dimanche 8 mars 2015

Deux poids deux mesures

Alors pourquoi la liberté d'expression d'un Dieudonné par exemple est négociable ? C'est bien que notre république fixe des limites à la liberté d'expression. Abd Al Malik voit une certaine forme de racisme chez Charlie, ou tout du moins un manque de respect ; on ne peut pas le nier, notamment pour des populations qui sont susceptibles au niveau de la religion. Si l'on accepte d'accueillir autant de musulmans en France il faut se réformer et notamment la loi en interdisant le blasphème. Pour ne pas qu'il y ait un deux poids deux mesures en autorisant le blasphème (ce qui se fera toujours au détriment des populations ayant une forte religiosité comme les musulmans) et en interdisant le racisme et surtout l'antisémitisme propre à Dieudonné (ce qui se fait toujours à l'avantage d'une petite portion de la population, celle que l'on estime être la "conscience du monde" et dépositaire de la loi à double titre, de part son héritage spirituel et d'autre part historique à travers essentiellement la Shoah, notre horizon indépassable). Si les citoyens pouvaient relire Montaigne, ils verraient l'absolue relativité de nos lois qui se prétendent universelles par la voix de notre prétentieuse république.On pourrait aller plus loin en disant que Dieudonné ne fait pas à proprement parler preuve d'antisémitisme, mais de blasphème de lèse-Shoah, car son point de vue n'est pas forcément celui qu'on lui a catalogué de polémiste, mais celui qu'il revendique d'humoriste. Tout comme Valls s'est violemment attaqué à Houellebecq, car ce dernier fait preuve d'un esprit de blasphème de lèse-république, pas du tout ironiquement anti petit-bourgeois comme semble le penser Emmanuel Mousset, mais au contraire dans un esprit foncièrement petit-bourgeois, donc un peu méchant, voire mesquin, ce que ne réfuterait pas son auteur. Au fond on pourrait dire que c'est toujours le blasphème qui est interdit. Et que si notre république encourage le blasphème religieux, ceci pour la raison d'une vieille rivalité avec l'église concernant la maîtrise des consciences, elle s'interdit tout blasphème de lèse-république ; sauf que l'histoire a changé avec l'accueil très massif d'une population d'origine musulmane qui ne l'entend pas de cette oreille.