dimanche 19 septembre 2021

Hitler était-il le diable ?

 


Ma vie ressemble à un très mauvais film, assez dérangeant. J'ai été élevé dans un milieu de psys majoritairement d’origine juive, ma mère accueillait dans sa maison tout ce qui se faisait de "victimes" (Shoah, colonisation, esclavage, racisme, misogynie, homophobie...), mais ayant tout de même bien réussi dans la vie (CSP+) ; ils venaient pour se faire mousser, plaindre, et accessoirement tringler ma mère quand ils étaient des hommes. J'étais un enfant, assez mal vu parce que blanc d'origine catholique du côté de mes grands-parents bretons bretonnants (donc un peu "néopaïens", enracinés dans le sol), les parents de ma mère ; donc bourreau potentiel engendrant la méfiance quant à ce que je pourrais devenir une fois adulte, pourquoi pas Adolf Hitler ?

Je n'ai pas pu donc m'épanouir chez ma mère qui ne m'a jamais fait confiance, influencée peut-être qu'elle l'était par ses amis « victimes ». Chez mon père je n'ai pu m'épanouir qu'entre 11 et 14 ans sous l'influence d'une femme bienveillante, mais cela a duré trop peu de temps pour structurer mon esprit, et après il a refait sa vie avec une femme qui m'a rejeté et lui a fait 3 enfants. Après mes 19 ans je n'ai plus jamais eu de ses nouvelles. Je n’ai donc pas pu construire un chez moi, car je n’en ai jamais eu étant enfant, ni chez mon père, ni chez ma mère. Pour les amis de cette dernière, si j’avais des problèmes je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, descendant que j’étais des bourreaux et des privilégiés (le privilège blanc) ; ils avaient beau être psys, ce n’était pas leur problème. J’ai ainsi assez bien connu Tobie Nathan, mais il ne s’intéressait qu'à soigner les victimes de la colonisation, par l’ethno-psychiatrie, je n’entrais pas dans ses critères.

Ce qui fait la capacité à avoir un libre-arbitre une fois adulte, c’est d’avoir eu la chance d’avoir un chez-soi enfant pour s’épanouir et avoir l’estime de soi.

Sur la société actuelle et la capacité ou non à y être doué de libre-arbitre, je pense que l’aspect victimaire joue un rôle crucial, et crois sincèrement que si Zemmour n’était pas d’origine juive il ne pourrait pas se permettre de dire le quart de ce qu’il ose affirmer, et surtout on ne lui aurait pas fait confiance pour lui permettre de s'épanouir dans les débuts de sa carrière (Ruquier s'est ainsi laissé leurrer).

Cependant, heureusement que Zemmour fait un peu contrepoids à l'influence délétère des nouveaux philosophes comme Bruckner et feu Glucksmann, voire Finkielkraut qui n'assume pas politiquement ses prises de position en appelant à voter néolibéral plutôt que souverainiste, et surtout de BHL, ce parangon manichéen du camp du bien. Mais aujourd'hui de toute façon, seuls ceux que sacralise le fait d'avoir eu des ascendants victimes ou potentiellement victimes du fait de leurs origines, de la Shoah, de la colonisation, de l'esclavage... ou toute autre forme de persécution ou de tyrannie, sont audibles en France. C’est ce que l’on pourrait appeler une forme de tyrannie mémorielle et victimaire, une assurance-vie en quelque sorte, faisant que la très grande majorité des blancs old school d’origine chrétienne n’ont plus aucune estime d’eux-mêmes, et ont déjà été jetés dans les oubliettes de l’Histoire en attendant d’être remplacés.

Bref je pense que seules les « victimes » sont encore douées de libre-arbitre, et surtout de puissance d’exister (conatus), et que tous les autres sont devenus des niais ou des nains compassionnels, des cathos-zombies ; afin disent-ils de ne pas mettre d'huile sur le feu, dans un souci louable d'apaisement, ils s’effacent volontairement avec peut-être même une certaine forme d'élégance finalement.

"Dominer, c'est mal" ; mais vivre n'est pas forcément dominer, cela dépend des circonstances. Dans le contexte néolibéral et humaniste (au sens de l'humanisme que critique Heidegger), je dirais que vivre c'est actuellement exploiter ou mourir, et qu'il n'y a pas de place pour la plainte ou pour la fuite ; ni pour les valeurs morales (raison pratique, Kant), mais juste pour la raison hypothétique où la fin (l'argent) justifie les moyens, et qu'il s'agit donc d'une lutte à mort, au quotidien, pour la survie. Bref que la construction d'une intimité y est presque rendue impossible par des rapports humains carnassiers ; et que ce phénomène loin de s'atténuer, s'amplifie, étant rendu visible par les productions artistiques actuelles, notamment cinématographiques, de plus en plus violentes et soulignant la tension extrême qui existe dans tout rapport humain lorsqu'il est dépourvu de fins (valeurs). Le vieux Kant disait que dans tout rapport humain on devait considérer l'Autre comme une fin et non comme un moyen (même mes parents n'ont pas été foutus de me considérer comme une fin, c'est dire la crise occidentale de la famille), c'est désormais tout le contraire qui se passe, et l'on nous présente ça comme la "vraie vie" des "vrais gens"; alors qu'elle est le fruit d'une conception idéologique néolibérale et capitaliste. 

