mardi 27 juin 2017

Hamon et les robots


Qu'est ce que tu veux que je te dise Emmanuel, le libéralisme politique c'est très bien, mais le libéralisme économique ça marche pas, c'est trop cruel et inhumain, je le sais c'est "par delà bien et mal", mais c'est là justement tout le problème. "Humain trop humain" disait Nietzsche, mais jusqu'à preuve du contraire, que peut-on être d'autre qu'humain ? Un insecte ?
De plus le libéralisme économique n'a pas besoin du libéralisme politique, et je prédis que d'ici peu nous seront gouvernés par des Etats policiers et répressifs qui remettront en cause les libertés individuelles mais pas le fonctionnement libérale et dérégulé de l'économie.
D'ailleurs une des premières expériences du néolibéralisme avait été menée dans le Chili de Pinochet sous l'impulsion de Thatcher, où les gens manquaient de liberté, Dame de Fer qui a toujours gardé avec Pinochet des liens étroits.
Le pouvoir ? Comme si il n'y en avait plus ! Tu es bien naïf : ce n'est plus le pouvoir de l'église mais le pouvoir de l'argent. Les guerres on les a exportées au Moyen-Orient, va dire à ces populations qu'il n'y a plus de guerres, plus de pouvoir, que nous sommes tous libres et égaux dans un fabuleux monde libertaire où règne le libéralisme politique !
Il n'y a peut-être pas de classes sociales, j'ai peut-être de la condescendance pour les ouvriers et les paysans mais les quelques 2000 personnes les plus riches du monde ont une fortune totale estimée à environ 7 670 milliard de dollars, soit 3 fois le PIB de la France et un peu moins de la moitié du PIB des Etats-Unis. Tout notre système économique libéral a pour finalité l'enrichissement toujours plus indécent de cette caste qui crée de la richesse je ne le nie pas (à moins de dire comme Proudhon que "la propriété c'est le vol"). C'est un système à structure pyramidale, où la grande masse des populations doit se contenter des miettes qui tombent parcimonieusement de ces gâteaux colossaux. Plus on est bas dans l'échelle sociale, plus on doit supporter le poids du fardeau, ceux qui sont au sommet de la pyramide doivent se sentir légers comme des oiseaux. On commence seulement à atteindre le stade ultime du libéralisme où se pose de façon urgente la question de savoir comment gérer le problème d'une croissance illimitée dans un monde fini. Macron n'est pas une réponse c'est une juste une innovation qui a poussé sur les ruines du PS. Hulot n'est qu'un signal destiné à rassurer les inquiets, mais qui ne pourra rien régler à moins de sortir du paradigme du libéralisme : ce qui est hors de question pour l'ensemble de l'intelligentsia occidentale hormis quelques lanceurs d'alerte que l'on prend pour des fous.
Emmanuel Mousset a la chance de ne pas avoir reçu un héritage bobo, il est donc en phase avec une majorité de gens, avec le sens commun français qui est majoritairement de sensibilité catholique de manière inconsciente, non pratiquante, mais encore vivante. Cela lui donne (à Emmanuel Mousset) une force intérieure extraordinaire, il avait prédit l'élection de Macron avant tous les autres et avec une certitude sans failles. Emmanuel Mousset a bien compris que durant presque 2000 ans les gens ont craint et redouté la nature, mais qu'avec leur religion et leur philosophie occidentales ils l'ont affrontée et finalement vaincue, et donc que désormais ils sont en droit de la mépriser, puisqu'ils n'en ont plus peur et qu'elle n'apparaît plus si terrible, ça c'est le bon sens (de là à dire qu'elle est une "merde" méprisable, c'est un peu excessif mais cela en dit un peu sur l'aspect un rien inquiétant du personnage).
Seulement voilà, le programme du libéralisme postule une croissance illimitée, comme un dogme, dans un monde fini, quelle que soit la façon dont on retourne le problème, la nature est comme la branche sur laquelle l'humanité est assise et qu'elle est en train de scier ; à moins de renoncer au libéralisme.
Je crois que le système libéral dépasse nos élites politiques, c'est un système pris dans une spirale d'innovations qui engendrent l'enrichissement toujours plus grand des innovateurs (Les milliardaires, ou dans un idiome politiquement correct les "créateurs de richesses", ou encore ceux qui détiennent la propriété privée de l'appareil de production).
Innover consiste de plus en plus à supprimer des postes pour les remplacer par des robots. Pour innover les patrons demandent à payer moins de charges sociales, et l'austérité pèse avant tout sur les bas et moyens salaires, et sur la fonction publique. L'austérité entraîne des suppressions de postes de fonctionnaires, et la robotisation remplace les employés peu qualifiés. L'innovation actuelle tend donc à supprimer des postes sur deux fronts : celui des emplois peu qualifiés et celui de la fonction publique.
Le problème est aussi que les milliardaires sont comme les rois de la féodalités, des égoïstes aux egos surdimensionnés, ils ne sont pas prêts à partager quoi que ce soit car comme les rois ils s'estiment dépositaires d'une sorte de "droit divin". Ce "droit divin" leur est conféré par la structure pyramidale du système libérale, ils sont effectivement au sommet de la montagne, bien plus haut que nos gouvernants qui sont de simples exécutants de la machine. Ils tirent en outre le plus souvent leur légitimité d'une innovation et donc d'un produit qu'ils ont imaginé et créé, ils ne sont pas de simples héritiers ou de simples propriétaires, il faut avouer qu'ils sont aussi des créateurs au sens noble, comme dans l'esprit de Nietzsche quand il valorise ce mot.
Bref tout ça pour dire que le travail va tendre à disparaître, et que donc non Hamon n'est pas un sot quand il propose de taxer les robots et de redistribuer tout cet argent à l'ensemble de la société. Hamon est un très mauvais stratège politique, c'est un benêt, mais Mélenchon et lui devraient s'allier sur le plan des idées, car Hamon en a des bonnes.
Macron est un bon élève sans aucune imagination qui veut bien faire son job, c'est-à-dire se contenter de bien huiler la machine. Et c'est aussi un stratège politique. Donc rien à attendre de lui pour lutter contre les injustices sociales suscitées par l'innovation.
Il faut distinguer entre les robots domestiques et les robots d'usines ou même de centres commerciaux qui remplacent déjà les caissières, et ainsi apportent de la valeur ajoutée à l'entreprise et permettent de supprimer de la main d'œuvre qui a un coût. Le robot a lui aussi un coût qui constitue un investissement, mais au bout de quelques mois ou quelques année il est rentabilisé. Il aura permis de faire le même travail qu'un humain mais en ayant moins dépensé d'argent au final. Cela permettra à l'Entreprise de dégager des bénéfices sous formes de dividendes qui seront reversés aux actionnaires et aux dirigeants, pendant que l'on demandera aux salariés de faire toujours plus de sacrifices au niveau des salaires pour pouvoir dégager encore plus de bénéfices qui stimuleront l'investissement. Investissement qui permettra de concevoir de nouveaux robots, qui remplaceront à leur tour de la main d'œuvre qui a un coût, etc.
Comprenons-nous bien, les robots et les salariés sont un moyen dans un système où la finalité est l'enrichissement des riches. Plus on supprime des emplois, plus on investit dans des robots plus les riches s'enrichissent, c'est pour cela et ce ne serait que justice, qu'il faudrait taxer les robots, ne serait-ce que pour indemniser ceux qui perdent leur emploi. Pour Emmanuel Mousset le système est vertueux car lui-même y trouve à s'épanouir, et généralisant à partir de son cas particulier il estime qu'il en est de même pour le reste des Hommes, ou feint de l'estimer. Moi je considère qu'il est pervers, d'abord parce que je n'y trouve pas matière à m'épanouir et ensuite parce que dans un tel système l'Homme en général n'est pas considéré comme une fin mais comme un moyen, en désaccord total avec la morale kantienne. Les seuls individus considérés comme une fin sont les milliardaires, ce qui les met à part de l'espèce humaine, ils sont de quasi dieux.
Pendant que l'humanité considérée comme un moyen vit sous la contrainte, dans la servitude et dans la guerre de tous contre tous, une petite minorité vit dans le luxe, l'opulence et le mépris des gens ordinaires, elle se vit comme une fin, les rapports y sont humains, courtois entre personne dignes du même respect et estimables : cela ne vous rappelle rien ? Oui l'Ancien Régime, tout à fait ! Tout est à refaire ou bien on continue comme ça jusqu'au rinçage intégral des gens ordinaires qui ont l'interdiction de penser autrement qu'en terme de consentement à leur servitude volontaire au nom du dogme du politiquement correct, qui les pousse à voter contre leur intérêt, motivés par un vieux fond de décence commune que leurs dirigeants cyniques et intéressés n'ont plus. Le Prince (Macron), étant le plus machiavélique des citoyens.


