lundi 11 juillet 2016

La défaite de l'équipe de France à l'Euro

L'occasion de gagner une grande compétition de foot ne se représentera pas de sitôt selon moi. Par rapport au rugby le foot laisse beaucoup plus de place à la chance, donc à la superstition, c'est pour cela que c'est un sport populaire, plus que le rugby : le peuple est par définition superstitieux. Quand on gagne au foot, on se sent un peu l'élu de dieu, c'est ce que recherchent au fond tous les peuples,  je veux dire l'élection par dieu.
C'est ça que recherchent tous les humains, se sentir élu de dieu, quand les djihadistes se font exploser, ils se sentent élus de dieu. Du foot au djihad, il n'y a qu'un pas. Si la France avait gagné, on se serait senti élu pendant environ une semaine, puis cela serait passé. Après on aurait eu la fierté de compter trois victoire en coupe d'Europe, le record à égalité avec les Allemands et les Espagnols. Au lieu de ça on s'est fait battre par une équipe malheureusement au jeu minable dans cet Euro, cela n'enlève rien au mérite des Portugais. Zidane était un très grand joueur qui faisait plaisir à voir jouer, il méritait de gagner au moins deux coupes du monde. Hier les Français, on aurait dit des poulets sans tête qui couraient un peu de manière désordonnée sur le terrain, il manquait clairement un leader dans le jeu, comme Zidane, l'enthousiasme ni l'énergie n'étaient plus là, donc la défaite est assez logique. Je crains que cette équipe ne puisse jamais gagner la coupe du monde, il lui manque une individualité charismatique d'exception : on peut même trouver l'esprit de Nietzsche dans le football. On trouve surtout du pognon et des abrutis ; pas vraiment plus qu'ailleurs au fond, le foot suit la logique ultralibérale de la société, et non l'inverse. Il a ouvert la voie à la marchandisation du sport ; le foot pourrait être encore un sport populaire et sain, c'est juste une histoire de politique.
Le sport en règle général est un spectacle de la compétition et de la performance, destiné à faire accepter dans le monde du travail un esprit très compétitif. Le sport est la vitrine de la société ultra libérale, et les sportifs sont l'équivalent des gladiateurs au temps des Romains, ils ne font pas de vieux os en règle générale à cause du dopage, sauf cas de talent exceptionnel ne nécessitant pas un dopage lourd. Fignon par exemple qui n'avait pas un talent exceptionnel contrairement à Hinault, est mort jeune à cause des conséquences du dopage sur son organisme, comme tant d'autres. Le nationalisme et la "xénophobie" (difficile à gober quand on voit la composition ethnique de l'équipe de France), ne sont qu'une des interprétations possibles du sport de haut niveau en général, et du football en particulier, mais je pense que son interprétation la plus pertinente, c'est d'être une vitrine de l'ultra libéralisme.
Heureusement aujourd'hui grâce au libéralisme et à son esprit élitiste, Emmanuel Mousset dirait peut-être aristocratique, nous assistons au déclassement, à la reprolétarisation de la classe moyenne honnie. Grâce au chômage de masse qui n'épargne aucune catégorie sociale et à la logique libérale élitiste, un nouveau monde comportant de rares élus, les hyper riches, se construit, et évidemment Emmanuel Mousset applaudit des deux mains : vive la gauche réformiste ! A bas le bonheur pour les masses, à bas les "trente glorieuses" et l'esprit de solidarité, vive notre monde et son esprit de compétition, sa guerre de tous contre tous, sa pulsion de mort, son principe de réalité, son esprit aristocratique. Comme je le disais déjà, les gens qui nous gouvernent n'aiment pas le peuple, mais alors pas du tout !

