mardi 19 octobre 2021

Retour à l'art classique

 


Je fais l'apologie de la Renaissance italienne et française, ainsi que de la Grèce antique et de Rome. Ce dont j'ai le plus souffert n'est pas de l'abus - peut-être que mon père n'en avait même pas conscience, pris dans un mouvement libertaire et hippie issu de mai 68 qui le dépassait ; mais de l'abandon et du mépris pour sa victime. Oui effectivement globalement je conchie la société des droits de l'homme, de l'individualisme et de l'égoïsme, parce qu'elle est profondément merdique ; puisque je pense que la société ne doit pas être au service de l'épanouissement de l'individu, d'autant plus qu'il ne s'y épanouit que très mal - droits de l'homme, égoïsme, laideur de l'art contemporain ; mais l'individu au service de l'épanouissement de la société - don de soi, générosité, altruisme, beauté de l'art classique. Les droits de l'homme sont un idéal estimable issu de 1789 et de la philosophie des Lumières, mais hautement critiquable quand on voit le résultat à l'échelle de la société. La critique doit donc être radicale car dans les faits une telle idéologie encourage la culture du narcissisme et la pathologie mentale - perversion narcissique. Le narcissisme qui s'est généralisé jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir (Macron en est un beau spécimen) est en totale contradiction avec les valeurs judéo-chrétiennes, donc avec la morale ; il constitue le renversement des valeurs dont avait rêvé Nietzsche, mais je ne sais pas si ce dernier l'avait envisagé ainsi... Car en réalité cela n'a pas débouché sur un retour à un idéal aristocratique, mais sur une généralisation de la pathologie mentale que constitue le narcissisme, handicapant la création artistique et contribuant à l'enlaidissement du monde par la perversion propre au capitalisme - recouvrir la pénurie du monde par une abondance factice d'objets obsolescents et par l'argent, et ce faisant le couvrir d'immondices.

Or l'artiste se sent quand même mieux dans un environnement harmonieux et cohérent pour créer, sentiment de bien-être très visible dans l'art gréco-romain et celui de la Renaissance, ce que rendent pratiquement impossible la dénaturation physique et la pollution morale qui défigurent le monde, dont au mieux il peut essayer de rendre compte à la manière d'un Houellebecq, qui ne sacrifie pas, bien heureusement, à la laideur esthétique propre à l'art contemporain.

Il y a des points communs entre le catholicisme breton que j'ai connu dans mon enfance, et un genre de collectivisme communiste faisant passer la communauté avant l'individu, puisqu'il est un animal social et politique, un zoon politikon, avant d'être le produit d'une idéologie des Lumières (libérale) qui l'individualise - que dénonce Marx par le terme de "robinsonnade". Même si je suis matérialiste, je pense que c'est le sens du sacré qui forge toute communauté humaine (BHL l'a aussi bien compris mais seulement pour sa communauté) et je déplore le déclin apparemment irréversible de la religion catholique en France. Le mouvement naturel de l'homme est le partage, le don et la communauté, c'est le fondement de son âme. L'individualisme généré par l'idéologie des Lumières, qui peut certes être le produit d'une pensée généreuse comme chez Diderot et Rousseau, et semble-t-il remplie de bons sentiments (dont l'enfer est pavé), est en même temps le moteur du capitalisme des origines orchestré par la classe bourgeoise, afin de générer une plus-value par l'exploitation des travailleurs coupés de la communauté pour servir de main d'œuvre salariée. L'individualisme c'est-à-dire un travail salarié forcé et donc un quasi esclavage, dont le but fut de constituer un capital initial qui allait aboutir à l'émergence d'un capitalisme triomphant et aujourd'hui un néolibéralisme effréné et néodarwinien (dans les rapports sociaux) ainsi qu'une mondialisation dangereuse, est le produit d'une construction de nature anti-religieuse (religion du latin religare : relier) qui s'oppose à la nature profonde de l'homme en le déliant de la communauté. Nature profonde recélant certes une part d'égoïsme, mais non fondamentalement comme voudrait nous le faire croire le néolibéralisme ; c'est un non-sens anthropologique que de penser ainsi et mettre la vérité sur la tête, cela contribue à la destruction de l'âme humaine et à la déliaison. Le capitalisme est un fondamentalisme de l'égoïsme, et le libéralisme un fondamentalisme de l'individu.

