vendredi 23 février 2024

« Je suis » Julian Assange


Contrairement à l'immense majorité des « facebookiens », je suis entièrement transparent. Je n'ai jamais supprimé un « ami », ni même bloqué un message...

D'une façon générale je préfère FB à X (anciennement Twitter), car sur ce dernier, à moins de payer un abonnement très cher, on ne peut délivrer que de très courts messages sans pouvoir développer, qui sont donc généralement très manichéens, souvent chargés de colère et de haine, bien plus que sur FB encore.

Je n'ai supprimé « sournoisement » aucun commentaire, c'est certainement une erreur de manipulation de ta part (il faut afficher l'option « tous les commentaires » et non pas celle « les plus pertinents »). Je ne l'ai jamais fait, tout comme je n'ai jamais bloqué personne, sur Facebook je le répète je suis un des seuls à être totalement transparent, à donc jouer le jeu de la démocratie telle qu'Assange la conçoit, sans hypocrisie ni faux-semblants. Même certains qui se prétendent les plus grands défenseurs de la liberté d'expression m'ont bloqué, comme Arnaud De La Croix (que j'accuse d'être un bel hypocrite), lui dont l'idole est Julian Assange emprisonné pour avoir fait usage de sa « liberté » de révéler au monde des secrets d'État, ce qui s'appelle ni plus ni moins que de l'espionnage.

On me dit que la notion d'espionnage ne vaut que lorsqu'il bénéficie à un tiers dont les intérêts ne sont pas ceux de l'État. Quand ça met en péril la raison d'État, c'est de l'espionnage, ici pour le compte de l'intérêt du peuple, donc dans un esprit de transparence tout à fait louable mais pour le compte d'un tiers quand-même, puisque la raison d'État ne saurait se confondre avec celle du peuple - même si l'État est en démocratie normalement l'expression de la souveraineté populaire. On ne la confond pas, officiellement pour protéger la sécurité du peuple que la divulgation de secrets bien gardés pourrait compromettre. Je comprends bien que le simulacre de démocratie dans lequel nous vivons est globalement malveillant pour le citoyen lambda, et que c'est cette vérité dérangeante qu'Assange a voulu révéler. Il n'empêche que ce faisant il a divulgué des secrets d'État, ce qui légalement est condamnable. Pourquoi Assange bénéficierait-il d'un traitement de faveur, même si la pureté de ses intentions ne semble faire aucun doute ? Assange a surtout péché par naïveté, sa vision de la vérité est celle des Confessions de JJ. Rousseau (c'est la mienne aussi, mais j'ai conscience d'être naïf). En prenant (faussement) la défense de la raison d'État contre Julian Assange je me fais évidemment l'avocat du diable, mais il faut voir aussi que la divulgation un brin irresponsable de certains secrets d'État, peut se solder par des dommages collatéraux, c'est-à-dire faire des victimes de chair et de sang, absolument innocentes.

Déjà si le citoyen lambda consent à vivre sous un régime de démocratie représentative plutôt que participative et directe, c'est qu'il accepte de déléguer une partie de sa souveraineté à « ses » représentants, ça fait partie du contrat de leur faire confiance, et qu'il y ait donc in fine des secrets. L'affaire Assange révèle surtout que le citoyen lambda est bien trop lâche pour : exiger une révision du contrat, exiger d'avoir son mot à dire dans la cadre d'une démocratie directe, et qu'il préfère s'en remettre à des « héros » défenseurs de la liberté comme Assange, à des « Zorro », qui se transforment ensuite inéluctablement en victimes expiatoires du système. Et le citoyen lambda a l'impression de faire son devoir de s'indigner après coup, alors qu'il aurait dû agir en amont, pour que de tels sales petits secrets n'aient jamais pu exister, n'aient jamais pu porter atteinte à sa souveraineté, et pour réclamer que la démocratie soit transparente.

Le citoyen lambda qui est entretenu dans la croyance par les médias (de ce qui est bien et mal) et le contrôle social, jusque sur son lieu de travail, et de son activité internet surveillée par ses employeurs ou divulguée par les ragots des collègues, a en réalité toujours le choix de se révolter personnellement, mais il est bien trop lâche, et il préfère déléguer à des « héros » de la démocratie comme Julian Assange qui paient les pots cassés. Bientôt il sera sans doute définitivement trop tard pour qu'il ait encore ce choix, il est peut-être déjà trop tard !

Ce que révèle surtout l'affaire Assange c'est : que nous vivons dans un simulacre de démocratie auquel nous feignons généralement de croire pour notre petit confort moral voire matériel, que nous votons pour des « représentants » qui depuis le tournant néolibéral de 1983, ne cessent de nous mettre des coups de couteau dans le dos, de nous trahir. Les États qui fomentent tous les crimes ou complots, vous diront que c'était dans l'intérêt supérieur de l'État. Le seul cas moralement condamnable serait si un dirigeant utilisait la raison d'État à des fins personnelles, comme de s'enrichir personnellement, d'éliminer physiquement un ennemi personnel (et non de l'État) qui pourrait être un rival amoureux ou dans la quête du pouvoir, bref faisait passer ses intérêt avant ceux du peuple souverain dont l'État est censé être l'émanation, dans la cas d'une démocratie bien sûr. Ou plutôt devrais-je dire aujourd'hui entre guillemets « démocratie », car elle ne semble plus être qu'un simulacre à travers une réalité que l'on présente de façon biaisée afin que les citoyens « pensent » ce que le pouvoir souhaite qu'ils « pensent » (la bonne opinion par le truchement d'une information biaisée). « Penser » est en réalité ici ce que l'on met dans la tête des citoyens.

À propos des dirigeants qui fomentent des crimes et des complots et iront dire ensuite que c'était dans l'intérêt supérieur de l'État, d'abord ce n'est pas le propre des nations se situant en dehors du périmètre « démocratique » de l'Occident. Les assassinats politiques ça me rappelle Mitterrand, je me trompe ? Mais il dirait de sa tombe, en bon Florentin, en bon Prince de Machiavel, que tous « ses meurtres » étaient pour la raison d'État. Et ainsi diraient tous les chefs d'État qui se sont rendus coupables d'assassinats politiques, quelquefois des centaines voire des milliers - on pense à certains pays d'Amérique du Sud, du temps des dictatures soutenues par la CIA. Ainsi en va-t-il aujourd'hui de Poutine vis-à-vis de Navalny, Poutine dont la « culpabilité » vue de l'Occident ne fait aucun doute (j'ai envie de dire à tous ces observateurs parfaitement « neutres » et « impartiaux » : avant de déplorer la paille qui est dans l'œil de ton voisin, regarde la poutre qui est dans le tien), alors que les chefs d'État de ce même Occident ne se sont jamais gênés pour liquider discrètement de « dangereux » opposants. Je ne peux m'empêcher de penser à Jean-Edern Hallier qui pourrait bien avoir été éliminé par des barbouzes de Mitterrand, après que ce dernier fut mort d'ailleurs, comme dans une opération posthume de représailles - pour avoir révélé le premier que Mazarine était sa fille cachée, ce qu'il n'a jamais pardonné car cela pouvait la mettre ainsi en danger ?

Le plus gros problème est que les intérêts de l'État ne sont pas transparents, sont cachés, et le plus souvent ne correspondent pas à ceux du peuple. En même temps, le peuple est-il réformable, est-il éducable, assez mûr, pour prendre pour lui-même les bonnes décisions, au-delà de la satisfaction immédiate de ses plus bas instincts ? Alain Minc et Jacques Attali, et à leur suite tous les grands décisionnaires d'inspiration néolibérale - sous influence de Hayek et de Friedmann, et avant eux de Lippmann (le théoricien de la notion de fabrique du consentement) -, qui sont les faiseurs de présidents depuis Mitterrand, pensent que non, et que les ultimes décisionnaires doivent appartenir au « cercle de la raison », dont le sens véritablement ésotérique ne peut être compris que d'un petit cercle d'initiés, pour qui paradoxalement, absolument « tout est permis ».

Pratiquement tous mes commentaires sont publics, ceux qui sont confidentiels réservés à mes « amis » FB concernent uniquement mes deux parents, car il faut savoir que ma génitrice a déjà porté plainte une fois (peut-être davantage en réalité) en raison de mes écrits, et mon géniteur trois fois, cela m'a valu moult convocations à la gendarmerie et au tribunal. Je ne suis pas une personnalité publique, un people, une célébrité, un homme riche et puissant, donc face à des tribunaux ou la gendarmerie, ma parole ne vaut rien, même si j'ai été victime de la pédophilie incestueuse de mon géniteur, contrairement à celle d'une Judith Godrèche par exemple ou d'une Camille Kouchner ; qui sont pour la première surtout, selon moi, avant tout des intrigantes opportunistes.

Puisque la règle du jeu aujourd'hui est de savoir tirer son épingle du jeu, que l'on soit un homme et peut-être encore davantage une femme, et peu importe les victimes collatérales !


jeudi 22 février 2024

Une laïcité religieuse



La chienlit

« Si l'on admet que le phénomène religieux, constitutif de toute civilisation, découle en réalité du besoin qu'ont les hommes, constamment en proie à la violence mimétique, de trouver un bouc-émissaire pour souder leur communauté à l'aide du sacrifice de ce dernier, alors il n'est nul besoin d'avoir recours à la croyance en Dieu. »

De Gaulle avait raison de parler de chienlit à propos de Mai 68, la chienlit c'est certes le désordre mais c'est surtout selon moi cette génération qui a fait Mai 68 et qui par la suite a trahi absolument tous ses idéaux. Trop gentil de Gaulle, trop bienveillant, un amour sincère de son peuple que l'on ne retrouvera chez aucun de ses successeurs. Personne n'était dupe parmi la jeunesse qui a fait Mai 68, de son « autorité » ; les jeunes savaient au fond d'eux-mêmes que ce type n'oserait jamais leur faire de mal, et de fait il n'a jamais osé le faire, car il les aimait comme ses propres enfants. La France d'alors était encore une et indivisible, insouciante et joyeuse, pleine de vie, à l'exact opposé de celle que nous connaissons aujourd'hui en 2024. Il n'y avait pas encore toutes ces fractures mortifères qui sont apparues par la suite avec la montée du néolibéralisme et sa logique atomisante, qui divise la société en autant d'individus isolés qui la composent. Pour entreprendre une « révolution », il faut en réalité se sentir libre et joyeux, à l'exact opposé de ce que ressentent la plupart des Français d'aujourd'hui.