dimanche 3 juillet 2016

La mort de Michel Rocard

La vie en société est violente, car elle exige le mensonge permanent et la recherche de bouc-émissaires, c'est en cela que je ne suis pas du tout d'accord avec Emmanuel Mousset, quand il dit que notre société fait preuve de mièvrerie et d'un trop plein d'empathie : "La violence est plus d'ordre moral et psychologique dans la mesure où l'esprit de performance nous est imposé partout et surtout dans le monde du travail", comme le rappelle fort justement un intervenant sur le blog d'Emmanuel Mousset. La plupart des psychologues qui en appellent constamment à l'empathie, n'appliquent pas forcément pour leur entourage, leurs beaux discours généraux et généreux. Quant à la psychologisation de la société, c'est une plaie, qui permet à la corporation des psys, de gagner globalement très bien sa vie, et d'avoir un pouvoir de manipulation sur le reste de la société, très fort. Comme le dit une personne de mon entourage proche, si les psys avaient un quelconque pouvoir de guérison, cela se saurait.
Pour en revenir à Michel Rocard, il fut plutôt, tout au long de sa carrière une victime, ce qui nuit fortement à l'exercice du pouvoir. Pourtant il était beaucoup plus du côté de la vérité que Mitterrand, ce dernier étant clairement du côté du mensonge permanent. La probité et l'honnêteté ne paient pas en politique, lui, Rocard, qui proposait de rétablir une très grosse dose de morale en politique, ne fut finalement jamais reconnu par ses pairs, qui lui riaient au nez devant tant de vertu ouvertement affichée. Je me souviens même qu'une fois, rencontrant personnellement un des conseillers de Fabius, en 1995 environ, j'eus le malheur de lui avouer ma préférence pour Rocard, quelle ne fut pas sa réaction hautaine de mépris à mon égard et surtout envers ma préférence.

vendredi 1 juillet 2016

Vers la compassion généralisée ?

La seule chose que je reproche aux rapports humains, aujourd'hui en France, c'est d'être globalement trop agressifs, comme le déplore Michel Houellebecq. Je sais que ça n'a pas toujours été totalement comme ça, aujourd'hui la crise est vraiment lourde à porter. Dans les années 70, les rapports humains étaient plus sereins. Je sais qu'on va m'accuser de sensiblerie excessive, mais n'oublie pas d'où tu viens Emmanuel. Tu n'as pas grandi à coup d'autoritarisme et de "coups de pied au cul", contrairement à ce que tu voudrais laisser croire, mais grâce à la bonté de certains maîtres. Bonté dont un certain monsieur Chédin faisait la vertu cardinale, souviens-toi ! Certains plus "crus" que moi, te reprocheront d'être un enfant du "baby-boom" ingrat : il y a une part de vrai là-dedans ! Cependant il y a une chose que l'on ne peut pas te reprocher, et qui est peut-être encore plus importante que la bonté, c'est la capacité à saisir l'occasion quand elle se présente. Mais ce n'est pas la peine non plus d'en faire tout un plat, encore une fois c'est le caractère et les circonstances qui expliquent et qui déterminent cette capacité à saisir le kairos. Rien de surnaturel, ni de spirituel, ni même d'admirable, dans tout ça. A ton tour donc de faire preuve de bonté et de sensibilité, pour payer ta dette à la société. Le monde est beaucoup plus agressif aujourd'hui, c'est un fait. Il y en a beaucoup qui s'en accommodent, car ça leur permet d'assouvir leurs pulsions mauvaises
C'est excitant, cela active certaines pulsions sexuelles archaïques, comme le spectacle des gladiateurs. Certains éprouvaient du plaisir parmi les bourreaux paraît-il, de tout temps. Ce sont ces pulsions sadiques qu'il me paraît utile de soigner aujourd'hui, plutôt que de parler de révolution ou même de réforme de la société : par exemple il me semble que l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes permet à certains d'assouvir leurs pulsions mauvaises de destruction de la nature, de non-respect de l'environnement, et même de malveillance envers ceux qui pâtiront des nuisances sonores ou même seront expropriés. Ça vous excite de voir souffrir les gens ? C'est bien, cela veut dire que vous êtes adaptés.