Les choses pourraient fort bien en être autrement, c'est purement culturel et non pas anthropologiquement fondé d'un point de vue scientifique, ou alors si c'est le cas, c'est précisément le point de vue scientifique qui l'engendre et c'est que critique Heidegger ; la science étant comme le fruit d'une subjectivité humaniste fondamentalement prédatrice, en arrivant à justifier la prédation dans les rapports humains parce qu'il en est de même dans la savane. La science n’est que le résultat, en termes de savoir technique, de la conversion de la pensée symbolique en logique de l’échange productif, en économie de marché. La science, c’est le marché appliqué à la nature, traitée en termes de matériau disponible, de chose réductible au calcul à des fins de « progrès », l’un des noms du profit. 

J'en ai discuté avec des historiens chevronnés, Hitler n'était pas le fou psychopathe et impuissant, presque débile, que l'on nous présente aujourd'hui. C'est une caricature digne de celles qui couraient sur les Juifs dans les années 30. Pour être arrivé où il en est arrivé, c'est-à-dire à la tête de l'État le plus puissant d'Europe en partant de rien, c'est tout simplement qu'il était doué d'une intelligence politique exceptionnelle, voire d'une forme de génie politique, sans doute à la limite de la psychose mais de génie quand même. Cela est évidemment de l'ordre de l'inconcevable, voire du blasphème pour nos contemporains qui en ont fait le mal absolu (donc sur lequel opérer toute forme d'admiration, d'humanisation du personnage même discrète, relève d'une compromission suspecte), et ne peuvent concevoir que leur ennemi vaincu ait pu être humainement intelligent et non diaboliquement possédé par le mal de façon quasiment surnaturelle.

Il avait peu de chance de l'emporter militairement, mais si ça avait été le cas notre vision du personnage serait tout autre. Il est effectivement devenu aujourd'hui le repoussoir et le bouc-émissaire (victime sacrificielle) qui structure nos sociétés démocratiques, à travers notamment l’industrie du cinéma et même le discours politique - cf. la campagne électorale de Macron. Un peu comme c’était le rôle du Christ dans les sociétés religieuses dans un sens positif, alors que pour Hitler c'est dans un sens négatif ; il n'était pas venu pour nous sauver, mais pour nous perdre - dans l'après-coup bien sûr, car la majorité des Allemands pensaient sincèrement qu'il était venu pour les sauver.

Car Hitler n’est pas le diable, c’était un être humain qui avait été victime de la violence de son père et auquel il s’était identifié, sans échappatoire possible (Alice Miller). Il s’est soigné par la volonté de puissance (Nietzsche) ; à l’aide d’un dispositif philosophique et culturel très riche et complexe, puisqu’à l’époque l’Allemagne était de loin la puissance la plus cultivée et la plus avancée philosophiquement d’Europe. Certes on peut toujours déplorer le résultat catastrophique en maudissant le personnage, mais cela ne fera pas revenir les morts.

Même malgré ce bouc-émissaire qui voulait nous perdre et non nous sauver, qui fait l'unanimité dans le rejet permettant une forme de réconciliation du monde occidental par le sens commun, nous sommes très mal structurés et la situation d'aujourd'hui est assez catastrophique. Tout le monde n'est plus là que pour gagner du fric, tout le monde est considéré comme un moyen au service de cette fin par tout le monde ; les malades pour les soignants (et les fabricants de vaccins de la covid), les victimes et les accusés pour les avocats, les délinquants et les criminels pour les magistrats, les drogués pour les dealers, les dealers pour les flics, les psychotiques et les névrosés pour les psys, les parents normaux pour les enfants, les enfants pour les parents malades et pervers. J'ai moi-même fait l'expérience douloureuse de ce type parental, appelé pervers narcissique, qui va à n'en pas douter tendre à se généraliser.

Il y a une raison instrumentale qui domine tout et il n'y a plus aucune valeur morale, ni gratuité, ni don d'aucune sorte. C'est aussi un des résultats des progrès scientifiques qui nous font prendre la morale (qui découle de la religion) pour un conte pour enfants - alors qu'elle était une invention du génie humain pour mieux vivre et surtout pour que les enfants puissent grandir sans devenir fous, en étant protégés par des valeurs. L'explosion de la perversion narcissique, mise en évidence seulement en 1986 par Paul-Claude Racamier dans nos sociétés en est une conséquence. Pourquoi l'individu se fixerait-il des limites alors qu'il est parfaitement au courant qu'aucune instance supérieure ne sera là pour le punir, ni pendant, ni après la vie ?

mercredi 15 septembre 2021

Zemmour est vivant, mais est-il responsable ?

 

Zemmour est vivant, mais est-il responsable ? Sarkozy est insignifiant. Nous votons pour des gens insignifiants imposés par les merdias, alors que Zemmour a un projet humaniste et cohérent, conforme à une certaine idée de la France ; tous les autres politiques sans exception (sauf ceux d'extrême-gauche), ne sont que des technocrates ne pensant qu'à gérer les affaires au quotidien (UMPS). Cependant l'humanisme même de Zemmour, son cartésianisme, est ce qui me gêne ; nous verrons dans mes développements, pourquoi.

