dimanche 22 janvier 2017

Le modèle français est d'inspiration aristocratique au fond...


Comment les Allemands arrivent-ils à payer leurs enseignants lambdas 4000 euros par mois au bout de 15 ans de carrière, et même les Irlandais 3600 euros, quand les Français les paient à peine... 2000 euros ! Au même niveau que les Slovaques et les Polonais ! C'est une question qui me taraude et à partir de là : un enchaînement... Effectivement l'éducation des enfants est un investissement, et un investissement à long terme, que la France a fait le choix de sacrifier depuis 50 ans. On en voit le résultat aujourd'hui avec le fossé qui sépare l'économie allemande de la nôtre.
Il ne faut pas aller chercher plus loin le "secret" du miracle allemand. Pour innover il faut investir, et le premier des investissements c'est l'éducation de la jeunesse, après tout est foutu. Et l'on constate aujourd'hui le marasme où la France est plongée, incapable d'innover dans un quelconque secteur d'industrie en ayant privilégié au niveau de l'éducation, celle d'une élite au détriment du plus grand nombre. Et cela explique la montée du populisme aux relents nauséabonds, pour les narines délicates des bobos raffinés des quartiers anciennement populaires et dorénavant gentrifiés des grands métropoles hexagonales.
Comme le disait Nietzsche, la France a toujours été un pays aux conceptions aristocratiques à la différence de l'Allemagne ou de l'Angleterre. Aujourd'hui ces conceptions dans le contexte de la mondialisation économique se retournent contre nous. La France compte quelques réussites d'inspiration aristocratique dans le domaine du parfum, de la haute couture, du cinéma et d'une littérature en voie de décomposition. Pour ce qui est de tout le reste, électroménager, informatique, matériel audiovisuel, et même le secteur automobile, la France est incapable d'innover, en ayant sacrifié la formation de sa jeunesse aux fonctions de l'industrie, au profit d'une élite politique ou intellectuelle au capital symbolique intimidant pour le citoyen lambda et donneuse de leçons, et qui ne peut pas régler tous les problèmes à elle seule. 
L'Allemagne est désormais un pays plus sain que la France, comme le souligne souvent Emmanuel Mousset dans ses billets, et le retard ne sera rattrapable qu'à très long terme en changeant dès à présent de politique en matière d'enseignement. Notamment en réhabilitant la carrière des enseignants, qui n'ont pas à être les sacrifiés de la modernité. Puisque je le répète la modernité repose sur l'innovation et l'investissement, et que l'éducation des enfants constitue en réalité le premier pôle d'investissement et d'innovation potentiels. Investissement que constituent tous les enfants et pas seulement une élite d'enfants, dont l'éducation est dévolue aux enseignants de prépa qui sont eux pour le coup correctement rémunérés. Investissement en réalité élitiste et de nature aristocratique, à l'image de tout le système scolaire désormais obsolète, car reposant sur le sacrifice de la majorité des enseignants, donc de la majorité des enfants. Doit-on attendre d'une corporation globalement sacrifiée sur l'autel du libéralisme, qu'elle ait le moral et la volonté, sans parler des moyens mis à disposition, de faire correctement son travail ?
Tout comme l'armée française depuis 1870 fut toujours moins bien équipée que l'allemande. "Impossible n'est pas français", dit-on, mais à force de trop tirer sur la corde, on pourrait dire aujourd'hui : "à l'impossible nul n'est tenu."
Alors on peut épater le gogo avec le mouvement de Macron, de la poudre aux yeux selon moi. Car le mal est fait, et devant l'ampleur des dégâts du libéralisme et de la mondialisation auxquels la France n'a pas su correctement s'adapter en privilégiant comme selon son caractère, l'élitisme au détriment de l'éducation du peuple, c'est maintenant dans le repli sur soi et la recherche de protectionnisme que la France va chercher des solutions, à l'instar du brexit et de l'élection de Trump.
Et la responsabilité d'un tel réflexe n'est pas à aller chercher chez les classes moyennes ou populaires, mais dans le caractère aristocratique du tempérament français dont Nietzsche faisait l'éloge, mais qui s'avère totalement inadapté au mouvement de la mondialisation qui repose sur le triptyque, "croissance, baisse des dépenses publiques, investissement/innovation".
La France aurait en réalité besoin d'un choc de simplification pour s'adapter, mais qui répugne à son tempérament, préférant chercher des solutions complexes et au fond de nature aristocratique à ses problèmes, sur la base d'un pouvoir décisionnel centralisé et centralisateur, extrêmement restreint et reposant sur l'entre-soi. Là où les solutions et les prises de décision devraient être décentralisées et venir de toute les catégories de la société civile, comme dans toute société socialiste digne de ce nom. Les Allemands sont au fond beaucoup plus "sociaux" au sens politique que les Français, et cela se ressent dans l'architecture de leurs institutions, beaucoup plus décentralisées et reposant sur la confiance mutuelle.
Les Français ne sont pas des démocrates ontologiquement, et Nietzsche qui appréciait les aristocrates les aimait bien. Enfin il aimait bien les quelques Français qui faisaient preuve d'un tempérament aristocratique, c'est-à-dire comme l'implique la définition de l'aristocratie, les "meilleurs" d'entre eux.
La France est particulièrement un beau "pays de merde", avec une très belle façade, une très belle vitrine, "le pays des droits de l'homme", mais à l'intérieur tout est en réalité en ruine...