samedi 24 juin 2017

La structure pyramidale de la société


Et toi qui ironisais sur Philippe et moi lorsque nous prédisions la mort du PS il y a environ 6 mois ou un peu plus ! Qui avait raison avec le recul, hein qui ? Reconnais au moins ta défaite sur le plan des idées sur ce point précis. Il était évident que deux partis de même idéologie libérale-libertaire comme la REM et le PS ne pouvaient coexister ensemble, et Mélenchon n'a aucune responsabilité dans la disparition d'un des deux clones, puisque lui propose une offre politique différente de sensibilité sociale-libertaire. On pourrait aussi voir la nouvelle dichotomie qui se dessine, entre les sociaux-souverainistes (de droite et de gauche, FN et FI) contre les libéraux-mondialistes de droite et de gauche (LR et la REM). Reste que l'antagonisme idéologique entre FN et FI ne permettra sans doute jamais leur alliance, si c'était le cas on parlerait alors certainement d'une coalition "populiste rouge-brune" avec dégoût de la part des médias censés nous informer avec neutralité sans parti pris idéologique libéral (le libéralisme étant un genre de dogme nous garantissant selon la doxa : "le moindre mal").
Ce qui laisse certainement encore de beaux jours à la coalition de la REM avec les constructivistes de droite. Il serait logique que ce qu'il reste de l'aile droitière de LR, disparaisse à terme, supplanté par le discours plus radical concernant la question de l'immigration proposé par le FN. C'est d'ailleurs la question de l'immigration et du sort des migrants qui ne mettra certainement jamais d'accord le FN et la FI, bien que les points de convergence entre ces deux partis soient selon moi plus grands que leurs points de désaccord.

C'est une société de pairs, donc une société sans "père". Avec un fils prodige qui gouverne ses aînés qui ont voté pour lui, mais selon "leurs" valeurs c'est-à-dire les valeurs libérale libertaires issues de mai 68. Il est d'autant plus en phase et à l'écoute de "leurs" valeurs, que le "fils" a épousé la "mère" (Brigitte ou la génération des "baby boomers" et ses valeurs), et donc in fine tué le "père" (le clivage traditionnel gauche/droite)... CQFD ! C'est un cas un peu inquiétant où la société incapable de se renouveler par sa jeunesse a porté au pouvoir un "fils" qui incarne les valeurs de la génération précédente, c'est-à-dire toujours et encore celles des "baby-boomers." Seuls les Etats-Unis pour l'instant ont choisi de sortir de ce dogmatisme politiquement correct, en élisant à la tête de l'Etat un "cow-boy" issu des années 50. Les Nords-Américains ont choisi de renouer avec une figure virile et paternelle, d'après les échos qu'on en a en Europe c'est une catastrophe. Quant à Macron ce pourrait être un désastre...

Le libéralisme c'est la "guerre de tous contre tous" dans les rapports humains. La mort de l'idée de communauté et de rapports décents entre les gens, et même la division des familles. Je veux bien que cette situation ait pu te servir d'aiguillon dans ton cas particuliers, mais ne généralise pas ses "bienfaits" sur l'ensemble de la société qui ne sait plus faire corps que lors de grands événements sportifs. Ou alors faut-il te rappeler le statut particulièrement favorable dont tu jouis, même si cette idée te déplaît profondément ? Le courage dont tu as su faire preuve pour te hisser à une position dominante ne t’exonère pas d'éprouver un minimum de compassion et de compréhension pour ceux qui n'ont pas eu ta chance. Pour t'excuser je mettrai sur le compte de l'humour le fait que tu feignes de ne pas percevoir, au delà de son injustice intrinsèque, les ravages du libéralisme.
Il n'y a pas pire mal que le libéralisme, puisque depuis maintenant 300 ans il porte tous les autres maux, comme le fascisme ou le communisme qui en sont des conséquences par réaction. Un libéralisme pondéré par l'Etat-Providence a aboutit aux "trentes glorieuses" que tu n'aimes pas trop, mais qui a culminé dans le mouvement libertaire de Mai 68 que tu aimes ; le virage ultra-libéral sans la pondération de l'Etat-providence, dont la destruction fut programmée dans les années 80, sous l'impulsion de Thatcher, de Reagan et de Mitterrand en France aboutit à la situation actuelle. Il faut vraiment avoir de "la merde dans les yeux", ou faire preuve d'une mauvaise foi énorme, pour ne pas voir la différence entre les années 70 en France (période de création et de prospérité) et notre époque (période de dogmatisme politiquement correct et de misère).

Enfin dernier argument contre le libéralisme, il porte en lui l'idée d'une croissance infinie et d'un progrès illimitée, dans un monde fini. Une telle position, dont nous commençons à percevoir les dégâts sur l'environnement est intenable. Mais ce n'est qu'un début si rien n'est fait pour réguler et atténuer, là où "la main invisible" et le vice particulier des gens poursuivant leur propre intérêt sans aucun idéal collectif, sont les seuls argument tenus par les idéologues libéraux pour justifier leur doctrine.
Comme si du vice et de la cruauté dans les rapports humains (même si il n'est pas fait mention de la cruauté dans la doctrine d'Adam Smith et de ses émules, le vice aboutit toujours à un genre de cruauté) qui aboutissent toujours à un genre de bêtise (comme on la voit aujourd'hui s'exprimer de façon grossière à la télévision notamment), pouvait jaillir la vertu collective : c'est pourtant un concept central de l'idéologie libérale totalement démenti par la réalité. Non je le répète ce n'est pas le mérite qui fait la différence entre les gens, en régime d'oligarchie libérale qui ne repose pas sur un contrat vertueux entre les gens, c'est avant tout la chance et la dose de vice intrinsèque à chacun qui fait la différence.