D'où la très grave crise actuelle et le colossal mal être contemporain (burn-out, suicides, antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques...), sans parler des dégâts collatéraux qui n'affectent pas seulement son âme : destruction de la nature, enlaidissement physique et moral du monde, explosion démographique, disparition de l'art classique au profit d'une sous-culture made in US... Non désolé, non seulement je ne peux pas souscrire à la postmodernité, mais je ne puis non plus, y adhérer. Les hommes qui s'y épanouissent et s'y enrichissent, parfois totalement outre mesure, sont des hommes pollués de l'intérieur par de fausses valeurs.

Si Zemmour pouvait nous mettre dans les rails d'une contre-révolution d'origine catholique, avec le rétablissement des coutumes et traditions ancestrales, tout en respectant la tolérance pour les autres religions, alors je signerais des deux mains. Bref je milite pour un rétablissement de la royauté en France ou de quelque chose qui s'y apparente comme un régime de monarchie constitutionnelle, et la réunification de l'Église catholique et de l'État avec un grand degré de tolérance pour les religions minoritaires : islam, judaïsme, protestantisme...

Il est évident que je ne suis pas favorable à un retour des guerres de religion, mais les autres religions devraient rester minoritaires en France. Il faut tout refuser aux Juifs comme communauté et tout accorder aux Juifs comme individus, de même pour les musulmans ? Eh bien non, il faut imaginer autre chose. Au sein d'une nation où l'on devrait s'assimiler, porter un prénom du calendrier, et dont la religion d'État serait le catholicisme ? Il faut aller encore plus loin, l'idéal à terme étant de mettre fin à l'idéologie des Lumières et à son idéologie de l'individu délétère pour l'esprit humain, ainsi qu'au progressisme actuellement ravageur et délirant qui l'accompagne, isolant à outrance l'être humain et le coupant de la communauté, donc en réalité l'aliénant (en le coupant des liens sociaux) plutôt que de le libérer. Il ne derait y avoir qu'une seule communauté hégémonique en France, c'est la communauté catholique ; les autres communautés devraient rester marginales en terme d'influence.

Bien sûr ce beau programme empreint de nostalgie et de tendresse pour le petit village breton de mon enfance soulève d'énormes problèmes, car comment des gens de religions et d'ethnies différentes, les nombreux athées et tous ceux très nombreux revendiquant leur droit à la différence comme les homosexuels et les transgenres, même s'ils ne font in fine que le jeu du capitalisme, accepteraient-ils de se fondre dans une communauté sous hégémonie catholique ? Autre problème et de taille : toute religion est par nature dogmatique et intolérante... Il faut évidemment imaginer une religion catholique en France, différente et beaucoup moins dogmatique, beaucoup plus moderne que celle du XVIIIème siècle qui a abouti à cette catastrophe pour le monde entier que constitua la Révolution française - directement responsable de deux guerres mondiales et du génocide des Juifs. En commençant par réformer le statut des prêtres par l'augmentation considérable de leurs salaires et en leur accordant le droit de se marier et même d'être homosexuels s'ils le souhaitent. Bref il faut que la France retrouve son statut envié de fille aînée de l'Église en se montrant volontariste et imaginative. En tout cas il faut retrouver une Église triomphante comme elle l'était à la Renaissance, le degré de misère où elle est tombée est dégradant pour son image, et elle n'inspire plus guère les artistes depuis pas mal de temps.

L'hégémonie catholique a fonctionné jusqu'en 1789, ensuite elle fut remise en question progressivement et on a cru trouver la parade avec la laïcité. Mais la laïcité en France qui n'est que la sécularisation de la religion catholique - depuis 1905 et la séparation de l'Église et de l'État ; n'est pourtant pas fondamentalement d'une autre nature que la religion, dans la mesure où son autorité doit elle aussi être légitime. Et aujourd'hui la crise de la laïcité est énorme à l'École comme l’a montré notamment la décapitation de Samuel Paty, les communautés et les tribus ne veulent plus s'y fondre ; c'est en réalité une crise de l'autorité, car le savoir n'a pas d'autorité en soi. Il faut donc revenir aux origines de la France, aux origines de la laïcité c'est-à-dire à la religion catholique, revenir à d'où l'on vient si l'on ne veut pas se dissoudre définitivement dans la mondialisation technocratique et ne pas renoncer à ce qui légitime l'autorité du savoir en dernière instance ; l'autorité de l'Église. Et c'est sous l'hégémonie de cette autorité, que devraient se fondre et s'assimiler tous ceux qui le souhaitent issus des communautés ethniques et religieuses différentes, ainsi que toutes les tribus postmodernes - LGBT. Non que l'homosexualité doive redevenir clandestine et interdite, mais plutôt qu'elle doive s'afficher avec moins d'ostentation et d'hystérie ; de même pour le voile islamique. 