mardi 17 janvier 2017

Houellebecq pipolisé ?


Pour l'avoir expérimenté dans un village de Bretagne dans les années 70, oui il existait une solidarité de village entre gens ordinaires des classes populaires, oui personne n'était exclu, oui les gens faisaient preuve de commune mesure et de common decency, oui ils ne cherchaient pas toujours à écraser leur prochain et à "gagner" à tout prix au détriment de l'Autre.
La fameuse philosophie de l'altérité et du visage, que l'on dit "propre" à l'œuvre intellectuelle de Lévinas, existait dans le peuple, et pas seulement en mots aussi beaux et sublimes soient-ils ; mais en réalité et en actes, ce dont par ailleurs a témoigné notamment toute l'œuvre de Pasolini. Le problème avec les mots, aussi sublime soit le langage qui s'exprime par leur biais, c'est qu'à la différence des actes ils sont toujours susceptibles de tomber dans un genre d'intellectualisme totalement hypocrite du type : "faites ce que je dis pas ce que je fais". C'est malheureusement la tendance lourde, humaine trop humaine, de la plupart des politiques qui usent et abusent de la duplicité. 
C'est là que le bon sens populaire le plus souvent ne se laisse pas tromper. Faut-il le déplorer à l'instar d'un Emmanuel Mousset qui ne cessent de se répandre en jérémiades visant à dénoncer le populisme, ou s'en féliciter comme dernier rempart à l'hégémonie d'une oligarchie au capitaux financiers et symboliques conséquents, sans volonté de partage avec les classes populaire d'un quelconque fragment de son "capital" ? En termes freudiens, sans volonté de céder le moindre fragment de son caca.
Le paradigme d'une société saine, c'est un village et non une grande ville. Dans cette dernière la liberté individuelle finit toujours par se confondre avec la corruption, comme si la pente fatale de toute liberté individuelle, donc de tout individualisme poussé à son extrême, menait pratiquement toujours à l'égoïsme puis au narcissisme pour finalement aboutir à la perversion qui est souvent le préambule de la décadence, ce qui finalement entraîna la chute du cosmopolitisme romain.
Ce sont bien les villages partout en Europe, les mœurs et les coutume du petit peuple des campagnes qui faisaient finalement vivre les grandes villes, qui les soutenaient charnellement et même spirituellement, et où un Rousseau pouvait toujours aller se ressourcer, et non l'inverse.
Maintenant que toutes les mœurs et coutumes des villages ont disparu, remplacées par la grisaille uniforme de la France périphérique, exclue moisie et rancunière, alors que les grandes villes n'émettent plus qu'un grand silence ironique quand ce n'est pas un sinistre ricanement de mépris ; alors que reste-t-il ? Un genre de néant susceptible de mener au chaos selon moi, car ce monde n'a plus rien de charnel et de viscéral ; mais il n'est pas exclu de penser qu'en surgira une renaissance, par une prise de conscience collective, alors qu'aujourd'hui tous les signaux, sociaux et environnementaux sont au rouge.
Je ne réclame même pas une restriction de la liberté individuelle, qui déboucherait probablement sur une forme de totalitarisme pour réguler nos excès, car cela ne marcherait pas. Mais au fond on s'éprouvait, on se sentait beaucoup plus libre dans les campagnes d'autrefois, j'en ai la conviction et je l'ai ressenti viscéralement, charnellement et spirituellement, que dans les grandes villes stressantes et oppressantes d'aujourd'hui où quelques happy few tirent leur épingle du jeu, sans que leur succès individuel ne profite dans une quelconque mesure au reste de la communauté. 
La réussite de quelques uns au nom de la liberté individuelle est devenue l'arbre qui cache la forêt de la mondialisation de la misère spirituelle. Dans un contexte effectif de totale carence sociale, à moins que vos parents soient prêts à se sacrifier pour vous et votre réussite individuelle, ce qui au fond n'est pas normal et n'est pas sain, vous êtes condamné à un genre de relégation dans la grisaille de la France périphérique et à une carence spirituelle, matérielle, psychologique, affective... Le progressisme, l'individualisme, la liberté individuelle, dans un tel contexte de destruction du paradigme du terroir par notamment certains intellectuels surmédiatisés, c'est de la foutaise, et le peuple le sent bien. Pourquoi au sein d'une famille n'y aurait-il qu'un élu par exemple ? Au détriment et grâce au sacrifice de tous les autres, relégués et méprisés par la doxa bobo, leurs pairs qui ont intégré les valeurs de l'idéologie individualiste sans le plus souvent bénéficier de ses bienfaits, et ceux ou le plus souvent celui de la famille qui a réussi. S'agit-il encore de réussite mais pas plutôt de nihilisme ? 
Une telle société au fond élitiste et exclusive, n'est absolument pas saine, et repose sur des bases pourries et vermoulues par quatre cents ans de métaphysique occidentale, consistant en l'exaltation de l'individu coupé de toute relation intersubjective et qui trouve finalement sa pleine mesure aujourd'hui. Car effectivement on ne pourra pas aller beaucoup plus loin dans l'exaltation de l'individu roi, dont l'aboutissement est la figure du pervers narcissique, dont le type pullule dans tous les médias, et dont la popularité n'a jamais été aussi flagrante, par décence commune inutile de citer des noms...
Aujourd'hui les gens ne font plus corps, et le rêve de chacun est de s'extraire de la masse fétide et malsaine aux relents nauséabonds de populisme, tous les jours stigmatisée par l'élite bobo, car susceptible de voter FN. Pourtant cette élite bobo est davantage responsable de la situation actuelle, que les classes populaires qui en sont globalement les victimes.  
Désormais, quand un quidam s'extrait de la masse, de la plèbe, de la glaise uniformément grise, ce n'est plus pour nous offrir des œuvres à la Victor Hugo ou encore à la Chaplin, mais le triste spectacle de l'hystérie médiatique et pipolisée, dont même un Houellebecq a du mal à échapper.
L'enjeu pour l'avenir sera de rendre leur spiritualité, leur viscéralité aux classes populaires, car le progressisme sera spirituel ou ne sera pas...

