mardi 28 février 2017

La recherche de boucs émissaires


Emmanuel Mousset ne trouve aucune justification à la faiblesse quelle qu'elle soit. D'un point de vue psychologique c'est peut-être parce qu'il a dû compenser un physique rachitique par une volonté de fer. La compassion est un mot qui ne fait pas partie de son vocabulaire et il n'a que mépris pour tous ceux qui se posent en victimes. Car le discours du FN est bien un discours victimaire selon lui, qui exploite une conscience victimaire diffuse dans les classes populaires ou même moyennes, qui se le formulent certainement maladroitement à elles-mêmes par la désignation de boucs émissaires.

Mais effectivement il ne veut pas voir que l'organisation libérale actuelle de notre société, est bien une machine à produire davantage de victimes que de gagnants. C'est selon moi une loi mathématique qu'une société qui exalte les prédateurs, suscite finalement davantage de victimes que d'élus, ce qui mathématiquement fait monter les extrêmes aux discours victimaires .
Notre société libérale n'envisage pas la réussite pour tous mais la réussite pour quelques uns. Elle s’enorgueillit que quelques uns se sortent de leurs ghettos, mais ne songe pas une seconde à l'abolition des ghettos. Elle sait que ses meilleurs chiens de garde seront ceux qu'elle a fait sortir au compte-gouttes des ghettos les plus sordides.

Pour ce qui est du nazisme, cas extrême, je crois aussi qu'il a cherché à exploiter une conscience victimaire et diffuse dans les classes populaires, incorrectement formulée à elle-même, et que ses adeptes se posaient aussi en victimes de leurs adversaires avant de se transformer en bourreaux et de tenter, voire de réussir à les exterminer.
C'est pour cela que selon moi le nazisme, c'est-à-dire l'exaltation exacerbée de leur condition de victime par les masses fanatisées, n'est qu'une réaction et donc une conséquence de l'idéologie libérale qui ne génère toujours qu'une minorité d'élus pour une pléthore de victimes.
Ce qu'ils nomment liberté n'est en réalité qu'oppression pour la majorité des gens, qui n'arrivent à s'expliquer que partiellement et maladroitement leur malaise diffus par la désignations de boucs émissaires, qui pour le coup eux ! pourraient passer de la conscience victimaire au statut de réelles victimes.
Car ce sont rarement les puissants que les populistes désignent à la vindicte populaire, mais d'autres victimes, dont la forme est différente. A chaque fois la colère se trompe de cible, par simplification elle désigne comme bouc-émissaires ceux qui sont différents, au lieu de chercher à abattre ceux qui la génère en les exploitant et les manipulant.

Le parti socialiste s'est coupé de sa base populaire depuis 1983, il est devenu libéral-libertaire, par opposition aux libéraux-conservateurs de droite. En étant libertaire et en recyclant les slogans libertaires de 68 en propagande publicitaire, le PS est devenu au fond plus conforme aux intérêts du libéralisme et du capitalisme que la droite conservatrice.

Macron est une caricature de cette gauche issue du tournant néolibéral de 1983. Hamon milite pour une gauche de rupture qui cherche à récupérer sa base populaire. Mais la machine à broyer néolibérale est bien huilée, et que peut un pauvre Hamon même si ses sentiments sont sincères et nobles, contre la toute puissance de la machine à broyer libérale, rien !
Et Emmanuel Mousset qui n'éprouve que mépris pour toute forme de compassion pour ceux qui sont broyés le sait bien, car c'est une forme d'impuissance si l'on est réaliste. En outre il est de ceux que l'oligarchie a fait sortir au compte-gouttes de ses ghettos les plus sordides : la reconnaissance pour la main du maître qui l'a nourri, et l'a parfois flatté dans le sens du poil et câliné, il appelle cela fidélité.



dimanche 19 février 2017

Fillon ou Macron ?