On verra sans doute dans les années qui viennent que le meilleur allié d'une économie libérale "pure et dure" qui consiste dans le plus authentique "laissez-faire" commercial, ainsi que dans le vice particulier des citoyens encouragé dans leur goût de la propriété et leur quête du gain illimités, passion d'accumulation légitimée par la théorie de la "main invisible" qui ne souffre aucune intervention de l'Etat dans le "doux commerce", peut très bien être un Etat régalien autoritaire et répressif. On le voit déjà en Chine ou le libéralisme économique ne s'accompagne pas d'un libéralisme politique, mais au contraire d'un Etat qui surveille et qui réprime. Pourtant où ailleurs qu'en Chine marche le mieux l'idéologie du libéralisme, malgré les atteintes aux droits de l'Homme de ce pays ? Conclusion libéralisme politique et libéralisme économique ne font pas forcément la paire, dans une société de pairs privée de "père"(autorité bienveillante), soumise à la peur (peur de la délation et du pouvoir abusif des "petits chefs"(autorité malveillante) notamment).
"La guerre du tous contre tous" est propre au libéralisme en mettant les individus en concurrence. D'une part en les "atomisant" spirituellement et moralement pour qu'ils ne contestent pas l'ordre établi par une prise de conscience collective, d'autre part pour ne sélectionner parmi eux que les éléments les plus "rentables" (matériellement) et la justification d'une hiérarchie sociale qui ne repose que sur le "mérite" libéral, mérite qui recouvre en réalité l'égoïsme, l'individualisme, la non empathie pour le sort d'autrui et même le vice intrinsèque de chacun.
Avant le XVIIIème, il y avait surtout des guerres civiles sanglantes, des guerres de religions où l'on voyait s'affronter des communautés religieuses différentes, au nom du bien. C'est en réaction à ces conflits sanglants que s'est développée l'idéologie libérale qui a une vision misérabiliste du genre humain, défini comme homo œconomicus uniquement préoccupé de son confort matériel, dépourvu au fond de tout esprit et qui a abouti à l'apparition de ce type humain que tu déplores : le petit-bourgeois consumériste et vénal. Certes les Hommes ont gagné en bien-être matériel et en confort, mais ce qu'ils ont gagné matériellement d'un côté s'est fait au détriment d'une perte de la spiritualité et de l'opposition entre bien et mal, que soutenaient une religion, une culture et des arts, qui aujourd'hui sont en voie de disparition au profit d'un art (essentiellement contemporain) qui décrit le nihilisme du présent.
Le risque et la concurrence sont le fait des créateurs d'entreprises et repose sur la notion de destruction créatrice propre à toute innovation, ou comment l'espèce humaine à travers le libéralisme rejoint le règne animal, la loi de la jungle, le darwinisme social, et la sélection "naturelle". Chaque innovation est comme l'apparition d'une nouvelle espèce animale mieux adaptée qui entraîne la destruction de l'espèce animale qui la précédait, et rendue obsolète par la nouvelle, sauf que derrière ces "espèces" qui disparaissent ce sont aussi des travailleurs qui en étaient les spécialistes qui disparaissent à leur tour, à moins de se former pour s'adapter à la nouvelle "espèce" qui demande des compétences différentes. Pour filer la métaphore des espèces animales, le renouvellement des "espèces" dans l'industrie se fait évidemment à un rythme beaucoup plus accéléré que dans la nature, et à mesure que le temps passe et que le progrès croît, le rythme de renouvellement s'accélère. Les premières victimes en sont les travailleurs les moins qualifiés qui doivent constamment s'adapter à la cadence exponentielle des innovations. Pour prendre des risques il faut posséder un capital qui repose sur le travail des autres ou un héritage que l'on investit dans la création d'entreprise. Les patrons qui possèdent la propriété privée en ont rêvé, Macron le fera certainement : détruire le code du travail. Dans ce grand désordre engendré par la précarisation sociale, plus aucun espace pour la contemplation, les arts, la culture, hormis pour l'art contemporain qui le plus souvent se contente de décrire assez laidement d'ailleurs, ce processus de destruction créatrice, à travers des objets défigurés ou des photos de crash de voitures ou d'avions notamment. La création artistique ne peut qu'être qu'un reflet du monde des humains tel qu'il va, la création artistique mime le rythme de la société, et ce rythme est de moins en moins audible, de moins en moins harmonieux, sous l'action du libéralisme et des progrès de l'innovation qu'il engendre et ses ravages sur l'environnement naturel, mais aussi urbain (avec ses constructions de plus en plus laides et sans âme, au nom de la rentabilité) et rural (la destruction progressive des paysages ruraux, fruits de la main de l'Homme, de son soucis d'ordre et d'harmonie, remplacé par des objectifs de rentabilité à court terme). L'art contemporain n'est que le reflet hideux du monde tel qu'il va désormais de façon hideuse.
Pour ce qui est des salariés, ils ne peuvent qu'être les victimes traumatisées et aliénées d'un tel processus d'innovation basée sur la destruction créatrice, car si les patrons prennent des risques lorsqu'il s'agit d'investir pour innover, ils ne paient jamais les pots cassés de leurs erreurs, mais c'est seulement le cas des salariés. La seule chose qui peut vous mettre à l'abri lorsque vous n'avez pas de capital à investir c'est de bien réussir vos études, or la réussite dans les étude ne repose pas sur la prise de risque et la concurrence, mais sur le soin et l'éducation apporté par le milieu familial pour faire face à la concurrence imposée par le milieu scolaire. La réussite scolaire est un épanouissement, et non un processus de destruction créatrice comme pour l'innovation : détruisez un être humain ou un élève, il ne créera pas, il sera détruit ; aimez un être humain, apportez-lui du soin et de la compassion, il s'épanouira et sera heureux. Ou comment le processus d'apprentissage ne peut pas se calquer sur celui propre au progrès. Mais tu ne peux pas comprendre ça puisque tu n'as jamais été détruit par ton environnement familial. 

En outre le libéralisme économique qui repose sur la théorie de la "main invisible", dénie à l'Etat toute velléité d'interventionnisme, et le marché ainsi constitué et auto-régulé par lui-même génère au contraire la constitution de monopoles énormes, du jamais vu auparavant dans toute l'histoire de l'humanité. Faut-il te rappeler que Bill Gates possède à lui seul environ 100 milliards de dollars, soit à lui tout seul le PIB d'un pays comme la Bulgarie, si ça ce n'est pas un monopole ou un rente astronomique (générée par le libéralisme), qu'est ce que c'est ?

Les inégalités ne cessent de se creuser sous l'impulsion de "la main invisible", depuis les années 80 et l'avènement du néolibéralisme et l'abandon progressif de l'Etat pour tempérer et modérer ce creusement des inégalités. La politique non interventionniste des Etats au nom de la concurrence libre et non faussée n'est pas un sentiment psycho-affectif, mais c'est un fait qui abouti à une situation où les 8 personnes les plus riches de la planète possèdent l'équivalent du PIB de la Belgique. Bientôt on sera certainement interné au motif de graves troubles psychologiques pour la diffusion de telles vérités qui dérangent l'oligarchie au pouvoir. Dans ces conditions il est évident que Macron est un tout petit "homme de main" au service du patronat, il sera récompensé si il rend bien service, mais c'est tout, il n'a pas de réel pouvoir, c'est une marionnette obéissante, un Jupiter de pacotille. Tous les Hommes politiques sont des "nains rampants", à part peut-être Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen qui n'ont jamais pu faire leurs preuves et sont constamment ostracisés par l'appareil médiatico-politique, et qui sont certainement dangereux en raison des forces de ressentiment qu'ils pourraient réveiller, mais qui ont le mérite de résister, comme sous l'Occupation. Car c'est bien d'une occupation politico-économique et culturelle qu'il s'agit, au service d'intérêts hors-sol : c'est bien plus pervers et insidieux qu'une banale occupation militaire, et pratiquement indétectable, inattaquable car virtuel.