samedi 14 janvier 2017

L'atomisation du monde


Tu sembles déplorer une anxiété constitutive de la nature humaine, mais exaltée et portée à incandescence dans la modernité sous le coup du progrès, et qui s'exprime notamment par le biais de l’inquiétude suscitée par la météo. Mais est-ce de ta part une façon de dire qu'avec l'idéologie du progrès les gens devraient faire preuve d'optimisme, car tout les y inciterait ? Tu te dis progressiste et tu en déplores les effets sur l'"âme" de nos concitoyens, mais faut-il lire entre les lignes que seul toi et quelques autres ont bien saisi le sens du progrès hérité des lumières, et que les autres préfèrent rester dans les ténèbres ? C'est que j'appelle de ta part "la stratégie du coup de pied au cul", si répandue au sein de l'Education Nationale, une des dernières institutions à croire encore théoriquement et ouvertement aux vertus du progrès. C'est effectivement une institution progressiste, tout comme la plupart des médias audiovisuels et des journaux, quand la plupart des gens se contentent d'acter un état de fait sans porter de jugement, ils suivent le mouvement c'est tout. Il faut bien reconnaître que pour une infime minorité "ça marche !" Mais refoulez l'angoisse sous pression par un bout, et elle en ressortira par une autre voie : la météo !
L'"âme" de nos concitoyens sous l'effet de plus de quatre cents ans de métaphysique occidentale, et de culte de l'individualité au détriment d'une logique collective ou socialiste ou encore intersubjective, nous a mené là où nous en sommes aujourd'hui, au point qu'un contemporain comme toi peut en évaluer l'évolution inquiétante au cours même de sa brève vie.
De mon vivant aussi j'ai constaté dans ma région des mutations anthropologiques, toujours vers le pire : des communautés soudées proches de l'idée socialiste au fond, ont disparu sous mes yeux en Bretagne sous les coups des progrès exponentiels.
Je ne constate aucune réussite anthropologique satisfaisante sous l'influence du progrès, mais seulement des réalisations technologiques remarquables que je dois bien reconnaître, des réussites individuelles égoïstes ou narcissiques sans aucune retombées sur le reste de la communauté, et surtout l'enrichissement outrancier des grands prédateurs capitalistes. Ces derniers servent désormais de modèle anthropologique de réussite au commun des mortels, qui rêve de leur ressembler, sans nullement faire preuve d'une quelconque volonté de révolte, ou bien songer à une éventuelle redistribution des richesses à l'ensemble de la communauté, pour la plupart.
Cela indique que c'est la métaphysique occidentale du progrès, née disons pour simplifier avec Descartes, qui déploie aujourd'hui toutes ses potentialités inquiétantes de manière exponentielle. Mais les prémisses d'une telle métaphysique, fondée sur l'idée d'un pur individu théorique coupé de toute relation intersubjective, étaient vouées à nous mener au résultat que nous constatons aujourd'hui, en raison même de cette coupure : pas seulement un "sentiment" d'insécurité, mais une insécurité réelle fruit de tous nos dérèglements interrelationnels.
Non, les dérèglements climatiques, l'augmentation du chômage et de la précarité salariale, et même de la délinquance ne sont pas des fantasmes. Non, la réelle dégradation de la qualité de vie, des années soixante pleines d'optimisme à maintenant n'est pas un fantasme. Oui, les rapports humains sont devenus globalement détestables, faits de défiance réciproque et de méchanceté sous-jacente insupportable.
La météo est la bonne excuse pour extérioriser toutes ces angoisses refoulées, mais qui ont en réalité pour objet d'autres causes que la plupart des gens n'arrivent pas à se formuler, ou n'en font pas l'effort ou ne le veulent pas, ou bien qu'ils se formulent ainsi : "il y a quelque chose qui ne tourne pas rond !"
Le progrès accomplit désormais des mutations anthropologiques à vue d’œil, à l'échelle d'une vie humaine ; bientôt ce sera à l'échelle de fragments de vie qui n'auront plus aucune cohérence les uns avec les autres. L'humanité aura sombré alors dans un genre de folie directement issue de l'organisation libérale du marché du travail, qui conditionne les rapports entre les nations, mais également les rapports entre les hommes. Le "doux commerce" tant vanté par les théoriciens libéraux des origines, pour garantir la paix entre les nations et entre les hommes, aura fini de ruiner la Terre entière. Pour les excuser, on dira que cela partait d'un bon sentiment au fond !
Et lorsqu'il n'y aura plus aucun sens à cette logique mise en branle en Occident, et qui a désormais contaminé la Terre entière sous le "doux" euphémisme de mondialisation, alors qu'il s'agit d'une maladie comparable à la peste du Moyen âge, peut-être y aura-t-il une remise en question ou alors le néant pour l'espèce humaine.
Pour que la vie fasse sens il faut au moins le regard de l'Autre. L'idée d'une pure individualité dénuée de toute intersubjectivité, qui est à la base de toute la métaphysique occidentale et que l'on nomme aussi la subjectivité, nous mène à l'aporie que tu déplores aujourd'hui ; l’anxiété, et qui semble ne faire que s'amplifier avec le temps qui passe.
La tâche que tout philosophe digne de ce nom devrait s'assigner, et que tu devrais t'assigner, serait de refonder la métaphysique sur des bases plus saines et intersubjectives. Ou du moins, si il en est incapable conceptuellement, de dénoncer jour après jour les effets délétères du progrès quand il se fait par le biais de l'individualisme. Tout espoir n'est pas perdu, le progrès est possible si il se désolidarise de ses racines métaphysiques occidentales, qui agissent sur lui comme un programme sur lequel la bonne volonté, l'intelligence ou la prise de conscience des hommes n'a pas de prise. Politiquement il faudrait songer à un progressisme d'inspiration socialiste, ce que ne fait plus la gauche progressiste d'aujourd'hui.
La métaphysique occidentale et le progrès qui en découle, ont eu l'effet d'une bombe atomique sur ma communauté d'origine, ma famille, mes relations, ils nous ont atomisés. 
Bientôt les textes, puis les phrases, puis les mots, puis les lettres seront atomisés à leur tour et ne feront plus sens. La culture disparaîtra sous les ricanements sordides de nos élites pipolisées et progressistes. Alors la métaphysique occidentale aura accompli son œuvre définitive : sa propre autodestruction, en plus de détruire le monde.


mercredi 11 janvier 2017

La Silicon Valley au service de... la Silicon Valley !


