mardi 27 janvier 2015

Charlie ou l'échec du modèle d'intégration français

En France nous ne sommes pas encore tout à fait anglo-saxons, protestants ni puritains, ni donc totalement communautaristes. C'est peut-être la tendance de l'Europe d'être dans une logique de vassalisation à l'empire américain anglo-saxon et puritain, en un mot majoritairement WASP. Ce qui montre que la France résiste c'est paradoxalement l'échec de son mode d'intégration républicain gommeur de différences, au lieu de les exalter sur le mode multiculturaliste et communautariste à l'anglo-saxonne, et qui nous a éclaté à la figure de façon spectaculaire avec le massacre de Charlie : avec la création d'ennemis de l'intérieur (les djihadistes) qui refusent toute intégration, qui suppose l'acceptation des valeurs de la république et le gommage de leur foi, derrière le principe de laïcité. Ennemis de l'intérieur (les fanatiques religieux) qui refusent aussi toute reconnaissance qui serait de l'ordre de la composante multiculturaliste de notre société (le côté Jack Lang) ; reconnaissance qui était peut-être le piège hypocrite tendu par les républicains, pour mieux intégrer les populations rebelles au modèle républicain ; notamment par le biais du rap, de la musique hip-hop et de la culture du tag. Or les extrémistes musulmans refusent de tomber dans ce piège, et semble mettre leur foi par dessus tout, et dont le danger est l'effet d'entraînement sur le reste de la population musulmane.

lundi 26 janvier 2015

La condition de la femme moderne


Les femmes sont plus fortes que les hommes, ce n'est un secret pour personne, tout simplement parce que ce sont elles qui donnent la vie. Si les femmes ont vécu pendant des siècles sous la coupe des hommes et éventuellement de la religion qui les abaissait, c'était de leur part une ruse pour ne pas avoir à participer aux guerres meurtrières et ne pas avoir à faire des travaux trop pénibles. Leur « infériorité » était une ruse qui leur permettait de se faire « entretenir » par les hommes. Aujourd'hui les femmes ne veulent plus entrer dans ce jeu là, il est évident qu'elles en paient le prix, puisque les nouvelles formes de guerres frappent autant les civils que les militaires, donc autant les femmes que les hommes. D'autre part, les développements de la technique mettent de plus en plus de gens à la rue, les machines pouvant avantageusement les remplacer. Et cette même technique impose pour les gens qui ont gardé leur emploi des cadences de plus en plus infernales, sous prétexte de compétitivité et qui poussent les plus fragiles au suicide et rend les femmes « hystérisées » (non pas hystériques comme au temps de Freud), une femme « hystérisée », c'est une femme en constant burn out plus ou moins borderline, ce que produit notre modernité. Cette même technique rend le monde plus laid et impose à l’ensemble de la population une cadence infernale qui l’empêche d’être créative. Effectivement la création suppose le temps de la méditation, or ce dernier existe de moins en moins. Donc il y a de moins en moins de création, de penseurs originaux capables de réfléchir sur cette décadence. Comparons les années 60-70, si riches en intellectuels et artistes de tout genre, dénonciateurs du système, encore pleins d’espoir en un monde meilleur, à aujourd’hui ; un désert intellectuel et moral rempli de cynisme et de désespoir, avec tout un tas de penseurs complaisants voire pervers et défenseurs du système. Les femmes en « s'émancipant » ont peut-être plus perdu qu'elles n'ont gagné.

mardi 20 janvier 2015

Le sacré en Occident : les faits

Dans nos démocratie occidentales, les faits sont sacrés et le sacré (la religion) est factuel. C'est ce qui explique en France le grand malentendu entre la communauté musulmane et le reste de la population qui a érigé les faits en dogmatisme de la loi, au premier rang desquels la Shoah qui structure dans notre imaginaire toute une grille de compréhension des autres faits subalternes. Ainsi quelqu'un comme Dieudonné s'est-il engouffré dans la brèche de la transgression, alors que la bande à Charlie certes contestataire n'était pas transgressive car parfaitement intégrée à la république. Ainsi aussi le modèle d'intégration républicain ne marche-t-il pas et ne marchera-t-il sans doute jamais pour la communauté musulmane, pour qui la religion est sacrée, et les faits donc la loi de la république ne le sont pas. Ainsi encore les intellectuels juifs sont-ils les plus pertinents, car dépositaires de la loi doublement, selon leur tradition et aussi parce qu'ils ont reçu en héritage le fondement de la loi républicaine, la shoah (un cadeau certes amer je le reconnais), leur propre martyr dans la shoah, qu'ils ont transformé en éclatante victoire. Enfin le modèle d'intégration à la français ne marche-t-il pas car nous sommes attaqués par des ennemis de l'intérieur : des français d'origine musulmane; là où les sociétés communautaristes sur le modèle anglo-saxon, où il y a plus de séparation entre communautés et en même temps plus de respect mutuel (chaque parti s'interdisant de heurter la susceptibilité des autres partis) sont jusqu'ici attaqués par des ennemis de l'extérieur, ce qui est moins traumatisant que d'être attaqué de l'intérieur. Or on sait où se situe la susceptibilité des musulmans, dans la religion, alors que la susceptibilité des juifs au premier chef se trouve dans l'outrage à la loi, le reste de la population française est plutôt dans la passivité que dans l'action avec les armes de la loi, c'est pourquoi les juifs sont en premier lieu une cible pour les islamiste, pour leur côté actif, acteurs de la république, comme le fut et j'espère le sera encore la bande à Charlie  Enfin encore est-il logique que le pape dans une communauté spirituelle avec une autre religion, fut-elle l'Islam, ait condamné le blasphème de Charlie, sous-entendant implicitement qu'il comprenait la réaction des musulmans, sans aller jusqu'à justifier le massacre.

