samedi 29 octobre 2022

Le destin du libéralisme

 


L'École est aujourd'hui dévoyée au service des intérêts du capital ou de ses gadgets comme le wokisme ou la théorie du genre. L'École n'a plus à être neutre, elle doit combattre les intérêts du capital ou disparaître. Elle doit mener une lutte sociale et non pas sociétale. Les enseignants doivent s'unir contre leur gouvernement traître à l'intérêt général et au peuple, tout comme ont su l'effectuer les gilets jaunes assez courageux pour le faire. Nous n'en sommes plus au stade des explications, pour nous sortir de la situation désastreuse ou nous ont mené 40 ans de néolibéralisme sauvage, plus rien n'est possible hormis l'action violente légitime contre des gouvernants qui refusent de comprendre, pour revenir à un ordre juste.

Nous vivons dans une civilisation déconcertante, inquiétante, qui mute constamment et de plus en plus vite, au nom du progrès et du progressisme, donc du salut. C'est la civilisation chrétienne en cela différente de toutes les civilisations qui l'ont précédée, qui perduraient dans le temps comme un ordre immuable - on pense à une civilisation comme la civilisation égyptienne avec une unité de style sur des milliers d'années.

Le libéralisme a au moins un destin, il mènera le monde à sa perte et nous fera sortir de l'histoire linéaire orientée vers un but. Le libéralisme n'a jamais été au départ qu'une arme de guerre dressée par les Anglo-Saxons contre la France, pour obtenir la victoire sur les plans militaires et du commerce. Dans l'absolutisme classiciste français il y avait des formes de collectivisme que nous avons perdu, à cause notamment de la dissolution des corporations au nom de "l'intérêt général" (sic) par la loi Le Chapelier en 1791. Cette date est absolument fondamentale car elle sonne le glas du collectivisme français et du travail artisanal bien fait, paradoxalement en pleine période révolutionnaire et au nom du peuple français (sic). Dans les périodes ultérieures il n'y aura plus jamais de grand style français mais des ersatz sans âme.

Toute forme de libéralisme mène selon moi au néolibéralisme. Toute forme de libéralisme qu'elle soit politique, économique ou sociétale, est selon moi à rejeter. Ce n'est pas seulement une question de vocabulaire, tout est lié, là est le problème. Soit on accepte tout du libéralisme, soit on se voit obligé de tout en rejeter, y compris le régime démocratique tel qu'il s'exerce aujourd'hui. Autrement c'est adhérer pleinement au néolibéralisme dont Macron constitue la quintessence la plus achevée. À ce système déréglé, dérégulant, et très perturbant, je lui préfère un ordre plus immuable, mais issu également de la civilisation chrétienne, comme l'absolutisme ; dont de Gaulle avait essayé mais en vain, de faire la synthèse avec le régime parlementaire. Le problème est aussi qu'il n'existe plus d'alternative communiste, l'hypothèse s'étant révélée obsolète par les faits. Marx n'était donc pas un si grand penseur que ça ! Quant aux libéraux pur jus actuels, ce sont généralement des fumistes opportunistes plus ou moins pédophiles issus de Mai 68, comme Cohn-Bendit, et anti-gaullistes.

Et plus tard, après l'âge classique de l'absolutisme, Nietzsche parlera de l'éternel retour du même. Qu'il faut s'attacher (égoïstement) à la valeur de sa vie comme si on allait la vivre indéfiniment. Ce qui pour moi constituerait le pire des châtiments. Je crois qu'Héraclite quand il dit qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, parlait d'infimes variations au sein de l'éternel retour cyclique des choses. Cela s'apparente sans doute davantage au clinamen des épicuriens qu'à une linéarité temporelle et progressiste, inconcevable pour les Grecs anciens, mais si évidente pour un esprit moderne, surtout lorsqu'il est formaté comme celui de Macron nous parlant de la transition écologique.

