mercredi 11 février 2015

Welcome to DSK

Il y a un excellent film sur DSK : Welcome to New York, d'Abel Ferrara, DSK interprété magistralement par Depardieu, ce film a beaucoup fait pour faire remonter dans mon estime cet acteur, par ailleurs il en dit beaucoup plus sur DSK que tous les discours. Après on aime ou on n'aime pas ce style de personnage, personnellement je le trouve assez abject, mais avec une grande lucidité et une grande intelligence sur ce qu'il est et sur l'état du monde, qu'il vomit en tant que responsable, témoin de l'abjection libérale économique, en première ligne. Ses frasques pourraient être la compensation d'un cynisme qu'il voyait à l'œuvre dans les rapports économiques entre le hommes ; et tout son dégoût il l'a recraché dans ses rapports avec les femmes. Un homme aussi meurtri narcissiquement, et donc aussi cynique, avant même l'affaire Nafissatou Diallo, aurait évidemment fait un très mauvais président de la république, à moins que l'on ne fasse du cynisme et de la perversion sexuelle une vertu morale. Après tout "vice privé, vertu publique", disent les libéraux.

Quand les Américains font des films sur l'Amérique, et qu'ils dépeignent sans concession la réalité la plus sordide mais pertinente sur leur propre pays, comme ils savent le faire, on crie à juste titre au génie, ce que les Français ne savent pas faire. Les Français ont du mal à montrer au peuple la réalité, seules les élites savent et ne disent rien. Quand un Américain comme Abel Ferrara appuie là où ça fait mal dans un film comme Welcome to New York, on crie au scandale, on l'accuse de bassesse voire bien pire, là où si il avait parlé de l'Amérique on aurait salué sa lucidité.  C'est là tout l'hypocrisie française, notre spécialité ; et là où les Américains auraient des leçons de démocratie à nous donner. N'oublions pas que son film comme toute œuvre d'art ne prétend pas traduire la vérité mais se vante d'en être une interprétation, car il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations ; c'est pour cela que la loi qui ne prétend s'appuyer que sur les faits pour appliquer son jugement est moins puissante que l'art, et surtout objectivement beaucoup plus injuste, mais passons. Les Américains parce que ce peuple est plus "populaire" que le vieux peuple de France, d'origine aristocratique (une origine à proprement parler, non partagée par le peuple, mais qui en tant que faisant partie d'une société aristocratique en a pris les habitudes), malgré son récent pédigrée républicain, ont un côté "fouille-merde" ; qui comme aurait dit Nietzsche des Français, répugne à nos vieilles mœurs aristocratiques. 

1 commentaire:

  1. Très belle analyse d'Erwan Blesbois
    Pour avoir vu le film je partage son avis.

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