mercredi 8 juin 2022

La société des droits de l'Homme et la pitié

 


Quel est le type de sentiment normal d'une mère pour son enfant ? C'est la pitié, avant même l'amour. L'amour c'est avant tout une mise en scène, souvent de la pure comédie sociale mise en place par les femmes pour tempérer les ardeurs masculines. Tout autre type de sentiment que la pitié, comme la cruauté dans le cas de ma mère, notoirement psychanalyste, est le fruit d'un type de femme dégénéré, qui se répand de plus en plus dans la société sous l'influence des néoféministes ou d'intellectuelles, de Beauvoir à Angot, qui considèrent les enfants comme des "paquets" étant une entrave à leur émancipation - alors qu'il s'agit de leur jouissance. Eh bien mesdames, achevez donc votre œuvre, vous êtes en grande partie responsables de ce que Zemmour appelle à juste titre, le suicide français. On pourrait dire, le suicide occidental. Je suis persuadé que ça sent moins mauvais en Russie ou en Chine, voire dans tout le reste du monde, où les femmes ont encore des valeurs traditionnelles et ne sont pas obsédées à l'idée de castrer le mâle.

Merci Bob G., je te prendrais bien comme avocat dans le procès que j'aimerais faire à mes deux parents. On ne met pas un enfant au monde pour l'accabler de sa haine, son irresponsabilité, son incompétence, sa propre incurie. Bon après comme je ne crois pas du tout au libre arbitre je ne peux pas non plus à mon tour complètement les accabler, puisque selon moi personne n'est libre et tout le monde dépend entièrement des circonstances. C'est pour cela d'ailleurs que Marx disait à juste titre que si les circonstances sont déterminantes, il convient de les rendre plus humaines, et que cela devrait être le seul rôle de la société. Mais je trouve anormal que je doive payer pour leurs fautes dont ils se sont déchargés sur moi, comme dans un acte sacrificiel ou l'enfant doit entièrement porter le poids des excès de ses parents. C'est uniquement pour cette raison que je regrette la religion et les notions de sacrifice et de culpabilité qui l'accompagnent, ils auraient peut-être pu y trouver un exutoire à leur cruauté intrinsèque. Peut-être auraient-ils pu détourner cette cruauté vers un autre objet que la créature innocente qui n'avait pas demandé à venir au monde qu'ils avaient enfantée, c'est-à-dire envers eux-mêmes, ou au moins en prendre conscience afin de l'atténuer. Peut-être ? Mais ils ont surtout voulu se décharger de tout sentiment de culpabilité, et surtout pas consentir au moindre sacrifice de leur personne. Alors que leurs parents l'avaient fait pour eux, enfants gâtés qui deviendront parricides, matricides, puis infanticides.

Encore une fois, et là je sais que je vais provoquer ton extrême lassitude, cela me paraît symptomatique de la génération des boomers, mais chez mes deux parents de façon complètement exagérée, paroxystique, voire pathologique. Notons qu'un tel comportement a déjà entraîné le suicide de mon cousin germain à 23 ans en 1990, et je le pense l'autisme de ma demi-sœur que mon père a eu avec une autre femme. Beaucoup de sacrifiés dans ma famille, et ce sont toujours les enfants des boomers. Certains boomers de ma famille qui ont pris au pied de la lettre le slogan de 68, "jouir sans entraves". La religion est juste un garde-fou pour ceux qui ne savent pas penser raisonnablement par eux-mêmes, sans exagération ni cruauté, ou de façon péremptoire et agressive, comme cette Chantal M. et à dire vrai la majorité des gens de nos jours, en paradigme néolibéral et consumériste de guerre de tous contre tous.

Rousseau disait déjà que ce qu'il y a de meilleur en l'Homme est sa capacité d'éprouver de la pitié pour son semblable, à condition d'être mis en situation par la société de pouvoir éprouver cette pitié qui lui est naturelle - c'est pour cette raison qu'il dit que c'est la société qui le rend mauvais alors qu'il est naturellement bon.

Si le mot de pitié peut sembler de nos jours péjoratif, mièvre, on peut très bien le remplacer par des mots qui passent mieux aujourd'hui, comme empathie ou compassion. Mais cela veut dire la même chose dans mon esprit. Nous vivons une époque de cruauté et de cynisme, où dire de quelqu'un qu'il est capable d'éprouver de la pitié et donc qu'il est gentil, veut dire qu'il est idiot. D'ailleurs le terme de pitié est devenu tellement péjoratif qu'il fait honte à celui qui la reçoit, y voyant une forme de mépris inégalitaire et aristocratique, irrespectueux de sa dignité et des droits de l'Homme. Ce qui constitue un comble quand on sait le rôle déterminant qu'a joué Rousseau dans l'élaboration de la société des droits de l'Homme, et le rôle central que joue la pitié dans son œuvre.

Nos contemporains refusent obstinément d'éprouver ce genre de sentiment, et lui préfèrent le terme de résilience (Boris Cyrulnik) servi à toutes les sauces, qui questionne l'individu mais non l'ensemble de la communauté, alors comment la mettre en œuvre dans une société ayant perdu son humanité comme c'est le cas aujourd'hui ? Se centrer uniquement sur l'individu en faisant totalement abstraction du contexte social, c'est le grand reproche que je fais aux psys en général. Les psys tombent finalement dans le même délire individualiste que les néolibéraux pur jus, ou alors ne sont-ils rien d'autre que les idiots utiles du néolibéralisme ?