Je distinguerais la plupart des Juifs à qui tout est dû aujourd'hui ayant encore une vision globalement positive du système actuel, du reste de la société française, en vertu du statut privilégié que leur confère le souvenir de la Shoah, par le biais de la laïcité, dans cette société. Autrement on trouve aujourd'hui très peu de Juifs au sein des classes populaires voire même moyennes - je dirais qu'on les trouve majoritairement au sein des classes dominantes et même de moins en moins parmi les agents dominés de la domination -, comme c'était encore la cas dans l'entre-deux-guerres et dans l'immédiat après-guerre. Par un effet mécanique, lié au souvenir de la Shoah, la plupart des Juifs ont su se hisser parmi les classes les plus favorisées de la population, en tant que vaches sacrées intouchables ayant endossé tous les attributs de la sacralité, qui en ont fait de quasis demi-dieux dont rêvait Nietzsche - qui disait déjà en son temps que les Juifs auraient vocation à devenir « les guides et les maîtres de l'Europe », mais sans doute dans d'autres circonstances que le souvenir de la Shoah qu'il n'aurait pu bien sûr imaginer. Ils ne peuvent dont absolument plus ressentir ce que vivent aujourd'hui les classes populaires ou les classes moyennes en voie de déclassement.

Il y a une dichotomie, tragique pour les classes populaires et moyennes en voie d'effondrement, mais dangereuses pour les Juifs, qui se retrouvent à nouveau, enviés, jalousés, en raison de leur richesse, leur célébrité, pour résumé en raison du statut de demi-dieux que le souvenir de la Shoah leur a conférés. Ils pourraient faire les frais d'une nouvelle vague de violence mimétique liée à la recherche de bouc-émissaires. Pour l'instant toutes ces velléités populaires, voire des classes moyennes, sont très durement réprimées, et le pouvoir en place continue constamment à en rajouter une couche dans l'« idolâtrie » des Juifs liée au souvenir de la Shoah, dont l'enseignement se fait par le biais de la laïcité en France (alors qu'il s'agit d'un événement d'une telle ampleur qu'il a pris l'aspect d'un phénomène religieux). C'est bien pour cette raison que l'on peut assimiler aujourd'hui la laïcité à un nouveau veau d'or, une manne incroyable qui semble inépuisable, pour la communauté juive qui n'en retire que des bénéfices. Car les Juifs après tout ne sont que des humains qui ne recherchent que le confort matériel, comme tout le monde, et pas du tout des demi-dieux, n'en déplaise à Nietzsche ; ils sont au fond aussi médiocres que tous les autres hommes mais ont seulement un statut différent (qui les met en danger). Le souvenir de la Shoah est comme un péage sur une route qu'emprunteraient indistinctement Juifs et non-Juifs, mais où l'on rétribuerait les automobilistes juifs, et ponctionnerait tous les autres. Les Juifs riches et célèbres ne se font prendre par la patrouille qu'en cas d'abus patentés, tels Madoff, Polanski, Allen, Epstein, Weinstein, quelques autres, majoritairement ce qui touche aux abus sexuels, voire au trafic d'enfants.

Quand je parle de la Shoah, que les Juifs aux oreilles délicates ne le prennent surtout pas comme une attaque personnelle, je ne fais que décrire l'événement LE PLUS considérable du XXème siècle qui a pris l'aspect d'un phénomène religieux colossal, par-delà toutes les religions (bien que l'islam y semble rétif, le reproche qu'on ne cesse de lui faire), en ce qu'il a mis en valeur le phénomène du bouc-émissaire dont parle René Girard de façon paroxystique (au point que les 6 millions de victimes juives aient supplanté Jésus-Christ dans l'imaginaire collectif), phénomène religieux dont l'ampleur dépasse de beaucoup l'influence que peut avoir encore le christianisme sur les consciences, et même le judaïsme. C’est pour cela que l’enseignement d’un tel phénomène religieux, qui a pris tout du moins cette place-là dans l’imaginaire occidental, comme l’élément le plus fondamental de la laïcité française, me paraît complètement paradoxal. Laïcité religieuse c'est un oxymore, un paradoxe dont la partie musulmane de la population a bien pris conscience, considérant qu'il s'agit d'une « religion » qui ne la concerne pas.

Plus de colonne vertébrale, plus de libre-arbitre, voilà ce qui caractérise la jeunesse d'aujourd'hui, si bien que selon moi il faut revenir aux fondamentaux si l'on veut cesser de se laisser emporter par le torrent mainstream de la consommation, et de la rivalité mimétique avec son voisin sur la question polémique de qui a la plus grosse voiture, la plus belle maison... Oui quand on pense à tout l'optimisme naïf qui avait porté cette génération que vous évoquez et à laquelle vous vous identifiez pleinement, bien qu'elle n'ait rien su transmettre de son expérience, car plutôt que d'assumer ses responsabilités elle a préféré faire copain/copain avec la génération de ses enfants, ça donne envie de pleurer. Une génération complètement destructurée pour la partie étant née avant 1980, ayant su peut-être trouver un semblant d'équilibre pour ceux qui sont nés après, en raison d'une moralisation du corps social (ayant eu lieu parce qu'elle était indispensable sous peine de dissolution sociale à très brève échéance), qui d'ailleurs aujourd'hui sombre dans la caricature avec le wokisme. Ça donne envie de pleurer, mais il ne faut pas s'apitoyer, c'est triste mais on n'y peut absolument rien, et l'Histoire est toujours tragique, nous n'avons pas atteint la fin de l'Histoire, nous ne l'atteindrons certainement jamais, jamais d'apaisement en perspective, une guerre toujours renouvelée.

Suite à cette génération, la roue a bien tourné depuis, certains de leurs descendants ont « bien » tourné, ont réussi, suivant les critères de la réussite en régime néolibéral (sexe, argent, pouvoir, cocktail bien résumé avec toute sa violence mimétique dans American Psycho de Bret Easton Ellis), et beaucoup d'autres ont sombré dans l'assistanat et une forme de précarité « subventionnée ». Le seul reproche que j'aurais à faire c'est que beaucoup de baby-boomers continuent de s'accrocher bec et ongles aux derniers vestiges du prestige et du pouvoir au sein de la Macronie, Macron lui-même qui n'est qu'une de leur marionnette, sans doute une de leur ultime si ce n'est l'ultime, déjà pratiquement posthume en réalité, puisqu'ils seront bientôt tous morts.

Je doute de la capacité des nouvelles générations post baby-boomers de construire un monde commun et viable, sauf à revenir aux fondamentaux et à renoncer au tout-consumériste. Il en va selon moi de la survie de la civilisation française, et au-delà de l'avenir de l'Europe et même de tout l'Occident. Quand je dis revenir aux fondamentaux, j'entends revenir au phénomène religieux, à savoir inculquer aux enfants que la violence est constitutive de la société et que c'est toujours par le sacrifice d'un bouc-émissaire que la communauté se soude, que cela constitue toujours un drame, une tragédie, et que Jésus s'est sacrifié pour racheter nos « fautes », c'est-à-dire toutes celles qui sont issues de notre violence mimétique.

L'exemple le plus pertinent pour acquérir le libre-arbitre, la liberté de choix, étant le modèle du christianisme, davantage que celui laïcisé de l'enseignement de la Shoah. Selon moi le christianisme n'a pas à se sacrifier, se faire hara-kiri, pour que puisse vivre le judaïsme, c'est selon moi une profonde erreur d'interprétation de beaucoup de Juifs qui pourrait bien se retourner contre eux par le biais de l'islamisme, dans une société privée de toutes ses défenses immunitaires ; et les deux religions sont d'ailleurs parfaitement compatibles au sein de la Double Alliance, telle que prônée par Vatican II.

Mais nul ne peut décider de ce qui revêt le caractère du sacré dans une société par un décret. Nous atteignons certainement le plus grand danger quand des individus de chair et de sang, désirant et jouisseurs, s'arrogent ce statut exclusivement, qu'ils considèrent de plus en plus comme un droit acquis de haute lutte, au détriment des morts et du reste de la communauté nationale !

lundi 19 février 2024

Le narratif des médias

Toutes les émissions diffusées sur internet, proposant une alternative au narratif des médias officiels et sous contrôle, que vous m'envoyez, montrent que les Juifs les plus virulents sur leur conception du monde, surtout en France, ont fabriqué le consentement à la servitude volontaire des Français à la politique globaliste - qu'elle soit de droite (Zemmour et quelques autres) ou de « gauche » (Valls, Hollande et même Macron), je ne parle pas de la gauche alternative la seule véritable gauche, quoique par ailleurs on en pense -, qui elle-même s'inspire d'une conception idéologique anglo-américano-sioniste s'étant aujourd'hui complètement substituée à la conception française du développement économique et de la cohésion sociale, ayant trouvé à s'exprimer durant les Trente Glorieuses, à travers la politique de la IVème République et plus encore le gaullisme social de De Gaulle, lorsque la France avait encore sa souveraineté sur le plan économique et une certaine générosité dans le domaine social. 

Jean-Paul Lilienfeld, cinéaste, me dit : « Sinon, vous enseignez ou ils vous ont mis à La Verrière ?

La Verrière est la clinique psychiatrique des profs débranchés par l'EN. »

Vous êtes quand même un peu plus qu'un agent dominé de la domination, tel que l'est un simple prof, qui n'a pas d'autre choix que de transmettre à ses élèves ce que l'institution veut qu'il transmette, même si lui-même n'est plus du tout en accord avec les valeurs de cette institution ; au sens où il n'en est plus dupe : ce qui peut effectivement créer un conflit intérieur pouvant mener à la folie. Nous ne vivons plus en démocratie au sens où l'obéissance à la loi était la garantie de notre liberté, dans la mesure où nous avons voté pour des représentants qui sont censés voter eux-mêmes pour les lois qui sont l'expression de la souveraineté populaire. Or précisément depuis un certain temps nous ne vivons plus dans un État souverain, ni qui respecte l'expression de la souveraineté populaire, la confiance est déjà entamée entre cet État (fantoche en réalité) et le citoyen lambda, qui n'en a pas pleinement conscience même s'il en a désormais l'intuition. La prise de conscience sera sans doute d'ailleurs assez longue, mais elle aura lieu inévitablement, sans doute dans une révélation par le biais d'une quelconque catastrophe, bref l'apocalypse.

Voilà à quoi l'on assiste : plus aucune confiance en la justice, en la police, en l'école, dans les institutions en général, et des rapports humains qui se dégradent. D'ailleurs vous aviez fait un film La journée de la jupe, avec Adjani, qui avait fait grand bruit à l'époque, pour nous montrer des jeunes de banlieue, habités par les principes rétrogrades propres à leur religion, misogynes et violents à l'égard de leur professeure qui avait eu le malheur de s'habiller en jupe. Un beau sujet de société. Cependant les musulmans ont bon dos de porter la responsabilité de cette détérioration généralisée, comme vous le laissiez entendre. L'immigration fait effectivement partie du projet mondialiste dont l'idéologie est anglo-américano-sioniste est le fer de lance, les élites qui ont fait sécession d'avec le peuple ne pensent plus qu'à servir leurs propres intérêts, et les grands oligarques milliardaires verrouillent la liberté d'expression puisqu'ils contrôlent tous les médias. Via la société du spectacle on assiste désormais au règne du simulacre, y compris du simulacre de la démocratie.

