mercredi 11 décembre 2013

La pensée est-elle binaire ?

Pourquoi le monde est-il binaire? C'est une bonne question. Peut-être parce que le cerveau est divisé en deux, ou qu'il y a deux sexes. Que notre corps forme deux parties symétriques par rapport à un axe. Que tout est double : les yeux, les oreilles, les narines, les bras, les jambes etc... En tout cas dans chaque pays démocratique il semble toujours y avoir à peu près 50 % pour et 50 % contre dans chaque élection. C'est peut-être une condition de possibilité de la connaissance, en plus de l'espace et du temps, que la pensée soit binaire, pas simpliste, mais binaire. On pourrait dire aussi dialectique.

La pensée binaire, voilà pourquoi aucune unité ne se fait jamais en démocratie, parce que pour la plupart nous avons par exemple un papa et une maman, qui sont deux êtres différents. C'est une hypothèse d'explication. L'unité ne se fait que par la dictature, mais l'expérience nous montre qu'elle ne tient jamais longtemps. Alors un projet commun est-il possible pour réunir les hommes et éviter les guerres ? Tant qu'il y aura les pour et les contre, aucun consensus n'est possible, et le statu quo continuera qui consiste dans le libéralisme économique, le laisser-faire si cher aux philosophes anglo-saxons et "leur" main invisible. La politique du moindre mal qui finalement risque par la surpopulation et la famine et la destruction de la nature de nous entraîner tous vers l'abîme. Je ne fais pas ici l'apologie de la dictature, puisqu'au fond la notion de dictature est opposée à la logique de la pensée qui est d'être binaire. Je ne fais que souligner une aporie : la démocratie qui nous paraît bonne individuellement peut aussi collectivement nous mener à notre perte, mais ici je confonds peut-être démocratie avec libéralisme économique, les deux ne sont peut-être pas synonymes, après il y a toutes les nuances qui peuvent exister entre Anglo-saxons et Français, entre gauche et droite. En tout cas, la somme des égoïsmes particuliers ne débouche pas sur le bien, à mon sens.

Je n'ai pas de haine, je ne suis qu'amour.

Je n'ai de haine pour personne en particulier, même pas pour l'espèce humaine en général. Nous sommes malheureusement tous les victimes d'un système qui se nomme la vie, dont jamais personne ne parviendra à percer le sens. Tous les efforts des philosophes occidentaux semblent avoir contribué à rendre possible les conditions d'une science épurée de tout affect, de tout sentiment. Maintenant la philosophie s'en mord les doigts et tente de revenir à l'affect. Mais entre temps nous constatons les ravages des sciences et techniques qui semblent conduire à toujours plus de souffrances, sans parvenir à faire advenir un quelconque sens à la vie. Les progrès de la science conduisent effectivement à la multiplication de la vie humaine sur Terre, provoquant la destruction de la nature. Franchement combien de temps tiendrons-nous encore? A cela rajoute que les guerres modernes conduisent à des massacres inédits, à des souffrances sans nom. Tout cela ne fait qu'augmenter la méfiance et le ressentiment généralisé. Méfiance et haine qui conduisent à toujours plus de génocides. On a cru trouver la solution par une sorte de statu quo généralisé, qui se nomme mondialisation économique, où au fond il n'y a peut-être plus de nationalisme, donc plus de guerres entre nations, mais où chacun se trouve livré en guerre contre tous, sans projet commun, et avec pour seul bagage un reader digest freudien et pour seule arme sa petite libido. En réalité plus augmente l'espèce humaine en nombre, plus augmente la souffrance. Des centaines de millions de personnes sont en état de mort psychique, dans l'anonymat le plus complet, dans l'indifférence généralisée. C'est un réel problème, un avenir viable passera par une régulation du nombre de personnes sur Terre et par un projet commun. 

samedi 19 octobre 2013

Des fables pour les enfants

Je pense qu'aujourd'hui le racisme est discrédité, non parce qu'on le juge mauvais, par rapport à des valeurs bonnes. Mais parce qu'on l'assimile à une maladie. Le raciste est un malade, un pervers, c'est pour cela qu'il fait peur. Le racisme et l'antisémitisme sont des taches. On ne les juge plus par rapport à la morale, mais d'après la santé.

On ne dit pas de Dieudonné, que cet homme est mauvais, on dit qu'il est devenu malade. C'est toujours par rapport aux notions de normalité ou d'anormalité que l'on juge que les choses sont bonnes ou mauvaises. Car ce qui fait le plus peur c'est l'exclusion du groupe.

Mais n'oublions pas que ce qui est reconnu comme"vrai" aujourd'hui, le "normal", pourrait être reconnu comme "faux" demain.

C'est à la condition d'appartenir au groupe que l'on est normal, et les valeurs du groupe peuvent changer du jour au lendemain. Ce qui est "normal" aujourd’hui sera peut-être "anormal" demain. On n' est pas "normal" par l'opération des valeurs que l'on a choisi, on est "normal" par le fait d'appartenir au groupe et d'avoir choisi les valeurs de ce groupe.

Ceux qui croient encore au bien et au mal du point de vue des valeurs sont des fanatiques, des militants. Nous savons bien que ce sont des fables pour enfants.

J'avoue...



J'avoue, je pense être plus malade qu'artiste.

L'espèce humaine est une espèce grégaire. Je n'arrive pas vraiment à comprendre comment j'ai disjoncté, mais je sais que j'ai disjoncté. Je n'appartiens plus vraiment à cette espèce, je suis puni. Cela me fait plaisir quand je suis reconnu par mes pairs, mais je ne m'investis pas vraiment assez pour obtenir cette reconnaissance.

Des gens objectivement plus laids d'un pur point de vue plastique, se sentiront plus beau, car ils sont mieux intégrés dans l'espèce humaine. La beauté à soi-même dépend du degré d'intégration dans l'espèce humaine. Paradoxe : pour dire la vérité, il faut être plus ou moins exclu de l'espèce, donc se sentir laid, et ce sont ensuite ces "laids", ces héros, qui sont reconnus comme des beaux par la postérité. Tout ce que je dis est relatif, il est possible que les "vrais" artistes disparaissent et soient remplacés par des "bobos", c'est à dire des intégrés, qui revendiquent cette intégration à la bourgeoisie, et n'ont plus le courage ou la force ou la volonté de supporter la "solitude" de l'artiste.

Mais n'oublions jamais que ce qui est reconnu aujourd'hui comme le vrai pourrait être reconnu demain comme le faux et réciproquement. Les militants ne sont que les bergers des vérités établis. Ils forcent le trait, pour faire comprendre au troupeau ce qui est vrai et ce qui est faux. 

Toutefois lorsqu’on est trop sorti de l’espèce, cela prend un aspect pathologique. Les grands exclus sont « marqués », ils prennent l’apparence du malade. L’artiste est un équilibriste qui marche sur le fil de la « normalité », au dessus du gouffre de la maladie.

mercredi 9 octobre 2013

Le 93

Moi qui ai enseigné dans le 93 pendant 15 ans, je peux témoigner qu'il y a un rejet de l’éducation républicaine de la part de ces populations défavorisées. Un certain Tobie Nathan affirme que l'on ne peut plaquer les valeurs de la République sur les populations d'origine africaine. Non en raison d'une infériorité de leur part, mais en raison d'une différence culturelle. Tout comme les Bretons ont eu du mal à s'adapter aux valeurs de la République.
De même que Nathan revendique la nécessité d'une ethno psychiatrie pour soulager ces populations, ne faudrait-il pas une ethno école?
Il faut beaucoup de recul pour bien parler de ces questions là. Quand on est dans la mêlée, on ne voit que la violence, la haine, la laideur, la misère.
Je pense qu'il faudrait attribuer aux enseignants du 93, une prime d'au moins 20 % de leur salaire.
La république ne veut pas ouvrir les yeux sur la pluralité de sa population, sur la pluralité de ses territoires. Elle ne consent à aucune différenciation, à aucune excuse. Il est bien évident qu'une telle brutalité républicaine qui nous ramène aux plus mauvais jours de la révolution, avec ses Chouans et sa terrible année, précisément "93"; fait le jeu du FN.