Emmanuel Mousset : "Je ne sais pas à quelle époque tu compares notre époque. Mais tu sais très bien que le monde d'autrefois et d'il n'y a pas si longtemps était beaucoup plus violent que le nôtre. C'est d'ailleurs pourquoi la moindre agressivité, y compris la plus anodine, nous insupporte : plus une nuisance est réduite, moins elle est tolérée. C'est peut-être un progrès, même si j'en doute. Chez moi, et sûrement chez toi aussi, les gens se plaignent du bruit des travaux, des tondeuses à gazon, des hélices (pourtant silencieuses) des éoliennes. C'en est presque comique. Tati en aurait fait un bon film. Bunuel aussi."
Tu as sans doute raison, ce qui fait question c'est la totale faillite morale de notre époque, qui fait que les gens s'effondrent à la moindre peccadille. Cela peut fournir un espoir en l'avènement de la compassion généralisée et de la non-violence portée au rang de dogme. Il paraît que c'est lorsque les civilisations sont épuisées, lorsque les gens ressentent toute agression anodine comme une violence insupportable, que le règne de la compassion généralisée peut advenir. Le catholicisme était une religion qui punissait le fait de faire mal à autrui, dans le cadre d'une civilisation bénéficiant d'un trop plein de vitalité, alors que le bouddhisme est le signe d'une civilisation épuisée ou plus personne ne supporte pour soi-même la moindre violence, la moindre douleur et la moindre contrainte, et pour autrui idéalement la moindre punition : ce serait pour moi un progrès extraordinaire et signifierait un changement total de paradigme. Reste le problème que constitue l'esprit de conquête d'une religion comme l'islam. Franchement quand on voit l'Histoire de l'humanité occidentale, ses guerres, ses massacres, ses génocides, il n'y a pas de quoi être fier, il n'y a rien d'admirable là-dedans, rien qu'un trop plein de souffrances absurdes. Je pense qu'en peu de temps, devant l'ampleur de leurs propres massacres insensés, les musulmans aussi pourraient comprendre ça, eux aussi : l'absurdité de l'esprit de conquête et la vanité de la volonté de puissance. Quant à toi l'adepte de l'autoritarisme et du "coup de pied au cul" : pour aller vers quoi ? Le bétonnage généralisé du pays France ? Les voyages anti-écologiques à l'autre bout du monde, alors qu'il suffirait de revaloriser son propre milieu, son propre environnement ?

Emmanuel Mousset : "Erwan, en bon nietzschéen, le bouddhisme adopté par l'occident est pour moi un signe de décadence, le refus de la féconde souffrance, une amputation de la vie. Le "coup de pied au cul" n'est pas mon genre, mais la paire de gifles, oui. Fais attention, si tu me rencontres."
"Coup de pied au cul", "paire de gifles", ne pinaillons pas sur les mots ou les expressions, et oui, je me range aux côtés de Houellebecq pour traiter globalement Nietzsche de "vieille pétasse". J'ai voyagé en pays bouddhistes et je n'y ai pas vu une amputation de la vie, mais au contraire un grouillement de vie, ne s’interdisant pas la jouissance au nom d'un désir jamais assouvi comme en Occident. L'Occident est la contrée du désir non assouvi, désir toujours porté à son incandescence par le système notamment publicitaire du libéralisme, sans résolution possible : un piège à cons, en gros. L'Occident est une machine à faire du fric, à attiser le désir, mais où il ne fait pas bon au fond le dépenser, c'est pour cela que ceux qui ont accumulé du fric, vont souvent le dépenser en pays bouddhiste, là où il fait bon jouir. L'Orient bouddhiste encourage le plaisir et la jouissance, au détriment du désir incandescent d'origine libérale, non assouvi : cela me paraît beaucoup plus sain. Quant à Nietzsche il demeure intéressant dans une interprétation purement artistique de la création, mais absolument pas fécond dans une interprétation politique, qui a débouché notamment sur le nazisme, comme un avatar possible du nietzschéisme politique : non merci !
Les bouddhistes n'ont pas le même rapport au désir. Alors que pour les Occidentaux, et plus particulièrement les oligarques, le désir attisé est une façon de gagner de l'argent ; pour les bouddhistes le désir est une souffrance qu'il faut combattre par l'assouvissement du désir dans le plaisir. Donc les bouddhistes valorisent le plaisir et dévalorisent le désir ; alors que c'est tout le contraire en Occident : un désir inassouvi sans arrêt attisé par toutes sortes de sollicitations, et des femmes qui ne veulent pas faire plaisir, bien conditionnées par nos oligarques, de qui, eux seuls (oligarques, acteurs, people), elles consentiraient peut-être à recevoir l'hommage, comme peut-être, dans aucune autre contrée dans le monde.

