dimanche 22 janvier 2017

Le modèle français est d'inspiration aristocratique au fond...


Comment les Allemands arrivent-ils à payer leurs enseignants lambdas 4000 euros par mois au bout de 15 ans de carrière, et même les Irlandais 3600 euros, quand les Français les paient à peine... 2000 euros ! Au même niveau que les Slovaques et les Polonais ! C'est une question qui me taraude et à partir de là : un enchaînement... Effectivement l'éducation des enfants est un investissement, et un investissement à long terme, que la France a fait le choix de sacrifier depuis 50 ans. On en voit le résultat aujourd'hui avec le fossé qui sépare l'économie allemande de la nôtre.
Il ne faut pas aller chercher plus loin le "secret" du miracle allemand. Pour innover il faut investir, et le premier des investissements c'est l'éducation de la jeunesse, après tout est foutu. Et l'on constate aujourd'hui le marasme où la France est plongée, incapable d'innover dans un quelconque secteur d'industrie en ayant privilégié au niveau de l'éducation, celle d'une élite au détriment du plus grand nombre. Et cela explique la montée du populisme aux relents nauséabonds, pour les narines délicates des bobos raffinés des quartiers anciennement populaires et dorénavant gentrifiés des grands métropoles hexagonales.
Comme le disait Nietzsche, la France a toujours été un pays aux conceptions aristocratiques à la différence de l'Allemagne ou de l'Angleterre. Aujourd'hui ces conceptions dans le contexte de la mondialisation économique se retournent contre nous. La France compte quelques réussites d'inspiration aristocratique dans le domaine du parfum, de la haute couture, du cinéma et d'une littérature en voie de décomposition. Pour ce qui est de tout le reste, électroménager, informatique, matériel audiovisuel, et même le secteur automobile, la France est incapable d'innover, en ayant sacrifié la formation de sa jeunesse aux fonctions de l'industrie, au profit d'une élite politique ou intellectuelle au capital symbolique intimidant pour le citoyen lambda et donneuse de leçons, et qui ne peut pas régler tous les problèmes à elle seule. 
L'Allemagne est désormais un pays plus sain que la France, comme le souligne souvent Emmanuel Mousset dans ses billets, et le retard ne sera rattrapable qu'à très long terme en changeant dès à présent de politique en matière d'enseignement. Notamment en réhabilitant la carrière des enseignants, qui n'ont pas à être les sacrifiés de la modernité. Puisque je le répète la modernité repose sur l'innovation et l'investissement, et que l'éducation des enfants constitue en réalité le premier pôle d'investissement et d'innovation potentiels. Investissement que constituent tous les enfants et pas seulement une élite d'enfants, dont l'éducation est dévolue aux enseignants de prépa qui sont eux pour le coup correctement rémunérés. Investissement en réalité élitiste et de nature aristocratique, à l'image de tout le système scolaire désormais obsolète, car reposant sur le sacrifice de la majorité des enseignants, donc de la majorité des enfants. Doit-on attendre d'une corporation globalement sacrifiée sur l'autel du libéralisme, qu'elle ait le moral et la volonté, sans parler des moyens mis à disposition, de faire correctement son travail ?
Tout comme l'armée française depuis 1870 fut toujours moins bien équipée que l'allemande. "Impossible n'est pas français", dit-on, mais à force de trop tirer sur la corde, on pourrait dire aujourd'hui : "à l'impossible nul n'est tenu."
Alors on peut épater le gogo avec le mouvement de Macron, de la poudre aux yeux selon moi. Car le mal est fait, et devant l'ampleur des dégâts du libéralisme et de la mondialisation auxquels la France n'a pas su correctement s'adapter en privilégiant comme selon son caractère, l'élitisme au détriment de l'éducation du peuple, c'est maintenant dans le repli sur soi et la recherche de protectionnisme que la France va chercher des solutions, à l'instar du brexit et de l'élection de Trump.
Et la responsabilité d'un tel réflexe n'est pas à aller chercher chez les classes moyennes ou populaires, mais dans le caractère aristocratique du tempérament français dont Nietzsche faisait l'éloge, mais qui s'avère totalement inadapté au mouvement de la mondialisation qui repose sur le triptyque, "croissance, baisse des dépenses publiques, investissement/innovation".
La France aurait en réalité besoin d'un choc de simplification pour s'adapter, mais qui répugne à son tempérament, préférant chercher des solutions complexes et au fond de nature aristocratique à ses problèmes, sur la base d'un pouvoir décisionnel centralisé et centralisateur, extrêmement restreint et reposant sur l'entre-soi. Là où les solutions et les prises de décision devraient être décentralisées et venir de toute les catégories de la société civile, comme dans toute société socialiste digne de ce nom. Les Allemands sont au fond beaucoup plus "sociaux" au sens politique que les Français, et cela se ressent dans l'architecture de leurs institutions, beaucoup plus décentralisées et reposant sur la confiance mutuelle.
Les Français ne sont pas des démocrates ontologiquement, et Nietzsche qui appréciait les aristocrates les aimait bien. Enfin il aimait bien les quelques Français qui faisaient preuve d'un tempérament aristocratique, c'est-à-dire comme l'implique la définition de l'aristocratie, les "meilleurs" d'entre eux.
La France est particulièrement un beau "pays de merde", avec une très belle façade, une très belle vitrine, "le pays des droits de l'homme", mais à l'intérieur tout est en réalité en ruine...