Par delà bien et mal

Nous sommes désormais par delà bien et mal, non pas grâce à Nietzsche mais plutôt grâce à Freud. Effectivement nous sommes par delà bien et mal y compris en politique. Il n'y a désormais que les normaux et les anormaux. La seule façon de discréditer le FN ne serait pas de prouver que c'est un parti qui représente le mal, mais serait plutôt de démontrer que ses représentants sont des anormaux, des pervers ou des malades. Il faudrait discréditer sa chef, d'un point de vue psychanalytique, tout comme Hitler a finalement été reconnu comme un minable, un impuissant, un malade. Plus personne ne croit au bien et au mal, par contre tout le monde veut être du côté des bien-portants contre les anormaux. Ceux qu'au service militaire on appelait, ou dans les clubs de sport on appelle encore les "psychos" ou les "schizos".

dimanche 29 septembre 2013

Ma vision de l'avenir

Ton combat numéro un est la lutte contre le FN. C'est un combat d'arrière garde. LE vrai danger aujourd'hui c'est la destruction de la nature causée par l'augmentation de la population humaine sur Terre, et  l'exploitation de cette nature au seul profit de l'espèce humaine. Cela ne peut conduire qu'à la fin du monde. Il faudra une catastrophe comme le nazisme, à l'échelle de la planète, qui sera une immense catastrophe écologique, pour que l'espèce prenne conscience qu'un changement radical de paradigme est nécessaire.
 1) Pour que l'homme accorde aux animaux des droits, et notamment que l'homme cesse de manger de l'animal (ce que je ne fais pas, je suis un assez gros consommateur de viande). On peut remplacer la viande par des produits à base de soja ou autre qui se rapprochent du goût de la viande.
2) Pour que l'homme cesse d'exploiter la nature sans contrepartie. Il faut que l'espèce accepte de ne pas dépasser un certain nombre. Un milliard sur Terre c'est déjà trop.
3) Pour arriver à cette conscience, il faut un partage drastique des richesses, une abolition totale des motifs de discorde (comme la religion) entre les hommes. Il faut un contrôle scientifique de la natalité humaine.
4) Je suis pour tous les changements y compris sur le plan de l'hérédité, que pourra apporter la science. Je suis opposé à la notion de parentalité. Il faut supprimer la parentalité, comme dans le Meilleur des mondes d'Huxley (le chef d’œuvre absolu), et avoir un contrôle scientifique de la population.
5) La "liberté" est une mauvaise chose, d'abord elle n'existe pas en fait, elle ne conduit qu'à de l'inégalité, il faudrait la remplacer par plus d'égalité.

dimanche 1 septembre 2013

Optimisme et progrès

Je suis en désaccord total avec toi sur l'optimisme et le progrès. Il est évident pour moi que les pessimistes sont plus humains que les optimistes. Que ces derniers sont souvent des fanatiques déguisés en philanthropes. Toute l'histoire de l'humanité nous montre que le progrès n'existe pas, ceci pour la bonne raison qu'il n'y a pas d'hérédité des caractères acquis, malgré le contraire que voulaient faire croire les communistes d'Union soviétique. Donc tout ce que gagne un individu ou une génération peut être perdu par l'individu ou la génération suivants. Par conséquent parler de progrès ou d'optimisme est un discours démagogique. Le pessimiste lui est plus près du réel. Il voit le fossé qui existe entre la réalité et le discours. Le pessimiste apprend à mettre une certaine distance avec le discours. Car ce dernier ne peut être appliqué par personne, ni même par toi, encore moins par les politiques, quelquefois même corrompus. Le pessimiste sauve des vies, là où l'optimiste souvent de bonne foi envoie à la boucherie. L'hypocrite, lui,reste bien au chaud, et le cynique se frotte les mains des dommages subis.

Le philosphe et la politique


Comment veux-tu être un philosophe et un homme d'image en même temps ? Pour être un homme d'image il faut apprendre à être faux, car l'essence de la vie en société est l'injustice, même un homme de gauche se doit de faire des concessions à cette injustice qui fonde l'être des rapports sociaux. D'ailleurs les socialistes ne sont-ils pas ceux qui font le plus de concessions, contrairement à ceux d'extrême gauche qui se voudraient plus purs ? On voit où mène la pureté de la gauche : Staline et Pol Pot.
Le philosophe donc est celui qui se met à part de la vie publique, car il démonte les mécanismes de l'image, il en dénonce l'hypocrisie ou le cynisme. Hypocrisie des modérés, cynisme des purs lorsqu'ils ont le pouvoir car ils voudraient ne pas s’accommoder de l'hypocrisie et de l'injustice qui fondent les rapports sociaux. Marx est l'auteur d'un contresens en pensant qu'une société idéale était possible, surtout en mettant au pouvoir, un type d'homme plein de ressentiment comme le prolétaire. Les utopistes en général commettent tous un contresens : aucune utopie n'est réalisable dans la réalité des rapports sociaux. La normalité elle-même est une forme de modération qui s’accommode de la réalité avec le moins de violence possible ; mais la normalité elle-même n'est pas la réalité. Hypocrisie des modérés, cynisme des purs donc, qu'ils soient de gauche ou de droite. Alors tu as vraiment le cul entre deux chaises.
Je pense que tu pourrais tout de même améliorer ton image si tu n'avais pas cette manie de toujours dire la vérité. L'essence du politique c'est quand même la formule toute faite, et ensuite le ralliement à cette formule. Alors là oui si l'on veut réussir en politique il faut être discipliné par rapport au mot d'ordre. Il faut d'abord de la discipline, il faut ensuite faire preuve de souplesse, s'accommoder notamment de la réalité, l'accepter. La réalité étant l'injustice, la vérité des rapports sociaux.
Le langage du philosophe n'est donc pas du même type que le langage du politique. Le langage du politique est fait d'un métalangage, constitué de formules toutes faites. Bien sûr il y a des penseurs politiques, des théoriciens, il y a ceux qui fondent ces mots d'ordre, qui se veulent de l'ordre de la normalité, si l'on est un modéré, de l'ordre de la pureté et de l'utopie si l'on est un extrémiste.
Alors que le philosophe lui veut démonter les mécanismes de la réalité, le philosophe ne se veut ni hypocrite, ni cynique, et pour cela il se met en dehors de la réalité sociale : dit en langage populaire, le philosophe est "à côté de ses pompes", le philosophe manque de sens pratique.  Le philosophe est un sage.
Le philosophe est décalé ou alors ce n'est pas un philosophe c'est un sophiste. Je rajouterais que plus que l'injustice, l'essence de la  vie en société, c'est la bestialité. Le philosophe n'est pas encore dans la réalité, il met un masque, celui du philosophe, celui du sage, pour se protéger de la réalité et donc de la bestialité. Celui qui est à fond dans la vérité, c'est au mieux le génie, au pire le fou : ces deux états que Nietzsche a connu.