La mondialisation néolibérale ou capitalisme financier déréglé, s'accommode de toutes les idéologies et de toutes les religions pourvu qu'elles ne les remettent pas en question. La laïcité n'est pas neutre par rapport à ce capitalisme financier déréglé. L'École n'est pas neutre par rapport aux gouvernements qui la dirigent, elle les forme et les accompagne dans leurs délires économiques et sociétaux. Elle devrait l'être davantage concernant la question sociétale et se mêler de la question sociale afin de remettre en question ce modèle unique. Et au passage la seule religion virulente de nos jours jusqu'en Europe, n'est plus le christianisme mais l'islam. Alors que l'École en France, les médias, et les caricatures, font comme si le catholicisme était encore son pire ennemi. Le wokisme n’a en réalité qu’un seul objectif : diviser pour mieux régner.

La laïcité en France c'est la séparation en 1905 de l'Église et de l'État. Peu importe les origines plus anciennes de la laïcité qui peuvent exister à l'intérieur du christianisme.

Je suis plutôt un adepte des théories de l'effondrement. Je ne suis pas sûr qu'il y aura des temps futurs où des historiens et des archéologues auront encore le loisir de se pencher sur notre civilisation. Il y aura d'abord sans doute un temps dystopique de retour à la barbarie la plus primitive, peut-être la fin de l'espèce humaine. Dans les perspectives les plus optimistes, seul un petit nombre survivra, et maintiendra vivant l'héritage de la civilisation. C'est surtout une hérésie d'avoir cru en un temps linéaire en constant progrès. Le monde évolue mais est-ce qu'il progresse ? C'est comme l'oxymore que constitue une croissance illimitée dans un monde fini, c'est aussi absurde !

Je refuse le maître mot du système sélectif néolibéral, qui se nomme adaptation. Nous ne sommes pas des bêtes dans une jungle, même si le néolibéralisme a transformé le monde social en jungle.

J'ai toujours rêvé d'être hégélien et que du négatif pouvait surgir le positif. Mais comme le disait Schopenhauer, indécrottable pessimiste, Hegel n'est qu'un imposteur. Et Marx a fait rêver les foules... pour quels résultats ?

Toutes les théories néolibérales étaient déjà en germe chez mes parents soixante-huitards et baby-boomers. Fascinés par la réussite sociale, le sexe, et l'argent facile. Je crois que le néolibéralisme est le véritable projet de Mai 68, par des acteurs vieillissants incapables d'éduquer leurs enfants, en manque de repères, et cherchant à se renouveler.

Il n'y a pas de libre arbitre contrairement à ce que postule le christianisme, il n’y a plus que des pervers et des mendiants dans la société actuelle. Il n'y a pas de responsabilité individuelle, seulement des responsabilités collectives. La réussite ou non-réussite de chacun, sont des notions subjectives, affaires de points de vue. Chaque Allemand pris individuellement n'était pas libre de choisir ou de ne pas choisir Hitler, mais collectivement ils sont responsables alors qu'Hitler ne l'est pas.

Macron est un personnage qui représente une responsabilité collective, celle des Français. Mais Macron comme Hitler ne sont pas responsables. Il n'y a peut-être même pas de responsabilités collectives, il n'y a que le néant et l'illusion du libre arbitre.

Dans les sciences dures il n'y a qu'une seule vérité, comme dans la religion la plus dogmatique. Cela apporte à l'esprit l'apaisement d'un monde immuable et indiscutable. Je conseille aux esprits en quête d'absolu les sciences dures, comme la physique, la biologie, ou les mathématiques. Tout le reste au fond n'est que bavardages fumeux de philosophes et de poètes en quête de reconnaissance, et n'est pas très sérieux. Le freudisme comme le marxisme ne sont pas des sciences exactes, mais des pseudo-sciences.

Vouloir combattre l'islamisme avec la laïcité, c'est comme vouloir combattre Hitler avec la ligne Maginot. Je ne parle pas d'islam mais d'islamisme. Je ne parle pas de religion mais d'idéologie mortifère et dévoyée, dérivée d'une religion. Surtout qu'aujourd'hui, si la laïcité est neutre religieusement elle n'est pas neutre idéologiquement - wokisme, néolibéralisme, monde de l'entreprise... C'est l'École dégradée par l'idéologie wokiste et le monde de l'entreprise qui est devenue une vraie purée conceptuelle pour les enfants. Il aurait peut-être mieux valu que l'École ne devienne jamais neutre religieusement, et reste attachée à sa dimension chrétienne.