Par quel enchantement, quelle divine surprise, cela serait-il possible ? Par un retour de l'autorité consenti par tous à partir du gain de bien-être engendré chez chacun, puisque en effet la communauté hégémoniquement catholique devrait prévaloir sur l'individu, la vie du zoon politikon retrouverait un sens. Va-t-on demander aux musulmans de se convertir ? S'ils le souhaitent ils y seront encouragés, mais quoiqu'il en soit on leur demandera de se fondre dans la communauté de l'École catholique ou alors de financer leurs propres écoles communautaires ; si les Juifs tout en gardant leur identité ont toujours été capables de s'assimiler et de s'adapter à des Églises hégémoniques différentes de leur propre église, pourquoi pas eux ? L'idéal étant que la notion d'individu se dissolve peu à peu au profit de celle de communauté de destin. Et c'est ici que le rétablissement du roman national à l'École devra à nouveau jouer un rôle crucial, comme aux heures les plus glorieuses de la IIIème République. Bien que le modèle que je revendique ne soit plus la république mais la Monarchie. D'un point de vue politique c'est sous l'autorité de cette Monarchie que devraient coexister des communautés différentes, catholiques, juives, musulmanes, mais où la communauté catholique devrait être prédominante ; et où l'École ne devrait plus être républicaine mais catholique. Libre à ceux qui voudraient ne pas se fondre dans cette École catholique, de financer leur propres école communautaires, mais pas avec les deniers de l'État.

Le salut de la France passera par la grâce et le pardon, et non la loi du Talion, ou n’aura pas lieu. Le salut de la France "éternelle" - entre guillemets puisque l'on sait que toutes les civilisations sont mortelles ; passera par le retour à la Monarchie de droit héréditaire sous la forme moderne d'une monarchie constitutionnelle, avec un parlement démocratiquement élu, pour tempérer le pouvoir du Roi de droit héréditaire ; ou n'aura pas lieu. Il est à noter que les Rois de France ont rarement été des tyrans et qu'ils avaient bien plus en tête l'intérêt du pays et du peuple, que nos chefs d’État actuels qui ne se préoccupent plus de tels intérêts et semblent totalement soumis à l'oligarchie mondiale par le biais de la technocratie bruxelloise. Aujourd'hui c'est le pouvoir de et par l'argent qui pervertit tout, c’est-à-dire qui supplante la valeur d’usage par la valeur d’échange, jusqu'aux simples rapports humains qui en deviennent essentiellement intéressés et non plus gratuits. Alors qu'ils l’étaient encore il y a peu dans le village breton de mon enfance, où mes grands-parents étaient croyants et ne supportaient pas que l’on blasphème le nom de Dieu en vain, mais le toléraient quand même, surtout lorsque cela venait bien innocemment de leur propre petit-fils, influencé par leur propre fille freudienne et nihiliste ; avant que la génération gâtée des baby-boomers ayant fait mai 68 ne vienne détruire plus de 1500 d'héritage historique, culturel, et de valeurs chrétienne. 

Alors que le progressisme des baby-boomers et leur esprit d'émancipation avait quelque chose de sympa que je ne nie pas en Mai 68, le wokisme actuel des néo-féministes et plus globalement de toutes les minorités opprimées, a aujourd’hui quelque chose d'effrayant, de castrateur, qui préfigure une société totalitaire ; il constitue aussi pour une part, un héritage de Mai 68.

