dimanche 31 octobre 2021

Chacun sa vie, chacun sa merde !

 


Ce que j'observe c'est que les valeurs de droite et même d'extrême droite tendance Zemmour arrivent à instruire et éduquer des enfants pour qu'ils deviennent adultes et autonomes. Alors que les valeurs de gauche qui se prétendent beaucoup plus généreuses aboutissent souvent comme résultat à produire toutes sortes de ratés de l'existence qui resteront assistés toute leur vie, à moins qu'ils ne se suicident bien avant comme mon cousin germain à 23 ans.

Mes parents se prétendaient de gauche en tout cas, rejetant tout leur héritage chrétien et cela leur permettait de camoufler des instincts atroces car ils ne se sentaient plus coupables de rien du tout, innocents dans leurs vices coupables et émancipés, il y avait de la perversion chez les deux, comme la pulsion pédophile incestueuse et l'exhibitionnisme chez mon père, et la pulsion d'emprise dénuée de toute empathie pour son enfant chez ma mère : elle voulait juste que je fasse des études permettant d'avoir un métier qui rapporte de l'argent, pourquoi voulait-elle que je gagne du fric ? Pourquoi ne voulait-elle pas que je fasse des études de philo et a tout fait pour saboter ces études ? Pourquoi ne voulait-elle pas tout simplement comme c'est le désir d'une mère normale que je sois heureux et que je m'épanouisse ? Pour combler son confort narcissique ou bien pour que je lui reverse du fric - son fantasme secret ?

Mes grands-parents catholiques qui votaient à droite et étaient sans doute favorables, hélas, à la peine de mort étaient dans la vie de tous les jours très propres moralement, beaucoup plus humains et empathiques avec moi et ont essayé de me transmettre un héritage de valeurs malgré la résistance de mes parents en réalité nihilistes concernant toute forme d'instruction et d'éducation. On était juste après mai 68, l'École était dans un état lamentable et avait renoncé à exercer toute forme d'autorité et à transmettre un quelconque genre d'instruction aux enfants. Il faut dire que j'étais à Vitruve, une école expérimentale située à Paris et totalement idéologisée par des théories d'extrême gauche militant pour l'abolition de l'autorité, je n'ai pas souvenir d'avoir eu un seul maître ou maîtresse à cet âge de la vie où l'apprentissage de la lecture et de l'écriture est crucial, les enfants étaient livrés à eux-mêmes et à leur violence. Mes parents, véritables Rastignac de l'ascension sociale profitant du contexte très favorable des Trente Glorieuses pour réussir relativement assez bien professionnellement, et même accumuler un petit capital confortable destiné à épater leurs amis et se payer des vacances de rêve, se désintéressaient totalement de mon sort sinon pour m'exploiter et abuser sexuellement de moi du côté de mon père, parce qu'à l'époque il y avait quand même tout un courant de pensée de gauche voulant légaliser la pédophilie.

Il n'y a pas que dans l'Église catholique qu'il y a des abus sexuels. Le premier lieu d'abus est la famille surtout lorsqu'elle est influencée par des intellectuels de gauche qui donnent une certaine légitimité à ces abus, les proclamant innocents. Il y a des paradoxes qui sont assez difficiles à expliquer dans ma vie, qui font que désormais je me reconnais davantage dans les valeurs de droite voire d'extrême droite tendance Zemmour au moins en ce qui concerne l'éducation des enfants, que dans les valeurs de gauche responsables selon Zemmour à juste titre du suicide français, qui déconstruisent tout et dont le symptôme actuel très inquiétant est le wokisme.

Je rêve aussi d'un retour à la tradition catholique et à l'Eucharistie pour apaiser la violence mimétique qui fait des ravages dans notre société. Avant le mal était circonscrit dans sa sphère par la religion, il y avait bien l'aristocratie qui profitait de sa condition, mais elle n'a jamais fait autant de mal au peuple que la bourgeoisie capitaliste qui l'a exploité jusqu'à l'os pour accumuler un capital. Je suis persuadé que l'aristocratie qui avait des valeurs, a toujours été au fond plus proche du peuple et beaucoup moins hypocrite et manipulatrice que la bourgeoisie qui n'a d'autre valeur que l'accumulation d'argent. Bourgeoisie impitoyable requalifiée de bobo dans les beaux quartiers haussmanniens, à laquelle elle s'est totalement intégrée, n'hésitant pas à me sacrifier pour ça comme elle m'a toujours sacrifié pour tout.

Depuis 1789 le mal se déchaîne crescendo et contrairement à ce que vous pouvez bien penser, cela ira en s'amplifiant car les exploiteurs capitalistes n'ont pas renoncé à accumuler du capital en exploitant désormais toute la population mondiale, sans parler des dégâts occasionnés sur l'environnement.

Je sais que ça ne donne pas envie, qu'il ne faut pas dire de telles choses et que si des circonstances traumatiques m'ont dégoûté à ce point de la vie dans une période qui paraissait cependant prometteuse, ce n'est pas une raison pour en dégoûter les autres ; aussi je préfère vous laisser à votre optimisme béat et à vos illusions sur les droits de l'homme qui vous permettent de vivre normalement, c'est-à-dire en aimant et travaillant. Bref il y aurait encore beaucoup de choses à dire mais je préfère m'arrêter là.

PS : La réalité est aussi que j’ai été sacrifié par mes parents, j’ai été la part maudite de leur relation conflictuelle qui exigeait le sacrifice d’un tiers. Ce tiers c’était moi qui ai été programmé pour le suicide dès son plus jeune âge. Ma vie n'est qu'une longue résistance contre le suicide dont l'idée ne me quitte jamais. Mon père qui a toujours rêvé que j'ai une vie de merde doit être heureux, oui j'ai eu une globalement une vie de chien jusqu'à 54 ans avec quelques éclaircies de bonheur comme mes deux compagnes et mes trois filles m'en ont apportées. Papa si tu me lis sois heureux j'ai été très malheureux, ma vie a été et sera jusqu'au bout un calvaire, un chemin de croix, absurde. Pour ne plus que des enfants comme moi soient sacrifié par leurs parents je rêve d'un retour à l'eucharistie catholique où le tiers sacrifié était le Christ, et permettait la réconciliation de la communauté et familiale dans mon cas. Mon cousin germain s'est suicidé à 23 ans, il s'est lui aussi sans doute senti sacrifié et ne l'a pas supporté, et j'ai une demi-sœur autiste.

Peut-être effectivement que je ne pourrais trouver le salut que dans la religion catholique, j'avais déjà fait une approche, j'ai même fait baptiser mes filles, mais me concernant elle ne fut pas concluante, je n'arrivais pas à trouver en moi même la plus petite parcelle de foi et d'espérance.


vendredi 29 octobre 2021

Le wokisme nous conduira à la guerre civile

 

« Je préférais la culpabilité bienveillante de mes grands-parents à l'innocence coupable de mes parents, car on était passé en une génération dans ma famille des catholiques archaïques et ruraux aux bobos urbains avec leurs codes ostracisants qu'il faut maîtriser pour en faire partie, la sexualité n'y est jamais gratuite et innocente. Quant au mysticisme ce fut pour moi une expérience de béatitude que j'ai éprouvé plusieurs fois vers l'âge de 16 ans. Tout le paysage et moi-même semblaient soudain relié au Tout, englobés dans un sentiment de joie et d'harmonie, dans une rue de Paris, les arbres, les branches, les oiseaux, la rue déserte, les façades des immeubles, tout semblait vivre intensément dans un enchantement extatique et bigarré. Je souriais au monde et il me souriait, je ressentais quand même un malaise malgré ma joie ce qui la rendait impure, une présence malveillante qui voulait ma perte par rivalité mimétique avec son propre fils, c'était celle de mon propre père. »

C'est vrai que je pense surtout avec trois auteurs que vous devez détester, ou qui ne sont pas votre tasse de thé : Marx, Heidegger, René Girard. Il n'y a pas besoin des Chinois pour expliquer les grandes fractures qui divisent nos sociétés occidentales, elles s'expliquent par une interprétation dévoyée des valeurs des Lumières et leur association dès l'origine avec celles du capitalisme. C'est une telle association qu'il faudrait déconstruire. Or les wokistes déconstruisent tout sauf ça !

Ah c'est sûr que l'on peut réciter tout le catéchisme républicain et des droits de l'homme pour s'en féliciter en comparaison des piètres conditions de vie de nos ancêtres sous l'ancien régime s'ils n'avaient pas la chance d'appartenir à l'aristocratie ou au clergé. Sauf qu'entre temps il y a quand même eu la colonisation, deux guerres mondiales, les crimes du communisme (qui fut une interprétation dévoyée de Marx, car le système qui en découla entra tout de suite en rivalité avec le capitalisme), le fascisme, le nazisme, le génocide des Juifs et des Tziganes. J'ai peut-être la naïveté de penser que la Révolution française a enclenché une chaîne de causalité qui si elle ne constitue pas une explication définitive de tous ces phénomènes, y a quand même sa part non négligeable de responsabilité.

Le capitalisme a cessé d'être féroce pour le peuple que durant une brève accalmie, les Trente Glorieuses, afin d'offrir une belle vitrine face au modèle communiste menaçant. Mais aujourd'hui, à nouveau après une courte pause on voit depuis un peu plus de 40 ans le vrai visage du capitalisme qui s'est associé à une idéologie néolibérale destructrice du lien social sous l'impulsion de Reagan et Thatcher : « there is no society, there is no alternative ». Heureux ceux qui profitant des Trente Glorieuses ont pu bénéficier de l'ascenseur social et ont pu en faire profiter leurs enfants et les enfants de leurs enfants – je n’ai pas eu cette chance car mes parents ont gaspillé tout l’héritage et je parle plus d’un point de vue spirituel que matériel. Mais aujourd'hui "les valeurs de la République" constituent surtout une formule qui sonne creux plutôt destinée à nous faire accepter la servitude volontaire dans l'esclavage salarié, par fabrication du consentement par les médias inféodés à l'oligarchie. Il faut quand même être bien naïf pour gober de telles "valeurs" ; nous sommes à des années-lumière (Lumières c'est le cas de le dire) de la générosité qui nous semble aujourd'hui presque naïve dans son expression, d'un Diderot ou d'un Rousseau (on pense à la "naïveté" de Rousseau, que met en exergue MC Solaar dans une de ses chansons), Voltaire je ne dis pas car il s'est enrichi sur le dos de l'esclavagisme.

