lundi 24 juin 2013

Qu'est-ce que payer sa dette?

Voilà pourquoi je n'ai aucune dette envers la société. Mon père a été cruel envers moi, il a abîmé mon corps durant mon enfance. Ma mère égoïstement a protégé sa peau, elle ne m'a pas aidé. Une seule personne a eu pitié de moi, ma grand-mère maternelle, qui voyait en moi le visage du christ martyrisé avec son instinct de catholique pagano-bretonne, d'où mon transfert fantasmatique sur la Bretagne, pays qui n'a peut-être après tout, rien de mieux ni de moins bien qu'un autre ( n'oublions pas qu'il a produit les Le Pen, grave préjudice pour la réputation du pays).

Comme la nature a horreur du vide, la plupart, de mes premières expérience de l'école furent négatives, comme j'avais été martyrisé dans ma famille les institutions et mes camarades reproduisaient sur moi l'injustice dont j'avais été victime de la part de mon père. J'ai une vision en disant cela totalement négative de l'existence, car dans l'imaginaire l'école fut créée pour réparer les injustices, mais l'école ne peut pas remplir son rôle, car elle est un élément de la culture, et la culture n'est que le prolongement de la nature sous d'autres modalités. La réalité est tout autre que les bons sentiments qui parfois accompagnent la notion d'école, la positivité qui accompagne la notion d'école n'est qu'un préjugé d'homme normal; or la normalité n'est pas la réalité, la normalité est même souvent une forme de crime sous l'alibi des codes et des conventions, qui servent à se distinguer afin de mieux discréditer les anormaux, un crime accompli inconsciemment , au quotidien. Seuls les êtres d'exception ont conscience de ce crime. Quant à la nature et l'existence, elles sont profondément injustes et même négatives par essence.

Je n'ai donc globalement aucune dette vis-à-vis de la société mais plutôt du ressentiment. Par conséquent mon destin aurait dû me pousser à être un délinquant. Ce que j'ai failli être, j'ai volé, je me suis drogué. Une autre personne a permis que je m'en sorte Martine, la deuxième compagne de mon père, une personne que je n'ai jamais revue mais qui a fait écran pendant le moment de ma puberté entre la violence de mon père et moi. Qui a fait plus qu'écran, qui m'a appris la sexualité par l'intermédiaire de l'amour qu'elle vouait à mon père. Amour qui rejaillissait sur moi par l'intermédiaire d'un père provisoirement apaisé. Sans cela j'aurais dû être un délinquant, ou un criminel; au pire j'aurais pu être un Merah ou un Breivik, un "tueur né", un meurtrier de masse.

Payer ma dette vis-à-vis de la société aurait dû être pour moi, comme ça l'est pour certains, être un meurtrier de masse. Cela n'a rien d'anormal, puisque l'essence de la vie en société est l'injustice. Il faut bien que des individus isolés se vengent de cet état de fait. Mais comme dit Camus ou bien son père : "un homme ça se contient." devant les horreurs commises durant la guerre d'Algérie. Alors j'essaie de me contenir. Mais les pulsions de haine et de ressentiment sont très fortes je l'avoue. L'incurable est peut-être celui qui passe à l'acte.


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