Vous n'avez même pas conscience de la spécificité de la génération des baby-boomers... Ce n'est pas une classe d'âge comme les autres, c'est une classe d'âge qui a voulu porter un message révolutionnaire, communiste, marxiste, maoïste, dans les années 60/70, et qui s'enfonce aujourd'hui dans le conformisme macroniste le plus abject.

Dans les faits la laïcité est aujourd'hui au service d'un monde qui survalorise le produit de la sélection qui s'opère au profit des plus forts et donc des plus riches, au détriment des plus faibles et des pauvres. Et la laïcité appelle ça résultat au mérite. La laïcité ne véhicule plus de valeurs désintéressées, et l'École s'est mise complètement au service des valeurs du néolibéralisme. C'est ce que Macron appelle de ses vœux à travers le nouveau monde, le nomadisme, l'ubérisation du monde du travail, le remplacement de la valeur d'usage par la valeur d'échange, et la start-up nation. On en voit les résultats dès L'école primaire qui choisit de plus en plus de faire l'impasse sur les apprentissages fondamentaux au profit de l'épanouissement (sic) de l'enfant. En réalité c'est une façon d'encourager une école à plusieurs vitesses. L'exigence n'étant réservée qu'aux plus favorisés.

"Le message révolutionnaire dont les Lumières sont l'expression laïcisée coupée de toute transcendance"... Oui effectivement, au profit de la seule bourgeoisie, on dirait aujourd'hui bobos. La laïcité et toutes ses hiérarchies administratives internes, son labyrinthe de contraintes aussi fastidieuses que vaines, sont le clergé séculier des bobos le plus souvent de gauche.

Si l'ordre immuable des choses s'est nommé durant un bref instant de l'histoire, absolutisme, il n'était pas du tout dans son essence chrétienne de perdurer. La seule civilisation du progrès est au fond la civilisation chrétienne, et le progrès finit toujours par y engendrer le chaos, ce n'est toujours seulement a posteriori que la crise y entraîne la critique pour ne plus jamais que cela se reproduise - comme les guerres de religion, l'esclavage, la colonisation ou le nazisme. "Plus jamais ça" n’est aussi qu’un des autres slogans, avec adaptation, de la civilisation du progrès. Je parle donc de l'absolutisme qui n'était pas fait pour perdurer en raison de l'essence de la civilisation chrétienne qui repose sur le progrès. Et le progrès linéaire contrairement au temps cyclique, efface tout sur son passage. Qui peut comprendre encore un monument comme la cathédrale de Notre-Dame ?

Le progressisme qui mène tout droit au transhumanisme est déjà contenu en germe dans l'essence du christianisme. Le coup de force du christianisme est d'avoir supplanté au temps cyclique antique des anciens, une temporalité linéaire orientée vers un but : le salut.

Le ver est dans le fruit, si je puis dire, avec le christianisme, du point de vue du progrès et du renversement de l'ordre immuable des choses malgré un clergé borné et rigide attaché à ses privilèges, pour ce qui est du catholicisme contrairement au protestantisme en réaction à ces privilèges. Quant à l'ordre immuable des choses contenu dans un temps cyclique et absolument incompatible avec une temporalité orientée vers le salut, il n'est pas contradictoire avec l'émergence foudroyante de la raison et de la philosophie, des arts et de la culture, donc des Lumières, comme le montre l'exemple des Grecs anciens. Progrès n'est donc pas forcément synonyme de Lumières, et réciproquement. Progressisme non plus.

Je pense qu'un ordre immuable est préférable à une sélection impitoyable fondée sur l'adaptation du plus fort aux changements, pour ce qui est du développement psychique de chacun et particulièrement des enfants, ainsi également que du point de vue du développement des arts et de la culture. La notion de progrès était contenue à l'intérieur même du christianisme, l'ordre n'y était pas si immuable que ça même au temps de l'absolutisme le plus rigide, car le temps n'y était plus cyclique (une boucle qui se répète indéfiniment) comme dans la plupart des grandes civilisations antiques et amérindiennes, mais évolutif (une linéarité qui progresse vers un but). Dans la notion de salut de l'âme par la vertu et l'ascèse, il y a déjà l'idée du progrès, l'idée que l'on peut atteindre son salut par l'effort personnel - c'est aussi tout le sens de la laïcité au sein de l'École, qui découle au fond absolument complètement du christianisme.

