lundi 5 juin 2017

Comparaison entre Onfray et un prof de philo militant lambda qui ne l'aime pas



Moi : ""Michel Onfray ne croit pas en la liberté, mais en la puissance. Il voit l'homme en prédateur, comme n'importe quel autre animal." Il faudrait ajouter pire que n'importe quel autre animal. Aux XVIIIème et XIXème siècles, on pouvait croire encore en la liberté avec enthousiasme, aujourd'hui c'est faire preuve de naïveté ou d'inconscience. On a vu que l'Homme a besoin avant tout de limites, et c'est ce qui fait son humanité, sinon il se comporte comme une "bête sauvage".
De plus la société libérale-libertaire qui ne met aucune limite, encourage les comportements prédateurs, comme si chaque individu n'avait aucun compte à rendre à l'ensemble de la communauté, genre d'irresponsabilité collective et qui fait le jeu du pouvoir et que toi tu nommes liberté : cela engendre des phénomènes qui tendent à se généraliser, comme la prédation économique à tous les échelons de la société (l'extension du domaine de la lutte), et la destruction de l'environnement.
Même si toi tu constitues une exception en étant peut-être un individu raisonnable égaré dans un monde de fous, de déséquilibrés et de suiveurs, ainsi qu'une poignée de philosophes issus du XVIIIème siècle des Lumières qui ont cru que l'Homme pouvait se définir comme un animal raisonnable, les guerres et les génocides du XXème siècle ont apporté un démenti spectaculairement tragique à cette définition.
Nous sommes entrés depuis longtemps dans l'ère du soupçon en ce qui concerne le primat de la raison dans la définition de l'Homme. Avoir par le destin et par la chance eu la vocation de représenter officiellement la part raisonnable de la nature humaine en étant professeur de philosophie, n'exclut nullement par moments au moins de faire preuve de lucidité, même si visiblement tu as choisi d'adopter un autre style : une ligne claire résolument optimiste, peut-être un vieil héritage tintinophile mais qui se fait dans le déni du réel, ou en tout cas dans l'occultation plus ou moins consciente de ses aspects les plus inquiétants.
Bref Onfray est tout de même un penseur profond, car il n'occulte aucun des aspects inquiétants du réel, et même ce que tu sembles lui reprocher, il peut en faire volontiers ses délices. Il y a peut-être une complaisance vis à vis du malheur et de la violence de la part d'Onfray, mais cela en fait aussi un philosophe de son temps et par ailleurs intemporel (accordons-lui ce crédit, sinon sa pensée n'aurait aucune valeur), alors que toi tu revendiques un manque de profondeur assumé, qui fait de toi un philosophe hergéen de la ligne claire. Un philosophe sans pessimisme, ni noirceur, ni profondeur, ni violence, ni malheur, donc qui dépeint une vision du réel sans réalisme.
Ou encore Onfray tente une peinture naturaliste du réel, quand toi tu te contentes d'une BD militante qui n'a peut-être pas vocation à représenter le réel tel qu'il est mais tel que tu l'as toujours voulu dans ton esprit.
C'est ce qui fait la différence entre un philosophe-artiste comme Onfray et un philosophe-militant comme toi."

Le professeur de philosophie : "Le réel est ce que nous en faisons (c'est à peu près ce que pense Nietzsche). Onfray fait du réel un cloaque livré à la puissance et à la fatigue : dominer, se reproduire, crever, voilà sa philosophie. Mon réel est fait de beauté, de joie et d'éternité (en m'excusant par avance auprès des lecteurs qui crieront à une telle prétention, qui passe pour indécente et obscène à l'heure où le pessimisme, le ressentiment et la médiocrité sont de rigueur)."

Phil (de fer) : "Onfray est un professeur de philo excellent pédagogue.
Quand nous l’écoutons nous sommes ses élèves.
Mais il est normal que nous ayons le désir de changer à la fois de pédagogue et de points de vue philosophiques.
Élèves volontaires nous pouvons changer de prof selon notre bon désir.
Il est même possible de mélanger les pédagogues et de passer de Onfray à d’autres en un temps très court … quand on est retraités … et que l’on soit bien équipés pour accèder à Youtube,, Dailymotion, Canal U etc.
Pourquoi vouloir à tout prix un seul « maître » à la fois ?
Pourquoi vouloir bruler l'un d'entre eux ?"

Le professeur de philosophie : "Oui, c'est une des raisons de son succès : pédagogie, clarté, simplicité, surtout à l'oral, qui font qu'on ne peut être que d'accord avec lui. Mais un "maître", au sens ancien du terme, on n'en a qu'un seul."

Moi : "Tu ne vas quand même pas dire que ton "maître" est Olivier Chédin ?"

Le professeur de philosophie : " Non, Olivier Chédin a été une aide précieuse, un tuteur, pas un "maître" dont je pourrais suivre la pensée."

