ! Pour une victime, seule la mort permet d'échapper au châtiment terrible que constitue la vie, le seul moyen de s'en affranchir - si on a l'âme religieuse on pourrait presque penser qu'un tel châtiment ne peut provenir que d'une vie antérieure fautive. C'est cependant paradoxalement toujours l'amour de la vie, l'amour d'une vie meilleure, qui fait que l'on se suicide. Dans un monde néolibéral fondamentalement injuste et pourri, et cependant très riche matériellement car peuplé de jouisseurs égoïstes "créateurs de richesse" - mais sans doute en a-t-il toujours été ainsi à toutes les époques pour le monde pourri et de diverses manières (car il n'y a rien à espérer de l'espèce humaine) ; la mort devrait être en libre accès, comme les capotes, la pilule ou l'avortement. Après tout ces derniers exemples sont aussi des moyens de s'affranchir de la vie, en ne la donnant pas ou en supprimant des fœtus déjà très bien développés qui très certainement ressentent la douleur. Et pour la femme dont on a déifié les droits en Occident, de s'affranchir de l'homme définitivement.

Quand le dernier tabou sera enfin levé (et il sera levé), comme la logique du marché le veut, celui du libre accès à la mort, alors on pourra véritablement dire comme Artaud que l'on en a fini avec le jugement de Dieu. Comme le disait Sade (mais pas encore en langue inclusive) : Français.se.s, encore un effort si vous voulez être républicain.ne.s !

dimanche 10 juillet 2022

Le nihilisme contemporain intégral



Ce qui est sain et malsain... C'est un peu court ! Ce sont les valeurs et donc la morale qui décident en réalité de ce qui est sain et malsain.

C'est l'absence de valeurs qui engendre la névrose voire la psychose. Les gens sains ont des valeurs et Nietzsche va plus loin, il voudrait qu'ils soient créateurs de valeurs. On n'est pas sain ou malade comme ça par hasard ! Nietzsche constate que le christianisme est une machine à inhiber la création. Seulement notre époque est une escroquerie, elle n'est absolument pas créatrice de valeurs et elle a rompu avec celles du christianisme. Résultat : le nihilisme contemporain que Heidegger avait largement anticipé.

Nous vivons une époque de nihilisme intégral, où il n'y a plus de valeurs et où l'on nous fait croire qu'il il y a création de valeurs à travers le consumérisme - les valeurs fausses de la publicité. C'est surtout la publicité qui recycle certains aphorismes de Nietzsche. Ce serait risible si ce n'était pas consternant. La voilà la véritable pathologie. Outre son nihilisme, l'époque se caractérise par son absence totale de pitié et d'humanité, bien plus propice à déclencher le dégoût de la vie que le christianisme. Rousseau et Schopenhauer mettaient la pitié et la compassion au-dessus de tout, pour cette raison ils ne rejettent pas entièrement le christianisme, et ils avaient raison. Nietzsche au contraire rejette toute compassion et pitié, et il vomit le christianisme dont il compare les adeptes à des nains rampants. Les pires interprétations sont alors possibles. On pense au nazisme. Il y a aussi les nietzschéens de gauche, comme Deleuze ou Onfray, ces deux derniers étant très différents l'un de l'autre. On dit d'Onfray qu'il n'est qu'un philosophe d'opinion, ce qui n'est pas le cas de Deleuze qui donne la définition suivante du philosophe : créateur de concepts.

La santé ou la pathologie dépendent des valeurs, de la morale.

Notre époque de nihilisme radical voudrait nous faire croire que tout est neurologique : l'autisme, comme l'intelligence, ou encore la névrose ou la psychose.  Nous vivons une époque du tout génétique, ou du tout congénital. C'est de la foutaise ! Bettelheim en expliquant l'autisme par le comportement de la mère était bien moins nihiliste. Qu'il ait eu tort ou raison, sa démarche est beaucoup moins dépourvue de sens que celle de nos contemporains.

Je pense que l'autisme est au départ, de façon prégnante, un trouble social-affectif engendré par le milieu. Ensuite cela a des répercussions sur l'appareil neurologique dès la petite enfance. Je veux bien qu'il y ait des troubles neurologiques de naissance comme c'est très majoritairement admis aujourd'hui, mais on cherche surtout à déculpabiliser les parents et particulièrement la mère - et a fortiori à déculpabiliser l'époque. Car finalement c'est davantage le nihilisme de l'époque qui engendre l'autisme. L'autisme est une maladie de l'absence de sens. Il y a aujourd'hui une explosion des cas d'autisme détectés. Dans certaines écoles primaires américaines, j'ai lu que 25% des enfants sont désormais obligés par l'administration de prendre des médicaments sous peine de ne pouvoir continuer à être scolarisés. Le tout génétique et le tout médicament, le voilà bien le nihilisme de l'époque.

Les médicaments pour les malades, pour le plus grand profit de Big Pharma, en remplacement des valeurs et de la morale, dont les soixante-huitards se sont affranchis dans l'espoir d'une hypothétique libération, véritables idiots utiles du capitalisme 2.0 qui aliène toujours plus. Le néant en remplacement des valeurs et de la morale, la voilà globalement, la véritable œuvre des baby-boomers, qui majoritairement se sont réclamés de Nietzsche, Marx et Freud. Quel héritage misérable ils nous laissent en réalité !

Le monde actuel est malade. Savoir s'adapter, le maître mot, à ses fausses valeurs consuméristes n'est pas un signe de grande santé. Tout a entièrement dégénéré en une génération toute entière préoccupée par sa jouissance et l'appât du gain, ayant définitivement rompu avec ses valeurs ancestrales pour ne strictement rien construire d'autre en remplacement.

Mais ça ne tiendra pas encore comme ça indéfiniment. Car l'époque produit des malades ou des destructeurs, et aucun créateur. Comparons ne serait-ce qu'avec les années 60/70. Il n'y a absolument plus de création. Nous vivons dans le néant absolu, où les stars sont des milliardaires, des people, ou des voyous.

