samedi 25 mai 2013

L'espace du possible

Vu mon histoire j’aurais dû être homosexuel. Mais dans un moment précis, le moment de ma puberté, et dans un lieu précis, appelé « l’espace du possible », géré par un certain Yves Donnars que connaît bien Houellebecq. Mon père a rencontré Martine, de leur amour est née ma soif des femmes. Donc il y a des choses que je dois à mon père.

Critique :  La soif ne doit pas rendre alcoolique.

Jésus Christ

Jésus Christ est le plus grand exhibitionniste de l'histoire de l'humanité. Au lieu d'exhiber son sexe, il a eu le désir tragique d'exhiber sa mort. Peut-être aurait-il mieux valu qu'il n'exhibe que son sexe !

Critique :  Le sexe est fait pour être érigé, non pour être exhibé (exhibition, inhibition).

mercredi 22 mai 2013

Mythomanies d'un Breton

Emmanuel, il faut que je te dise la vérité. Je vais beaucoup mieux depuis que j'habite en Bretagne, je n'arrive pas à y croire moi-même. Non je ne prends presque plus de médicaments. Peut-être encore un tranquillisant par semaine et encore. Oui j'aime mon travail, et j'arrive à m'investir à fond dedans. J'ai encore des petits immigrés, que des petits immigrés dans ma classe. Mais ici ce n'est pas pareil. Je vis cette situation comme un miracle. Il y a eu plusieurs renaissances dans ma vie. En 1983 : le grand amour en Angleterre avec une fille au physique sublime. 1993 : j'ai mis tout mon désir dans la personne d'Elisabeth de Fontenay, de cette relation est sorti un texte prophétique, cela a été comme un électrochoc. J'ai saboté cette chance en fumant un joint : décompensation.
2003 : j'ai rencontré Caroline, une femme que j'aime et qui m'aime, avec Nanette, ça ne marchait pas.
2013 : mutation en Bretagne, métamorphose spirituelle.
Mais attention, tout cela est fragile, mon père rôde encore. Tu l'auras deviné c'est lui le grand pervers auquel je fais toujours référence par l'intermédiaire d'autres personnes : DSK, Polanski, Matzneff, Depardieu, Cahuzac, ne sont que des figures de mon père que je cherche à exorciser.
Tu remarqueras que tout évènement marquant se produit au cours d’un cycle de 10 ans, comme pour Ulysse. La guerre de Troie a duré 10 ans, l’odyssée a duré 10 ans. Oui Emmanuel tu l’auras deviné je suis un Grec. D’ailleurs je vais te faire une confidence, ne le répète à personne : les Bretons sont les Grecs de la France. Je vais encore te dire une chose qui va peut-être t’étonner : Victor Hugo malgré sa critique des Bretons arriérés était lui-même d’origine bretonne par sa mère. Descartes est considéré par Michelet comme un écrivain breton. Je vais te dire le grand secret Emmanuel : l’origine de la philosophie occidentale est née d’une dialectique entre la Bretagne par Descartes et le peuple juif par l’intermédiaire de Spinoza. La Bretagne a donné l’élan : le langage mathématique ou philosophique, Spinoza en a fait une théorie des affects sous une forme mathématique. Finalement les Juifs ont répété une vieille histoire, ils ont trouvé dans les Bretons, les Grecs dont ils avaient besoin. Je vais encore te dire un autre secret : les Juifs adorent les Bretonnes. Je te le dis parce que ma mère a beaucoup d’amis juifs qui sont souvent médecins. Eh bien une bonne partie d’entre eux sont avec des bretonnes. Je n’ai plus de ressentiment depuis que je vis en Bretagne, je suis sur la terre de mes ancêtres. 
La drogue ne rend jamais plus fort, elle affaiblit ; mais elle est intéressante en tant qu'elle révèle des faiblesses, des carences cachées depuis l'enfance. Elle peut permettre de virer de bord, et de tracer de nouvelles lignes de fuites.

Critique :  C'est intéressant. Mais moi, je suis Berrichon.

Prolétaires et bourgeois

Moi je ne sais pas si je suis un bourgeois. En tout cas je vais te dire ce que je pense des prolétaires, je pense que ce sont des brutes. Mon père était d'origine prolétaire. Les prolétaires maltraitent leurs enfants, ils sont alcooliques. Tu as eu de la chance de ne pas avoir eu de père. Un père prolétaire, c'est l'assurance de devenir un pauvre type alcoolique avec un métier minable. A l'échelle d'un pays, donner le pouvoir aux prolétaires, cela donne Staline, des millions de morts. Quand tu étais jeune, les prolétaires étaient à la mode, avec Sartre, Deleuze... Cela t'a donné une impulsion, à Depardieu aussi, on voit le résultat, un alcoolique russophile, sans doute nostalgique de Staline. Ils ont sans doute des circonstances atténuantes, ils ont été exploités, humiliés pendant 200 ans. Mais ce sont des incurables. Je préfère mille fois le monde paysan, cruel certes mais sain, au monde prolétaire, alcoolique violent et dégénéré. Je comprends pourquoi ma mère a quitté mon père pour rejoindre un confort bourgeois, certes exploiteur hypocrite et injuste; mais moins maltraitant. Je n'aime pas les bourgeois car je pense qu'ils sont responsables de la misère des prolétaires. Mais à choisir, je préfère un pays dirigé par des bourgeois, comme le nôtre, que par des brutes incurables et maltraitantes. Dans une société idéale, il faudrait supprimer le prolétariat, donner les tâches ingrates à des machines. Quelle idée de con, la dictature du prolétariat ! Il faudrait aussi supprimer la bourgeoisie, cette hypocrisie, ce mépris des pauvres.