Vous savez moi je sais que ma mère me déteste depuis que je suis tout petit, nourrisson, je sais bien qu’elle ne m’a jamais désiré, ni jamais aimé, et elle continue dès qu'elle me voit à être incapable de réprimer une moue de dégoût sur son visage sans doute la même que celle qu’elle devait avoir en changeant mes couches. J'ignore absolument pourquoi à ce point-là ? La toute dernière fois que je l'ai vue j'allais pour lui faire la bise, elle a refusé, ne m'a pas dit bonjour, et m'a juste dit que je sentais mauvais ; odeur qui devait lui rappeler le temps où elle était obligée de changer mes couches pleines de caca avec dégoût. À un tel degré d'intensité la haine de la part de ma mère ; qui a contribué à atomiser mes deux couples successifs ; qui fait que ma fille aînée me considère comme un fou et refuse de me voir ; en attendant d'arriver à manipuler mes deux plus jeunes filles avec la pulsion d'emprise la caractérisant, demeure pour moi une énigme incompréhensible qui a sans doute rapport à sa relation à mon père. Je me dis quand même que c'est totalement pathologique, c'est sans doute la psychanalyse qui l'a confortée dans sa "psychose" haineuse à mon égard qui est son désir qu'il ne faut surtout pas contrarier dans la voie de la guérison, au lieu de l'aider à en sortir.

Alors vous savez le monde peut bien s'effondrer, je suis damné pour cette société, je regarde juste les choses avec un regard amusé et détaché, je pressens juste l'effondrement qui se profile et qui va arriver d'une façon ou d'une autre car notre système n'est pas viable. Le capitalisme associé au néolibéralisme constitue un cocktail explosif pour la planète à moins qu'il ne soit très radicalement remis en question. La seule peine que j'éprouve c'est pour mes trois filles, ce sont des êtres innocents qui me sont chers et que j'aime de tout mon cœur, je m'en veux de les avoir fait naître dans un monde si cruel ce qu'il a d'ailleurs sans doute toujours été, et comble d'injustice je me sens totalement démuni pour les protéger. Mais vous, vous ne pouvez pas comprendre parce que vous n'avez pas de cœur, ni aucune intuition de ce qui se profile ; pour vous le monde paraît parfaitement normal et sain et ceux qui en ont une autre vision et voudrait le changer souffrent de troubles pathologiques. C'est ainsi que les communistes traitaient leurs opposants en les enfermant dans des hôpitaux psychiatriques plutôt que de chercher à débattre avec eux.

Le camp du bien contre tous les méchants. Mais que de bons sentiments dont l'enfer est pavé et aucune politique sociale en vue. C'est la spéculation sur la valeur d'usage et le déclassement des classes moyennes qui expliquent la montée de la "haine" populiste.

Il faudrait une politique sociale volontariste comme sous l'impulsion du CNR durant les Trente Glorieuses, mais à l'échelle du monde et la "haine" populiste baisserait automatiquement. Il faut bien voir dans toute cette affaire que les plus acharnés à ne rien céder sur leurs privilèges sont les actionnaires et les grands patrons. Pas question de s'en prendre à eux ni aux évasions fiscales. Cependant je n'en démords pas Zemmour est un philosophe qui démasque beaucoup d'impostures de notre époque, celle de la technocratie qui ne pense pas mais se contente de calculer. Il rétablit aussi le réel là où la plupart de nos contemporains sont aveuglés par l'idéologie.

Les élites ont reconfiguré le langage. Le langage devait remplacer la réalité. Celle-ci devait se soumettre à lui ou disparaître. Cette dissolution de la réalité dans le langage est la condition de possibilité de toutes les réformes anthropologiques en cours : PMA, GPA, et celles exigées par les associations LGBT. Le néo-antiracisme, le néo-féminisme, l’antifascisme de confort et ses réflexes, les clichés issus des philosophies de la déconstruction, les revendications extravagantes de certains militants ; donc toutes les expressions du wokisme exacerbé peuplent ce langage-obstacle. Excluant la réalité - celle par exemple des inégalités abyssales de fortune entre les travailleurs et les actionnaires, celle du retour à un esclavage salarié féroce après la parenthèse enchantée que constituèrent les Trente Glorieuses, celle de la panne de l’ascenseur social pour les classes populaires, celle aussi c’est vrai des flux migratoires massifs et dérégulés ; le langage a été transformé en une prison verbale dans laquelle on a enfermé les esprits et dans laquelle vous êtes peut-être enfermés.

Moi c’est vrai je fais le pari peut-être bien naïf d’un Zemmour humaniste social et gaulliste, dont la synthèse a d’ailleurs été le gaullisme social durant les Trente Glorieuses, apportant tant d’espoir et de prospérité à notre pays mais très égoïstement puisque le reste du monde non-occidental n'en profitait pas ; cela constitue pour moi un espoir qui n'a malheureusement sans doute rien à voir avec la réalité j'en ai conscience. Gaulliste, c’est-à-dire en tenant compte d’un héritage qui va bien au-delà dans l’histoire de France de notre seul héritage républicain. Le rétablissement de valeurs donc qui excèdent les simples valeurs de la République, un héritage qui, il ne faut pas l’oublier est aussi judéo-chrétien et gréco-romain sans non plus occulter le fait que les populations plurielles dominantes furent toujours en France de race blanche que nous le voulions ou non - il n'y a pas historiquement en France un peuple blanc mais des peuples blancs ; ce sont de telles évidences que les déconstructeurs du réel, les wokistes, veulent abolir pour toujours : mort à l’homme blanc ! Mort au catholique ! Mort à l’art classique d’origine gréco-romaine - l'art contemporain est une forme de déconstruction, donc de wokisme de l'art classique ! Zemmour loin d’être un simplificateur populiste et démagogue voulant abuser de la crédulité des mécontents péjorativement qualifiés de populistes complexifie les choses en les replaçant dans leur contexte historique ; il élargit les perspectives alors que ses détracteurs disent qu'il les réduit en pratiquant une forme de simplisme non rationnel propre à épater les gogos. Bref là où les autres se contentent de bureaucratie et de technocratie il fait de la politique. Et la politique c’est toujours de l’émotion ! Réduite et désincarnée donc privée d'émotion, c'est de la technocratie de bureaucrates, ce que sont devenus l'immense majorité de nos hommes politiques actuels.

"Je dis simplement que les droits de l'homme sont devant nous et pas derrière, qu'ils n'ont jamais été pleinement appliqués et que cette application serait presque une panacée pour les diverses sortes de maux qui assaillent une planète assez en panne." François Delpla.

Non je ne crois pas du tout aux droits de l'homme car il s'agit d'une logique de l'INDIVIDU qu'il faudrait selon moi plutôt remplacer par une logique communautaire, au sens de communauté.

Il y a deux modèles qui s’offrent à nous, soit le modèle de la NOSTALGIE proposée par Zemmour avec en toile de fond celui de la communauté religieuse spirituelle et catholique.

Soit le choix de l’avenir innovant avec le modèle SOCIALISTE que propose un philosophe comme JC Michéa. Mais d'un socialisme inspiré d'Orwell et de l'idée de décence commune, ne faisant pas table rase du passé.

Entre les deux mon cœur balance, je n’ai pas fait réellement de choix.

Le capitalisme a su s'adapter, il n'a plus rien de patriarcal, il est woke et en même temps encore plus féroce et inégalitaire.

C'est quand même bien la République et non le second empire de Napoléon III, par le biais d'ailleurs de la gauche républicaine qui a réprimé dans le sang la Commune se voulant d'inspiration socialiste - lire JC Michéa à cet égard ; Les mystères de la gauche. La République française n'a jamais été dirigée par des socialistes et ne le sera sans doute jamais car c'est la grande phobie des grands patrons et des actionnaires qui possèdent les moyens de propagande à travers les médias qui feront toujours tout pour l'empêcher jusqu'au bout. Mitterrand a usurpé le nom de socialiste via le PS et a très vite fait une politique néolibérale inspirée des modèles outre-atlantique et outre-manche.

Il est vrai que l'on imagine difficilement Zemmour faire une politique socialiste mais on peut toujours rêver, et ce serait un moindre mal que le néolibéralisme qu'il s'inspire au moins du modèle économique que constituât le gaullisme social sous l'impulsion du CNR.

On a remplacé la messe par le sexe, merci docteur Freud qui manifestement n'avait pas lu René Girard. Et il ne le pouvait pas puisque ce dernier lui est postérieur !

« La vanité d'autrui ne nous offense que lorsqu'elle choque notre propre vanité » ; Nietzsche : je crois que c'est un modèle de rivalité mimétique dont parle René Girard. D'autant plus que personnellement je n'ai plus de propriété privée, je ne peux plus défendre le modèle de l'INDIVIDU. Alors je défends le modèle de la communauté. 

Le problème de la logique de l'INDIVIDU construction philosophique des Lumières c'est que cela engendre la rivalité mimétique donc la violence. La logique de la communauté religieuse se proposait d'abolir cette violence inhérente à l'INDIVIDU lorsqu'il se compare aux autres. La communauté devait abolir la violence et la rivalité mimétique puisqu'il y avait un monde commun. Mais cela ne suffisait pas car il y fallait toujours un sacrifice étant sa part maudite, la violence exercée sur un tiers qui s'est transformée après la Révolution française en logique du bouc-émissaire, expliquant plus tard le racisme voire les génocides.

La communauté catholique au sein de petits villages a très bien fonctionné dans les terroirs pendant des siècles, il n'y avait pas de violence du tout dans le village breton de mes grands-parents donc sans doute très peu de rivalité mimétique. Certainement parce que toutes ces communautés à travers la France étaient unies par le sacrifice d’un tiers parvenant à apaiser la rivalité mimétique et la violence qu’elle génère. Ce sacrifice symbolique était celui du Christ par l'eucharistie, c’est-à-dire la communion dans la messe des fidèles constituant la communauté catholique. La violence était générée par la rivalité des seigneurs entre eux et ne regardait pas le petit peuple. C'est un modèle à méditer.

