dimanche 28 janvier 2018

Réactions d'un poète philosophe à mon dernier billet sur la question de la technique


Le poète philosophe : « Ouf ! Bravo ! Belle récitation ! J’ai beaucoup aimé Hawking et le réchauffement climatique ! Vous avez quand même oublié les rendements décroissants, ce n’est pas très sérieux.
Sinon, je vous mets un B+, encore un effort et vous allez atteindre la perfection du psittacisme anti-libéral, maintenant essayez l’antithèse : démontrez en termes ronflants et éculés que le libéralisme est l’avenir de l’humanité. »

Moi : « Vous voulez la synthèse en même temps ? »

Le poète philosophe : « Oui, ce serait bien, et n’oubliez pas Heidegger et l’autonomie de la technique, c’est pas mal non plus. »

Moi : « Si vous voulez bien éclairer ma lanterne sur ce que vous vous en avez compris de l'autonomie de la technique, on pourrait partager nos impressions... »

Le poète philosophe : « Inutile, vous avez bien compris qu’il n’est pas question ici de réfléchir mais de réciter. »

Moi : « De toute façon je croyais que Heidegger était définitivement hors-jeu, à cause de ses « cahiers noirs », non ? Alors pourquoi le citer ? Pour m'attirer dans un piège. Les ficelles sont trop grosses, désolé ! J'apprécie évidemment ce philosophe, mais les boules puantes que l'on a lancées sur sa mémoire, en font un pestiféré posthume. »

Le poète philosophe : « Tout le monde n’est pas Farias ou Faye, et Heidegger pour avoir été une belle crapule n’en était pas moins un grand philosophe, mais peu importe, si on fait référence à Nietzsche on peut se permettre Heidegger. »

Moi : « Nietzsche est davantage poète que philosophe, ou tout du moins les deux en même temps, on peut donc beaucoup plus lui pardonner qu'à Heidegger. De toute façon vous aurez bien compris qu'à la limite je préfère Schopenhauer à Nietzsche. Nietzsche est certainement supérieur à Schopenhauer au niveau de l'interprétation que l'on peut faire de l'absurdité de la vie. Mais pour les interprétations que l'on a pu faire de Nietzsche, ce dernier est critiquable, car beaucoup plus dangereux, d'ailleurs n'a-t-il pas affirmé qu'il faut vivre dangereusement ? Je crois effectivement qu'Hitler avait lu Nietzsche et qu'il s'en est inspiré pour en faire une singulière interprétation, tout comme mai 68 en constitue aussi une interprétation. Nietzsche est sans doute trop riche, trop divin, pour la plupart des médiocres mortels que nous sommes. »

Le poète philosophe : « Et Heidegger, ami de René Char, grand poète et grand résistant, ne voyait pas d’autres issues que la poésie ou un Dieu pour sortir de la crise. »

Moi : « Tenez j'ai apporté une petite modif à mon long développement psittaciste : Le nouveau dogme a connu un coup de fouet sous l'ère Thatcher/Reagan et semble être à son apogée (mais il peut en réalité encore "mieux faire"), c'est-à-dire que son aspect globalisant/totalisant est en train de séduire et de convertir la planète entière sous son "emprise" sans aucune autre alternative possible, plus que sous son "empire" d'ailleurs. Car la séduction qu'il exerce se fait dans l'intimité de chacun, dans ce que chacun a de plus profond en lui, et non pas seulement de façon superficielle comme les régimes totalitaires comme le nazisme ou le stalinisme, contre lesquels on pouvait toujours résister par les armes ou bien par l'esprit (la vie intérieure). »

Le poète philosophe : « Mais justement vous tenez là votre antithèse, la technique n’exerce-t-elle pas cette même fascination ? Le libéralisme est soumis aux mêmes terribles pressions que les autres idéologies. Comment disait-il déjà ? "la mécanisation de la Wermacht est un acte métaphysique" (si je me souviens bien) »

Moi : « Fascination ne veut pas dire adhésion, et j'y résiste de toutes mes (humaines trop humaines) "forces", conscientes en tout cas. Puisque je sais que je suis dévoré de l'intérieur par la fascination du progrès technique, comme à peu près tout le monde, sous peine d'ailleurs de périr. C'est plus une fascination encore qu'une adaptation à un milieu, car le progrès est séducteur, et nous range sous son emprise. Comme une drogue il provoque accoutumance et processus de sevrage. »

Le poète philosophe : « C’est la drogue du néotène ! C’est notre quête insatiable depuis toujours, l’écriture, puis la presse, puis Internet, ça s’accélère c’est tout. Bien sûr que nous adhérons : serions-nous là sinon ? Nous sentons simplement que ça nous échappe et que de ce fait un danger inédit nous menace. »

Le poète philosophe : « Vous êtes trop méfiant, mon propos est tout autre. Ce que vous reprochez au libéralisme est à mon sens hors de propos. On peut toujours trouver en germes toutes les explications que l’on veut dans dans les origines des idéologies dominantes. Le romantisme a engendré le nazisme et Hegel le communisme. Ce que vous attribuez au libéralisme pourrait être attribué à la métaphysique occidentale toute entière. Ne serait-il pas temps de sortir des anathèmes et réfléchir à ce qui nous arrive sans chercher des responsables occultes. Attali est bien sûr à l’abri du besoin mais est-il à l’abri des courants de pensée qui nous dominent tous.
La volonté de volonté est-elle spécifiquement libérale ? »

Moi : « Ce que j'apprécie effectivement c'est d'essayer de remonter toujours le plus haut possible dans une chaîne de causalité. Après la cause première du bien ou du mal sur terre, on ne la trouvera jamais, elle est comme une petite source qui depuis bien longtemps s'est perdue dans les sables d'un vaste désert.
Il y en a qui disent aussi que c'est Hegel qui a engendré le nazisme (à cause de sa pensée dialectique de l'histoire), et je verrais plus Marx à l'origine du communisme, même si la pensée de Hegel fut à l'origine de celle de Marx, c'est exact. Mais un messianisme d'origine judéo-chrétienne peut aussi être à l'origine du messianisme communiste, et la pensée judéo-chrétienne (j'appelle pensée judéo-chrétienne l'alliance du nouveau et de l'ancien testament, même si on l'a vu par l'expérience, judaïsme et christianisme sont rarement compatibles, c'est-à-dire conciliables, et aujourd'hui réconciliables) peut aussi être à l'origine de toute la métaphysique occidentale. Qu'est-ce qui alors est à l'origine de la pensée judéo-chrétienne ? Et s'agit-il d'une pensée ou d'une croyance ? »

Moi : « Il se trouve qu'en ce moment nous vivons sous un régime libéral-libertaire totalisant selon moi, car sans alternative audible en tout cas et possible. Et c'est cela le danger, cette absence d'alternative, car la démocratie repose sur la pluralité des partis politiques en matière d'idéologie, l'alternative fournit un espoir à ceux qui se sentent opprimé par un régime quel qu'il soit. Le fait est qu'aujourd'hui il n'y a plus qu'une seule idéologie dominante, puisque toutes les autres sont systématiquement discréditées ; c'est le libéralisme libertaire
Quant il n'y a plus d'alternative politique à un régime, il ne reste que la colère et le désespoir, et l'histoire nous a montré où cela pouvait mener. Les interpétations les plus folles de telle ou telle idéologie peuvent alors avoir libre cours, et c'est alors que s'opère la recherche de bouc-émissaires, et le développement contemporain d'un phénomène comme la pensée complotiste ou théorie du complot.
C'est bien parce que je cherche plus haut dans la chaîne des causes une éventuelle responsabilité, que vous ne pouvez pas me réduire à quelqu'un qui formule des anathèmes et qui ne réfléchit pas à ce qui nous arrive en cherchant des responsables occultes
Attali surfe sur une vague dont il n'est aucunement l'initiateur, mais c'est vrai aussi que depuis les années 80, il joue un rôle prépondérant en matière de communication et de stratégie, dans l'élection de certains présidents. On dit même que c'est lui qui aurait choisi Macron, ou bien Minc, alors que le jeune homme ne se destinait nullement au métier de président. »

Moi : « Houellebecq aussi ne voit qu'un Dieu pour sortir de la crise. Mais qui dit Dieu dit religion et on repart dans la même chaîne de causalité avec tous ses massacres liés à l'intolérance. C'est pour cela qu'il vaut mieux faire confiance au passé et aux religions déjà existantes et qui ont fait leur preuves (en bien ou en mal d'ailleurs), la connaissance du passé et non pas son abandon pur et simple au nom du progressisme et du politiquement correct, peut structurer les nouvelles générations sur l'expérience des ancêtres ("l'humanité est faite de plus de morts que de vivants"), plutôt que sur un avenir incertain qui fait fi de tout passé et de tout héritage.
Et je dirais même plus, dans le grand sac où je range pêle-mêle les "responsables" de la crise, et là je me rapproche pour moi, dans ce qui est de l’ordre de mon vécu de l'origine de la "crise" (mon "expérience intérieure" de la crise comme la qualifie Bataille) ; disons qu'il y a mes parents, les amis de mes parents et leurs amis, et les amis des amis de leurs amis etc.
Bref presque tout le petit microcosme bobo parisien baby-boomer, et maintenant leurs enfants, mais ces derniers sont incapables de s'entendre et se font la guerre, faute d'une morale commune. Faute d'une spiritualité ou vie intérieure commune. Il y a bien quelques petits malins qui croient faire l'unanimité et qui pensent qu'ils vont s'en sortir comme ça, sur le culte de leur personnalité à l'égard de leur entourage. Mais personnellement je n'y crois pas trop, aux leaders grandes gueules, qui aujourd'hui font un peu la loi partout de la famille au monde du travail et jusque dans la politique. En l'absence de vie intérieure commune, c'est-à-dire en l'absence de spiritualité en commun, l'avenir de la France c'est l'islam, si nous n'y prenons pas garde... » 

La prof : « Je ne connais pas ce genre de microcosme en général et parisien en particulier. Quant à l'épouvantail islam, je pense que notre pays a assez de ressources intellectuelles et matérielles pour ne pas tomber dans la "soumission". Les enclaves islamistes peuvent être neutralisées, en premier lieu par l'éducation si l'état y met les moyens nécessaires. Cela arrivera fatalement quand les Français commenceront à exprimer leur raz-le-bol de façon plus pressante en espérant de ne pas tomber dans une violence stérile. »