Le numérique a permis et permet encore à ceux qui font les bons logiciels de gagner des milliards et d'exploiter accessoirement leur prochain. Le numérique c'est le minerai à partir duquel pourra être extrait le profit. La Silicon Valley c'est l'équivalent d'une mine d'or et de diamants à ciel ouvert, à la puissance 1000. Personne ne s'y trompe, et surtout pas Fillon qui veut doper l'innovation en France et donc in fine le numérique, au détriment évidemment de tout projet social ou de redistribution des richesses, au détriment même de l'éducation de la mémoire et de la culture, les parents pauvres de notre modernité violente. Ce sont les Américains du Nord qui une fois de plus ont trouvé et exploitent désormais le filon pour exploiter les peuples de la Terre entière, et dont le conflit autour des VTC, qui en annonce d'autres du même type, n'est qu'un des avatars. Seuls les asiatiques font de la résistance, même les Allemands sont dépassés sur ce domaine.
Aujourd'hui plus personne n'est effectivement prêt à sacrifier quoi que ce soit pour sauver notre civilisation décadente. Cette dernière est composée essentiellement de jouisseurs décérébrés, de voyeurs cyniques et de victimes (peuple "sans-dents", chômeurs, pauvres, SDF : les bouc-émissaires de l'innovation). Or un héros, un "sauveur", c'est quelqu'un qui sublime sa condition de victime pour sauver le reste de sa communauté, à l'instar d'une Jeanne d'Arc par exemple. On trouve aujourd'hui ce profil chez les jihadistes, mais chez aucun Occidental. Au contraire lorsque ce genre de profil émerge éventuellement chez un Occidental, on le fuit comme la peste, et son isolement le transforme fatalement en pestiféré du point de vue de "l'épanouissement personnel", tant vanté par tous les médias et les progressistes de tous bords (dont Macron est un archétype caractéristique, au service duquel notre ami philosophe au capital symbolique très local, s'est soumis), et qui constitue aussi l'héritage symbolique de "papa" Freud. 
Nous sommes devenus pour certains, légers futiles et dérisoires comme des bulles de champagne pour ce qui est des bobos, une minorité au fond. 
Il suffira d'une chiquenaude pour faire s'effondrer une civilisation aussi pourrie et vermoulue par notamment 300 ans de libéralisme, donc d'individualisme, sur laquelle est venue s'ajouter environ un siècle d'individualisation et d'incitation à "l'épanouissement personnel" (au détriment toujours de l'Autre, dont on se fout désormais), prônée par la psychologisation de la société inspirée de Freud.
Nous formons désormais une société atomisée, où un groupe décidé et uni par des valeurs communes n'aura pas à faire beaucoup d'efforts pour s'emparer de l'autorité sur le reste de la population désunie. C'est déjà le cas avec la constitution d'une hyper classe richissime, au service de laquelle tout ce qu'il y a de capital symbolique en Occident s'est rangé globalement, sauf rares exceptions. 
Les Occidentaux au fond n'auront que ce qu'ils "méritent", et honnêtement ils ne "méritent" pas notre compassion. J'ai évidemment personnellement de profonds regrets pour mes enfants et les enfants en général qui naissent innocents de tous nos crimes passés, à l'idée de leur laisser le monde dans cet état pitoyable. Comme le disait Nietzsche "périssent les faibles et les ratés" que nous sommes désormais tous collectivement devenus, par égoïsme et par servitude volontaire aux valeurs de l'oligarchie capitaliste, qui elle constitue réellement l'aristocratie féroce et futile en même temps, car pipolisée et déculturée globalement de notre époque, et dont le trait caractéristique est la profonde absurdité bête et méchante. Et là où cela devient "tragique" (mais pas au sens du sublime propre aux Grecs), c'est quand cette absurdité bête et méchante débouche effectivement sur la cruauté et l'oppression d'une minorité sur la majorité qui se fait le plus souvent au nom du soi-disant progressisme, tant vanté par Emmanuel Mousset. Mais qu'importe puisqu'il y a constitution d'une aristocratie aussi vulgaire soit-elle, et que c'est ce qui fournit matière à admiration pour notre ami philosophe à la notoriété très locale.