Ce que je veux dire c'est que les possédants ont su recycler les idées de Marx, mais plus encore celles de Nietzsche et Freud, à leur propre avantage. Le résultat est un nihilisme bien plus prononcé que celui de n'importe quelle époque précédente. Avant le christianisme il y a eu l'Antiquité et son polythéisme fécond. Et je crois bien que c'est cette époque-là que Nietzsche regrettait. Pour ce qui est du reste, l'école, les différentes autorités administratives, médicales ou autres, se contentent d'accompagner le nihilisme ambiant avec ses "gagnants", mais jamais de lutter contre, car ils sont à la fois juge et partie et ont un intérêt vital, viscéral, à ce que le monde actuel perdure. Pas mal de gens arrivent à s'adapter et tirent leur épingle du jeu, en détruisant... les autres, ceux qui sont différents pour une raison x ou y. 

Quand on est obligé de prendre des neuroleptiques parce que l'époque beaucoup plus que soi-même encore, est destructrice, prétendre faire jaillir de soi une étoile dansante, c'est se mentir à soi-même.


samedi 2 juillet 2022

La marchandisation du monde



Il y a eu droite des valeurs et droite du travail au XIXème siècle avec toute la misère prolétarienne que cela a engendré. Puis gauche du travail et droite des valeurs durant les Trente Glorieuses keynésiennes permettant la constitution d'une classe moyenne puissante et nombreuse, ni pauvre ni riche, ni bourgeoise ni prolétaire, mais créatrice et en voie d'accomplissement, de 1945 à 1979. Un formidable vent d'optimisme a soufflé sur l'Occident permettant d'envisager comme possibles toutes les utopies de la jeunesse. La contre-révolution néolibérale (Hayek et Friedman, toute l'école de Chicago, ayant influencé Thatcher et Reagan, et même Pinochet) a imposé depuis les années 80 une droite du travail s'accommodant finalement très bien d'une gauche des valeurs... La gauche de gouvernement a accompagné une telle contre-révolution, qu'avec le recul on pourrait taxer de réactionnaire, car elle s'est accompagnée d'un recul des libertés réelles c'est-à-dire de la liberté d'action.

Je m'explique :

C'est en réalité un retour en arrière sous le prétexte fallacieux du progressisme des droits de l'Homme, et c'est Mai 68 et la naïveté des étudiants qui l'a paradoxalement rendu possible. Les gens se sont laissés duper par des chimères sociétales leur faisant croire en une fausse émancipation, et on ne leur rendra pas tout ce qu'ils ont perdu : la valeur d'usage qu'ils ont troquée contre la valeur d'échange. En perdant leurs valeurs traditionnelles, représentées sous la forme de l'autorité du gaullisme social qui n'était pas un autoritarisme, qu'ils ont foulé aux pieds par bêtise et naïveté, ils ont aussi perdu la valeur d'usage de ce qui faisait leur foyer, leur chez-soi. Désormais tout s'échange et se monnaie au sein d'un univers nomade qui n'a plus d'ancrage, où le monde du travail est sans pitié, en voie d'ubérisation, où l'immobilier est hors de prix et inaccessible pour les jeunes générations (alors que les baby-boomers y ont eu accès pour une bouchée de pain), et où les corps ainsi que les rapports humains se marchandisent. Le néolibéralisme est aux manettes, l'extrême gauche est l'idiot utile avec son wokisme, son islamo-gauchisme, son projet utopique d'émancipation sociétale, et l'extrême droite nous fait entendre un chant des sirènes séduisant mais ne pouvant duper que ceux qui sont assez naïfs pour y croire. Que propose l'extrême droite ? Un retour à l'idée de cohésion nationale. On constate effectivement que lorsqu'il y n'y a plus de communauté religieuse, puis plus de communauté nationale, l'individu se retrouve livré à lui-même, à ses pulsions, à sa plus simple expression. C'est alors que se croyant émancipé, délivré de toute contrainte transcendante, domine dans le monde du travail et jusqu'au sein de la cellule familiale, la guerre de tous contre tous.

La guerre est dans la nature humaine, elle est le propre de l'Homme avec un H majuscule, femmes incluses bien entendu. L'Homme est aujourd'hui bien plus barbare dans la vie civile qu'il ne le fut au temps des grandes communautés religieuses qui se livraient des guerres, parfois fratricides entre elles, puis des grandes communautés nationales qui ont quand même entraîné les deux boucheries que furent les deux guerres mondiales. C'est pour cela que sur bien des aspects, l'extrême droite apparaît bien plus policée et civilisée que l'extrême gauche, où l'Homme se retrouve réduit à sa plus simple expression et à ses pulsions primaires et sexuelles qu'il porte en bandoulière. Mais le danger sous-jacent de l'extrême droite qu'il ne faut jamais oublier, c'est la guerre entre les nations sous le prétexte du nationalisme.

Deux questions : comment s'en sortir ? Faut-il accepter que l'individu soit contraint de prostituer son âme - c'est-à-dire ce qui le relie à la communauté (qu'elle soit religieuse ou nationale) - pour s'adapter à un tel rythme infernal, purement individualiste, en totale contradiction avec tous les équilibres naturels ? Un type comme Rousseau aujourd'hui serait interné d'office à l'hôpital psychiatrique, et plus généralement tous les philosophes des Lumières transposés à notre époque seraient complètement inadaptés et effarés du résultat de leurs plus folles espérances. Seul Voltaire, l’intrigant, sortirait peut-être son épingle du jeu en nouant des alliances avec Attali et Minc, et dans un cadre luxueux bien sûr !

