Le libéral : « Ce qui m'étonne
encore à mon âge, c'est combien la lecture marxiste et sa vulgate apparaisse
toujours valable, alors qu'ils se sont trompés sur presque tout et presque
toujours. »
Moi : « Que dire de la vulgate
libérale qui nous mène droit dans le mur ? »
Le libéral : « On nous rabâche çà
depuis 1789, en passant par Lénine et ses potes en 1917, et je ne vois rien
venir en matière de mur. Par contre, l'obscurantisme progresse et ce n'est pas
grâce à la vulgate libérale. »
Moi : « En écho à « Cinquante ans
exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif...
»
En termes psys, voilà comment on
pourrait définir le « mur » : la réalité fait jouir nos contemporains qui s'y
adaptent en développant des comportements pervers. L'explosion de la perversion
dans les rapports humains est un phénomène contemporain, caractéristique du
libéralisme dérégulé lorsqu’il déploie ses potentialités de Liberté non
contrôlée par une quelconque forme de spiritualité. Il suffit de visionner une
seule émission de Hanouna, un exemple parmi d'autre mais quand même assez
emblématique, pour se faire une idée de ce nouvel état d'esprit de nos
contemporains : de telles émissions ont commencé à apparaître sur le PAF dans
les années 80, aujourd'hui elles constituent la norme, alors que d'éventuelles
émissions intelligentes constituent l'exception. Le pouvoir de séduction de
telles émissions sur la jeunesse est énorme et lié au fait que leur fonds de
commerce repose sur l'exaltation des instincts les plus pervers chez leurs
spectacteurs. Concernant les pervers ce ne sont évidemment pas des victimes,
mais des prédateurs. Ce qu'ils ont de « meilleur » est une illusion destinée à
donner le change aux autres, alors que le pire est la vérité de leurs
personnalités toxiques pour leurs proches ou leurs collègues : d'où les
développements inquiétants d'un phénomène comme le burn out dans le monde du
travail. Comme nos sociétés libérales encouragent la performance, ce sont les
comportements pervers qui sont encouragés, ainsi que le cynisme pour arriver à
ses fins, « la fin justifie les moyens » est le leitmotiv du libéralisme
libertaire.
Les recruteurs ne font
qu'embaucher les membres les mieux adaptés, c'est-à-dire les plus pervers, ou
encore ceux qui jouissent le plus du Réel imposé par la modernité.
Mais le pire n'est-il pas la
réalité de la nature humaine, qui déploie systématiquement ses plus mauvais
instincts en vue de la volonté de puissance, en l'absence de religion, de
traditions, de culture pour les refréner ?
Voilà pourquoi on ne saurait être
progressiste et encore moins libéral. L'humanité n'a pas d'avenir si au nom de
l'innovation elle détruit constamment le passé qui la structure et lui sert de
garde-fou par le biais de la mémoire de ses ancêtres.
Oui on peut poser comme principe
que la vie est absolument absurde. Deux grands philosophes en ont tiré des conclusions
différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré la conclusion qu'il
fallait avoir un comportement empreint de compassion dans la conduite de sa
vie. Nietzsche au contraire en a tiré les interprétations les plus folles, les
plus cruelles, et les plus radicales et que comme « rien n'était vrai tout était
permis » (ou plutôt on pourrait dire qu'il a repris cette formule de Dostoïevski
à son compte). C'est malheureusement de nos jours la vision nietzschéenne qui
l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait plus d'humanité, mais aussi
davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du libéralisme, c'est cela
qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce qu'elle a de plus
radical.
Et le libéralisme ne peut pas
aller sans libertarisme, autrement on ne pourrait pas jouir du Réel en vue de
la performance qui est demandé en régime libéral. Notre régime est à l'exact
opposé de ce que demande toute forme de compassion pour ce qui est vivant, il
est entièrement basé sur l'indifférence voire même la cruauté. Dénué de morale, dont il s'est affranchi
globalement à l'instar de toute sa génération, le baby-boomer est également généralement dénué d'éthique, alors que c'est plus que jamais nécessaire en régime
libéral-libertaire qui nous incite à toujours faire preuve de plus d'égoïsme et
d'indifférence.
Je me demande si pour les gens de
ma génération, ceux à qui leurs parents baby-boomers n'ont rien transmis, car
ils ont rejeté violemment toute forme de morale, il n'est pas trop tard pour être
vigilant ? Et ainsi alors qu'il y a tout lieu d'être pessimiste et
schopenhaurien, tout le monde est bien plutôt optimiste et nietzschéen, sous un
régime macroniste qui se veut farouchement optimiste et positif. »
Le libéral : « Très bien ! Alors
que proposez-vous comme alternatives non imposées ? »
Moi : « Si j'avais des réponses
toutes faites, je vous les livrerais bien volontiers, cependant continuer avec
le modèle libéral sans régulations, me semble constituer une impasse. J'émets
des hypothèses qui pourraient nous aider à sortir de l'impasse. L'être humain
étant une machine désirante et non un animal rationnel, il n'y a comme le
souligne Houellebecq qu'un renouveau de la religion chrétienne en Europe, qui
pourrait nous sauver.
Attention ce n'est pas mon désir
à moi, je préférerais que les hommes soient raisonnables naturellement et
qu'ils soient capables de solidarités entre eux, de solidarités fondées sur la
raison et non sur le dogme. Quant au modèle libéral, dès l'époque d'Adam Smith,
le projet reposait sur la croissance économique et l'innovation, et la
dérégulation des gardes-fous ancestraux, comme la religion ou même les
corporations dans l'artisanat, qui permettaient des solidarités entre les
hommes. Personnellement je ne désire rien imposer à personne, déjà se sauver
soi-même dans un monde aussi hostile que le nôtre, sous des dehors
bienveillants et tolérants, constitue un exploit. J'appelle se sauver soi-même
développer les potentialités de la machine à désirer que chacun constitue.
Le mur c'est qu'une croissance illimitée et dérégulée (économique, mais aussi en matière de population mondiale), dans un monde fini, n'est pas un modèle viable (on en mesure les prémisses dans le réchauffement climatique).
Il y aurait bien une solution à notre modèle libéral dérégulé, et alors vous allez trouver que je délire, mais il s'agirait de développer suffisamment les techno-sciences pour qu'elles nous permettent de coloniser de nouveaux mondes dans l'espace, afin de désenclaver la planète Terre. Cependant le développement des techno-sciences a un coût en énergie qui met en péril les équilibres écologiques sur la planète, c'est donc une course contre la montre qui se met en place : l'énergie dégagée par le développement des techno-sciences (qui est aussi l'énergie dégagée par les développements économiques) nous permettra-t-elle de coloniser de nouveaux mondes avant de provoquer la destruction de notre planète ? »
Le mur c'est qu'une croissance illimitée et dérégulée (économique, mais aussi en matière de population mondiale), dans un monde fini, n'est pas un modèle viable (on en mesure les prémisses dans le réchauffement climatique).
Il y aurait bien une solution à notre modèle libéral dérégulé, et alors vous allez trouver que je délire, mais il s'agirait de développer suffisamment les techno-sciences pour qu'elles nous permettent de coloniser de nouveaux mondes dans l'espace, afin de désenclaver la planète Terre. Cependant le développement des techno-sciences a un coût en énergie qui met en péril les équilibres écologiques sur la planète, c'est donc une course contre la montre qui se met en place : l'énergie dégagée par le développement des techno-sciences (qui est aussi l'énergie dégagée par les développements économiques) nous permettra-t-elle de coloniser de nouveaux mondes avant de provoquer la destruction de notre planète ? »
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