Le poète philosophe : « Oui, bien sûr, le monde occidental traverse une crise profonde, mais dire que cette crise est due au libéralisme est dangereusement réducteur. On a l’impression de se retrouver deux siècles en arrière avec les mêmes arguments des romantiques contre les Lumières : vous apportez la division, l’appartenance à un peuple n’est pas de même nature que l’appartenance à un club, etc. Pour ce qui est de l’anathème, pardon, mais invoquer le réchauffement climatique et les données bidonnées du GIEC, ça se pose un peu là. Ce n’est de toute façon pas le libéralisme qui est en cause mais notre nature profonde : nous transformons notre environnement depuis toujours. Ce n’est pas moi qui vous réduit à quoi que ce soit, mais bien plutôt les stéréotypes que vous avez employé. Nous savons tous qu’il y aura toujours des gens avides, mais est-ce bien le fond du problème ? À utiliser sans cesse ce terme de libéralisme à toutes les sauces nous ne savons plus de quoi nous parlons. Quant à la rage impuissante, elle ne vient pas tant du fait qu’il n’y ait pas d’alternative idéologique que du nihilisme pur et simple. C’est de spiritualité que nous manquons, pas d’alternatives politiques. Le plus grand mouvement romantique en Occident, c’est effectivement le jihadisme, cela devrait nous interpeller(comme on dit). La chaîne des causes est sans fin, c’est une aporie connue, et c’est justement le vertige qui nous prend quand nous la considérons qui est notre véritable problème, nous qui ne considérons que la raison.
Est-ce vraiment en abattant le libéralisme que nous allons surmonter cette crise ? »

Moi : « Oui j'ai les mêmes arguments que les romantiques car mes ancêtres ont réellement été persécutés par les bleus, les sans-culottes, les révolutionnaires ; et que le mouvement romantique puise peut-être certaines de ses racines en Bretagne. Cela a provoqué un traumatisme dans ma famille, qui par un déni profond et totalement inconscient et injuste de la part de ma génitrice (qui a pris fait et cause pour la bourgeoisie de façon quasi fanatique et surtout totalement inconsciente dans tous les sens du terme), a provoqué le rejet de son traumatisme sur la génération d'après pour s'en prémunir, remontant ainsi jusqu'à moi (le traumatisme). Voilà pour l' « expérience intérieure » et la psychanalyse. Il s'agit de sa part de quelque chose comme le syndrome de Stockholm : elle a pris le parti de ceux qui l'ont pris en otage et lui ont fait oublier que leurs ancêtres avaient massacré les siens. Je ne développerai pas plus avant, vous avez bien compris la teneur du problème. Mais vous allez me dire que mon argument auto-justificatif est lui-même empreint de romantisme !
Pour ce qui est de rejeter la responsabilité du développement des techno-sciences qui nous aliènent en même temps qu'elles nous fascinent, sur le libéralisme... oui peut-être que j’exagère. La technique est protéiforme, et elle a pris le masque du libéralisme comme elle aurait pu prendre un autre masque, celui du communisme par exemple. Je veux bien que ce soit par la spiritualité que l'on puisse le mieux s'opposer à la « volonté de volonté », j'adhère à cette idée. Mais comment comptez vous vous y prendre et que proposez-vous ? Une réconciliation des juifs et des chrétiens pour faire la peau des islamistes qui menacent notre belle civilisation ? »

Le poète philosophe : « Je n’en sais rien malheureusement, je fais comme vous je demande à ceux que je rencontre. Ce qui est encourageant, c’est que d’une façon ou d’une autre de plus en plus de gens se posent la question. »

Le militant de la « France insoumise » : « Moi aussi j'aimerais réagir à votre dernier billet. Il n'y a pas de judéité dans la culture française. L'impact des juifs est anecdotique.
La culture française est sur des bases chrétiennes. Point. Les religions sont soit l'outil du pouvoir, soit le pouvoir. Avec l'évolution sociale, l'instruction et la culture, en Europe, tout du moins en France, de moins en moins de gens croient à leurs balivernes. Ayant moins de "fidèles", elles ont perdu pas mal de pouvoir.
Même si l'arrivée de l'islam donne un coup de fouet aux 2 autres. Mais c'est passager. Reagan et Tchatcher était des pratiquants et c'est au nom de leur religion qu'ils appliquaient un libéralisme sordide. Les religions ont un discours qui ne correspond pas aux actions de la nuée d'hypocrites et de parasites qui vivent sur la bête. Tout bon chrétien devrait être un partisan de la "vraie" gauche. Alors que dans les faits....
L'ultralibéralisme n'est que la continuité de l'hypocrisie des religions. Quant à Hawkin, ce pauvre fou croit, dur comme fer, aux extraterrestres dont il envisage sérieusement l'arrivée imminente car il espère que leur technologie permettra de le guérir..... Pathétique en fait. Alors, ses divagations sur l'avenir de l'humanité et de la planète n'ont pas plus de poids que celles de n'importe qui !
Plus précisément, n'importe qui ne dirait pas des âneries comme les siennes car en prenant l’hypothèse que l'accroissement de la démographie serait linéaire et équivalente à celle de ces 50 dernières années, dans 600 ans, la terre porterait 60 milliards d'humains. »

« Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »


En écho à « Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »

La vie intérieure, c'est tout ce que ne peut pas nous prendre les riches. Mais ils nous ont volé non seulement tous nos biens matériels, mais aussi ce qui faisait notre vie spirituelle, c'est-à-dire notre richesse, par jalousie et envie. Ce que les seigneurs ne parvinrent jamais à faire avec le peuple sous l'ancien régime, l'oligarchie l'a fait. Ou encore le régime libéral globalisant/totalisant/monolithique l'a fait au détriment de toute culture/civilisation par définition pluraliste/plurielle/singulière. Tout ça pour éviter les guerres de religion nous dit-on.

On me répond On ne mesure pas encore assez tout le mal que ces sectes qui se font appeler "religion" ont pu faire à l'humanité !

Et moi je dis qu'on ne mesure pas non plus tout le mal que cette secte appelé libéralisme est en train faire à l'humanité. Le monde sacré issu du judéo-christianisme en Europe a quand même tenu pendant 1500 ans. Il s'éteint aujourd'hui sous les coups de boutoir d'un nouveau dogme, et ce dogme est celui de la sainte trinité de l'orthodoxie libéral : croissance, innovation, baisse des dépenses publiques. Le progressisme actuel a gardé de l'idéal des Lumières la Liberté (sans garde-fous), mais il a oublié l'égalité de droit (car on ne peut nier qu'il y a des différences entre les hommes), destinée justement à compenser ces différences, et surtout il a oublié la fraternité. Le nouveau dogme a connu un coup de fouet sous l'ère Thatcher/Reagan et semble être à son apogée (mais il peut en réalité encore "mieux faire"), c'est-à-dire que son aspect globalisant/totalisant est en train de séduire et de convertir la planète entière sous son "emprise" sans aucune autre alternative possible, plus que sous son "empire" d'ailleurs. Car la séduction qu'il exerce se fait dans l'intimité de chacun, dans ce que chacun a de plus profond en lui, et non pas seulement de façon superficielle comme les régimes totalitaires tels le nazisme ou le stalinisme, contre lesquels on pouvait toujours résister par les armes ou bien par l'esprit (la vie intérieure). Ce dogme d'abord timide à ses débuts, la première révolution industrielle en Grande-Bretagne et en Wallonie vers les années 1750, marche désormais à plein régime et écrase tout sur son passage, bousculant les vieux clivages gauche/droite, qui ne s'affrontent plus que sur des questions sociétales mais qui sont d'accord sur le fond : une politique identique sur les questions économiques conforme à l'orthodoxie financière, c'est-à-dire au dogme. Donc le régime libéral a seulement un peu plus de 250 ans, pensez-vous vraiment qu'il tiendra aussi longtemps que 1500 ans ? Devant certains de ses effets (réchauffement climatique dû aux effets de gaz à effet de serre, exploitation à outrance des ressources naturelles jusqu'à épuisement, augmentation exponentielle de la population etc. et j'en passe sur les effets destructeurs), on peut en douter fortement.

Hawking, d'après ses calculs dit que la planète va cramer dans environ 600 ans, malgré tous nos efforts, et encore je le trouve bien optimiste. Mais ce n'est pas tout, certes les richesses matérielles augmentent, mais cela ne profite de plus en plus qu'à une certaine catégorie de la population, car dans la réalité les écarts de richesses s'accroissent, et ce n'est plus l'ascenseur social qui est en panne, mais le plancher social qui est troué. La "théorie du ruissellement" avancée par les théoriciens moderne du libéralisme pour justifier leur doctrine (au fond irrationnelle), est un mythe que la réalité vient contredire amèrement, puisque les écarts de richesse augmentent tous les jours et que le fameux 1% (le 1% le plus riche de la planète qui possède 50% des richesses mondiales) ne cesse de s'enrichir, et que les 90% les plus pauvres, ne cessent de s'appauvrir, c'est-à-dire de se partager une petite part de gâteau de plus en plus maigre, environ 14% des richesses mondiales, quand les 10% en possèdent 86 %.

Bref tout ça pour dire que le régime libéral ne vaut pas mieux que le monde judéo-chrétien, voire même et c'est mon hypothèse qu'on a perdu au change, car non seulement il est aussi dogmatique, voire plus... avec son politiquement correct notamment, c'est-à-dire une pensée conforme avec laquelle il cherche à conditionner les masses indécises, ainsi que son aspect totalisant/globalisant/ monolithique destructeur de toutes les cultures/civilisations pluralistes/plurielles/singulières, mais en plus, oui car ce n'est pas tout, il est terriblement plus destructeur en ayant supprimé toute forme de régulation que pouvaient apporter les interdits de la civilisation et de la culture. Comme plus rien n'est sacré/tabou, tout est permis.

