vendredi 4 novembre 2022

Insultes racistes à l'assemblée nationale, vraiment ?



Là où le député RN a tort c'est que la France n'est pas un safe space, un espace protégé des dérèglements du monde et de ses migrations provoqués par la mondialisation néolibérale, un capitalisme dérégulé voire déréglé, ses conséquences comme le réchauffement climatique, les guerres pour le contrôle de l'énergie et des matières premières. La France ne peut pas recevoir toute la misère du monde mais elle doit y contribuer et elle y contribuera certainement, par la force des choses, de plus en plus. Ça c'est la réalité. Le manque de disponibilité de l'Homo sapiens pour l'Homo sapiens ça c'est la réalité du modernisme et de la rentabilité. C'est aussi la réalité, hélas selon moi néfaste du progrès et du progressisme dans toute leur acception chrétienne, qui envisagent toute l'histoire humaine comme une ligne droite vers toujours plus d'humanité, d'opulence, de bien-être, de justice, de savoir, de santé... bref une ligne droite orientée vers le salut ici-bas... on nous aurait menti ? 

Pour moi le progrès (sic) est avant tout un produit du christianisme avant de s'être fait contre le christianisme qui n'envisageait le salut que dans l'au-delà et en récompense d'une vie bonne. Tout est contenu dans les principes du christianisme bien avant le développement exponentiel des sciences et techniques n'ayant jamais existé sous le règne des Grecs puis des Romains, qui n'avaient peut-être même pas l'intuition d'une telle linéarité temporelle orientée vers un but.

Viennent s'y ajouter les principes abstraits de la République. Les droits de l'Homme étant universels il est normal que n'importe quel "étranger" puissent se sentir investi dans sa singularité par ce type de discours généreux qui l'élève, lui rend hommage, et vient vers lui pour le reconnaître. Ce genre de discours universel n'était pas chauvin, nationaliste, ni même patriotique, aux yeux des philosophes, et n'avait pas vocation à s'adresser aux seuls Français, ou alors cela aurait été une vision très réductrice au particulier et au local, du général et de l’universel – tout comme le discours marxiste internationaliste avait vocation à s’adresser à tous les travailleurs exploités de la planète (mais il a fait flop). D'une certaine façon les Français contemporains décadents et déclinants, en chair et en os, se sentent aujourd'hui pris en otage par leurs propres principes qui désormais les dépassent, car ils avaient été énoncés du temps de leur grandeur... passée ! Mais il est désormais bien trop tard pour reculer et demander aux Africains demandeurs d'asile, en situation irrégulière, de retourner "chez eux", en bateau ou en avion ; et ce malgré quelques attentats et faits divers glauques qui demain seront anecdotiques comme les affaires Paty ou Lola.

Il est bien évident que le député RN ne s'adressait pas au député LFI en raison de sa couleur de peau quand il a dit "qu'il retourne en Afrique !", mais faisait référence au retour d'un bateau de migrants au large des côtes européennes en Afrique d'où il venait, une sorte de retour à l'envoyeur. Il aurait été beaucoup plus grave que le député RN stigmatise un de ses confrères en raison de sa couleur de peau. Mais Véran fait comme s'il s'agissait d'exactement la même faute morale : le racisme ; en renvoyant le RN à son immoralité foncière, à son péché originel. Il y a là pas mal de mauvaise foi et la ruse habituelle de Macron et de ses sbires, car on sait bien que la stratégie de Renaissance est de marginaliser les électeurs et les élus d’un parti, de les stigmatiser, tout en voulant faire de ce parti son partenaire (adversaire) privilégié pour la reconquête du pouvoir (la troisième fois) aux élections de 2027, pour être sûr d'être réélu. Tout en sachant bien que Renaissance est un parti d'opportunistes fait de bric et de broc, de technocrates 2.0, d'ambitieux aux dents longues, de traders ayant raté leur vocation, sans autres couleurs et convictions politiques que celles de l'UE et surtout des États-Unis.