À l'intérieur du corps, ce qui le fait bouger, se mouvoir, il y a une volonté qui nous échappe complètement, dont on ne connaît pas l'origine, demeurant un mystère même pour la science qui n'arrive pas à remonter à une cause première explicative définitive, étant bien plus vaste que le moi qui n'est que la représentation d'une apparence s'éprouvant à la surface.

Il y a certes des hypothèses scientifiques, mais aucune certitude tangible ; ces hypothèses nous paraissent plus crédibles que les supputations créationnistes. Mais au fond aucune certitude scientifique ne s'appuie sur un fondement véritable, puisque la science avance de paradigme en paradigme et qu'elle se réfute constamment elle-même. Il n'y aura jamais un bout du bout du paradigme, donc un fondement explicatif de toute chose.

Dès la naissance, et même avant, le souffle de la volonté nous anime. En grandissant, des hasards, des concours de circonstance, sculptent cette volonté, cela donne un caractère en formation, qui se forge. Une fois adulte, le caractère se fige, il cesse d'évoluer, d'être perfectible, et nous sommes alors déterminés à répéter toujours les mêmes erreurs, les mêmes réussites, les mêmes conflits, la même façon d'aimer ou de haïr.

Ni vous, ni moi, ne sommes responsables de nos actes, le libre arbitre n'existe pas (Spinoza). Nous subissons toute notre vie quelque chose (notre caractère), dont nous ne sommes aucunement responsables du façonnement. L'enfant n'est pas acteur, il subit son état d'enfance, il n'est pas responsable pénalement.

Si bien que c'est quelque chose étant le fruit du plus pur hasard de la naissance, de la bienveillance ou de la malveillance des parents ou des tuteurs, essentiellement, mais aussi du milieu social et ethnique de ces parents et de la société et de ses hiérarchies, qui déterminera toute notre vie d'adulte. Où par préjugé et parce qu'il faut bien que le monde avance, nous nous pensons acteurs de nos actes, responsables pénalement : il faut bien nourrir les magistrats qui font partie du monde de la représentation.

Tous ces procès, ces tribunaux, sont l'expression d'une vaste mascarade, à l'instar d'une scène de théâtre. Le monde de la représentation est comme une scène de théâtre, mais dans les coulisses opère la volonté qui tire les ficelles de ce spectacle de guignol. La surface des choses n'est rien comparée à la chose en soi, étant la volonté ; la représentation est comme le tas de neige au sommet de l'iceberg dont la face cachée est encore bien plus grande que la face visible.

Si l'on est matérialiste, on aura tendance à penser comme je le pense, qu'au moment de la mort nous quittons ce monde du vouloir et qu'il n'y a aucune âme éternelle ; mais ce n'est qu'une opinion non démontrable, il n'y a pas plus de preuves de la non-existence de Dieu que de son existence. Il n'y a plus, privé de volonté, qu'un corps qui est condamné à pourrir lentement avant d'être réduit en poussière.

Nous ne mourons pas non plus vraiment car la volonté à laquelle nous avons participé pendant un certain laps de temps, reste exactement la même à la surface de la terre, avant que nous vivions, puis après. Notre existence n'y change rien, rien ne s'est créé, rien ne s'est perdu, il y a juste eu des transformations au sein d'un vouloir restant toujours identique à lui-même. Nous avons juste participé à un phénomène qui nous dépasse presque infiniment, presque hors du temps, dont la science a fixé l'origine à plusieurs milliards d'années, qui nous échappe pratiquement complètement voire entièrement, du point de vue de la responsabilité, du début jusqu'à la fin étant foncièrement absurde : la vie.

Zemmour est comme tous les autres politiques, complètement aveugle sur le devenir-monde de la technique, sur l'arraisonnement du monde par la technique. Toujours cette folle fuite en avant totalement absurde que justifie la concurrence avec tous les autres pays, surtout la Chine, qui va nous mener à notre propre extinction. Alors qu'il faudrait s'entendre à l'échelle mondiale sur une désindustrialisation généralisée, sur un lâcher prise.

L'humanisme au sens de Heidegger c'est ce qui aboutit au devenir-monde de la technique, la mondialisation. L'humanisme tel que l'entend Heidegger est le fruit d'une subjectivité prédatrice, que la french theory (Foucault, Derrida, Deleuze) a voulu déconstruire. On ne peut pas opposer de façon binaire humanisme/antihumanisme, comme bien/mal. Derrière des termes en apparence simples il y a des significations plus complexes et non binaires.

Heidegger a été cohérent avec lui-même, il a défendu la culture européenne par le biais de la culture allemande et de l'État allemand, peu lui importait sa couleur politique au fond (c'est mon hypothèse : il a malheureusement fallu qu'il soit allemand au moment du nazisme, ce qui aujourd'hui dessert complètement sa théorie), pour lutter contre le devenir-monde de la technique par le biais de l'individualisme anglo-saxon des États-Unis d'un côté, et du collectivisme soviétique de l'autre côté.