Cependant la machine infernale de la propagande libérale est désormais "en marche" (pour reprendre le slogan de Macron), et commence à trouver seulement aujourd'hui sa pleine mesure. Son emprise sur le monde entier, se fait comme sous l'effet d'une mâchoire qui loin de desserrer son étau, ne fait chaque jour qui passe que s'accentuer un peu plus. C'est pour cela qu'il ne faut absolument pas voter Macron, qui est le piège que les oligarques tendent à tous ceux qui se laissent berner par les beaux mots de "gauche" et de "progressisme" issus de la Révolution française. Ces derniers ne veulent pas voir que le triptyque de notre République "liberté, égalité, fraternité" qui demeure idéal, c'est-à-dire dans un monde qui n'existe pas réellement, a été remplacé dans les faits et la réalité de l'homme commun par le suivant, qui est celui de l'économie libérale : "croissance, baisse des dépenses, innovation".
Dans la réalité cela correspond à celle que nous voyons tous les jours : enrichissement des riches, paupérisation et périphérisation des classes moyennes, exclusion des classes populaires du champ du visible et de la représentativité, voire de la représentation, si ce n'est sous la forme caricaturale dépeinte par l'élite bobo et urbaine tendance canal +.
"Sécurité, prévention et bien-être", ne sont même pas une réalité pour la majorité, mais un élément de la propagande libérale qui vise aussi à l'hygiénisation du monde par l'exclusion de toutes les pensées déviantes, grâce à l'instauration notamment d'une police de la pensée dont les psys en première ligne sont chargés de faire respecter la loi.
En réalité le mode de pensée hygiéniste de notre modernité s'impose de plus en plus comme une novlangue (pour reprendre un thème de 1984, le roman de George Orwell), diffusée en continue par les tenants du monde culturo-médiatique. Novlangue vis-à-vis de laquelle l'élite s'accorde de moins en moins de liberté, tout faux pas créant immédiatement le buzz dans la médiatosphère, et dont les réfractaires en son sein sont impitoyablement voués à l'excommunication et l'ostracisation de leur classe d'origine et dominante. Ce qui leur assura tout du moins pour un temps une visibilité médiatique, avant leur mise à l'écart définitive et sans retour possible.
Pour conclure j'ai changé d'avis, et pense que même Fillon, ne serait-ce que par son côté conservateur serait préférable à Macron, qui est bien le pire d'entre tous, du côté des nihilistes progressistes, tendance rebelle bobo pour détruire tout ce qui fut construit par le passé.


La peur



Il y a un paradoxe à dire : « La société contemporaine, refusant la souffrance, obsédée par la sécurité, la  prévention et le bien-être, ne peut plus se reconnaître en Jacques Brel » ; alors que selon moi une société a rarement généré autant de souffrances que la nôtre. Pour se préserver les gens cherchent à occuper de petits postes de pouvoir pour pouvoir se mettre à l'abri, et rejeter la responsabilité de leur incompétence sur leurs subalternes, et cela dans absolument tous les échelons de la société on le retrouve. Le monde se divise en bourreaux et victimes, et la grande majorité sont des victimes qui à défaut de savoir se rendre heureux les uns les autres, se font la guerre, par manque absolu d'imagination et d'espoir. Ils préfèrent s'en remettre aux rêves de fous de nos dirigeants progressistes, eux-mêmes sous la coupe d'une poignée d'oligarques richissimes aux délires mégalomaniaques d'immortalité et de puissance matérielle illimitée. Ces derniers qui contrôlent désormais réellement le monde nous entraînent effectivement vers l'abîme, dans le pur déni de toute idée démocratique, c'est-à-dire dans le pur déni que la majorité des hommes soient capables de raison, mais seulement de pure méchanceté dans leurs rapports les uns aux autres. C'est pour cela que l'on peut qualifier à juste titre notre modernité d'oligarchie et non plus de démocratie. La démocratie est morte avec Thatcher, Reagan et l'esprit de collaboration désormais constitutif de tout Français de service, celui du temps fut Mitterrand.