vendredi 6 janvier 2017

La liberté de la femme musulmane


Tu abordes constamment la question de la "liberté" paradoxale de la femme musulmane, et du droit qu'elle a de se voiler, de se cacher ; mais tu n'abordes jamais la question cruciale de l'enseignement, pourtant tu es prof. Mais c'est une constante de plus en plus fréquente chez les Français depuis un certain temps de ne pas s'aimer eux-mêmes, comme si il y avait chez eux une forme de honte de soi, héritée des pires heures de l'Histoire de France et de la collaboration. Paradoxalement les Allemands sont beaucoup plus sûrs d'eux et fiers de ce qu'ils sont, malgré la honte pour le coup légitime qu'ils devraient ressentir, mais passons...
La question cruciale de l'enseignement est le grand "impensé" de nos gouvernement qu'ils soient de gauche ou de droite, qui préfèrent se focaliser sur le faux problème de l'Islam. Plus tard on découvrira trop tard, concernant la question de la crise de l'éducation, que c'est elle qui génère des monstres comme la "résurgence" en France d'une religion archaïque comme l'Islam, et toutes les contradictions avec la notion des droits de l'homme qu'elle suscite fatalement.
La société ultra libérale a façonné les êtres en consommateurs aux pulsions addictives, au zapping permanent entre une image et une autre image, aux plaisirs immédiats. Elle dévalorise en permanence la valeur du savoir, de l'apprentissage, de l'effort et de l'attention portée à autrui. Elle écrase les individus pour n'en faire que des machines à concurrence, optimisation, dans une "culture" du maillon faible, propre au libéralisme. La notion de liberté individuelle si chère aux bourgeois de la révolution française s'est ancrée au point d'exploser tout intérêt pour notre destinée collective, la prise en compte de cette dernière comme constituant l'enjeu de notre avenir à l'échelle non pas de la nation mais du monde, serait plus conforme à une vision du socialisme originel qui ne se réduit pas à Marx loin de là, et qui prit naissance au XIXème siècle en réaction au "progressisme" aveugle des grands capitalistes bourgeois héritiers au fond des lumières.
Les enceintes de l'école ne sont plus un espace où peut se comprendre et s'exercer la liberté. Il faudra à ces jeunes ne supportant pas la frustration, et se retournant sur les aspects les plus régressifs d'une religion non pas vivante spirituellement, mais vivante essentiellement en réaction aux aspects les plus contraignants et aliénants du libéralisme économique et de la mondialisation (mouvement violent en réalité, par rapport auquel les "jeunes" réagissent par une autre forme de violence idéologique)... Il faudra à ces jeunes donc, quelques années de plus pour qu'ils reviennent apprendre, penauds de s'être frottés à la réalité de l'impasse. Là, pour peu que l'organisme de formation vous laisse une liberté de programme, ils sont prêts à écouter durant quelques heures, vous demandant de ne pas faire de pause. Ils disent alors qu'ils étaient trop englués, révoltés, exigeants. Là, il ne faut pas louper le coche en tant qu'enseignants ou formateur et reprendre l'essentiel pour leur indiquer la route qui permet de se construire en tant qu'Homme. Car devenir un Homme n'est pas une mince affaire.
On constate pour l'instant en France dans le cadre le l'Education Nationale :
- Aucun soutien de la part de la hiérarchie en cas de problème avec un élève ou un parent d’élève.
- De plus en plus de parents d'élèves délèguent le rôle éducatif à l'école, considérant cette dernière comme une garderie gratuite. L'enseignant est la nounou gratuite. On confond "Education" et "Instruction".
- La volonté du ministère consiste à niveler par le bas le niveau afin d'obtenir des résultats statistiques, cela dévalorise le cœur de la profession.
- En cas de problème, c'est l'enfant qui a raison, et les sanctions sont de plus en plus rares et de moins en moins dissuasives.
- Enfin "last but not least", le salaire, de 1300€ à 1800€ mensuels, pour un Bac+5, du début au milieu de carrière. Une honte ! Dans des pays voisins du nôtre, le salaire est 2 fois à 2 fois et demi supérieur.
Il faut entièrement revoir le métier d'enseignant, son rôle, sa relation avec les élèves et les parents, sa relation avec sa hiérarchie, et l'on sortira du faux problème de l'Islam, qui nous ramène environ 1400 ans en arrière. 
Par ironie disons ceci : quel fantastique bond en avant que dans une société progressiste comme la nôtre, une femme conquière le droit de se voiler, je comprends que cela focalise l'essentiel des forces de nos plus acharnés progressistes, à l'instar d'Emmanuel Mousset !