Mes parents se sont enrichis tout à fait par hasard, profitant de la conjoncture favorable des Trente Glorieuses. Mais ils n'avaient aucune des valeurs qui permettent de transmettre. Si la classe dominante est aujourd'hui aussi puissante n’est-ce pas parce qu’elle a ces valeurs qui lui permettent de transmettre ? Des valeurs qu'avaient aussi mes grands-parents. La question est comment une génération globalement accidentellement enrichie, celle des baby-boomers, est-elle devenue aussi égoïste ? Il est vrai que la bourgeoisie n'a en réalité aucune valeur contrairement à l'aristocratie et à mes grands-parents. Dans la bourgeoisie on ne croit qu'à son rang dans la hiérarchie sociale et l'on fait semblant d'avoir de l'honneur.

jeudi 23 juin 2022

La libéralisation des mœurs est en réalité au service de l'idéologie la plus réactionnaire qui soit


 

"Cette UER naissante et nouvelle (associant théories et pratiques artistiques) s’est d’abord tenue à Censier (actuelle Paris 3). L’atmosphère y était encore celle de 1968. Avec le fameux «souk», à l’atmosphère débridée. C’est là que - jeune universitaire, je faisais mes cours dans un AMPHI bondé. En 1972, l’UER a eu des locaux dans un espace industriel désaffecté, rue Saint-Charles dans le 15e arrondissement de Paris. Ce fut une époque passionnante : Il n’y avait pas vraiment de «salles de cours» et une dimension permanente de Happenings." dit une prof de philo (Florence de Mèredieu) dont j'avais suivi les cours à la Sorbonne. Ah c’était le bon temps ! Sauf que tout cela, tout ce mouvement d’émancipation des mœurs, sans vouloir jouer les rabat-joies, a été permis parce qu'au sortir de Mai 68 le niveau scolaire était excellent, et ce mouvement a été l’idiot utile de la contre-révolution réactionnaire que nous vivons actuellement, qui se fout des valeurs et mise tout sur le fric. Réactionnaire, parce que seuls les enfants des quartiers riches peuvent encore avoir un bon niveau scolaire.

La libéralisation des mœurs a été une immense fête pour les jeunes des années 60, baby-boomers, mais une catastrophe pour les enfants de soixante-huitards, qui globalement n'ont jamais réussi à rattraper leur retard scolaire. L'École primaire notamment a commencé à lâcher prise sur les enfants des années 70, éduqués comme des petits sauvageons - ne parlons même pas de ce qu'est devenu l'École aujourd'hui, il n'y a plus une École, mais des écoles qui varient selon les quartiers et le niveau socio-économique de leurs habitants.

Mai 68 a permis la contre-révolution néolibérale et réactionnaire des années 80 sur les enfants de baby-boomers, plus facilement malléables et manipulables que leurs aînés, parce que plus faibles et plus fragiles car rendus moins joyeux par leur manque de structure. C'est en réalité le respect des valeurs et non le fric qui permet de se structurer, pour éventuellement ensuite pouvoir accéder à la joie de l'accomplissement ou de l'émancipation. On peut dire que Mai 68 a mis la vérité sur la tête ! En voulant s'émanciper de toute tutelle traditionnelle encombrante, les baby-boomers majoritairement soixante-huitards ont sacrifié leurs enfants. Et ce qui fut détruit (les valeurs) ne sera jamais retrouvé.

D'autres disent : "L’idéologie soixante-huitarde à certes prôné la libération des mœurs, mais plutôt le retour à la nature et à la sobriété", c'est vrai aussi. Il y a aussi des prédateurs qui ont utilisé cette libération des mœurs comme des renards dans le poulailler, ce sont les pervers (mon père) ou des gens cruels (ma mère). Or la perversion est aujourd'hui au cœur du système capitalisme 2.0, c'est visible dans pratiquement toutes les publicités dont nous sommes inondés, impossible d'être comme une autruche dans le déni de ces dernières. Elles diffusent un message qui est pulsionnel et viscéral : "faites tout ce que bon vous semble pourvu que vous ayez du fric pour assouvir toutes vos pulsions, car il n'y a plus de morale et encore moins de traditions ou de régulations". Le néolibéralisme est plutôt une réactivation en XXL des thèses classiques du libéralisme économique telles qu'énoncées dès 1714 par Bernard Mandeville dans La fable des abeilles, et plus tard par Adam Smith dans La richesse des nations. Sous l'influence de Hayek, de Friedman, et de l'École de Chicago, il a vu le jour en réaction au keynésianisme redistributeur, égalitaire, presque socialiste, qui avait été mis en place par Roosevelt sous la forme du New Deal, pour ne pas que se reproduise une crise comme celle de 1929 ; ayant été pleinement opérationnel dans tout l'Occident de 1945 à 1979 ; permettant la constitution d'une classe moyenne puissante, ni pauvre ni riche, ni bourgeoise ni prolétaire, créative et créatrice ; et la prospérité matérielle des Trente Glorieuses. Le néolibéralisme sera mis en œuvre en Occident par Thatcher (1979), puis Reagan (1980) et Mitterrand (1983). On peut dire hélas que le mouvement d'émancipation sociétale de 1968, aura été l'idiot utile de cette mise en œuvre.

Aujourd'hui ce néolibéralisme a pour effet de réactiver un antagonisme de classe qui avait été atténué par le keynésianisme, et nous assistons à la destruction de la classe moyenne.

Friedrich Hayek et Milton friedman, deux grands économistes à l'origine de la réactivation du libéralisme économique sous la forme du néolibéralisme. Leurs idées se diffusèrent progressivement et furent prises en compte par les milieux politiques dans les années 1980, influençant profondément les mouvements conservateurs et libertariens américains. Leurs idées sur le monétarisme, la fiscalité, les privatisations et la dérèglementation ont directement ou indirectement inspiré les politiques économiques de nombreux gouvernements à travers le monde, notamment ceux de Ronald Reagan aux États-Unis, de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, d'Augusto Pinochet au Chili, de Mart Laar en Estonie, de Davíð Oddsson en Islande et de Brian Mulroney au Canada. On pourrait rajouter la France de Mitterrand dès 1983, et plus encore la France de Macron dans la droite lignée de ce mouvement néolibéral qui a plus de 40 ans, la start-up nation en voie d'ubérisation.