D'ailleurs durant le régime de Staline, on enfermait les opposants politiques dans des hôpitaux psychiatriques. Encore un petit effort et nous en serons là, en France.

On constate que la plupart des Juifs en France, avec des exceptions notables, sont les meilleurs agents de la nouvelle conception globaliste d'inspiration directement anglo-saxonne, mais aussi sioniste, en remplacement de celle souverainiste, caractérisant de Gaulle, à laquelle la majorité des Français sont le plus attachés ; or tous les jours le pouvoir macronien leur plante des couteaux dans le dos afin de mettre en place le projet mondialiste, dans la continuité de ce qu'il se passe depuis 1983, mais avec une accélération, parce que le temps semble venu pour les élites cosmopolites et hors-sols d'anéantir les derniers foyers de résistance à une telle conception. 

Et vous, vous êtes encore à m'embêter sur l'antisémitisme supposé de Heidegger, alors qu'il nous aide à comprendre aujourd'hui ce qu'il se passe concernant le comportement de la plupart des Juifs : il sont, nous dit-il, les meilleurs agents de la Technique, avec une volonté de puissance sans aucune limite, dans un sens non péjoratif si l'on adopte un point de vue nietzschéen de valorisation et même d'exaltation d'une telle volonté. D'aucuns plus pessimistes, les Grecs, auraient dit une hubris incoercible, susceptible d'ailleurs de mettre en péril tout l'équilibre du monde et pas seulement l'Occident. 

Tout ce que l'on peut dire c'est que ses prédictions se confirment pleinement aujourd'hui, c'est peut-être pour ça qu'il avait tenu à ce que ses cahiers noirs soient publiés : pour nous mettre en garde vis-à-vis de l'être au monde de la plupart des Juifs, leur rôle cosmopolite nocif sur le destin des États-nations européens et leur transformation en satellites d'une vision globaliste sous le contrôle exclusif de l'OTAN, derrière laquelle se trouve l'oncle Sam. La plupart des Juifs, parmi lesquels les plus religieux, sont le fer de lance de la fuite en avant suicidaire de l'Occident - ils pensent que plus ils accélèreront la marche de l'Histoire à l'aide de la Technique, plus ils auront des chances de faire advenir leur messie, alors qu'en réalité ils sont les meilleurs agents de cette Technique pour entraîner l'Occident vers l'abîme : on l'a très bien vu à travers Zemmour n'étant qu'un leurre pour les gogos, nous promettant le souverainisme, alors qu'il promulgue en sous-main une vision purement mondialiste et sioniste du monde avec ses amis Meyer Habib et William Goldanel -, et rien d'autre.

Beaucoup de protestants évangélistes américains exaltés soutiennent ce projet sioniste devenu fou, en ayant la conviction qu'Israël fera revenir le messie, Jésus, dans toute sa gloire et son triomphe, qui convertira les Juifs au christianisme et chassera définitivement les musulmans impies de la terre sainte. Oui Heidegger était certainement antisémite, encore que ce ne soit même pas sûr puisque ses principaux admirateurs et disciples, citons Emmanuel Levinas et Annah Arendt, étaient juifs, ou bien tel Jean-Paul Sartre, thuriféraire des Juifs ; mais dans l'hypothèse où il l'a été, il n'était certainement pas « antisémite exterminateur », parce qu'il n'y en a eu qu'UN seul, comme s'évertue, voire s'échine (en vain ?), à le montrer François Delpla, historien et spécialiste de la question, et ce que vous n'avez toujours pas compris, à savoir Hitler, en grande partie sous l'effet de sa psychose. 

Critiquer la conception purement sioniste et globaliste de la plupart des Juifs ne signifie pas souhaiter leur extermination, mais vouloir faire avancer le débat sans avoir à subir l'accusation calomnieuse et ignominieuse d'antisémitisme étant désormais dégainée à tout bout de champ, à la moindre contrariété, pour complètement discréditer l'adversaire. Et le pire c'est que ça marche, puisque nous sommes encore en plein paradigme de la Shoah, 80 ans après, et même clairement réactivé par le macronisme (pour être élu dans l'entre-deux-tours de l'élection de 2017, assimilant Marine Le Pen à la bête immonde par message subliminal pour imaginaires saturés d'images de la Shoah) comme si Hitler venait d'être vaincu hier. 

Et tout le monde, en « combattant l'antisémitisme », en réalité en tuant dans l'œuf toute tentative de débat contradictoire, s'imagine être un petit résistant de pacotille, une réincarnation de Jean Moulin pour les nuls, pouvant se regarder dans la glace avec bonne conscience ; alors que tout le monde contribue en réalité à rendre notre monde, sous régime oligarchique chaque jour plus globaliste, sans absolument aucune alternative possible. Ceux qui devant leur glace s'identifient à des résistants ou à des Justes parmi les nations, sont en réalité des collabos d'un régime dont le seul but n'est que de fabriquer le consentement à la servitude volontaire de la grande majorité de ses citoyens, qui n'en sont plus, mais des sujets ou plutôrt des serfs.

Tout en Emmanuel Faye me répugne, son aspect, et sa petite voix doucereuse de croque-mort, pour affirmer que Heidegger est un immense danger public, alors qu'il a déjà eu une influence considérable sur toute la philosophie de l'après-guerre, et que Faye arrive longtemps après la bataille (comme un croque-mort au milieu des cadavres très décomposés de combattants), en faisant mine de nier toute cette influence que l'on peut qualifier de plutôt féconde et absolument pas antisémite, chez des penseurs comme Levinas, Arendt, Sartre, Foucault, Derrida... Sans même voir mon cher Jacques, vous qui vous dites démocrate donc farouchement anti-heideggérien, que nous ne vivons plus en démocratie, le mouvement de sortie de la démocratie ayant été amorcé dès 1983, mais dans des régimes globalistes oligarchiques aux élites sécessionnistes, dont le seul but est de fabriquer le consentement du peuple à sa propre servitude volontaire, en agitant constamment le chiffon rouge de l'antisémitisme : notamment en ayant soin de programmer constamment sur les chaînes publiques tout ce qui peut faire référence à la Shoah, afin de réactiver un sentiment de culpabilité d'essence purement religieuse. Oui le sionisme est un projet religieux, même s'il se prétend laïque à l'origine, qui compte sur la soumission des peuples occidentaux majoritairement déchristiannisés à la culpabilité vis-à-vis de la Shoah en remplacement de la culpabilité chrétienne, et prétend à la restauration d'Israël sur ses terres ancestrales d'il y a deux mille ans. C'est bien pour cette raison que la plupart des musulmans sont complètement immunisés contre ce projet, puisqu'il est en réalité d'essence religieuse et que les musulmans y opposent leur propre religion.

La Zone d'intérêt est un film réalisé par Jonathan Glazer avec Christian Friedel et Sandra Hüller (l'actrice qui joue dans Anatomie d'une chute).

Dans notre société globalisée, la zone d'intérêt est en réalité la métaphore de quoi ? Celle d'une coupure entre les élites et leurs peuples selon moi.

L'immigration non régulée n'est pas un projet de l'islam, ni même de l'islamisme. C'est le projet mondialiste anglo-américano-sioniste, sans frontières, des élites hors-sols, cosmopolites, affranchies sexuellement, qui ont sécession d'avec leurs peuples dans le cadre d'une financiarisation de l'économie qui n'associe plus les classes moyennes aux profits (comme du temps du capitalisme de la séduction, et redistibuteur, des Trente Glorieuses, où elles étaient associées) ; sans d'ailleurs que les acteurs d'un tel projet aient pleinement conscience de toutes les répercussions qu'il aura, sur ne serait-ce que la vie quotidienne, non seulement pour les peuples mais également pour eux-mêmes : il s'agit effectivement davantage d'une fuite en avant suicidaire que d'un projet mûrement réfléchi et cohérent, ce n'est donc pas un complot mais le fruit d'un processus dont on pourrait faire remonter l'origine à l'individualisme cartésien. Au sein de la fabrique du consentement à la servitude volontaire, les élites sont encore intimement liées à leurs populations, même si cela passe désormais par le mépris et l'arrogance des premières, ses grimaces de dégoût qu'elle a de plus en plus de mal à réprimer face à la mauvaise volonté des secondes à accepter sans discuter toutes ses décisions de plus en plus arbitraires et antidémocratique ; on pourra s'inquiéter lorsque ces élites n'auront plus aucunement le sentiment d'un monde commun qu'elles partagent avec les peuples, elles pourront alors décréter l'euthanasie de leurs éléments non productifs et inutiles plutôt que de les maintenir en vie avec un statut de « parasites » subventionnés. 

Dans le cadre de ce projet, la nouvelle idole du monde occidental est Israël, par le biais d'un phénomène religieux en nette recrudescence chez la plupart des Juifs, même ceux que l'on dit laïcs, avec des notions comme celles de « peuple élu » et de retour à « la terre promise », qui se concrétise chez les populations chrétiennes largement déchristianisées par la réactivation d'un sentiment religieux, la culpabilité, directement issue du christianisme mais s'appliquant désormais à la nouvelle « faute originelle » des peuples chrétiens d'Occident, que constitue la Shoah, et au devoir de mémoire soigneusement entretenu - non seulement par les médias, le pouvoir en place, mais également par la création artistique pour laquelle on crie soit au génie (Shoah de Claude Lanzmann ou Le pianiste de Roman Polanski, pour ne citer que ces deux exemples parmi de nombreux autres) ou au « blasphème » et le scandale qu'il suscite (La vie est belle de Roberto Benigni) - qui s'y rattache. Il ne vous aura pas échappé qu'en ce moment même a lieu un génocide des enfants et des femmes dans la bande de Gaza, ou à tout le moins un nettoyage ethnique incontestable, dans le silence assourdissant des médias, parce que nous y sommes absolument insensibles, bien plus préoccupés de notre culpabilité liée au souvenir de la Shoah. : effectivement nous n'avons pas été sensibilisés dans notre éducation aux victimes, souvent exclusivement juives dans notre imaginaire, au sort des Arabo-Musulmans victimes de la politique expansionniste d'Israël soutenue par l'ensemble du monde occidental.