Le capitalisme engendre et décuple la rivalité mimétique, donc la violence. L'INDIVIDU et les droits de l'homme sont une construction de la philosophie des Lumières, INDIVIDU qu'il s'agit de rendre libre par son travail. Les valeurs de la République dès l'origine sont intimement liées à celles du capitalisme qui est le jouet des bourgeois pour faire du profit, originellement dans la pensée de Rousseau et de Diderot les valeurs des Lumières ne devaient pas être associées à celle du capitalisme. Il y a eu une trahison et cette trahison est celle des bourgeois. Rousseau avait même subodoré l'éclosion d'un capitalisme financier pouvant être fatal pour la démocratie. La République n'est pas une et indivisible et le peuple n'est pas souverain, en faits, puisqu'il existe des classes sociales et aujourd'hui des replis communautaires dont les intérêts divergent même si théoriquement ils le sont, sinon la République perdrait sa légitimité fondée en droit. Les victimes principales furent d'abord les prolétaires qui étymologiquement ne possèdent que leurs enfants comme seule richesse et en faisaient donc beaucoup, souvent d'anciens paysans qui avaient dû quitter leurs champs, leurs fermes, pour monter en ville afin d'échapper à la famine et la misère souvent provoquées par leurs exploiteurs, les bourgeois, notamment en Grande-Bretagne par le mouvement des enclosures, mais ne profitant pas du tout de la création de richesses et leur force de travail étant très abusivement exploitée. Les valeurs de la République sont donc historiquement liées aux intérêts de la seule bourgeoisie au détriment des prolétaires et dans une moindre mesure des paysans qui ont pu rester à la campagne ; au détriment aussi de l'Église et de l'aristocratie.

On assiste à la disparition progressive de la classe ouvrière après-guerre et à la constitution d'une classe moyenne très nombreuse et forte socialement et économiquement éprise de loisirs et de vacances dans des pays exotiques toujours plus lointains, faisant de moins en moins d'enfants hormis dans les milieux traditionnels, cherchant son épanouissement ailleurs que dans le travail salarié et la famille - je pense à mes parents pour l'explosion de la famille. On constate en même temps la disparition progressive du PCF et le déclin des syndicats qui ont de moins en moins d'ouvriers à disposition dont ils doivent défendre les intérêts, à mesure que le pays se désindustrialise et mise sur les services. 

C'est alors que survient la reprolétarisation au sens étymologique du terme d'une partie de la classe moyenne sous l'action du néolibéralisme à partir du début des années 80, expliquant l'apparition progressive d'un populisme d'extrême-droite de plus en plus puissant recrutant parmi les déclassés et les recalés de la mondialisation, conséquence d'une crise qui dure aujourd'hui depuis plus de 40 ans. Enfin on assiste à l'apparition d'une nouvelle forme de prolétaire : le migrant d'Afrique subsaharienne dont les partis d'extrême-gauche se sont fait les défenseurs inconditionnels. 

Le capitalisme encourageant la compétition, et la République la méritocratie, c'est-à-dire la rivalité mimétique comme moteur, la culture de la société démocratique est la violence. Les valeurs de la République sont toujours un jouet aux mains d'une classe dominante dont certains membres se sont faits une spécialité de faire accepter au reste de la population sa propre aliénation, à travers les médias inféodés selon la formule. La lutte contre toutes les formes de violences (dont notamment les violences conjugales) qu'entend poursuivre la République est donc une hypocrisie d'État puisque sa culture est la violence, et que toutes ses valeurs de compétition et de méritocratie y tendent en exaltant la violence mimétique plutôt que de la réfréner. Cependant le militantisme partial et idéologique, donc aveugle, souvent d'extrême-gauche parfois d'extrême-droite, est une forme de mimétisme de la violence exercée contre soi dans son intimité qui ne trouve pas à s'extérioriser autrement que par une forme de violence exercée contre la violence subie.

Enfin les forces de l'ordre qui ont le monopole de la violence légitime, l'exercent très généralement pour défendre les seuls intérêts des bourgeois ; même si je sais que ce terme de bourgeois est totalement tombé en désuétude et a été discrédité depuis la chute du communisme en URSS comme si nous étions enfin parvenu à l'égalité réelle alors qu'elle n'est que formelle, et aujourd'hui plus que jamais comme le montre le mouvement des gilets jaunes très durement réprimé par ces mêmes FDO aux ordres d'intérêts qui ne sont pas ceux du peuple souverain et de la République une et indivisible, mais particuliers et privés étant ceux d'une oligarchie qui instrumentalise les valeurs de la République et les droits de l'homme pour son seul profit. 

Ainsi le terme de bourgeois a-t-il été remplacé par celui de bobo, un peu péjoratif mais quand même plus sympa et festif, beaucoup moins connoté en terme d'exploitation donc moins révoltant, qui couvre cependant à peu près la même réalité sociologique. C'est alors que survient aussi une nouvelle forme de contestation moins révolutionnaire qu'auparavant et sans idéologie politique comme le marxisme qui la sous-tend, sous la forme du complotisme ! Mouvement de mode selon moi quand même plus inoffensif qu'une réelle contestation politique des institution républicaines par le marxisme.

D'après moi la société d'ancien régime était donc beaucoup moins violente et bien plus douce que la société libérale étant intimement liée au capitalisme et à ses valeurs de compétition, donc de violence mimétique, il n'y a pour s'en faire une idée qu'à lire quelques pages de Rousseau ou de Diderot, empreintes d'une douceur qui nous paraît aujourd'hui suspecte, efféminée, presque incompréhensible. Pas assez dures comme le dirait mon ami Emmanuel Mousset.

Le wokisme est en réalité un épiphénomène lié à ce phénomène plus général que constitue le libéralisme intimement lié au capitalisme aboutissant à la logique de l'INDIVIDU qui n'est qu'une construction métaphysique des Lumière, permettant certes idéalement, en théorie, l'instruction et la culture mais dont le symptôme plus général et concret est d'aboutir à une culture de la violence. Une telle culture de la violence explique selon moi des phénomènes sous-jacents comme le colonialisme, les deux guerres mondiales, l'apparition du communisme, du fascisme et du nazisme, enfin le génocide des Juifs et des Tziganes. La plupart des gens adhèrent naturellement à cette culture de la violence et quelqu'un qui aurait été élevé durant toute son enfance dans une communauté religieuse traditionnelle archaïque et rurale aurait beaucoup plus de mal à y adhérer et se trouverait inadapté, voire se trouverait transformé en cas social, car incapable de s'y épanouir et donc d'y travailler et d'y aimer.

Ma crise de violence contre un gendarme qui m’a conduit en prison et privé de ma maison pour toujours est peut-être due à la rivalité mimétique, je me suis peut-être comparé aux voisins qui avaient une plus belle maison, ou voiture, que moi.

Zemmour fait un premier pas, il rétablit l'idée de communauté de destin par l'apprentissage de l'histoire à l'école, le roman national que l'on a oublié par wokisme et déconstruction du savoir dominant d'origine blanche et patriarcale. Mais même le patriarcat dominant était un modèle de communauté, la famille sous l'autorité symbolique du père.

Ma femme peut-être influencée par des amies intellectuelles n'acceptait sans doute plus mon autorité symbolique qu’elle assimilait à de l’autoritarisme, par wokisme plus ou moins intuitif et inconscient de sa part.

J'aurais dû réfléchir à tout ça avant de faire toutes mes conneries qui m'ont prolétarisé.

La communauté sous l'autorité symbolique du père c'était la famille, le wokisme déconstruit même la famille. Cette autorité même symbolique les néoféministes n'en veulent plus.

Le wokisme s’il continue à se développer aura pour effet de provoquer une explosion de violence par rivalité mimétique des INDIVIDUS entre eux, genrés et racisés sur le point d'être déconstruits. Après la déconstruction il n’y aura plus que des INDIVIDUS biologiquement indifférenciés puisque le biologique aura été totalement nivelé par l'idéologie, absolument isolés, atomisés, et en lutte tous contre tous. Et puis même plus d'individu du tout, tout aura été atomisé. 

Contre le wokisme il y a aussi l'assimilation et la messe en latin, peut-être notre dernière chance !

mardi 19 octobre 2021

Retour à l'art classique

 


Je fais l'apologie de la Renaissance italienne et française, ainsi que de la Grèce antique et de Rome. Ce dont j'ai le plus souffert n'est pas de l'abus - peut-être que mon père n'en avait même pas conscience, pris dans un mouvement libertaire et hippie issu de mai 68 qui le dépassait ; mais de l'abandon et du mépris pour sa victime. Oui effectivement globalement je conchie la société des droits de l'homme, de l'individualisme et de l'égoïsme, parce qu'elle est profondément merdique ; puisque je pense que la société ne doit pas être au service de l'épanouissement de l'individu, d'autant plus qu'il ne s'y épanouit que très mal - droits de l'homme, égoïsme, laideur de l'art contemporain ; mais l'individu au service de l'épanouissement de la société - don de soi, générosité, altruisme, beauté de l'art classique. Les droits de l'homme sont un idéal estimable issu de 1789 et de la philosophie des Lumières, mais hautement critiquable quand on voit le résultat à l'échelle de la société. La critique doit donc être radicale car dans les faits une telle idéologie encourage la culture du narcissisme et la pathologie mentale - perversion narcissique. Le narcissisme qui s'est généralisé jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir (Macron en est un beau spécimen) est en totale contradiction avec les valeurs judéo-chrétiennes, donc avec la morale ; il constitue le renversement des valeurs dont avait rêvé Nietzsche, mais je ne sais pas si ce dernier l'avait envisagé ainsi... Car en réalité cela n'a pas débouché sur un retour à un idéal aristocratique, mais sur une généralisation de la pathologie mentale que constitue le narcissisme, handicapant la création artistique et contribuant à l'enlaidissement du monde par la perversion propre au capitalisme - recouvrir la pénurie du monde par une abondance factice d'objets obsolescents et par l'argent, et ce faisant le couvrir d'immondices.

Or l'artiste se sent quand même mieux dans un environnement harmonieux et cohérent pour créer, sentiment de bien-être très visible dans l'art gréco-romain et celui de la Renaissance, ce que rendent pratiquement impossible la dénaturation physique et la pollution morale qui défigurent le monde, dont au mieux il peut essayer de rendre compte à la manière d'un Houellebecq, qui ne sacrifie pas, bien heureusement, à la laideur esthétique propre à l'art contemporain.