lundi 1 juillet 2013

Le mérite

Qu'est-ce que le mérite ? Personnellement je ne pense pas mériter ce qui m'arrive. La notion de mérite a été très mise en avant par la droite de Sarkozy. Est-ce à dire que ce que vous êtes, ce que vous avez, vous le méritez ? On dit "j'ai pas mérité ça", lorsqu'une chose affreuse vous arrive. Cette chose affreuse peut être consubstantielle à votre être; comme une image de soi brisée par exemple. On dit que les femmes ne recherchent pas la jouissance, mais sont plus sensibles à l'image. Mais qui n'est pas sensible à l'image? Et j'irais même plus loin, n'est-ce pas une image de soi qui constitue notre être? C'est peut-être la vocation du philosophe de se dégager de cette image ? Le philosophe se départ des images qu'il assimile à des préjugés. Le mérite fait partie de ces préjugés. Mais le philosophe n'est-il pas constitué par l'image qu'il a de lui-même. Encore un préjugé finalement. Car si il n'y avait vraiment plus d'image, alors le philosophe s'effondrerait. A force de torpiller toutes les images, d'ôter tous les masques, et le mérite est un de ces masques là; le mérite est le masque de la droite moderne pour légitimer ses biens; pour pas que sa richesse apparaisse illégitime.
A force de torpiller toutes les images donc, on risque rien moins que la folie.

Critique :
D'accord avec toi : la notion de mérite n'existe pas. Mais attention : tu ne peux pas dire alors que tu n'as pas mérité ce qui t'arrive. Car tu réintroduis la notion de mérite. Ce que nous sommes est au-delà du mérite et de son contraire.

Je n'entends plus les binious

J'ai peu d'amis, j'ai peu de charisme; j'en ai conscience. Pour réussir il faut déjà avoir une bonne image de soi, savoir communiquer cette bonne image de soi aux autres. Et voilà c'est suffisant. Pour avoir une bonne image de soi, il faut avoir eu une bonne relation avec son entourage durant sa petite enfance.
La culture, la bonne éducation, tout ça c'est des conneries, enfin de plus en plus. L'important c'est l'image et la communication. Qu'importent les choses intelligentes ou les conneries que vous communiquez. L'important c'est que le message passe. Mieux passe le message, plus vous êtes populaire, plus vous êtes heureux, mieux vous réussissez. Le contenu, la culture, la pertinence, plus personne n'en a rien à foutre. L'important c'est que ce que vous véhiculez, rapporte du fric, à la communauté et à vous accessoirement.
Pourquoi se fatiguer à se cultiver ? Pour certains la bonne image de soi passe par la culture, mais c'est pour une minorité, une minorité qui devient de plus en plus minoritaire. Même à l'école on apprend de moins en moins un contenu, un contenu culturel. On apprend de plus en plus des comportements, une façon d'être qui fasse que vous ne soyez pas exclu du groupe. L'important à défaut d'avoir une bonne image de soi ou d'être populaire, c'est au moins d'être sociable, de ne pas être déshumanisé, dépersonnalisé. Le grand mal qui ronge nos société de masse, c'est la dépersonnalisation, la déshumanisation. Comme la communication qui se fait dans une société de masse, est une communication de masse, on assiste à l'apparition d'un nouveau phénomène, les meurtriers de masse. Les meurtriers de masse, sont passée au travers du filet de la socialisation de masse. Ils ont je le pense une très mauvaise image d'eux-même. Leur ennemi c'est la communauté toute entière.
La bonne image de soi on ne peut pas la forcer, on l'a ou on ne l'a pas. Cette image de vous conditionne tout le reste de votre existence. La culture pouvait être un élément de résistance à une mauvaise image de soi. Je pense par exemple que Nietzsche avait une image brisée de soi et souffrait de la pauvreté de ses relations affectives; les deux éléments mis bout à bout ont causé sa mort. Mais entre les deux il a produit de grandes œuvres.
Avec la disparition de la culture, la mauvaise image de soi risque de n'avoir plus à se manifester, que par le biais de la violence. Soit contre soi, soit contre les autres; dont la manifestation ultime et contemporaine est le meurtre de masse.
Le problème aussi c'est qu'aujourd'hui la communication, le véhicule de son image de soi, se fait de plus en plus par des médiations violentes. La violence se banalise dans la communication de soi aux autres. Les éléments fragiles du système ne peuvent plus s'exprimer autrement que par la violence. Et cette violence crée leur propre perte. Car il faut beaucoup de force pour véhiculer une image de soi par la violence. La violence se retourne toujours contre soi.
J'appelle communication violente de soi aux autres, par exemple la musique rock ou du même style, mais aussi une certaine catégorie de cinéma, et aussi beaucoup de jeux vidéo. Je suis un peu "réac" en disant cela, un peu vieux. Mais c'est mon corps qui réagit à la violence. Et pourtant je n'écoute pas ou peu de musique classique. Moi aussi j'écoute de la musique populaire et plutôt du rock; c'est de la musique de masse, le plus souvent d'origine anglo-saxonne. J'ai été choqué par exemple, en Bretagne, d'entendre lors d'une fête populaire, ce genre de musique de masse, alors qu'il y a cinquante ans, on aurait eu droit aux binious, que personnellement je préfère.

vendredi 28 juin 2013

Comment réussir en France ?

Je te l’avais bien dit Emmanuel qu’il fallait être comme Balthazar ou Dan, ces hommes à femmes à qui tout réussi. Au moins tu auras tenté. Mais tu te heurtes apparemment au mur de la petite-bourgeoisie. Tu as pour eux je pense un côté non-humain, comme tout philosophe qui se respecte. Essayons de réfléchir aux époques où tu aurais pu réussir. Je pense que dans l’Allemagne de la fin du XIXème siècle, ta probité t’aurait permis de faire une belle carrière. En France c’est difficile, il n’y a que les jouisseurs qui réussissent. Et cela de tout temps, relire Nietzsche, Maupassant etc… J’apprécie tes doux euphémismes concernant tes « amis » en politiques ; discrets, disciplinés, adaptables. Mais tu as toutes ces qualités Emmanuel, ce n’est pas ça qui cloche. Ce qui cloche c’est ton refus de la normalité, c’est ton refus des valeurs petite-bourgeoises. 
Ça on ne te le pardonnera jamais. On ne me l’a pas pardonné à moi non plus, du fait de la relation totale que j’avais avec mon père, je n’ai pas pu investir le monde petit-bourgeois qui s’offrait à moi. J’ai même méprisé des femmes sans coucher avec elles. Crime de lèse majesté petite-bourgeoise. J’avais un côté un peu impuissant. Je crachais sur le plaisir. Et de l’autre côté la rigueur philosophique ne voulait pas de moi. Le monde qui t’a accueilli ne voulait pas non plus de moi. J’avais le cul entre deux chaises. 
Je pensais que la pure jouissance génitale n’avait aucun intérêt. Je pensais être incapable de faire le bonheur d’une femme. Pourtant j’en étais capable comme tout homme qui a une queue entre les jambes. C’est ça que j’aurais dû mettre en premier ; la jouissance, et faire suivre le reste ensuite, le travail, la rigueur, et pourquoi pas la gloire ?

Critique : La queue entre les jambes, je ne suis pas certain que ce soit ce qui fasse le bonheur de la femme, qui est plus dans l'image que dans la jouissance.

Critique de la critique : Oui tu as raison mais il faudrait ajouter la femme petite-bourgeoise. J'ai connu une femme post soixante-huitarde, Martine, qui était plus dans la jouissance que dans l'image. C'était une femme forte, elle a utilisé mon père comme un jouet sexuel. Qui pour le coup était plus dans l'image lui, au point qu'il en était un peu honteux, de cette image qu'il avait de lui d'objet sexuel d'une femme.
Plus on monte dans l'échelle de la bourgeoisie, plus il y a de la jouissance, les petit-bourgeois jouissent peu, les grands bourgeois s'accordent beaucoup de plaisir. 
                                                                       

lundi 24 juin 2013

Qu'est-ce que payer sa dette?