Ce que l'on peut appeler la « volonté » des Occidentaux, aujourd'hui les plus élitistes, leur culot, est donc ce qui échappe à la décence commune (common decency, Orwell), il ne peut s'agir en réalité que d'une forme de meurtre symbolique, ou du meurtre en lui-même. C'est exactement ce qui est en train de se passer dans la bande de Gaza, et qui s'est déjà passé pour les colons anglo-saxons vis-à-vis des Amérindiens, qu'ils ne considéraient pas, certes, comme des humains à part entière (pour s'en convaincre et se rafraîchir la mémoire il suffit de voir le dernier film de Scorsese, Killers of the flower moon) ; tout à fait comme les plus extrémistes parmi les israéliens virulents et souvent religieux, considèrent la population palestinienne, en s'en prenant prioritairement à des femmes et des enfants comme à une vermine qu'il faut éradiquer.

On me dit : « Non le sionisme n'est pas un projet religieux, et ses fondateurs étaient non religieux. C'est un nationalisme. Il est vrai que les Juifs, Irlandais, Anglais, Suédois, Grecs, Russes, Croates, Serbes, Arabes, Hindous, Polonais... ont des religions nationale, et dans ces cas le nationalisme n'est pas sans lien avec la religion, ce qui est évident en Grèce, Irlande et Pologne, mais il ne se confond pas avec elle.

Non le sionisme n'utilise pas la Shoah, ni la culpabilité vis à vis de l'antisémitisme. D'abord le mouvement naît dans les années 1880 et était déjà ancien quand commence la Shoah, ensuite rien ne serait plus maladroit que de parler de victimes et de massacres. Personne n'aime les victimes, on déteste les malheureux et il est très mal vu de se faire assassiner. Les sionistes ont préféré parler de faire refleurir le désert, de planter des arbres, de chasser le paludisme et le trachome, d'être forts vainqueurs bien portants victorieux... c'est ça qu'il faut dire pour se faire bien voir.

Le sionisme religieux existe, il veut un État du fleuve à la mer (le Jourdain et la Méditerranée). Il est minoritaire. La gauche était parfaitement satisfaite des frontières d'avant 1967, mais le monde arabe les a refusées et a essayé de détruire le pays. La gauche souhaitait rendre les conquêtes contre la paix, certains religieux volaient tout garder (environ la superficie de Lot-et-Garonne), et d'autres se demandaient si rendre des territoires était prudent. Depuis le sept octobre, tout le monde, religieux ou non religieux, trouve cela très imprudent et très dangereux.

Les motifs ne sont bien souvent ni religieux, ni nietzschéens, ni heideggériens, ni socialistes, impérialistes, fascistes, mondialistes, capitalistes... Cela vient ordinairement de questions de ce genre : est ce que telle décision risque d'amener la destruction du pays et l'assassinat de sa population, dont ma famille et moi même ? »

Dans la façon faussement ingénue de vous exprimer votre êtes la véritable réincarnation d'Albert Cohen sur le plan du style, sans même apparemment que vous en ayez conscience, puisque vous m'avez dit ne pas avoir connaissance de cet auteur majeur de la littérature française, ce qui dénote soit votre manque criant de culture, soit votre mauvaise foi. À vous écouter, on finirait même par croire que les Juifs d'Israël sont de pures brebis innocentes, victimes immémorielles et bouc-émissaires depuis la nuit des temps, sans jamais avoir provoqué quoique ce soit (par leur comportement belliciste par exemple), ainsi que les Juifs du monde entier. Disons qu'un événement aussi traumatisant que la Shoah a amené à une modification complète du sionisme initial, ainsi qu'à des changements radicaux de comportement sur les populations occidentales juives (qui se sont durcies vis-à-vis des non-Juifs) et non-juives (qui se sont adoucies par rapport aux Juifs) ; sans que cela n'affecte effectivement l'attitude des populations musulmanes du Maghreb et du Proche et Moyen-Orient, à l'égard des Juifs, mais au point que même l'Église catholique a changé radicalement sa doctrine vis-à-vis des Juifs, avec Vatican II. Vous parlez d'assassinat, comme si les populations juives où qu'elles soient avaient toujours le couteau sous la gorge, alors qu'en ce moment-même l'armée israélienne assassine des femmes et des enfants dans la bande de Gaza, comme s'il s'agissait d'une véritable vermine à éradiquer, dans le silence assourdissant des médias français.

On me répond : « À un certain point, je ne peux être sensible au sort de personnes qui veulent être des victimes dont le plus grand espoir est le "martyr" (car c'est aussi l'injonction de leur divinité). Finalement, ces populations coranisées ne font que vivre ce qu'ils croient et c'est leur rendre service que de répondre à leur souhait pulsionnel. Un peu de cohérence tout de même. Ce n'est que de la fabrique d'un déterminisme mortifère (en dernière analyse).

(oui , c'est cruel, je sais) »

Intéressant comme point de vue, que je ne partage pas, et qui sera donc la conclusion.

vendredi 16 février 2024

La panthéonisation des époux Badinter participe-t-elle d'un phénomène religieux davantage que républicain ?



Oui R. Badinter dont on oublie souvent de dire que derrière tout « grand homme » se cache une femme plus grande encore ! Elisabeth Badinter (Publicis).

Fortune : 1,39 milliard d'euros. Evolution 2023/2022 : +39%. La philosophe héritière du fondateur de Publicis (dont elle est actionnaire) profite d'une nette remontée de l'action de ce groupe publicitaire, dopée par ses belles performances. Certes, difficile de donner des leçons de morale au reste de l'humanité sur la liberté, l'égalité, la laïcité quand soi-même on ne partage aucune des préoccupations quotidiennes des Français ordinaires, leurs difficultés matérielles mais aussi leur décence commune. Le fric tue aussi, et il ne ruisselle pas du tout malgré la propagande qui ose prétendre le contraire, mais suinte généralement le mépris et l'arrogance, on peut très difficilement y échapper. Effectivement l’homme politique Badinter, garde des Sceaux, président du Conseil constitutionnel, sénateur, passa son existence à défendre les intérêts de la grande bourgeoisie à laquelle il appartenait. Se plaçant systématiquement du côté de sa classe, il s’opposera toujours aux mesures sociales et politiques venues de la gauche. Parmi les exemples de son aversion pour les couches populaires pensons à ses prises de position au moment de la crise des gilets jaunes. Et à son aveu d'avoir fait du Conseil constitutionnel, un bouclier contre l'expression souveraine du parlement.

De telles sommes astronomiques sont tout simplement indécentes, surtout lorsque l'on s'est donné pour vocation d'être supérieur aux autres sur le plan éthique : « regarde la poutre dans ton œil avant de voir la paille dans celui de ton voisin ». Marx nous a appris que le capital accumulé était toujours le fruit d'une exploitation de l'homme par l'homme. Les Badinter sont donc coupables a priori - la famille d'Élisabeth s'étant enrichie sur le dos de travailleurs, en exploitant leur force de travail pour en tirer une plus value, qui parfois en sont morts prématurément -, bien davantage que le commun des mortels (tout homme est coupable, c'est la condition humaine) à qui ils ont eu le culot, par-dessus le marché, de ne cesser de donner des leçons tout au long de leur vie.

La moindre des dignités quand on est milliardaire, que l'on a donc commis une faute morale vis-à-vis du reste de la communauté que l'on a volé (puisque « la propriété c'est le vol »), est de fermer sa gueule, de faire profil bas, éventuellement de profiter de sa fortune en jouisseur, à la limite c'est moins hypocrite et indécent. Aucune pudeur morale chez les Badinter. Bientôt on va presque devoir les plaindre d'avoir été des milliardaires, à quoi s'ajoute la culpabilité d'origine toute chrétienne, mais aussi laïque (via l'enseignement de la Shoah), vis-à-vis de leur confession religieuse : « pauvre petite fille riche ! »

On me dit : « quelle faute morale a-t-elle commise ? » C'est parfaitement expliqué il me semble : sa famille est coupable d'avoir exploité la force de travail de milliers de travailleurs pour en tirer une plus value colossale dont elle a hérité. On ne sait pas combien de victimes innocentes cela a occasionné, mais certainement un grand nombre comme dans toute forme d'esclavage, je veux parler de l'esclavage salarié des prolétaires, n'étant « riches » que de leur progéniture. De toute façon comme l'a très bien montré Marx le capitalisme est par essence criminel, toutes les atrocités des XIXème et XXème siècles en sont le fruit (y compris le communisme et le nazisme qu'il faut comprendre comme des phénomènes de réaction, des épiphénomènes du capitalisme), le fruit de la concupiscence et du péché. Mais n'importe comment c'est aujourd'hui la mode des « philosophes » millionnaires voire milliardaires, des « oligarques de la pensée », et tous les réseaux d'influence que cela sous-entend (c'est loin d'être anodin et c'est même nocif, en ce que cela fausse, voire ruine, le processus démocratique impliquant un minimum d'égalité entre les citoyens), cela en dit long sur la corruption de notre époque.

Je sais bien qu'elle et son mari constituent des icônes intouchables, voire « sacrées », de la République, en voie de panthéonisation, en raison de l'abolition de la peine de mort à laquelle je suis favorable. Levinas avait bien raison de considérer la France comme une « terre promise » vue de sa Lituanie natale, considérant qu'un pays, où tout un peuple se déchirait autour de la question de l'innocence ou non, d'un très obscur petit officier juif nommé Alfred Dreyfus, n'aurait su être foncièrement antisémite. Je ne sais pas comment les Juifs se débrouillent pour être les derniers dépositaires de la sacralité dans notre pays, ou plutôt si je le sais très bien : il y a là certainement un phénomène qui touche à la rivalité mimétique et la violence qu'elle engendre, faisant de la victime de cette violence mimétique un tabou, un interdit, religieux voire un Dieu, dont parle René Girard. Ce phénomène religieux a aujourd'hui imprégné l'ensemble du corps politique, ce qui n'était pas encore le cas à l'époque de De Gaulle.

On me dit : « Mais enfin, quelle faute directe ont commise Robert ou Elisabeth Badinter ? Vous voudriez que les gens riches fassent comme saint François (il y a quelque chose de religieux archaïque dans vos propos), distribuent leurs biens aux pauvres (qui ne sauraient pas quoi en faire, rappelez-vous la fable du Savetier et du Financier) et partent nus sur les routes ? » Ah, ah, ah 🤣🤣🤣 ! Quel tableau ! Mais oui c'est un peu ça, c'est en cela que l'on peut distinguer l'éthique juive fondée sur la richesse matérielle et le désir, de la morale chrétienne basée sur le dénuement et le libre-arbitre.