Non pas donner moins que ce que l'on a reçu, mais pire pour un pervers, n'est pas insoutenable. Un pervers n'a pas de morale. Je ne pense pas que le fait de se regarder dans un miroir lui pose problème. Et puis il n'y a pas que la responsabilité des individus, il y a la responsabilité collective qui est déterminante, dont les psys sont majoritairement dans le déni parce qu'ils estiment, peut-être à juste titre, que ce n'est pas leur rôle. Et si la société devient à son tour entièrement pervertie par les circonstances, peuplée majoritairement d'individus pervers et immatures, alors il n'y a vraiment plus aucune responsabilité individuelle possible, ni aucune forme de bonté, et le rôle des psys devient dorénavant totalement caduc.

Être pervers c'est prendre par derrière, quand on peut prendre par devant par un système d'échange de don et de contre-don. Être pervers c'est enculer autrui, au sens propre et au figuré, c'est baiser son prochain. Une société devient perverse lorsque la norme y devient de baiser son prochain, comme en paradigme néolibéral. Mais à lire Rousseau, peut-être qu'il en a toujours été ainsi depuis la nuit des temps. Le pacte républicain influencé par Rousseau n'a strictement rien arrangé, c'est peut-être cela qui est le plus désolant. Ce pacte a contribué à abolir d'abord avec la loi Le Chapelier dès 1791 toutes les solidarités d'ouvriers, d'artisans, de corporations, puis désormais familiales avec la chasse aux sorcières à l'homme blanc de plus de 50 ans, aux "violents" avec leurs femmes. Loi Le Chapelier qui constitue selon Marx un véritable "coup d'État des bourgeois", ce qui n'a pas empêché le pauvre homme d'être guillotiné en 1794. Aujourd’hui l’objectif des néolibéraux pur jus est de dissoudre la famille, ou ce qu’il en reste, avec l’aide de leurs idiots utiles d’extrême gauche, néoféministes, anti-patriarcaux, le dernier socle à abolir afin de rendre la société en voie d’ubérisation, entièrement fluide et nomade.

Je crois que j'ai moi-même un côté pervers assez prononcé, en plus petit que mes parents et sans l'accord de la société dans le contexte actuel, mais beaucoup plus nocif pour moi-même - puisque ma femme m'a rejeté. Car mes parents sont malheureusement deux très grands pervers, mais qui arrivent à se décharger de leurs pulsions négatives vers l'extérieur. Et on ne devient pas pervers, on le reste, c’est une carence de l’évolution normale vers l'âge adulte. Mon père est authentique pervers de naissance, c'est une expression (car en réalité ses propres circonstances familiales ont joué un rôle déterminant), et ma mère a été pervertie par son milieu d'adoption (la bourgeoisie parisienne "sympa" post soixante-huitarde), elle s’est amoindrie par rapport à son milieu d’origine alors qu’elle a cru en sortir plus grande, à cause de l’énorme complexe lié à sa petite taille. Enfin mon père a des circonstances atténuantes, c'est un authentique "pervers de naissance" couvé et même encouragé par son milieu, mais ma mère s'est laissé pervertir par son milieu d'adoption, c'est bien plus grave car elle provenait d'un environnement sain. Cependant elle était la petite poupée précieuse préférée de son papa. Toute la perversion de mon milieu familial s'est entièrement retournée contre moi.

3 commentaires:

  1. En tant que psy, je peux apporter ma pierre à l'édifice que vous echafaudez. Les psys ne peuvent faire autrement que de partir de l'individu car c'est l'individu qui parle de lui. Le contexte est un avatar qu'il créé à travers son propre prisme. Le contexte, en soi, n'existe pas. C'est une création de l'individu. Ceci dit, et même s'il est désormais fortement décrié, Lacan a tenté une approche plus globale, sociale, de la clinique. La psychologie sociale aussi, mais elle a été récupérée, parfois avec ses théoriciens, par la pub, les écoles de commerce, les rh, et est devenue une vaste entreprise de manipulation des masses.

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  2. Intéressant. Les circonstances seraient selon vous les seuls maîtres du jeu sans échappatoire possible ? Il y a pourtant eu quelques échappés mais pas majoritairement il est vrai

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  3. IL faut voir ça de manière systémique : l'homme fait fa société qui, à son tour, modèle l'homme, et ainsi de suite. IL est vrai q'après la guerre, et surtout dans les années 60, ne supportant plus les carcans de l'Eglise et la société puritaine, on a glissé vers l'inverse, y compris des psychologues comme François Dolto, et qq part, Lacan. Heureusement il y a un retour à présent vers plus d'équilibre. "In medio Virtus" Je suis né en 1943, et j'ai vécu intensément cette période débridée, sans évidemment tomber dans les excès dont tu parles. La psychothérapie actuelle n'est plus dans ce laxisme, notamment à propos des abuseurs sexuels et autres pédophiles. Retour à la loi et aux sanctions. Mouvement dialectique peut-être. Ceci dit, je ne sais pas ce que tu cherches en exposant tout ce malheur sur ton blog : tu vas y rencontrer certes des "sauveurs", mais attentions aux "persécuteurs" comme cette dame là plus haut ou tout simplement ta mère ou ton père.

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