En raison de mes origines dans ce petit village breton, j’ai donc quelques notions de ce qu’est la foi, et je l’ai eu naturellement de façon non artificielle et non dogmatique, jusqu’à l’âge de 16 ans, ainsi qu’une forme de grâce qui m’habitait. La Vème République fut bien une tentative faite par de Gaulle d'établir une continuité entre la Monarchie de droit héréditaire et les institutions de la République, mais elle a été totalement gâchée par ses successeurs en raison de leur manque d'envergure, voire leur médiocrité crasse et leur servilité aux États-Unis. C'est pour cela qu'il faut être encore plus radical que de Gaulle, car la situation désespérée où nous nous trouvons l'exige.

Dans mes convictions je vais bien plus loin que n'ose aller Zemmour, mais il pourrait être un premier pas vers le changement radical que j'appelle de mes vœux. Un tel programme sorti de mon imagination d'enfant issu du terroir breton bretonnant, qui n'est absolument pas raisonnable au sens des Lumières, n’est pas obscurantiste mais empreint de poésie et de nostalgie pour un âge d'or - mais la raison qui s'incarne aujourd'hui dans les technosciences est devenue folle comme le rappelle Heidegger dans ses œuvres consacrées à la Technique et à l'arraisonnement du monde, il faut la tempérer par une foi mystique ; peut paraître aujourd'hui complètement absurde, anachronique, voire totalement délirant aux yeux de nos contemporains désenchantés et nihilistes, et ne sera possible qu'à la condition qu'il y ait un regain généralisé de la foi mystique, objet de toute l'œuvre de Simone Weil, pour la religion catholique qui est géographiquement notre racine spirituelle donc en même temps notre destin que nous avons oublié - l'oubli de l'Être ; c'est-à-dire notre maison commune en France. Les catastrophes causées par la Technique qui se profilent à l'horizon dans beaucoup de domaines, pourraient être le facteur d'un tel regain de ferveur populaire pour de vieilles valeurs qui ne demandent qu'à être redécouvertes et revivifiées. De vieilles valeurs comme le bien est préférable au mal qui semblaient autrefois si évidentes, et qu'il s'agit de réhabiliter en dépit du renversement des valeurs nietzschéen réussi - concrétisé à droite par un phénomène comme le nazisme et à gauche par un phénomène comme mai 68 ; qui sont aujourd'hui totalement oubliées, ou plutôt refoulées pour parler comme Freud. Dans la folie, l'hybris, aujourd'hui bien visible de la Technique devenue autonome, donc échappant à toute mesure humaine, se situe tout l'obscurantisme en réalité contenu dans le projet des Lumières, dès son origine métaphysique.

Mais Malraux n'avait-il pas prophétisé que le XXIème siècle serait religieux ou ne serait pas ? Ce sont de telles paroles prophétiques qui nous permettent de garder espoir et nous encouragent dans cette voie.

Si vraiment ce n’est pas possible, avec le temps qui passe et la fatalité inexorable que constitue la démographie, oui effectivement ce beau programme ou d'ailleurs tout autre chose comme la continuation du néolibéralisme vers la marchandisation du vivant et le transhumanisme, se fera sous hégémonie musulmane comme vous semblez le souhaiter. Et vous, vous pensez que Zemmour n'est pas crédible pour le rétablissement de la religion catholique ou au moins d’une laïcité forte (donc fortement imprégnée en France des valeurs du catholicisme), et qu'il n'est qu'un agent du sionisme ? Vous me faites rire.


1 commentaire:

  1. A qui appartient la religion? Aux hommes ou à Dieu ? Car à vous lire, l'utilité de la religion (particulièrement la catholique) en fait une nécessité humaine quelque serait la volonté d'union ou pas du Dieu Très-Haut.... Un peu comme si l'on pouvait imposer à Dieu un mariage forcé... Il est vrai que cela ressemble beaucoup à l'histoire de Jacob et de Léa qui à mon avis est l'essence même du catholicisme...
    Mais comment une telle union, pourrait-elle faire rêver tant le Seigneur que satisfaire les ouailles?
    Il faudra bien qu'un jour on apprenne vraiment à faire confiance à Dieu plutôt que de chercher à s'en servir !....
    Mais pour l'instant, il semble que le temps soit à la désintégration de la laïcité républicaine qui s'est faite religion de l'état alors qu'une laïcité communautariste mais respectueuses de chacun poserait la question de ce qu'est une nation... Car qu'est-ce qui peut transcender la religion même des personnes pour les unir dans un projet commun national ?

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