Régis de Castelneau est excellent, c'est Élisabeth Lévy qui fait preuve de partialité et de sa mauvaise foi permanente pour promouvoir sa communauté, comme d'habitude. Il n'est pas sûr du tout que l'on puisse qualifier les attentats du 7 octobre de « terroristes ». Il y a eu des actes de barbarie indéniables, des crimes de guerre, mais le Hamas dans le temps long se caractérise comme étant un mouvement de résistance à l'oppression de l'État hébreu, qui elle aussi est indéniable. Comme d'habitude la France a pris parti pour « son camp », le camp du Bien. Quelle explication en donner ? Voilà tout est là, on a fait de la communauté juive dans notre pays la vache sacrée absolument intouchable, à qui tout est dû, parce qu'elle revêt le caractère sacré de la « victime ». Or les Juifs aujourd'hui sont considéré comme les dépositaires de la Shoah mais où sont ses victimes ? On confond les vivants avec les morts ! De plus la Shoah est un leg donné à l'humanité toute entière qui en porte la responsabilité universelle, sans que des avantages sonnants et trébuchants puissent être accordés à des « héritiers » plus légitimes que d'autres (cf. Norman Finkelstein qui parle du business de la Shoah dans « L'industrie de l'holocauste »), et on ne peut pas assimiler de près ou de loin ce qui s'est passé le 7 octobre avec la Shoah, cela n'a rien à voir. Or Macron a présidé une cérémonie quasiment « religieuse » pour rendre hommage aux victimes franco-israéliennes du 7 octobre, tout à fait dans la lignée des hommages, avec le ton solennel et quasi sacré, rendu régulièrement aux victimes de la Shoah.

Autrefois on traitait certaines personnes de « sales juifs » pour les dénigrer. Le monde a tellement changé avec la Shoah et la sacralisation de la victime, qui est un processus anthropologique tout à fait logique que je comprends, que désormais on traque plutôt toute suspicion d'antisémitisme afin de le pénaliser à l'aide de la justice. En gros la peur a changé de camp. Pratiquement tout le monde aujourd'hui a intériorisé cette faute morale vis-à-vis des Juifs, qui remonte d'ailleurs aux origines du christianisme et à l'enseignement du mépris véhiculé avec une notion comme celle de « peuple déicide ». Je n'ai pas dit que tous les Juifs étaient riches, loin de là, mais c'est un idéal à atteindre pour être « sauvé » (ici et maintenant et non dans un au-delà hypothétique), comme chez les calvinistes (plutôt dans l'au-delà), alors que chez les catholiques, ou leurs descendants déchristiannisés qui ont conservé certaines pratiques, la richesse matérielle est suspecte, voire honteuse, au point qu'il faut la cacher.

On me dit : « en traitant les juifs de "déicides", l'Eglise Catholique a erré gravement pendant des siècles en oubliant que Jésus était juif ! » C'est intéressant ce que vous dites, il pourrait bien se passer la même chose pour la Shoah, qui est peut-être un évènement de même ampleur que la naissance du christianisme.

Non je ne suis aucunement jaloux. Il y a quelque chose de très intéressant avec la Shoah qui prend forme peu à peu (loin de s'atténuer le scandale s'amplifie avec le temps), et sera peut-être de l'ampleur de la naissance du christianisme. Il s'agit d'un phénomène religieux, voire de la naissance d'une nouvelle religion, fascinant à observer. La rivalité mimétique d'Hitler avec les Juifs sur la question du peuple élu (il ne pouvait y en avoir deux), a donné lieu à un clivage entre ceux dignent de participer à l'humanité et les autres qu'il fallait éliminer, se soldant par une extrême violence exterminatrice dont les Juifs ont été les premières victimes. Dans ce processus les victimes ont été après-coup sacralisées, étant donné la haute dose de culpabilité, d'émotivité culpabilisatrice paroxystique qui ne cesse d'ailleurs de croître, que leur mort a suscitées dans l'ensemble de la communauté occidentale (on comprend mieux la réticence des musulmans à l'« enseignement » de la Shoah, car ils sentent par instinct qu'il s'agit bien d'un phénomène religieux qui ne concerne en rien leur propre religion). Dans les religions primitives, on a fait de la victime un dieu, quand cette victime appartenait de plein droit à la communauté qui l'a mise à mort (souvent un père abusif qui veillait jalousement sur son monopole sexuel au détriment de ses fils). Dans le cas paroxystique de la Shoah, on pourrait faire de la Victime (la somme de toutes les victimes, les 6 millions de morts), un Dieu, un nouveau Dieu. Je ne sais absolument pas la forme que cela prendra, mais en tout cas tous les phénomènes qui se rapportent à la Shoah sont dorénavant de l'ordre du religieux bien plus que de la raison.

En attendant Netanyahu bombarde Gaza, les colons « nettoient » la Cisjordanie, au nom du « plus jamais ça » (la bête immonde c'est-à-dire la barbarie nazie, alors que les nazis ont été vaincus il y a presque 80 ans, et que l'on feint de croire que c'était juste hier !), tous en lutte contre ce que l'opinion publique occidentale assimile à des « nazislamistes », à peine des humains, des « animaux » qui ont juste l'apparence des humains. Et l'opinion publique gobe, alors que selon toute vraisemblance, le Hamas avait surtout l'intention de faire des otages, n'ont jamais fait cuire des bébés dans des fours. La moitié des victimes Israéliennes du 7 octobre sur les 1200 environ dont à peu près 800 civils, l'auraient été du fait de leur propre armée, Tsahal, l'armée la plus « morale » (sic) du monde ! Par exemple il y a eu plus de 1000 morts du côté du Hamas lors de l'opération. Est-ce que réellement des Israéliens sans défense auraient pu faire autant de morts parmi leurs agresseurs sans l'aide de Tsahal ? Ce qui prouve bien que l'armée israélienne est intervenue le jour même de l'attaque, contrairement à ce qui a été dit, a riposté, occasionnant de nombreuses victimes civiles israéliennes innocentes dans les échanges de tirs avec le Hamas. D'autres éléments le prouvent, comme la façon, dans les rares images que l'on a vues, dont les voitures étaient disposées sur les chaussées : sur les bas côtés et non au milieu, comme si des hélicoptères avaient canardé la route et provoqué cette étrange disposition des véhicules ; je ne vois à vrai dire pas d'autres explications. On sait aussi que ce qui embête le plus l'État hébreu est la question des otages, on dit même que Tsahal a longtemps eu pour consigne de les éliminer plutôt que de les laisser aux mains de leurs ravisseurs, car ça pouvait en faire ensuite une monnaie d'échange bien embarrassante à gérer.

C'est une hypothèse très crédible de ce qu'il s'est réellement passé le 7 octobre, plutôt que ce qu'essaie de nous faire croire notre gouvernement, qui n'est plus désormais qu'un porte parole de la classe dominante et dans une moindre mesure des agents dominés de la domination versus le reste de la population, dont la fonction est de fabriquer le consentement de ce dernier à l'acceptation de la politique belliciste de l'État hébreu à Gaza et en Cisjordanie.

dimanche 4 février 2024

Pourquoi un renouveau religieux est-il nécessaire ?



Puisque vous me faites l'honneur de me répondre sur votre blog, Florence de Mèredieu, je prends ça non pas pour une façon polie et très aimable de clore le chapitre, mais comme une invitation à en rajouter une couche.

Je ne serais pas aussi catégorique que Claude-Paul Rouquet quand il dit : « La maladie mentale est un fait de nature chez un individu. Elle ne se contracte pas comme le tétanos. L'environnement social, certains médicaments, les aléas de la vie, peuvent être des révélateurs, jamais ils ne créent la maladie. » Je pense que c'est très rassurant de se dire ça, quand on est soi-même pas trop rassuré sur sa propre santé mentale et que l'on a besoin de cliver entre ceux dignes d'appartenir à la communauté des gens sains, et les autres. On se rassure effectivement sur sa propre santé mentale en affirmant que les tares sont de nature, et non pas créées par le milieu sur fond d'intoxication familiale.

Or je suis convaincu que ma maladie n'était pas de nature, mais fut entièrement créée par le couple toxique que formaient mes parents et la relation qu'ils avaient établi avec moi, sans qu'il n'y ait eu aucune trace de fragilité mentale « de naissance » chez moi, où justement la notion de bouc-émissaire, évoquée par René Girard, a joué un très grand rôle. Puisque je fus pour eux le bouc-émissaire de leur relation de couple mortifère. De cette violence qui caractérisait leur relation, ils en ont en quelque sorte rejeté la faute sur moi, et j'ai incorporé tout petit enfant ce sentiment de culpabilité que je ne « méritais » absolument pas, qui empêche toute forme d'extériorisation corporelle et langagière. C'est à ce moment-là, très jeune, beaucoup trop jeune, que j'ai commencé à accumuler des retards de développement préjudiciable à l'adulte en devenir que j'étais. Pourtant mes parents n'étaient pas défavorisés socio-culturellement et professionnellement, loin de là, même un peu au-dessus de la moyenne je dirais. J'avais un père ingénieur qui avait certes commencé comme technicien et avait rapidement gravi les échelons, et une mère psychologue qui de son côté avait commencé comme psychomotricienne, j'ai eu assez tôt le sentiment de leur fierté d'appartenir aux catégories CSP+ (comme on dit maintenant) de la société. 

Ma mère ne m'a jamais tendu la main, d'une certaine façon elle ne m'a jamais « pardonné », c'était moi le fautif et c'est resté gravé dans son esprit profondément clivant, entre ceux qui sont dignes de faire parti de son cercle intime, et les autres qui n'en sont pas dignes (comme moi), tout entier fait de dénis et de projections qu'elle opère constamment sur ma personne - et bien que je ne sois pas très adepte de ces catégorisations freudiennes qui selon moi ne saisissent pas le problème dans sa globalité, comme le fait l'œuvre de René Girard -, même après le divorce d'avec mon père. Il ne lui ait jamais venu à l'esprit que dans l'ordre des choses, ce n'était pas à moi de payer le prix de leur couple défaillant, mais que c'était à elle de réparer ce qu'elle avait contribué à briser chez moi, puisque je n'étais qu'un enfant, puis un adolescent, donc vulnérable par définition, et elle une adulte censée être évoluée et plutôt informée de la situation, puisqu'elle était psychologue. Quelle sinistre imposture de la psychanalyse ! Ou alors quelle imposture de ma mère au sein de cette corporation. J'avoue que j'ai toujours été bien naïf en faisant confiance à la profession de ma mère pour guérir qui que ce soit de quoi que ce soit. Son appartenance au genre féminin lui faisait croire que c'était elle la principale victime dans cette histoire, et non pas moi alors que je n'étais qu'un enfant, en cela bien aidée par la vague féministe qui balayait déjà la société française en cette époque de fin des années 70 et début des années 80. 