Quand on voit toute la laideur, le vice, la perversion, la pornographie, la décadence, le nihilisme, engendrés dans notre société laïque depuis 1905 en France, il y a de quoi se poser des questions sur les vertus de la raison. Nous n'en sommes plus du tout au temps de l'absolutisme royal où l'on pouvait encore opposer les lumières de la raison à un clergé catholique borné. Le christianisme du temps classique de l'absolutisme a en réalité engendré de belles œuvres dans tous les domaines, on ne peut pas en dire autant du néolibéralisme contemporain, ni même de la période des Trente Glorieuses. Nous vivons dans les ténèbres de l'obscurantisme généré par la perversion, la laideur, la compétition, qui découle de la mobilisation totale des forces vives des sociétés occidentales et désormais asiatiques en vue de l'arraisonnement du monde par les sciences et techniques, sur fond de domination économique par le monde de la finance. On vit dans un monde qui survalorise le produit de la sélection qui s'opère au profit des plus forts et qui broie les plus faibles et où le maître mot se nomme adaptation aux changements : je n'appelle pas ça, Lumières... Ou alors les Lumières se sont fourvoyées dès leur origine, dès Voltaire et en n'écoutant pas assez Rousseau, qui se voulait l'avorteur du capitalisme quand Marx a voulu en être le fossoyeur.

Autre preuve de la contamination de l'École par les valeurs libérales : sa neutralité axiologique. Nous vivons qu'on le veuille ou non dans une civilisation chrétienne orientée vers un but : le salut. La laïcité avec sa fameuse neutralité religieuse et soi-disant politique est encore plus faible que le christianisme actuel qui ne demande qu'à être ravivé dans sa foi. Qui plus est la laïcité n'est qu'un ersatz sans âme et sans saveur du christianisme.

Quant au libéralisme, il se veut neutre axiologiquement, sans jugement de valeur sur le bien et le mal. Être neutre axiologiquement c'est encore faire de la politique, de la politique libérale. C'est aujourd'hui l'ensemble de la société qui est devenue neutre axiologiquement, et les instituteurs ont depuis bien longtemps renoncé à enseigner la morale et émettre des jugements de valeur. Ne pas apprendre aux enfants à distinguer le bien du mal au nom du relativisme, est en réalité une violence exercée à leur encontre. Même si l'on récuse comme moi l'idée de libre arbitre ce n'est pas une raison pour relativiser absolument le bien et le mal, même si l'on ne peut rien atteindre on peut tendre vers.

Deux bons films français récents qui suscitent un certain malaise. Malaise dans la société néolibérale macroniste française. J'avoue contre toute attente que j'ai éprouvé un plus grand malaise encore devant Barbaque (je m'y suis littéralement senti traqué en tant qu'être humain sensible) qu'Oranges sanguines - je ne saurais me l'expliquer ; ce dernier étant structuré comme un film de Tarantino avec le cycle de la vengeance finale et salvatrice. Un des protagonistes qui est avocat, y dit que la justice n'existe pas : "il n'y a pas de justice, il n'y a pas de justice, alors faites-vous justice par tous les moyens !"

Le néolibéralisme est cannibale (le thème du film Barbaque), il phagocyte tout, les émotions, les sentiments, les êtres humains. C'est le cerveau reptilien qui est à l'œuvre dans le monde actuel, aseptisé et en même temps d'une violence inouïe - dont la cause première est partout une économie locale phagocytée entièrement par le monde cosmopolite de la finance et la spéculation. Si Voltaire avait pu imaginer que s'en prendre à l'autorité de la religion, et donc du père, déboucherait sur un tel chaos dépourvu d'empathie, l'aurait-il fait ? Son monde était rigide et intolérant comme peut l'être un père (mais ne dit-on d'un bon père qu'il est sévère mais juste ?), cependant le nôtre sous prétexte notamment de tolérance - dont on trouve l'expression moderne la plus caricaturale sous les traits du wokisme, du politiquement correct, ou de la chasse à l'homme blanc de plus de 50 ans, veut faire l'économie du père et vire au sadisme à l'égard des plus faibles qu'il broie à travers une logique de l'argent.

Mais même le néolibéralisme fait partie de la civilisation chrétienne, et on peut espérer que la crise si forte y entraînera finalement a posteriori la critique pour ne plus jamais que cela se reproduise.