vendredi 5 janvier 2018

Les idiots utiles du macronisme sont les optimistes de la classe moyenne


Je suis absolument déterministe et assez fataliste, je ne crois pas énormément en la puissance du libre arbitre. On peut tenter, il faut toujours essayer de tenter... c'est ce qui donne du goût à la vie... de dévier de son sillon originel, d'échapper à son déterminisme, à son destin... et puis boum ! Il vous retombe toujours au coin de la gueule... Il y en a même très certainement dont le déterminisme est d'avoir un libre arbitre, c'est heureusement sans doute le cas d'une majorité de gens, puisque le régime libéral-libertaire fonctionne au fond si bien et depuis si longtemps, au moins depuis 50 ans en France. Mais on n'a jamais le libre arbitre d'échapper à son déterminisme, même quand ce dernier vous conditionne à croire à la réalité de votre libre arbitre. Le régime libéral-libertaire postule effectivement la liberté comme principe de tout ce qui s'ensuit, c'est-à-dire tout le reste... Les géniteurs baby boomers ataviquement libéraux libertaires n'ont pas su transmettre efficacement cet esprit de liberté, même si je conçois que pour eux cet esprit fasse partie de leur mode de vie. C'est précisément parce que l'on est déterminé et non libre, que ce sont ceux qui ont reçu l'éducation la plus rigoureuse, qui généralement une fois adultes se sentirons les plus « libres » et les plus légers. La liberté est effectivement un principe qui ne peut valoir entièrement en ce qui concerne l'éducation des enfants, puisque cette dernière requiert un minimum de rigueur et de contraintes. D'une certaine façon le régime libéral-libertaire et tout régime bourgeois en général, met donc la vérité sur la tête. Des enfants trop « libres », c'est-à-dire souvent, négligés, donneront des adultes asservis, et des enfants soumis et obéissant à une autorité bienveillante donneront des adultes libres et légers, ce que sont généralement les adultes bourgeois, tout heureux du charme discret de leur existence.
Cette génération des baby boomers est arrivée à une certaine forme de liberté et à la conscience claire et distincte du concept de régime libéral-libertaire, qu'elle a mis en place de façon bien plus tangible qu'après la Révolution de 1789. Cette génération en réalité manipulée par les valeurs de la bourgeoisie alors qu'elle croyait dans sa majorité s'en émanciper, a réussi à accéder à une certaine forme de liberté. Mais quid de la transmission aux générations d'après ? Parmi ces dernières, ce sont ceux qui étaient le mieux armés, c'est-à-dire dans leur majorité les enfants de la réelle bourgeoisie, qui profitent encore d'une certaine forme de liberté, alors que les autres vivent dans l'aliénation. En réalité la révolte des jeunesses occidentales à la fin des années 60 a répété le même schéma que la bourgeoisie a appliqué avec le peuple instrumentalisé en 1789. Une fois ce peuple ou cette jeunesse utilisés, c'est en réalité la seule bourgeoisie qui en recueille le fruit de la Liberté, à son seul profit. Car qu'est-ce qui rend libre en régime libéral libertaire, aujourd'hui macronien ? C'est l'argent. La liberté étant le principe de ce régime, et l'argent son moteur, ce sont en réalité les gens les plus fortunés et accessoirement leurs complices, que l'on pourrait appeler les nantis, ceux à qui la bourgeoisie a donné un beau « nonos » à ronger, et une grande partie de naïfs issus de la classe moyenne peu fortunée, qui servent de soutien à ce régime que l'on pourrait aussi qualifier d'oligarchique, tant les notions de gauche et de droite y sont dissoutes, mélangées, obscurcies au profit de la seule pensée unique, pratiquement totalitaire de l'empire du Bien. Les valeurs du catholicisme qui elles aussi postulent l'existence du libre arbitre, c'est-à-dire le libre choix entre le bien et le mal, ont été arasées par l'œuvre de plus de 200 ans de Révolution bourgeoise, désormais parachevées par 50 ans de libéral libertarisme, instauré par les révolutions étudiantes occidentales de la fin des années 60, qui trouvèrent cependant leur inspiration dans la gauche de la gauche la plus bouillonnante et extrémiste. Chassez le naturel bourgeois et il revient au galop ! Ainsi l'égalité, le politiquement correct, l'empire du Bien, sont des traits dominants de l'époque, mais ils ne servent qu'à mieux justifier l'inégalité en acte créée par les disparités de fortune. Ce qui crée la liberté étant l'argent, jamais certains ne se sont sentis aussi libres qu'aujourd'hui, et jamais l'inégalité de fait derrière l'égalité postulée formellement, n'a été aussi criante. L'empire du Bien se situe effectivement par delà bien et mal, et les apparences sont trompeuses car la bourgeoisie ne s'est jamais déterminée par rapport au bien et au mal mais uniquement en relation au degré plus ou moins grand d'enrichissement, surtout matériel, de plus en plus : les élites pipolisées en ont de moins en moins dans la cervelle. Mais le capital peut aussi être symbolique, en général il sert à cautionner et défendre l'enrichissement matériel. La justice par exemple défend avant tout les intérêts des riches, la police défend avant tout la propriété privée, et l'éducation a pour rôle de formater chacun selon son origine sociale. Pour certains profs bien particuliers, les profs de philo, certains les évoquent comme les « chiens de garde » de la bourgeoisie, bien loin de l'idée qu'on s'en fait d'aider à penser par soi-même.
On ne peut pas faire confiance à la gauche aujourd'hui moribonde pour changer le cours des choses. Hormis Mélenchon qui n'est pas historiquement un héritier des valeurs de gauche, mais plutôt de celles du véritable socialisme. Sa personnalité peut déplaire, tant elle semble couver un culte de la personnalité potentiel et sous-jacent qui inquiète beaucoup d'observateurs, mais surtout qui fait le jeu de ses détracteurs, nombreux, surtout au sein de la gauche, plus encore que de la droite.
Les « socialistes » qui portèrent le nom de PS n'ont jamais appliqué les idéaux du socialisme une fois au pouvoir, exception faite d'un très court épisode soi-disant infructueux et « catastrophique » entre mai 1981 et 1983... (ne s'agissait-il pas en réalité d'un coup monté destiné à discréditer l'idée de socialisme dans les consciences de gauche ?) Mais Mitterrand s'est rapidement couché face aux exigences du marché roi et de Thatcher et Reagan qui faisaient la loi en ce temps là. Alors que le marché roi fait plus que jamais sa loi aujourd'hui et qu'il sera chaque jour plus dur de l'infléchir et de le réguler, et alors que les disparités de fortunes ne cessent de s'accroître, tandis que l'environnement court le danger d'une destruction pure et simple, puisque le principe d'une croissance infinie dans un monde fini, est une contradiction dans les termes, comme le soulignent beaucoup d'observateurs. D'ailleurs il faut bien distinguer entre gauche et socialisme, la gauche étant effectivement libérale et progressiste depuis ses origines à l'époque de 1789, alors que le socialisme est progressiste mais pas libéral, et que les forces de réaction ne sont ni progressistes ni libérales, mais souvent religieuses et aristocratiques, ces dernières étant globalement hors jeu aujourd'hui...
Le véritable socialisme s'est construit au cours du XIXème siècle face aux méfaits du libéralisme et du progressisme quand ils s'accompagnaient de la destruction des modes de vie traditionnels, des solidarités traditionnelles et corporatistes pour l'instauration de modes de vie aliénants, tout entiers dévolus à l'enrichissement de la seule bourgeoisie. Dans cet état de fait, la gauche libérale est complice, certainement encore bien plus que la droite, de la bourgeoisie soi-disant progressiste et éclairée. La bourgeoisie en France est donc historiquement plus à gauche qu'à droite, cette dernière étant pour sa part historiquement liée aux valeurs de l'ancien régime, même si depuis elle a rompu avec sa vocation originelle, et que globalement les forces de réaction issues du catholicisme et de l'aristocratie ont disparu du paysage politique, après plus de 150 ans de luttes acharnées qui culmineront dans la séparation de l'église et de l'Etat.