dimanche 18 janvier 2015

Je ne suis qu'un petit bourgeois cynique

Ce qui est intéressant chez Houellebecq c'est qu'il parle de son point de vue, non celui d'un héros, les personnages de Houellebecq sont souvent des antihéros, ce qui les rend si attachants et si proches, ils sont humains. Son point de vue, certainement celui d'un petit bourgeois blanc, masculin, et certainement d'origine chrétienne (catholique ?). Ce qui donne de la force à sa prose c'est le cynisme qu'il y met, dans le sens noble du terme, à la manière d'un Diogène. Pour ma part dans les quartiers du 9-3, je n'ai pas vu y habiter un seul de nos "justiciers" et donneurs de leçon que l'on voit pourtant si souvent à la télé, dans beaucoup de livres et de films pleins de bons sentiments, à en dégouliner : ceux qui ne cessent de fustiger Zemmour et Houellebecq, rangés dans le même sac, et qui par ailleurs vivent dans les quartiers les plus protégés de Paris ou du reste de la France. Si l'on se sent vraiment une âme de justicier et de héros, il faut aller enseigner, ou faire une œuvre de travailleur social, dans les quartiers, il faut montrer l'exemple et venir y habiter, y aimer, y travailler. Dans toute ma carrière je n'ai rencontré qu'une seule personne qui avait cette foi de justicier. C'était une femme, elle était juive je crois et directrice d'école. Je ne citerai pas son nom, elle n'est pas très connue, mais je crois que de Montreuil ( banlieue en voie de boboïsation), elle est venue habiter à Bobigny. Femme très forte, extrêmement dure pour elle-même donc dure avec les autres, personnalité insupportable à bien des égards, car je pense le défi en réalité impossible à tenir : c'est-à-dire se nier soi-même en tant que petit-bourgeois blanc, masculin etc... et se mettre constamment dans la peau de la victime qui est toujours le noir le musulman ou le rom, dans une moindre mesure la femme, et pourquoi pas l'enfant ou l'animal, ou encore le fou, voire le criminel. C'est en face de gens comme ça, les militants, que l'on mesure toutes ses limites, c'est aussi par défi que j'ai décidé d'aller vivre à Sevran, me disant " je peux le faire". En réalité non, je ne pouvais pas le faire.

mardi 13 janvier 2015

Les fausses valeurs de la "république".

Les événements récents nous ont privé d'un débat sur le dernier livre de Houellebecq, qui n'aura peut-être plus jamais lieu. En fait je pense que l'ennemi de Houellebecq n'est ni l'islam (sans parler de l'islam radical), ni le FN ; mais le libéralisme économique et les valeurs qu'il véhicule. Des valeurs formatées pour les petits bourgeois, du prêt à penser pour les petits bourgeois ; comme on nous fournit du prêt à penser pour les morts de Charlie, je n'entrerai pas dans ce piège à cons. Houellebecq imagine la victoire sans triomphe et sans violence d'un islam modéré sur la France et par extension probablement sur l'Europe et je crois que cela lui fournit un soulagement. Le soulagement d'imaginer que d'autres valeurs peuvent l'emporter sur le libéralisme économique et la frustration radicale qu'il opère sur l'homme moyen contemporain, sans oublier que ces valeurs individualistes sont au fond d'une extrême violence derrière leur aspect inoffensif. Et d'ailleurs Bernard  Maris qui a publié Houellebecq économiste, était un ami de Houellebecq et l'un de ses fervents partisans et pourfendeur comme lui du libéralisme économique. Personnellement je définirais ce dernier et toute la pollution qui l'accompagne ( pollution publicitaire, télévisuelle, économique, morale, environnementale etc...) de principe décadent et hypocrite. Un islam modéré, dans une hypothèse très optimiste, pourrait être une occasion de régénération morale et  spirituelle. Car l'être humain ne peut s'accommoder d'une morale individualiste, il a besoin de partage, donc de religion. Houellebecq est un cynique qui crache sur les valeurs de la démocratie ou de la république, car ce n'est pas le pouvoir du peuple, mais celui d'une oligarchie qui prend les décisions à notre place : nous ne vivons pas selon lui en réelle démocratie, comme le montre le tour de passe-passe sur les traités européens que les peuples ont rejeté, et qui ont finalement été imposés par décret. Le problème est que la violence des islamistes est aveugle et irréfléchie, et qu'elle décime finalement ceux qui pourraient être pourquoi pas leurs alliés, dans une hypothèse modérée. 