Les 2000 personnes les plus riches du monde ont une fortune totale estimée à environ 7 670 milliard de dollars, soit 3 fois le PIB de la France et un peu moins de la moitié du PIB des Etats-Unis. Tout notre système économique libéral a pour finalité l'enrichissement toujours plus indécent de cette caste : c'est ce qu'on appelle un système oligarchique, où la grande masse des populations doit se contenter des miettes qui tombent parcimonieusement de ces gâteaux colossaux. Tous les régimes politiques occidentaux sont complices et au service de ce système, qui j'en ai bien conscience est aussi une garantie d'ordre et permet d'établir des hiérarchies entre les Hommes en fonction de leur enrichissement personnel. Alors qu'autrefois la religion était la garantie de l'ordre, et que les arts et la culture étaient générés par cet ordre spirituel, c'est désormais l'argent qui a remplacé la religion et qui génère des arts et une culture bien plus matérialistes et pauvres spirituellement que naguère. Nos ancêtres avaient de la grandeur et nous sommes devenus tous collectivement comme le disait Nietzsche, "une race de nains rampants". Il est probable que nous devenions tous collectivement dans peu de temps une espèce d'insectes comme les autres au service de la grande Reine oligarchique, espèce dénuée de toute âme.

Ce n'est d'ailleurs pas un complot organisé par les profiteurs de ce système qui a généré cet édifice oligarchique et pyramidal, mais c'est notre perte de spiritualité collective organisée par le programme du libéralisme en réaction aux violences des guerres de religions, qui régit désormais totalement les rapports humains et jusqu'à l'esprit de chacun, sous la forme d'une Occupation morale (le dogme du politiquement correct) en remplacement de la spiritualité. Occupation insidieuse, perverse et virtuelle. Emmanuel Mousset n'est qu'un tout petit rouage dérisoire de cet énorme système pyramidal, dont les populations les plus pauvres supportent tout le poids. Ce système rappelle un peu l'ancienne Egypte avec ses énormes pyramides construites par des esclaves, sauf qu'aujourd'hui les esclaves (les populations pauvres, mais aussi l'Homme de la classe moyenne finalement qui n'a pas conscience de cet esclavage consenti, comme le montre le simulacre de démocratie en France, et la farce que constitua l'élection de Macron)  sont beaucoup plus nombreux, et déshumanisés de façon bien plus féroce que sous l'ancienne Egypte qui conservait un aspect d'humanité qui tend à disparaître dans notre société d'insectes conditionnés par les écrans.

mercredi 21 juin 2017

L'autorité protège


Attribuer la mort du PS à Mélenchon, alors qu'il s'agit d'un Hara-kiri mûrement réfléchi (par ceux encore très nombreux qui veulent prolonger le libéralisme coûte que coûte) pour laisser un boulevard à Macron, quelle mauvaise foi ! Faire semblant de s'apitoyer sur la mort du PS, pour lequel tu as milité pendant plusieurs dizaines d'années, et en attribuer la cause à Mélenchon, pour s'exonérer toi et beaucoup de tes semblables ex militants socialistes, de toute responsabilité, c'est un manque de probité intellectuelle. Par instinct de survie vous êtes nombreux issus du PS libéral-libertaire à avoir soutenu Macron également libéral-libertaire, mais personne n'a rien fait pour sauver le PS, absolument personne...
Enfin Macron a le mérite de montrer que droite et gauche font exactement la même politique économique libérale sous les ordres de Bruxelles, mais avant tout sous influence nord-américaine. Donc la droite et la gauche vont se fondre à terme certainement dans un parti unique, libéral et mondialiste, c'est tout à fait logique. Il serait logique aussi que les souverainistes de gauche et de droite s'allient à terme, sinon ils ne parviendront jamais au pouvoir.
Quant à prendre des membres de la société civile, donc des politiciens "amateurs" dans le gouvernement et l'Assemblée de la part de la REM, c'est montrer que la société n'a plus besoin de l'autorité qui pouvait être représentée par les partis traditionnels, que nous vivons dans une société de pairs, donc une société sans "père", avec toutes les implications qu'un tel fait de société engendrera dans le domaine de l'éducation, car l'autorité dans une classe comme en politique c'est ce qui permet de protéger les plus fragiles. Notons que ces pairs sont ceux qui trouvent leur compte dans cette société sans "père" directement issue de l'idéologie de mai 68. Ce sont donc bien effectivement les 15 à 20% de bobos des grands centres urbains que ces pairs gouvernementaux représentent, appuyés par les "élites" médiatico-culturelles qui proviennent du même milieu. C'est donc tout un petit monde qui pratique l'entre-soi qui a porté au pouvoir des gens qui ne représentent qu'eux et leur idéologie issue de 68. Notons que la "France périphérique" n'est plus du tout représentée, c'est-à-dire les gens ordinaires qui aspirent à une vie décente : la grande majorité des Français.



Le pari pascalien et Mélenchon


Moi : "JPC est-il tellement de mauvaise foi, qu'il feint de ne pas voir où se situe la violence la plus destructrice, d'autant plus qu'elle est pour la plupart de ceux qui la subissent invisible, voire légitime ?"

JPC : "Je viens de voir l'extrême gauche à la mairie d'Evry...rien n'a changé depuis 150 ans."

AL : "La main invisible de la violence: l'invention auto justificatrice de l'extrême gauche en marche..."

JPC : "Cette famille de la gauche est fascinée par la violence qu'elle estime légitime et même rédemptrice...on n'en a pas fini avec cet archaïsme français."

Moi : "La main invisible n'est pas une invention, elle constitue le concept auto justificateur d'Adam Smith, pour entériner la non intervention de l'Etat en matière économique. Intervention qui serait utile afin de limiter les ravages sociaux du libéralisme qui constituent une forme de violence, d'autant plus pernicieuse qu'elle est invisible aux yeux de la plupart des gens, sauf lorsqu'ils en sont personnellement les victimes (lors de plans sociaux notamment)."

DH : "Ah les émules de Chantal Mouffe, les voix de leur maître(sse) !"

AL : "C'est précisément votre extension irresponsable du concept d'Adam Smith à la violence sociale que je conteste : une exonération a priori de tous les débordements et donc une incitation à les commettre."

JPC : "Si vous avez effectivement lu Adam Smith, vous aurez constaté que l'action de la main invisible s'arrête pour lui au domaine régalien où s'exerce la puissance de l'État : l'armée la police, la justice, etc...
Il ne faut pas déformer et caricaturer.
AS est en fait un théoricien de la pensée complexe, systémique."


Moi : "Ce n'est pas moi qui fait une extension du concept de la main invisible à la violence sociale. Je ne suis leader d'aucun mouvement, je suis sympathisant. Je constate juste la violence qui est faite aux gens ordinaires, par des valeurs "hors-sol" qui nous sont imposées par le pouvoir (qu'il soit de droite ou de gauche), depuis 1983 et le virage libéral qui a orienté toutes les politiques économiques depuis cette époque. Ce qu'il faut bien comprendre, hormis les dégâts anthropologiques induits par l'individualisme et le culte de l'ego qui découlent de la doctrine libérale, c'est que les progressistes raisonnent en terme de croissance illimitée comme si les ressources naturelles étaient inépuisables, or précisément nous vivons dans un monde fini, une planète qu'il faut préserver, condition de notre survie. Je condamne une violence bien plus destructrice que la violence sociale dont vous niez les causes, et je n'incite personnellement personne à commettre cette dernière, mais bien plutôt de trouver les conditions raisonnables d'une sortie de crise par consensus, plutôt que par la violence."