Il a bien compris que l'Europe et sa culture millénaire était prise en étau entre ces deux forces qui au fond reviennent au même. Le monde d'aujourd'hui lui donne parfaitement raison ; où l'Europe ne pèse plus très lourd face aux États-Unis et à la Chine, et où sa culture humaniste est en péril en raison même de ce type particulier d'humanisme qu'est l'humanisme cartésien, qu’il critique en faisant preuve d'antihumanisme, terme souvent incompris et perçu quelquefois péjorativement, comme pour accréditer la thèse d'un Heidegger foncièrement nazi.

Heidegger n’a pas daigné « faire amende honorable » dans quelque torchon démocratique de la société allemande, car il a vu combien l’assimilation libérale des nazis à l’appareil d’état et à l’industrie ne posait aucun problème à une Allemagne plus soucieuse de relancer l’économie que de poser des questions éthiques.

On peut sortir les termes de leur contexte, ainsi on peut faire dire à Heidegger tout ce qu'on veut. N'empêche qu'il a influencé des philosophes comme Arendt, Levinas, Derrida, parmi tant d'autres, que l'on peut difficilement accuser de collusion avec le nazisme et son projet d'extermination des Juifs d'Europe - à moins de souhaiter se supprimer soi-même.

« On peut souhaiter se supprimer soi-même, ça s'appelle un suicide. L'argument de l'influence d'Heidegger sur des penseurs juifs me paraît éculé. Levinas a toujours été clair : "L'ontologie heideggérienne qui subordonne le rapport avec autrui à la relation avec l'être en général (...) demeure dans l'obédience de l'anonyme et mène, fatalement, à une autre puissance, à la domination impérialiste, à la tyrannie. Tyrannie qui n'est pas l'extension pure et simple de la technique à des hommes réifiés. Elle remonte à des états d'âme païens, à l'enracinement dans le sol, à l'adoration que des hommes asservis peuvent vouer à leurs maîtres." (Levinas, Totalité et infini, 1961).

La pensée d'Arendt se caractérise par une certaine haine de soi et une certaine dose de racisme.

Quand Derrida prenait pour une critique de la technique, « Les chambres à gaz c'est la même chose que l'agriculture motorisée etc. », il ne s’est pas fourré le doigt dans l'œil, mais le bras entier du salut nazi. »

La tyrannie aujourd'hui c'est celle du devenir-monde de la technique, elle n'est pas potentielle, elle est effective. Certes il y a sans doute potentiellement un danger dans le concept d'authenticité tel que défini par Heidegger : l'enracinement dans le sol, les coutumes et traditions, tout le folklore nazi... Mais dans le "pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien", il me semble bien que nous sommes aujourd'hui dans le "quelque chose" (la relation de cause à effet, l'enchaînement hypothétique de la raison) et en même temps dans le "rien" (nihilisme) ; que nous sommes dans l'oubli de l'oubli et dans la volonté de volonté, sans valeurs (la raison pratique), et que nous avons totalement occulté l'étonnement philosophique face au "il y a".

Quand j'étais petit et que mes grands-parents parlaient breton en s'enthousiasmant avec de grands éclats de rire, je n'avais pas l'impression d'être en face de néopaïens nazis, mais plutôt de ce qui faisait l'âme de la France, et qui aujourd'hui a totalement disparu sous le rouleau compresseur de la doxa des nouveaux philosophes et du néolibéralisme à vocation hégémonique jusque dans l'intimité des gens, les déshumanisant, des années 80 à aujourd'hui, sans nulle alternative possible : le camp du bien est exclusif.

Heureusement que Zemmour fait un peu contrepoids à l'influence délétère des nouveaux philosophes et surtout de BHL, ce parangon du camp du bien. Mais aujourd'hui de toute façon, seuls ceux que sacralise le fait d'avoir eu des ascendants victimes ou potentiellement victimes du fait de leurs origines, de la Shoah, de la colonisation, de l'esclavage... ou toute autre forme de persécution, sont audibles en France. C’est ce que l’on pourrait appeler une forme de tyrannie mémorielle et victimaire.

Aujourd'hui j'ai traversé la Bretagne du nord au sud en voiture, je n'ai vu que les ravages infligés aux paysages par les axes routiers, les éoliennes, les zones commerciales périurbaines etc. Il ne manquerait plus que des usines un peu partout ! Le monde se déshumanise à mesure que nous devenons chaque jour plus dépendants du monde de la technique. Comme Heidegger est aujourd'hui assimilé à un nazi, toute critique des technosciences est assimilée hypocritement à du nazisme. Comme dirait Dupontel : "Adieu les cons" !

Protéger les peuples, les coutumes et traditions françaises comme le préconise Zemmour ? Moi je veux bien. Sauf que la très grande majorité des Français n'ont plus ni coutumes, ni traditions, et encore moins de religion. Alors quoi protéger ? Si ce n'est un individualisme mortifère et déshumanisant se cachant derrière le terme de laïcité. Les seuls à avoir encore coutumes et traditions, sont les musulmans en France, et la laïcité est un oripeau dérisoire qui recouvre le néant de l'esprit français - qui était encore très vivant aux XVIIème et XVIIIème, et qui a selon moi définitivement disparu au début des années 80, avec le tournant néolibéral d'inspiration reagano-thatchérienne.