dimanche 11 janvier 2015

Charlie et les bigots de la république

Dévotion outrée et superstitieuse pour l'équipe de Charlie, ce n'est pas leur rendre hommage, cela s'appelle de la bigoterie laïque, avec en bigot en chef, Manuel Valls, si prompt à dénoncer toute voix critique ou discordante : lui fait l'amalgame entre Houellebecq et "l'intolérance, la haine, la peur". Qui pourrait leur rendre hommage dans un esprit de totale dérision ? Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu Charlie, mais je crois me souvenir que lorsqu'il y avait des attentats ils ne "respectaient" pas trop la mémoire des victimes. En tout cas seuls eux avec leur style inimitable auraient pu se moquer de leur propre mort.
Moi aussi je leur rends hommage, je les aimais bien ces gars là, c'est l'identité française qui est touchée, l'esprit de satire et de dérision de Molière. La France, le seul pays au monde qui va aussi loin dans la critique de la religion et de l'esprit de sérieux; qui reprendra le flambeau?
Là où je suis d'accord avec Zemmour, c'est que nous ne cessons pas de nous réveiller en sueur en pleine nuit, alors que le doux rêve de 68 de promesse de la fin des tragédies de l'histoire, ne cesse de se transformer avec le temps qui passe, en cauchemar effroyable; avec le retour de la tragédie de l'histoire dans une violence inouïe, que nos sensibilités de belles âmes de démocrates laïcs ne peuvent supporter.
Nous n'avons pas été éduqués à la tragédie, mais à l'ouverture et à la tolérance. Nous ne comprenons pas que beaucoup n'adhèrent pas à ces valeurs, alors que nous voulons leur tendre le bras, ils mordent la main qui se trouve au bout de ce bras tendu. Pourquoi ?
Nous ne sommes pas préparés avec nos sensibilités de démocrates, à combattre un ennemi de l'intérieur. Tous ces slogans "même pas peur", trahissent le fait qu'en réalité nous chions tous dans notre froc, nous ne pensions pas qu'une telle chose arriverait si vite, moi je ne le pensais pas.
C'est ce qu'"ils" cherchent à provoquer d'ailleurs, la défiance et la peur.
Je ne suis pas un partisan de l'amalgame, mais si les choses s'enveniment chacun rejoindra son camp le plus "naturel".

"ils" n'ont pas perdu car ce n'est pas une simple bataille, c'est une guerre. Je suis assez pessimiste sur l'issue de cette guerre. 

dimanche 4 janvier 2015

Le dernier Houellebecq

Ça y est j'ai lu le dernier roman de Houellebecq dans un texte piraté bourré de coquilles, un peu stéréotypées, ce qui permettait au bout d'un moment d'avoir une grille de correction, mais bon pas très agréable sur la forme. Sur le fond, je reconnais bien là Houellebecq, il y va aussi fort que dans ses premiers romans, Extension et Les particules. C'est du très bon Houellebecq.
Qualifier Nietzsche, plusieurs fois dans son roman de "vieille pétasse", fallait oser, et je ne suis pas loin de partager son avis, cela ne m'empêche pas d'apprécier beaucoup Nietzsche, mais l'expression me fait beaucoup rire.
C'est évidemment un détail, l'œuvre est assez considérable, bien structurée, à part un personnage mystérieux, Lempereur, abandonné à mi-roman et qui ne livrera rien de sa part de mystère, et dont le personnage aurait à mon avis demandé à être plus fouillé, à moins que la version que j'ai lu fut tronquée ; de toute façon je me procurerai l'œuvre sur support papier, moyennant quelques euros, que j’octroierai volontiers à l'auteur (et aux éditeurs), que j'apprécie particulièrement, comme étant l'écrivain le plus lucide sur l'époque actuelle.

J'ai bien aimé aussi ce passage où il dit à peu près : le passé est idéalisé ou nostalgique d'un bonheur perdu, le futur est souvent représenté comme radieux et également fortement idéalisé comme promesse de bonheur, mais la seule réalité c'est le présent qui consiste le plus souvent en une douleur difficilement supportable.