Voilà pourquoi je n'ai aucune dette envers la société. Mon père a été cruel envers moi, il a abîmé mon corps durant mon enfance. Ma mère égoïstement a protégé sa peau, elle ne m'a pas aidé. Une seule personne a eu pitié de moi, ma grand-mère maternelle, qui voyait en moi le visage du christ martyrisé avec son instinct de catholique pagano-bretonne, d'où mon transfert fantasmatique sur la Bretagne, pays qui n'a peut-être après tout, rien de mieux ni de moins bien qu'un autre ( n'oublions pas qu'il a produit les Le Pen, grave préjudice pour la réputation du pays).

Comme la nature a horreur du vide, la plupart, de mes premières expérience de l'école furent négatives, comme j'avais été martyrisé dans ma famille les institutions et mes camarades reproduisaient sur moi l'injustice dont j'avais été victime de la part de mon père. J'ai une vision en disant cela totalement négative de l'existence, car dans l'imaginaire l'école fut créée pour réparer les injustices, mais l'école ne peut pas remplir son rôle, car elle est un élément de la culture, et la culture n'est que le prolongement de la nature sous d'autres modalités. La réalité est tout autre que les bons sentiments qui parfois accompagnent la notion d'école, la positivité qui accompagne la notion d'école n'est qu'un préjugé d'homme normal; or la normalité n'est pas la réalité, la normalité est même souvent une forme de crime sous l'alibi des codes et des conventions, qui servent à se distinguer afin de mieux discréditer les anormaux, un crime accompli inconsciemment , au quotidien. Seuls les êtres d'exception ont conscience de ce crime. Quant à la nature et l'existence, elles sont profondément injustes et même négatives par essence.

Je n'ai donc globalement aucune dette vis-à-vis de la société mais plutôt du ressentiment. Par conséquent mon destin aurait dû me pousser à être un délinquant. Ce que j'ai failli être, j'ai volé, je me suis drogué. Une autre personne a permis que je m'en sorte Martine, la deuxième compagne de mon père, une personne que je n'ai jamais revue mais qui a fait écran pendant le moment de ma puberté entre la violence de mon père et moi. Qui a fait plus qu'écran, qui m'a appris la sexualité par l'intermédiaire de l'amour qu'elle vouait à mon père. Amour qui rejaillissait sur moi par l'intermédiaire d'un père provisoirement apaisé. Sans cela j'aurais dû être un délinquant, ou un criminel; au pire j'aurais pu être un Merah ou un Breivik, un "tueur né", un meurtrier de masse.

Payer ma dette vis-à-vis de la société aurait dû être pour moi, comme ça l'est pour certains, être un meurtrier de masse. Cela n'a rien d'anormal, puisque l'essence de la vie en société est l'injustice. Il faut bien que des individus isolés se vengent de cet état de fait. Mais comme dit Camus ou bien son père : "un homme ça se contient." devant les horreurs commises durant la guerre d'Algérie. Alors j'essaie de me contenir. Mais les pulsions de haine et de ressentiment sont très fortes je l'avoue. L'incurable est peut-être celui qui passe à l'acte.


vendredi 21 juin 2013

Quelle est mon identité sexuelle ?

Je ne sais pas si tu es sérieux quand tu me compares à un travelo. Mais saches-le j'ai une identité sexuelle de femme et peut-être une identité tout court de femme. Cela peut sembler déroutant et même dégoûtant, au point que parfois je me souviens, tu te demandais si je n'étais pas homosexuel. J'ai eu quelques rapports homosexuels, j'ai essayé, mais cela n'est pas allé bien loin. Malgré mon identité sexuelle de femme, je suis plus attiré par les femmes, bref je ne suis pas un pédé, je suis une lesbienne.

Commentaire
Je me souviens qu'un jour, chez toi, j'ai craint que tu ne veuilles m'enculer (au sens sexuel du terme), en passant d'un peu près et assez rapidement derrière moi. Mais ce n'était que vague simulation de ta part, amusement innocent et sans conséquence. Non, tu n'es pas pédé, en effet. Lesbienne, je ne sais pas, puisque je ne suis pas une femme.

J'ai eu une façon bizarre de faire de la philosophie; une stratégie du non-désir

Je ne connais pas du tout Emmanuelle C., tu m'en as beaucoup parlé, mais je ne l'ai jamais vue. Étrangement Elisabeth F. avait dû parler de moi à Olivier C., mais je n'ai finalement jamais réussi à vraiment accrocher avec Olivier C., la faute peut-être à une décompensation psychique causée par l’absorption de cannabis. Des choses vraiment bizarres me sont arrivées en 1993, année où tu as eu ton CAPES. Je le dis et je le répète il n'y a qu'Elisabeth F. qui se soit intéressée à moi, qui a essayé de me donner confiance en moi, je me suis contenté de recevoir une caresse sur la main, et de lui faire une bise sur les joues. Et puis elle me dit que j'étais "beau garçon", moi qui me vivait comme un monstre à la limite du handicap psycho-physique, puisque mon père et ma mère ne m'avaient jamais gratifié mais au contraire rabaissé moralement ; ma mère pour des questions d'argent, mon père pour des raisons d'ego et de perversion qui lui sont propres (Cf Robert Blesbois dit "bob"). Mais bon j'avais lu Platon juste avant notre rendez-vous. Mais de ceci je lui suis reconnaissant, car sa caresse m'a fait atteindre un peu de félicité et de sérénité, et je pense encore à elle et à sa caresse, comme un moment de puissance érotique fort, parce que j'aimais cette femme, d'un amour spirituel, et que cet amour fut réciproque, je ne sais par quel miracle ; pour voir l'"enfant" qu'elle m'a fait, chers lecteurs, allez dans mon blog "Rester vivant", et reportez-vous au billet intitulé "L'évasion". Comme j’étais castré, incapable de manifester le moindre désir, car n'en ayant pas le droit ( du fait de mon histoire  familiale), je faisais tout pour susciter le désir des profs à mon égard, par exemple Jean-François N., jeune prof de philo, assez mignon, dont le message était qu'intimité, intériorité et profondeur étaient des qualités qui pouvaient beaucoup plus s'appliquer aux post-soixante-huitards que nous étions, nous autres étudiants de la fin des années 80, qu'héritiers d'un passé judéo-chrétien. Le monde à l'envers, et pourtant j'y étais presque arrivé, au point que j'avais l'impression quelquefois qu'Olivier C. ne faisait le cours que pour moi seul. J'avais l'impression qu'Elisabeth F. avait transmis le message à Olivier C. de s'intéresser à moi, idem pour Sarah K.. Mais je sentais chez cette dernière, une réticence et un dégoût mal refoulés, dû à mon comportement atypique. Tout cela peut te sembler délirant, pourtant il y a une part de vrai dedans. Tu connais le conte de la belle au bois dormant. La "belle au bois dormant" c'est moi, et je dors toujours, et crois-moi je pense n'être pas prêt de me réveiller.

Commentaire d'Emmanuel Mousset :

La belle au bois dormant ? Tu ne serais pas un peu travelo, par hasard ... ? Ne compte pas sur moi pour être le prince qui viendra te réveiller ... Je me contenterais de la bise à Emmanuelle.

jeudi 20 juin 2013

Pourquoi j'ai traité mon père de nazi à l'enterrement de mon grand-père ?