Les Français old school n'ont plus aucun modèle à proposer car ils se sont perdus eux-mêmes dans l'individualisme et la concurrence. Zemmour même s'il brasse beaucoup d'idées, bien plus que ses rivaux, même si je suis plutôt d'accord sur un rétablissement du roman national et la déconstruction de la déconstruction par le rétablissement de coutumes et de traditions d'inspiration catholique ; constitue quand même globalement un anachronisme absurde.

« Pas d’accord. Il est contre les éoliennes, Les zones commerciales péri-urbaines, etc. »

Ce qui est incohérent, comment la France pourrait-elle lutter toute seule contre un phénomène qui est mondial ? La mise en concurrence des pays entre eux, comme des individus, sur le plan économique, s'accompagne de conséquences, qui, à moins de stopper cette concurrence stérile sont inévitables. Il ne suffit pas de décréter pour opérer ; souvent les hommes chérissent les causes (et je crois que Zemmour aime l'argent et le luxe) dont ils déplorent les effets. Il ne suffit pas d'avoir une vision nostalgique du passé pour que celle-ci revienne parce qu'on l'a décrété, comme par magie.

« Il n’est pas exactement pro-libéral / ouverture des frontières. »

Il est pour la concurrence des pays entre eux, comme des individus, mais sur un modèle français non perverti par l'influence anglo-saxonne. Nous ne sommes plus au XVIIIème siècle, comme quand la France pouvait encore imposer un modèle colbertiste contre le modèle libéral anglo-saxon. Nous avons perdu la bataille, et même la guerre, en 1815 à Waterloo. C'est parce que la France n'a pas battu par les armes son vieux rival anglais, que le modèle libéral de ce dernier s'est imposé durant tout le XIXème siècle, dont les États-Unis ont repris le flambeau jusqu'à maintenant.

C'est définitivement le modèle anglo-saxon qui l'a emporté à l'échelle mondiale. C'est là-dessus qu'il faudra revenir si nous voulons sauver la planète, je sais qu'en l'état actuel des choses c'est parfaitement utopique. Zemmour présente effectivement l'avantage louable de vouloir lutter, mais il ne lutte plus à armes égales ; il semble se croire encore à l'époque glorieuse de Napoléon, or nous n'en sommes plus là. Il devrait peut-être se contenter de faire de l'histoire en simple commentateur et non acteur, et surtout un peu plus de philosophie. Il a chopé le melon comme on dit.

La France n'est pas un safe space coupé du reste du monde. Dans ce phénomène mondial, il n'y a pas grand-chose à faire d'autre que de se comporter avec humanité vis-à-vis de nos semblables, comme le prône d'ailleurs le pape François avec les migrants d'origine musulmane. Comme le dit Heidegger qui prône le retrait et le détachement, seul un dieu pourrait nous sauver. La France sera de moins en moins un safe space, tout va se dissoudre dans le grand Tout, toute idée de retour en arrière est une chimère. La génération des baby-boomers porte une responsabilité immense dans le déclin actuel, elle avait toutes les cartes en main pour qu'advienne autre chose que ce qui advient aujourd'hui ; mais par inconséquence, esprit de jouissance au détriment des valeurs, elle a laissé les générations qui viennent après elle sans les armes pour affronter l'adversité.

La tentative de Zemmour est intéressante, instructive et riche culturellement et historiquement, elle nous rappelle d'où nous venons, ce que nous avions oublié à cause des baby-boomers et des nouveaux philosophes, mais elle me semble vaine et futile dans le contexte actuel, car trop empreinte de nostalgie, donc pas assez réaliste.

Si l’on voulait être réaliste, pour commencer il faudrait évidemment au moins doubler le salaire des enseignants et arrêter de jeter à fonds perdus dans la finance, c’est la base de toute chose sur laquelle tout repose, quel mépris de la part du pouvoir politique pour sa jeunesse ! À moins que tout cela ne soit mûrement réfléchi : on a vu sur quoi a débouché en Mai 68, le fait d'avoir voulu trop cajoler sa jeunesse en l'éduquant avec des valeurs et de la culture classique ; alors afin d'éviter tout trouble à l'ordre public vaut-il mieux la flatter, la maltraiter, et tout déconstruire… y compris le métier d’enseignant !

lundi 13 septembre 2021

Comment devient-on un homme puissant ?



Parmi les gens que j'ai connu dans mon enfance et mon adolescence, les seuls qui aient réussi étaient ceux qui ostensiblement étaient les plus méchants, vindicatifs et méprisants envers leurs petits camarades : Alexandre Wolff, Olivier Jalabert, Karim Achoui, Matthieu Béra... Les femmes qui n'étaient alors que des jeunes filles n'ont jamais été un but pour eux mais un moyen, instrumentalisable, c'est pour cette raison d'ailleurs que ça les séduisait tant de tomber entre leurs mains, au service d'une ambition supérieure ; cela indiquerait donc que les femmes aiment ça et qu'elles n'osent pas s'avouer à elles-mêmes leur véritable nature.

De vraies teignes étant enfants puis adolescents se sont métamorphosées en représentants de ce qu'a produit d'intellectuel leur génération. Une fois adultes et arrivés à leurs fins ils passent généralement pour des types super sympas, c'est l'image que désormais ils veulent renvoyer d'eux-mêmes ; mais il faut bien voir qu'une ambition énorme sous-tendait toutes leurs forces tournées déjà dès l'enfance vers un seul but : la réussite sociale. À cet égard la fin justifie tous les moyens. Tout cela semble donner raison à Nietzsche et à la volonté de puissance. Et seule la faim rassasiée arrive à calmer les ardeurs.

Je pense que l'espèce humaine est une espèce méprisable dont il n'y a pas grand-chose à attendre (malgré les dénégations de Nietzsche qui y place des promesses démesurées et surhumaines) ; c'est pour cela que Schopenhauer et dans sa lignée Houellebecq recommandent la pitié, autrement dit la compassion pour tout ce qui est vivant. Tandis que Nietzsche recommande la cruauté et la volonté de puissance, ou encore Sade le mal pour le plaisir de faire le mal qui est bien plus grand selon lui que de faire le bien.

L'espèce humaine est malheureusement comme ça, surtout lorsqu'on a brisé comme Nietzsche toutes les tables de la Loi et tous les garde-fous possibles ; tout cela étant nommé progressisme par nos contemporains postmodernes.

Je ne crois pas une seule seconde à cette histoire de syphilis qui est anecdotique. C'est la propre pensée de Nietzsche, totalement déconstructrice, qui l'a rendu fou, et c'est parfaitement logique et normal, il ne pouvait en être autrement. On ne joue pas avec le feu, en détruisant toutes ses racines, tous ses fondements spirituels, en détruisant par la pensée toute sa famille, son père, sa mère, sa sœur, les fondements de la religion, de l'éducation, de la vie en société, sans y laisser des plumes. Il est allé beaucoup trop loin sur un chemin de création et de salut et en même temps de perdition sans nul retour en arrière possible vers la santé mentale. Pour le salut de l'humanité grâce à la volonté de puissance nous a-t-il enseigné...

J'ai plutôt tendance à émettre de sérieux doutes, tout comme Houellebecq héritier de Schopenhauer ; pourquoi ayant conscience de l'absurdité foncière de l'existence humaine, ne pas tout simplement s'arrêter à une attitude de compassion pour tout ce qui est vivant plutôt que d'en tirer des conséquences sur le surhomme, avec toutes les conclusions fâcheuses que l'on sait sur le plan politique ?

L'idéal serait un genre de bouddhisme s'appliquant à l'humanité entière, car le christianisme est selon moi, tout comme l'islam, une religion trop cruelle ayant pour symbole un instrument de supplice ; celui de la peine de mort. Avec l'hégémonie de la Chine et avec elle de toute l'Asie orientale sur le plan mondial économiquement, on va sans doute arriver à un genre d'hégémonie mondiale des sagesses nous venant d'Extrême-Orient, et ce sera très bien ainsi.

Mon chemin de croix à moi est bien pire et absolument immoral (j'ai conscience que je suis immoral en souhaitant leur mort, et souhaiterais sincèrement qu'il en soit autrement), c'est la vie même de mes parents. Combien a-t-il fallu que les "valeurs" de la génération des baby-boomers soient fausses et surtout toxiques, pour qu'ils en arrivent à faire souffrir ainsi leur propre progéniture ; alors que tous mes grands-parents que ce soit du côté de ma mère ou de mon père, étaient des braves gens et même des gens sains, sincèrement altruistes et préoccupés du développement affectif de leurs enfants et petit-enfants, sans avoir la tête bourrée de théories philosophiques, pédagogiques, psychologiques, déconstructionnistes, qui globalement ont fait beaucoup plus de mal sur l'éducation des enfants, que la simple religion catholique, effectivement.

Mon cousin germain qui avait exactement le même âge que moi à cinq mois près, s'est suicidé à 23 ans, et mon père qui a refait sa vie avec une autre femme a eu une fille autiste. C'est très facile aujourd'hui d'exonérer les parents et de tout mettre sur le dos de la génétique, pour ma part je n'y crois pas une seconde.

Donc vive Zemmour : retour aux années 50/60 ? Aux joies de la religion catholique avant la déconstruction ? Sauf que, même si effectivement c'était mieux avant, le temps passé ne revient pas, et qu'à la place on risque d'avoir une monstruosité d'extrême-droite dont les forces de réaction ont le secret. Ne vaut-il pas mieux accepter le monde tel qu'il est comme le préconise Nietzsche, c'est-à-dire actuellement absolument merdique (néolibéral et progressiste), mais qui pourrait encore être pire ?

Je pense que les lycéens de terminale sont encore des enfants, et aujourd'hui encore plus qu'hier. On ne devient adulte désormais que vers trente ans, voire jamais, puisque la mode qui ne semble pas passagère est au jeunisme pour toute la vie.

Seules les valeurs de la jeunesse sont exaltées, on n'accorde plus aucun crédit à l'expérience, à la "sagesse" (rien que l'évocation de ce terme fait rire aujourd'hui, je n'ose le mettre qu'entre guillemets), et les vieux que nous sommes (pas vous), doivent s'y plier de bonne ou mauvaise grâce.

On ne devient pas pervers, on le reste, et ils sont des êtres immatures que notre époque favorise en ayant renoncé à l'éducation par la culture classique (au profit d'une sous-culture d'origine U.S), et que la mode ou la politique (je pense à Macron) portent au pinacle. Un pervers narcissique est un enfant qui le reste toute sa vie, c’est-à-dire qu’il reste pervers polymorphe toute sa vie.

L'avantage de Zemmour c'est effectivement qu'il est beaucoup plus adulte et mature, et donc intelligent, que Macron étant resté un enfant ; et ce dernier n'est qu'une marionnette entre les mains du système, il met moins de gens en péril que Zemmour qui voudrait frapper du pied dans la fourmilière.

Il ne sera donc jamais élu, ni lui, ni Marine Le Pen. Mais le système le laisse faire, car sinon où irait se déverser toute la frustration des gens devant un avenir qu'on enlève à leurs enfants ? Autrement dit c'est pour maintenir la paix sociale qu'on laisse s'exprimer Zemmour, s'il avait la moindre chance d'être élu il serait assassiné ou "suicidé" sur le champ par les services de police compétents.

Les hommes qui deviennent puissants une fois adultes sont-ils tous désormais des pervers narcissiques ? c'est possible. Autrefois ils se moulaient dans le schéma patriarcal et c’était mieux ainsi selon Zemmour. La déconstruction peut avoir du bon, mais elle peut faire énormément de mal aussi, lorsqu'elle n'est pas appliquée avec doigté et finesse. Ce ne sont pas les baby-boomers qui ont pris la déconstruction en pleine face, mais ma génération, ceux nés entre la fin des années 60 et le début des années 80 ; ils ont essuyé les plâtres comme on dit, et pour les générations d'après la situation s'est un peu éclaircie. Je suis beaucoup plus proche et fidèle à mon cousin que ma vieille et tendre tante, sa propre mère, qui refuse de me parler et demeure sous l’emprise de son frère pervers, mon propre père.

N'oublions pas que la France est un pays de veaux comme le disait de Gaulle, j'ajouterais dont le consentement est fabriqué par les merdias, et qui ne prennent jamais de risques dans leurs votes.


lundi 6 septembre 2021

Diviser pour mieux régner

 


Il n'y a plus de racisme ni de misogynie dans la société et c'est plutôt une bonne nouvelle, à moins d'être complètement à l'ouest, arriéré, ou encore vouloir être exclu de la communauté des bien-pensants, c’est-à-dire du camp du bien donc du genre humain. Le néolibéralisme a mis tout le monde d'accord, pour tous c'est united colors of Benetton, autrement dit l'esclavage généralisé sous la forme de l'ubérisation du monde du travail.

Le capitalisme 2.0 se montre sous les traits attrayants d'un militant antiraciste luttant contre toutes les formes de misogynie et d'homophobie ; en réalité ce sont les différences de genre et les spécificités régionales qui sont niées : beaucoup de femmes veulent être des hommes comme les autres et revendiquent les attributs phalliques du pouvoir. Le capitalisme 2.0 a récupéré Foucault, Deleuze, Derrida, et les a retournés contre les peuples et les genres dans ce qu'ils ont de singulier, pour imposer les woke et cancel cultures ; qui nous reviennent comme un boomerang des campus américains par le biais de la French Theory. Cette pseudo culture de la différence est une hypocrisie derrière l'uniformisation culturelle et le métissage ethnique qui nous sont imposés par la mondialisation.

{ Qu'est-ce qui a empêché Rimbaud de confirmer, rendu Verlaine clochard et Baudelaire fou ? C'est le shit. Le vin est le génie de l'Occident, le shit est un poison beaucoup plus fort, qui rend fou, le génie du Proche-Orient et du Maghreb. Le shit est peut-être le poison qui a empêché pendant un temps à l'islam de confirmer, par lequel ils commettent des attentats, mais par lequel ils peuvent rendre l'Occident complètement fou.

C'est chez Amin Maalouf que j'ai trouvé le thème du hashish, lorsqu'il traite de la question de la secte des Assassins (dont l'étymologie est précisément le mot hashish). J'ai fait personnellement l'expérience du hashish et en ai fait amèrement les frais, une drogue pas si anodine et récréative que ça et que je déconseillerais à mes enfants. Le vin me paraît moins nocif, mais avec modération, car il s'agit aussi d'un poison mais dont les effets sont plus lents.

J'ai fait cette expérience pour me soulager de la relation toxique que j'avais avec mes deux parents et que je subissais sans en être l'acteur, mais au lieu d'y obtenir une libération, j'y ai trouvé un engrenage qui très rapidement entraîne à la plus vile des servitudes sans retour en arrière possible. Les paradis artificiels sont une solution de facilité qui mène toujours très sûrement à l'enfer.

On peut être une victime en étant fils de blanc et de blanche, se prétendant au passage antiracistes et philosémites. J'aurais pu faire la une de Détective, évidemment c'est moins glamour. Est-ce que je tire une gloire et des avantages à être une victime ? Non mais c'est mon habitus et c'est très difficile d'en sortir. Mais j'aimerais en sortir.

Est-ce que l'on tire une forme de jouissance à être le martyre de ses parents ? Oui malheureusement, car sinon ce serait tellement plus facile d'en sortir - pour une raison analogue Freud disait qu'il ne pouvait pas soigner les pauvres car ils y trouvaient trop de compensations.

Pourquoi je n'aime pas le hashish ? Parce qu'il me replonge dans cet état psychotique où je subissais la violence de mes parents sans pouvoir être acteur ; il n'y a aucun racisme là-dedans. Je préfère le vin qui me détend.

Baudelaire : "Le vin exalte la volonté, le haschisch l'annihile [...]. Le vin rend bon et sociable ; le haschisch est isolant... Enfin, le vin est pour le peuple qui travaille et qui mérite d'en boire. Le haschisch appartient à la classe des joies solitaires ; il est fait pour les misérables oisifs."

Certains ont pu être des nazis et de très bons pères de famille, d'autres se prétendent démocrates et se comportent comme des nazis avec leurs enfants, qu'est-ce qui est le pire ? Ça dépend pour qui !

Mon préféré est Adrien Dufourquet et non pas Ferdinand Griffon (dit "Pierrot"), car je trouve Godard plutôt froid et hermétique, passion commune de la génération des baby-boomers ayant fait 68 que j'abhorre ; je lui préfère de loin le solaire et pas moins désespéré, Pasolini – qui a eu des mots très durs sur 68, cette « révolution » d’enfants de bourgeois.

Mai 68 a duré selon moi de 68 à 83, que l'on pourrait qualifier de parenthèse enchantée, les nouveaux philosophes ont surtout retourné prestement leurs vestes et fait preuve d'opportunisme. Après avoir été tous maoïstes, ils ont trahi les idéaux de Mai, tout comme beaucoup de 68ards tel mon père qui se sont dépêchés d'adopter un costume néolibéral à partir du début des années 80 sur le modèle de Tapie, l’égérie de Mitterrand ; après être presque tous passés par une brève période hippie que personne n'a su assumer et dont beaucoup d’enfants ont été les victimes (pédophilie), et dont j'ai la mémoire assez nostalgique.

Car finalement même si j’ai été un peu éclaboussé, je préférais l’amour libre à l’appât du gain. L’ironie de l’histoire est que mon paternel est redevenu un super macho patriarcal à peu près à partir de 1983, après avoir quitté sa seconde femme politisée et féministe pour une femmes sans saveur et soumise. Son leitmotiv pseudo darwinien n’était-il pas : seuls ceux qui s’adaptent aux changements sont suffisamment forts pour survivre ? }

Et comment le capitalisme 2.0 règle-t-il le problème de la différence ? En mettant tout le monde en concurrence (le struggle for life) sur un marché du travail dont les règles sont de moins en moins clairement définies et sous les traits d'un dirigeant d'entreprise ou d'un pays (ce qui aujourd'hui revient pratiquement au même) militant antiraciste sympa (mais qui ne transige pas sur les cadences de travail), surtout avec les femmes et les homosexuels, qui n'a plus rien de patriarcal. Je suis d'accord que les Occidentaux sont globalement plus protégés dans le monde du travail - mais ce n'est pas non plus une généralité loin s'en faut - que les réfugiés et migrants arrivant sans les bagages culturels et les codes qui leur permettraient de lutter à armes égales avec ceux qui jusqu'ici ont toujours eu une longueur d'avance sur eux, pour pouvoir mieux les exploiter - croisades, esclavagisme, colonisation, racisme au travail, travail dégradant et très mal payé etc.

Mais je crois sincèrement que nos élites mondialisées ne font plus du tout la différence entre peuples autochtones et populations allogènes, et que peu à peu, tous seront voués à subir le même sort, avec sa seule force de travail à exploiter par le Capital pour s'en sortir. Ce qui plonge d'ailleurs des peuples autochtones de l'Occident dans le désarroi et les poussent à voter pour des gens comme Trump (d'ailleurs censuré par les GAFAM) ou Le Pen en France - pas si autochtones que ça dans le cas des États-Unis, puisque les Amérindiens ont été remplacés et éliminés par ceux dont les descendants se proclament autochtones parce que leurs familles proviennent des premiers migrants.

Le cosmopolitisme financier attise nos discordes afin de mieux nous diviser, sait-on jamais, plutôt que de s’unir contre un ennemi commun. Les seuls vainqueurs de ces « conflits de civilisations » qui font des victimes en terres arabes et occidentales, sont des gens comme Jeff Bezos, Elon Musk, Bill Gates, Zuckerberg etc., bref les GAFAM ; mais je ne pense pas que ce soit encore la très grande majorité des Occidentaux comme quand ils avaient été mis à contribution pour participer aux croisades, à l’esclavagisme et à la colonisation.

Il est évident que Macron est un modeste employé, sans doute méprisé par ses supérieurs en raison de ses faibles revenus de président d'une république bananière au sein de l'atlantisme, mais il est un agent actif, docile et fidèle au service du cosmopolitisme financier ; alors que Trump aurait pu commencer à être dangereux pour les intérêts de ce dernier, ce pourquoi il fut censuré par les réseaux sociaux au nom du politiquement correct.