Seulement voilà les faits leur donnent raison. « Vous voyez » nous disent-ils, « vous n'êtes capables de vous comporter les uns envers les autres que comme des bêtes féroces, et il n'y a donc que le commerce, dont vous devez nous laisser le contrôle de l'organisation (par la mondialisation, l'innovation et la destruction son corollaire), qui soit finalement capable d'adoucir vos mœurs. » Et cela selon la vieille doxa libérale énoncée déjà par Adam Smith, dont l'idéologie fut exacerbée avec le tournant néolibéral impulsé par Thatcher et Reagan : « Occupez-vous de votre bonheur de la façon la plus égoïste et perverse qui soit, et cela conformément à votre nature misérable, car nous avons une vision pessimiste de la nature humaine, et nous nous chargerons de l'organisation de la société par l'économie. »

Je ne partage pas cette vision misérabiliste de la nature humaine, qui est pourtant à l'origine du monde actuel, dans lequel nous ne vivons plus mais survivons. Ce n'est pas que les gens soient méchants en soi, soient en soi un peuple de démons pourvu qu'ils aient quelque intelligence (Kant), mais c'est le fonctionnement de notre société qui a favorisé cet état de fait, pour reprendre une idée de Rousseau.
Le malheureux philosophe, catapulté dans notre monde, ne reconnaîtrait aucune de ses idées, mais une exacerbation de la perversion sociale induite par la logique libérale. Un slogan de 68 était « cours camarade le vieux monde est derrière toi » ; or nous sommes arrivé à un moment où est peut-être venu le moment de regarder en arrière, et devant le futur effroyable qui se profile à l'horizon, de se dire : « ralenti mon ami, le monde de demain, celui de la Silicon Valley et du transhumanisme est devant toi. »

Le devoir de chacun n'est peut-être pas d'adhérer aux valeurs progressistes, mais au contraire de leur résister de toutes ses forces, afin de ne pas cautionner la folle fuite en avant du monde actuel. Toute forme de réussite matérielle, s'apparente peut-être aujourd'hui à une forme de collaboration avec l'ennemi, qui nous considère tous collectivement comme ontologiquement des misérables existentiels, définis philosophiquement comme tels par les premiers penseurs libéraux, en réaction aux guerres de religions et leur corollaire de massacres au nom du bien. Mais n'y a-t-il pas un troisième voie possible entre la guerre civile au nom du bien (qui pointe son nez en Europe à travers le jihadisme), et la vision misérabiliste de la nature humaine définie par le libéralisme ?

L'affect qui domine actuellement n'est finalement pas la méchanceté, mais la peur. C'est cette dernière qui nous rend cruels, parce que nous avons perdu toute notion de la vie en commun, en collectivité, et même du bien commun qui est pourtant l'idée originelle de la République. Or c'est bien cette idée de bien commun que la propagande libérale aura fini par faire exploser. Jusqu'à faire exploser les familles en leur sein même, au nom des droits de l'homme : c'est ici la gauche progressiste, c'est-à-dire libérale-libertaire, qui se charge le mieux d'opérer ce travail de destruction.

Les images et les slogans diffusés par la propagande publicitaire nous encouragent à toujours plus d'individualisme et d'égoïsme, au nom de la modernité libérale. Cette dernière veut nous faire croire qu'au bout de l'effort se trouve le bout du tunnel, avec l'avènement d'un humanité radieuse, débarrassée de toutes ses contingences issues du passé, comme la souffrance. « Sécurité, prévention et bien-être » sont en réalité les fers de lance de la propagande libérale qui se diffuse à travers tous les médias. Ils ne sont pas, j'en ai la conviction intime, au cœur des aspirations les plus profondes de l'humanité, qui pousseront toujours l'Homme si il n'est pas totalement corrompu par la manipulation de son esprit induite par la propagande libérale, à admirer davantage un Jacques Brel qu'un Bill Gates.