Critique :
Ton tableau, quoique brut de décoffrage, est  assez juste. Mais ton indulgence pour les paysans est une petite faiblesse. Ceci dit, il y a un terme central qui contient une vérité essentielle : "circonstances atténuantes" pour les prolétaires. Tu aurais dû pousser plus loin la réflexion : circonstances aggravantes pour les bourgeois.

lundi 20 mai 2013

Mon destin était-il de mourir jeune ?

Oui mon billet précédent était un texte équilibré, mais ce n’est pas un texte qui sauve, un texte qui sauve, c’est un texte plein de passion ; le problème on peut s’y perdre. Bien ta stratégie de participer à la vie publique, cela fait de toi un être vivant. Pour ma part avec mes collègues, je m’extériorise un peu. Je leur dit que mon père m’a brisé lorsque j’avais entre 16 et 19 ans, que mon cousin germain s’est suicidé. Ai-je raison ou tort ? En tout cas je sais désormais que je peux me passer de psychanalyse. La meilleure des thérapies est d’être vivant. Houellebecq, tu remarqueras que quand il n’était pas encore très connu, il avait un visage doux, de timide. Depuis il s’est fait un tas d’ennemis, et je trouve qu’il a désormais un peu le visage du diable. As-tu le visage du diable ?
Je sais bien que le destin c’est du flan. Il y a quand même des lignes directrices. Très dur d’en sortir. On y est obligé lorsqu’on doit sauver sa peau. Mais lorsqu’on a eu un papa et une maman normaux, pourquoi ferait-on le moindre effort ? Moi j’ai fait des efforts insensés, juste pour ne pas mourir, et c’est finalement mon cousin germain qui s’est suicidé. Il s’est pris en pleine tête, la balle que mon père me destinait, ceci dit métaphoriquement. Bien fait pour eux à ces salauds qui ne m’ont pas aidé. Ma tante ne s’en est jamais remise, elle est sous médicaments, le père de mon cousin a sombré dans l’alcoolisme, il est mort. Oui j’ai presque une joie de penser que le malheur m’a épargné et a touché mon cousin, que j’appréciais pourtant et qui s’est tout pris dans la gueule. Dans un moment de grande détresse il est allé voir mon père qui vivait aux Antilles : je ne sais pas ce qui s’est passé exactement. Je sais que mon père l’a foutu à la porte, l’a raccompagné en France. Quelques jours plus tard, il se suicidait. Etrange coïncidence ! Dans la famille de mon père, ils ont tous pris son parti, ils pensaient qu’il était le plus fort, ils en avaient peur.

Critique : Il n'y a pas de papa et maman "normaux". Les tiens sont simplement plus originaux que la moyenne.

Ce que j'ai dit à un prof de philo

De toute façon, je n'ai aucun complexe vis à vis de toi, j'estime faire mon métier maintenant, aussi bien que toi. Il y a bien sûr le prestige du prof de philo, que je n'ai pas ; à la limite ça me met à l’abri. Les salaires sont à peu près les mêmes.
Ton activité politique, je ne l'envie pas.
Quant à ma vie sexuelle et familiale, elle est beaucoup plus riche que la tienne, ça entre en ligne de compte ça aussi, ça joue sur le moral. Beaucoup de philosophes sont morts d'avoir eu une vie affective trop pauvre.
Il y a aussi l’endroit où je vis. Important de vivre à la campagne, de pouvoir décompresser du rythme de la machine.
Il y a aussi le fait que je me suis construit une famille, ma femme et mes enfants sont plus que des amis. J’ai quelques amis, amitiés que j’entretiens depuis longtemps, avant que je te connaisse. Ma mère je ne peux même pas la considérer comme une amie, au mieux quelquefois comme une alliée. Mon père est mon adversaire, mais il est désormais inoffensif. Sauf dans ma tête, et là en tant qu’il cohabite avec moi, je dois m’en méfier.

samedi 18 mai 2013

Que penser des débordements des supporters du PSG?



Le sport a ses racines dans la civilisation grecque. Le sport est une école de rivalité. La rivalité est ce qui fonde la société. La relation sexuelle elle-même est une forme d’activité sportive (puisque le sport prépare à la guerre, et que la relation entre deux personnes de sexes opposés s’assimile à une guerre des sexes, qui peut déboucher sur l’amour.). Je pense que le sport est une très bonne chose. C’est un entraînement qui prépare à la guerre : je parle évidemment de civilisation plus archaïques que la nôtre c’était le cas dans la Grèce antique, où le sport préparait à la guerre, et où la guerre n’était pas une si mauvaise chose, car la technologie n’était pas assez développée pour que la guerre soit vraiment une activité dangereuse pour l’ensemble de l’humanité. Au contraire elle permettait d’affirmer les caractères. Socrate n’était-il pas lui-même un excellent combattant ?
Pour ce qui est de notre civilisation : les dérives du sport très certainement dépassent ses bienfaits. Salaires exorbitants, dopage, violences des supporters, surmédiatisation : oui tout cela est insupportable, et aussi parce que l’on ne peut plus aujourd’hui cautionner la guerre. Du point de vue de l’imagination le sport peut toutefois avoir encore de grandes vertus : quoi de plus beau qu’un match de rugby ? Au niveau esthétique : ce rappel incessant de la vieille rivalité franco-anglaise. On voit un match de rugby et l’on se rappelle Du Guesclin, Jeanne d’Arc, Surcouf. L’arrogance anglaise, la résistance bretonne, le panache des Gascons, les trois mousquetaires.
Il faudrait juste réformer le sport ; mais à travers cette réforme c’est l’ensemble de nos conditions d’existence qu’il faudrait réformer.