JPC : "Je comprends vos arguments, pourtant quand vous présentez les choses comme si seuls vos amis de la France insoumise avaient, par exemple, le souci de réduire les souffrances sociales ou de lutter contre les effets du changement climatique, Ça c'est violent à entendre, cela l'est d'autant plus quand on voit l'état de l'environnement, de la pauvreté, des libertés dans beaucoup de malheureux pays qui sont passés entre les mains de ce genre d'idéologues… comprenez que parfois la patience s'érode et que les vociférations finissent par provoquer des réactions."

AL : "Je ne nie rien des violences sociales ni n'approuve tout des interprétations que vous en faites. La thèse de la "vraie violence qui est cachée" comme celle de la vraie légitimité qui est dans l'abstention etc., est utilisée par ceux qui justement refusent le jeu démocratique et ce qu'il implique in fine : la recherche d'un minimum de consensus que vous indiquez vouloir rechercher. Autrement et mieux dit par Céline Pina : "Cette violence, qui peu à peu s'installe dans la vie politique ou syndicale est inquiétante. (...) chaque fois, ces comportements inacceptables dans une démocratie apaisée sont justifiés au nom d'une violence sociale subie. Ainsi la haine et le dérapage des individus concernés ne seraient plus que la conséquence logique des «violences» exercées sur la population par le politique."
Il est difficile de faire entendre à cette frange, obnubilée par l'idée de vivre dans un État policier et sous une dictature masquée, que les défauts réels de nos démocraties occidentales n'en font pas moins les États parmi les plus libres, les plus protecteurs et les plus confortables de notre planète. Assimiler ceux-ci à des États policiers où régneraient l'arbitraire et le racisme pour chauffer à blanc la frustration et le ressentiment de certaines catégories sociales ou de certains jeunes dans les quartiers difficiles et les amener à passer à l'acte est non seulement irresponsable mais dangereux .http://premium.lefigaro.fr/.../31003-20170620ARTFIG00262..."

Moi : "Que propose Macron dans un souci de réduire la souffrance sociale ou de lutter contre les effets du changement climatique, si ce n'est continuer dans la voie libérale tracée par l'ensemble du monde occidental depuis les années 80 ? Il faut selon moi bien comprendre que dans un modèle de croissance illimité (que Macron ne remet pas en question ni aucun technocrate de Bruxelles, bien au contraire) dans un monde fini, nous allons forcément dans le mur. Les esprits s'échauffent face au dogmatisme des positions libérales, qui n'est prêt pour l'instant à aucune concession concernant l'enrichissement indécent des riches, le déclassement des classes moyennes, la précarisation des gens modestes, la destruction de toutes les coutumes régionales au nom du progressisme, et enfin "last but not least", la destruction de l'environnement de façon exponentielle. Nous ne tiendrons plus longtemps sur de telles position, c'est vous-mêmes les classes aisées qui sciez la branche sur laquelle vous êtes assis."

Moi : "Je comprends bien que vous cherchiez à discréditer par la violence dont il semble faire usage contre le bien commun et qu'il légitime par la violence réelle qui lui est faite (par delà les violences policières, il s'agit avant tout de violence économique légitimée par la théorie de la main invisible d'Adam Smith), d'ailleurs plus verbalement que physiquement pour ses leaders, un mouvement social qui vous dérange dans votre confort bourgeois, mais qui pose les vrais problèmes sur les plans économiques, sociaux et environnementaux. Je le répète ce serait aussi dans votre intérêt à long terme de voter Mélenchon, ou à tout le moins de réfléchir aux solutions qu'il propose dans son programme. On ne peut réduire un tel mouvement qui s'appuie sur une tradition du socialisme originel développé en France par Proudhon et Fourier, donc qui s'appuie sur une véritable culture française anarcho-syndicaliste, que sur ses caricatures dans des pays émergents qui sont empêchés."

DD : "Vous prônez, à travers une sorte de soutien aveugle à Jean-Luc Mélenchon, l’avènement d’une forme d’anarcho-syndicalisme à la Pierre-Joseph Proudhon qui écrivait, je crois : «La propriété c’est le vol»… Avec des slogans de ce genre, vous n’êtes pas près d’y parvenir dans un monde peuplé d’individus qui sont de plus en plus séduits par un individualisme forcené où chacun jalouse et envie son voisin… C’est comme «Aimez-vous les uns les autres», cela fait plus de vingt siècles que, dans notre culture judéo-chrétienne, on nous rabâche ce principe sans que quiconque soit capable d’en fournir le mode d’emploi…"

Moi : "Cher DD, nous sommes arrivé à un moment critique de notre histoire où nous avons le choix entre la dystopie, c'est-à-dire continuer vers l'abîme comme si de rien n'était, et l'utopie proposée par le programme de JLM. C'est comme le pari pascalien, dans les deux cas je n'ai rien à perdre. Si ça ne marche pas je ne regretterai rien car après tout la voie libérale m'aurait également conduit vers l'abîme, c'est-à-dire à très moyen terme à la destruction des conditions de survie sur Terre pour l'espèce humaine, et si ça marche l'humanité aura gagné son salut, et ma famille et moi avec."

AL : "Vous semblez souscrire au concept pléonasmatique du "peuple populaire" dont la pertinence politique est héritée en droite ligne des "républiques démocratiques" au bilan flatteur pour l'émancipation des peuples... Merci de votre bon conseil (que l'on peut reformuler ainsi "Sors de ton égoïsme de classe, Vote Mélenchon petit bourgeois!") et de l'incitation à lire, réfléchir et être sensible aux enjeux sociaux ou environnementaux. Il se trouve que c'est précisément parce que je tente modestement de m'y astreindre que je ne souscris pas à son offre politique. S'il n'en fallait qu'une raison la voici : on ne combat pas un dogmatisme par un autre."

Moi : "Oui je comprends ce que vous voulez dire il n'y a pas "un" peuple en France, il y a juste des minorités opprimées dont vous vous sentez solidaire. Moi je souscris à la thèse qu'il existe en France une majorité de gens ordinaires qui aspirent à une vie décente. Je fais le pari de Mélenchon car il est celui dont l'offre politique semble la plus proche de mes aspirations, cela ne veut pas dire que son programme recouvre l'intégralité de mes aspirations. Autrement dit je ne suis pas un militant béat d'admiration pour son "Lider Maximo", et si il parvenait au pouvoir et que sa politique tourne à un genre de totalitarisme communiste, je serai le premier à entrer en résistance. Concernant Mélenchon c'est comme dans le pari pascalien, Pascal a des doutes sur l'existence de Dieu, mais il choisit de croire en son existence. Pareil pour JLM, parions qu'il puisse améliorer nos vie, nous n'avons d'ailleurs pas le choix, puisque la seule certitude est que le libéralisme nous conduit à la dystopie, à n'en pas douter."