Cependant la machine infernale de la propagande libérale est désormais « en marche » (pour reprendre le slogan de Macron), et commence à trouver seulement aujourd'hui sa pleine mesure. Son emprise sur le monde entier, se fait comme sous l'effet d'une mâchoire qui loin de desserrer son étau, ne fait chaque jour qui passe que s'accentuer un peu plus. Toute le monde en a une conscience diffuse plus ou moins développée qui peut engendrer la peur. Lorsque cette conscience est trop forte, elle devient tellement prégnante que la peur paralyse toute volonté et inhibe l'action. Tout comme une proie devant un serpent préfère parfois se jeter dans sa gueule plutôt que de fuir.

Les progressistes de toute obédience, qu'ils soient de droite ou de gauche, ne croient finalement pas en la bonne volonté de l'homme et ont en réalité une vision très pauvre de sa nature. Ils préfèrent ainsi favoriser l'inhibition de tout ce qu'il pourrait y avoir de bon en lui, et privent donc l'humanité de toute chance d'accéder au bonheur en la condamnant à un genre de damnation de son vivant. C'est profondément injuste parce que jusqu'à preuve du contraire, la vie est pour chacun le seul bien qu'il possède.

jeudi 16 février 2017

L'argent


L'argent quand on en a, cela ne s'apparente pas au bonheur, mais c'est du moins le sentiment d'un soulagement qui domine. Quand on n'en a pas on ressent cela comme un manque, donc comme une douleur et une souffrance. Ceci d'autant plus que toutes nos valeurs ont désormais comme point névralgique et comme racine, la valeur d'échange qu'il constitue.

Nous sommes conditionnés par tous les médias audiovisuels ou qui découlent d'internet, à avoir des besoins et des désirs, dont seul l'argent peut fournir le remède pour soulager la douleur et la souffrance que constitue le désir inassouvi généré par son manque.

Il est bien évident dans ces conditions que la sexualité et même l'apparence physique, ce à quoi les anciens, et notamment les Grecs antiques étaient sensibles comme la beauté d'un visage ou d'un corps ou les deux réunis, font bien pâle figure aujourd'hui devant un portefeuille bien garni qui seul est susceptible de constituer l'objet de toutes les convoitises ; dans ces conditions beaucoup trouvent bien plus de jouissance à « faire chauffer » leur carte bleue, que dans un pauvre, banal et bestial rapport sexuel nous ramenant à notre animalité.

On pourrait même ajouter qu'un beau visage, un beau corps, ou une apparence physique attrayante peuvent constituer dans la vie de tous les jours quelque chose d'obscène car nous ramenant in fine à notre condition animale et à la réalité de notre instinct de reproduction. L'argent n'a pas d'odeur, mais les corps si, ils peuvent même dégager une odeur dégoûtante surtout venant des parties les plus intimes, c'est pour cela que beaucoup de beaux corps et de beaux visages sont désormais manufacturés, soumis à copyright, et servent de support esthétique purement virtuel et sans odeur comme l'argent, à la propagande publicitaire, ils sont devenus une valeur d'échange. Ce remplacement du réel par le virtuel nous faisant admirer davantage des images, des icônes people, de beaux acteurs ou actrices, que des personnes réelles, pourrait aussi être un élément d'explication de la chute de la natalité des femmes blanches occidentales tout particulièrement.

Car les gens et moi le premier je le déplore, par notre conditionnement à la société de consommation qui commença dès la naissance pour ainsi dire, ne savons plus vivre simplement et avec frugalité comme surent le faire pendant des siècles nos ancêtres, qui faisait un simple usage des choses au lieu de les considérer comme aujourd'hui dans une optique purement virtuelle voire de spéculation.
Cette hégémonie de la valeur d'échange et du virtuel comme objet du désir en soi, et non plus comme simple intermédiaire avec les choses dont la principale valeur serait d'usage donc réelle, a entraîné depuis environ le début des années 60 en Europe, et aux Etats-Unis depuis sa création par les colons européens, une corruption généralisée des rapports entre les gens car le plus souvent basés sur la seule valeur d'échange. Dans ces conditions on ne plus s'attacher à rien ni personne, tout est interchangeable dans le plus pur matérialisme et le nihilisme n'est jamais loin : rien ne vaut, tout se vaut !

