samedi 11 mars 2017

Macron et les gnous


Et si Macron n'était pas du tout un touriste, mais un crocodile parmi les crocodiles. Quant au "peuple" (je sais qu'il ne faut pas employer ce mot, trop connoté populiste), et si c'était le troupeau de gnous. Pourquoi ne faut-il pas employer le mot « peuple » ?
D'une part parce que cela pourrait indiquer une éventuelle solidarité entre ses membres, or ce n'est pas le cas. D'autre part parce que l'« oligarchie » (encore un autre mot connoté populiste) cherche à individualiser le destin de chacun, en le coupant de tout monde commun (si ce n'est à travers les événements sportifs, si piteux généralement pour les Français d'ailleurs), cela fait partie du projet libéral. Tant pis pour les victimes, en général le plus gros du troupeau de gnous parvient à atteindre l'autre bout du gué, seuls quelques uns terminent lacérés puis broyés dans le ventre des crocodiles.

On me répond : "Le crocodile est un animal plus gentil que sa réputation. Simplement, il ne faut pas le chercher." Certes, certes, peut-être.

Je ne sais pas si les crocodiles sont des animaux gentils, mais en tout cas ils sont cannibales entre eux...

De toute façon ce ne sont pas les crocodiles qui ont voulu être ce qu'ils sont, mais la nature qui les a voulu ainsi.
Il en est de même pour tous les membres de l'espèce humaine et tout particulièrement les hommes politiques, qui en sont les prédateurs. Mais eux-mêmes ne sont rien face aux super-prédateurs qui les font et les défont. Et puis la machine libérale surpuissante connaît parfois des ratés, comme Trump ou le Brexit.
Ce sont de petits ratés pour l'instant, facilement rattrapables, car tout a été soigneusement réfléchi, calibré et affiné par nos penseurs libéraux depuis trois cents ans d'idéologie bourgeoise (avec les deux grands ratés historiques que constituèrent tout de même le marxisme-léninisme et le nazisme, qui sont la part de folie que contient tout projet totalisant), dormez braves gens...

On peut vivre et même bien vivre dans ce monde, mais il faut pour cela accepter qu'il obéit à une logique et une nécessité, et donc à une volonté de manipulation qui nous échappe.
D'autre part le destin de chacun y est tellement individualisé, qu'il ne faut pas y être rendu victime par les circonstances, qui trouvent le plus souvent leur origine dans la généalogie familiale.
Cette dernière y est l'exclusive garante de l'équilibre personnel, quand tous les éventuels tuteurs extérieurs, sociaux, collectifs ou religieux, ont été finalement détruits par la logique totalisante et réductrice à l'individu, du libéralisme : ce qu'on appelle les droits de l'homme, qui sont aujourd'hui dans la façon dont ils s'expriment, une nouvelle forme de totalitarisme... soft !


jeudi 9 mars 2017

Le fanatisme est la volonté des faibles et des timides


J'ai trouvé par hasard cette lettre sur internet, qui peut fournir un contrepoids au discours brutal et plein de mépris pour les "faibles", que tient généralement Emmanuel Mousset dans son blog, par avance acquis, et de manière quasi fanatique aux valeurs délétères du néolibéralisme, "pour notre bien à tous" nous dit-il...

"Cher Pierre,

Il n'y a que toi qui puisse me comprendre car nous avons certainement vécu une enfance similaire, carencé affectivement.
J'ai dû pour ma part endurer un père violent et dévalorisant, et un mère sèche affectivement (éteinte par mon père ? Oui mais pas seulement). Bref notre "pathologie" commune nous rend un peu extra lucide, mais nous anticipons peut-être trop rapidement la chute de notre monde.
Notre monde est en voie d'effondrement, nous le percevons. Pour nous je ne sais pas si il vaudrait mieux qu'elle soit rapide ou lente. Avec Macron au pouvoir, il n'y aura aucun changement si ce n'est l'amplification de la chute causée par des mesures toujours plus ultra libérales, toujours plus déterritorialisantes, toujours plus aliénantes pour les gens fragiles. Avec MLP, il y aura peut-être de bonnes mesures, mais les gens violents et identitaires, racistes et antisémites risquent de se croire tout permis, et de faire des ravages : cependant cela mettrait peut-être fin au mépris bobo, donc bourgeois pour le peuple, ceux que tu dis d'origine paysanne.
Tout le peuple est globalement traumatisé par la mondialisation, les relations humaines ne sont plus les mêmes que dans les années 70. Il n'y aura pas de retour en arrière, le monde va se dégrader dans la fuite en avant de l'aventure libérale, qui nous vient en grande partie des Etats-Unis, et même Trump ne renoncera jamais à ce modèle délétère, qui fait globalement plus de victimes que de gagnants. L'effet pervers du système est que les gagnants ont bonne conscience, car en plus ils se sentent investis des valeurs des droits de l'Homme, alors qu'en réalité ils se comportent comme de purs prédateurs : rien n'a changé et rien ne changera jamais, les gagnants auront toujours bonne conscience et les victimes mauvaise conscience.
Je crois que Nietzsche avait conscience de cette fracture et je crois même qu'il encourageait les "forts" à faire preuve de plus de dureté, et les "faibles" à périr. Les forts ou gagnants en système libéral, attribuent leur force à leur mérite, c'est ce qui leur donne bonne conscience. Ils pensent mériter ce qu'ils ont acquis, et les faibles culpabilisent de leur faiblesse, qu'ils attribuent à leur manque de mérite, et en vertu des valeurs du système libéral : double peine donc... Donc les forts méprisent les faibles, car ils pensent que les faibles auraient pu être autre chose que ce qu'ils sont si ils l'avaient voulu. Or en réalité ni les forts ni les faibles n'ont réellement voulu être ce qu'ils sont, c'est la nature qui effectivement les a voulu ainsi.
Au temps du catholicisme la domination temporelle des forts sur les faibles était justifiée, et les relations hiérarchiques encouragées, par le fait que dans la dimension de l'au delà, la dimension spirituelle donc, les faibles étaient censés trouver leur revanche et triompher à leur tour des forts. Or aujourd'hui c'est la science de Darwin notamment et jusqu'à la notion des droits de l'Homme, qui finalement justifient la domination des forts sur les faibles, in fine fondée en droit, en régime méritocratique à forte connotation libérale. Le résultat est le même, dans la nature les forts dominent les faibles, la nature reste la même sous régime catholique ou libéral : injuste. La seule différence est que les faibles n'ont plus de consolation comme dans la religion catholique, mais dans les deux cas la domination des forts est toujours justifiée et fondée en droit, la dimension spirituelle a juste été éclipsée par notre modernité libérale.
Bref le monde va sans doute s'effondrer car il n'y a plus de garde fou au mépris des forts et à l'auto dépréciation des faibles ; mais malheureusement cette chute risque de durer encore longtemps avec des relations intersubjectives toujours plus dégradées, des femmes occidentales qui ne font plus d'enfants, des musulmans pleins de vitalité et bien décidés à submerger notre civilisation. Il faut se dire que notre civilisation l'aura bien mérité, dominée qu'elle est par les valeurs du libéralisme et de l'économie, comme si l'être humain n'était qu'un pur Homo œconomicus ! Ma mère n'est qu'un être méprisable sans compassion, totalement corrompue par les valeurs du système, qui n'a fait qu'un seul enfant, et qui n'a même pas été foutue de s'en occuper convenablement préférant le sacrifier aux valeurs du système, dont l'orientation est purement d'ordre économique. Je ne sais pas quoi faire de ma mère et de la relation pourrie que j'ai avec elle. Elle est à proprement parler une représentante du système, et elle le défendra de toutes ses forces car elle est persuadée qu'il est bon, car elle est persuadé qu'il s'agit d'un Etat de droit qui défend les droits de l'Homme et notamment les droits des femmes. Quant à mon père tu as bien compris qu'il s'agit d'un pervers sadique, qui a choisi délibérément de me détruire, car il ne pouvait pas atteindre ma mère : au fond il a un état d'esprit d'impuissant, qu'il est peut-être...

