En écho à « Cinquante ans
exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et
actif... »
La vie intérieure, c'est tout ce
que ne peut pas nous prendre les riches. Mais ils nous ont volé non seulement
tous nos biens matériels, mais aussi ce qui faisait notre vie spirituelle,
c'est-à-dire notre richesse, par jalousie et envie. Ce que les seigneurs ne
parvinrent jamais à faire avec le peuple sous l'ancien régime, l'oligarchie l'a
fait. Ou encore le régime libéral globalisant/totalisant/monolithique l'a fait
au détriment de toute culture/civilisation par définition
pluraliste/plurielle/singulière. Tout ça pour éviter les guerres de religion
nous dit-on.
On me répond On ne mesure pas
encore assez tout le mal que ces sectes qui se font appeler
"religion" ont pu faire à l'humanité !
Et moi je dis qu'on ne mesure pas
non plus tout le mal que cette secte appelé libéralisme est en train faire à
l'humanité. Le monde sacré issu du judéo-christianisme en Europe a quand même
tenu pendant 1500 ans. Il s'éteint aujourd'hui sous les coups de boutoir d'un
nouveau dogme, et ce dogme est celui de la sainte trinité de l'orthodoxie
libéral : croissance, innovation, baisse des dépenses publiques. Le
progressisme actuel a gardé de l'idéal des Lumières la Liberté (sans
garde-fous), mais il a oublié l'égalité de droit (car on ne peut nier qu'il y a
des différences entre les hommes), destinée justement à compenser ces
différences, et surtout il a oublié la fraternité. Le nouveau dogme a connu un
coup de fouet sous l'ère Thatcher/Reagan et semble être à son apogée (mais il
peut en réalité encore "mieux faire"), c'est-à-dire que son aspect globalisant/totalisant
est en train de séduire et de convertir la planète entière sous son "emprise"
sans aucune autre alternative possible, plus que sous son "empire"
d'ailleurs. Car la séduction qu'il exerce se fait dans l'intimité de chacun,
dans ce que chacun a de plus profond en lui, et non pas seulement de façon
superficielle comme les régimes totalitaires tels le nazisme ou le stalinisme, contre lesquels on pouvait toujours résister par les armes ou bien par l'esprit
(la vie intérieure). Ce dogme d'abord timide à ses débuts, la première
révolution industrielle en Grande-Bretagne et en Wallonie vers les années 1750,
marche désormais à plein régime et écrase tout sur son passage, bousculant les
vieux clivages gauche/droite, qui ne s'affrontent plus que sur des questions
sociétales mais qui sont d'accord sur le fond : une politique identique sur les
questions économiques conforme à l'orthodoxie financière, c'est-à-dire au
dogme. Donc le régime libéral a seulement un peu plus de 250 ans, pensez-vous
vraiment qu'il tiendra aussi longtemps que 1500 ans ? Devant certains de ses
effets (réchauffement climatique dû aux effets de gaz à effet de serre,
exploitation à outrance des ressources naturelles jusqu'à épuisement,
augmentation exponentielle de la population etc. et j'en passe sur les effets
destructeurs), on peut en douter fortement.
Hawking, d'après ses calculs dit
que la planète va cramer dans environ 600 ans, malgré tous nos efforts, et
encore je le trouve bien optimiste. Mais ce n'est pas tout, certes les
richesses matérielles augmentent, mais cela ne profite de plus en plus qu'à une
certaine catégorie de la population, car dans la réalité les écarts de
richesses s'accroissent, et ce n'est plus l'ascenseur social qui est en panne,
mais le plancher social qui est troué. La "théorie du ruissellement"
avancée par les théoriciens moderne du libéralisme pour justifier leur doctrine
(au fond irrationnelle), est un mythe que la réalité vient contredire amèrement,
puisque les écarts de richesse augmentent tous les jours et que le fameux 1%
(le 1% le plus riche de la planète qui possède 50% des richesses mondiales) ne
cesse de s'enrichir, et que les 90% les plus pauvres, ne cessent de
s'appauvrir, c'est-à-dire de se partager une petite part de gâteau de plus en
plus maigre, environ 14% des richesses mondiales, quand les 10% en possèdent 86
%.
Bref tout ça pour dire que le
régime libéral ne vaut pas mieux que le monde judéo-chrétien, voire même et c'est mon
hypothèse qu'on a perdu au change, car non seulement il est aussi dogmatique,
voire plus... avec son politiquement correct notamment, c'est-à-dire une pensée
conforme avec laquelle il cherche à conditionner les masses indécises, ainsi
que son aspect totalisant/globalisant/ monolithique destructeur de toutes les
cultures/civilisations pluralistes/plurielles/singulières, mais en plus, oui
car ce n'est pas tout, il est terriblement plus destructeur en ayant supprimé
toute forme de régulation que pouvaient apporter les interdits de la
civilisation et de la culture. Comme plus rien n'est sacré/tabou, tout est
permis.
Oui on peut poser comme principe
que la vie est absolument absurde, je crois que cette assertion ne fait plus
aucun doute pour personne un tant soit peu lucide.
Deux grands philosophes en ont
tiré des conclusions différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré
la conclusion qu'il fallait avoir un comportement empreint de compassion dans
la conduite de sa vie.
Nietzsche au contraire en a tiré
les interprétations les plus folles, les plus cruelles, et les plus radicales
et que comme « rien n'est vrai tout est permis » (ou plutôt on pourrait dire
qu'il a repris cette formule de Dostoïevski à son compte).
C'est malheureusement de nos
jours la vision nietzschéenne qui l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait
plus d'humanité, mais aussi davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du
libéralisme, c'est cela qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce
qu'elle a de plus radical. Il est vrai que Nietzsche n'est en rien responsable
de toutes les interprétations délirantes que l'on peut tirer de son oeuvre,
mais c'est lui qui en premier a tiré de l'absurdité foncière de l'existence les
interprétations les plus radicales. Nietzsche n'est ni responsable, ni
coupable, mais ses héritiers en ont tiré comme conclusion avec une certaine
mauvaise foi qu'ils étaient responsables mais pas coupables, alors qu'ils sont
foncièrement irresponsables. C'est ainsi en tout cas que j'interprète un
mouvement comme mai 68
L'humanité est en roue libre sans
garde-fous, et même privée de culture qui en l'absence de morale ne peut plus
se transmettre, car l'éthique personnelle n'a aucune racine religieuse donc
aucune racine collective, elle est donc caduque.
Notre monde c'est "Sa
majesté des mouches", étendu à l'ensemble des enfants certes, où
l'éducation ne peut plus remplir son rôle de transmission, car les enfants sont
trop ensauvagés par la publicité, les écrans et des parents démissionnaires. Mais
aussi étendu à l'ensemble des adultes, où ce qui régit le monde du travail et
de plus en plus celui de la culture et de l'éducation, sont des relations
humaines basées sur la perversion, c'est-à-dire où s'en sortent ceux qui
s'adaptent le mieux, donc ceux qui jouissent le plus d'un Réel soumis à la pure prédation,
une fabrique en réalité à générer des bourreaux et des victimes.
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