Or mon père, pour sa part, m'a tendu la main. Lorsqu'il a refait sa vie avec une autre femme, une femme généreuse, il m'a pardonné. Alors même d'ailleurs que dans l'ordre des choses il n'aurait pas dû avoir à le faire, puisque je ne méritais en aucune façon, que soit rejetée sur moi une quelconque faute. La bouc-émissarisation, qui existe toujours à différents degrés dans presque tous les couples à l'égard de leurs enfants, dans mon cas bien trop excessive, fruit de leur relation de couple délétère, était surtout le signe de leur manque d'évolution, comme on dit de quelqu'un d'un peu niais : « qu'il n'est pas très évolué ! ». Je ne pouvais pas deviner que sous leurs costumes d'adultes, mes deux parents cachaient deux enfants pas très évolués et un peu niais, « puérils » comme l'aurait dit Simone Weil. Quoiqu'il en soit il avait décidé de me pardonner, car il considérait que c'était moi le fautif (tout le mal que l'on porte en soi on l'attribue à une cause, le bouc-émissaire qui est considéré comme très mauvais et tabou, sur qui l'on projette ses propres fautes), et j'ai ressenti son pardon dans mon corps, ça m'a fait beaucoup de bien. Je me suis bien développé psychiquement et physiquement, sur environ 5 années plutôt heureuses de mes 11 à 16 ans, environ. Durant cette période, par rivalité mimétique avec la compagne généreuse de mon père, ma mère s'est mise momentanément à être davantage humaine à mon égard, donc tout allait pour le mieux. Malheureusement quelques temps plus tard, mon père a quitté cette femme généreuse et bonne pour une autre qui, ne m'aimait pas et voulait m'exclure, avait deviné mes faiblesses et mes lacunes remontant à la relation entre mes deux parents, et dont le seul but était de fonder une famille avec des enfants avec mon père. C'est exactement ce qu'il s'est passé, et j'ai bien entendu été exclu du cercle familial paternel vers environ 16 ans. Ensuite c'est seulement vers 17 ans que j'ai commencé à fumer du haschisch, conséquence finalement plutôt que cause, de tous mes problèmes. Mais l'ensemble de la famille - que ce soit du côté de ma mère (avec ses amants juifs et le clivage qu'elle faisait entre eux : les bons objets, et moi : le mauvais objet jamais assez parfait à ses yeux ), ou bien de mon père qui avait fondé une nouvelle famille, et mes grands-parents de plus loin ainsi que mes oncles, tantes et cousins - trouvait finalement très pratique d'aller crier sur les toits que c'était la drogue la cause, alors qu'elle n'était que l'effet, et donc moi le coupable, celui qui avait fait un mauvais usage de son libre-arbitre, retombant-là dans ce que m'avaient fait subir mes parents quand j'étais petit lorsqu'ils avaient rejeté la faute sur moi. Ce qui prouve bien que les effets de la drogue n'ont eu finalement qu'un effet mineur dans tout ce qui m'est littéralement tombé dessus, mais qu'elle a servi d'alibi pour qu'à nouveau je me sente coupable, sans que je ne puisse en rejeter la faute sur mes parents, ce qui de toute façon n'aurait servi à rien, eux parfaitement sans tâches chacun de leur côté, s'en l'avant les mains comme aurait dit Ponce Pilate.

Résultat mon père a eu trois autres enfants, dont la dernière fille est autiste, et je suis persuadé que la maladie de ma demi-sœur que je n'ai pratiquement jamais vue, a été causée par la relation familiale qui s'est instaurée entre mon père, sa femme à l'initiative de mon rejet, et leur trois enfants. En l'absence de religion pour les structurer, il leur fallait un bouc-émissaire qu'ils ont trouvé en la personne de leur dernière fille, j'en suis absolument convaincu, ça ne fait pas l'ombre d'un doute. D'autant plus que mon père n'est pas trop évolué culturellement, ni intellectuellement, et qu'il a, malheureusement, des tendances perverses très lourdes, largement encouragées plutôt qu'inhibées par son actuelle femme, Nathalie D..

C'est à la lumière de ma propre expérience que je suis convaincu que René Girard serait plus efficace pour soigner la maladie mentale, que Freud, car ce dernier a loupé l'essentiel : la violence générée dans les rapports humains par la rivalité mimétiques et les phénomènes de bouc-émissarisation d'un tiers qui en découlent. Et là-dedans, le rôle capital, et pas du tout illusoire contrairement à ce que pensait Freud, véritablement thérapeutique et donc indispensable, du phénomène religieux pour neutraliser cette violence tellement indescriptible que personne ne peut y croire (notamment celle d'un Hitler le grand diviseur, dont la personnalité était tellement clivante qu'il avait séparé l'humanité entre ceux dignes de vivre et les autres), comme pour moi sur qui la faute avait été rejetée alors que cela avait été de tout temps le rôle que jouait le Christ, pour les fidèles dans la religion chrétienne, qui s'était sacrifié pour laver tous les péchés des hommes. Faisant apparaître de façon évidente pour les croyants, la nécessité d'un rituel de sacrifice ensuite répété dans celui de l'Eucharistie au sein de l'Église.

D'où le besoin urgent d'une renaissance de cette religion, au sein de laquelle effectivement le judaïsme ne doit pas être rejeté, mais considéré comme la racine d'un tel renouveau, au cœur d'une double alliance telle que celle reconnue par Vatican II en substitution précisément de la théologie de la substitution, qui espérons-le pourra bientôt voir le jour à moins de consentir à notre propre disparition civilisationnelle, culturelle, artistique, morale, spirituelle, etc.

Et je dirais de la psychanalyse , malgré toute la sympathie que je peux avoir pour certains psychanalystes, qu'il s'agit maintenant d'en faire « l'avenir d'une illusion », celle de Freud et de sa confiance aveugle dans des moyens de guérison qui se sont avérés globalement inopérants.

On a assigné aujourd'hui à la psychanalyse une tâche civilisationnelle, celle d'être la médecine officielle de l'esprit humain parce qu'on lui reconnaît d'être la plus conforme à l'anthropologie occidentale, moderne, rationnelle et scientifique. Or comme le montre René Girard, la psychanalyse a loupé l'essentiel à savoir cette violence originelle tellement indescriptible que l'on ne peut pas y croire (quelque chose de totalement irrationnel), qui caractérise les rapports humains, et la notion de sacrifice pour y remédier. Or ce que la psychanalyse n'a pas su saisir, toutes les religions le saisissent très bien, particulièrement la religion chrétienne qui a l'originalité parmi toutes les autres, de se placer du côté de la victime ; ce qui explique d'ailleurs sa longévité. Donc Freud a absolument tort de penser que l'on pourra soigner l'esprit humain par la « science » en laquelle il manifeste une confiance aveugle (qui l'empêche de saisir l'essentiel), alors qu'il n'y a que la religion qui l'aurait pu, étant plus conforme à la nature humaine. D'être plus conforme à la nature humaine, c'est d'ailleurs ce qui explique la longévité de la civilisation chrétienne, en voie d'effondrement en tant que civilisation bâtie sur une religion, notamment mais pas seulement loin de là, à cause du pansexualisme d'origine freudienne très récent censé résoudre tous les problèmes. Or ce que l'on voudrait essayer de nous faire gober, c'est qu'il n'existe pas de nature humaine, que tout est construction, c'est faux ; la nature humaine consiste dans une certaine harmonie entre l'homme et son environnement pour qu'il s'y sente chez lui : or on a tellement déréglé la nature de l'homme dans une perspective constructiviste et en même temps déconstructrice, et la nature tout court dans une démarche de destruction créatrice propre au capitalisme, que les créations récentes de l'homme ainsi que ses interactions avec son environnement, ne renvoient plus de lui qu'une image monstrueuse où il ne peut plus se sentir chez lui, plus y habiter - quoiqu'il en soit de ce que ressentent les autres et dont je ne peux pas préjuger, c'est mon cas. Au contraire beaucoup de névroses, voire de psychoses, auraient été résolues par une pratique religieuse collective au sein de la société. Et c'est bien ce que je préconiserais comme remède pour la société d'origine chrétienne largement déchristiannisée, mais surtout et c'est bien plus important et c'est tout le sens de l'œuvre de René Girard, à savoir un renouveau indispensable de la religion constitutive de notre identité d'une part, mais bien au-delà comme la meilleure garantie de notre santé mentale d'autre part, et pour pas que la civilisation judéo-chrétienne occidentale ne s'effondre totalement.

Quelles conceptions politiques tirer de mon expérience personnelle ?

D'abord, toujours me fondant sur mon expérience personnelle, je tiens à affirmer la nécessité d'une décroissance sur le plan économique, et aussi parce qu'une croissance illimitée dans un monde fini est un oxymore.

Nous vivons sous le règne de la Technique dont parle Heidegger, derrière se cache une décandence spirituelle et morale irréversible. Je réfléchissais récemment à ce que me disait ma mère lorsque j'étais adolescent, elle pensait que sa génération de baby-boomers s'était affranchie des contraintes de toutes les autres générations, avec toutes ces machines qui accomplissent les tâches ménagères à notre place. C'était vers la fin des années 70 et le début des années 80, même aujourd'hui à pratiquement 80 ans, elle ne s'est pas départie de cet optimisme béat et débile qu'ont partagé la plupart des membres de sa génération, visible à travers des films comme Les bronzés ou Le père noël est une ordure. De tels films ne seraient aujourd'hui plus possibles, parce que même par rapport à cette époque, nous avons perdu en innocence et surtout en optimisme. Or c'était bien par des contraintes partagées en commun que pouvaient s'établir un sentiment communautaire et des habitudes d'entraide et de solidarité, dont nous avons oublié jusqu'au souvenir, que j'avais connus lorsque j'étais enfant puis adolescent et que j'allais en vacances chez mes grands-parents dans un bourg morbihannais perdu en pleine campagne, alors que dans mes yeux d'enfant c'était bien davantage qu'un simple village isolé, mais le centre du monde. Parce qu'il y avait cette vie communautaire qui n'existait déjà plus dans les grandes villes, soumises au rythme trépidant, en réalité aliénant, du fonctionnement des machines. Lorsque je retourne aujourd'hui parfois dans ce village, il est totalement désenchanté, il n'y a plus cette vie communautaire que j'y avais connu enfant, parce que les rares personnes qui y habitent encore n'ayant pas succombé à l'exode rural, ont totalement perdu l'art de vivre ensemble par des contraintes, mais aussi des rituels, des fêtes et même du sport, partagés. En croyant se libérer par les progrès techniques, l'homme ne fait que s'enfoncer un peu plus dans un individualisme qui l'opprime et l'isole ; même si en un clic il a accès au monde entier, il est plus seul que jamais.

Ensuite j'affirme que le meilleur système politique est le socialisme conservateur, seul susceptible d'assurer pleinement le fonctionnement des valeurs démocratiques.