Paul"

jeudi 2 mars 2017

"rachitique du cerveau"


On me dit : "On peut aussi être rachitique du cerveau monsieur Blesbois...", je réponds...
Oui je suis peut-être constitutivement rachitique du cerveau parce qu'ontologiquement je semble être une victime, je sais très bien que c'est parmi les gens comme moi que le FN vient faire son marché. Mais la responsabilité d'un tel état de fait est dans le néolibéralisme, le populisme est un épiphénomène d'un phénomène beaucoup plus vaste qui a nom libéralisme : il faut donc pour être cohérent déculpabiliser les accès de colère légitimes et les replacer dans leur contexte global. Et le libéralisme est lui-même un épiphénomène d'un phénomène beaucoup plus vaste qui a nom métaphysique occidentale depuis Descartes.
Plus on est fort plus on est responsable, c'est-à-dire individualiste selon la doxa de la métaphysique occidentale. C'est effectivement un genre de faiblesse, de perte de soi-même, qui engendre l'irresponsabilité, comme de voter Trump, pour le Brexit, ou FN. Je ne cherche pas à déresponsabiliser Hitler, mais j'aimerais que l'on replace, y compris l'épisode nazi, dans un contexte plus global qui permette son explication, à l'abri des discours passionnés et de l'ostracisation d'un tel épisode sous l'opprobre bien légitime, mais qui empêche d'en saisir les causes sous les huées d'indignation. Or ce sont bien les huées d'indignation, légitimes pour certains quand ils ont été meurtris dans leur chair, mais hypocrites pour bien d'autres cherchant à défendre leur seul intérêt au détriment de toute réflexion, qui nous empêchent aujourd'hui de réfléchir, à ne serait-ce que comment sortir du paradigme néolibéral, dont tout le monde se rend bien compte peu ou prou, qu'il crée le malaise et des fractures profondes dans la société occidentale.
Pourquoi la société génère-t-elle autant de victimes, ce qui explique la montée des extrêmes ? Telle est selon moi la bonne question. C'est toute la métaphysique occidentale depuis Descartes qui devrait faire son mea culpa.
Fin de la représentation, désormais on ferme les rideaux... L'Occident a montré aux yeux du monde tout son pouvoir de nuisance, il continuera sur sa lancée suivant le principe de l'entropie pendant quelques temps c'est-à-dire en se développant vers des formes d'expression de plus en plus chaotiques et non maîtrisées.
Puis sa métaphysique délétère sera vouée à s'éteindre inexorablement, quand le nombre de victimes du système aura définitivement dépassé le nombre des gagnants, et surtout quand les victimes en prendront conscience, ce qui est déjà le cas avec la formation de mouvements populistes de plus en plus virulents, espérons le remplacés par une forme de bouddhisme universel à l'échelle terrestre : le souci de l'autre supplantant enfin le souci de soi. Ce qui est bien finalement l'objet d'une partie de la philosophie contemporaine, se proposant de "déconstruire" le cogito cartésien.
Mais il faut aller plus loin qu'une simple réflexion philosophique, il faut s'orienter vers la constitution d'une religion universelle de la compassion capable d'englober les masses populaires, ayant pour modèle le plus cohérent ; le bouddhisme.
Le salut si il doit venir ne viendra pas de l'Occident, mais de l'Orient bouddhiste.