3 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec vous, M. Blesbois. Il faudrait payer beaucoup plus les enseignants, les français et les autres (je dirai 10 000 € par mois). Et mettre en place un système de sélection et de contrôle draconien. Nos enfants sont notre plus grand trésor : sachons le préserver et le faire fructifier.

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  2. ça vous emm.ez de faire court? ah oui vous ne pouvez pas c'est donc que vos idéees ne sont pas claires;passées les deux premières lignes on ne va pas plus loin;peut-être pourriez-vous prendre votre dico à la page" simplicité" et même aussi à "modestie"? allez unebonne résolution pour 2017,et ça vous fera le plus grand bien

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  3. Après 68 le premier à avoir tout chamboulé avec ses réformes c'est le ministre Edgar Faure de triste mémoire.
    Quant aux allemands ils sont bien beaux, bien propres mais ils ont depuis des décennies une natalité en berne, catastrophique. Depuis le début des années 80 l'Allemagne de l'Ouest a un taux de naissance de 1,4 et l'Allemagne de l'Est de 1,2. Et l'Allemagne réunie aujourd'hui est autour de 1,2. Le gouvernement allemand n'a jamais eu de politique nataliste et a caché son très faible taux de natalité grâce à la chute du mur de Berlin où beaucoup d'allemands s'étaient trouvés dans les pays d'Europe centrale et de l'Est ainsi qu'en Union soviétique.
    Seulement voilà c'était dans les années 89-90 et depuis chaque année l'Allemagne voit sa population d'origine allemande diminuer drastiquement. ça ne présage rien de bon pour l'Allemagne ni pour les autres pays européens qui sont sur la même pente (voire l'Italie, l'Espagne, etc ...). Seuls deux pays européens n'ont pas emprunté le même chemin : la France avec une politique nataliste forte depuis Giscard et l'Irlande. Il va donc y avoir bientôt un croisement où les français seront plus nombreux que les allemands ce qui ne manquera pas de modifier les rapports entre ces deux pays et en Europe même puisque la France deviendra LE pays le plus peuplé.
    La mère Merkel essaie de pallier en faisant venir des immigrés en masse mais va se faire virer à grand coup de pompe leur des prochaines élections. Comme elle a eu tout faux avec sa politique ultra pro-atlantiste,le toutou des américains en Europe alors qu'elle avait un boulevard pour jouer finement sa carte entre la Russie et les Etats-Unis.
    Merkel ne restera pas dans l'histoire contrairement au grand Helmut Kohl qui a dû gérer la réunification allemande et plutôt bien.
    Ce n'est pas l'Allemagne qui fera l'histoire, mais les pôv cons de près de 70 millions de français !!! Qu'on se le dise. Les élites françaises, encore elles, ont toujours cette fascination de l'Allemagne que dénonce fort justement depuis longtemps Emmanuel Todd (de formation démographe à la base).
    A++
    Marc.

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