Je suis absolument seul parce que je suis coupé de ma famille, et coupé de mes pairs parce que la plupart d'entre eux ont une dette vis à vis de leurs parents et que je n'en ai aucune. Effectivement mes parents m'ont renié affectivement, mon père de manière grossière, cynique, inculte, ma mère symboliquement, au nom de la culture. Mais le résultat est le même; je n'ai pas de dettes vis-à-vis de mes parents. D'une certaine façon je suis libre, sans destin, sans le destin tragique et injuste de mon cousin, sacrifié au nom de la jouissance soixante-huitarde.
Ce que j'exprime pour ma part est évidemment trop grotesque et grossier pour être audible, notamment comment survivre lorsqu'on a vis-à-vis de rien ni personne aucune dette? C'est proprement invivable, on appelle ça le nihilisme; on n'est plus dans la vie, on fait l'expérience de la survie.
Mieux vaut de toute façon l'hypocrisie de ma mère que le cynisme de mon père, mieux vaut l’hypocrisie de la culture et du symbolique que le cynisme de l'inculture. Mieux vaut être tué symboliquement (par ma mère), que réellement (par mon père). Mieux vaut un pouvoir bourgeois (hypocrite), criminel symboliquement, que des camps d'extermination manifestations d'un pouvoir cynique et inculte. Dont le cynisme s'exprimait par cette formule à l'entrée des camps "le travail rend libre", comme si le travail pouvait servir à se débarrasser de la culture.  Comme si la culture pouvait être tuée, non symboliquement mais dans la réalité, par l'extermination de ses représentants  les plus emblématiques. Mieux vaut donc puisque nous sommes vivants la culture que l'inculture, le crime symbolique que le crime réel et cynique.
Déjà à l’enterrement du père de mon père, j'avais traité mon père de nazi devant toute sa famille, je n'ai pas changé d'opinion depuis.

Commentaire : 
Attention Erwan, tu as employé deux fois, au début de ton message, le terme "coupé", que Lacan pourrait traduire par "castré".

mardi 18 juin 2013

Pourquoi j'ai toujours refusé d'être "cultivé"?

La culture n'existe pas, seule compte la nature. Et la nature a horreur du vide. Si l'on sent que vous avez été martyrisé, cela laisse une trace dans votre nature. Cette trace est très vite repérée par d'autres qui s'empressent de s'y engouffrer. C'est pour cela qu'une blessure d'ordre intime ne guérit pratiquement dans aucun cas. Qu'est-ce que la culture, sinon un cicatrice dans la nature? L'homme veut en faire une jolie cicatrice. Mais en réalité la nature n'a pas besoin de culture, la nature se régule elle-même. Sans homme pas de culture, et la nature n'a pas besoin de l'homme, elle n'a pas besoin de culture pour s'auto-réguler. La culture est donc un déséquilibre, une "hybris" apporté par l'homme, seuls les peuples sauvages vivaient en harmonie avec la nature, seuls les sauvages étaient bons car ils ne détruisaient pas la nature, et par la même ils ne détruisaient pas leur nature.

Bien au contraire, l'homme moderne détruit la nature. D'abord il l'a fait au nom de la culture : il a commencé par tailler les arbres, puis par faire de beaux jardins carrés "à la française", il ne voulait pas détruire la nature mais la rendre plus jolie. De la même façon les philosophes ont voulu apporter de l'ordre dans la jungle du langage, ils ont voulu le géométriser et par la même occasion géométriser la nature humaine. A force de géométriser le langage on en a fait une technique, et ce qui prime désormais ce sont les techniques de la communication. Maintenant l'homme ne maîtrise plus vraiment la technique, il y a destruction de la nature et il le fait sans en avoir conscience, sous l'impulsion de la technique. Par la technique l'homme détruit la nature et sa nature, et la technique est le fruit de la culture. En gros tout cela ne sert à rien, le progrès est plutôt une mauvaise chose.

Pourquoi je dis cela? Parce que mon père a gravement attaqué ma nature, il a gravement lésé ma nature. Pour ce faire il a utilisé la technique, non pour construire, mais pour détruire, non pour valoriser autrui mais pour l'humilier. Quand j'étais petit un appareil entre les mains de mon père avait plus d'importance que votre propre existence. Maintenant la question est : est-ce la technique qui a rendu mauvais mon père, ou bien mon père était-il déjà mauvais par nature? Peut-on être mauvais par nature? Peut-on être mauvais lorsqu'on vit au plus proche de la nature? Un dérèglement génétique peut-être. Peut-être la nature est-elle mauvaise, comme le pense Lars Von Trier. Et si la nature est mauvaise, la culture ne peut qu'être mauvaise, car elle n'est qu'une expression de la nature sous d'autres modalités. Sans nature pas de culture, par contre la nature peut très bien se passer de la culture.

Lire : "L'humanité disparaîtra bon débarras." d'Yves Paccalet

vendredi 14 juin 2013

Quel est le sens du mot victime ?

Non tous les hommes ne sont pas des salauds. Le problème quand vous avez été touché dans votre intimité, quand votre intimité a été touchée par votre propre père. C'est qu'ensuite il y a quelque chose de très abîmé. Ce n'est pas que les hommes détestent foncièrement ce qui est abîmé. C'est que le monde est déjà compliqué avec un tas de rapports de forces qui s'expriment. Un être humain n'est jamais seul, à travers lui s'expriment un tas d'ancêtres notamment. Alors si en plus vous avez été trahi par votre propre famille, vous êtes quasiment foutu. Vous n'exprimez plus une image cohérente lisible pour les autres. Et les autres répètent alors sur votre personne le mal que votre propre famille a exercé sur vous. Effectivement, il est plus confortable d'appartenir à une catégorie sociale, y compris de victimes : il y a alors une lisibilité de lecture pour les autres. Être un Arabe, un Noir, un Juif ou un prolétaire, c'est déjà entrer dans une catégorie de victime, qui bénéficie d'une reconnaissance sociale. Être la victime de votre propre famille, c'est entrer dans aucune catégorie. Vous êtes seul, personne ne vous aidera. C'est la catégorie que je nomme, les incurables. Comme il n'y a pas de solution pour cette catégorie, je propose cyniquement "de leur tirer une balle dans la nuque."
Si vous êtes une victime au sein de votre propre famille, cela devient très compliqué : vous avez alors plusieurs solutions. Devenir un Breivik ou un Merah et faire des carnages de vos concitoyens. Assassiner votre propre famille. Vous suicider. Option 4, la plus dure, sublimer votre délabrement en talent ou mieux encore en génie.

dimanche 9 juin 2013

Y-a-t-il en France un problème d'insécurité et d'immigration?