DD : "Je respecte votre choix, c'est une question de point de vue... Pour ma part, je ne crois plus en grand chose et je l'assume... Mais il n'empêche que les vociférations hargneuses de Mélenchon m'exaspèrent car elles me semblent surtout destinées à satisfaire l'égocentrisme maladif de ce monsieur qui se soucie surtout de sa précieuse personne (et de l'effet qu'il produit auprès des médias) avant de se préoccuper de l'intérêt collectif qu'il prétend défendre... Question de forme... N'est pas Jaurès qui veut !"

mardi 13 juin 2017

LREM et Mai 68


Moi : "Si Onfray n'est qu'un "prof de philo", qui alors est encore un "philosophe" en France ? Est-ce à dire que malgré la fameuse exception culturelle française, il n'y aurait plus un seul "philosophe" (authentique) dans l'hexagone ? Pourtant la philosophie occidentale était le fruit de la culture européenne. Cela voudrait dire qu'il n'y aurait plus un seul "philosophe" se réclamant de cette culture de racine gréco-latine. Donc la philosophie européenne serait comme les langues grecques ou latines, une langue morte. Ne resterait comme héritage qu'un verni politiquement correct dogmatique ultime avatar de l'idéologie des droits de l'Homme, dans lequel les philosophes des Lumières ne se reconnaîtraient pas. Le dogmatisme du politiquement correct remplaçant le dogmatisme de la religion catholique. 
Ne restent peut-être que des philosophes de cultures plus locales, ayant moins vocation à l'universalisme ou au prosélytisme ; en Orient chez les hindouistes et les bouddhistes ; peut-être dans des tribus indiennes du Mexique ou d'Amazonie, ou bien dans ce qu'il reste de tribus africaines, ou encore chez des musulmans.
Pour se dire philosophe il doit falloir être détenteur d'une véritable spiritualité, ce que l'on ne trouve plus en Occident consumériste et matérialiste, où tout se réduit à des questions techniques, au problème du comment ? et non du pourquoi ?"

Le prof de philo : "Ce qui es certain, pour en revenir à nos moutons, c'est que Dive et Pincherelle ne sont pas philosophes."

Moi : "Gaspiller tant d'énergie pour une mauvaise cause, quel gâchis ! Le "règne" de Macron sera un désastre... Comme le disait Finkielkraut nous avions le choix entre la catastrophe et le désastre au second tour des présidentielles. De toute façon c'est un désastre depuis le tournant libéral de Mitterrand et plus généralement du monde "libre", depuis 1983 en France, un peu avant dans les pays anglo-saxons."

Le prof de philo : "Depuis le début du monde, il y a toujours des Blesbois pour prédire la fin du monde."

Moi : "Tout au moins des cycles. Le progrès continu ça n'existe pas, encore une autre illusion macronienne. Le problème d'une 3ème guerre mondiale est qu'elle poserait effectivement la question de la fin du monde. La "fin du monde" il en est question dans énormément de livres, de films, qui imaginent tous d'effrayantes dystopies, alors que la question de l'utopie posée dans les années 70 ne se pose pratiquement plus du tout. Toi qui est nietzschéen, tu devrais souscrire à une vision cyclique de l'histoire (l'éternel retour), plutôt que de la considérer comme une ligne droite, un progrès continu vers un avenir radieux. C'est non seulement absurde, mais même néfaste : cela encourage l'arrogance du genre humain (qui l'est déjà beaucoup trop même à l'état de nature), et la destruction des types anthropologiques (types liés à des cultures qui nous précèdent et nous dépassent, envers lesquelles nous avons une dette) au nom de la destruction créatrice ou innovation destructrice (le corollaire du "progrès"). Les gens sont perdus et ne savent plus "qui" ils sont au nom du "progrès", en réalité à cause de la destruction qu'il implique.
Ce dont tu devrais parler, c'est comment tu tiens le coup spirituellement, quel est le secret de ta constance dans un monde aussi destructeur : là tu ferais preuve de probité et d'honnêteté intellectuelle. Comment tu as pu éviter cette fantastique tentative de destruction de toute la variété des types anthropologiques jusqu'en dans les pays occidentaux dits exploiteurs, alors que jusqu'à il y a peu cette destruction se cantonnait aux pays exploités, c'est-à-dire colonisés notamment ?
Il faut dire que comme le remarquent énormément de tes lecteurs tu es très à l'abri de par ta fonction et des valeurs qu'elle porte, en contradiction totale avec les valeurs d'innovation destructrice du "progrès". Facile de donner des leçons à tout le monde lorsqu'on ne peut logiquement avoir aucun souci concernant sa vie (sauf accident imprévisible). Moralement c'est très confortable car tu t'es forgé en outre une réputation solide et locale, et tu peux ainsi consacrer ton temps libre à t'enrichir spirituellement. Tu me diras que ce n'est pas donné à tout le monde et que tu as dû consentir à d'énormes sacrifices et à des efforts colossaux pour arriver à cette situation sociale dominante et enviable."

Le prof de philo : "Viens chez moi et consulte mon compte en banque : tu verras si ma situation sociale est "dominante et enviable". Je ne suis pas un bourgeois, moi, monsieur : ni petit, ni grand.
Mais pour en revenir aux législatives, dans l'organisation même d'En Marche ! il y a quelque chose de soixante-huitard, une sorte de joyeux bordel où chacun se retrouve, y compris quand il n'est pas d'accord. Libéral-libertaire, diront ceux qui veulent à tout prix mettre des étiquettes et qui n'ont pas compris que les Français en ont marre des étiquettes qui ne correspondent pas aux pots de confiture. En Marche ! est constitué de comités, comme Mai 68 voyait fleurir les comités d'action lycéenne, les comités Vietnam et tant d'autres. C'est la révolte de la base contre les héritiers, les installés. 
Et quel a été l'un de ses premiers soutiens ? Dany Cohn-Bendit ! Mai 68 en juin 2017 : puisque je vous le dis."

Moi : "Cela prouve qu'en France les gens ont envie d'y croire, ont envie d'enthousiasme, cela ne prouve pas la justesse de la cause qu'ils défendent. Le mouvement est porté par une spontanéité et un enthousiasme indéniables d'après les médias en tout cas. Il n'empêche que le mouvement demeure historiquement libéral-libertaire, donc a vocation à consolider encore plus la propriété privée des très riches, la fracture entre la France des gagnants de la mondialisation et celle des perdants de la "France périphérique".
C'est un peu comme le triomphe des Versaillais sur les communards en 1870. Chez les versaillais, il y avait la gauche républicaine et la droite conservatrice unies contre le peuple : c'est le même genre de victoire aujourd'hui, avec tous les dégâts sociaux qui en découleront. On reparlera de ton billet j'en suis sûr dans beaucoup moins de temps que cinq ans. Profite, profite, tu ne profiteras pas très longtemps de ta victoire en trompe l'œil.
Quant à Dany Cohn-Bendit, par pitié cesse de citer tes idoles à tort et à travers, essaie de rester pudique même dans l'euphorie de la victoire."

Le prof de philo : "Ce n'est pas parce que tu es un triste que tu dois empêcher les joyeux d'exulter."

Moi : "Je croyais qu'on avait dit que l'on ne faisait pas de psychologie. Je suis triste en effet de vivre sous un gouvernement qui va accroître encore plus la fracture sociale entre riches et pauvres, qui va favoriser les déséquilibres écologiques en encourageant la cupidité des riches, la libre entreprise, l'appât du gain, la disparition de tous les types anthropologiques au sein même du territoire, et participer au renforcement en la légitimant encore plus la propriété privée des grands monopoles privés.
Ah mais j'oubliais, tu es nietzschéen, donc tu jouis de la destruction. Est-ce que tu jouiras encore quand tu auras scié la branche où tu te trouves perché ? J'ai une belle femme, je baise, j'ai des gosses, j'ai un boulot, je vis dans une région magnifique, la plus glorieuse de France : la Bretagne ; je n'ai aucune raison objective d'être triste. Je suis juste inquiet pour l'avenir du monde sans essayer d'en retirer un quelconque bénéfice, je suis foncièrement désintéressé.
Ce n'est pas Mai 68, c'est la Commune de Paris à l'échelle de la France, et le triomphe des Versaillais, c'est-à-dire aujourd'hui de l'oligarchie (les 1% les plus riches), et de ses soutiens bobos en grand nombre.
C'est une victoire toute relative, Macron triomphe avec seulement les voix d'un peu plus de sept millions de Français : c'est-à-dire les très riches et les favorisés réunis, restent 60 millions de Français qui ne seront pas représentés. C'est beau le pouvoir de l'oligarchie et des médias ! On appelle ça une démocratie, laissez-moi rire, c'est une gigantesque farce !"