Je pense que c'est la volonté de puissance qui anime la classe dominante, et le ressentiment les agents dominés de la domination que constituent les classes moyennes intellectuelles à l'état d'esprit citadin, comme les enseignants, qui aimeraient bien devenir calife à la place du calife et accéder à la lumière et la reconnaissance médiatiques. Le tout formant environ 30% de la population de la France, où demeurent à la périphérie des populations à qui personne ne donne la parole, ne sont pas vraiment representées politiquement, mais qui ont conservé en elles ce sens moral inné qu'est la décence commune. Il s'agit d'un pari pascalien de croire en elles car on n'a plutôt rien à perdre, effectivement de deux choses l'une, soit le salut passera par la décence commune pour instaurer une société véritablement socialiste fondée sur la coopération, l'entraide et la solidarité, soit il s'agit d'une fausse espérance. Comme le dit Pascal et il ne s'agit pas là de supputations de gentils rêveurs : « Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout, si vous perdez, vous ne perdez rien. »  Il en va là de rien de moins que du salut du pays, voire de la civilisation toute entière, qui devrait reposer sur des idéaux comme les droits de l'homme et leur application véritable dans le quotidien des gens ordinaires, et non sur l'instrumentation de ces idéaux qui est faite par la classe dominante pour asseoir sa légitimité c'est-à-dire son pouvoir, à l'aide d'une valeur cardinale comme le « mérite » pour justifier la reproduction des élites au sein d'un milieu où se pratique l'endogamie culturelle et la cooptation comme dans l'Ancien Régime, et les inégalités de destin dès la naissance.

Oui mais ce qui me pose problème c'est que je suis également convaincu que ce socialisme doit se mettre en place parallèlement à un rétablissement de la religion chrétienne, catholique en France. Et quitte à choisir entre les deux je crois que le rétablissement du christianisme  serait encore davantage indispensable. Mais en réalité il ne devrait pas y avoir à choisir entre les deux, et l'impératif s'impose de mener de front les deux combats. Ça peut paraître contradictoire, mais je pense que c'est compatible. J'ai pour modèle le village de mes grands-parents où régnait une vie communautaire faite d'entraide et de solidarité, avec en toile de fond la religion catholique qui apportait tous ses rituels ayant pour thème le sacrifice du Christ. J'y tiens beaucoup pour avoir lu un peu de l'anthropologie de René Girard et pense que cette religion est absolument indispensable pour maintenir l'aspect civilisationnel, culturel, artistique, moral, spirituel, de nos sociétés. Autrement dit je pense que le socialisme doit faire partie du politique, c'est-à-dire du temporel, et que l'on doit certes distinguer entre temporel et spirituel, mais veiller aussi au rétablissement de l'autorité de ce dernier. Il faut bien voir que dans la démocratie participative athénienne, le seul mode de démocratie qui vaille par opposition à notre démocratie représentative où les élus les plus haut placés ne veillent qu'à la défense les intérêts d'une classe dominante à laquelle ils appartiennent, la religion n'était pas disqualifiée et jouait un rôle prépondérant dans l'aspect civilisationnel, culturel, artistique, moral et spirituel, de la formation des enfants et de la vie quotidienne des citoyens athéniens.

En opposition au sens commun qui associe naïvement libéralisme et démocratie et à la plupart des intellectuels organiques du système qui le font par intérêt, je pense que seule une société politiquement socialiste et plutôt conservatrice sur le plan des mœurs et des coutumes, pourrait assurer le bon fonctionnement des valeurs démocratiques. Mitterrand avait d'ailleurs laissé miroiter cette espérance, lui qui se prétendait socialiste, cependant il a très rapidement trahi ses électeurs les plus vieux (ceux qui avaient encore des valeurs) pour satisfaire les plus jeunes en quête de jouissance et d'enrichissement matériel (les baby-boomers c'est-à-dire ceux qui votent pour Macron aujourd'hui), en se ralliant à une politique néolibérale dès 1983, mais libertaire sur le plan des mœurs pour ne pas complètement rompre avec l'idéologie 68. Il a ainsi comblé le chaînon manquant entre le « jouir sans entraves » de Mai 68 et la dérégulation du marché à partir du début des années 80, que l'on peut relier par leur dénominateur commun : le « sans entrave ». C'est ce côté libertaire sur le plan des mœurs, que l'on peut aussi appeler progressiste sociétalement, en rupture avec le patriarcat et toute forme de religion, qui a permis au « Florentin » de tromper tout son monde et de continuer à se faire passer pour étant de gauche, malgré le tournant néolibéral qui a caractérisé son premier septennat.

La plupart des gens aujourd'hui, pris dans leurs vies trépidantes et purement matérialistes, n'ont absolument que faire du phénomène religieux, l'estiment obsolète et pas du tout adapté à la modernité. Un retour du phénomène religieux tel que préconisé par René Girard parce qu'il est absolument vital pour une vie psychique équilibrée, voire une vie spirituelle tout court (seule garantie d'une création artistique), ne pourrait s'articuler qu'avec une critique heideggérienne radicale du règne de la Technique, ainsi qu'une critique orwellienne du fonctionnement des classes dominantes et des agents dominés de la domination (selon le principe ressentiment/volonté de puissance), vis-à-vis des classes populaires dont le sentiment qui prédomine est la décence commune. 

Le combat pour retrouver l'équilibre civilisationnel est donc à mener sur trois fronts en même temps.

mercredi 31 janvier 2024

Réponse à Lionel Lumbroso

Lionel Lumbroso me dit : « Globalement « aigri », Erwan, sans doute pas, vu l’énergie et le temps que vous mettez à poster des « bouts de synthèse » généralement justes, mais dans la conduite de votre propos, vous loupez les embranchements constructifs pour privilégier les déductions et suppositions tristes et amères. Ça se comprend ; moi-même, j’oscille entre mon tempérament constructif et empathe et un abattement croissant face à la remontée de la bêtise et des penchants humains néfastes de l’époque.


Mais moi, c’est de 2010 à 2020 que j’ai participé, sur Facebook, aux grands débats sur tous les sujets récurrents, et où j’y passais 3-4h chaque jour. Aujourd’hui, j’ai 71 ans, j’ai vu passer la Faucheuse d’un peu loin dernièrement — mais c’est toujours trop près —, et j’attends le moment, relativement proche, d’être en condition de produire des résultats originaux et utiles (chansons et bouquins).
C’est-à-dire que je ne vais plus sur FB plusieurs fois par jour, mais plutôt une fois par semaine ou par mois. Et ces dernières semaines et mois, c’était vos posts, surtout, qui me donnaient à penser sur divers thématiques, mais surtout celle — présente dans l’esprit de chacun — de la judéité, des Juifs, etc.

Moi, je me sens extrêmement bien placé, de l’intérieur, pour discourir sur le sujet et tous ses aspects.

Vous, vous avez à la fois le point de vue de l’extérieur et, pour une part, celui de l’intérieur, mais cette appétence à saisir l’essence de la judéité (inspiré par ce que vous avez pu capter de positif de l’attraction de votre mère ?) est intriqué avec votre rapport à votre mère… qui, abusant de son pouvoir comme tant de XX dernièrement, vous rejette, et vous dénie toute part de judéité.
Tout cela vous clive de façon appuyée, étant entendu que la majorité des gens clivent sur cette question.

Mes parents ont *naturellement* quitté leur haute bourgeoisie tunisoise d’origine — elle, du meilleur milieu tounsi, lui, d’ascendance livournaise — pour « monter » en France et à Paris en 1946 faire leurs études, mon père en médecine et ma mère à l’École du Louvre.

Le mouvement qui les saisissaient avait bien plus que l’universitaire ou l’économique à sa base. Je l’ai marqué ci-dessus en ajoutant qu’ils ont fait leur “alyah“, une vraie montée vers le pays moteur en matière de progrès de civillisation, en ayant repris la charge des Romains. Alain Badiou, dans sa riche, brillante et quasi-conclusive synthèse là-dessus, argumente de façon convaincante que la France est le site de civilisation « en cours » qui équivaut, dans la modernité, au site originel d’étincelle civilisationnelle — disons Jérusalem.

Ma mère m’a plusieurs fois raconté, tant ça lui était resté sur l’estomac, combien elle avait été furieuse de voir, en 1945, les Sionistes frapper à toutes les portes des familles juives de Tunis, pour les conditionner d’avance à peupler Israël quand il existerait, ce qui ne faisait plus grand doute, depuis les années ‘20 qu’on en discutait et avec le demi-génocide qui venait de se produire (celui des mal-inspirés qui avaient choisi de remonter au nord et allaient nécessairement se cogner les cruels slaves et les obsessionnels germains).

(J’en ai tiré plus tard une typologie : il existe deux types de Juifs, les diasporiques, fidèles, et les israélocentrés, rattrapés par l’hubris)
Je m’efforcerai de revenir répondre de façon plus détaillée à vos principaux points, qui ont tous de la pertinence mais dont vous êtes trop obnubilé par la face sombre.

Nous sommes un peu tous dans ce cas, c’est entendu : le triomphe de l’économique et du marchand sur le politique semble très avancé, après déconstruction tous azimuths des fondements politiques (qui procèdent de « l’ordre du Père », et il n’est pas certain qu’il y en ait un autre possible chez les humains), avec l’aide précieuse et appréciée par les capitalistes américains de tous les lobbies sociétaux.

Pour l’heure, je finirai sur une parole majeure à propos de la judéité et d’Israël, qui a été décriée par bassesse de vues, c’est celle de de Gaulle, après la Guerre-Eclair Israël-Egypte (avec Israël dans le rôle de la Russie d’aujourd’hui, reprenant le Sinaï de 1967 comme Poutine une partie de l’Ukraine)

J’avais 14 ans, et le mot « dominateur » m’a fait sursauter, tant il ne décrivait pas ce que je savais, d’une part de ma double généalogie au Maghreb et d’autre part de l’esprit juif hérité et gravé en moi.
Nous n’avions pas été dominateurs, nous avions été dominés, nous avions pendant des siècles le statut de dhimmis, « protégés », avec un peu moins de droits… mais ça se passait bien, tout le monde avait sa place, jouait un rôle.

Le « dominateur » de de Gaulle a décanté en moi pour, après des années de réflexion, me faire comprendre très clairement que la judéité avait été dénaturée par la création d’Israël (ou, autre formulation que votre témoignage étaye : que la création d’une nation juive [en contradiction avec la mission multiséculaire de diaspora], ne pouvait que favoriser les défauts juifs, gommer notamment une certaine modestie propre, sage et autoprotectrice).
Nous, nous nous sentions à notre juste place en ‘diaspora’, “parmi les nations”, apportant quelque chose de propre aux sociétés qui nous accueillaient.

Mieux : cette conception ne promouvait donc pas une vision figée des places et figures, comme les vieux mythes et religions cycliques, mais continuait à donner au processus civilisationnel sa flèche, son mouvement.