jeudi 5 janvier 2017

L'héritage de François Hollande

Un "sans-dents" du Moyen-âge

L'héritage de François Hollande en est un de progressiste sous influence libérale, depuis que le PS a totalement trahi en 1983 sa sensibilité socialiste, sans jamais essayer de revenir en arrière. Pourquoi les gens continueraient-ils à voter pour les partis progressistes droite et gauche confondues ? Les peuples sont épuisés, ravagés, lobotomisés par le progressisme. Et que l'on ne nous sorte pas l'argument éculé que la renonciation au progressisme nous conduirait au retour à un Moyen-âge économique et culturel, c'est complètement faux. Et en réalité même le Moyen-âge était préférable à notre époque de "barbarie de la modernité" (hyper riches, hyper pauvres, hyper délinquance, terrorisme, rapports sociaux de défiance réciproque, destruction de l'environnement...).
Les partis progressistes droite et gauche confondus nous proposent tous le même modèle : croissance, baisse des dépenses publiques et innovation. Pour l'instant on ne se rend pas encore compte qu'un tel modèle signifie à terme ni plus ni moins que la destruction de tout ce qui est vivant sur Terre. Je parle de la biodiversité mais aussi des cultures particulières propres aux différents peuples et religions, qui composent encore cette Terre, et ne sont pas tous encore noyés dans le grand magma mondialisateur, mais en voie de l'être... D'où la résistance de l'Islam d'ailleurs.
Le multiculturalisme et l'antiracisme se font en Occident sous l'autorité du progressisme. Le progressisme si l'on suit sa logique exponentielle de progrès illimité, signifie en réalité la mort lente mais certaine à terme, des différentes cultures particulières composant une société se disant hypocritement "ouverte" (oui car la bouche d'un tel type de société est ouverte, pour mieux avaler ses victimes), sous les coups de boutoir du progrès qui se fait en réalité par le biais du plus pur libéralisme économique. Ce dernier est la seule alternative selon ses émules, pour échapper à la "barbarie identitaire". Émules qui sont encore la majorité de ce que compte de "capital symbolique" l'Occident, dont notre ami philosophe et blogueur fait partie. Mais plus pour longtemps, car même les plus fanatiques des libéraux seront bien obligés de revenir sur la notion de progrès, quand ils réaliseront qu'il en va de la survie des leurs.
Je confonds délibérément conceptuellement "progrès" et libéralisme, car désormais le "progrès" ne se fait même plus par l'idéal des lumières et la réflexion critique ; mais exclusivement par le biais du libéralisme économique le plus décérébré ("vice privé, vertu publique") qui aboutit à une explosion des inégalités sociales, en plus des ravages sur l'environnement causés par les progrès technologiques. Puisque l'aiguillon qui est désormais derrière le progrès technologique est la course au profit propre à l'idéologie libérale, ce "progrès" se fait sans conscience, et n'est pas un véritable progrès (ainsi on peut mettre le terme entre guillemets, car il est trompeur et contraire à sa définition). Et "science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