Oui on peut poser comme principe que la vie est absolument absurde, je crois que cette assertion ne fait plus aucun doute pour personne un tant soit peu lucide.
Deux grands philosophes en ont tiré des conclusions différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré la conclusion qu'il fallait avoir un comportement empreint de compassion dans la conduite de sa vie.
Nietzsche au contraire en a tiré les interprétations les plus folles, les plus cruelles, et les plus radicales et que comme « rien n'est vrai tout est permis » (ou plutôt on pourrait dire qu'il a repris cette formule de Dostoïevski à son compte).
C'est malheureusement de nos jours la vision nietzschéenne qui l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait plus d'humanité, mais aussi davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du libéralisme, c'est cela qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce qu'elle a de plus radical. Il est vrai que Nietzsche n'est en rien responsable de toutes les interprétations délirantes que l'on peut tirer de son oeuvre, mais c'est lui qui en premier a tiré de l'absurdité foncière de l'existence les interprétations les plus radicales. Nietzsche n'est ni responsable, ni coupable, mais ses héritiers en ont tiré comme conclusion avec une certaine mauvaise foi qu'ils étaient responsables mais pas coupables, alors qu'ils sont foncièrement irresponsables. C'est ainsi en tout cas que j'interprète un mouvement comme mai 68

L'humanité est en roue libre sans garde-fous, et même privée de culture qui en l'absence de morale ne peut plus se transmettre, car l'éthique personnelle n'a aucune racine religieuse donc aucune racine collective, elle est donc caduque.
Notre monde c'est "Sa majesté des mouches", étendu à l'ensemble des enfants certes, où l'éducation ne peut plus remplir son rôle de transmission, car les enfants sont trop ensauvagés par la publicité, les écrans et des parents démissionnaires. Mais aussi étendu à l'ensemble des adultes, où ce qui régit le monde du travail et de plus en plus celui de la culture et de l'éducation, sont des relations humaines basées sur la perversion, c'est-à-dire où s'en sortent ceux qui s'adaptent le mieux, donc ceux qui jouissent le plus d'un Réel soumis à la pure prédation, une fabrique en réalité à générer des bourreaux et des victimes.

samedi 27 janvier 2018

Comment désenclaver la planète Terre ?


Le libéral : « Ce qui m'étonne encore à mon âge, c'est combien la lecture marxiste et sa vulgate apparaisse toujours valable, alors qu'ils se sont trompés sur presque tout et presque toujours. »

Moi : « Que dire de la vulgate libérale qui nous mène droit dans le mur ? »

Le libéral : « On nous rabâche çà depuis 1789, en passant par Lénine et ses potes en 1917, et je ne vois rien venir en matière de mur. Par contre, l'obscurantisme progresse et ce n'est pas grâce à la vulgate libérale. »

Moi : « En écho à « Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »
En termes psys, voilà comment on pourrait définir le « mur » : la réalité fait jouir nos contemporains qui s'y adaptent en développant des comportements pervers. L'explosion de la perversion dans les rapports humains est un phénomène contemporain, caractéristique du libéralisme dérégulé lorsqu’il déploie ses potentialités de Liberté non contrôlée par une quelconque forme de spiritualité. Il suffit de visionner une seule émission de Hanouna, un exemple parmi d'autre mais quand même assez emblématique, pour se faire une idée de ce nouvel état d'esprit de nos contemporains : de telles émissions ont commencé à apparaître sur le PAF dans les années 80, aujourd'hui elles constituent la norme, alors que d'éventuelles émissions intelligentes constituent l'exception. Le pouvoir de séduction de telles émissions sur la jeunesse est énorme et lié au fait que leur fonds de commerce repose sur l'exaltation des instincts les plus pervers chez leurs spectacteurs. Concernant les pervers ce ne sont évidemment pas des victimes, mais des prédateurs. Ce qu'ils ont de « meilleur » est une illusion destinée à donner le change aux autres, alors que le pire est la vérité de leurs personnalités toxiques pour leurs proches ou leurs collègues : d'où les développements inquiétants d'un phénomène comme le burn out dans le monde du travail. Comme nos sociétés libérales encouragent la performance, ce sont les comportements pervers qui sont encouragés, ainsi que le cynisme pour arriver à ses fins, « la fin justifie les moyens » est le leitmotiv du libéralisme libertaire.
Les recruteurs ne font qu'embaucher les membres les mieux adaptés, c'est-à-dire les plus pervers, ou encore ceux qui jouissent le plus du Réel imposé par la modernité.
Mais le pire n'est-il pas la réalité de la nature humaine, qui déploie systématiquement ses plus mauvais instincts en vue de la volonté de puissance, en l'absence de religion, de traditions, de culture pour les refréner ?
Voilà pourquoi on ne saurait être progressiste et encore moins libéral. L'humanité n'a pas d'avenir si au nom de l'innovation elle détruit constamment le passé qui la structure et lui sert de garde-fou par le biais de la mémoire de ses ancêtres.
Oui on peut poser comme principe que la vie est absolument absurde. Deux grands philosophes en ont tiré des conclusions différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré la conclusion qu'il fallait avoir un comportement empreint de compassion dans la conduite de sa vie. Nietzsche au contraire en a tiré les interprétations les plus folles, les plus cruelles, et les plus radicales et que comme « rien n'était vrai tout était permis » (ou plutôt on pourrait dire qu'il a repris cette formule de Dostoïevski à son compte). C'est malheureusement de nos jours la vision nietzschéenne qui l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait plus d'humanité, mais aussi davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du libéralisme, c'est cela qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce qu'elle a de plus radical.
Et le libéralisme ne peut pas aller sans libertarisme, autrement on ne pourrait pas jouir du Réel en vue de la performance qui est demandé en régime libéral. Notre régime est à l'exact opposé de ce que demande toute forme de compassion pour ce qui est vivant, il est entièrement basé sur l'indifférence voire même la cruauté. Dénué de morale, dont il s'est affranchi globalement à l'instar de toute sa génération, le baby-boomer est également généralement dénué d'éthique, alors que c'est plus que jamais nécessaire en régime libéral-libertaire qui nous incite à toujours faire preuve de plus d'égoïsme et d'indifférence.
Je me demande si pour les gens de ma génération, ceux à qui leurs parents baby-boomers n'ont rien transmis, car ils ont rejeté violemment toute forme de morale, il n'est pas trop tard pour être vigilant ? Et ainsi alors qu'il y a tout lieu d'être pessimiste et schopenhaurien, tout le monde est bien plutôt optimiste et nietzschéen, sous un régime macroniste qui se veut farouchement optimiste et positif. »

Le libéral : « Très bien ! Alors que proposez-vous comme alternatives non imposées ? »

Moi : « Si j'avais des réponses toutes faites, je vous les livrerais bien volontiers, cependant continuer avec le modèle libéral sans régulations, me semble constituer une impasse. J'émets des hypothèses qui pourraient nous aider à sortir de l'impasse. L'être humain étant une machine désirante et non un animal rationnel, il n'y a comme le souligne Houellebecq qu'un renouveau de la religion chrétienne en Europe, qui pourrait nous sauver.
Attention ce n'est pas mon désir à moi, je préférerais que les hommes soient raisonnables naturellement et qu'ils soient capables de solidarités entre eux, de solidarités fondées sur la raison et non sur le dogme. Quant au modèle libéral, dès l'époque d'Adam Smith, le projet reposait sur la croissance économique et l'innovation, et la dérégulation des gardes-fous ancestraux, comme la religion ou même les corporations dans l'artisanat, qui permettaient des solidarités entre les hommes. Personnellement je ne désire rien imposer à personne, déjà se sauver soi-même dans un monde aussi hostile que le nôtre, sous des dehors bienveillants et tolérants, constitue un exploit. J'appelle se sauver soi-même développer les potentialités de la machine à désirer que chacun constitue.
Le mur c'est qu'une croissance illimitée et dérégulée (économique, mais aussi en matière de population mondiale), dans un monde fini, n'est pas un modèle viable (on en mesure les prémisses dans le réchauffement climatique).
Il y aurait bien une solution à notre modèle libéral dérégulé, et alors vous allez trouver que je délire, mais il s'agirait de développer suffisamment les techno-sciences pour qu'elles nous permettent de coloniser de nouveaux mondes dans l'espace, afin de désenclaver la planète Terre. Cependant le développement des techno-sciences a un coût en énergie qui met en péril les équilibres écologiques sur la planète, c'est donc une course contre la montre qui se met en place : l'énergie dégagée par le développement des techno-sciences (qui est aussi l'énergie dégagée par les développements économiques) nous permettra-t-elle de coloniser de nouveaux mondes avant de provoquer la destruction de notre planète ? »


jeudi 25 janvier 2018

Précisions sur le terme complot


L'ingénue : « Nous payons donc le prix de notre démocratie excessivement cher, car son pendant est une manipulation organisée et qui complote, totalitaire, qui prend les airs d'un libéralisme de plus en plus sauvage et débridé, et Macron en est le fleuron, le produit quasi parfait et abouti. »

Moi : « Non il ne s'agit pas d'une "manipulation organisée et qui complote", la démocratie est effectivement sensée découler de l'idéal des Lumières, et de sa mise en œuvre par la Révolution française.
Cependant n'oublions pas que ce fut une révolution bourgeoise. Les bourgeois en France sont donc au pouvoir en France depuis 230 ans. Ce sont leurs intérêts qui sont représentés, c'est avant tout à eux que profite la croissance économique, l'innovation et la baisse des dépenses publiques (la "sainte" trinité de l'orthodoxie financière qui ne saurait être remise en question). La démocratie est donc en réalité une oligarchie (une forme de gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante), et Macron est effectivement le représentant de cette oligarchie en France. Mais tous les pays développés économiquement, y compris en Asie, sont des oligarchies, où le pouvoir et l'argent sont aux mains d'une petite minorité de richissimes (à lui tout seul l'homme le plus riche du monde Bill Gates possède 100 milliards de dollars, soit plus que le PIB d'un pays comme la Bulgarie)
Le "complot" est le fruit d'une logique qui n'a cessé de se développer depuis que les théoriciens du libéralisme, dont le plus fameux fut Adam Smith ("vice privé, vertu publique", "la main invisible"), ont élaboré leur doctrine (du libéralisme) voilà maintenant 300 ans environ. La première révolution industrielle a commencé en Angleterre entre 1730 et 1750. C'est exactement sur les mêmes principes  (innovation, croissance et dérégulations) que se déroule désormais la mondialisation, une révolution industrielle globale, dorénavant basée sur les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle (IA).
Donc il ne s'agit pas d'une manipulation organisée, ni d'un complot mais d'une logique qui se déploie et où l'idéal des Lumière démocratique a été un peu trahi, au profit du seul libéralisme, qui est cependant un de ses aspects, mais un seul parmi d'autres, et les autres ont été occultés (comme l'égalité entre les hommes, le combat contre les injustices sociales...). Le dogme de l'orthodoxie financière (croissance, baisse des dépenses publiques, innovation) fait tenir tout le système. Il y a un peu de démocratie, car à peu près tout le monde, à condition de réussir ses études, peut devenir un acteur du système bien rémunéré : ce qu'on appelle être un nanti. Ce système a un aspect totalisant car il a bouleversé les mœurs du monde entier qui reposaient traditionnellement sur des coutumes et des religions ancestrales, pour les remplacer par le modèle publicitaire (on veut ce que son voisin a, qui est représenté par l'image idéale publicitaire, comme maître étalon du désir, et suivant le principe de la rivalité mimétique) et le politiquement correct (il faut être antiraciste, féministe, ne pas être antisémite ou islamophobe, et même ne pas manger trop de sucre et ne pas grignoter entre les repas...). Cet aspect totalisant en France est très prégnant depuis les années 80 (boom de la publicité et du modèle libéral représenté par exemple par une icône comme Bernard Tapie...), et la publicité par ses injonctions subliminales (ne pas grignoter entre les repas par exemple), « nous veut du bien » (à condition de jouer le jeu et d'être performant). C'est pour cela que l'on peut appeler aussi la société libérale accomplie, l'Empire du Bien.
J'ai utilisé le titre "Le libéralisme est un complot matérialiste sur le long terme, contre toute forme de croyance religieuse" dans mon billet précédent, mais si j'avais voulu être rigoureux et ne pas faire de provocation, j'aurais dû dire : "Le libéralisme est un projet matérialiste sur le long terme, contre toute forme de croyance religieuse."
Sinon oui, Macron est le fleuron, le produit quasi parfait et abouti du projet libéral, qui grâce à mai 68, et depuis les années 80, a retrouvé une seconde jeunesse en France, ainsi qu'à peu près de la même façon, et en même temps, dans tout le monde occidental. Macron représente un idéal libéral-libertaire qui trouve sa source idéologique parmi les figures de mai 68, qui durant les années 80 ont renié en masse leurs idéaux maoïstes et/ou communistes, pour se convertir aux bienfaits de l'économie de marché.
L'idéal libéral-libertaire a en outre un aspect totalisant politiquement et pas seulement au niveau sociétal (l'aspect publicitaire, l'aspect destructeur des modes de vie ancestraux et des rites religieux), puisqu'il bouscule le clivage gauche/droite. Gauche et droite depuis les années 80, font strictement la même politique libérale une fois au pouvoir. Macron est la réponse à ce constat : la droite et la gauche ne signifient plus rien puisqu'elles sont identiques sauf sur des nuances. Macron n'est donc ni de droite ni de gauche, ou alors il est de gauche, et en même temps il est de droite.
Macron en lui-même est une épiphanie, il est insignifiant de caractère, mais comme la dernière pièce d'un puzzle, il a toutefois le mérité de dévoiler l'essence du projet libéral-libertaire dans sa globalité ; et ce projet est effectivement totalisant, car il pour but rééduquer le genre humain suivant des valeurs monolithiques/conformes/globales, celles que dégagent la publicité et la propagande politiquement correcte, et non pas pluralistes/plurielles/singulières. »



mardi 23 janvier 2018

Le libéralisme est un complot matérialiste sur le long terme contre toute forme de croyance religieuse ou la main invisible !


Moi (sur le mode de l'ironie) : « Marx était un complotiste alors ? Avec sa « lutte des classes », avec son idée de parano d'une classe bourgeoise exploitant la classe ouvrière. Mais non voyons, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et bienveillant. Suffit d'avoir de bonnes notes à l'école, et si vous n'êtes pas content du système de l'Empire du Bien, fermez votre grande bouche, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même. Voilà bien le leitmotiv du régime libéral-libertaire : la responsabilité individuelle, une « robinsonnade » (comme si chaque individu se développait dans un bocal sans interactions avec sa culture d'origine, sa famille, ses camarades, ses collègues...) comme le disait déjà Marx, je crois. Pour « réussir » il faut savoir faire preuve de la plus grande insensibilité possible sous des dehors bienveillants, c'est tout à fait le portrait de Macron, un insensible sous le masque de la bienveillance... »

L'anarchiste : « Et fils de... »

Moi : « Pour « réussir » il faut savoir faire preuve de la plus grande insensibilité possible sous des dehors bienveillants, c'est tout à fait le portrait de Macron, un insensible sous le masque de la bienveillance... », j'ajouterai même qu'il ne faut tirer ni plaisir ni peine de la douleur des autres, il faut être totalement indifférent, et faire mine de croire à toutes les sornettes que les médias officiels diffusent, qui mettent quand même en avant un certain type d'information conforme à l'orthodoxie libérale qui ne saurait être remise en question, et en occulte d'autres comme l'idée logique et basique qu'une croissance illimitée (de l'économie et de la population mondiale), dans un monde fini, n'est pas viable ; ou encore que les disparité de richesses ne cessent de s'accroître ; enfin que la vie n'est pas du tout la même selon que vous soyez riche (aujourd'hui il faudrait dire exponentiellement richissime), ou que vous n'ayez rien (les fameux « ceux qui ne sont riens », de Macron.). Être et avoir se confondent dans cette dernière acception de Macron, pour qui implicitement par sa formule, sous-entendait que ceux qui n'ont rien, ne sont rien. »

Le Libéral : « "Être et avoir se confondent dans cette dernière acception de Macron, pour qui implicitement par sa formule, sous-entendait que ceux qui n' « ont » rien, ne « sont » rien." Effectivement. Mais d'un autre coté (ou en même temps !) ceux qui ne sont rien n'ont rien, non ? Sauf l'immatériel et je vous accorde bien volontiers que c'est très important. Mais là, il était dans le réel économique. Pas dans la philosophie de la vie. Cela n'excuse rien mais explique. »

Moi : « C'est bien parce qu'on a fait de l'orthodoxie libérale la Réalité dans laquelle nous baignons depuis que nous sommes tout petits, que nous ne pouvons plus remettre en question cette Réalité précisément, sous peine d'être accusé de complotisme. Sinon l' « immatériel », c'est le spirituel ou encore le religieux, mais depuis que des penseurs libéraux vers la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècles, ont commencé à réfléchir à comment éviter que des guerres de religion ne se répètent, avec leurs conséquences sanglantes et funestes, ils ont réussi à nous faire aujourd'hui changer de paradigme, comme résultat d'une rupture épistémologique radicale. Nous sommes passés en trois siècles d'un univers régi par des forces spirituelles, à un univers purement matérialiste, grâce à la science bien sûr, mais qui impacte aussi très lourdement le mode de pensée de nos contemporain, sans cesse rattrapé par un froid réalisme dans leurs échanges avec autrui, comme conséquence des développements sur trois siècles d'une logique propre à la pensée libérale que des théoriciens irresponsables ont élaboré (sans avoir conscience heureusement j'espère, des conséquences de leurs actes). Ces derniers réussissant au delà de leurs espérances les plus folles à remplacer le dogme religieux par le culte de l'orthodoxie économique libérale. Les complots si ils existent, se font effectivement sur le long terme, et ceux qui en sont à l'origine ne sont généralement plus là pour en voir les conséquences désastreuses. Complot en l’occurrence de la science et du commerce qui a abouti à totalement désenchanter le monde, à en évacuer tout ce qui pouvait être d'essence surnaturelle ou même métaphysique, pour le remplacer par la physique... et l'orthodoxie financière, qui certes par bien des aspects n'a rien de rationnel. »

Moi : « C'est bien parce qu'on a fait de l'orthodoxie libérale la Réalité dans laquelle nous baignons depuis que nous sommes tout petits, que nous ne pouvons plus remettre en question cette Réalité précisément, sous peine d'être accusé de complotisme. Ceux qui contestent cette Réalité qui est aussi la Loi du fric et des « puissants » qui utilisent l'argent pour être puissants, sont souvent des complotistes, et toujours ils sont des hérétiques en voie de marginalisation, car le système les broie : ils ne « sont » rien car ils sont niés et néantisés par le système libéral. Une « philosophie de la vie » ou « éthique de vie », est-elle encore possible en régime libéral ? Qui comme le définissait Pasolini peu avant de mourir est pire qu'un système totalitaire de type fasciste dans le bouleversement de nos mœurs, et pour cette raison le qualifiait de totalisant. Car même dans un régime fasciste (italien en l’occurrence) les individus y conservaient leurs coutumes, leur religion, donc leur identité. Le libéralisme est une formidable entreprise de rééducation par la publicité et le politiquement correct, et qui marche plutôt bien contrairement au communisme. »

Le libéral : « Macron n'est pas sensé gouverner nos vies. Juste le pays. »

Moi : « "Le libéralisme est une formidable entreprise de rééducation par la publicité et le politiquement correct, et qui marche plutôt bien contrairement au communisme.", et qui trouve ses origines théoriques il y a 300 ans, nous assistons donc au développement d'une doctrine sur une assez longue période, et qui ne trouve son plein développement totalisant et rééducatif que depuis les années 80 en France. Ce vieux pays catholique se transforme en pays protestant, sous nos yeux depuis seulement une quarantaine d'années, et ce n'est que l'aboutissement d'un processus qui a 300 ans. Macron est la révélation soudaine de l'essence ou de la signification de quelque chose, cette chose est le libéralisme. Macron en lui-même est une épiphanie, mais il est insignifiant, comme la dernière pièce d'un puzzle, qui a toutefois le mérité de dévoiler l'essence du projet libéral-libertaire dans sa globalité ; et ce projet est effectivement totalisant, car il rééduque le genre humain suivant le seul appât du gain, le vice privé, qui est bien le Loi première du « doux commerce », et de la vision qu'ont en eu les premiers théoriciens du libéralisme britanniques et français. »

Le libéral (sur le mode de l'ironie) : « je vois que le complot libéral protestant est sur le point de triompher, comme tout complot porté à la connaissance du public. D'où la nécessité d'agir vite devant le péril imminent, par exemple par une conspiration anti libérale... »

Moi : « Le péril n'est pas imminent, puisque nous sommes en plein dedans, et que le libéralisme a su totalement modifier la Réalité de chacun. Nous pouvons effectivement Agir comme surent le faire les premiers théoriciens du libéralisme en pleines guerres de religions. Si nous devions changer la Réalité, cela ne pourrait désormais se faire qu'au terme d'un très long processus, ni vous ni moi ne seront là pour en mesurer les résultats. Mais c'est en effet le mouvement socialiste qui historiquement a bien évalué les dégâts du capitalisme, et le socialisme historique aux sources d'inspiration multiples, n'est pas à confondre avec le socialisme marxiste-léniniste issu de la lecture de Marx exclusivement. Le marxisme ayant globalement pour la société un projet, à l'instar du libéralisme, d'essence totalisante. Même si sur bien des aspects, sa critique du capitalisme s'avéra pertinente, le marxisme a péché par excès d'ambition, surestime de soi et monolithisme exclusif, comme tout système. L'erreur de Marx s'avéra être son esprit de système, qui tel que le définit Freud, comme de tout système philosophique, est un genre de paranoïa réussie. »

Le sceptique : « Je liste les personnes citées pour étayer la démonstration anti-complotiste :
Georges Benayoun
Rudy Reichstadt
Marc Weitzmann
Amélie Boukhobza
Jacob Rogozinski
Pierre-André Taguieff
Serge Hefez
Soit l'auteur ne connaît que des experts juifs (ou presque). Dans ce cas, il a un problème de méthode.
Soit les experts juifs sont seuls à s'intéresser à la question. Et là, c'est un grave problème de société... »

Moi : « Vous sous-entendez qu'il s'agit d'un « complot juif » ? Dans la question du libéralisme beaucoup de Juifs sont effectivement juges et parties, car ce sont les pays historiquement libéraux qui les ont sauvé de l'extermination totale. Ils paient donc leur dette, et on en trouvera peu pour vraiment critiquer la doctrine libérale. Mais ceux qui s'y attellent comme Noam Chomsky, Norman Finkelstein ou encore Howard Zinn, sont les plus virulents et pertinents.
Beaucoup de psychologues de la pensée complotiste, font effectivement partie d'un « complot » libéral (ourdi en réalité maintenant depuis plus de 300 ans), destiné à nous faire gober la vérité officielle (celle notamment de l'orthodoxie financière qui justifie des écarts de richesses astronomiques). »

Le sceptique : « Bien sûr que non, je ne sous-entends pas un « complot juif ». L'erreur sur la méthode dont je parle, c'est de tendre des perches à ceux qui le pensent... »

Moi : « Bien répondu, mais vous ne l'avez fait que sur la méthode, pas sur le problème de société que cela constitue. »

Le libéral : « J'ignorais que l'URSS stalinienne était si libérale ! »

Moi : « Avec le recul nous réalisons l'enfer que constitua l'URSS stalinienne, nous n'avons pas encore assez de recul pour la société libérale-libertaire, pleinement virulente seulement depuis les années 80, en France et dans le monde. Mais aurons-nous encore la possibilité d'avoir du recul, puisque tous les équilibres écologiques sont menacés mettant en péril notre pérennité sur la planète et qu'il n'y a aucune alternative à ce système, autrement dit qu'à l'instar du communisme, il devient monolithique ? »

Le libéral : « Si vous préférez le spiritualisme de l'Ayatollah Khomeiny totalement transcrit dans le petit livre vert édité en 1979, la vision bouffeur de curés d'une partie de l'extrême gauche, le radicalisme d'une partie des écologistes qui sont en fait des communistes qui n'avaient plus d'avenir au PCF, les adeptes de l’anti-spécisme ou les alternatives communistes variées qui préexistent encore : Cuba, La Corée du Nord, Le Venezuela dictature de gauche en construction ! Les ultra gauche islamo-gauchistes prêts à l'alliance avec les islamistes afin de lutter contre le Satan US et les juifs ! C'est votre choix pas le mien !
Le capitalisme, le libéralisme, sortent la Chine et l'Inde du néant ! Nous sommes 5.6 milliards de plus qu'en 1900 avec toujours le même solde d'extrême pauvreté, principalement dans des pays où le système de castes perdure ! Seuls les régimes collectivistes ont créé de grandes famines par leur gestion centralisée ! Les organismes gauchistes voudraient remettre le couvert ! Ils rêvent toujours d'un « monde meilleur » ils se sont emparés de la défense des musulmans, des animaux, des femmes juste contre les mâles blancs !
« L'orthodoxie financière » ! Si vous préférez l'orthodoxie islamiste, écologique ou communiste grand bien vous fasse ! Les écarts de richesses sont encore plus présents dans les systèmes soi-disant collectivistes égalitaires et si vous n'êtes pas apparatchik ou de famille avec les tenants du pouvoir vous vivez dans l'arbitraire sans jamais pourvoir accéder à plus que ce que l'on vous donne. Au moins si vous regardez les réussites dans notre système libéral, comme dans les nouvelles technologies et les services sur internet : les innovants et les travailleurs s'en sortent mais certainement que vous êtes contre la méritocratie, la dernière trouvaille des communistes c'est de trouver cela discriminant ! Plus de spécialisation avant le Bac et l'accès pour tous à l'Université sans sélection au nom de l'égalité !
Depuis que la dictature communiste paradoxalement s'est mise à l'économie de marché, au libéralisme, au capitalisme et à défendre la mondialisation contre le protectionnisme de Trump, la Chine progresse de manière fulgurante, les Chinois ne meurent plus de faim comme du temps de Mao, plus de 300 millions vivent aussi bien que les Occidentaux, comme quoi ! Le libéralisme possède ses travers mais les "solutions" des alternatifs, soit se sont révélées catastrophiques et liberticides, soit elles n'ont jamais eu cours ! Sauf qu'aujourd'hui nous nous méfions des belles idéologies babas, nous savons qu'elles amènent toujours des démagogues au pouvoir et qu'ensuite ils ne le quittent plus !
« Ils rêvent toujours d'un monde meilleur » à imposer à tous, idéologie universaliste menant au pire, comme certains voudraient imposer leur lecture de l'islam à tous et régir le politique et le social de tous ! Sans moi ! La liberté et le libéralisme ont un coût moins important que sa suppression au nom d'une soi-disant vision égalitaire… Lorsque l'on veut imposer l'égalité en supprimant la liberté on finit par ne plus avoir ni l'une ni l'autre (dictature). »

Moi : « La dérégulation des flux migratoires à travers le monde n'est pas le fait de l'idéologie de l'antiracisme, mais bien plutôt du libéralisme et d'une dérégulation globale, qui arrange bien les intérêts de l'oligarchie. Vous fustigez l'antiracisme, le féminisme, l'égalitarisme pêle-mêle, mais ce ne sont pas des causes, mais bien plutôt des conséquences d'un mouvement global de dérégulation de tout ce qui faisait traditionnellement tenir debout la société, y compris des gardes-fous d'origine religieuse comme le catholicisme. L'antiracisme qui débouche quelquefois sur une nouvelle forme d'antisémitisme, le féminisme outrancier et caricatural qui tire sur tout ce qui a une queue ou l'égalitarisme qui dans les faits est souvent une négation de la culture et de la civilisation en prétendant lutter contre l'élitisme, sont les conséquences et non la cause d'un mouvement global de dérégulation impulsé par la logique libérale et initié par les premiers théoriciens libéraux, qui entendaient combattre les guerres de religion, en substituant à des principes spirituels qui jusque là structuraient la société, pour le meilleur et pour le pire, des principes relevant du « doux commerce », ce que vous appelez la Liberté. Mais comme notre société se situe en réalité bien loin des idéaux des philosophes des Lumières, et se rapproche un peu plus de ceux d'un théoricien comme Adam Smith (même si ce dernier si il pouvait contempler son oeuvre s'en mordrait peut-être les doigts), ce qui nous pend au nez sans davantage de régulations (mais comme les régulations ne peuvent avoir qu'une origine spirituelle, et que toute spiritualité a été arasée du monde occidental par un matérialiste pur et dur d'origine capitalistique) c'est un avenir à la "Mad Max". Les maux que vous prétendez dénoncer (antiracisme, féminisme, égalitarisme...), sont des dommages collatéraux d'une idéologie qui structure notre société, dont Adam Smith avait échafaudé les principes voilà maintenant environ 250 ans, une idéologie de la Liberté sans gardes-fous et ayant pour uniques principes ceux du commerce, et non ceux de la religion ou de la culture. « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » »

Le libéral : « Si le désenchantement du monde est cesser de croire en des choses qui ne sont pas vraies, c'est peut être un avantage. Nous sommes à l'abri des sorciers, des envoûtements et du mauvais œil. »

Moi : « L'homme n'est pas un animal rationnel, mais une machine à désirer. »







vendredi 19 janvier 2018

« Est ce la fin de notre civilisation ? »


« La rencontre entre le philosophe Michel Onfray et l'essayiste Eric Zemmour prévue à Chalon le 25 janvier prochain a été annulée faute de réservations suffisantes. »

Moi : « Ça y est tout le monde est dans le rêve libéral-libertarien de Macron, qui pour l'instant ne saurait être remis en question... Jusqu'à ce que la belle unanimité artificielle s'effrite, et que le rêve se transforme en cauchemar, ce qui probablement va arriver... d'une façon ou d'une autre. »

L'anarchiste de deuxième génération en partant de mai 68 : « La lutte entre la raison et le pognon n'est pas près de s'arréter... »

Moi : « Les gens veulent rêver à Macron et à son optimisme apaisant. Les libéraux se réclament de la raison (historiquement ce n'est pas faux), et en même temps ne pensent qu'au pognon. Car le commerce est le support théorique de toute leur argumentation. Je devrais dire état d'esprit d'optimisme béat qui domine l'opinion aujourd'hui. Mais je doute que cela dure très longtemps. »

L'anarchiste : « "Est ce la fin de notre civilisation ?" Voilà une question qui restera en suspens... J'adore! La raison veut l'écologie, la transition énergétique, le partage.... très loin de l'idéal libéral économique. »

Moi : « Ce sont en partie des idéaux communistes qui ont été discrédités par l'histoire. Il faut réinventer le socialisme désormais, qui lui n'a jamais été mis en place, et dont l'idéal a été totalement trahi par Mitterrand. »

L'anarchiste : « La raison qui devrait nous orienter au minimum vers la survie, l’instinct de conservation devrait gagner à la fin... Un peu comme en ex-Yougoslavie... Mais le culte de la personnalité de Tito était un pharmakon. »

