lundi 8 janvier 2018

Qu'est-ce que la « forclusion du nom du père » ?


Le jouisseur (libéral-libertaire de deuxième génération, la première étant celle des baby-boomers) : « Chaos d'une assignation au tribunal comme cadeau de Noël, espoir de partir vivre à la campagne au printemps et oui c'est Catherine qui m'assigne. Parait qu'un obus ne tombe jamais deux fois dans le même trou, ça dépend de la taille du trou... »

Moi : « Les poilus se mettaient dans les trous d'obus, en pensant que statistiquement un autre obus aurait moins de chance après de tomber dans le même trou, c'est exact. Enfin tu as l'amour de ta maman, non ? C'est le principal ! »

Le jouisseur : « Et celui de mes enfants, faut que je m'agite, j'ai une jolie nana qui vient manger ce midi...;-) »

Moi : « Le refuge le plus sûr est le cœur de sa maman. Je n'ai pas ce refuge, je suis donc condamné à l'aliénation, sauf cas de résilience assez improbable. Petit à petit mon ascendante grignote tout, ne nous aidera jamais, ne lèvera jamais le petit doigt pour nous. En fait si j'avais voulu survivre j'aurais dû rester avec mon ex, que ma génitrice respectait quand même un peu parce qu'elle avait une religion politiquement correcte tout simplement, et que ma mère ne fonctionne pas par amour mais uniquement par intérêt et conformisme. Comprenne qui pourra. Toi tu es comme les chats tu retombes toujours sur tes pattes, mais dis-moi, tu n'es pas un peu « dégoûté » des femmes. T'as intérêt à avoir de l'argent mon ami pour les rassurer et faire durer votre relation... »

Le jouisseur : « Ça et un gros chibre... Bon à la douche et aux courses pour un petit parmentier de canard qui devrait la mener dans mon padoc... »

Moi : « Elles se foutent du chibre au fond, ce qui compte pour elles, c'est l'image que votre couple renverra aux autres selon moi. Il est vrai aussi que tu aimes les femmes décalées, comme toi, et il y en a. Tu me racontera si tu l'as mise dans ton padoc. Au mieux tu lui fera un môme, et elle te fera un procès... »

Le jouisseur : « C'est que risque Cathy si on part au « fight », c'est de ne pas pouvoir se payer un avocat, c'est pourquoi je lui propose une sortie financière par le haut... »

Moi : « La vie peut-être assez belle, je n'ai sans doute fait que des mauvais choix, j'aurais pu finir ma vie en proscrit.
« Une sortie financière par le haut »... combien lui proposes tu ?
Tu es vraiment une corne d'abondance pour tes ex... un homme providentiel, elles doivent se passer le mot, fais gaffe !
Tu as tant de fric que ça ? »

Le jouisseur : « Dans mon cas c'est une queue d'abondance... »

Moi : « Non ça je n'y crois pas trop, je ne suis pas naïf à ce point. Et je te le répète l'épaisseur de ton porte monnaie compte bien plus que celle de ton chibre, arrête tes vantardises puériles. Mais tu as dû faire un énorme héritage, non ?
La liberté c'est aujourd'hui le fric. Les femmes aiment les hommes libres. La liberté ça fait rêver et les femmes ont besoin qu'on les fasse rêver

Le jouisseur : « Tout le monde a besoin de rêver, bon aux courses... »

Moi : « À très court terme, mais quand même l'échelle de quelques générations peut-être, le pognon va continuer à sauver. Mais on sait très bien tous les deux que le pognon ne continuera même pas à sauver à un peu plus long terme, puisque l'idée d'une croissance infinie dans un monde fini constitue un oxymoron.
Profite, profite, si tu en as, mais ne claque pas tout trop vite.
Tu es peut-être un salaud, mais tu trouves finalement toujours plus salope que toi (je parles des femmes que tu mets dans ton lit). »

Le jouisseur : « Ce que tu peux être con et réducteur... je ne suis en aucun cas un salaud. »

Moi : « Je ne disais pas ça péjorativement, c'est plutôt flatteur d'être un salaud. En tout cas tu tombes sur des salopes, non ?
Mieux vaut être un salaud qu'un con, non ?
Peut on être autre chose qu'un con ou un salaud ? Question de dissertation...
« trop bon, trop con » ? »

Le jouisseur : « Ça je sais, oui... »