L'esprit de 68

Comme tout nos ultralibéraux, pardon réformistes, Emmanuel Mousset aurait été sur les barricades en 1968, ce fut un lieu de passage obligé vers le pouvoir. Ce que nos élites se sont accordées : jouer à faire la révolution, elles les refusent âprement à leurs enfants, voire petits enfants : attention danger communisme, socialisme, antirépublicanisme. Ce que veulent les élites c'est que les générations d'après ferment leur gueule, adhèrent au consumérisme totalitaire (Pasolini dirait "bouffent de la merde" cf Salo), et perdent leurs vies à "gagner" des salaires de misère. Surtout sans réfléchir, car ce sont les soixante huitards qui sont les seuls légitimes à réfléchir et qui nous imposent leur "pensée" indigeste depuis maintenant presque 50 ans : la nouvelle "idéologie française", c'est la pensée 68, réactualisée par l'ultralibéralisme. Même Finkielkraut, que j'apprécie par ailleurs, appartient à cette mouvance, et si il fut traité de "fasciste" par les "nuits debouts", c'est peut-être que les fantômes de Victor Hugo, ou de Pasolini et de tant d'autres illustres ancêtres, s'estimant trahis par cette funeste génération 68, ont parlé.
Je ne suis pas "complotiste" au point de penser comme ça fleurit sur internet que les attentats islamistes ou le meurtre de Jo Cox, sont en réalité le fait de l'oligarchie qui cherche à nous manipuler. Cependant je pense que la colère islamiste, et la colère d'extrême droite (Thomas Mair, Breivik), sont attisés par le contexte social et politique qui prévaut dans les démocraties occidentales, sans parler de leur politique extérieure au Moyen-Orient : nous sommes entrés dans un état de guerre larvée qui déteint sur les comportements humains : tout le monde se méfie de tout le monde, la société est fermé, peuplée de chefaillons pervers  et de moutons consentants : ce n'est pas la vision que j'avais de la démocratie. Et oui, j'ai la nostalgie d'un De Gaulle, qui se comportait comme un bon père de famille pour son peuple. Nous ne retrouverons malheureusement pas ça avant longtemps, voire jamais. A vous écouter Max, 44% des Français sont désormais des "fascistes" : comment comptez-vous les combattre, par la stigmatisation, l'insulte et le mépris, comme Emmanuel Mousset ? Voire la violence : si le parti de Mélenchon et le FN sont fascistes, il faut une volonté politique pour les interdire. Et les électeurs, il faut les rééduquer aux valeurs de la performance, de la compétitivité et de la violence économique et sociale, puisque selon vous c'est la seule réalité " républicaine ".
Les tags des "casseurs" anticapitalistes, et d'autre part du mouvement "nuit debout" sont très influencés par mai 68, ils attaquent surtout notre société basée sur le culte de la performance et l'esclavage moderne que constitue le travail salarié, ultra hiérarchisé. Ce que d'aucuns nomment l'horreur économique, avec des analogies à juste titre, avec Auschwitz. Cependant Mai 68 a trompé le peuple, ce fut une pépinière pour oligarques actuels. Avec le virage libéral, la plupart des ex-68, sont devenus des ultras libéraux, ils ont saisis l'opportunité pour leur pomme. Les soixante-huitards sont devenus majoritairement des "pourris" sans aucune valeur à transmettre, si ce n'est leur réussite individuelle. Ils ont totalement trahi le peuple, et ont investi des postes de pouvoir, d'où ils oppriment la majorité de la population française. Le PS est saturé de bobo-chics friqués issus de 68, qui n'ont rien à envier à leurs rivaux LR, caste friquée mais descendant d'une France plus traditionnelle, qui renie d'ailleurs de plus en plus ses valeurs héréditaires, au profit de la maximalisation du profit et du tout-fric.
Mes parents ont cet état d'esprit, mon père comme ma mère ont su tirer parti d'une opportunité, pour s'enrichir matériellement, mai 68, ne fut rien d'autre qu'une opportunité matérielle, comportant argent, sexe et estime de soi : tous les ingrédients du pouvoir. Cela a causé le suicide de mon cousin germain, quand il s'est bien rendu compte qu'il n'en était pas, ma famille n'a eu aucune pitié pour lui ni compassion, notamment mon père qui l'a expulsé de chez lui, c'est peu après qu'il mettait fin à ses jours. Cela en dit long sur la nature humaine.