Dans nos démocratie occidentales, les faits sont sacrés et
le sacré (la religion) est factuel. C'est ce qui explique en France le grand
malentendu entre la communauté musulmane et le reste de la population qui a
érigé les faits en dogmatisme de la loi, au premier rang desquels la Shoah qui
structure dans notre imaginaire toute une grille de compréhension des autres
faits subalternes. Ainsi quelqu'un comme Dieudonné s'est-il engouffré dans la brèche
de la transgression, alors que la bande à Charlie certes contestataire n'était
pas transgressive car parfaitement intégrée à la république. Ainsi aussi le
modèle d'intégration républicain ne marche-t-il pas et ne marchera-t-il sans
doute jamais pour la communauté musulmane, pour qui la religion est sacrée, et
les faits donc la loi de la république ne le sont pas. Ainsi encore les
intellectuels juifs sont-ils les plus pertinents, car dépositaires de la loi
doublement, selon leur tradition et aussi parce qu'ils ont reçu en héritage le
fondement de la loi républicaine, la shoah (un cadeau certes amer je le
reconnais), leur propre martyr dans la shoah, qu'ils ont transformé en
éclatante victoire. Enfin le modèle d'intégration à la français ne marche-t-il
pas car nous sommes attaqués par des ennemis de l'intérieur : des français
d'origine musulmane; là où les sociétés communautaristes sur le modèle
anglo-saxon, où il y a plus de séparation entre communautés et en même temps
plus de respect mutuel (chaque parti s'interdisant de heurter la susceptibilité
des autres partis) sont jusqu'ici attaqués par des ennemis de l'extérieur, ce
qui est moins traumatisant que d'être attaqué de l'intérieur. Or on sait où se
situe la susceptibilité des musulmans, dans la religion, alors que la
susceptibilité des juifs au premier chef se trouve dans l'outrage à la loi, le
reste de la population française est plutôt dans la passivité que dans l'action
avec les armes de la loi, c'est pourquoi les juifs sont en premier lieu une
cible pour les islamiste, pour leur côté actif, acteurs de la république, comme
le fut et j'espère le sera encore la bande à Charlie Enfin encore est-il logique que le pape dans
une communauté spirituelle avec une autre religion, fut-elle l'Islam, ait
condamné le blasphème de Charlie, sous-entendant implicitement qu'il comprenait
la réaction des musulmans, sans aller jusqu'à justifier le massacre.
Erwan, l'expression "ennemis de l'intérieur" n'est pas digne de toi. Tu vas te rattraper, j'en suis certain.
RépondreSupprimerJe ne voulais pas faire une généralisation en employant ce terme, ni faire d'amalgame, cette expression ne visait que les trois terroristes et leurs mentors. Maintenant la société française doit réfléchir si elle ne crée pas elle même ses propres ennemis de l'intérieur de sa matrice républicaine qui est "une et indivisible" (vœu trop souvent pieux), à la différence des sociétés communautaristes, donc la responsabilité est plus du côté de la république que de ses victimes au premier chef : les musulmans.
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