mercredi 8 juin 2022

Red Rocket

 


 

Maverick avec Tom Cruise c'est du pipeau, de la propagande à destination des militants néolibéraux qui veulent croire en leurs mensonges ou des gogos décérébrés encore bien plus nombreux. C'est à l'autre visage de l'Amérique, beaucoup plus sincère, juste et extrêmement rare celui-là au cinéma, dans un pays où environ 1 million de personnes tous les ans, voire plus, se laissent mourir à l'aide souvent de médicaments ou de drogue et d'alcool, victimes de désespoir, de solitude, de détresse sociale, que ce film tente avec succès de rendre justice. Le regard de Tom Cruise même dans ses meilleurs films reste un regard autocentré, alors que Red Rocket échappe selon moi à ce piège. L'auteur y est sensible à l'altérité, au tout autre au sein même de la banalité du quotidien défavorisé des zones périurbaines, industrielles et commerciales déshumanisées. Ces sans-voix, ces "gitans" qui n'ont pas de chez-soi, que l'on ne voit pas parce qu'ils font partie du décor et que l'on s'est habitué. C'est mon point de vue.

Un pays pourtant merveilleux de par ses paysages et en même temps à chier de par son système où tout passe par le fric, une vitrine néolibérale pour le monde absolument à chier, mais où des gens qui représentent les intérêts d'une infime minorité sont payés très chers pour faire de la propagande pour un mode de vie dépourvu d'empathie envers autrui qui écrase les plus fragiles. Environ 99,9% de la production cinématographique des États-Unis repose sur le mensonge, le déni de la réalité, ou alors sur la seule vérité des nantis, c'est-à-dire des plus cruels dépourvus de la moindre pitié. En France nous ne faisons guère mieux et nous sombrons souvent dans la gaudriole ou l'ironie bouffonne typiquement bobo, à peine moins cruelles et dépourvues de toute forme de sincérité. Un tel regard c'est quand même rare, c'est l'exception. Mais ça arrive de temps en temps. Le cinéma mainstream américain présente quand même exclusivement la vérité des nantis qui est le mensonge des pauvres, d’où notamment un phénomène comme le complotisme qui émerge de plus en plus : "on nous aurait menti !" Quant au cinéma mainstream français, il est tout aussi dégoulinant de bons sentiments qui ne mangent pas de pain.

Ce film a le mérite de nous mettre en situation d'empathie sans tomber dans la mièvrerie. Ce n'est pas non plus du Ken Loach, moins militant, mais c'est un autre regard empli de compassion pour son semblable, où personne n'est foncièrement mauvais mais est le jouet de circonstances souvent tragiques, enrobé dans un type d'humour qui est bien la politesse du désespoir. Car si ce film ne jouait pas cette carte, celle d'en rire, il sombrerait très vite dans le glauque insoutenable. On peut dire que nous sommes dans la tragi-comédie.

Enfin un très bon et très élégant film américain qui fait preuve d'un autre regard sans tomber dans le pathos misérabiliste, trop rare pour ne pas être souligné !

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