dimanche 1 janvier 2017

La servitude volontaire


Et toi, tu te définirais comme le "justicier" de la société, donc de la "morale commune" contre l'affreuse Le Pen ? Tintin, Batman ou Zorro ? Mais penses-tu qu'il y a encore une morale commune dans une société convertie aux valeurs de l'ultra libéralisme, et où les gens dans leurs rapports entre eux ne manifestent plus la moindre "décence commune", pour reprendre une expression d'Orwell ? Personnellement concernant les "autres", au fond je m'en fous, comme tout le monde. Mauvais calcul d'ailleurs, car si tous mes compatriotes étaient contaminés par la peste je le serais aussi un jour ou l'autre. D'autre part la "peste" idéologique du libéralisme et sa propagande publicitaire en premier lieu, commencent aussi à contaminer la planète entière au niveau de l'environnement. Attendons-nous à des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes, car il est hors de question pour chacun de nous pris séparément, de remettre en question d'un iota son "sacro-saint mode de vie".
Mais là où cela m'embête le plus, c'est quand je constate la "contamination" au sein de ma propre famille, où les gens ne se parlent plus, et se comportent désormais comme des "seigneurs", mais de l'époque du Moyen-Age, avec de grosses "armures idéologiques" pour se défendre de leur prochain au sein même d'une société dite "ouverte" (Karl Popper). Comme des "seigneurs" ("saigneurs" du fondement anthropologique humain et de la planète en réalité), quand ils ont ce que Bourdieu appelle le "capital symbolique" qui leur permet de faire valoir toute leur vanité et leurs prétentions narcissiques. Mais il vaudrait mieux dire qu'ils se comportent comme les prêtres qui répandent une idéologie, nous allons voir au service de quels "seigneurs"...
Mais reconnaissons que ce sont ceux qui ont le capital financier et qui sont le plus souvent liés à ceux qui détiennent le capital symbolique, (ces derniers leur apportant la caution morale à leurs actes de destruction), qui sont dans un passage à l'acte d'un processus de dépersonnalisation et de destruction des individus, mais également dans un schéma de destruction de la planète entière au nom du profit. Ceux qui ont le capital symbolique sont un peu les prêtres de la société sous le règne de l'économie de marché, et ceux qui ont le capital financier en sont les seigneurs guerriers (pour reprendre une image empruntée au Moyen-Age). Pour ma part je préfère dire les "saigneurs" (dont les "simples gens" et la planète, sont les victimes).
Deuxième alternative dans ma famille notamment, les gens ont été démolis par les valeurs libérales d'individualisme et d'égoïsme que la société nous impose d'en haut : c'est évidemment le cas le plus fréquent, car la "réussite" est l'exception et suppose forcément le sacrifice d'un tiers, le plus généralement des parents qui en retirent une gratification narcissique.
Je tiens à ajouter que la société ne tiendra plus longtemps avec de pures valeurs d'égoïsme et d'individualisme pour la soutenir, malgré le "calcul" de nos théoriciens libéraux (les Minc et les Attali, mais il y en a tellement d'autres... en général la majorité de ceux qui détiennent le "capital symbolique", et qui sont dans une démarche de servitude volontaire, et de pétainisme idéologique, face aux valeurs de l'économie de marché) du "cercle de la raison". Ces derniers naïvement ou cyniquement (pour réussir aujourd'hui, en période de compétition globalisée, il vaut mieux être cynique que naïf), font confiance à "la main invisible" pour retirer des vices particuliers de chacun mis bout à bout, une forme de bénéfice et de gratification idéologique et purement théorique, car vérifiée nulle part, résidant dans une vertu collective à l'échelle mondiale, et donc selon eux in fine, résidant dans le "bonheur des peuples" (qui n'existe en réalité nulle part aujourd'hui, alors qu'hier davantage...).