La gauche de gouvernement (le PS, puis Macron) misant tout sur le sociétal (qui ne mange pas de pain !) au détriment du social, a trahi ses idéaux, et le peuple le ressent de plus en plus, chaque jour davantage, de 1983 à aujourd'hui - en France. Sous cet aspect-là on peut voir effectivement Mai 68 comme les prémices d'une contre-révolution réactionnaire, au profit des seuls riches et des puissants se cachant derrière l'alibi du sociétal et de la libération des mœurs - visible dans la façon dont ce système se vend à travers la publicité. Ce qui est aujourd'hui tellement patent que cela attise toutes les rancœurs et frustrations populaires, ainsi que la montée de la colère et de phénomènes comme l'apparition du complotisme (on nous aurait menti ?), et la percée de l'extrême droite (les jeunes et les ouvriers) et dans une moindre mesure de l'extrême gauche (le vieux peuple de gauche qui s'est senti floué). On peut le déplorer ou s'en réjouir, mais de tels phénomènes ne surviennent pas par hasard !

mercredi 8 juin 2022

La société des droits de l'Homme et la pitié

 


Quel est le type de sentiment normal d'une mère pour son enfant ? C'est la pitié, avant même l'amour. L'amour c'est avant tout une mise en scène, souvent de la pure comédie sociale mise en place par les femmes pour tempérer les ardeurs masculines. Tout autre type de sentiment que la pitié, comme la cruauté dans le cas de ma mère, notoirement psychanalyste, est le fruit d'un type de femme dégénéré, qui se répand de plus en plus dans la société sous l'influence des néoféministes ou d'intellectuelles, de Beauvoir à Angot, qui considèrent les enfants comme des "paquets" étant une entrave à leur émancipation - alors qu'il s'agit de leur jouissance. Eh bien mesdames, achevez donc votre œuvre, vous êtes en grande partie responsables de ce que Zemmour appelle à juste titre, le suicide français. On pourrait dire, le suicide occidental. Je suis persuadé que ça sent moins mauvais en Russie ou en Chine, voire dans tout le reste du monde, où les femmes ont encore des valeurs traditionnelles et ne sont pas obsédées à l'idée de castrer le mâle.

Merci Bob G., je te prendrais bien comme avocat dans le procès que j'aimerais faire à mes deux parents. On ne met pas un enfant au monde pour l'accabler de sa haine, son irresponsabilité, son incompétence, sa propre incurie. Bon après comme je ne crois pas du tout au libre arbitre je ne peux pas non plus à mon tour complètement les accabler, puisque selon moi personne n'est libre et tout le monde dépend entièrement des circonstances. C'est pour cela d'ailleurs que Marx disait à juste titre que si les circonstances sont déterminantes, il convient de les rendre plus humaines, et que cela devrait être le seul rôle de la société. Mais je trouve anormal que je doive payer pour leurs fautes dont ils se sont déchargés sur moi, comme dans un acte sacrificiel ou l'enfant doit entièrement porter le poids des excès de ses parents. C'est uniquement pour cette raison que je regrette la religion et les notions de sacrifice et de culpabilité qui l'accompagnent, ils auraient peut-être pu y trouver un exutoire à leur cruauté intrinsèque. Peut-être auraient-ils pu détourner cette cruauté vers un autre objet que la créature innocente qui n'avait pas demandé à venir au monde qu'ils avaient enfantée, c'est-à-dire envers eux-mêmes, ou au moins en prendre conscience afin de l'atténuer. Peut-être ? Mais ils ont surtout voulu se décharger de tout sentiment de culpabilité, et surtout pas consentir au moindre sacrifice de leur personne. Alors que leurs parents l'avaient fait pour eux, enfants gâtés qui deviendront parricides, matricides, puis infanticides.

Encore une fois, et là je sais que je vais provoquer ton extrême lassitude, cela me paraît symptomatique de la génération des boomers, mais chez mes deux parents de façon complètement exagérée, paroxystique, voire pathologique. Notons qu'un tel comportement a déjà entraîné le suicide de mon cousin germain à 23 ans en 1990, et je le pense l'autisme de ma demi-sœur que mon père a eu avec une autre femme. Beaucoup de sacrifiés dans ma famille, et ce sont toujours les enfants des boomers. Certains boomers de ma famille qui ont pris au pied de la lettre le slogan de 68, "jouir sans entraves". La religion est juste un garde-fou pour ceux qui ne savent pas penser raisonnablement par eux-mêmes, sans exagération ni cruauté, ou de façon péremptoire et agressive, comme cette Chantal M. et à dire vrai la majorité des gens de nos jours, en paradigme néolibéral et consumériste de guerre de tous contre tous.

Rousseau disait déjà que ce qu'il y a de meilleur en l'Homme est sa capacité d'éprouver de la pitié pour son semblable, à condition d'être mis en situation par la société de pouvoir éprouver cette pitié qui lui est naturelle - c'est pour cette raison qu'il dit que c'est la société qui le rend mauvais alors qu'il est naturellement bon.

Si le mot de pitié peut sembler de nos jours péjoratif, mièvre, on peut très bien le remplacer par des mots qui passent mieux aujourd'hui, comme empathie ou compassion. Mais cela veut dire la même chose dans mon esprit. Nous vivons une époque de cruauté et de cynisme, où dire de quelqu'un qu'il est capable d'éprouver de la pitié et donc qu'il est gentil, veut dire qu'il est idiot. D'ailleurs le terme de pitié est devenu tellement péjoratif qu'il fait honte à celui qui la reçoit, y voyant une forme de mépris inégalitaire et aristocratique, irrespectueux de sa dignité et des droits de l'Homme. Ce qui constitue un comble quand on sait le rôle déterminant qu'a joué Rousseau dans l'élaboration de la société des droits de l'Homme, et le rôle central que joue la pitié dans son œuvre.

Nos contemporains refusent obstinément d'éprouver ce genre de sentiment, et lui préfèrent le terme de résilience (Boris Cyrulnik) servi à toutes les sauces, qui questionne l'individu mais non l'ensemble de la communauté, alors comment la mettre en œuvre dans une société ayant perdu son humanité comme c'est le cas aujourd'hui ? Se centrer uniquement sur l'individu en faisant totalement abstraction du contexte social, c'est le grand reproche que je fais aux psys en général. Les psys tombent finalement dans le même délire individualiste que les néolibéraux pur jus, ou alors ne sont-ils rien d'autre que les idiots utiles du néolibéralisme ?