Moi : « En régime libéral libertaire qui nous transforme tous individuellement et intimement en survivalistes de notre propre petite existence, je le répète peut-on être autre chose qu'un con ou un salaud, je m'interroge...
On a pas le choix, on doit sauver notre peau, c'est peut-être ça le nouvel impératif moral. Si tu étais con, tu n'aurais pas réussi à sauver tes enfants...
On peut avoir des principes, mais dans le domaine de l'idéal, quand des jours meilleurs reviendront. Mais dans la Réalité, « noir c'est noir », et il faut faire preuve d'esprit d'initiative même si ça fait des victimes... donc tu es peut-être un salaud.
Je prends conscience que l'espèce humaine en est une d'absolument incurable, nous avons la capacité d'élaborer des utopies, de belles utopies. Mais la réalité et les leçons du passé nous montrent qu'une utopie réalisée est toujours un régime totalitaire, le communisme notamment, et bien d'autres. Les religions sont effectivement critiquables, car on y vit plutôt bien avec de beaux principes, mais avec tous ceux qui ne pensent pas comme nous on est intolérant : je suis d'accord avec toi sur ce point précis. Aussi l'époque actuelle libérale-libertaire nous propose-t-elle chacun individuellement de nous en sortir par nos propres moyens sans l'aide d'aucune utopie, ni morale d'origine religieuse propre à relier les gens entre eux. Le libéral-libertarisme n'est pas un humanisme, mais un survivalisme reposant sur les principes de l'orthodoxie économique, à l'échelle intime : il crée des fractures entre les gens. L'« homo œconomicus » moderne ne peut pas être autre chose qu'un être fracturé intimement, car l'économie mondiale globalisé, crée plus de conflits qu'elle n'en résout en réalité, les apparences sont trompeuses, et l'on ne pourra pas faire l'Europe juste sur des prédicats relevant de l'économie, c'est une illusion. Il en va de même pour l'ensemble du monde. On ne pourra pas faire le monde par l'économie, le « doux commerce » pensé par les premiers théoriciens libéraux et destiné à empêcher les guerres, en crée en réalité de bien plus conflictuelles à l'échelle intime d'un individu et celle plus générale du rapport des nations entre elles, que le système féodal reposant sur la religion et les guerres, qui sévissait à l'époque de l'ancien régime. Les guerres y étaient effectivement plus circonscrites et moins meurtrières qu'à l'époque actuelle, c'est-à-dire celle qui prévaut depuis la Révolution française de 1789. À l'échelle intime d'un individu, il était moins déchiré, et les relations humaines étaient bien plus paisibles à l'époque de l'ancien régime qu'actuellement où prévaut une « guerre des sexes » sans merci, au nom de l'égalité hommes/femmes. C'est ce que montre tout l'art de l'ancien régime, calme et paisible, parfois sublime et toujours habité par une transcendance, en comparaison du nôtre, de plus en plus tourmenté, dénué de tout sens, ultra violent et privé de toute transcendance, donc plutôt médiocre globalement.
On pense tous avec les catégories du libéral-libertarisme, on échafaude même sa survie sur le long terme, on prévoit par exemple l'assainissement des caisses de retraites en France, d'ici 2070, comme si on était sûr que le régime allait tenir aussi longtemps, sans exploser, ni même montrer des signes de fatigue. L'économiste orthodoxe est roi. L'économie orthodoxe est devenue la plus sûre des sciences, la science la plus exacte. En prenant un peu de recul on prend conscience que tout ceci est absurde, non ?
L'économie est devenue notre nouvel opium, elle a totalement remplacé les religions, nous vivons, pensons, rêvons suivant les catégories de l'économie... orthodoxe. Nous ne vivons donc plus avec un certain confort spirituel, mais nous pouvons survivre grâce au confort matériel, non ? »

Le jouisseur : « Mais tu décroches des fois ? Qu'est ce qu'elle a une voix sexy... putain 6 mois que je n'ai pas baisé... »

Moi : « Les hérétiques dans notre société mondialisée sont ceux qui ne pensent pas suivant les catégories de l'orthodoxie économique. Ils sont proscrits de la société, et souvent vivent dans le plus grand inconfort matériel. Aujourd'hui avoir une foi religieuse quelconque est un genre de marginalité, qui vous place au ban de la société. Les derniers cathos sont de véritables résistants qui vivent dans des condition effroyables, je crois même que les musulmans finiront par se plier aux lois de l'économie
Je sens en toi un ton tellement relaxant que je pense que tu vis dans le plus grand confort matériel, je me trompe ?
Elle peut avoir une voix sexy et une tronche d'éléphant... Elephant Woman !
Tu vis dans un tel confort matériel que tu ne penses même plus à Mélenchon. Mais parle-moi plutôt de ton héritage pas de ta future petite amie, fais moi rêver ! »