C’est dans cette logique, c’est dans les pas de mes ancêtres, jusqu’à mes parents, que des Juifs, du bon côté de la Méditerrannée, ont figuré qu’avec leur transport à eux sur plusieurs siècles, le site-proue du mouvement civilisationnel était passé de Jérusalem à la France...

…une France aujourd’hui atteinte, et pas aussi influente qu’elle le devrait, en train de s’américaniser (de régresser en culture) carrément avec envie, même dans les provinces.

La situation est grave, mais l’homme de bien doit s’interdire de désespérer.

(Plus d’une heure passée et je ne vous ai répondu que peu, mais il me semblait utile de poser ces points historiques et généraux)
—> J’ai bien fait d’insister, mais attendez-vous à un rythme lent dans mes réponses et réinterventions.

Et compliments explicites sur votre travail d’analyse et de synthèse des multiples chaînes causales amenant à la situation préoccupante d’aujourd’hui.

Avoir la juste intelligence de ce qui nous arrive et en produire un aperçu convaincant est la meilleure chance que nous ayons encore.

À bientôt. »

D'abord je tiens à vous remercier cher Lionel Lumbroso, de vous intéresser à mon « cas », qui est certainement un cas pathologique en réalité, parce que je suis le seul dans la famille à essayer de mettre des mots aux maux, et je suis rejeté pour ça comme « celui qui casse l'ambiance » ; y compris rejeté récemment par ma désormais ex-femme que j'aimais encore, ma fille aînée qui est juive, par la société (j'ai fait quand même 6 mois de prison ferme pour avoir agressé et insulté un gendarme lorsqu'il venait me notifier que ma femme avait porté plainte pour « harcèlement moral » et « violences conjugales »), perdu ma maison, mes biens et mes animaux, mon équilibre psychique, mon métier de professeur des écoles au sein de l'EN mais que je ne supportais plus car j'étais constamment en burnout ; me retrouvant actuellement à vivoter dans un logement insalubre et me nourrissant grâce aux restos du cœur. Il n'y a que les deux plus petites filles (quand même âgées de 18 et 16 ans) issues de ma récente union, désormais démolie à l'« insu de mon plein gré », qui ne me rejettent pas. J'avais peut-être besoin de tout ça pour alimenter ma colère légitime vis-à-vis de ma condition, au sein d'une société néolibérale dont j'exècre absolument toutes les valeurs dans lesquelles je ne peux catégoriquement pas me reconnaître tant elles sont avilissantes.

Ensuite concernant ma mère je pense que vous avez posé le bon diagnostic, clivante est le mot pour définir sa personnalité. Elle a fait de moi le bouc-émissaire qu'il faut expulser de sa famille pour que cette dernière puisse se réconcilier sur son dos, et retrouver le cours normal des choses. Je ne sais pas si Freud avait prévu - puisque ma mère était psychologue et pratiquait la psychanalyse sur des patients, a toujours des ami(e)s eux-même majoritairement médecins psychiatres pratiquant la psychanalyse -, que les développements de sa théorie dans le milieu huppé de la bonne société bourgeoise parisienne, aboutirait à de telles aberrations !

Quand je dis de la Shoah - « Bien sûr qu'il s'agit d'une idole, comme l'est tout mausolée à la mémoire d'un défunt, et surtout s'il prend des dimensions tellement gigantesques qu'il en occulte toutes les autres souffrances de la terre, qui sont pourtant aussi légitimes que celle un peu trop exclusive des Juifs - on comprend pourquoi toutes les mémoires opprimées de la terre entre alors en rivalité mimétique avec celle les Juifs, qui vise à être considérée comme absolument unique et singulière en son genre (d'une certaine façon le Génocide plus "grandiose", incorrigibles Juifs mégalomanes, on ne se refait pas !), dans une sorte de concurrence victimaire sans réelle issue -, et ont le droit elles aussi à l'existence, au dévoir de mémoire. Y-a-t-il par exemple un devoir de mémoire pour les Amérindiens exterminés ? Un jour officiel de commémoration avec force documentaires et films diffusés pour sensibiliser à un tel crime pourtant fondateur de la nation américaine, peuplée au départ de colons anglo-saxons venus du continent européen, avides des terres qui ne leur appartenaient pas légitimement ? Non, il n'en ait pas jailli une quelconque forme de culpabilité collectivement reconnue à la mémoires du peuple amérindien. Idem pour l'esclavage, la colonisation, les génocides des Arméniens, des Tutsis. Sans citer tous les autres crimes de la terre qui sont pléthoriques, ou alors les Juifs vont-ils venir nous dire que cela n'a rien à voir avec la Shoah ? qui seule peut bénéficier de l'excusivité pour faire part de la souffrance de tout un peuple. En ira-t-on jusqu'à minimiser la souffrance des autres, jusqu'à la nier, pour mieux exalter celle des Juifs ? Gare au crépuscule des idoles ! Surtout lorsque leurs créateurs seront démystifiés (éventuellement lorsqu'ils auront à leur tour commis un génocide, et qu'il sera dévoilé à l'opinion publique) ! » - toutes ces choses citées dans cette incise, il faut bien entendre que c'est ainsi, par un mausolée à la mémoire d'un défunt, que se sont constituées toutes les religions.

Il me semble que Freud - considéré à tort selon moi comme un prophète dans la société actuelle, où tout est pensé selon les catégories de la psychanalyse dans les classes supérieures (et pas seulement) : l'anthropologie freudienne -, avait dit qu'elles provenaient du meurtre du Père dans la tribu primitive, dont les fils criminels avaient ensuite fait un idole sacrée par culpabilité. Je ne réfute pas une telle analyse, et même j'y adhère ; l'anthropologie freudienne aurait juste gagné à ne pas tirer du cas particulier du « maître », son amour pour sa mère notamment (qui n'est absolument pas généralisable, loin de là), des généralisations pour expliquer tous les phénomènes humains et tout particulièrement les pathologies, les cas cliniques, que l'on retrouve dans la littérature et qui selon Freud viennent conforter sa doctrine. Freud aurait dû savoir être moins messianique, plus modeste dont vous dites que cela constitue un trait typique des Juifs, faire preuve de davantage de décence (au sens de la décence commune définie par George Orwell) en reconnaissant qu'il y a des choses qu'il ne pouvait pas savoir, qui échappent à l'esprit humain et à la toute puissance de la clairvoyance des psys, et qui relèvent du mystère, au sens de mysticisme.

L'originalité du judaïsme est d'avoir postulé l'unicité de cette idole, de ce Dieu, celle du christianisme est de s'être mis à la place de la victime, pour adopter son point de vue, sur ce meurtre sacrificiel qui est propre à toutes les sociétés pour conjurer la violence des rapports humains qui fonctionnent toujours dans une logique de tiers-exclu. Avant dans les polythéismes il y avait eu des meurtres sacrificiels ritualisés, souvent d'animaux, mais qui pouvaient aller jusqu'à des sacrifices humains comme c'est relaté dans l'Iliade d'Homère, le sacrifice de sa fille Iphigénie par Agamemnon pour obtenir l'aide des dieux de l'Olympe. Il y avait donc un énorme violence, y compris dans les racines de cette civilisation florissante qu'a constitué la société des Grec anciens, que l'on a tendance à idéaliser un peu, elle n'était pas parfaite loin de là.

Bref tout ça pour dire que les notions de sacrifice, de bouc-émissarisation, sont très importants pour expliquer le fonctionnement des sociétés. Ce que le christianisme avait apporté, c'est une forme de pacification, autour du sacrifice de Jésus, que les fidèles répétaient rituellement au cours d'une cérémonie religieuse appelé la messe, tous les dimanches dans les églises. Ce que l'on constate en l'absence de tout rituel (apaisant) de ce type, c'est la récrudescence dans nos sociétés ultra-modernes reposant sur les sciences, de phénomènes de bouc-émissaristion en l'absence de médiateur d'origine religieuse (Jésus pour ne pas le nommer), notamment sur le lieu de travail, là où se joue la survie de chacun, le « stuggle for life » tant vanté par nos Thatcher, Reagan et tutti quanti (« there is no society »), se manifestant par des phénomènes massifs de burnout, dont je crois avoir été la victime dans l'exercice de mon métier, car je suis trop « gentil » pour savoir me faire respecter. D'une manière générale, les conditions de travail deviennent beaucoup trop dures, et ce n'est pas seulement une question de juste rémunération. Les conditions de travail auraient beau s'améliorer, les salaires devenir plus attrayants, la pression fiscale baisser sur les ménages les plus modestes - car je pense avant tout du point de vue des classes populaires et modestes, qui sont celles qui ont le plus de valeur à mes yeux, puisqu'elles servent de fondation à toutes les autres qui malheureusement aujourd'hui les dominent et les méprisent, voire pire, mais je ne veux pas entrer dans les détails de cette humiliation collective subie au quotidien par les classes laborieuses -, cela ne réglerait pas le problème de fond, et d'ailleurs nous n'en prenons pas du tout la voie, c'est même tout le contraire. Il est clair également que ni la laïcité, ni les valeurs de la République, ni même la lutte contre l'antisémitisme, ne régleront ce problème de fond. C'est la grande naïveté de notre époque de penser le contraire, et c'est pour ça qu'il faut toujours nager, en réalité, dans un courant contraire (ce que pensait mon ex-femme qui me le reprochait et me taxait de « fou ») pour être réellement honnête vis-àvis de soi-même et des autres, c'est extrêmement difficile et ça va contre le bon sens dont Descartes disait qu'il était la chose la mieux partagée.

Je ne prétends pas être un prophète, encore moins un messie, mais je pense que si on ne réhabilite pas la religion catholique en France, rapidement, il y va de notre survie en tant que civilisation rayonnante, qui fut longtemps un modèle pour tous les peuples opprimés de la Terre. Bref je prétends que les Lumières descendent directement du christianisme, qu'elles ne constituent pas une rupture, et tout particulièrement du catholicisme en France, qui expliquent l'apparition de figures messianiques telles Diderot, Rousseau et Voltaire, et que cela me semble beaucoup plus pertinent pour s'en sortir, désolé de vous le dire, comme condition absolument indispensable de survie anthropologique, que toute l'Éthique juive compilée de Spinoza à Freud, puis Jankélévitch et Lévinas. Même si tous ces auteurs sont extrêmement importants et ont largement contribué au prestige de notre civilisation aux yeux du monde, ils ne sont pas indispensables à la survie de l'Occident contrairement à la religion chrétienne, et toute son importance pour unir, unifier, la société autour d'un culte religieux commun. Or il me semble qu'en érigeant une nouvelle idole, un nouveau Dieu en réalité, à la mémoire des victimes de la Shoah, nous ne règlerons pas le problème de fond.