Il y a des points communs entre le catholicisme breton que j'ai connu dans mon enfance, et un genre de collectivisme communiste faisant passer la communauté avant l'individu, puisqu'il est un animal social et politique, un zoon politikon, avant d'être le produit d'une idéologie des Lumières (libérale) qui l'individualise - que dénonce Marx par le terme de "robinsonnade". Même si je suis matérialiste, je pense que c'est le sens du sacré qui forge toute communauté humaine (BHL l'a aussi bien compris mais seulement pour sa communauté) et je déplore le déclin apparemment irréversible de la religion catholique en France. Le mouvement naturel de l'homme est le partage, le don et la communauté, c'est le fondement de son âme. L'individualisme généré par l'idéologie des Lumières, qui peut certes être le produit d'une pensée généreuse comme chez Diderot et Rousseau, et semble-t-il remplie de bons sentiments (dont l'enfer est pavé), est en même temps le moteur du capitalisme des origines orchestré par la classe bourgeoise, afin de générer une plus-value par l'exploitation des travailleurs coupés de la communauté pour servir de main d'œuvre salariée. L'individualisme c'est-à-dire un travail salarié forcé et donc un quasi esclavage, dont le but fut de constituer un capital initial qui allait aboutir à l'émergence d'un capitalisme triomphant et aujourd'hui un néolibéralisme effréné et néodarwinien (dans les rapports sociaux) ainsi qu'une mondialisation dangereuse, est le produit d'une construction de nature anti-religieuse (religion du latin religare : relier) qui s'oppose à la nature profonde de l'homme en le déliant de la communauté. Nature profonde recélant certes une part d'égoïsme, mais non fondamentalement comme voudrait nous le faire croire le néolibéralisme ; c'est un non-sens anthropologique que de penser ainsi et mettre la vérité sur la tête, cela contribue à la destruction de l'âme humaine et à la déliaison. Le capitalisme est un fondamentalisme de l'égoïsme, et le libéralisme un fondamentalisme de l'individu.

D'où la très grave crise actuelle et le colossal mal être contemporain (burn-out, suicides, antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques...), sans parler des dégâts collatéraux qui n'affectent pas seulement son âme : destruction de la nature, enlaidissement physique et moral du monde, explosion démographique, disparition de l'art classique au profit d'une sous-culture made in US... Non désolé, non seulement je ne peux pas souscrire à la postmodernité, mais je ne puis non plus, y adhérer. Les hommes qui s'y épanouissent et s'y enrichissent, parfois totalement outre mesure, sont des hommes pollués de l'intérieur par de fausses valeurs.

Si Zemmour pouvait nous mettre dans les rails d'une contre-révolution d'origine catholique, avec le rétablissement des coutumes et traditions ancestrales, tout en respectant la tolérance pour les autres religions, alors je signerais des deux mains. Bref je milite pour un rétablissement de la royauté en France ou de quelque chose qui s'y apparente comme un régime de monarchie constitutionnelle, et la réunification de l'Église catholique et de l'État avec un grand degré de tolérance pour les religions minoritaires : islam, judaïsme, protestantisme...

Il est évident que je ne suis pas favorable à un retour des guerres de religion, mais les autres religions devraient rester minoritaires en France. Il faut tout refuser aux Juifs comme communauté et tout accorder aux Juifs comme individus, de même pour les musulmans ? Eh bien non, il faut imaginer autre chose. Au sein d'une nation où l'on devrait s'assimiler, porter un prénom du calendrier, et dont la religion d'État serait le catholicisme ? Il faut aller encore plus loin, l'idéal à terme étant de mettre fin à l'idéologie des Lumières et à son idéologie de l'individu délétère pour l'esprit humain, ainsi qu'au progressisme actuellement ravageur et délirant qui l'accompagne, isolant à outrance l'être humain et le coupant de la communauté, donc en réalité l'aliénant (en le coupant des liens sociaux) plutôt que de le libérer. Il ne derait y avoir qu'une seule communauté hégémonique en France, c'est la communauté catholique ; les autres communautés devraient rester marginales en terme d'influence.

Bien sûr ce beau programme empreint de nostalgie et de tendresse pour le petit village breton de mon enfance soulève d'énormes problèmes, car comment des gens de religions et d'ethnies différentes, les nombreux athées et tous ceux très nombreux revendiquant leur droit à la différence comme les homosexuels et les transgenres, même s'ils ne font in fine que le jeu du capitalisme, accepteraient-ils de se fondre dans une communauté sous hégémonie catholique ? Autre problème et de taille : toute religion est par nature dogmatique et intolérante... Il faut évidemment imaginer une religion catholique en France, différente et beaucoup moins dogmatique, beaucoup plus moderne que celle du XVIIIème siècle qui a abouti à cette catastrophe pour le monde entier que constitua la Révolution française - directement responsable de deux guerres mondiales et du génocide des Juifs. En commençant par réformer le statut des prêtres par l'augmentation considérable de leurs salaires et en leur accordant le droit de se marier et même d'être homosexuels s'ils le souhaitent. Bref il faut que la France retrouve son statut envié de fille aînée de l'Église en se montrant volontariste et imaginative. En tout cas il faut retrouver une Église triomphante comme elle l'était à la Renaissance, le degré de misère où elle est tombée est dégradant pour son image, et elle n'inspire plus guère les artistes depuis pas mal de temps.

L'hégémonie catholique a fonctionné jusqu'en 1789, ensuite elle fut remise en question progressivement et on a cru trouver la parade avec la laïcité. Mais la laïcité en France qui n'est que la sécularisation de la religion catholique - depuis 1905 et la séparation de l'Église et de l'État ; n'est pourtant pas fondamentalement d'une autre nature que la religion, dans la mesure où son autorité doit elle aussi être légitime. Et aujourd'hui la crise de la laïcité est énorme à l'École comme l’a montré notamment la décapitation de Samuel Paty, les communautés et les tribus ne veulent plus s'y fondre ; c'est en réalité une crise de l'autorité, car le savoir n'a pas d'autorité en soi. Il faut donc revenir aux origines de la France, aux origines de la laïcité c'est-à-dire à la religion catholique, revenir à d'où l'on vient si l'on ne veut pas se dissoudre définitivement dans la mondialisation technocratique et ne pas renoncer à ce qui légitime l'autorité du savoir en dernière instance ; l'autorité de l'Église. Et c'est sous l'hégémonie de cette autorité, que devraient se fondre et s'assimiler tous ceux qui le souhaitent issus des communautés ethniques et religieuses différentes, ainsi que toutes les tribus postmodernes - LGBT. Non que l'homosexualité doive redevenir clandestine et interdite, mais plutôt qu'elle doive s'afficher avec moins d'ostentation et d'hystérie ; de même pour le voile islamique. 

Par quel enchantement, quelle divine surprise, cela serait-il possible ? Par un retour de l'autorité consenti par tous à partir du gain de bien-être engendré chez chacun, puisque en effet la communauté hégémoniquement catholique devrait prévaloir sur l'individu, la vie du zoon politikon retrouverait un sens. Va-t-on demander aux musulmans de se convertir ? S'ils le souhaitent ils y seront encouragés, mais quoiqu'il en soit on leur demandera de se fondre dans la communauté de l'École catholique ou alors de financer leurs propres écoles communautaires ; si les Juifs tout en gardant leur identité ont toujours été capables de s'assimiler et de s'adapter à des Églises hégémoniques différentes de leur propre église, pourquoi pas eux ? L'idéal étant que la notion d'individu se dissolve peu à peu au profit de celle de communauté de destin. Et c'est ici que le rétablissement du roman national à l'École devra à nouveau jouer un rôle crucial, comme aux heures les plus glorieuses de la IIIème République. Bien que le modèle que je revendique ne soit plus la république mais la Monarchie. D'un point de vue politique c'est sous l'autorité de cette Monarchie que devraient coexister des communautés différentes, catholiques, juives, musulmanes, mais où la communauté catholique devrait être prédominante ; et où l'École ne devrait plus être républicaine mais catholique. Libre à ceux qui voudraient ne pas se fondre dans cette École catholique, de financer leur propres école communautaires, mais pas avec les deniers de l'État.

Le salut de la France passera par la grâce et le pardon, et non la loi du Talion, ou n’aura pas lieu. Le salut de la France "éternelle" - entre guillemets puisque l'on sait que toutes les civilisations sont mortelles ; passera par le retour à la Monarchie de droit héréditaire sous la forme moderne d'une monarchie constitutionnelle, avec un parlement démocratiquement élu, pour tempérer le pouvoir du Roi de droit héréditaire ; ou n'aura pas lieu. Il est à noter que les Rois de France ont rarement été des tyrans et qu'ils avaient bien plus en tête l'intérêt du pays et du peuple, que nos chefs d’État actuels qui ne se préoccupent plus de tels intérêts et semblent totalement soumis à l'oligarchie mondiale par le biais de la technocratie bruxelloise. Aujourd'hui c'est le pouvoir de et par l'argent qui pervertit tout, c’est-à-dire qui supplante la valeur d’usage par la valeur d’échange, jusqu'aux simples rapports humains qui en deviennent essentiellement intéressés et non plus gratuits. Alors qu'ils l’étaient encore il y a peu dans le village breton de mon enfance, où mes grands-parents étaient croyants et ne supportaient pas que l’on blasphème le nom de Dieu en vain, mais le toléraient quand même, surtout lorsque cela venait bien innocemment de leur propre petit-fils, influencé par leur propre fille freudienne et nihiliste ; avant que la génération gâtée des baby-boomers ayant fait mai 68 ne vienne détruire plus de 1500 d'héritage historique, culturel, et de valeurs chrétienne. 

Alors que le progressisme des baby-boomers et leur esprit d'émancipation avait quelque chose de sympa que je ne nie pas en Mai 68, le wokisme actuel des néo-féministes et plus globalement de toutes les minorités opprimées, a aujourd’hui quelque chose d'effrayant, de castrateur, qui préfigure une société totalitaire ; il constitue aussi pour une part, un héritage de Mai 68.