Moi : « Il faudrait un socialisme de la raison rompant avec l'idéal communiste. Idéal trop monolithique. Le socialisme doit réellement s'inspirer de sources diverses et variées, sans volonté violente de rééducation de la bourgeoisie, ou autres catégories de la population. Mais la bourgeoisie, et surtout l'oligarchie résistent très puissamment, avec une volonté de manipuler les foules. Ce qu'ils réussissent aujourd'hui très bien avec Macron en France, pur produit marketing de l'oligarchie. »

L'anarchiste : « Ça ne peut se régler qu'avec un bain de sang, les possédants par définition sont déraisonnables autant que les pauvres. »

Moi : « "Un bain de sang", ce n'est pas avec de tels arguments que tu emporteras l'adhésion de tes contradicteurs. »

L'anarchiste : « Ce ne sont pas des arguments, je n'ai personne à convaincre et je ne le souhaite pas, mais la violence des possédants est sans limite, que lui opposer ? La raison ? »

Moi : « Les sociétés traditionnelles reposaient sur la religion et sa violence, la nôtre sur le commerce et sa violence. Ce ne sont ni la religion ni le commerce qui sont en soi violents, mais l'homme. Et ils ne sont évidemment pas assez raisonnables pour constituer une société reposant sur la raison, c'est-à-dire une société de philosophes, mais ce fut une utopie platonicienne. Des théoriciens du libéralisme ont cru qu'une société reposant sur le « doux commerce », qui est aujourd'hui le business, modèle aussi bien de l'oligarchie que de la pègre actuels, abolirait les guerres. Or les guerres récentes furent encore plus violentes que celles de l'ancien régime. À la base des guerres mondiales il y avait non des problèmes de conflits religieux, mais des dysfonctionnements de l'économie, que les guerres et les purges en hommes les accompagnant, aboutirent à réguler. Les guerres ont aujourd'hui cette fonction de régulation de l'économie comme moteur sous-jacent, même si les arguments invoqués pour les faire tournent généralement aujourd'hui autour des droits de l'homme : les apparences sont trompeuses. La guerre est aussi un moyen de dépenser, une purge ou catharsis émotionnelle, dans une société libérale où le but ultime est d'accumuler des richesses sans jamais réellement les dépenser, puisque toujours les dépenses servent à investir en vue de créer de nouvelles richesses. Dans la guerre les richesses accumulées sont dépensées, dilapidées, détruites, avec la même jubilation qu'un enfant éprouve lorsqu'il détruit un château de cartes qu'il avait mis des heures à réaliser. En gros pour ceux qui n'y périssent pas et pour l'ensemble de la société reposant sur le commerce, la guerre est une catharsis qui soulage et fait du bien. Mais ce n'est pas très raisonnable je te l'accorde.
N'y aurait il pas un moyen d'imaginer au moins à défaut de la créer véritablement, une société capable en même temps qu'elle accumule des richesses et les investit en vue de la création d'encore plus de richesses, de soulager et de faire du bien à ses citoyens ? Pour l'instant une telle société n'a jamais existé et reste de l'ordre de l'utopie. Cependant si elle devait exister, cela pourrait être une société socialiste, plus égalitaire que la nôtre, et où les êtres humains pourraient purger leur instincts bestiaux de violence dans une sexualité plus épanouie et la sublimation du reste de leur violence intrinsèque dans la création philosophique, artistique ou même artisanale. Aujourd'hui les hommes sont encore moins créateurs que sous l'ancien régime, et sont des moutons consommateurs, qui consomment selon le principe de la rivalité mimétique, « je veux ce que l'autre a, et ainsi je pense que je serai heureux ». Il vaudrait mieux vouloir créer ce que l'autre crée, comme ce fut les cas aux époques les plus florissantes du catholicisme et notamment dans les villes italiennes ou autres florissantes, comme Venise ou Florence ou autres... »

L'anarchiste : « Ce sont les artistes et les savants, émancipés de la chape catholique qui ont permis la Renaissance... La religion ne laisse pas libre à penser... »

Moi : « Une société de libres penseurs n'a jamais existé et n'existera sans doute jamais, à moins que les développements de l'IA ne se fassent pas exclusivement au service du profit. Aujourd'hui et cela remonte maintenant à 300 ans, le commerce comme fondement de la société a totalement supplanté la religion. La majorité des citoyens en régime libéral de nos sociétés occidentales, vit par et pour le profit, bien davantage que par et pour la raison. De plus comme la nature a horreur du vide, la religion musulmane est en voie de supplanter en France, ce qu'il restait de religion catholique (bien davantage détruite par l'idéologie du commerce, que par l'islam d'ailleurs), c'est-à-dire des lambeaux de religion. Concernant l'art, le remplacement par le commerce de la religion, a entraîné un déclin évident. Concernant la raison je ne suis pas sûr que l'on ait gagné au change. Par contre les progrès technologiques sont indéniables, spectaculaires et même exponentiels, ça je veux bien te l'accorder. Mais les progrès de la technique n'entraînent pas forcément un progrès de la raison, je dirais même bien au contraire. Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la doxa libérale, durant la Renaissance, les acteurs intellectuels (philosophes, scientifiques, écrivains, artistes... ), furent majoritairement croyants et pratiquants, même si ils furent aussi ouverts à des influences extérieures, notamment venant de l' Antiquité, au moins jusqu'au siècle des Lumières. Certes certains scientifiques notamment de la Renaissance furent persécutés en raison de leurs opinions qui heurtait le dogme religieux issu du Moyen-Âge, mais ce dogme aussi a su se moderniser, pas assez vite aux yeux des esprits éclairés.
Le siècle des Lumières, le XVIIIème siècle, où les acteurs intellectuels surtout en France et beaucoup moins en Allemagne, se dressèrent contre le dogmatisme religieux, essentiellement issu du catholicisme, et beaucoup moins du protestantisme, est le fruit de la frustration de philosophes croyant pouvoir faire reposer la société sur la raison comme sur son fondement. Dans les pays à dominante protestante, il n'y eu pas cette contestation "éclairée", peut-être parce que la religion y était beaucoup moins dogmatique. On dit d'ailleurs souvent que le protestantisme constitue une démocratisation de la religion catholique, cette dernière ayant un mode de fonctionnement plus aristocratique. »

L'anarchiste : « Toute la création qu'elle soit artistique ou scientifique s'est faite contre le dogme religieux souvent au péril même de la vie des créateurs. »

Moi : « Et Pascal, qu'est ce que tu en fais ? »

L'anarchiste : « Il se posait beaucoup de questions justement, son pari était un pari de pleutre... »

Moi : « Le dogme catholique est tout à fait compatible avec la création dans tous les domaines, je suis totalement en désaccord avec toi. Le dogme s'est démocratisé avec le protestantisme, ce dernier a favorisé l'émergence d'un nouveau dogme, qui est aussi le dogme actuel, ou "croyance aveugle" dans le progrès. C'est cela le dogme du progressisme, une croyance aveugle qui ne peut pas être remise en question, telle est bien la définition d'un dogme. Pourquoi "un pari de pleutre", explique toi ? »

L'anarchiste : « Le dogme en général n'est compatible avec aucune création, il n'est qu'obéissance aveugle... »

Moi : « La création s'est faite en accord avec le dogme jusqu'au XVIIIème siècle. Penser le contraire est le fruit de notre éducation, orientée vers la condamnation du dogme religieux d'origine catholique en France. J'ai reçu la même éducation que toi, d'origine libérale, en vue de nous conditionner à une obéissance aveugle au culte du progrès. »

L'anarchiste : « Pascal a fait le choix d'être croyant par peur de la damnation, les religions ne sont fondées que sur la peur de la damnation... Tout dogme qu'il soit religieux ou économique est un danger pour l'humanité. Je n'ai pas de dogme, juste de la curiosité d'esprit. »

Moi « Le progressisme est fondé sur la peur de l'exclusion sociale qui nous guette tous, ce n'est pas mieux ; c'est même peut-être pire. La majorité des gens n'est pas libre en régime libéral-libertaire, mais esclave de ses conditions de travail, parfois épouvantables. Rien en tout cas de ce qui est diffusé par les médias dans le domaine privé ou public ne nous incite à réellement réfléchir, mais bien plus à consommer et à avoir un comportement conforme. Tout nous incite à avoir un comportement grégaire de mouton. »

L'anarchiste : « Notre libre arbitre peut nous en préserver. »

Moi : « Tout tourne autour du bon fonctionnement du libre marché. Les « ratés » du système qui sont des ratés tout court (au sens péjoratif et populaire du terme), sont impitoyablement mis sur la touche (chômage, pauvreté, déclassement...), ceux qui ne réussissent pas financièrement sont considérés comme des pestiférés au sein de leur propre famille, avec un plus ou moins haut degré de tolérance. La réussite sociale est devenue le nouveau critère de reconnaissance par ses pairs ou sa famille, et d'intégration dans la société. Mais les bases de cette réussite ne sont pas saines car elles reposent souvent sur l'égoïsme, la vénalité et l'indifférence au sort des autres moins chanceux. Je pense que le dogme religieux avait au moins le mérite de nous préserver de ça : l'égoïsme, la vénalité et l'indifférence. »

L'anarchiste : « Tu me fais trop rire, il n'y a rien eu de plus décadent que le pouvoir religieux. »

Moi : « Par contre le dogme religieux freine la libre entreprise, il a été mis sur la touche progressivement uniquement pour cette raison, non pas parce qu'il gêne la libre pensée. Je le répète une société reposant sur la raison n'a pour l'instant jamais existé, même chez les Grecs, qui sont certainement ceux qui s'en rapprochèrent le plus cependant. On tolère et même encourage l'esprit scientifique parce qu'il soutient et nourrit la libre-entreprise par l'innovation, et non pas on encourage la libre-entreprise parce qu'elle fait avancer la science. Notre société n'est même pas scientiste, le but ultime n'est pas la curiosité scientifique, mais bien le profit et toujours plus de profit. De plus le scientisme n'est pas non plus l'exemple d'une société reposant sur la libre pensée ou la raison. La raison a besoin de spiritualité que ne recèle pas la science, cette dernière s'appuyant plutôt sur une pulsion irraisonnée de voyeurisme. »

L'anarchiste : « Aucun mérite à aucun dogme, le mot porte sa propre pestilence. Tu ne me convaincras jamais de "que dalle", pourquoi tu t'échines ? Bien sûr que si pour la deuxième partie de ton laïus, la spiritualité du mystère et de l'infini, derrière chaque découverte il y a de nouvelles questions, c'est cette quête sans fin la spiritualité scientifique... »