Personnellement je renvoie dos à dos les réflexes nationalistes et chauvins de repli sur soi (je ne dirais pas racistes contrairement à Véran) et de protection des Français - impossible dans un contexte de mondialisation néolibérale (sauf à combattre non pas les étrangers mais le néolibéralisme) ; et la thématique néolibérale qui instrumentalise de grands principes universalistes énoncés par de grands philosophes il y a 250 ans, dans le but d'asservir la planète à une mondialisation non consentie et non profitable à l'intérêt général pour le seul profit de quelques richissimes soi-disant géniaux qui envoient des fusées dans l'espace, et à un capitalisme dérégulé voire déréglé destructeur de tous les écosystèmes et des individus, travailleurs ou non, exploités qui en font les frais. La République n'est plus la République et elle a trahi la République, c'est-à-dire ses principes dès ses origines bourgeoises, ce que Marx qui se voulait le fossoyeur du capitalisme fut le premier à mettre en exergue après que Rousseau l'ait pressenti.

Quand la France était une grande puissance, voire la première puissance mondiale, elle pouvait se permettre d'énoncer des grands principes généreux sur les droits de l'Homme et surtout de s'y tenir. Mais qu'est-ce qui en a fait une grande puissance ? C'est l'absolutisme, l'aristocratie, et la charité chrétienne. Qu'est-ce qui en a fait une puissance déclinante ? C'est la bourgeoisie, une classe vile et cupide préoccupée que d'appât du gain et de son confort, et la laïcité soi-disant neutre qui récompense le résultat au mérite soit le produit de la sélection opéré par cette même bourgeoisie via l'école - Bourdieu (il y a bien sûr des exceptions héroïques). Napoléon a porté haut et fort, aristocratiquement pourrait-on dire, les principes de la Révolution dans toute l'Europe. Mais in fine il n'a fait qu'attiser les nationalismes et autres particularismes locaux, surtout en Allemagne. Il n'a fait qu'enflammer une idée romantique du vitalisme des peuples ayant trouvé son apogée sinistre avec Hitler et son pangermanisme. Au final par Hitler via Napoléon, cela constitue un contresens absolu de l'idéal des Lumières et de son universalisme, une apologie du localisme et de la race élue. Est-ce vraiment ce genre d'idéologie que Véran a derrière la tête quand il dénonce le racisme du RN ? Il me semble plutôt qu'il s'agit d'un protectionnisme que l'on peut trouver certes moisi, mais surtout caractéristique d'un peuple sur le déclin et plus du tout sûr de lui comme le disait déjà péjorativement de Gaulle des Français. Les politiciens comme Véran sont des bonimenteurs et des arracheurs de dents.

Quant à la République, comme je l'ai déjà dit et je tiens à le répéter, elle n'est plus la République, elle a trahi la République, c'est-à-dire ses principes dès ses origines bourgeoises, ce que Marx qui se voulait le fossoyeur du capitalisme fut le premier à mettre en exergue après que Rousseau l'ait pressenti et nous ait mis en garde bien avant 1789. Aujourd'hui comme hier il y a juste une caste politique qui emprunte des éléments de langage à la Révolution bourgeoise mais surtout aux philosophes des Lumières (ce qui constitue une trahison) pour asseoir sa domination forcément particulière (sinon il n'y aurait pas de domination) donc non-universelle, et des richissimes qui n'ont rien d'aristocratique et empruntent juste aux people.

Conclusion : Nietzsche disait que le pays en Europe aristocratique par excellence était la France, je crains fort que ce ne soit plus du tout le cas. Je préférais l'absolutisme et l'aristocratie, le grand style par lequel s'exprimaient aussi les philosophes des Lumières pour propager leurs idées universelles qui n'avaient rien à voir avec le minable wokisme - cet antiracisme et ce féminisme de pacotille que propage notre culture débile ; à cette caricature de démocratie qui ne génère partout à travers le monde via la mondialisation et le capitalisme dérégulé, que de la laideur et de la misère morale, une opulence feinte, un bien-être frelaté, une absence totale d'humanité.