En raison de mes origines dans ce petit village breton, j’ai donc quelques notions de ce qu’est la foi, et je l’ai eu naturellement de façon non artificielle et non dogmatique, jusqu’à l’âge de 16 ans, ainsi qu’une forme de grâce qui m’habitait. La Vème République fut bien une tentative faite par de Gaulle d'établir une continuité entre la Monarchie de droit héréditaire et les institutions de la République, mais elle a été totalement gâchée par ses successeurs en raison de leur manque d'envergure, voire leur médiocrité crasse et leur servilité aux États-Unis. C'est pour cela qu'il faut être encore plus radical que de Gaulle, car la situation désespérée où nous nous trouvons l'exige.

Dans mes convictions je vais bien plus loin que n'ose aller Zemmour, mais il pourrait être un premier pas vers le changement radical que j'appelle de mes vœux. Un tel programme sorti de mon imagination d'enfant issu du terroir breton bretonnant, qui n'est absolument pas raisonnable au sens des Lumières, n’est pas obscurantiste mais empreint de poésie et de nostalgie pour un âge d'or - mais la raison qui s'incarne aujourd'hui dans les technosciences est devenue folle comme le rappelle Heidegger dans ses œuvres consacrées à la Technique et à l'arraisonnement du monde, il faut la tempérer par une foi mystique ; peut paraître aujourd'hui complètement absurde, anachronique, voire totalement délirant aux yeux de nos contemporains désenchantés et nihilistes, et ne sera possible qu'à la condition qu'il y ait un regain généralisé de la foi mystique, objet de toute l'œuvre de Simone Weil, pour la religion catholique qui est géographiquement notre racine spirituelle donc en même temps notre destin que nous avons oublié - l'oubli de l'Être ; c'est-à-dire notre maison commune en France. Les catastrophes causées par la Technique qui se profilent à l'horizon dans beaucoup de domaines, pourraient être le facteur d'un tel regain de ferveur populaire pour de vieilles valeurs qui ne demandent qu'à être redécouvertes et revivifiées. De vieilles valeurs comme le bien est préférable au mal qui semblaient autrefois si évidentes, et qu'il s'agit de réhabiliter en dépit du renversement des valeurs nietzschéen réussi - concrétisé à droite par un phénomène comme le nazisme et à gauche par un phénomène comme mai 68 ; qui sont aujourd'hui totalement oubliées, ou plutôt refoulées pour parler comme Freud. Dans la folie, l'hybris, aujourd'hui bien visible de la Technique devenue autonome, donc échappant à toute mesure humaine, se situe tout l'obscurantisme en réalité contenu dans le projet des Lumières, dès son origine métaphysique.

Mais Malraux n'avait-il pas prophétisé que le XXIème siècle serait religieux ou ne serait pas ? Ce sont de telles paroles prophétiques qui nous permettent de garder espoir et nous encouragent dans cette voie.

Si vraiment ce n’est pas possible, avec le temps qui passe et la fatalité inexorable que constitue la démographie, oui effectivement ce beau programme ou d'ailleurs tout autre chose comme la continuation du néolibéralisme vers la marchandisation du vivant et le transhumanisme, se fera sous hégémonie musulmane comme vous semblez le souhaiter. Et vous, vous pensez que Zemmour n'est pas crédible pour le rétablissement de la religion catholique ou au moins d’une laïcité forte (donc fortement imprégnée en France des valeurs du catholicisme), et qu'il n'est qu'un agent du sionisme ? Vous me faites rire.


lundi 18 octobre 2021

Bientôt une future mosquée ?

 

L'église de mes ancêtres à Saint-Caradec-Trégomel

Il ne faut peut-être pas confondre la métaphysique avec la religion. JC est avant tout un être éminemment spirituel et religieux, mais qu'il ne faut pas confondre avec un philosophe. JC est avant tout selon moi un passionné, son attitude est le contraire d'une attitude emplie de sagesse ou philosophique, il a cherché une forme de salut à travers son propre sacrifice. Je pense qu'il avait dû être un enfant battu.

S'il a cherché à se sacrifier, c'est un acte manqué et c'est je le pense parce qu'il a vécu un traumatisme enfant lié au père (coups ou abandon), qu'il a cherché à reproduire sans le vouloir consciemment, un peu comme un drogué se shoote en recherchant le trip final qui le conduira à la mort dans une overdose orgasmique paroxystique, d'où sa quête du père et ses ultimes mots :"Père, Ô père, pourquoi m’as-tu abandonné." Évidemment c'est une totale projection de ma part, mais ça se tient.

Pour le chemin de croix et la crucifixion finale on parle de "la passion du Christ." Non ce n'était pas un être de raison, ni même de la Loi, celle des juifs qu'il rejetait, mais d'amour et de passion. Son message est relativement tombé dans l'oubli aujourd'hui, dans ma famille du côté de ma mère seulement à partir de cette dernière. Je pense que mes grands-parents étaient encore croyants, dans un petit village breton, l'église était juste à côté et je crois me souvenir qu'ils allaient assez régulièrement à la messe. Ma mère a totalement rejeté un message vieux de plus de 1000 ans chez ses ancêtres, en une seule génération - d'où entre autres le choc civilisationnel de perte et de vide qui s'est répercuté sur moi ; et l'a remplacé par une doxa freudo-lacanienne totalement déracinée et plus ou moins bien digérée, qui explique ma volonté de décrire le comportement de Jésus en des termes freudiens.

C'est pour cela que je dis que les baby-boomers sont pas mal responsables de la destruction de la France. Mais avaient-ils réellement un libre-arbitre ? Certainement plus que leurs enfants ; le libre-arbitre dépend aussi des valeurs que l'on transmet et que l'on reçoit. Or globalement les valeurs des soixante-huitards étaient pourries, ils n'ont pas transmis l'héritage qu'ils avaient reçu de leurs parents et ils ont même pissé dessus.

La partie influente des boomers est responsable, ceux qui trustent tous les rouages du pouvoir, politique, judiciaire, de l'enseignement, des médias... depuis 40 ans.

En tout cas Jésus a existé dans le cœur de mes ancêtres pendant plus de 1000 ans, et le message évangélique avec lui. Vous imaginez un peu la rupture civilisationnelle extrêmement brutale ? La conversion à un freudisme pur et dur dénué de toute compassion par ma mère ? Car elle n'a consenti à payer aucune dette par rapport à ce qu'elle avait reçu, ni de gratitude envers ses ascendants, ni de l'ordre de la transmission vis-à-vis de ses descendants ; elle a renoncé à s'inscrire dans une chaîne de transmission d'"amour" (je sais que l'amour c'est plus compliqué qu'un vœu pieux) et de partage en rejetant totalement le message évangélique. Il y a de quoi rendre fou ! Et pourtant je sais qu'il est de bon ton de ricaner dès que l’on évoque Jésus.

C'est du nihilisme, on ne rompt pas comme ça avec 2000 ans d'héritage chrétien et 3000 ans de judéo-christianisme. Et tout ça pourquoi ? Pour le remplacer par des bites et des vagins, des tags, partout, partout, partout, merci docteur Freud !

Moi je ne fais que généraliser ma propre expérience singulière, je ne dis pas que cette généralisation n'est pas abusive mais elle se fonde sur une expérience vécue d'un point de vue matérialiste. Je ne me fonde même pas sur la doxa ambiante, j'appelle ce comportement des boomers, inconscience et négligence, particulièrement dans mon cas, de façon pathogène. Ce que je vois autour de moi n'est guère plus réjouissant concernant la jeunesse, qui est profondément ébranlée, et il y a de quoi. Maintenant les boomers dans leur majorité et dans leur inconscience de jeunesse ont peut-être été instrumentalisés, mais par qui ? Et dans quel but ?

De toute façon "on" leur a donné tout ce qu'ils voulaient après les avoir laissés rejeter l'autorité de leurs parents, ils les ont laissé mourir comme des chiens, et certains n'ont même pas pris la peine de s'occuper de leurs enfants, car c'était trop contraignant, une entrave à leur jouissance. Voilà c'est tout, elle peut paraître simpliste, elle n'épuise pas tout le champ des possible, mais elles constitue une part de la réalité qui pèse son poids. C'est une génération qui globalement je le répète, a traité par le mépris toute entrave à sa jouissance. Sinon comment expliquer aujourd'hui la montée des extrêmes (extrême gauche et extrême droite) à pratiquement 50% des intentions de vote, voire plus ?

Dans mon cas on est passé du Christ sauveur au Freud providentiel en seulement une génération. 

Ce qui est dangereux avec la psychanalyse c'est que ça se prétend scientifique, donc irréfutable. J'ai lu des œuvres de Freud, c'est riche et intéressant, plus philosophique et littéraire que médical, mais la psychanalyse n'a jamais guéri personne, ou alors seulement par hasard (j'ai fait plus de 15 ans de thérapie sans la moindre évolution). Freud lui-même le reconnaissait. Ce qui crée le malaise c'est sa mégalomanie et son prosélytisme. Ma mère qui est psychologue, psychanalyste, n'a plus aucune humanité, elle fonctionne comme une machine à jouir ; son métier lui a permis de bien gagner sa vie, elle vit très bien. Mais quand je vois le résultat de la psychanalyse freudienne sur elle, sa déshumanisation, son rejet de tout sentiment maternel, son absence d'empathie, je me dis qu'il y a un malaise dans la théorie de Freud, et que le malaise dans la civilisation actuelle est bien pire que celui qu'il dénonçait à son époque. J'irais même jusqu'à affirmer que la religion a certainement sauvé bien davantage de gens que la psychanalyse, qui s'avère bien impuissante à structurer la société. Mais il y a désormais tellement d'intérêts en jeu... 

