dimanche 28 janvier 2018

« Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »


En écho à « Cinquante ans exactement après 1968, c'est une excellente raison de rester vigilant et actif... »

La vie intérieure, c'est tout ce que ne peut pas nous prendre les riches. Mais ils nous ont volé non seulement tous nos biens matériels, mais aussi ce qui faisait notre vie spirituelle, c'est-à-dire notre richesse, par jalousie et envie. Ce que les seigneurs ne parvinrent jamais à faire avec le peuple sous l'ancien régime, l'oligarchie l'a fait. Ou encore le régime libéral globalisant/totalisant/monolithique l'a fait au détriment de toute culture/civilisation par définition pluraliste/plurielle/singulière. Tout ça pour éviter les guerres de religion nous dit-on.

On me répond On ne mesure pas encore assez tout le mal que ces sectes qui se font appeler "religion" ont pu faire à l'humanité !

Et moi je dis qu'on ne mesure pas non plus tout le mal que cette secte appelé libéralisme est en train faire à l'humanité. Le monde sacré issu du judéo-christianisme en Europe a quand même tenu pendant 1500 ans. Il s'éteint aujourd'hui sous les coups de boutoir d'un nouveau dogme, et ce dogme est celui de la sainte trinité de l'orthodoxie libéral : croissance, innovation, baisse des dépenses publiques. Le progressisme actuel a gardé de l'idéal des Lumières la Liberté (sans garde-fous), mais il a oublié l'égalité de droit (car on ne peut nier qu'il y a des différences entre les hommes), destinée justement à compenser ces différences, et surtout il a oublié la fraternité. Le nouveau dogme a connu un coup de fouet sous l'ère Thatcher/Reagan et semble être à son apogée (mais il peut en réalité encore "mieux faire"), c'est-à-dire que son aspect globalisant/totalisant est en train de séduire et de convertir la planète entière sous son "emprise" sans aucune autre alternative possible, plus que sous son "empire" d'ailleurs. Car la séduction qu'il exerce se fait dans l'intimité de chacun, dans ce que chacun a de plus profond en lui, et non pas seulement de façon superficielle comme les régimes totalitaires tels le nazisme ou le stalinisme, contre lesquels on pouvait toujours résister par les armes ou bien par l'esprit (la vie intérieure). Ce dogme d'abord timide à ses débuts, la première révolution industrielle en Grande-Bretagne et en Wallonie vers les années 1750, marche désormais à plein régime et écrase tout sur son passage, bousculant les vieux clivages gauche/droite, qui ne s'affrontent plus que sur des questions sociétales mais qui sont d'accord sur le fond : une politique identique sur les questions économiques conforme à l'orthodoxie financière, c'est-à-dire au dogme. Donc le régime libéral a seulement un peu plus de 250 ans, pensez-vous vraiment qu'il tiendra aussi longtemps que 1500 ans ? Devant certains de ses effets (réchauffement climatique dû aux effets de gaz à effet de serre, exploitation à outrance des ressources naturelles jusqu'à épuisement, augmentation exponentielle de la population etc. et j'en passe sur les effets destructeurs), on peut en douter fortement.

Hawking, d'après ses calculs dit que la planète va cramer dans environ 600 ans, malgré tous nos efforts, et encore je le trouve bien optimiste. Mais ce n'est pas tout, certes les richesses matérielles augmentent, mais cela ne profite de plus en plus qu'à une certaine catégorie de la population, car dans la réalité les écarts de richesses s'accroissent, et ce n'est plus l'ascenseur social qui est en panne, mais le plancher social qui est troué. La "théorie du ruissellement" avancée par les théoriciens moderne du libéralisme pour justifier leur doctrine (au fond irrationnelle), est un mythe que la réalité vient contredire amèrement, puisque les écarts de richesse augmentent tous les jours et que le fameux 1% (le 1% le plus riche de la planète qui possède 50% des richesses mondiales) ne cesse de s'enrichir, et que les 90% les plus pauvres, ne cessent de s'appauvrir, c'est-à-dire de se partager une petite part de gâteau de plus en plus maigre, environ 14% des richesses mondiales, quand les 10% en possèdent 86 %.

Bref tout ça pour dire que le régime libéral ne vaut pas mieux que le monde judéo-chrétien, voire même et c'est mon hypothèse qu'on a perdu au change, car non seulement il est aussi dogmatique, voire plus... avec son politiquement correct notamment, c'est-à-dire une pensée conforme avec laquelle il cherche à conditionner les masses indécises, ainsi que son aspect totalisant/globalisant/ monolithique destructeur de toutes les cultures/civilisations pluralistes/plurielles/singulières, mais en plus, oui car ce n'est pas tout, il est terriblement plus destructeur en ayant supprimé toute forme de régulation que pouvaient apporter les interdits de la civilisation et de la culture. Comme plus rien n'est sacré/tabou, tout est permis.

Oui on peut poser comme principe que la vie est absolument absurde, je crois que cette assertion ne fait plus aucun doute pour personne un tant soit peu lucide.
Deux grands philosophes en ont tiré des conclusions différentes, Schopenhauer au nom de ce constat en a tiré la conclusion qu'il fallait avoir un comportement empreint de compassion dans la conduite de sa vie.
Nietzsche au contraire en a tiré les interprétations les plus folles, les plus cruelles, et les plus radicales et que comme « rien n'est vrai tout est permis » (ou plutôt on pourrait dire qu'il a repris cette formule de Dostoïevski à son compte).
C'est malheureusement de nos jours la vision nietzschéenne qui l'a emporté sur la schopenhaurienne, qui contenait plus d'humanité, mais aussi davantage de pessimisme. L'aspect libertaire du libéralisme, c'est cela qu'exalte notamment la philosophie de Nietzsche dans ce qu'elle a de plus radical. Il est vrai que Nietzsche n'est en rien responsable de toutes les interprétations délirantes que l'on peut tirer de son oeuvre, mais c'est lui qui en premier a tiré de l'absurdité foncière de l'existence les interprétations les plus radicales. Nietzsche n'est ni responsable, ni coupable, mais ses héritiers en ont tiré comme conclusion avec une certaine mauvaise foi qu'ils étaient responsables mais pas coupables, alors qu'ils sont foncièrement irresponsables. C'est ainsi en tout cas que j'interprète un mouvement comme mai 68

L'humanité est en roue libre sans garde-fous, et même privée de culture qui en l'absence de morale ne peut plus se transmettre, car l'éthique personnelle n'a aucune racine religieuse donc aucune racine collective, elle est donc caduque.
Notre monde c'est "Sa majesté des mouches", étendu à l'ensemble des enfants certes, où l'éducation ne peut plus remplir son rôle de transmission, car les enfants sont trop ensauvagés par la publicité, les écrans et des parents démissionnaires. Mais aussi étendu à l'ensemble des adultes, où ce qui régit le monde du travail et de plus en plus celui de la culture et de l'éducation, sont des relations humaines basées sur la perversion, c'est-à-dire où s'en sortent ceux qui s'adaptent le mieux, donc ceux qui jouissent le plus d'un Réel soumis à la pure prédation, une fabrique en réalité à générer des bourreaux et des victimes.

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