Non pas donner moins que ce que l'on a reçu, mais pire pour un pervers, n'est pas insoutenable. Un pervers n'a pas de morale. Je ne pense pas que le fait de se regarder dans un miroir lui pose problème. Et puis il n'y a pas que la responsabilité des individus, il y a la responsabilité collective qui est déterminante, dont les psys sont majoritairement dans le déni parce qu'ils estiment, peut-être à juste titre, que ce n'est pas leur rôle. Et si la société devient à son tour entièrement pervertie par les circonstances, peuplée majoritairement d'individus pervers et immatures, alors il n'y a vraiment plus aucune responsabilité individuelle possible, ni aucune forme de bonté, et le rôle des psys devient dorénavant totalement caduc.

Être pervers c'est prendre par derrière, quand on peut prendre par devant par un système d'échange de don et de contre-don. Être pervers c'est enculer autrui, au sens propre et au figuré, c'est baiser son prochain. Une société devient perverse lorsque la norme y devient de baiser son prochain, comme en paradigme néolibéral. Mais à lire Rousseau, peut-être qu'il en a toujours été ainsi depuis la nuit des temps. Le pacte républicain influencé par Rousseau n'a strictement rien arrangé, c'est peut-être cela qui est le plus désolant. Ce pacte a contribué à abolir d'abord avec la loi Le Chapelier dès 1791 toutes les solidarités d'ouvriers, d'artisans, de corporations, puis désormais familiales avec la chasse aux sorcières à l'homme blanc de plus de 50 ans, aux "violents" avec leurs femmes. Loi Le Chapelier qui constitue selon Marx un véritable "coup d'État des bourgeois", ce qui n'a pas empêché le pauvre homme d'être guillotiné en 1794. Aujourd’hui l’objectif des néolibéraux pur jus est de dissoudre la famille, ou ce qu’il en reste, avec l’aide de leurs idiots utiles d’extrême gauche, néoféministes, anti-patriarcaux, le dernier socle à abolir afin de rendre la société en voie d’ubérisation, entièrement fluide et nomade.

Je crois que j'ai moi-même un côté pervers assez prononcé, en plus petit que mes parents et sans l'accord de la société dans le contexte actuel, mais beaucoup plus nocif pour moi-même - puisque ma femme m'a rejeté. Car mes parents sont malheureusement deux très grands pervers, mais qui arrivent à se décharger de leurs pulsions négatives vers l'extérieur. Et on ne devient pas pervers, on le reste, c’est une carence de l’évolution normale vers l'âge adulte. Mon père est authentique pervers de naissance, c'est une expression (car en réalité ses propres circonstances familiales ont joué un rôle déterminant), et ma mère a été pervertie par son milieu d'adoption (la bourgeoisie parisienne "sympa" post soixante-huitarde), elle s’est amoindrie par rapport à son milieu d’origine alors qu’elle a cru en sortir plus grande, à cause de l’énorme complexe lié à sa petite taille. Enfin mon père a des circonstances atténuantes, c'est un authentique "pervers de naissance" couvé et même encouragé par son milieu, mais ma mère s'est laissé pervertir par son milieu d'adoption, c'est bien plus grave car elle provenait d'un environnement sain. Cependant elle était la petite poupée précieuse préférée de son papa. Toute la perversion de mon milieu familial s'est entièrement retournée contre moi.

Red Rocket

 


 

Maverick avec Tom Cruise c'est du pipeau, de la propagande à destination des militants néolibéraux qui veulent croire en leurs mensonges ou des gogos décérébrés encore bien plus nombreux. C'est à l'autre visage de l'Amérique, beaucoup plus sincère, juste et extrêmement rare celui-là au cinéma, dans un pays où environ 1 million de personnes tous les ans, voire plus, se laissent mourir à l'aide souvent de médicaments ou de drogue et d'alcool, victimes de désespoir, de solitude, de détresse sociale, que ce film tente avec succès de rendre justice. Le regard de Tom Cruise même dans ses meilleurs films reste un regard autocentré, alors que Red Rocket échappe selon moi à ce piège. L'auteur y est sensible à l'altérité, au tout autre au sein même de la banalité du quotidien défavorisé des zones périurbaines, industrielles et commerciales déshumanisées. Ces sans-voix, ces "gitans" qui n'ont pas de chez-soi, que l'on ne voit pas parce qu'ils font partie du décor et que l'on s'est habitué. C'est mon point de vue.

Un pays pourtant merveilleux de par ses paysages et en même temps à chier de par son système où tout passe par le fric, une vitrine néolibérale pour le monde absolument à chier, mais où des gens qui représentent les intérêts d'une infime minorité sont payés très chers pour faire de la propagande pour un mode de vie dépourvu d'empathie envers autrui qui écrase les plus fragiles. Environ 99,9% de la production cinématographique des États-Unis repose sur le mensonge, le déni de la réalité, ou alors sur la seule vérité des nantis, c'est-à-dire des plus cruels dépourvus de la moindre pitié. En France nous ne faisons guère mieux et nous sombrons souvent dans la gaudriole ou l'ironie bouffonne typiquement bobo, à peine moins cruelles et dépourvues de toute forme de sincérité. Un tel regard c'est quand même rare, c'est l'exception. Mais ça arrive de temps en temps. Le cinéma mainstream américain présente quand même exclusivement la vérité des nantis qui est le mensonge des pauvres, d’où notamment un phénomène comme le complotisme qui émerge de plus en plus : "on nous aurait menti !" Quant au cinéma mainstream français, il est tout aussi dégoulinant de bons sentiments qui ne mangent pas de pain.

Ce film a le mérite de nous mettre en situation d'empathie sans tomber dans la mièvrerie. Ce n'est pas non plus du Ken Loach, moins militant, mais c'est un autre regard empli de compassion pour son semblable, où personne n'est foncièrement mauvais mais est le jouet de circonstances souvent tragiques, enrobé dans un type d'humour qui est bien la politesse du désespoir. Car si ce film ne jouait pas cette carte, celle d'en rire, il sombrerait très vite dans le glauque insoutenable. On peut dire que nous sommes dans la tragi-comédie.

Enfin un très bon et très élégant film américain qui fait preuve d'un autre regard sans tomber dans le pathos misérabiliste, trop rare pour ne pas être souligné !

mardi 24 mai 2022

Sur l'absence d'humanité des sociétés modernes

 


 "La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle éminemment révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste."

Karl Marx, Manifeste du PC.

Ah "les eaux glacées du calcul égoïste" ! C'est avec ça que le socialisme d'Orwell ou de Michéa se proposent d'en finir avec la réhabilitation d'une notion qui vient du peuple et qu'ils nomment décence commune, et qui peut très bien avoir des racines religieuses ou autres. L'aristocratie me paraissait bien plus proche du peuple sur le plan des valeurs que cette sinistre engeance qui a pour nom bourgeoisie.

Mais quand en finira-t-on avec cette maudite classe sociale ? Combien de temps encore à subir cette oppression larvée qui ne veut pas dire son nom et se cache derrière le prétexte des droits de l'Homme ?

À ceux qui se prétendent marxiens sur la toile...

Tout ne se réduit pas à la littérature. Le suicide est la première cause de mortalité dans le monde. Comme il est hors de question pour la société de rendre les circonstances plus humaines car cela remettrait en cause les privilèges d'une infime minorité de possédants (j'appelle possédants ceux qui possèdent l'appareil de production, les médias, qui contrôlent l'opinion), c'est-à-dire de se réformer en profondeur, au moins qu'elle laisse aux gens qu'elle a rendu malades et inaptes, une porte de sortie digne qui soit reconnue comme un droit de l'Homme. Ni plus, ni moins.

Toi jeune homme qui te prétend marxien, n'oublie que la littérature c'est la superstructure et que l'infrastructure ce sont les rapports de classe. Bref que la littérature, c'est l'idéologie, et l'idéologie bourgeoise qui plus est, tout comme l'économie. La littérature le plus souvent, tout comme l'économie, ne sert qu'à opprimer les classes les plus laborieuses. La littérature n'est pas un jeu innocent et gratuit. Rien n'est gratuit, rien n'est innocent, et même personne n'est innocent. La lecture est un luxe que ne peuvent s'offrir que les classes non oppimées, ces dernières sont occupées à travailler dur pour leur subsistance. Tout comme Nietzsche, je préfère encore l'aristocratie qui était cash et mettait carte sur table, à cette classe hypocrite et sournoise que l'on appelle bourgeoisie ; qui vole le travail intellectuel aux classes laborieuses pour lui laisser le travail manuel ; qui vole les beaux métiers bien payés, pour lui laisser les métiers dégradants, mal payés, et le statut de quasi-esclaves. Et tout cela de façon hypocrite et perverse, à la différence de l'aristocratie. L'honnêteté intellectuelle de Nietzsche, sa probité, se situe là.

Sur le suicide... et afin de le rendre plus humain.

Le suicide médicalement assisté devrait être légalisé en France, sans discrimination de sexe, d'âge, de couleur de peau ; car les gens sont dorénavant suffisamment intelligents, grâce à l'École, pour savoir à quel point ils se sont fait baiser par les circonstances afin de déterminer si ça vaut la peine de continuer ou non.

Comme le dit Heidegger dans une vie où tout est désormais calcul, où la pensée est devenue exclusivement calculante, où les gens sont devenus calculateurs et pervers par adaptation aux nouvelles normes sociales en rupture totale avec toute forme de tradition et d'honneur, on devrait avoir ce droit de l'Homme de se supprimer librement, le plus humainement possible et dans la dignité, si le calcul montre que les circonstances vous ont fait être déficitaire, c'est-à-dire souffrant, malade, donc une charge pour la cohésion sociale.

Puisque la société n'est pas décidée à rendre les circonstances qui sont déterminantes, plus humaines, grâce à l'École notamment dont cela aurait dû être le rôle alors que par effet pervers elle les aggrave, au moins qu'elle laisse humainement une porte de sortie à ceux que Nietzsche appelait les "faibles et les ratés".

Bref, dans la société des droits de l'Homme, le suicide devrait être un droit de l'Homme. Dans ce qui pourrait être des centres d'euthanasie ou grâce à des machines à euthanasie. Alors qu'aujourd'hui on doit toujours se suicider dans la clandestinité, dans des conditions souvent épouvantables pouvant vous laisser handicapé à vie, bien que cela concerne une dizaine de milliers de personnes par an, soit environ 30 suicides par jour, soit un peu plus d'un par heure rien qu'en France. Un toutes les quarante secondes dans le monde. C'est une atteinte insupportable aux droits humains.

Le dernier tabou de nos sociétés occidentales vérolées doit être levé pour des questions d'humanité, mais aussi de salubrité publique.

Juan Branco contre les ripoux de la Ripoublique



La décence commune populaire contre les intérêts communs de la caste des nantis.

Sans vouloir faire de glose philosophique, j'ai connu de vrais chrétiens qui avaient le cœur sur la main : mes grands-parents, qui étaient des gens très simples et sans aucune culture livresque, que l'on pourrait appeler la culture bourgeoise. Le lien communautaire était très fort et rattaché aussi à la culture bretonne ancestrale, langue bretonne qu'ils parlaient. Je crois que les philosophes des Lumières avaient sous les yeux toutes ces communautés et qu'ils voulaient les perfectionner, les unifier, pour faire un seul peuple, une République une et indivisible, alors qu'avant la Révolution il y avait des peuples en France. Ils n'auraient jamais pu imaginer que tout lien communautaire pourrait disparaître sous l'action du progrès (Heidegger et Arendt) et d'une idéologie néolibérale pure et dure - que Marx appelait les robinsonnades du libéralisme.

Ce qui résiste ce ne sont pas des individus isolés mais des groupements d'individus ayant des intérêts communs. Je pense qu'aujourd'hui on trouve ces groupements d'individus au sein des élites et que les peuples ont été dissous sous l'action de l'individualisme et du matérialisme de la bourgeoisie en Occident. Tous les idéaux des Lumières sur l'intérêt général me semblent aujourd'hui lettre morte car il n'y a plus de communauté mais uniquement des individus consuméristes. Quant à ma névrose qui est entièrement liée au lien pathologique que j'ai avec mes géniteurs, sans vouloir parler de la folie de mon père, Robert B., je crois que ma mère, Colette B., a réussi le grand saut de sa communauté d'origine vers ces groupements élitistes d'individus aux intérêts communs dont je parlais au début. D'un point de vue nietzschéen elle est restée saine, elle a infiniment gagné en cruauté en passant d'un syncrétisme catholique saupoudré de paganisme breton, très simple et égalitaire, à la psychanalyse, très compliquée, hiérarchisée, tarabiscotée pour de si maigres résultats sur les patients en général, et vaste pompe à fric complexe, qui soigne éventuellement les individus mais ne répare jamais les communautés, encore moins les âmes, voire les abîme encore plus en ne s'en souciant pas.

Pour réaliser sa métamorphose qu'elle a très bien réussi, elle m'a sacrifié, par indifférence ou cruauté, je ne sais pas. Elle est bien plus saine que moi, très sociable mais pratiquant l'entre-soi bobo des grandes métropoles, et me survivra sans doute. Je ne pense pas que cette victoire, ce triomphe des élites aux intérêts communs coupées des peuples corrompus par le matérialisme et l'individualisme, est voué à perdurer, et suis très pessimiste sur l'avenir.

La République est malade depuis se origines bourgeoises.

Oui la République n'est plus la République, car la République c'est le pouvoir du peuple par le peuple pour l'intérêt du peuple et pas d'une caste de nantis : Juan Branco parle assez courageusement de cette dérive quoique l'on puisse par ailleurs penser du personnage aux postures de Che Guevara. Quant à la laïcité ok, mais moi par mon histoire personnelle je n'ai connu des gens sains et altruistes que chez les Bretons bretonnants chrétiens très simples et sans aucune culture livresque et bourgeoise, dans mon enfance. Plus tard à l'Université chez des gens qui n'avaient pas tout à fait renoncé à leurs racines catholiques. La France républicaine aurait dû faire le lien entre ses racines et son projet, elle a préféré trancher dans le vif avec une violence inouïe concernant ses racines, alors qu'elle fait preuve de tant de complaisance pour l'islam. C'est à la fois paradoxal et étonnant, c'est quasiment du sadomasochisme.

Les contre-pouvoirs et les garde-fous (les fous étant ceux qui nous dirigent).

Le pouvoir a une crainte, c'est le (contre -) pouvoir de nuisance des réseaux sociaux qui ont notamment fait émerger les gilets jaunes. Mais enfin encore faudrait-il que ces réseaux s'organisent et se coordonnent. Cependant Castex a fait allusion à cette crainte dans son allocution pour l'investiture d'Élisabeth Borne, il a parlé de ces millions de Français qui ne s'expriment pas sur les réseaux sociaux en les louant. La fameuse majorité silencieuse dont le pouvoir entend bien qu'elle reste silencieuse et vote comme on lui dit de voter.

Il ne faut pas confondre gauche de gouvernement avec socialisme.

Le socialisme n'a jamais existé en France. C'est du vent ! Il n'y a pas d'École en France, il y a des écoles qui varient selon les quartiers. La gauche de gouvernement n'a jamais été socialiste. Tout le reste n'est que du saupoudrage pour maintenir la paix sociale. Je ne nie pas qu'il y ait eu le CNR, et le seul homme ayant été un tant soit peu socialiste à mes yeux, me paraît être de Gaulle. On ne doit pas se contenter des miettes qui tombent de la table du festin des nantis. Le véritable socialisme n'a rien à voir avec ça !

On aurait pu passer du christianisme au socialisme sans rupture radicale, en conservant certaines valeurs. Dire que le socialisme est dans la continuité du christianisme est de la théorie, car le socialisme n'a jamais eu lieu nulle part et certainement pas en URSS ou en Chine. Dans la réalité la République française a tranché radicalement avec ses racines chrétiennes, sans aucunement rallier l'idéal communautaire socialiste, qu'il s'agisse d'ailleurs de la droite ou de la gauche de gouvernement. N'oublions pas que c'est une gauche de gouvernement républicaine qui a écrasé la Commune de Paris.

Les prestations sociales profitent aujourd'hui surtout aux populations immigrées majoritairement d'origine musulmane, ainsi que les logements sociaux. C'est une réalité malheureusement. La classe moyenne avec ses valeurs consuméristes et mercantiles par mimétisme avec celles de la bourgeoisie, a malheureusement beaucoup contribué à la destruction du peuple dont elle est entièrement issue - avant la Révolution on aurait pu dire, les peuples de France. Il n'y a que le peuple qui puisse faire des enfants et les élever avec amour, sans vénalité et esprit de manipulation. La France n'avait pas vocation à devenir un hôtel pour migrants, mais elle l'est devenue par corruption de la population d'origine.

Marx, économiste de génie et naïf impénitent.

Marx avait prédit que le socialisme serait l'avènement du paradis sur Terre, un genre de parousie dans la droite lignée du christianisme, mais ici et maintenant. Nous en étions très loin, même en URSS entre 1917 et 1939. Ou alors Marx s'est totalement fourvoyé, économiste de génie mais complètement naïf sur la nature humaine. Je penche pour la seconde option, et la nature humaine ne s'arrange pas avec le cynisme made in USA véhiculé par tous les médias.

mercredi 11 mai 2022

ROUSSEAU ET NIETZSCHE, ou pourquoi notre société est bien plus nietzschéenne que rousseauiste ?