Ainsi tu es un homme phallique, un homme érigé, un homme de pouvoir. Le génie est une alchimie subtile, un mélange d’affects souvent contradictoires, sache que la drogue est l’ennemie absolue du génie, dis-le à tes élèves. Ce qui a fait le plus mon malheur ce n’est ni la psychologie individuelle, ni le fait de me soucier du regard des autres ; c’est la drogue (le cannabis pour être précis). Mais passons, c’est vrai que j’ai une mentalité très petite bourgeoise, avec ce que tu m’as dit j’en ai pris conscience.
Mais venons-en à l’immigration et à l’insécurité, penses-tu que ce ne sont pas de réels problèmes ? J’ai vécu à Sevran 10 ans : impôts locaux exorbitants, laideur de l’habitat, classes ingérables, violences incessantes il faut bien le dire, trafic de drogue. En tant qu’enseignant je peux te dire que la mixité sociale existe de moins en moins. Les « français de souche » fuient les immigrés, même à Rennes. Je suis dans une école où il n’y a que des enfants issus de l’immigration ici à Rennes. Il y a un discours de tolérance, d’accueil des immigrés ; mais dans la réalité même les Français dits de gauche ne veulent pas que leurs enfants soient dans ces écoles où il n’y a que des immigrés et où le niveau est très faible.
Alors oui face à cette exclusion, la violence et la haine ne vont cesser de monter de la part de ces quartiers qui deviennent des ghettos. Oui j’ai fuit Sevran pour sauver ma peau et celle de ma famille. Oui je pense qu’une quasi guerre civile est possible.
Que compte faire la gauche pour désenclaver le 93 ? Et j’irais même plus loin, certes je suis pour la libre circulation des personnes ; mais réellement la France a-t-elle vocation à continuer à accueillir toujours plus de misère, dont elle ne sait que faire ? N’y a-t-il pas un moment où l’on doit dire stop à l’immigration, il y en a assez, il faut faire l’effort d’intégrer ceux qui sont là, qui sont déjà très nombreux ; sans être un fasciste ?

Un homme de gauche comme moi peut se donner bonne conscience en étant enseignant dans ces quartiers « populaire » (« populaire » voulant dire désormais à majorité d’origine africaine - Maghreb et Afrique noire pour être précis, et j’ajouterais les plus virulents sont les Algériens, mais passons, puisque dans notre République on n’a pas le droit d’appeler un chat un chat - et très pauvre) ; mais il ne peut pas supporter l’idée que ses enfants soient instruits dans ce genre d’école. Il y a là un non dit collectif, et c’est très grave et c’est pourtant la réalité.

D'accord, il y a des fascistes (d'ailleurs les 20 % qui vote Marine Le Pen sont ils tous des fascistes, et comment expliquer que l'UMP flirte avec ce fascisme, serions nous dans une situation comme dans les années 30?). Mais que penser de l'hypocrisie d'une certaine gauche, qui via des journaux comme le nouvel obs, ne cesse d'établir des classements entre bonnes écoles et mauvaises écoles, et accroit ainsi considérablement la ghettoïsation des quartiers pauvres. De tels classements ne devraient ils pas être interdits, tout comme il est interdit en France contrairement aux Etats Unis, d'établir des statistiques concernant les Français en fonction de leur origine. La République rejette la discrimination en mots, mais en actes que fait-elle? 

Critique : Non, pour moi insécurité et immigration ne sont pas des problèmes, mais des fantasmes de faibles.


Dieu et les génies

A l'époque où il y avait des génies, les gens croyaient en dieu. Et les génies pouvaient penser que dieu pensait constamment à eux. Maintenant, ce n'est plus possible. Et les génies ont laissé place aux psychotiques ; par contre les gens sont en moyenne beaucoup plus intelligents qu'à l'époque où l'on croyait en dieu. L'époque n'a plus besoin de génies, le langage mathématique a supplanté dieu. Les résultats sont là : l'homme moyen est tout puissant. L'homme normal est tout puissant. Le monde est un jouet entre les mains du petit-bourgeois.

Commentaire : D'où la victoire de François Hollande.

Le centre du monde ?


C'est un trait de mon caractère de penser que je suis le centre du monde. Cioran décrit très bien ce phénomène : quand on à affaire à un problème d'ordre intime (moi il s'agit de mon conflit avec le père), on pense que ce problème est le plus important du monde, et cela peut déboucher au mieux sur des grandes questions métaphysiques et même sur le génie.
Au pire sur la psychose, d'ailleurs les psychiatres sont là pour vous expliquer que ce que vous prenez pour du génie n'est que de la psychose. Et en plus il faut les payer pour ça. Résultat : le monde post soixante-huitard, si pauvre en génies, et si riche en internés, suicidés, et autres démunis, voire clochards. Merci qui, merci qui ? Merci Freud. Peut-être ne voulait-il pas ce résultat, mais le résultat est là. Malgré le combat de Deleuze contre l'Œdipe, et la tentative de réhabilitation ou tout au moins de considération de la folie, par Foucault, Deleuze et même Lacan.
Ils ont échoué, et la société de contrôle par la psychiatrie est plus forte que jamais. Qui parle encore d’anti-psychiatrie ? 

Critique : C'est naïf de dire qu'untel ou untel a échoué. La seule chose qui fait échouer c'est le manque de désir. Or les trois que tu cites ont manqué de tout sauf de désir. D'ailleurs les as-tu seulement lus?
                                                                                             

dimanche 2 juin 2013

Hamlet


« Être ou ne pas être » disait Shakespeare. Il est évidemment beaucoup plus facile de ne pas être. Être, c’est être libre. Ne pas être c’est appartenir au troupeau, troupeau qui a toujours un destin. Les moutons que décrit Rabelais et qui se jettent tous dans le ravin. Être libre, c’est l’assurance d’avoir un tas d’ennemis. Il suffit d’être pour avoir des ennemis. Il suffit de ne pas être, d’appartenir au troupeau pour détester tous ceux qui sont. Mon père m’a haï, parce que j’ai été.

Monde de merde


En fait je ne suis pas de taille à supporter d’avoir des ennemis, mon corps ne le supporte pas. Comme Kaufman me le laissait entendre, ma vie était un préjugé de faible. J’ai eu une chance, mon corps avait changé, j’avais 25 ans. Mais je n’ai pas su saisir ma chance. Ma vie aura été une expérience désagréable. Je m’accroche à un faible espoir, mais non je crois que le destin aura été le plus fort. Eh oui, je suis un faible, parce que je suis fragile psychologiquement, je ressasse le passé, mais le passé a été le passé et il conditionne mon présent. Je suis bel et bien un ectoplasme. Mais allez vous faire foutre, vous les forts, les sans destins, votre vie est moche. Elle pue la merde et le crime. J’en arrive à ressentir toute présence humaine comme profondément scatologique. C’est un trait autistique. « Monde de merde ».

Je suis souvent à ruminer plus que des idées de suicide, des idées de meurtre, qui je pourrais tuer comme ils m’ont tué dans la famille de mon père. Qui je pourrais tuer donc, ma mère, mon père, mon demi-frère, un ami de ma mère ? Un intellectuel reconnu, un sans destin éternel, comme le sont souvent les intellectuels, pour me venger des amis de ma mère, qui avec leur ironie mordante, ne savaient peut-être pas qu’ils me tuaient à petit feu, prolongeaient en quelque sorte le crime que commettait déjà, mon père sur ma personne. Car pas un des amis intellectuels ou non-intellectuels de ma mère ne m’a aidé, au contraire ils m’ont enfoncé quand ils me sentaient le plus fragile. Quand ils venaient jouer la comédie sociale chez ma mère, qui faisait porte ouverte pour toute cette élite intellectuelle qui venait parader ; et moi au milieu de tout ça j’étais la victime toute désignée, la victime de ce jeu dont le meurtre du faible, du fragile, est la règle. Le rôle des profs de philo devrait être notamment de porter un revolver sur eux, de repérer les incurables agonisants, et de leur tirer une balle dans la nuque en plein cours, pour montrer l’exemple aux autres élèves de ce qu’il ne faut pas être. Mais vous êtes trop lâches pour ça, même si parfois vous en avez le secret désir. Je suis tellement méchant Emmanuel, que je te souhaite de connaître l’agonie de ton vivant, à ce moment là tu comprendras que toi aussi tu avais un destin. Ton monde pue Emmanuel !