Les psys sont nos nouveaux prêtres et ils gagnent très grassement leur vie. Je connais même un prêtre qui va voir un psy, c'est dire que les psys ont totalement pris l'ascendant sur les prêtres dans le domaine même que ces derniers représentaient : le spirituel. Ce n'est pas parce que la science s'est substituée à la croyance mais parce que Freud a remplacé une croyance par une autre. Ainsi la psychanalyse est-elle une nouvelle forme de religion, avec ses dogmes et ses prêtres, dont l'éventuelle efficacité auprès des patients dépend avant tout de la foi que l'on est capable de mettre en elle. J'irais jusqu'à assimiler Freud à un gourou, utilisant l'irréfutabilité de la science alors qu'il ne s'agit pas selon moi d'une science mais de ce qui s'apparente à une science ; c'est comme le canada dry avec l'alcool, ça y ressemble mais ce n'en est pas. Il aurait mieux valu qu'il se prétende simple philosophe de l'inconscient et qu'il sépare sa philosophie de la médecine ; mais il a voulu fonder une Église et il a réussi.

mercredi 13 octobre 2021

Ce que BHL fait au nom juif


 

BHL déplore ce que Zemmour fait au nom juif.

Moi je dirais plutôt : ce que BHL fait au nom juif, pour le déplorer.

Stanislas de Clermont-Tonnerre disait déjà : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. »

Or aujourd'hui au sein de la France laïque et républicaine, BHL voudrait faire des Juifs une nation sacrée. C'est cette notion de sacralité en plus de celle de nation qu'il convient d'interroger. Car il est assez grave qu'ils puissent s'arroger le droit d'être pleinement des humains à titre exclusif, car sacré donc absolu, quand tous les autres seraient relégués au statut de citoyens de seconde zone (les goys).

Il ne faut pas essentialiser les Juifs, tous ne sont pas subtils, généreux, drôles, fiers ; il ne faut pas les idéaliser outre mesure comme hier on les a roulés dans la boue de l'infamie : ce sont deux excès contraires et tout aussi néfastes. C'est de l'angélisme presque aussi caricatural que de dire qu'ils sont tous "exploiteurs", "cupides", "profiteurs", "poltrons" (clichés barbares des années 30, heureusement révolus). Il y a de tout parmi eux comme chez tous les autres peuples, à condition qu'on laisse les peuples s'épanouir. Pour les Juifs ça a toujours été les montagnes russes dans ce domaine, subissant, faisant subir. Globalement je dirais qu'ils ont beaucoup subi dans leur histoire, depuis l'Antiquité, la haine des autres peuples, voire parfois la haine de tous les autres peuples, et qu'ils y puisent, plus que tout autre, le courage d'être en vie et d'affirmer encore plus la vie que tout autre peuple (conatus spinoziste).

Car c'est bien cela l'art et la culture, une manifestation exacerbée de la vie bien plus qu'un signe d'élection divine comme voudrait nous le faire croire BHL, davantage un théologien qu'un philosophe. L'art et la culture sont ici davantage l'expression d'une gratitude rendue au miracle de la vie et d'avoir su traverser tant d'épreuves en étant encore en vie, plus que comme chez BHL n'ayant de philosophe que le nom, la manifestation d'un ego démesuré et d'un sentiment de supériorité qui rabaisse autrui plutôt que de s'en sentir responsable.

Par contre je crois que l'on peut dire sans caricaturer que les Juifs sont du fait de leur histoire et de leur expérience hors du commun qui remonte à presque 3000 ans, la conscience du monde occidental - Israël pose d'ailleurs problème car il est une enclave occidentale au sein du monde oriental ; ce qui faisait dire à Nietzsche qu'ils seraient amenés à devenir les guides et les maîtres de l'Europe.

Quand on voit Hanouna qui est aujourd'hui comme le guide spirituel de beaucoup de Français, cela fait un peu sourire, et est en même temps désolant sur ce qu'est devenu en France une partie de la spiritualité juive. Zemmour donne quand même, selon moi, un exemple plus décent et bien supérieur de spiritualité, car érudite et rattachée à une tradition humaniste française - au-delà de toute polémique et quoiqu'on puisse penser par ailleurs des opinions du personnage, et de son inclination politique ; n'en déplaise à BHL.

Cependant rien ne peut faire d'un peuple un peuple sacré, il n'y a pas plus de peuples que d'individus sacrés, même les victimes sacrifiées ne rendent pas un peuple sacré. Il n'y a que des étants au sein de l'immanence qui n'a aucun fondement religieux quand on se dit républicain, à moins que BHL et tous ceux dont il usurpe la volonté (car heureusement la très grande majorité des Juifs ne se revendiquent pas de BHL) ne se réclament d'un autre fondement que celui de la République, où tous les hommes sont égaux en dignité et en droit ; et où aucun au nom d'une sacralité supposée, donc d'un absolu, pourrait se réclamer d'un droit supérieur permettant de se revendiquer citoyen d'exception ou d’élite.

Et alors, c'est de BHL bien plus que de Zemmour que l'on pourrait dire qu'il n'est pas républicain. Avec BHL c'est la vieille dialectique nietzschéenne des sous-hommes et des surhommes, dont on voit où elle nous a mené et surtout où elle peut mener dans un pays comme Israël.

Zemmour au contraire est républicain : il réclame les mêmes droits pour tous les Français, ni plus ni moins (quoique l'on puisse penser de ses options économiques libérales, que je déplore). Il voit bien les dangers qu'il y a à se réclamer d'une identité, d'une religion, d'une nation autre que la France comme le font les islamistes en France, dans le sillage finalement d'un BHL qui revendique trop ostensiblement un statut d'exception pour la culture d'origine juive parce que finalement elle serait sacrée. Dans la même logique on pourrait citer les néoféministes réclamant un statut d'exception pour les femmes, et il y a malheureusement un tas d'autres exemples issus du wokisme, et où c'est l'homme blanc old school de plus de 50 ans qui est stigmatisé.

On voit avec ces exemples toutes les limites de la notion de laïcité en France pour faire un monde commun, car chacun cherche à tirer la couverture à soi : Juifs, musulmans, descendants d'esclaves, victimes de la colonisation, femmes,  homosexuels... et bien souvent ces luttes sont intersectionnelles. Le reproche que je fais à Zemmour c'est qu'il est encore trop un homme des Lumières, trop cartésien faisant table rase du passé catholique de la France, trop laïcard. C'est bien l'individualisme induit par les Lumières qui est à l'origine de cette destruction de la décence commune que dénonce JC Michéa, qui a commencé par le démantèlement des corporations d'artisans, du compagnonnage, qui était à l'origine de la construction de nos plus belles œuvres architecturales (étant aussi habitées par le sens du sacré), dont Zemmour dénonce à juste titre l'incapacité contemporaine à leur arriver à la cheville. Sans parler de l’art contemporain qui est un art contempo-rien.

Il y a des points communs entre le catholicisme breton que j'ai connu dans mon enfance, et un genre de collectivisme communiste faisant passer la communauté avant l'individu, puisqu'il est un animal social et politique avant d'être le produit d'une idéologie des Lumières (libérale) qui l'individualise. Même si je suis matérialiste, je pense que c'est le sens du sacré qui forge toute communauté humaine (BHL l'a aussi bien compris mais seulement pour sa communauté) et je déplore le déclin apparemment irréversible de la religion catholique en France. Le mouvement naturel de l'homme est le partage, le don et la communauté. L'individualisme généré par l'idéologie de la République et qui est en même temps le moteur du capitalisme des origines de la classe bourgeoise, afin de générer au départ une plus-value dont le but fut de constituer un capital initial qui allait aboutir à l'émergence d'un capitalisme triomphant et aujourd'hui un néolibéralisme effréné et néodarwinien (dans les rapports sociaux) et une mondialisation dangereuse, est le produit d'une construction qui s'oppose à sa nature profonde qui recèle certes une part d'égoïsme, mais non exclusive ; c'est un non-sens anthropologique et écologique. D'où la très grave crise actuelle et le colossal mal être contemporain (suicides, antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques...), sans parler des dégâts collatéraux qui n'affectent pas seulement son "âme" : destruction de la nature, enlaidissement du monde, explosion démographique, disparition de l'art classique au profit d'une sous-culture made in US... Non désolé, non seulement je ne peux pas souscrire à la postmodernité, mais je ne puis non plus, y adhérer. Les hommes qui s'y épanouissent et s'y enrichissent, parfois totalement outre mesure, sont des hommes pollués de l'intérieur par de fausses valeurs.

Patrick Buisson a raison de dire : « j'ai plus de respect pour une femme voilée que pour une gamine en string. J'ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière que pour un bobo écolo en trottinette électrique. Je ne pense pas que les musulmans sont des êtres inférieurs au contraire j'ai plus tendance à penser qu'ils sont des êtres supérieurs. » Le problème de Patrick Buisson est qu’il est certes un réactionnaire, et c’est très bien ainsi, mais qui ne fait pas du tout le lien entre libéralisme économique et disparition du sacré qu’il déplore (tout comme Zemmour qui fait la même erreur). Or je le répète, pour retourner à une forme de communauté au sein de la société, il faudrait abolir le capitalisme et même l’individualisme induit par les valeurs de la République, donc critiquer l’idéologie des Lumières. Car ce n’est pas la société qui doit être au service des individus (droits de l’homme) mais l’individu au service de la société (don de soi, désintéressement).

Ce qu'il y a de sacré dans une communauté, ce sont les sacrifiés qui permettent finalement de faire tenir cette société. C'est le principe de la société catholique avec le sacrifice du Christ et ses saints. C'est le principe pas tout à fait admis mais tacite de la République française post45 avec les victimes de la Shoah et une prise de conscience collective assez tardive dans les années 80, que je ne remets pas en question, mais à condition de ne pas faire l'amalgame entre les vivants et les morts ou d'instrumentaliser les morts pour en tirer des avantages de son vivant - c'est ce que je reproche à BHL de faire avec emphase ; plus récemment c'est peut-être pour certains le sacrifice de Samuel Paty.

Beaucoup de musulmans ont encore le sens du sacré, c'est ce qui fait la différence et c'est ce qu'avait je le pense voulu exprimer Patrick Buisson. Référence peut-être à René Girard. C'est par le sacrifice que se forge la notion de sacralité, Les kamikazes islamistes meurent pour leur religion et tuent des mécréants, et à leurs yeux leur sacrifice est sacré. Le burn out par exemple est une forme de "sacrifice" de certains salariés sur l'autel du progrès et de la compétitivité, par la rivalité mimétique, qui peut mener jusqu'au suicide. Mais sans que cela ne débouche sur une quelconque forme de sacralité. Ce sont des victimes anonymes, des "chiens écrasés" ; victimes précisément de la perte du sens du sacré dans nos sociétés postmodernes. Pour certains le camp de la mort psychique c'est le monde du travail et plus généralement les rapports humains au sein de cette société, c'est l'immanence dépourvue du sens du sacré. Ça c'est pour le religieux.

Pour ce qui est de la métaphysique, c'est encore autre chose, les gens sont si pulsionnels aujourd'hui précisément, aussi mais pas seulement, parce qu'ils croient en la théorie de Freud, qui n'est pas une science exacte mais plutôt de l'ordre de la philosophie des idées, donc de la métaphysique, qui pourrait très bien être déconstruite comme avait commencé à le faire Onfray. La théorie de Freud est extrêmement violente à la façon de la technique qui exploite le monde sans état d'âme, l'homme y est conçu comme une machine à satisfaire sa libido pour fonctionner de manière optimale : on pense à cette Japonaise qui fornique avec les chiens et qui se filme en vidéo dans le dernier roman de Houellebecq. Si on téléportait un intellectuel du XVIIIème siècle à notre époque, je crois qu'il serait profondément choqué par la violence qui s'y déploie, et il regretterait peut-être même d'être à la source de l'idéologie des Lumières dont nous nous réclamons. 

De la même façon, dans une société globalement dépourvue de sacré, le sacrifice de Samuel Paty ne débouche finalement sur aucune forme de sacralité mais sur une reconnaissance républicaine. Il y a cependant certains événements faisant tenir la République actuelle et qui ne tolèrent pas la moindre remise en question et qui imposent le respect, donc le silence, avec dans l’ordre hiérarchique : la Shoah, la colonisation, l’esclavagisme, la patriarcat blanc, l’homophobie… Sur toutes ces formes de persécutions et de crimes, les héritiers des victimes se réclament des droits sacrés. Ils sont très largement majoritaires aujourd'hui en France, et le seul coupable est finalement l'homme blanc de plus de 50 ans.

Pour les plus extrémistes c'est-à-dire ceux qui se rapprochent de nos saints catholiques, tuer des mécréants est sacré. Décapiter Samuel Paty est sacré. Venger le prophète est sacré. Le djihad est sacré. La conquête de nouvelles terres où convertir, est sacrée.

Moi je pense qu'il y un lien entre le sacrifice et le sacré - les deux mots ont la même étymologie : sacrificare (de sacrum, neutre de sacer « ce qui est sacré »).

Celui qui est sacré dans une communauté c'est celui qui se sacrifie pour cette communauté, parfois il prend le statut de héros ou de saint.

Dans le paganisme, les victimes de sacrifices étaient sacrées.

Les gladiateurs romains dont on savait qu'ils allaient sacrifier leur vie étaient sacrés pour certaines femmes de basse vertu, qui leur proposaient de faire l'amour sans payer.

La "part maudite" de l'islam est la conquête, ce par quoi cette civilisation accède au sacré par le sacrifice des fous d'Allah ; qui pour nous est du terrorisme mais pas pour eux.

Pour la République laïque, il y a c'est évident une forme de sacralité de la Shoah ; les descendants des victimes de la colonisation, de l'esclavagisme, du patriarcat blanc, réclament eux aussi leur part de sacralité.

Ce qui est sacré est intouchable : « ce qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller ». Par exemple on ne peut pratiquement plus rien dire sur la Shoah, on peut juste se recueillir et observer un silence respectueux. Lorsque Roberto Benigni a voulu en faire un film léger, "La vie est belle", pour détendre un peu l'atmosphère, cela a provoqué un scandale ! Il est évident qu'un certain communautarisme juif cherche à en tirer des bénéfices (à l'instar de BHL qui est en réalité un théologien et non un philosophe ; « pensant » que sa personne est sacrée parce que juive), tout comme les descendants d'esclaves ou de la colonisation ; ou encore les femmes victimes du patriarcat blanc.

Un homme blanc de plus de 50 ans aura de plus en plus de mal à toucher une femme. Les femmes blanches particulièrement mais pas seulement, réclament elles aussi leur part de sacralité, leur "part maudite", parce qu'elles estiment qu'elles ont été sacrifiées sur l'autel du patriarcat blanc.

Même nos sociétés progressistes qui paraissent dépourvues du sens du sacré, ont en réalité conservé ce sens - dans une société victimaire comme la nôtre, toutes les victimes qui parviennent à accéder à la reconnaissance sont sacrées ; mais à un degré bien moindre que dans les sociétés où la religion est encore vivante comme l'islam, où ce ne sont pas les victimes mais les conquérants qui sont sacrés, comme autrefois nos saints qui mourraient en martyrs pour avoir essayé de convertir les païens. La société victimaire est juste utilisée comme une taqîya par les islamistes, pour s'y introduire et revendiquer des droits.

Samuel Paty est un saint moderne, mort d'avoir voulu convertir à la laïcité et à la liberté d'expression de jeunes musulmans.

mardi 12 octobre 2021

L'impact des Trente Glorieuses

 


On me dit : « Pour prolonger votre réflexion sur la force du collectif et les conséquences délétères de l’individualisme contemporain, je vous suggère d’examiner avec vos angles de vision cette branche du capitalisme qui se développe, les entreprises à mission ainsi que l’économie sociale et solidaire. Vous y trouverez une troisième voie (rien à voir avec le concept politique…), qui pourrait même conduire à faire concilier votre conservatisme culturel, vos aspirations à un mode de production et de partage sur des bases collectives et enfin, les valeurs démocratiques occidentales. Une forme de quadrature du cercle. »

Je ne vois rien de tel se profiler à l'horizon, hélas ! Et j'attribue l'intervention que vous avez eu la grâce de m'accorder, à une forme d'idéalisme voire d'angélisme de votre part sur la nature du capitalisme, qui en outre ne correspond en rien à la réalité actuelle et sa nécessité propre. Avec une forme de conflit de civilisations en Europe (islam/judéo-christianisme), et de conflit des économies de grands ensembles (États-Unis/Europe/Chine...) à l'échelle du globe, qui les poussent à une compétitivité acharnée et à rechercher la baisse du coût du travail. L'expansion du capitalisme et donc du développement économique dans le monde entraînant comme effet l'explosion démographique, demain déjà nous serons 10 milliards sauf catastrophe d'ici-là. Je crains que nous n'allions pas vers un apaisement des relations humaines qui serait dû à un apaisement des rapports de classes, des rapports entre riches et pauvres, puisque la richesse sera de plus en plus mal partagée ; la théorie du ruissellement c'est du vent.

L’innovation destructrice de Schumpeter pourrait ne plus seulement se jouer dans le domaine des produits manufacturés mais aussi dans les rapports entre salariés (burn-out), et entre générations. Toujours privilégier pour la conquête de nouveaux marchés les jeunes générations, car elles innovent, au rebut les vieux : « un bon retraité est un retraité mort. »

Ce qui signifie à assez courte échéance la disparition de la culture classique, sauf pour quelques très rares happy few, car elle n’est pas rentable, elle n’entre effectivement pas dans le cycle « vertueux » de l’obsolescence des biens manufacturés. L’homme lui est rentable dans le cadre de la destruction créatrice et la conquête de nouveaux marchés (maisons de retraite au coût prohibitif), car son obsolescence est programmée par la nature.

En outre avec l'arraisonnement du monde (gestell) l'argent ne permet plus comme à la Renaissance jusqu'au milieu du XXème siècle, le mécénat pour une culture d’inspiration classique et humaniste, mais pour un art contemporain qui imite les mouvements de la destruction créatrice, c’est-à-dire du mode de dévoilement de la nature qui correspond à la gestell, qui n’est plus fait du tout de contemplation ou de célébration.

Tout notre paradigme sociétal je le crains (gauchisme culturel), découle des effets bénéfiques des Trente Glorieuses, de son impact civilisationnel, qui ont permis un apaisement des luttes de classes, un enrichissement considérable des classes populaires, la constitution d'une classe moyenne prospère, donc globalement un apaisement des rapports humains ; le tout tendant vers une égalité assez réelle entre individus.

Je crois que depuis 40 ans nous suivons le mouvement exactement inverse, mais que nous ne voulons toujours pas voir les conséquences de ce néolibéralisme acharné, qui je le sais nous est imposé par la mondialisation - il est donc plus subi que réellement voulu, surtout en France à la différence des pays anglo-saxons qui l'ont initié (Reagano-Thatchérisme). Au niveau du vote cela se traduit par une abstention massive et la montée des extrêmes, qui ne sont que la traduction de ce que les gens ressentent dans leur vie de tous les jours et dans le monde du travail. On ne croit plus aux solutions "miracles" de la social-démocratie. Et c'est parfaitement compréhensible, ce n'est pas l'attitude ostensiblement volontariste de certains coqs de basses cours qui se prétendent démocrates et qui hurlent au loup, qui y changera quelque chose.

« vous regrettez la nature du capitalisme, nous allons plus loin : nous regrettons la nature de l'homme qui mue ses instincts en pulsions, et fait passer ses désirs avant tout, quitte à ce que ces appétits détruisent la Terre. » : je crois que c’est directement lié à ce que Heidegger appelle la gestell, qui est un mode de dévoilement de la nature spécifique qui n’a plus rien d’une célébration, d’une contemplation ou d’une dévotion (arts, religions) ; mais qui est de l’ordre de l’exploitation voire du viol, jusqu’à épuisement complet (des ressources naturelles notamment). Je pense que c’est plus un problème qui concerne la métaphysique (métaphysique cartésienne au détriment d'un mode de dévoilement plus poétique et humaniste, comme celui de Montaigne) que la nature de l’homme. Plus un problème philosophique donc, qu’anthropologique ou psychanalytique (Freud). L'homme pourrait être tout autre chose, mais il a fait de mauvais choix dans son histoire dans le domaine de la métaphysique, et le drame est que l'on ne peut pas revenir en arrière.

vendredi 8 octobre 2021

Je suis farouchement matérialiste et en même temps conservateur

 


Je suis absolument matérialiste, au sens d'Épicure, Lucrèce, Marx... et je suis fondamentalement pessimiste comme Schopenhauer, il y a une volonté dans la nature mais c'est cette volonté qui nous possède et lorsque nous croyons faire des choix parce que c'est notre volonté, c'est en réalité celle-ci qui se joue de nous. Je ne crois absolument pas au libre arbitre, à la liberté de choix, mais comme fondement de tout à la pulsion, qui si elle a de la chance peut se transformer en désir constructeur voire en amour, si elle en manque en nihilisme mortifère et destructeur.