Ou encore troisième alternative dans ma famille, les gens se comportent moralement comme des "prostitués," qui ne donnent leurs attentions qu'à ceux qui représentent le pouvoir, quelle que soit sa manifestation ou son expression.
Quelle que soit la façon dont on retourne le problème, il faut le dire, le répéter, le marteler... Non le vice individuel, l'égoïsme et l'individualisme de chacun mis bout à bout, n'aboutira jamais à une prospérité collective apte à assurer le bonheur des peuples. Puisque aujourd'hui la prospérité financière n'est même pas redistribuée, mais ne profite qu'aux plus riches qui s'enrichissent outrageusement (les 62 personnes les plus riches détiennent autant de richesses que la moitié la moins riche de la population mondiale). Ensuite parce qu'un vice à l'échelle individuelle comme l'égoïsme, resterait un vice même si il aboutissait à un enrichissement collectif. Car une tare morale reste une tare morale, et cette tare aujourd'hui submerge le monde de ses méfaits. Ce n'est pas la prospérité, ni même l'immigration qui nous submerge en réalité, mais c'est notre propre égoïsme individuel mis bout à bout à l'échelle du globe.
La réforme des consciences nécessaire, doit avoir au contraire pour racine chaque individu c'est-à-dire chacun de nous, qui doit se faire plus solidaire avec son prochain, penser plus "collectif", si nous voulons "changer le monde", et en réalité bien plus modestement si nous voulons que le monde ne disparaisse pas. Sous les coups d'une part du changement de paradigme anthropologique qui consiste en une dépersonnalisation collective des êtres humains, par des conditions de travail de plus en plus inhumaines (dont le conflit autour de la plateforme Uber, constitue un bon exemple). D'autre part pour que le monde ne disparaisse pas sous les coups des dérèglements climatiques, dont nous voyons aujourd'hui les prémisses, mais qui seront bientôt non maîtrisables.
Si nous voulons que les choses changent, car nous en mesurons désormais l'urgente nécessité, nous devons changer tous et individuellement, mis bout à bout collectivement. Mais comment un tel miracle serait-il susceptible de s'opérer ? 
Je laisse la question en suspens, et je recherche des solutions pour moi-même que je ne suis même pas sûr d'avoir trouvées, avant de faire la leçon aux autres ; mais il est évident que cela doit commencer par une rupture radicale et définitive avec les valeurs imposées d'en haut par le libéralisme. Car ce ne sont tout simplement pas des valeurs démocratiques (c'est-à-dire ayant pour racine un fondement anthropologique, reposant sur des émotions de liberté, d'égalité ou de fraternité réellement ressenties), mais aujourd'hui pré-totalitaires et demain complètement totalitaires, avec le consentement des peuples à leur servitude volontaire.
L'égoïsme n'est pas la base de la nature humaine. C'est une erreur de raisonnement des premiers penseurs libéraux, qui nous a conduit à la situation aporétique dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Les penseurs des "véritables" Lumières (en excluant Adam Smith, ses précurseurs et ses héritiers) avaient raison, la base de la nature humaine se trouve dans des émotions de liberté, d'égalité et de fraternité, réellement, c'est-à-dire démocratiquement ressenties pour qu'elle trouve à s'épanouir.