Un intervenant : "Erreur d'analyse Monsieur le prof de philo. Mai 68 mutation sociétale,
Mai 2017 machiavélisme libéral..."

Le prof de philo : "Rime riche. Vous êtes poète, mais vous n'êtes que cela."

lundi 5 juin 2017

Comparaison entre Onfray et un prof de philo militant lambda qui ne l'aime pas



Moi : ""Michel Onfray ne croit pas en la liberté, mais en la puissance. Il voit l'homme en prédateur, comme n'importe quel autre animal." Il faudrait ajouter pire que n'importe quel autre animal. Aux XVIIIème et XIXème siècles, on pouvait croire encore en la liberté avec enthousiasme, aujourd'hui c'est faire preuve de naïveté ou d'inconscience. On a vu que l'Homme a besoin avant tout de limites, et c'est ce qui fait son humanité, sinon il se comporte comme une "bête sauvage".
De plus la société libérale-libertaire qui ne met aucune limite, encourage les comportements prédateurs, comme si chaque individu n'avait aucun compte à rendre à l'ensemble de la communauté, genre d'irresponsabilité collective et qui fait le jeu du pouvoir et que toi tu nommes liberté : cela engendre des phénomènes qui tendent à se généraliser, comme la prédation économique à tous les échelons de la société (l'extension du domaine de la lutte), et la destruction de l'environnement.
Même si toi tu constitues une exception en étant peut-être un individu raisonnable égaré dans un monde de fous, de déséquilibrés et de suiveurs, ainsi qu'une poignée de philosophes issus du XVIIIème siècle des Lumières qui ont cru que l'Homme pouvait se définir comme un animal raisonnable, les guerres et les génocides du XXème siècle ont apporté un démenti spectaculairement tragique à cette définition.
Nous sommes entrés depuis longtemps dans l'ère du soupçon en ce qui concerne le primat de la raison dans la définition de l'Homme. Avoir par le destin et par la chance eu la vocation de représenter officiellement la part raisonnable de la nature humaine en étant professeur de philosophie, n'exclut nullement par moments au moins de faire preuve de lucidité, même si visiblement tu as choisi d'adopter un autre style : une ligne claire résolument optimiste, peut-être un vieil héritage tintinophile mais qui se fait dans le déni du réel, ou en tout cas dans l'occultation plus ou moins consciente de ses aspects les plus inquiétants.
Bref Onfray est tout de même un penseur profond, car il n'occulte aucun des aspects inquiétants du réel, et même ce que tu sembles lui reprocher, il peut en faire volontiers ses délices. Il y a peut-être une complaisance vis à vis du malheur et de la violence de la part d'Onfray, mais cela en fait aussi un philosophe de son temps et par ailleurs intemporel (accordons-lui ce crédit, sinon sa pensée n'aurait aucune valeur), alors que toi tu revendiques un manque de profondeur assumé, qui fait de toi un philosophe hergéen de la ligne claire. Un philosophe sans pessimisme, ni noirceur, ni profondeur, ni violence, ni malheur, donc qui dépeint une vision du réel sans réalisme.
Ou encore Onfray tente une peinture naturaliste du réel, quand toi tu te contentes d'une BD militante qui n'a peut-être pas vocation à représenter le réel tel qu'il est mais tel que tu l'as toujours voulu dans ton esprit.
C'est ce qui fait la différence entre un philosophe-artiste comme Onfray et un philosophe-militant comme toi."

Le professeur de philosophie : "Le réel est ce que nous en faisons (c'est à peu près ce que pense Nietzsche). Onfray fait du réel un cloaque livré à la puissance et à la fatigue : dominer, se reproduire, crever, voilà sa philosophie. Mon réel est fait de beauté, de joie et d'éternité (en m'excusant par avance auprès des lecteurs qui crieront à une telle prétention, qui passe pour indécente et obscène à l'heure où le pessimisme, le ressentiment et la médiocrité sont de rigueur)."

Phil (de fer) : "Onfray est un professeur de philo excellent pédagogue.
Quand nous l’écoutons nous sommes ses élèves.
Mais il est normal que nous ayons le désir de changer à la fois de pédagogue et de points de vue philosophiques.
Élèves volontaires nous pouvons changer de prof selon notre bon désir.
Il est même possible de mélanger les pédagogues et de passer de Onfray à d’autres en un temps très court … quand on est retraités … et que l’on soit bien équipés pour accèder à Youtube,, Dailymotion, Canal U etc.
Pourquoi vouloir à tout prix un seul « maître » à la fois ?
Pourquoi vouloir bruler l'un d'entre eux ?"

Le professeur de philosophie : "Oui, c'est une des raisons de son succès : pédagogie, clarté, simplicité, surtout à l'oral, qui font qu'on ne peut être que d'accord avec lui. Mais un "maître", au sens ancien du terme, on n'en a qu'un seul."

Moi : "Tu ne vas quand même pas dire que ton "maître" est Olivier Chédin ?"

Le professeur de philosophie : " Non, Olivier Chédin a été une aide précieuse, un tuteur, pas un "maître" dont je pourrais suivre la pensée."

Moi : "Qui est ton "maître" alors, Jésus ?"

Le professeur de philosophie : "Chédin est moins qu'un maître : c'est un professeur. Jésus est plus qu'un maître : c'est un Dieu."

Moi : "C'est un maître qui se renouvelle par le corps mais demeure immuable spirituellement, c'est-à-dire qui porte le même esprit social-démocrate (moi je dirais libéral-libertaire) ? Rocard, DSK, Hollande et désormais Macron ?
Bon plus sérieusement on aura compris que ton maître est Nietzsche. Ce qui est bien avec Nietzsche, c'est que comme il laisse absolument toute liberté d'interprétation et même l'encourage sinon on en est un mauvais lecteur, il y a autant de possibilités d'interprétation que de bons lecteurs, c'est-à-dire un assez grand nombre. L'ironie est qu'Onfray et toi revendiquez le même "maître", et que cela débouche effectivement sur deux interprétations radicalement différentes, "irréconciliables". Reste à savoir si "ton" Nietzsche est réellement le tien ou "celui" de Kofman ? Effectivement ceux qui ont une forte interprétation de Nietzsche tentent parfois de l'imposer aux autres. Je dirais honnêtement que non, car à te lire cela ne ressemble pas à Kofman mais bien à Mousset. Pour paraphraser Nietzsche et comme c'est repris dans une publicité pour une eau de toilette, "tu es devenu ce que tu es"."

Phil (de fer) : "Concernant Jésus et d’autres certains parlent de « grands initiés ».
Pour s’y retrouver entre les termes maître, gourou etc. ici :
http://www.esoterisme-exp.com/Section_verseau/Religion/emile_masse.php
Bien entendu on peut discuter des heures sur le sujet avec des « cherchants », avec des « croyants » toute discussion est presque vaine ..."

M. O. : "Nietzsche, pourquoi pas...
Mais parmi les autres ?
Socrate, Platon, Spinoza, Descartes, Pascal, Kant, Sartre, Heideger, Camus et tant encore pour se limiter géographiquement à l'espace européen...
Rien à garder ?
Ne pas choir dans le réductionnisme.
On ne devient pas ce qu'on est, on devient ce qu'on essaie et si on n'essaie rien on reste rien voire moins que rien."