L'individu est effectivement une construction des Lumières dont découle l'individualisme. C'est mettre la vérité à l'envers car l'homme est avant tout un animal social, un animal politique, c’est une robinsonnade comme dirait Marx. Mettre l'individu donc les droits de l'homme avant la société, c'est selon moi un contresens car c'est de la société que découle l'individu. La société des droits de l'homme, des droits de la femme, des enfants, désormais du wokisme, sont des plaies, car c’est l’individu qui doit être au service de la société et non l’inverse. À son paroxysme cet individualisme est par-dessus le marché actuellement corrompu par l'égoïsme, vanté pour ses mérites selon une conception mandevillienne et smithienne, qui a abouti en 1983 en France à une réactivation d’inspiration reagano-thatchérienne sous l’impulsion de Hayek et de l’école de Chicago du libéralisme, appelée néolibéralisme. La chute du mur de Berlin en 1989 a entraîné la disparition d’une alternative à ce modèle qui maintenant s’impose comme seul valable dans le monde entier (mondialisation), et cela a considérablement encouragé la rapacité des capitalistes qui désormais sont dénués de toute décence commune pour faire valoir leur modèle contre un autre modèle, puisqu’il n’existe plus !

On voit en Chine que libre-marché et dictature ne sont pas incompatibles, voire pire… Que la démocratie n’est pas condition de possibilité du libre-marché, ni que le libre-marché entraîne comme sa conséquence la démocratie, mais plutôt que la démocratie entrave le libre-marché - et là je peux comprendre vos inquiétudes sur la pérennité de la démocratie. Ce n’est donc plus pour la démocratie qu’il faut se battre, vous êtes en retard d’une guerre, mais pour la déconstruction du capitalisme.

Nous sommes dans ce paradigme néolibéral délétère depuis 40 ans, qui s’accompagne depuis plus de 50 ans d’un gauchisme culturel issu de mai 68. En gros le monde du travail est farouchement de droite, socialement néodarwinien et capitaliste comme jamais, et le monde des valeurs est sociétalement de gauche (néoféminisme, militantisme LGBT, wokisme…) : c’est un cocktail assez fatal. Pour moi ça devrait être radicalement l’inverse. Je suis conservateur au niveau des valeurs : il faut protéger tout ce qui est encore susceptible de l’être, surtout la famille, le couple hétérosexuel, les valeurs morales de la société reposant sur l’altruisme, le don de soi, la communauté, voire les traditions et les coutumes, et même la religion catholique.

Hypothèse optimiste : Zemmour est un premier pas pour nous sortir du système actuel absolument délétère et nous conduisant tout droit au transhumanisme et à la marchandisation du vivant (Onfray a raison sur ce plan-là), et nous engager à terme dans la voie du matérialisme historique. Il faut prendre Zemmour, trop humaniste, croyant trop au libre arbitre, comme un jalon au sein d'un processus dialectique matérialiste. Zemmour marxiste ? Non pas, mais il ouvre une possibilité au marxisme de retrouver quelques lettres de noblesse, et de renouer avec une vision matérialiste de l'humain et de l'Histoire. Car le plus grand mérite de Zemmour est de réhabiliter l'Histoire et de prôner la déconstruction de la déconstruction par le rétablissement du roman national et de l'apprentissage de la culture à l'école. Je ne suis pas non plus comme Marx qui pense que l’on pourra accéder à un paradis sur terre à l’achèvement du capitalisme sur le modèle du paradis des chrétiens, ici et maintenant ; il ne faut pas se bercer d’illusions.

Pour ce qui est du libéralisme voire même du néolibéralisme de Zemmour, je le rejette totalement, et je prône une déconstruction progressive du capitalisme à partir de l’enseignement à l’École de toute l’aliénation et des crimes qu’il a commis. Vous voyez je ne suis pas violent, je ne suis pas si méchant, je ne parle pas d’une destruction du capitalisme, mais d’une déconstruction progressive - évidemment je rêve, le capitalisme ne laissera jamais faire et même actuellement il s’implante peu à peu à l’École. Et selon moi Heidegger que vous décriez tant, qui sert à déconstruire tant de chose (peut-être selon vous la démocratie), pourrait être utilisé avec Marx pour déconstruire le capitalisme et le devenir-monde de la Technique (mondialisation), nous aliénant parce qu’il se fait par l’arraisonnement (gestell) de la nature sur le mode la provocation. Non seulement la nature mais l’homme lui-même au sein de cette nature y devient fonds disponible au service de cet arraisonnement, étant un mode de dévoilement du monde annihilant peu à peu tout autre mode de dévoilement : artistique ou religieux. Cela aboutit à l’enlaidissement du monde.

Seulement voilà, comment faire entendre raison à ceux qui en profitent, qui nous exploitent ? Le beau fauteuil d’intellectuel - pas si beau d’ailleurs, pas si prestigieux, mais vous faites ce que vous pouvez à votre modeste niveau ; défenseur de la démocratie où vous êtes assis, « ils » sont en train de le ronger peu à peu, et sont déjà en train de réfléchir à comment nous faire sortir de la démocratie pour obtenir des résultats aussi efficaces que la Chine.

Là où vous avez peut-être raison, c’est que des gens comme Zemmour pourraient bien nous être imposés pour servir ces sombres desseins, là aussi comme vous je doute et il convient de rester vigilant.

Je le répète je suis philosophiquement matérialiste au sens d'Épicure, Lucrèce, Marx, et pourtant, peut-être paradoxalement, je crois aux valeurs morales pour se construire. Pour l'avoir éprouvé dans mon corps, je ne suis pas sûr que le gauchisme culturel issu de mai 68 et le wokisme actuel déconstructeur de toutes les valeurs de nos ancêtres depuis le baptême de Clovis en France, permettra aux futures générations de se construire sereinement.

Oh bien sûr il y aura des survivants, que ce soit d'ailleurs du côté de la culture ou de la barbarie (j'appelle peut-être abusivement barbarie tout ce qui est de l'ordre de la gestell), et ils seront même peut-être plus beaux qu’ils ne l’ont jamais été, mais ils seront souillés du crime de nombreux de leurs petits camarades. Car savez-vous qu’il y a beaucoup de morts-vivants en France ? Ces fameux 44% qui s’apprêtent à voter pour les extrêmes car on leur a ôté tout espoir. Moi c’est pour eux que je veux lutter et pour moi aussi, et pas contre eux, et surtout pas seulement pour les Ouïghours chinois parce que quand je sors de chez moi je préfère penser idéalement à eux plutôt que de voir le mendiant français qui gît à mes pieds (victime du néolibéralisme), ou mon voisin qui vient de se suicider parce qu’on l’avait abusivement collé en prison pour violences conjugales imaginaires (victime du néoféminisme).

Oui en France, aujourd'hui, ici et maintenant, le capitalisme tue, le gauchisme culturel parce qu'il est devenu abusif tue (Finkielkraut a parfaitement raison de pourfendre le néoféminisme abusif qui ne vise plus l'égalité mais l'hégémonie) ; et les deux marchent main dans la main, pour la plus grande joie des exploiteurs du genre humain qui se frottent les mains d'une telle alliance, à l'abri dans leurs bureaux feutrés au dernier étage d’un building high-tech de la Défense, en comptant non plus en millions mais en milliards de bénéfices, et dont vous êtes peut-être à votre insu, l'idiot utile.

Vous essentialisez les Juifs, tous ne sont pas subtils, généreux, drôles, fiers. C'est de l'angélisme presque aussi caricatural que de dire qu'ils sont tous exploiteurs, cupides, profiteurs, poltrons (clichés barbares des années 30, heureusement révolus). Il y a de tout parmi eux comme chez tous les autres peuples, à condition qu'on laisse les peuples s'épanouir. Pour les Juifs ça a toujours été les montagnes russes dans ce domaine, subissant, faisant subir. Globalement je dirais qu'ils ont beaucoup subi dans leur histoire, depuis l'Antiquité, la haine des autres peuples, voire parfois la haine de tous les autres peuples, et qu'ils y puisent, plus que tout autre peuple, le courage d'être en vie et d'affirmer encore plus la vie (conatus spinoziste). Par contre je crois que l'on peut dire sans caricaturer que les Juifs sont du fait de leur histoire et de leur expérience hors du commun qui remonte à presque 3000 ans, la conscience du monde occidental - Israël pose d'ailleurs problème car il est une enclave occidentale au sein du monde oriental ; ce qui faisait dire à Nietzsche qu'ils seraient amenés à devenir les guides et les maîtres spirituels de l'Europe.

Pour ce qui est des talibans, concernant la religion je n'ai pas du tout une approche théorique, mais intuitive, qui se base sur mon expérience d'enfant. Il y a des points communs entre le catholicisme breton que j'ai connu dans mon enfance, et un genre de collectivisme communiste faisant passer la communauté avant l'individu, puisqu'il est un animal social et politique avant d'être le produit d'une idéologie des Lumières (libérale) qui l'individualise. Le mouvement naturel de l'homme est le partage, le don et la communauté. L'individualisme à la base du capitalisme est le produit d'une construction qui s'oppose à sa nature profonde qui recèle certes une part d'égoïsme mais non exclusive ; c'est un non-sens anthropologique et écologique. D'où la très grave crise actuelle et le colossal mal être contemporain (suicides, antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques...), sans parler des dégâts collatéraux qui n'affectent pas seulement son "âme" : destruction de la nature, enlaidissement du monde, explosion démographique, disparition de l'art classique au profit d'une sous-culture made in US... Non désolé, non seulement je ne peux pas souscrire à la postmodernité, mais je n'y puis non plus adhérer. Les hommes qui s'y épanouissent et s'y enrichissent, parfois totalement outre mesure, sont des hommes pollués de l'intérieur par de fausses valeurs.

À tout prendre les talibans me paraissent moins toxiques que ceux qui adhèrent au néolibéralisme et à sa barbarie (qui est de l'ordre de la gestell ; Heidegger).