Corruption qui à n'en pas douter risque d'entraîner la chute de notre civilisation occidentale, que certains défendent encore avec acharnement alors qu'elle est totalement pourrie et vermoulue de l'intérieur, et ne mérite pas que l'on daigne au moindre sacrifice pour elle ; ce à quoi d'ailleurs plus grand monde et certainement avec raison, ne consentirait. Il est temps tout simplement de passer à autre chose...


samedi 11 février 2017

Le solipsisme du monde contemporain


L'argent une obsession ? Quand 62 individus en possèdent autant que 4 milliards de leurs pairs anthropologiques ou « frères humains », cela paraît normal que cela pose un peu question, non ? Mais tu préfère vivre dans le déni des méfaits d'une société qui vit dans la fuite en avant, dans la destruction systématique des écosystèmes et des équilibres anthropologiques, dans la plus pure injustice concernant la redistribution des capitaux générés par le travail. Bref pour ton confort moral et parce que tu as été adoubé par une caste oligarchique au fond (à croire que tes figures tutélaires sont BHL, Minc, Attali, Libération de Laurent Joffrin, l'Obs, et Benjamin Constant et Adam Smith comme glorieux ancêtres), tu as choisi existentiellement au sens de la liberté sartrienne et du choix ontologique qui en découle, de lui servir de chien de garde et d'idiot utile.
Un jour tu seras bien obligé de dessiller les yeux et de changer ton regard sur le monde, qui pour l'instant est encore rempli de préjugés dogmatiques au sens d'un « sommeil dogmatique » pour reprendre une expression de Kant, ton modèle sur le plan du comportement à défaut de l'être sur le plan des idées, ou du moins l'affirmes-tu ! Encore un autre déni, car tu es bien plus proche en réalité de Kant et de sa rigidité dogmatique même sur le plan des idées, que de Nietzsche ; et tu as bien raison car sinon à l'instar de ce dernier tu serais mort ou fou depuis longtemps.
Le véritable nietzschéisme est un pari impossible, qui conduit au suicide ou à la folie tôt ou tard tous ses adeptes devant les ravages des idées qu'il recèle tant au niveau de l'interprétation que de la réalité qui en découle, et qui s'oppose à toute notion de décence commune.
Personnellement je dis mieux vaut encore peut-être Le Pen que Macron, ce fou qui veut nous entraîner dans sa folle fuite en avant et je persiste et signe. « En marche » vers quoi ? Vers l'abîme en réalité, qui est bien la destination finale du projet du libéralisme initié par Adam Smith !

Le pire c'est que tout ce que tu dénonces, l'évolution de la société vers un besoin de sécurité inouï, l'imposition du politiquement correct à tous les échelons de la société, le cocooning, la judiciarisation des rapports humains, le rejet de la souffrance au travail et la recherche du confort physique, voire de cette utopie que constitue la notion d'épanouissement personnel... ne sont que la conséquence du progressisme issu des lumières et de l'individualisme exacerbé qui en découle, qui fait de chacun une monade isolée de toutes les autres en guerre contre tous et à qui tous font la guerre.
Aboutissement ultime de 400 ans de métaphysique occidentale et de culte de l'individu au détriment de toute intersubjectivité. C'est seulement aujourd'hui que cette métaphysique issue directement du solipsisme du cogito cartésien (et avec le petit coup de fouet libéral impulsé par les mouvements étudiants occidentaux de la fin des années 60, rejetant toute forme d'autorité traditionnelle), trouve sa pleine mesure, c'est-à-dire une forme absolue de nihilisme au sens hégélien du terme et révèle ainsi aux yeux de l'humanité entière, accessoirement médusée devant le spectacle audiovisuel de l'élite pipolisée, décérébrée et inculte, sa totale absurdité et l'impératif catégorique d'un changement de direction.