Moi : "Tout à garder au contraire, mais Nietzsche est une cime, l'Everest de la philosophie, il n'en rejette aucun, les synthétise tous. C'est pour cela que derrière la forme la plus simple, la plus superficielle qui soit en apparence, se cache le fond le plus profond, le plus complexe de toutes les écoles de pensée.
Ce qui est très dur avec Nietzsche, c'est qu'il requiert la force de son lecteur, car lui-même excessivement sensible et intelligent, étant très fragile physiquement, moralement et spirituellement, sujet à une grande instabilité émotionnelle, avait besoin de s'imaginer ce soutien, cette force de lecteurs qu'ironiquement il n'a jamais eu de son vivant comme il le prophétisait. Ses meilleurs disciples, à l'instar d'Onfray ou de Mousset, ironiquement tous deux de la même origine sociale, sont donc des gens qui ont une très grande force intérieure, peu importe l'origine de cette force, qu'elle soit populaire, bourgeoise ou aristocratique. Mais pour ce qui est du résultat, Nietzsche avait pour ambition de former une caste d'"aristocrates" de la pensée.
Concernant la formule : "deviens ce que tu es", c'est une idée que l'on trouve déjà chez Platon, avec sa théorie de la connaissance comme réminiscence, c'est-à-dire comme souvenir de quelque chose que l'on connaît déjà mais que l'on a oublié. Le rôle de la philosophie étant de faire rejaillir le souvenir de cette connaissance (lorsque nous étions pur esprit dans le monde des idées). Cela peut rappeler aussi la madeleine de Proust (lorsque nous étions petit enfant dans un rapport de symbiose avec notre mère).
Pour ce qui est du "reductionnisme", ce n'est pas moi qui le dit mais Emmanuel Mousset qui ne se revendique que d'un seul "maître". Après je ne pense pas qu'il ne lise que du Nietzsche, mais le connaissant, d'après ses dires et ses écrits, je suis prêt à parier une grosse somme que son seul "maître" est Nietzsche, le seul devant lequel il consentirait à s'incliner et reconnaître que sa pensée est infiniment supérieure à la sienne, au moins par respect, et même si la vocation de tout élève est un jour de dépasser le maître. Ce que Nietzsche d'ailleurs recommandait, ce dépassement, car il voulait former des Hommes libres, et non des suiveurs bénis-oui-oui d'une religion dogmatique, dogmatisme qu'il rejetait sous toutes ses formes. Aujourd'hui le dogmatisme nous vient de l'idéologie libérale-libertaire et de son culte du veau d'or, que Pasolini et Michéa dénoncent comme une nouvelle forme de fascisme beaucoup plus insidieuse et efficace que le fascisme originel : on l'a entraperçu à la façon dont Macron fut élu.
C'est là que je vois la contradiction entre la pensée de Mousset et celle de son maître, et que personnellement je préfère Mélenchon à Macron, car le premier est le seul à remettre en question l'idéologie libérale, et que nous ne pouvons plus attendre pour réformer les comportements sous un nouveau paradigme sociétal plus respectueux de l'altérité et de l'environnement. Mais qu'importe ! Emmanuel Mousset est un grand garçon, il sait ce qu'il fait du moins espérons-le !"

Moi : "Dernière chose : tu es libre d'admirer les élites, et de vivre dans la beauté, la joie et le sentiment d'éternité, mais en faire étalage est immoral et profondément choquant. J'espère que tu pèses bien tes mots quand tu affirmes de telles obscénités non politiquement correctes pour la majorité de nos concitoyens. Le malheur ou le bonheur ne sont pas de la responsabilité de chacun de nous, mais relèvent de la chance, du destin ou de la volonté collective non de la volonté individuelle. Nous vivons dans une société absurde qui fait le malheur des gens et ton bonheur, je préférerais une société qui fasse le bonheur des gens même si cela pouvait impliquer ton petit malheur personnel. J'irais même jusqu'à dire que c'est peut-être du malheur des gens que tu tires ta joie personnelle. Je ne développerai pas cette idée plus à fond, car je pourrais en retirer des réflexions sur le sadisme et la joie qu'il procure."

Le professeur de philosophie : "J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé", VOLTAIRE.

Moi : "C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches", VICTOR HUGO.

Le professeur de philosophie : "Je préfère l'ironie de Voltaire au lyrisme de Hugo."

Moi : "C'est normal que tu préfères Voltaire à Hugo puisque ton maître est Nietzsche."

Moi : "Onfray dénonce avec force détails pour mieux les dénoncer toutes les formes de sadisme qu'ont pu générer le judéo-christianisme, la Révolution française, le communisme marxiste-léniniste, Mai 68, et qui sont à l'origine d'un mouvement comme le surréalisme. Il rejette le dogmatisme de la psychanalyse qui a fait la fortune de son maître et continue de faire celle de ses très nombreux disciples, alors qu'il est prouvé qu'elle n'a jamais guéri personne, sauf par le pouvoir de suggestion ou effet placebo qu'elle peut procurer. Une telle escroquerie le dégoûte et c'est bien normal, tout comme Molière en son temps dénonçait l'escroquerie d'une médecine rudimentaire qui prétendait soigner le mal par un mal pire encore. Il est à noter qu'il ne rejette pas tout dans la psychanalyse mais avant tout la volonté d'hégémonie de son maître officiel et du statut de gourou que cela lui confère. Il y a en outre une part de sadisme dans la relation entre un psychanalyste et son patient, parce que c'est une relation tout comme en régime libéral, qui repose sur l'exploitation pécuniaire du plus faible des deux protagonistes, et donc en forçant le trait qui peut reposer aussi sur la pulsion sadique du fort sur le faible (effectivement les psychanalystes sont tous globalement d'une classe sociale élevée, ce qui n'est pas le cas de tous leurs patients, d'ailleurs Freud prétendait que les gens du peuple étaient incurables). En plus d'être une médecine inefficace, la psychanalyse est une médecine de classe, ce n'est pas une médecine pour le peuple.
Onfray a avant tout un profond dégoût du sadisme, c'est ce qui explique ses descriptions détaillées d'un tel phénomène proprement humain, pour mieux évacuer les émotions qu'il lui inspire. Donc ce n'est pas de la complaisance, mais plutôt un genre de catharsis par le langage. Mieux vaut faire étalage par les mots du dégoût que peut nous inspirer une pulsion mauvaise comme le sadisme, plutôt que d'en faire usage dans les relations humaines. D'autres l'ont fait par l'image comme Pasolini, que l'on ne peut pas non plus suspecter de complaisance pour une tel penchant, mais bien plutôt pour montrer que les rapports de classes reposent avant tout sur cette pulsion. Avant même la volonté d'enrichissement indécent il y a la volonté d'humilier autrui, il y a le sadisme de l'oligarchie et le masochisme plus ou moins conscient des masses moutonnières. Effectivement certains exploités peuvent finir par éprouver un certain penchant au plaisir de leurs maîtres bobos médiatico-culturels.
C'est cela que tu ne veux pas comprendre et qui explique l'humiliation de plus en plus grande de couches croissantes de la population qui ne se sentent plus représentées par personne. Dans une telle logique de l'humiliation cela ira jusqu'à l'explosion finale, car les réels masochistes sont heureusement une minorité au sein de la masse globalement opprimée et exploitée, à moins de rompre radicalement avec cette logique. On n'en prend pas le chemin avec Macron selon moi."