2 commentaires:

  1. J'espère que vous en avez longuement parlé à votre ami Emmanuel Mousset, incurablement macronien par une naïveté d'idiot utile.
    Dès 1988 Regis Debray avait bien mis en avant la filiation entre les soixante-huitards et le triomphe du capitalisme libéral-libertaire dans son livre consacré à mai 68.

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    1. D'abord merci de vous intéresser à mon blog, ensuite je vous ferai une petite réponse concernant Régis Debray.
      Les hérétiques dans notre société mondialisée sont ceux qui ne pensent pas suivant les catégories de l'orthodoxie économique, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes. Ils sont proscrits de la société, et souvent vivent dans le plus grand inconfort matériel. Aujourd'hui avoir une foi religieuse quelconque est un genre de marginalité, qui vous place au ban de la société. Les derniers catholiques sont de véritables résistants qui vivent dans des conditions effroyables, je crois même que les musulmans finiront finalement par se plier aux lois de l'économie, quand d'autres pensent que leur foi spirituel l'emportera sur le matérialisme : gros point d'interrogation sur l'avenir...
      Parmi les penseurs actuels, Onfray et Houellebecq notamment semblent pencher pour une victoire de la spiritualité musulmane sur le matérialisme, quand un penseur comme Régis Debray que vous citez, penche pour une victoire de la religion à la base du matérialisme en France, le protestantisme, et donc un mode de pensée protestant pour les Français, en remplacement du catholicisme.

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