Moi : "Qui est ton "maître" alors, Jésus ?"

Le professeur de philosophie : "Chédin est moins qu'un maître : c'est un professeur. Jésus est plus qu'un maître : c'est un Dieu."

Moi : "C'est un maître qui se renouvelle par le corps mais demeure immuable spirituellement, c'est-à-dire qui porte le même esprit social-démocrate (moi je dirais libéral-libertaire) ? Rocard, DSK, Hollande et désormais Macron ?
Bon plus sérieusement on aura compris que ton maître est Nietzsche. Ce qui est bien avec Nietzsche, c'est que comme il laisse absolument toute liberté d'interprétation et même l'encourage sinon on en est un mauvais lecteur, il y a autant de possibilités d'interprétation que de bons lecteurs, c'est-à-dire un assez grand nombre. L'ironie est qu'Onfray et toi revendiquez le même "maître", et que cela débouche effectivement sur deux interprétations radicalement différentes, "irréconciliables". Reste à savoir si "ton" Nietzsche est réellement le tien ou "celui" de Kofman ? Effectivement ceux qui ont une forte interprétation de Nietzsche tentent parfois de l'imposer aux autres. Je dirais honnêtement que non, car à te lire cela ne ressemble pas à Kofman mais bien à Mousset. Pour paraphraser Nietzsche et comme c'est repris dans une publicité pour une eau de toilette, "tu es devenu ce que tu es"."

Phil (de fer) : "Concernant Jésus et d’autres certains parlent de « grands initiés ».
Pour s’y retrouver entre les termes maître, gourou etc. ici :
http://www.esoterisme-exp.com/Section_verseau/Religion/emile_masse.php
Bien entendu on peut discuter des heures sur le sujet avec des « cherchants », avec des « croyants » toute discussion est presque vaine ..."

M. O. : "Nietzsche, pourquoi pas...
Mais parmi les autres ?
Socrate, Platon, Spinoza, Descartes, Pascal, Kant, Sartre, Heideger, Camus et tant encore pour se limiter géographiquement à l'espace européen...
Rien à garder ?
Ne pas choir dans le réductionnisme.
On ne devient pas ce qu'on est, on devient ce qu'on essaie et si on n'essaie rien on reste rien voire moins que rien."

Moi : "Tout à garder au contraire, mais Nietzsche est une cime, l'Everest de la philosophie, il n'en rejette aucun, les synthétise tous. C'est pour cela que derrière la forme la plus simple, la plus superficielle qui soit en apparence, se cache le fond le plus profond, le plus complexe de toutes les écoles de pensée.
Ce qui est très dur avec Nietzsche, c'est qu'il requiert la force de son lecteur, car lui-même excessivement sensible et intelligent, étant très fragile physiquement, moralement et spirituellement, sujet à une grande instabilité émotionnelle, avait besoin de s'imaginer ce soutien, cette force de lecteurs qu'ironiquement il n'a jamais eu de son vivant comme il le prophétisait. Ses meilleurs disciples, à l'instar d'Onfray ou de Mousset, ironiquement tous deux de la même origine sociale, sont donc des gens qui ont une très grande force intérieure, peu importe l'origine de cette force, qu'elle soit populaire, bourgeoise ou aristocratique. Mais pour ce qui est du résultat, Nietzsche avait pour ambition de former une caste d'"aristocrates" de la pensée.
Concernant la formule : "deviens ce que tu es", c'est une idée que l'on trouve déjà chez Platon, avec sa théorie de la connaissance comme réminiscence, c'est-à-dire comme souvenir de quelque chose que l'on connaît déjà mais que l'on a oublié. Le rôle de la philosophie étant de faire rejaillir le souvenir de cette connaissance (lorsque nous étions pur esprit dans le monde des idées). Cela peut rappeler aussi la madeleine de Proust (lorsque nous étions petit enfant dans un rapport de symbiose avec notre mère).
Pour ce qui est du "reductionnisme", ce n'est pas moi qui le dit mais Emmanuel Mousset qui ne se revendique que d'un seul "maître". Après je ne pense pas qu'il ne lise que du Nietzsche, mais le connaissant, d'après ses dires et ses écrits, je suis prêt à parier une grosse somme que son seul "maître" est Nietzsche, le seul devant lequel il consentirait à s'incliner et reconnaître que sa pensée est infiniment supérieure à la sienne, au moins par respect, et même si la vocation de tout élève est un jour de dépasser le maître. Ce que Nietzsche d'ailleurs recommandait, ce dépassement, car il voulait former des Hommes libres, et non des suiveurs bénis-oui-oui d'une religion dogmatique, dogmatisme qu'il rejetait sous toutes ses formes. Aujourd'hui le dogmatisme nous vient de l'idéologie libérale-libertaire et de son culte du veau d'or, que Pasolini et Michéa dénoncent comme une nouvelle forme de fascisme beaucoup plus insidieuse et efficace que le fascisme originel : on l'a entraperçu à la façon dont Macron fut élu.
C'est là que je vois la contradiction entre la pensée de Mousset et celle de son maître, et que personnellement je préfère Mélenchon à Macron, car le premier est le seul à remettre en question l'idéologie libérale, et que nous ne pouvons plus attendre pour réformer les comportements sous un nouveau paradigme sociétal plus respectueux de l'altérité et de l'environnement. Mais qu'importe ! Emmanuel Mousset est un grand garçon, il sait ce qu'il fait du moins espérons-le !"