Critique :

« Relire Nietzsche et Hegel : les faibles, au final, sont toujours les gagnants et les forts sacrifiés. Tu as beaucoup de chance dans ton malheur. » 

Dans ce cas cela revient à dire que Hitler était un fort qui a été sacrifié. Quant à Jésus, cela revient à dire qu’il était lui aussi un fort. D’ailleurs je pense que Hitler et Jésus ont pas mal de points communs, des faibles physiologiquement, souffrants sans doute d’impuissance ; mais des forts en ce qu’ils dominaient et dirigeaient le troupeau. Les faibles c’est toujours le troupeau.
 

samedi 25 mai 2013

L'espace du possible

Vu mon histoire j’aurais dû être homosexuel. Mais dans un moment précis, le moment de ma puberté, et dans un lieu précis, appelé « l’espace du possible », géré par un certain Yves Donnars que connaît bien Houellebecq. Mon père a rencontré Martine, de leur amour est née ma soif des femmes. Donc il y a des choses que je dois à mon père.

Critique :  La soif ne doit pas rendre alcoolique.

Jésus Christ

Jésus Christ est le plus grand exhibitionniste de l'histoire de l'humanité. Au lieu d'exhiber son sexe, il a eu le désir tragique d'exhiber sa mort. Peut-être aurait-il mieux valu qu'il n'exhibe que son sexe !

Critique :  Le sexe est fait pour être érigé, non pour être exhibé (exhibition, inhibition).

mercredi 22 mai 2013

Mythomanies d'un Breton

Emmanuel, il faut que je te dise la vérité. Je vais beaucoup mieux depuis que j'habite en Bretagne, je n'arrive pas à y croire moi-même. Non je ne prends presque plus de médicaments. Peut-être encore un tranquillisant par semaine et encore. Oui j'aime mon travail, et j'arrive à m'investir à fond dedans. J'ai encore des petits immigrés, que des petits immigrés dans ma classe. Mais ici ce n'est pas pareil. Je vis cette situation comme un miracle. Il y a eu plusieurs renaissances dans ma vie. En 1983 : le grand amour en Angleterre avec une fille au physique sublime. 1993 : j'ai mis tout mon désir dans la personne d'Elisabeth de Fontenay, de cette relation est sorti un texte prophétique, cela a été comme un électrochoc. J'ai saboté cette chance en fumant un joint : décompensation.
2003 : j'ai rencontré Caroline, une femme que j'aime et qui m'aime, avec Nanette, ça ne marchait pas.
2013 : mutation en Bretagne, métamorphose spirituelle.
Mais attention, tout cela est fragile, mon père rôde encore. Tu l'auras deviné c'est lui le grand pervers auquel je fais toujours référence par l'intermédiaire d'autres personnes : DSK, Polanski, Matzneff, Depardieu, Cahuzac, ne sont que des figures de mon père que je cherche à exorciser.
Tu remarqueras que tout évènement marquant se produit au cours d’un cycle de 10 ans, comme pour Ulysse. La guerre de Troie a duré 10 ans, l’odyssée a duré 10 ans. Oui Emmanuel tu l’auras deviné je suis un Grec. D’ailleurs je vais te faire une confidence, ne le répète à personne : les Bretons sont les Grecs de la France. Je vais encore te dire une chose qui va peut-être t’étonner : Victor Hugo malgré sa critique des Bretons arriérés était lui-même d’origine bretonne par sa mère. Descartes est considéré par Michelet comme un écrivain breton. Je vais te dire le grand secret Emmanuel : l’origine de la philosophie occidentale est née d’une dialectique entre la Bretagne par Descartes et le peuple juif par l’intermédiaire de Spinoza. La Bretagne a donné l’élan : le langage mathématique ou philosophique, Spinoza en a fait une théorie des affects sous une forme mathématique. Finalement les Juifs ont répété une vieille histoire, ils ont trouvé dans les Bretons, les Grecs dont ils avaient besoin. Je vais encore te dire un autre secret : les Juifs adorent les Bretonnes. Je te le dis parce que ma mère a beaucoup d’amis juifs qui sont souvent médecins. Eh bien une bonne partie d’entre eux sont avec des bretonnes. Je n’ai plus de ressentiment depuis que je vis en Bretagne, je suis sur la terre de mes ancêtres. 
La drogue ne rend jamais plus fort, elle affaiblit ; mais elle est intéressante en tant qu'elle révèle des faiblesses, des carences cachées depuis l'enfance. Elle peut permettre de virer de bord, et de tracer de nouvelles lignes de fuites.

Critique :  C'est intéressant. Mais moi, je suis Berrichon.

Prolétaires et bourgeois

Moi je ne sais pas si je suis un bourgeois. En tout cas je vais te dire ce que je pense des prolétaires, je pense que ce sont des brutes. Mon père était d'origine prolétaire. Les prolétaires maltraitent leurs enfants, ils sont alcooliques. Tu as eu de la chance de ne pas avoir eu de père. Un père prolétaire, c'est l'assurance de devenir un pauvre type alcoolique avec un métier minable. A l'échelle d'un pays, donner le pouvoir aux prolétaires, cela donne Staline, des millions de morts. Quand tu étais jeune, les prolétaires étaient à la mode, avec Sartre, Deleuze... Cela t'a donné une impulsion, à Depardieu aussi, on voit le résultat, un alcoolique russophile, sans doute nostalgique de Staline. Ils ont sans doute des circonstances atténuantes, ils ont été exploités, humiliés pendant 200 ans. Mais ce sont des incurables. Je préfère mille fois le monde paysan, cruel certes mais sain, au monde prolétaire, alcoolique violent et dégénéré. Je comprends pourquoi ma mère a quitté mon père pour rejoindre un confort bourgeois, certes exploiteur hypocrite et injuste; mais moins maltraitant. Je n'aime pas les bourgeois car je pense qu'ils sont responsables de la misère des prolétaires. Mais à choisir, je préfère un pays dirigé par des bourgeois, comme le nôtre, que par des brutes incurables et maltraitantes. Dans une société idéale, il faudrait supprimer le prolétariat, donner les tâches ingrates à des machines. Quelle idée de con, la dictature du prolétariat ! Il faudrait aussi supprimer la bourgeoisie, cette hypocrisie, ce mépris des pauvres.

Critique :
Ton tableau, quoique brut de décoffrage, est  assez juste. Mais ton indulgence pour les paysans est une petite faiblesse. Ceci dit, il y a un terme central qui contient une vérité essentielle : "circonstances atténuantes" pour les prolétaires. Tu aurais dû pousser plus loin la réflexion : circonstances aggravantes pour les bourgeois.

lundi 20 mai 2013

Mon destin était-il de mourir jeune ?