Même si il y a maintenant pas mal de temps que notre rafiot a heurté l'iceberg, les machines tournent toujours à plein régime.




mercredi 1 février 2017

L'affaire Fillon


L'affaire Fillon me fait bien rire, que lui reproche-t-on à ce pauvre homme ? D'avoir fraudé au profit de sa famille et le sien si les faits sont avérés, environ un million d'euros brut, pfff p'tit joueur...
Le salaire de nos politiques n'est pas indexé sur celui des grands patrons. En France depuis le tournant libéral de 1983 le salaire des grands patrons a explosé. L'argument pour le justifier est que notre économie repose sur l'innovation et l'imagination (encore un slogan de 68, "l'Imagination au Pouvoir", détourné par la plus pure prédation capitaliste), et que pour innover nous dit-on, il faut beaucoup d'argent, énormément d'argent, toujours plus...
Des années 60 à maintenant, l'écart médian de rémunération entre un dirigeant d'entreprise et un simple salarié, est passé de 20 à environ 270 aux Etats Unis, c'est donc à peu près la même chose dans tout le monde occidental, indexé sur le modèle nord-américain. Ce sont les grands patrons et leurs revenus pharaoniques qui font monter l'écart médian, quand les patrons de PME restent à des revenus décents. 
Mais revenons au pauvre Fillon et à nos pauvres politicards franchouillards. Ils voient leurs amis du grand patronat s'envoler en termes de rémunérations, quand eux continuent à plafonner bas, avec un écart de rémunération avec un smicard compris entre 3 et 15 environ, ce qui n'a au fond guère évolué en leur faveur depuis les années 60.
Comment ne pas compatir à la frustration générée par une telle injustice ? Dans les dîners en ville, quand Fillon doit fréquenter des Arnault, des Pinault, des Bolloré, des Dassault ou encore des Bettencourt, qui eux-mêmes sont des p'tits joueurs face aux géants américains que sont par exemple les patrons de Facebook ou de Microsoft, combien notre pauvre Fillon doit se sentir petit et mesquin, même pas de quoi leur payer l'addition !
Mais nos patrons sont au même niveau environ que le patron d'Uber, dont la boîte génère des profits qui bénéficient plus au fisc américain et donc au peuple américain qu'au fisc français et aux salariés français, qui eux vivent dans des conditions de quasi esclavage, dans cette boîte que l'on dit à la pointe de l'innovation à l'instar d'Amazon. Cette dernière est encore une boîte créatrice de misère sociale, et destructrice du tissu social et culturel d'une économie basée sur la proximité avec le client.
Mais revenons au pauvre Fillon, quand on voit comment il doit ramer pour assurer un revenu décent à sa famille, on se dit que quelque chose cloche dans le système. Devrait-on indexer le revenu de nos politicards sur celui des grands patrons du CAC 40 ? Ou alors devrait-on faire redescendre sur terre les grands patrons dont le capital, pour le plus riche d'entre eux est le même que celui de cent millions de smicards choisis au hasard parmi les classes populaires des pays occidentaux, ou que celui d'environ un million de personnes choisis parmi les couches les plus aisées de la classe moyenne occidentale, dont on émettrait l'hypothèse que le capital net soit d'environ cent mille euros ? Oui car c'est bien cent milliards d'euros net que possède à lui tout seul l'homme le plus riche du monde.
On nous dira que les énormes capitaux favorise l'innovation et donc la croissance, qui favoriserait l'enrichissement de la partie la plus pauvre de la population mondiale. Tout cela est entièrement faux ! Notre modèle fonctionne désormais comme un programme dont la finalité est l'enrichissement toujours plus outrancier et indécent des très riches, l'appauvrissement des classes moyennes, et la totale aliénation des classes dites populaires, et tout particulièrement des 3,5 milliards de personnes les moins riches de notre planète qui possèdent désormais moins que les 62 personnes les plus riches du monde. 