Moi : "Dernière chose : tu es libre d'admirer les élites, et de vivre dans la beauté, la joie et le sentiment d'éternité, mais en faire étalage est immoral et profondément choquant. J'espère que tu pèses bien tes mots quand tu affirmes de telles obscénités non politiquement correctes pour la majorité de nos concitoyens. Le malheur ou le bonheur ne sont pas de la responsabilité de chacun de nous, mais relèvent de la chance, du destin ou de la volonté collective non de la volonté individuelle. Nous vivons dans une société absurde qui fait le malheur des gens et ton bonheur, je préférerais une société qui fasse le bonheur des gens même si cela pouvait impliquer ton petit malheur personnel. J'irais même jusqu'à dire que c'est peut-être du malheur des gens que tu tires ta joie personnelle. Je ne développerai pas cette idée plus à fond, car je pourrais en retirer des réflexions sur le sadisme et la joie qu'il procure."

Le professeur de philosophie : "J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé", VOLTAIRE.

Moi : "C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches", VICTOR HUGO.

Le professeur de philosophie : "Je préfère l'ironie de Voltaire au lyrisme de Hugo."

Moi : "C'est normal que tu préfères Voltaire à Hugo puisque ton maître est Nietzsche."

Moi : "Onfray dénonce avec force détails pour mieux les dénoncer toutes les formes de sadisme qu'ont pu générer le judéo-christianisme, la Révolution française, le communisme marxiste-léniniste, Mai 68, et qui sont à l'origine d'un mouvement comme le surréalisme. Il rejette le dogmatisme de la psychanalyse qui a fait la fortune de son maître et continue de faire celle de ses très nombreux disciples, alors qu'il est prouvé qu'elle n'a jamais guéri personne, sauf par le pouvoir de suggestion ou effet placebo qu'elle peut procurer. Une telle escroquerie le dégoûte et c'est bien normal, tout comme Molière en son temps dénonçait l'escroquerie d'une médecine rudimentaire qui prétendait soigner le mal par un mal pire encore. Il est à noter qu'il ne rejette pas tout dans la psychanalyse mais avant tout la volonté d'hégémonie de son maître officiel et du statut de gourou que cela lui confère. Il y a en outre une part de sadisme dans la relation entre un psychanalyste et son patient, parce que c'est une relation tout comme en régime libéral, qui repose sur l'exploitation pécuniaire du plus faible des deux protagonistes, et donc en forçant le trait qui peut reposer aussi sur la pulsion sadique du fort sur le faible (effectivement les psychanalystes sont tous globalement d'une classe sociale élevée, ce qui n'est pas le cas de tous leurs patients, d'ailleurs Freud prétendait que les gens du peuple étaient incurables). En plus d'être une médecine inefficace, la psychanalyse est une médecine de classe, ce n'est pas une médecine pour le peuple.
Onfray a avant tout un profond dégoût du sadisme, c'est ce qui explique ses descriptions détaillées d'un tel phénomène proprement humain, pour mieux évacuer les émotions qu'il lui inspire. Donc ce n'est pas de la complaisance, mais plutôt un genre de catharsis par le langage. Mieux vaut faire étalage par les mots du dégoût que peut nous inspirer une pulsion mauvaise comme le sadisme, plutôt que d'en faire usage dans les relations humaines. D'autres l'ont fait par l'image comme Pasolini, que l'on ne peut pas non plus suspecter de complaisance pour une tel penchant, mais bien plutôt pour montrer que les rapports de classes reposent avant tout sur cette pulsion. Avant même la volonté d'enrichissement indécent il y a la volonté d'humilier autrui, il y a le sadisme de l'oligarchie et le masochisme plus ou moins conscient des masses moutonnières. Effectivement certains exploités peuvent finir par éprouver un certain penchant au plaisir de leurs maîtres bobos médiatico-culturels.
C'est cela que tu ne veux pas comprendre et qui explique l'humiliation de plus en plus grande de couches croissantes de la population qui ne se sentent plus représentées par personne. Dans une telle logique de l'humiliation cela ira jusqu'à l'explosion finale, car les réels masochistes sont heureusement une minorité au sein de la masse globalement opprimée et exploitée, à moins de rompre radicalement avec cette logique. On n'en prend pas le chemin avec Macron selon moi."





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