 


"Périssent les faibles et les ratés : premier principe de notre amour des hommes. Et qu’on les aide encore à disparaître ! Qu’est-ce qui est le plus nuisible que n’importe quel vice ? La pitié active pour les ratés et les faibles : le christianisme" (L’antéchrist)

"Périssent les faibles et les ratés", c'est typiquement du Nietzsche. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une lecture tronquée, Nietzsche est cruel. Beaucoup trouvent dans cette cruauté un exutoire. Plus on monte dans l'échelle sociale plus les gens sont cruels, ce que Nietzsche appelle l'air des cimes pour échapper aux mauvaises odeurs du populo. Nietzsche revendique une morale aristocratique ne s'encombrant pas de moraline. Je pense qu'il a un assez mauvais fond, plutôt que de vouloir changer la société il recommande d'accepter le monde tel qu'il est, et aux victimes de se suicider plutôt que de contaminer par leur négativité le reste de la communauté.

Nietzsche se veut juste mais pas justicier, aussi juste que peut l'être la vie, ni plus ni moins, et la vie est cruelle. Il veut accompagner le mouvement de la vie contre toute forme de ressentiment et propose une morale pour les forts.

Les nazis pangermanistes ont fait une mésinterprétation dans la mesure où il disait que les Juifs avaient vocation à devenir les guides et les maîtres de l'Europe. Les nazis et les fascistes ne peuvent se revendiquer de lui, car finalement c'est bien le ressentiment contre ce qui est supérieur qui les animait.

C'est dans Aurore qu'il dit que les Juifs ont vocation à devenir les guides et les maîtres de l'Europe, mais qu'ils ne devront pas faire honte à ceux qu'ils seront amenés à dominer... ou alors gare au retour du bâton !

Nietzsche vomissait Rousseau qu'il comparait à un malade, et adorait Voltaire pour son esprit. Nietzsche vomissait aussi les socialistes donc par voie de conséquence Marx, mais je ne crois pas qu'il le cite dans son oeuvre. Et enfin il vomissait les antisémites et les pangermanistes. Il n'avait d'égards que pour ce qui lui apparaissait comme supérieur.

La supériorité des Juifs n'est pas un complot comme voulait le faire croire Le protocole des sages de Sion, qui de notoriété publique est un faux, car c'est dans leur nature de dominer le reste de l'Occident auquel ils appartiennent. Autrement dit cette domination est naturelle, et n'a rien d'artificielle comme pourrait l'être un complot - alors que les nazis étaient parvenus au pouvoir en complotant.

Comme les Juifs ne partagent pas, tout comme les nobles ne partageaient pas avec le peuple, pour se consoler il faut bien se dire aussi qu'il y a eu d'autres époques, et qu'ils n'ont pas toujours eu et n'auront peut-être pas toujours vocation à dominer le reste de l'Occident. De plus leur domination ne concerne que l'Occident et pas les grandes puissances que sont la Chine, la Russie ou l'Inde. 

Cependant l'Occident est complètement mité de l'intérieur, il n'y a qu'à voir les élections en France avec trois blocs complètement hétérogènes. Je fais bien plus confiance à des empires cohérents, comme la Chine, l'Inde, ou même la Russie. Poutine a bien raison d'avancer ses pions face aux décadents déchirés que nous sommes. Je ne crois pas du tout en l'avenir de l'Occident. Plus tôt s'effondreront les États-Unis dont nous sommes les valets soumis, le mieux ce sera pour tout le monde. L'Occident ne représente que les intérêts d'une infime minorité et pas celui des peuples. La société occidentale ne laisse que très peu de choix, c'est dominer pour une infime minorité, accepter d'être dominé avec bonne humeur pour la très grosse majorité, ou alors sombrer dans le désespoir pour les dépressifs.

Ce qui est sain pour Nietzsche est de nature aristocratique, et ce qui est malade est dénaturé par le christianisme et ses avatars modernes comme le socialisme ou l'antisémitisme, pétris de ressentiment pour ce qui est supérieur - comme aujourd'hui l'islamo-gauchisme ou l'antisionisme, bref le mélenchonisme.

Ce sont les faibles qui selon Nietzsche appellent méchants ceux qui leur semblent supérieurs, par ressentiment. À la distinction gentils/méchants, Nietzsche propose de substituer la différence entre mauvais (ceux pétris de ressentiment)/bons. Les bons pour Nietzsche sont ceux qui sont le plus conformes à la nature humaine et à l'acceptation de sa cruauté intrinsèque. Pour Nietzsche les antisémites sont mauvais, les Juifs sont bons, et ces derniers apparaissent comme méchants aux yeux des faibles qui parfois s'emparent du pouvoir pour les combattre comme les nazis. Ou comme aujourd'hui tentent de s'emparer du pouvoir des franges antisémites du spectre politique de l'extrême gauche à l'extrême droite. Les méchants c'est-à-dire en réalité les bons, sont sains, ne sont pas malades. Cruauté sociale que ne supportait pas un Rousseau par exemple, en raison de son histoire personnelle ; alors que Voltaire s'en accommodait fort bien grâce à son grand esprit. L'esprit c'est une forme de cruauté qui s'exerce par la parole que maîtrisent très bien ceux qui se réclament des Juifs d'affirmation comme BHL, c'était le passe-temps favori de l'aristocratie française.

Tout groupement humain fait généralement preuve de cruauté pour ce qui sort du lot : là c'est encore un autre problème que l'aristocratie. Rousseau rêvait juste d'une société sans classes, avec un peu moins de mépris, un peu moins de haine, plus de justice, moins d'inégalités ; il se voulait l'avorteur du capitalisme naissant, dont il avait l'intuition qu'il se développerait dans la négation des valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité. Apparemment ce n'est pas conforme à la nature humaine ! Se voulant justicier, il est peut-être finalement moins juste que Nietzsche. La vérité est cruelle !

Céline appartient évidemment à la catégorie de ceux pensant combattre les méchants, comme tout anarchiste de droite (on pense aussi à Eastwood ou Gibson), alors qu'ils combattent les bons.

Dans cette perspective-là, on peut dire que ma mère est une femme méchante, et elle s'en enorgueillit comme s'il s'agissait du contraire d’un vice, d’une vertu, alors que dans le cas d'une femme et a fortiori d'une mère, c'est une complète dénaturation. Ma mère est un pauvre type, un type dégénéré.