Il
y a eu droite des valeurs et droite du travail au XIXème siècle avec toute la
misère prolétarienne que cela a engendré. Puis gauche du travail et droite des
valeurs durant les Trente Glorieuses keynésiennes permettant la constitution
d'une classe moyenne puissante et nombreuse, ni pauvre ni riche, ni bourgeoise
ni prolétaire, mais créatrice et en voie d'accomplissement, de 1945 à 1979. Un
formidable vent d'optimisme a soufflé sur l'Occident permettant d'envisager
comme possibles toutes les utopies de la jeunesse. La contre-révolution
néolibérale (Hayek et Friedman, toute l'école de Chicago, ayant influencé
Thatcher et Reagan, et même Pinochet) a imposé depuis les années 80 une droite
du travail s'accommodant finalement très bien d'une gauche des valeurs... La
gauche de gouvernement a accompagné une telle contre-révolution, qu'avec le
recul on pourrait taxer de réactionnaire, car elle s'est accompagnée d'un recul
des libertés réelles c'est-à-dire de la liberté d'action.
Je m'explique :
C'est en réalité un retour en arrière sous le prétexte fallacieux du progressisme des droits de l'Homme, et c'est Mai 68 et la naïveté des étudiants qui l'a paradoxalement rendu possible. Les gens se sont laissés duper par des chimères sociétales leur faisant croire en une fausse émancipation, et on ne leur rendra pas tout ce qu'ils ont perdu : la valeur d'usage qu'ils ont troquée contre la valeur d'échange. En perdant leurs valeurs traditionnelles, représentées sous la forme de l'autorité du gaullisme social qui n'était pas un autoritarisme, qu'ils ont foulé aux pieds par bêtise et naïveté, ils ont aussi perdu la valeur d'usage de ce qui faisait leur foyer, leur chez-soi. Désormais tout s'échange et se monnaie au sein d'un univers nomade qui n'a plus d'ancrage, où le monde du travail est sans pitié, en voie d'ubérisation, où l'immobilier est hors de prix et inaccessible pour les jeunes générations (alors que les baby-boomers y ont eu accès pour une bouchée de pain), et où les corps ainsi que les rapports humains se marchandisent. Le néolibéralisme est aux manettes, l'extrême gauche est l'idiot utile avec son wokisme, son islamo-gauchisme, son projet utopique d'émancipation sociétale, et l'extrême droite nous fait entendre un chant des sirènes séduisant mais ne pouvant duper que ceux qui sont assez naïfs pour y croire. Que propose l'extrême droite ? Un retour à l'idée de cohésion nationale. On constate effectivement que lorsqu'il y n'y a plus de communauté religieuse, puis plus de communauté nationale, l'individu se retrouve livré à lui-même, à ses pulsions, à sa plus simple expression. C'est alors que se croyant émancipé, délivré de toute contrainte transcendante, domine dans le monde du travail et jusqu'au sein de la cellule familiale, la guerre de tous contre tous.
La guerre est dans la nature humaine, elle est le propre de l'Homme avec un H majuscule, femmes incluses bien entendu. L'Homme est aujourd'hui bien plus barbare dans la vie civile qu'il ne le fut au temps des grandes communautés religieuses qui se livraient des guerres, parfois fratricides entre elles, puis des grandes communautés nationales qui ont quand même entraîné les deux boucheries que furent les deux guerres mondiales. C'est pour cela que sur bien des aspects, l'extrême droite apparaît bien plus policée et civilisée que l'extrême gauche, où l'Homme se retrouve réduit à sa plus simple expression et à ses pulsions primaires et sexuelles qu'il porte en bandoulière. Mais le danger sous-jacent de l'extrême droite qu'il ne faut jamais oublier, c'est la guerre entre les nations sous le prétexte du nationalisme.
Deux
questions : comment s'en sortir ? Faut-il accepter que l'individu soit
contraint de prostituer son âme - c'est-à-dire ce qui le relie à la communauté (qu'elle soit religieuse ou nationale) - pour s'adapter à un tel rythme infernal, purement individualiste, en totale
contradiction avec tous les équilibres naturels ? Un type comme Rousseau
aujourd'hui serait interné d'office à l'hôpital psychiatrique, et plus généralement tous
les philosophes des Lumières transposés à notre époque seraient complètement
inadaptés et effarés du résultat de leurs plus folles espérances. Seul Voltaire, l’intrigant,
sortirait peut-être son épingle du jeu en nouant des alliances avec Attali et
Minc, et dans un cadre luxueux bien sûr !
Mes
parents se sont enrichis tout à fait par hasard, profitant de la conjoncture
favorable des Trente Glorieuses. Mais ils n'avaient aucune des valeurs qui
permettent de transmettre. Si la classe dominante est aujourd'hui aussi
puissante n’est-ce pas parce qu’elle a ces valeurs qui lui permettent de
transmettre ? Des valeurs qu'avaient aussi mes grands-parents. La question
est comment une génération globalement accidentellement enrichie, celle des
baby-boomers, est-elle devenue aussi égoïste ? Il est vrai que la bourgeoisie
n'a en réalité aucune valeur contrairement à l'aristocratie et à mes
grands-parents. Dans la bourgeoisie on ne croit qu'à son rang dans la
hiérarchie sociale et l'on fait semblant d'avoir de l'honneur.
On peut être patriote sans être nationaliste (anglais, danois, autrichiens, etc...clairement pas le gouvernement français).
RépondreSupprimerAujourd'hui, l'extrême gauche mélenchoniste est le meilleur allié des Attali et Minc, les super ultra-libéraux( ou on peut même y ajouter Macron) pour leur volonté d'ouverture totale des frontières.