Oui mon billet précédent était un texte équilibré, mais ce n’est pas un texte qui sauve, un texte qui sauve, c’est un texte plein de passion ; le problème on peut s’y perdre. Bien ta stratégie de participer à la vie publique, cela fait de toi un être vivant. Pour ma part avec mes collègues, je m’extériorise un peu. Je leur dit que mon père m’a brisé lorsque j’avais entre 16 et 19 ans, que mon cousin germain s’est suicidé. Ai-je raison ou tort ? En tout cas je sais désormais que je peux me passer de psychanalyse. La meilleure des thérapies est d’être vivant. Houellebecq, tu remarqueras que quand il n’était pas encore très connu, il avait un visage doux, de timide. Depuis il s’est fait un tas d’ennemis, et je trouve qu’il a désormais un peu le visage du diable. As-tu le visage du diable ?
Je sais bien que le destin c’est du flan. Il y a quand même des lignes directrices. Très dur d’en sortir. On y est obligé lorsqu’on doit sauver sa peau. Mais lorsqu’on a eu un papa et une maman normaux, pourquoi ferait-on le moindre effort ? Moi j’ai fait des efforts insensés, juste pour ne pas mourir, et c’est finalement mon cousin germain qui s’est suicidé. Il s’est pris en pleine tête, la balle que mon père me destinait, ceci dit métaphoriquement. Bien fait pour eux à ces salauds qui ne m’ont pas aidé. Ma tante ne s’en est jamais remise, elle est sous médicaments, le père de mon cousin a sombré dans l’alcoolisme, il est mort. Oui j’ai presque une joie de penser que le malheur m’a épargné et a touché mon cousin, que j’appréciais pourtant et qui s’est tout pris dans la gueule. Dans un moment de grande détresse il est allé voir mon père qui vivait aux Antilles : je ne sais pas ce qui s’est passé exactement. Je sais que mon père l’a foutu à la porte, l’a raccompagné en France. Quelques jours plus tard, il se suicidait. Etrange coïncidence ! Dans la famille de mon père, ils ont tous pris son parti, ils pensaient qu’il était le plus fort, ils en avaient peur.

Critique : Il n'y a pas de papa et maman "normaux". Les tiens sont simplement plus originaux que la moyenne.

Ce que j'ai dit à un prof de philo

De toute façon, je n'ai aucun complexe vis à vis de toi, j'estime faire mon métier maintenant, aussi bien que toi. Il y a bien sûr le prestige du prof de philo, que je n'ai pas ; à la limite ça me met à l’abri. Les salaires sont à peu près les mêmes.
Ton activité politique, je ne l'envie pas.
Quant à ma vie sexuelle et familiale, elle est beaucoup plus riche que la tienne, ça entre en ligne de compte ça aussi, ça joue sur le moral. Beaucoup de philosophes sont morts d'avoir eu une vie affective trop pauvre.
Il y a aussi l’endroit où je vis. Important de vivre à la campagne, de pouvoir décompresser du rythme de la machine.
Il y a aussi le fait que je me suis construit une famille, ma femme et mes enfants sont plus que des amis. J’ai quelques amis, amitiés que j’entretiens depuis longtemps, avant que je te connaisse. Ma mère je ne peux même pas la considérer comme une amie, au mieux quelquefois comme une alliée. Mon père est mon adversaire, mais il est désormais inoffensif. Sauf dans ma tête, et là en tant qu’il cohabite avec moi, je dois m’en méfier.

samedi 18 mai 2013

Que penser des débordements des supporters du PSG?



Le sport a ses racines dans la civilisation grecque. Le sport est une école de rivalité. La rivalité est ce qui fonde la société. La relation sexuelle elle-même est une forme d’activité sportive (puisque le sport prépare à la guerre, et que la relation entre deux personnes de sexes opposés s’assimile à une guerre des sexes, qui peut déboucher sur l’amour.). Je pense que le sport est une très bonne chose. C’est un entraînement qui prépare à la guerre : je parle évidemment de civilisation plus archaïques que la nôtre c’était le cas dans la Grèce antique, où le sport préparait à la guerre, et où la guerre n’était pas une si mauvaise chose, car la technologie n’était pas assez développée pour que la guerre soit vraiment une activité dangereuse pour l’ensemble de l’humanité. Au contraire elle permettait d’affirmer les caractères. Socrate n’était-il pas lui-même un excellent combattant ?
Pour ce qui est de notre civilisation : les dérives du sport très certainement dépassent ses bienfaits. Salaires exorbitants, dopage, violences des supporters, surmédiatisation : oui tout cela est insupportable, et aussi parce que l’on ne peut plus aujourd’hui cautionner la guerre. Du point de vue de l’imagination le sport peut toutefois avoir encore de grandes vertus : quoi de plus beau qu’un match de rugby ? Au niveau esthétique : ce rappel incessant de la vieille rivalité franco-anglaise. On voit un match de rugby et l’on se rappelle Du Guesclin, Jeanne d’Arc, Surcouf. L’arrogance anglaise, la résistance bretonne, le panache des Gascons, les trois mousquetaires.
Il faudrait juste réformer le sport ; mais à travers cette réforme c’est l’ensemble de nos conditions d’existence qu’il faudrait réformer.

mardi 8 janvier 2013

Lettre à Emmanuel Mousset


Lettre à Emmanuel Mousset :


  « Ce qui est frappant à la lecture de ton blog et de ton livre, c’est à quel point tu sembles aimer les gens. La puissance de ton engagement militant et de ton implication dans ta carrière te vient sans doute de cette simplicité, de ce contact franc et sécure avec les gens, bref de cet amour et curiosité pour les autres. C’est ce qui explique la force de ton désir de réussir. Pourtant quand nous faisions nos études de philosophie je ne conserve pas le souvenir d’une telle affection pour les autres étudiants. Mais je crois avoir compris le problème. A la fac nous étions entourés principalement de jeunes bourgeois et petit-bourgeois, tu ne te sentais pas à l’aise. J’ai cru comprendre que tu as été élevé par ta mère, elle-même issue d’un milieu très populaire voire défavorisé. Mais comme dirait Cyrulnik, je pense qu’elle t’a apporté un attachement sécure, et naturellement dans un milieu populaire on est plus solidaire on se serre les coudes, ce qui explique peut-être ton amour naturel ou au moins ta simplicité au contact des gens, et la force de ton engagement même si il est illusoire (illusion qui est propre à tout engagement, que nous croyons sincère, basé sur des principes, alors qu’il ne dépend que de la force de notre désir). Nous autres bourgeois et petit-bourgeois nous avons été élevés dans l’amour-propre, dans la comparaison et la jalousie envers les autres bourgeois et petit-bourgeois, les gens du peuple sont méprisés, nous ne nous comparons pas à eux, ils n’existent pas, peut-être était-ce un peu ce que tu ressentais à la fac. Pour ma part je suis issu d’un milieu petit-bourgeois, mais mon père est un pervers (narcissique) et ma mère ne m’a apporté aucun attachement sécure à cause d’un vide affectif d’une indifférence et d’un égoïsme qui lui est consubstantiel. Pour le dire vite et bien, ma mère ne m’a jamais aimé et ne m’aimera jamais. D’ailleurs elle ne sait pas aimer, elle ne sait qu’admirer et envier beaucoup les gens brillants qui appartiennent généralement à une bourgeoisie cultivée qui la fascine. Pour ma part je suis médiocre, comment pourrais-je intéresser ma mère ? Elle-même est issue d’un milieu très populaire et rural et joue les bourgeoises cool et bobo, origines qu’elle cherche à tout prix à camoufler, je suis ce qui la trahi, voilà pourquoi elle a toujours cherché à me cacher aux yeux de ses amis car elle avait honte de moi, je lui rappelais ses propres origines. Je souffre donc d’un attachement insécure, qui m’empêche de me développer dans quelque domaine que ce soit, qui me fait être dépressif et anxieux. En plus je suis le dernier des petit-bourgeois, car ma mère m’a toujours dévalorisé en me comparant à mes petits camarades qui étaient toujours mieux que moi, normal, c’était les enfants de vrais bourgeois, eux !
  Quant à toi, je t’ai vu sur une photo avec Comte-Sponville. Félicitations, tu sembles bien épanoui, peut-être plus que lui, il faut dire que tu es un homme du peuple, simple, alors que lui aussi a dû souffrir de la solitude de l’amour-propre et de la comparaison que ressens tout bourgeois ou petit-bourgeois ; même si il était le premier, cela n’empêche pas la solitude.»