Le jouisseur... : « Tous tes rêves finissent en cauchemar, pas la peine ! Bon en plus elle est jolie et bien roulée... Et super cool ! »

Moi : « Tu as hérité de combien ? Ce qui a provoqué le départ de Cathy pour toucher une pension ?
Tous les rêves de tout le monde finissent toujours en cauchemar, car toute utopie réalisée est un enfer. Ta future copine eusse-t-elle 20 ans ne me fait pas du tout rêver.
Les hérétiques dans notre société mondialisée sont ceux qui ne pensent pas suivant les catégories de l'orthodoxie économique, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes. Ils sont proscrits de la société, et souvent vivent dans le plus grand inconfort matériel. Aujourd'hui avoir une foi religieuse quelconque est un genre de marginalité, qui vous place au ban de la société. Les derniers catholiques sont de véritables résistants qui vivent dans des conditions effroyables, je crois même que les musulmans finiront finalement par se plier aux lois de l'économie, quand d'autres pensent que leur foi spirituel l'emportera sur le matérialisme : gros point d'interrogation sur l'avenir... Bon mais tout cela il est possible que je l'aie déjà dit mot pour mot, à moins qu'il ne s'agisse d'une hallucination ?
Parmi les penseurs actuels, Onfray et Houellebecq notamment semblent pencher pour une victoire de la spiritualité musulmane sur le matérialisme, quand un penseur comme Régis Debray, penche pour une victoire de la religion à la base du matérialisme en France, le protestantisme, et donc un mode de pensée protestant pour les Français, en remplacement du catholicisme. Il s'agirait d'un mode de pensée intime reposant sur les principes de l'économie, plus que d'un mode de pensée d'origine religieuse. »

Le jouisseur : « T'es vraiment une âme sombre, peut être mérites-tu ce qui t'arrive... »

Moi : « En termes lacaniens je souffre effectivement d'une forme de « forclusion du nom du père » modérée, je suis donc moins que ce que j'ai été à une certaine époque de ma vie où j'étais totalement libéral-libertaire comme toi (à supposer que tu le sois réellement, à défaut de l'être consciemment). Je dois faire avec un amoindrissement de moi-même imposé par le reniement de mon père, qu'il a voulu et que j'ai fait l'erreur d'accepter symboliquement par la castration et réellement par le fait de me droguer, à une certaine époque de ma vie, et avec du cannabis. Peut-être « cannabis » parce que la terminaison est la même que dans « pénis », et que je me suis imposé une castration symbolique du pénis, pour faire plaisir à mon père qui se situe toujours dans la toute puissance.
La « forclusion du nom du père » est une souffrance qui est imposée de l'extérieur, on n'est pas prédisposé par nature à être jaloux, envieux et frustré. Personne ne l'est par nature. C'est sans doute un vieux fond de christianisme refoulé, qui fait ainsi interpréter les choses dans cet ordre là : la jalousie engendrant la souffrance, alors que c'est la souffrance qui entraîne la jalousie. Comme si il y avait une culpabilité, une faute qui expliquerait un état de souffrance. Or non, il n'y a absolument aucune faute, il s'agit d'une situation toujours absurde, comme l'est toute souffrance, qui est par nature précisément anti-naturelle.
Comme certains pensent à tort qu'on mérite peut-être la situation dans laquelle on est. Or non, je le répète. Les notions de mérite et de culpabilité sont des notions religieuses issues de la bible judéo-chrétienne. Et « eux » qui condamnent et qui disent rejeter toute transcendance... Quelle ironie ! Quand je dis « eux », il s'agit de la plupart des gens, y compris et surtout au sein de sa propre famille. D'ailleurs je souffre de moins en moins, la compréhension des choses est une réelle jouissance, et observer les gens qui se débattent dans leurs contradictions et répètent toujours les mêmes erreurs, provoque une certaine forme de jubilation. Non que je me réjouisse en soi du malheur des autres, mais je me réjouis de l'aspect logique qui les pousse à répéter toujours les mêmes erreurs. Absurde je te dis ! »


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire