mardi 17 janvier 2017

Houellebecq pipolisé ?


Pour l'avoir expérimenté dans un village de Bretagne dans les années 70, oui il existait une solidarité de village entre gens ordinaires des classes populaires, oui personne n'était exclu, oui les gens faisaient preuve de commune mesure et de common decency, oui ils ne cherchaient pas toujours à écraser leur prochain et à "gagner" à tout prix au détriment de l'Autre.
La fameuse philosophie de l'altérité et du visage, que l'on dit "propre" à l'œuvre intellectuelle de Lévinas, existait dans le peuple, et pas seulement en mots aussi beaux et sublimes soient-ils ; mais en réalité et en actes, ce dont par ailleurs a témoigné notamment toute l'œuvre de Pasolini. Le problème avec les mots, aussi sublime soit le langage qui s'exprime par leur biais, c'est qu'à la différence des actes ils sont toujours susceptibles de tomber dans un genre d'intellectualisme totalement hypocrite du type : "faites ce que je dis pas ce que je fais". C'est malheureusement la tendance lourde, humaine trop humaine, de la plupart des politiques qui usent et abusent de la duplicité. 
C'est là que le bon sens populaire le plus souvent ne se laisse pas tromper. Faut-il le déplorer à l'instar d'un Emmanuel Mousset qui ne cessent de se répandre en jérémiades visant à dénoncer le populisme, ou s'en féliciter comme dernier rempart à l'hégémonie d'une oligarchie au capitaux financiers et symboliques conséquents, sans volonté de partage avec les classes populaire d'un quelconque fragment de son "capital" ? En termes freudiens, sans volonté de céder le moindre fragment de son caca.
Le paradigme d'une société saine, c'est un village et non une grande ville. Dans cette dernière la liberté individuelle finit toujours par se confondre avec la corruption, comme si la pente fatale de toute liberté individuelle, donc de tout individualisme poussé à son extrême, menait pratiquement toujours à l'égoïsme puis au narcissisme pour finalement aboutir à la perversion qui est souvent le préambule de la décadence, ce qui finalement entraîna la chute du cosmopolitisme romain.
Ce sont bien les villages partout en Europe, les mœurs et les coutume du petit peuple des campagnes qui faisaient finalement vivre les grandes villes, qui les soutenaient charnellement et même spirituellement, et où un Rousseau pouvait toujours aller se ressourcer, et non l'inverse.
Maintenant que toutes les mœurs et coutumes des villages ont disparu, remplacées par la grisaille uniforme de la France périphérique, exclue moisie et rancunière, alors que les grandes villes n'émettent plus qu'un grand silence ironique quand ce n'est pas un sinistre ricanement de mépris ; alors que reste-t-il ? Un genre de néant susceptible de mener au chaos selon moi, car ce monde n'a plus rien de charnel et de viscéral ; mais il n'est pas exclu de penser qu'en surgira une renaissance, par une prise de conscience collective, alors qu'aujourd'hui tous les signaux, sociaux et environnementaux sont au rouge.
Je ne réclame même pas une restriction de la liberté individuelle, qui déboucherait probablement sur une forme de totalitarisme pour réguler nos excès, car cela ne marcherait pas. Mais au fond on s'éprouvait, on se sentait beaucoup plus libre dans les campagnes d'autrefois, j'en ai la conviction et je l'ai ressenti viscéralement, charnellement et spirituellement, que dans les grandes villes stressantes et oppressantes d'aujourd'hui où quelques happy few tirent leur épingle du jeu, sans que leur succès individuel ne profite dans une quelconque mesure au reste de la communauté. 
La réussite de quelques uns au nom de la liberté individuelle est devenue l'arbre qui cache la forêt de la mondialisation de la misère spirituelle. Dans un contexte effectif de totale carence sociale, à moins que vos parents soient prêts à se sacrifier pour vous et votre réussite individuelle, ce qui au fond n'est pas normal et n'est pas sain, vous êtes condamné à un genre de relégation dans la grisaille de la France périphérique et à une carence spirituelle, matérielle, psychologique, affective... Le progressisme, l'individualisme, la liberté individuelle, dans un tel contexte de destruction du paradigme du terroir par notamment certains intellectuels surmédiatisés, c'est de la foutaise, et le peuple le sent bien. Pourquoi au sein d'une famille n'y aurait-il qu'un élu par exemple ? Au détriment et grâce au sacrifice de tous les autres, relégués et méprisés par la doxa bobo, leurs pairs qui ont intégré les valeurs de l'idéologie individualiste sans le plus souvent bénéficier de ses bienfaits, et ceux ou le plus souvent celui de la famille qui a réussi. S'agit-il encore de réussite mais pas plutôt de nihilisme ? 
Une telle société au fond élitiste et exclusive, n'est absolument pas saine, et repose sur des bases pourries et vermoulues par quatre cents ans de métaphysique occidentale, consistant en l'exaltation de l'individu coupé de toute relation intersubjective et qui trouve finalement sa pleine mesure aujourd'hui. Car effectivement on ne pourra pas aller beaucoup plus loin dans l'exaltation de l'individu roi, dont l'aboutissement est la figure du pervers narcissique, dont le type pullule dans tous les médias, et dont la popularité n'a jamais été aussi flagrante, par décence commune inutile de citer des noms...
Aujourd'hui les gens ne font plus corps, et le rêve de chacun est de s'extraire de la masse fétide et malsaine aux relents nauséabonds de populisme, tous les jours stigmatisée par l'élite bobo, car susceptible de voter FN. Pourtant cette élite bobo est davantage responsable de la situation actuelle, que les classes populaires qui en sont globalement les victimes.  
Désormais, quand un quidam s'extrait de la masse, de la plèbe, de la glaise uniformément grise, ce n'est plus pour nous offrir des œuvres à la Victor Hugo ou encore à la Chaplin, mais le triste spectacle de l'hystérie médiatique et pipolisée, dont même un Houellebecq a du mal à échapper.
L'enjeu pour l'avenir sera de rendre leur spiritualité, leur viscéralité aux classes populaires, car le progressisme sera spirituel ou ne sera pas...

1 commentaire:

  1. Il m'est difficile d'émettre un avis sur un texte que je partage en grande partie.
    Peut-être introduire une nuance. La notion d'individu en soi n'est pas mauvaise. Ce sont les régimes totalitaires qui écrasent les individus au nom d'une idéologie. Le tout c'est de garder le juste milieu : la communauté sous plusieurs formes comme la famille en premier, le voisinage, le village et de l'autre côté l'apport de chaque être donc individu à cette communauté mais aussi ce que cette communauté apporte à chaque individu (ça marche dans les deux sens). C'est pour cela que j'emploie plutôt le mot d'individualisme mortifère ou égoïste.

    Pour ce qui est d'une société totalitaire : je crois que nous y sommes avec une efficacité redoutable comme la pub, les jeux vidéos, toutes sortes de divertissements pour occuper les gens et donc les empêcher de réfléchir, tu penses ! La propagande hitlérienne et stalinienne à côté c'était d'un vulgaire, gros comme une maison. D'ailleurs le fait qu'on nous reparle sans arrêt des régimes totalitaires (hitlérisme surtout et beaucoup moins du stalinisme d'ailleurs) c'est fait pour nous montrer et nous faire entrer dans nos petites têtes que face à ces anciens régimes qu'est-ce que nous avons de la chance d'être en régime de pleine liberté !!! Et le but est de nous faire culpabiliser à peu près sur toute critique à ce qui touche aux autorités de l'Etat qui se croient légitimes alors qu'une fois au pouvoir elles s'empressent de faire le contraire de ce pour quoi nous autres moutons avons voté. Voir le discours d'Hollande au Bourget pendant sa campagne "mon seul ennemi c'est la finance". Tout est une stratégie de marketing, il a récupéré le vote de gauche, c'est tout, faut pas chercher plus loin. Hier, un jeune pas très malin d'ailleurs, a donné une petite tape sur la joue de Manuel Valls et cela fait le buzz pendant toute une journée voire plus. En réalité ce jeune a permis à Valls de ne parler que de cela et surtout pas de son bilan et de son programme ! Voilà le vrai résultat ! Et quant à la vraie violence quand elle s'exprime dans les cités comme il y a deux jours à Juvisy-sur-Orge où deux bandes ont terrorisé une partie de cette petite ville de banlieue réputée tranquille et que je connais bien, les médias font tout pour étouffer l'affaire. Un père avec son petit garçon se sont retrouvés pris en otage momentanément, ils ont dû avoir la peur de leur vie mais c'est peanuts ... Pas de cellule psychologique ..."Heureusement" qu'un jeune idiot a donné une petite tape sur la joue de Valls car là Valls dénonce la violence de cette société !!! De qui se moque-t-il ??? Le jour où ça va péter Valls et les autres qui ont détruit la France ont intérêt à avoir réservé un billet d'avion et réservé un palace pour exilés ...

    Pour ce qui est du renouveau de la France et qui finira bien par venir, je t'enverrai Erwan une conférence extraordinaire à ce sujet quand le moment sera opportun. Il n'y a rien à attendre de notre bulletin de vote : je crois que c'est la première fois que je l'écris. Tout est ficelé d'avance puisqu'ils font grosso modo la MÊME politique au service de la religion mondialiste qui elle se porte bien. Encore que ... la roue tournera ! Ne jamais désespérer et mettons de la distance avec le bruit du monde !
    Marc.

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