L'autre conséquence d'un tel programme de fuite en avant reposant sur un modèle de croissance aveugle, auquel souscrivent les sociaux-démocrates, libéraux-conservateurs ou libéraux-libertaires (comment les appeler, les identifier ou les distinguer réellement ?) de "droite" ou de "gauche", tels Macron ou Fillon (dont la différence idéologique est très minime et n'est que de surface, l'un étant libertaire dans la plus pure tradition post soixante-huitarde, et l'autre s'en démarquant en postulant des prises de position plus conservatrices sur le plan sociétal, alors que sur le plan économique ils sont en gros d'accord), c'est évidemment la destruction de la biodiversité dont les scientifiques mesurent l'amplification exponentielle tous les jours, et à terme l'annihilation, ni plus ni moins, de la planète.
Car plus le temps passe, plus nous consommons au delà des ressources qu'une seule planète peut nous offrir. Les Nord-Américains sont les plus gros pollueurs par tête de pipe, mais vu le nombre de Chinois et leur modèle de croissance, ils ne sont pas loin derrière, et nous autres Européens, indexés sur le modèle nord-américain depuis 1945, non plus.
Un Hamon a le mérite de se démarquer de ce modèle de croissance, et le courage d'affirmer la primauté de la richesse que constitue la biodiversité et la préservation de la planète, sur le simple règne de l'argent, qui en termes freudiens s'apparente au règne d'un modèle excrémentiel à l'échelle d'une planète entière. Ce n'est pas le nombre d'habitants qui fait courir un risque à la planète, mais l'état d'esprit de ses habitants, qui sont désormais quasiment tous soumis à l'appât du gain et au règne du veau d'or.
C'est pourtant très simple, le modèle de l'innovation destructrice, c'est-à-dire du triptyque croissance/baisse des dépenses publiques/innovation est un mauvais modèle, duquel il est urgent de sortir. Puisqu'il faut désormais songer à un modèle de décroissance afin de préserver l'environnement et tout bonnement d'éviter la destruction du monde désormais à très court terme.
Le programme d'annihilation de la planète est désormais enclenché par environ quatre cents ans de métaphysique occidentale et trois cents ans de libéralisme économiques, qui reposent sur une surestimation de la liberté individuelle, qui aboutit in fine sur l'individualisme et désormais un genre de perversion narcissique généralisée, dont Macron notamment ne semble pas être épargné. Notre ami philosophe Emmanuel Mousset, tombe toujours dans le panneau car il est fasciné par ce type d'Homme à l'ego surdimensionné. DSK et maintenant Macron, sont beaucoup plus proches tous les deux du caractère de Mitterrand que de celui de Rocard. Quant à Fillon il aime l'argent, comment le lui reprocher quand ses amis grands patrons gagnent des millions ?
Un réel socialisme serait fondé sur une conception de la conscience humaine comme reposant non pas sur la solitude du cogito, donc un genre d'individualisme exacerbé ; mais sur une conception de la conscience comme se construisant par l'intersubjectivité, donc par le rapport à l'Autre. Ceci en réaction aux dégâts du progressisme et de la liberté individuelle, propres aux bourgeois héritiers d'une interprétation à leur profit des valeurs de la Révolution française.
Hamon a eu raison de distinguer le faux problème de la dette financière laissée aux générations futures, du réel problème de la destruction de l'écosystème laissé en héritage à nos enfants. L'argent c'est une invention humaine, aujourd'hui le veau d'or, alors que notre réel patrimoine est la planète sur laquelle nous vivons. Quand elle sera détruite, sans retour possible, notre idole l'argent apparaîtra pour ce qu'elle est réellement : un substitut de notre caca au sens "propre" (si je puis m'exprimer ainsi).