samedi 27 janvier 2018

Comment désenclaver la planète Terre ?


Le libéral : « Ce qui m'étonne encore à mon âge, c'est combien la lecture marxiste et sa vulgate apparaisse toujours valable, alors qu'ils se sont trompés sur presque tout et presque toujours. »

Moi : « Que dire de la vulgate libérale qui nous mène droit dans le mur ? »

Le libéral : « On nous rabâche çà depuis 1789, en passant par Lénine et ses potes en 1917, et je ne vois rien venir en matière de mur. Par contre, l'obscurantisme progresse et ce n'est pas grâce à la vulgate libérale. »

Moi : « En écho à « Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »
En termes psys, voilà comment on pourrait définir le « mur » : la réalité fait jouir nos contemporains qui s'y adaptent en développant des comportements pervers. L'explosion de la perversion dans les rapports humains est un phénomène contemporain, caractéristique du libéralisme dérégulé lorsqu’il déploie ses potentialités de Liberté non contrôlée par une quelconque forme de spiritualité. Il suffit de visionner une seule émission de Hanouna, un exemple parmi d'autre mais quand même assez emblématique, pour se faire une idée de ce nouvel état d'esprit de nos contemporains : de telles émissions ont commencé à apparaître sur le PAF dans les années 80, aujourd'hui elles constituent la norme, alors que d'éventuelles émissions intelligentes constituent l'exception. Le pouvoir de séduction de telles émissions sur la jeunesse est énorme et lié au fait que leur fonds de commerce repose sur l'exaltation des instincts les plus pervers chez leurs spectacteurs. Concernant les pervers ce ne sont évidemment pas des victimes, mais des prédateurs. Ce qu'ils ont de « meilleur » est une illusion destinée à donner le change aux autres, alors que le pire est la vérité de leurs personnalités toxiques pour leurs proches ou leurs collègues : d'où les développements inquiétants d'un phénomène comme le burn out dans le monde du travail. Comme nos sociétés libérales encouragent la performance, ce sont les comportements pervers qui sont encouragés, ainsi que le cynisme pour arriver à ses fins, « la fin justifie les moyens » est le leitmotiv du libéralisme libertaire.
Les recruteurs ne font qu'embaucher les membres les mieux adaptés, c'est-à-dire les plus pervers, ou encore ceux qui jouissent le plus du Réel imposé par la modernité.
Mais le pire n'est-il pas la réalité de la nature humaine, qui déploie systématiquement ses plus mauvais instincts en vue de la volonté de puissance, en l'absence de religion, de traditions, de culture pour les refréner ?
Voilà pourquoi on ne saurait être progressiste et encore moins libéral. L'humanité n'a pas d'avenir si au nom de l'innovation elle détruit constamment le passé qui la structure et lui sert de garde-fou par le biais de la mémoire de ses ancêtres.
Oui on peut poser comme principe que la vie est absolument absurde. Deux grands philosophes en ont tiré des conclusions différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré la conclusion qu'il fallait avoir un comportement empreint de compassion dans la conduite de sa vie. Nietzsche au contraire en a tiré les interprétations les plus folles, les plus cruelles, et les plus radicales et que comme « rien n'était vrai tout était permis » (ou plutôt on pourrait dire qu'il a repris cette formule de Dostoïevski à son compte). C'est malheureusement de nos jours la vision nietzschéenne qui l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait plus d'humanité, mais aussi davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du libéralisme, c'est cela qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce qu'elle a de plus radical.
Et le libéralisme ne peut pas aller sans libertarisme, autrement on ne pourrait pas jouir du Réel en vue de la performance qui est demandé en régime libéral. Notre régime est à l'exact opposé de ce que demande toute forme de compassion pour ce qui est vivant, il est entièrement basé sur l'indifférence voire même la cruauté. Dénué de morale, dont il s'est affranchi globalement à l'instar de toute sa génération, le baby-boomer est également généralement dénué d'éthique, alors que c'est plus que jamais nécessaire en régime libéral-libertaire qui nous incite à toujours faire preuve de plus d'égoïsme et d'indifférence.
Je me demande si pour les gens de ma génération, ceux à qui leurs parents baby-boomers n'ont rien transmis, car ils ont rejeté violemment toute forme de morale, il n'est pas trop tard pour être vigilant ? Et ainsi alors qu'il y a tout lieu d'être pessimiste et schopenhaurien, tout le monde est bien plutôt optimiste et nietzschéen, sous un régime macroniste qui se veut farouchement optimiste et positif. »

Le libéral : « Très bien ! Alors que proposez-vous comme alternatives non imposées ? »

Moi : « Si j'avais des réponses toutes faites, je vous les livrerais bien volontiers, cependant continuer avec le modèle libéral sans régulations, me semble constituer une impasse. J'émets des hypothèses qui pourraient nous aider à sortir de l'impasse. L'être humain étant une machine désirante et non un animal rationnel, il n'y a comme le souligne Houellebecq qu'un renouveau de la religion chrétienne en Europe, qui pourrait nous sauver.
Attention ce n'est pas mon désir à moi, je préférerais que les hommes soient raisonnables naturellement et qu'ils soient capables de solidarités entre eux, de solidarités fondées sur la raison et non sur le dogme. Quant au modèle libéral, dès l'époque d'Adam Smith, le projet reposait sur la croissance économique et l'innovation, et la dérégulation des gardes-fous ancestraux, comme la religion ou même les corporations dans l'artisanat, qui permettaient des solidarités entre les hommes. Personnellement je ne désire rien imposer à personne, déjà se sauver soi-même dans un monde aussi hostile que le nôtre, sous des dehors bienveillants et tolérants, constitue un exploit. J'appelle se sauver soi-même développer les potentialités de la machine à désirer que chacun constitue.
Le mur c'est qu'une croissance illimitée et dérégulée (économique, mais aussi en matière de population mondiale), dans un monde fini, n'est pas un modèle viable (on en mesure les prémisses dans le réchauffement climatique).
Il y aurait bien une solution à notre modèle libéral dérégulé, et alors vous allez trouver que je délire, mais il s'agirait de développer suffisamment les techno-sciences pour qu'elles nous permettent de coloniser de nouveaux mondes dans l'espace, afin de désenclaver la planète Terre. Cependant le développement des techno-sciences a un coût en énergie qui met en péril les équilibres écologiques sur la planète, c'est donc une course contre la montre qui se met en place : l'énergie dégagée par le développement des techno-sciences (qui est aussi l'énergie dégagée par les développements économiques) nous permettra-t-elle de coloniser de nouveaux mondes avant de provoquer la destruction de notre planète ? »


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