Moi : « La France a reposé pendant 1500 ans environ sur le dogme religieux. En France le fonctionnement de la société sur le commerce et uniquement sur le commerce est très récent et se fait toujours à l'heure actuelle progressivement. Les victoires de la laïcité sur le dogme religieux, sont en réalité autant de victoire du dogme de la croissance sur celui de la religion ; un conflit qui dure depuis un peu plus de 200 ans en France, et qui voit aujourd'hui comme dans tout le monde occidentale, la victoire totale du culte du profit. Mais cela ne signifie pas du tout une victoire de la raison, puisque la quasi-majorité des citoyens adhère à l'orthodoxie libérale de façon aveugle et dogmatique, sans même se poser la question de savoir si une croissance illimitée dans un monde fini est viable pour la planète. La durée de vie du dogme religieux dans l'ensemble du monde occidental, fut environ de 1500 ans, je ne suis pas sûr que la société ayant des fondements commerciaux qui remontent pour leurs origines, à environ 300 ans grand maximum, dure aussi longtemps. C'est sur le plan de l'équilibre écologique de la planète absolument impossible, ou alors il faudra apporter de très fortes régulations, et des contraintes inhibitrices dont l'orthodoxie libérale du marché dérégulé ne veut aujourd'hui pas entendre parler. »

L'anarchiste : « L'homme passe facilement d'un opium à un autre, la raison est la troisième voix et la seule qui vaille. Pour les religions aussi le monde est infini puisqu'il se prolonge par le paradis. »

Moi : « Les Anglo-Saxons d'Angleterre puis du nouveau monde furent les pionniers en matière de société libérale, dont les fondements théoriques ont 300 ans et qui aboutit à la première Révolution industrielle en Angleterre, qui commença entre 1730 et 1750... Les États-Unis et autres pays anglo-saxons du nouveau monde, aujourd'hui plus largement cosmopolites, mais à dominante encore anglo-saxonne, ont totalement achevé cette révolution industrielle. Les nouveaux rivaux, ne sont pas européens, eux qui fondèrent pourtant cette idéologie du profit ; mais asiatiques, eux qui ont des capacités d'adaptation extraordinaire et une spiritualité reposant encore sur une religion comme le bouddhisme (religion ou philosophie ?) ou l'hindouisme. Je sais, je répète souvent la formule "300 ans", mais la brièveté de notre civilisation du commerce qui semble proche de sa fin et d'un genre d'apocalypse écologique ou nucléaire, donne le vertige en comparaison des civilisations millénaires du passé reposant toutes sur la religion, ou tout du moins sur un type de spiritualité.»

L'anarchiste : « Tu l'as déjà répète 345 fois... »

Moi : « Le déclin de la civilisation occidentale tout du moins en Europe, beaucoup moins dans le nouveau monde, tel que décrit par Zemmour et Onfray, est réel, ce n'est pas un fantasme ; mais le fait que personne ne veuille participer à ce débat intéressant est plutôt le signe inquiétant d'un déni des problèmes de la part de nos contemporains, et d'une soumission au dogme du marché libre accompagné d'un optimisme béat, impulsé par Macron en France. »

L'anarchiste : « Ils cassent juste les couilles les réacs de leur espèce. Ce n'est pas en proposant le repli culturel qu'on s'en sortira. »

Moi : « Evidemment que je n'adhère pas à toutes les idées réactionnaires de Zemmour, qui pour un esprit logique devraient aboutir à un vote Le Pen ou Philippot. Je fustige les représentants de ces partis qui sont selon moi de droite radicale. Je le répète je me situe à gauche, mais une gauche socialiste respectueuse de tout ce qui peut favoriser des formes de solidarités, même si celles ci sont issues d'une religion dogmatique comme le catholicisme, ou ce qu'il en reste, c'est-à-dire pas grand chose aujourd'hui en France. Toute forme de spiritualité est selon moi préférable au nihilisme de la matière, lorsque celle ci n'est gouvernée que par de vils intérêts mercantiles : l'humain ne vaut plus guère mieux que le prix de ses organes. J'apprécie la pensée de Zemmour, qui a une liberté de ton tranchant avec le politiquement correct dominant actuellement tout le paysage médiatique. Je pense que l'islamisme constitue un danger pour l'Europe, et que la question migratoire et celle du contrôle des flux n'est pas une question tabou, vous plaçant de facto à l'extrême-droite de l'échiquier politique »



mardi 16 janvier 2018

le judaïsme est-il un dogme irréfragable ? Et quelques considérations sur le féminisme contemporain à bien des égards absurde


Le catholicisme est sans doute un dogme irréfragable qui a causé bien des dégâts, je ne le nie pas, mais il a quand même « enchanté » la civilisation occidentale durant 1500 ans, et est à l'origine d’œuvres d'art exceptionnelles et intemporelles dans toute l'Europe, que notre civilisation moderne et progressiste est bien incapable de reproduire. Mes grands-parents issus d'une région assez reculée de Bretagne y croyaient encore et faisaient preuve d'une grande humanité dans les relations humaines. La grande rupture « épistémologique » vient de leur fille, qui visiblement a fait une très mauvaise interprétation des valeurs libérales. Effectivement selon elle ces valeurs ne se transmettent pas, et si effectivement « elle a croqué la pomme », elle la garde pour elle (elle garde tout pour sa pomme est se fout du sacrifice de ses enfants). On verra maintenant si la civilisation libérale qui n'a que 300 ans et qui trouve ses principales origines théoriques en Angleterre, mais aussi très largement en France, est susceptible de tenir aussi longtemps que la chrétienne, je dirais pour l'instant « dois faire ses preuves ». Vous et moi ne serons pas là pour le voir, mais éventuellement nos très lointains descendants, espérons-le...

J'estime être en mesure de parler des Juifs sans complexe et sans soupçon d'antisémitisme, car j'ai été élevé à leur contact durant toute mon adolescence et m'en suis inspiré, de plus j'ai une fille juive, puisque ma première compagne l'est. Donc pour la religion juive, je distingue entre ceux qui y croient et pour qui cela constitue un dogme que l'on ne peut pas remettre en question (il existe bien des juifs intégristes ou même fanatiques, comme il en existe dans d'autres religions), et ceux pour qui le judaïsme constitue une source d'inspiration spirituelle et de questionnement, même si ils ne sont pas dogmatiquement croyants et exclusifs. Tout comme en France, en société libérale, le catholicisme pourrait selon moi servir encore de source d'inspiration spirituelle pour des non-croyants (et ce qui fut le cas pour bien des écrivains français jusqu'à récemment), comme le préconise d'ailleurs un écrivain comme Houellebecq, afin de ne pas rompre trop brutalement avec 1500 de tradition essentiellement catholique dans ce pays qui certes est devenu libéral-libertaire. Brutalité qui caractérise certaines femmes « émancipées », dans leurs rapports avec leurs propres enfants, car elles ont rejeté avec cynisme le bébé avec l'eau du bain. L'eau du bain c'était les valeurs de fraternité et d'amour propres au catholicisme qu'on leur a transmises, le bébé c'était plus prosaïquement leur progéniture qu'elles ont totalement négligée, au nom peut-être d'un slogan issu de mai 68, « vivre sans temps mort, jouir sans entrave ». Slogan qui est bien le leitmotiv de leurs vies si pauvres en spiritualité, en questionnement et en valeurs universelles, et toutes entières dévolues au culte du veau d'or, à l'égoïsme, la cupidité et la recherche exclusive de leur propre intérêt dans tout rapport humain. Les filles baby-boomeuses et leurs filles bobos, de gens qui avaient généralement encore des valeurs issues du catholicisme, sont l'exemple parfait de tout ce qu'il ne faut pas faire en société libérale, elles ont rejeté la culpabilité, elles ne se sentent coupables de rien, sinon de ne jamais assez jouir (même aujourd'hui à plus de 70 ans, ainsi que leurs filles plus jeunes), mais ce qui est plus grave, et qui en fait d'elles des caricatures de libérale-libertaire, plus que des représentantes authentiques, c'est qu'elles rejettent tout esprit de responsabilité, ce sont des irresponsables au fond, des sottes décervelées qui ne font confiance qu'à l'argent, et qui si elles ont rejeté toutes les valeurs qui ont contribué à leur construction psychique, n'en ont acquis aucune en remplacement. C'est bien dommage pour elles (mais elles ne s'en rendent pas compte car elles sont inconscientes), mais aussi pour leur famille (ce qui est plus grave et plus tragique). Quant au concept de résilience, rassurez-vous, je connais, j'ai lu un grand nombre d'ouvrages de Cyrulnik, entre autres, et cela m'a bien aidé à comprendre le rapport pervers et si pauvre affectivement entre ma génitrice et moi-même. Pour finir je sais bien que BHL distingue bien le judaïsme de toutes les autres religions en disant que « les juifs sont venus au monde moins pour croire que pour étudier, non pour adorer, mais pour comprendre », mais j'ai connu des juifs qui croyaient en dieu, qui étaient profondément croyants, dogmatiques et exclusifs, sans réflexion et sans aucune nuance, et en gros que les « chrétiens ont besoin de croire sans rien comprendre », de la même façon j'ai connu bien des chrétiens qui doutaient constamment de l'existence de dieu, tolérants à l'égard des autres religions, et qui faisaient preuve d'une grande réflexion toute en nuances. BHL fait des raccourcis et nous livre constamment des caricatures consternantes avec un esprit de partialité absolument grotesque, il est excessif et sans aucune finesse, souvent intolérant, j'espère que vous ne vous inspirez pas de lui pour la vision que vous avez du judaïsme. Une chose est sûre, tout comme le christianisme ou l'islam, le judaïsme est un monothéisme, et comme tout monothéisme il est exclusif et comporte moins d'esprit d'ouverture et de tolérance aux autres religions que tout polythéisme, qui accueille toujours volontiers dans son panthéon des divinités propres à des peuples étrangers, comme le montra l'exemple de Rome ; tellement ouverte aux autres dieux, qu'elle alla jusqu'à faire d'un monothéisme sa religion officielle, rompant ainsi avec son esprit d'ouverture, ce qui causa sans doute finalement sa perte. Bien sûr nous n'avons plus l'exemple du polythéisme dans notre monde occidental (il en existe un en Inde, quant au bouddhisme, ce n'est pas à proprement une religion, donc pas de dogmatisme en lui, là je suis d'accord), donc nous en avons bien peu l'expérience de tolérance que cela pu entraîner, sauf par la séquence assez courte de la Renaissance essentiellement en Italie et en France, qui s'ouvrit aux philosophes de l'Antiquité et à ses dieux multiples, et donna l'exception littéraire et philosophique que constitua Montaigne, un modèle de tolérance et d'ouverture aux autres, incarné en homme. On ne peut par définition pas être un polythéiste intégriste ou fanatique, car le polythéisme s'enrichit constamment de nouveaux dieux issus de peuples étrangers, le polythéisme est par définition « impur », c'est-à-dire « souillé » du contact des autres, mais en réalité enrichi du contact des autres, contrairement à tout monothéisme qui par définition est pur et refuse de s'enrichir au contact des autres ou encore de se « souiller ». Comme ce fut le cas du premier d'entre eux, le judaïsme. Qui d'ailleurs à la différence du catholicisme ne se veut pas universel, mais entend rester exclusif.

Paradoxalement la religion qui fut la plus exclusive et la moins ouverte aux autres influences durant l'Antiquité, est aujourd'hui celle qui est la plus cosmopolite, et donc par voie de conséquence la plus ouverte aux autres et tolérante actuellement : le judaïsme. Tolérante pour ceux pour qui elle constitue une source d'inspiration spirituelle, plus qu'un dogme que l'on ne peut remettre en question, cela je veux bien vous le concéder. Mais attention l'esprit de tolérance et d'ouverture aux influences diverses et variées, est plus le cas des Juifs éclairés que des juifs en général, et comme généralement de par les circonstances qui en firent une diaspora, ils furent tous cosmopolites, ils durent pour leur majorité s'ouvrir aux autres, plus ou moins de gré ou de force : mais cela n'est pas la conséquence de la nature du judaïsme, qui est par essence, de par son origine, un monothéisme exclusif. De plus, la création de l'Etat d'Israël rebat les cartes, et certains juifs s'y radicalisent. Autrement dit avec la création de l'Etat d'Israël, le judaïsme qui par les circonstances s'était éloigné de son essence exclusive et coupée de toute influence extérieure, pourrait y revenir.

Tout comme ce n'est pas un dogme irréfragable la question de savoir si le judaïsme en est un ou non ? Cela peut se discuter selon moi. Pour BHL malheureusement c'est un dogme irréfragable que le judaïsme n'en est pas un, et que les autres religions le sont. Comme il est intolérant à toute autre forme de pensée que la sienne, la question ne se discute pas pour lui. Il constitue l'exemple consternant d'un mode de pensée intégriste, voire fanatique, comme tout mode de pensée à l'ego surdimensionné, sans doute malgré lui, je le concède. Il est l'exemple typique d'un Juif qui par les circonstances aurait dû être cosmopolite et tolérant, mais qui par essence demeure renfermer aux Autres et intolérant, je parle bien sûr de son cas particulier de Juif à « la nuque raide ». Cas qui explique aussi peut-être la conversion de sa sœur au catholicisme, devant l'outrance du phénomène que constitue son frère. Je l'apprécie d'autant moins qu'il est belliciste et qu'il a à lui tout seul provoqué une guerre en Libye, qui a contribué à totalement déstabiliser cette région du globe, c'est dire si ce personnage outrancier et caricatural a le bras long...

dimanche 14 janvier 2018

Le conflit israélo-palestinien


Oui je sais bien le conflit israélo-palestinien est un imbroglio désespérant, mais il faut bien voir la cause qui a amené selon moi à une telle situation : les Juifs ne pouvaient pas continuer à se laisser exterminer, comme ce fut le cas durant la seconde guerre mondiale, aboutissement de siècles de persécutions, ils ont donc dû reprendre une terre qui leur avait appartenu 2000 ans auparavant. Certes dans les pays libéraux par tradition, comme les pays anglo-saxons, notamment les Etats-Unis, les Juifs ne sont pas persécutés, et ils y sont même très puissants. Mais sait-on jamais, même là bas aux Etats-Unis la situation pourrait évoluer défavorablement. Donc les Juifs avaient besoin d'une terre pour se rassurer, et en cas de « coup dur ». Ce qui est regrettable dans la façon dont cela s'est fait est le sort réservé aux Palestiniens. Pour ma part je suis en réalité opposé à une logique de colonisation des territoires occupés, et pour un partage du territoire, équitablement entre Israéliens et Palestiniens, il faudrait en revenir au plan de partage de 1947, on n'en prend pas le chemin avec la reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis, comme capitale de l'État d'Israël. Ce sont toujours des injustices initiales qui finissent par créer des conflits et donc des guerres, ceci aussi bien à l'échelle de la famille, qu'à une échelle bien plus vaste, géopolitique. 
Aujourd'hui on peut avoir l'impression que tout tourne autour des Juifs... mais d'abord la survie de cette religion est liée au succès de la religion chrétienne qui en découlait, car la racine du christianisme est juive (Ancien Testament). Ensuite ce peuple de l'Antiquité ayant survécu grâce au succès du christianisme, fut réellement persécuté pendant des siècles par certains musulmans et certains chrétiens. Si aujourd'hui les chrétiens dans l'ensemble ont fait leur mea culpa concernant ces persécutions, ce n'est pas le cas de l'ensemble du monde musulman dans sa globalité, qui majoritairement voit comme un injustice le sort réservé aux Juifs et et aux musulmans de par le monde, et déplore un « deux poids, deux mesures », notamment concernant la question du conflit israélo-palestinien. De plus comme le mea culpa se fait aujourd'hui principalement à travers l'épisode tragique de la Shoah pour les Occidentaux, les musulmans disent à raison d'ailleurs, qu'ils n'y sont pour rien, et ne se sentent pas coupables d'éprouver des émotions ou sentiments antisémites, qui sont liés au fait que le monde occidental a plutôt récemment favorisé les Juifs par rapport à eux. Mais ce favoritisme est aussi lié au fait que les Juifs sont globalement plus dociles et s'adaptent mieux à leur environnement, que les musulmans installés en France notamment, qui sont virulents, et veulent imposer leur mode de vie, en remplacement de celui des indigènes (les Français ou Européens d'origine chrétienne ou juive installés en France). N'oublions pas non plus que l'islam est une religion de conquête, que sa « part maudite » (un besoin de dépenser inhérent à la nature humaine) est la conquête, alors que la « part maudite » de l'Occident est désormais l'enrichissement pour l'enrichissement sans autre finalité que l'enrichissement (on dépense pour s'enrichir, en réalité cela constitue un investissement en régime libéral). C'est une des particularités du libéral-libertarisme aujourd'hui incarné en France par Macron, de poser le libéralisme d'origine protestante théorisé par Adam Smith et quelques autres théoriciens libéraux, donc son économie comme support théorique à tout le reste, éventuellement une quelconque spiritualité, qu'elle soit aujourd'hui en Occident d'origine chrétienne, juive, musulmane ou encore bouddhiste pour les originaux. L'Occident ne se caractérise plus comme une terre spirituelle mais comme une contrée matérialiste, précisément parce que des philosophes essentiellement aux XVIIèmes et XVIIIèmes siècles y ont réfléchi aux moyens de lutter contre les guerres de religions, et in fine contre les religions, afin que les guerres qu'elles génèrent ne se reproduisent plus, en posant comme principe des relations entre les gens ceux du soi-disant « doux commerce »...
On me répond : « je n'oublie pas que tous les génocides qui ont eu lieux et qui durent ont été commis au nom de la religion...», c'est faux selon moi, l'économie de marché peut produire des génocides tout aussi monstrueux. Les deux guerres mondiales en Europe furent plutôt le fait de l'économie de marché et ses dysfonctionnement, comme la nécessité de faire des guerres pour sortir de la crise et relancer l'économie (par l'industrie de l'armement ). Donc celui que l'on qualifie comme le plus singulier des génocides, voire le pire, la Shoah, n'est pas directement lié à une guerre de religion proprement dite.
On me dit aussi : « L'homme a toujours eu besoin de penser que quelque chose ou quelqu'un dirigeait sa vie, peut-être pour ne pas assumer ses fautes ». C'est au contraire parce qu'il est né fautif dans le judéo-christianisme que l'être humain a besoin d'une religion comme le judaïsme ou le christianisme, selon les croyants, non pour se dédouaner mais pour mieux assumer sa culpabilité inhérente. Les chrétiens et les juifs authentiques sont des gens dévorés par la culpabilité, qui se posent toujours la question de savoir si, « ils ne tuent pas en étant » ; alors que beaucoup de progressistes sont en réalité des irresponsables. La croyance est un moyen de gérer émotionnellement ses fautes, cela ne signifie pas qu'un croyant n'assume pas ses fautes, mais parce qu'il se sait fautif par essence, il sait qu'il a besoin de l'aide d'une religion. Précisément les « modernes » voudraient sortir l'être humain de la notion de faute, afin qu'il retrouve son innocence primitive, comme au temps d'Adam et Ève, c'est selon moi une des illusions de l'idéologie politique actuelle, et à travers le monde occidental, l'idéologie libérale-libertaire. Ce sont plutôt les « modernes » qui nient la notion de faute, et donc en la niant qui ne l'assument pas, alors que les chrétiens tout particulièrement se sentent fautifs et coupables par essence, les juifs un peu moins selon moi que les chrétiens.
Par contre oui, les « modernes » croient en la responsabilité individuelle, certainement davantage que les chrétiens ou les juifs qui se pardonnent plus volontiers leurs fautes. Dans les faits les progressistes rejettent souvent toutes responsabilité sur d'obscurs inférieurs, suivant une logique de hiérarchie sociale ; les croyants sont généralement plus rigoureux avec eux-mêmes sur le plan de la responsabilité.
« Je suis responsable mais pas coupable » pourrait être le leitmotiv d'un démocrate, alors qu'un croyant aura tendance à penser qu'il est coupable mais pas responsable. Un démocrate a foi en la nature humaine, alors qu'un croyant aura tendance à ne pas lui faire confiance. Le démocrate est optimiste malgré les horreurs du passé récent et tourné vers l'avenir, il est progressiste malgré les 100 millions de morts des deux guerres mondiales, alors qu'un croyant aura tendance à être pessimiste et réactionnaire, c'est-à-dire attaché aux valeurs du passé. Le démocrate a une foi béate dans l'avenir, qui selon lui résoudra tous les problèmes, alors que le croyant tient à conserver la mémoire du passé pour donner un sens à son présent et son avenir.