jeudi 15 février 2018

L'UJPF est-elle une organisation juive à caractère antisémite ?


Moi : « Vous n'êtes pas très crédible, car vous avez toujours des images qui culpabilisent tout le monde et qui atteignent constamment le point Godwin. J'entends bien que vous soyez meurtris dans votre chair par les exactions du nazisme. Mais hormis les juifs, pensez-vous que le monde entier soit méchant et/ou mauvais ? Et n'attribuez-vous pas la responsabilité du mal à tous les autres peuples, le peuple juif étant par "essence", "innocent", "pur" et "bon". N'est-ce pas faire preuve un tantinet d'esprit de partialité ? »

Un sympathisant : « Pourquoi tout le monde? Uniquement l'Europe à part l'Angleterre et Mohammed Amin al-Husseini grand mufti de Jérusalem et grand collaborateur des nazis pour l'extermination des Juifs. Il culpabilise qui? Les nazis et le p’tit mufti ? Faut espérer ! »

L'intransigeant : « Vous retournez les choses c'est le plus grand nombre qui dit que le peuple juif est coupable. Ne serait-ce que pour cela nous pouvons, nous qui ne sommes pas narcisses à ce point ni paranoïaques, dire que les quelques millions qui habitons cette terre ne peuvent être responsables des malheurs de milliards d'individus. »

Le polémiste : « Exactement ce que dit l'intransigeant ci-dessus, "vous retournez les choses", etc.
Outre la Shoah, vous ne pouvez nier que les Juifs sont persécutés depuis des temps immémoriaux.
Vous parlez du "monde entier". Les Juifs représentent en effet moins de 0.2% de la population mondiale.
En France, ils en restent moins de 0.7% de la population totale. Aujourd'hui même, sur notre propre sol, ils sont obligés de fuir les persécutions et même les meurtres. Que voudriez-vous qu'ils fassent ?
Quelle que soit leur prétendue nature, pensez-vous vraiment qu'ils soient en mesure de se rengorger ainsi que vous semblez le suggérer ?
Je me demande si, car ils sont aussi humains que nous quoi qu'on en dise, certains d'entre eux ne finissent pas, eux aussi, par se laisser persuader naïvement qu'ils sont persécutés par la faute d'Israël. »

Le libéral : « Pour ma part je ne juge aucun peuple. L'histoire d'un peuple, quel qu'il soit, est une suite de crimes de misères et de folies, et la raison en est que les hommes sont de méchants singes. Quand on a compris ça, on devient assez indulgent pour tout le monde. J'aimerais que les petits enfants palestiniens reçoivent une meilleure éducation, et les petits français aussi. Je n'ai jamais entendu un des amis et soutiens des Palestiniens parler de cela. »

Le militant de gauche : « Il faut arrêter de leur raconter des histoires (aux enfants). Le peuple juif est un mythe. Ça les enduit avec de l'erreur ! »

Un sympathisant : « Vraiment n'importe quoi ! Et oui on compare la Shoah maintenant aux terroristes du Hamas qui eux seraient des vicitmes innocentes et non des victimes d'une guerre qu'eux menent toujours en premier. »

Le militant de gauche : « Quand on prend un peu de recul, la plupart des victimes sont innocentes. »

Un républicain : « Là, c'est quand même plus rigolo que d'habitude, parce que c'est une association juive qui se tient mal et qu'il n'est pas donc possible d'amalgamer aussi facilement (et paresseusement) son antisionisme/sa critique de la politique d'Israël avec de l'antisémitisme, comme il est courant ici. »

Le libéral : « L'antisémitisme existe aussi chez les juifs et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Bizarre, mais c'est comme ça. »

Moi : « L'esprit d'impartialité est justement de ne pas faire porter la responsabilité du mal à un seul peuple ou bien à tout le monde sauf ce peuple, mais de tout mettre sur la table en essayant d'être le plus juste possible, à l'instar du comportement des Grecs anciens, et à l'opposé de celui d'un Johnny Halliday dans le partage de son héritage. Ce sont des situations d'injustice à la base, qui génèrent ensuite les pires crimes, par esprit de revanche ou de vengeance. Mais qui est encore capable de juger sans esprit de partialité, dans les débats passionnés que mettent en scène les commentaires du magazine Causeur ? »

L'Israélien : « Les non-juifs ne peuvent pas avoir la même sensibilité que nous sur ces questions. Chez nous qui sommes un petit peuple, chaque mort est comme un membre de notre famille qui disparait. On est en peine, on souffre, on l'enterre, on pose un caillou sur sa tombe fraichement remuée. Et on pleure. Quand c'est la moitié de notre famille, six millions, c'est insoutenable. Ça reste comme un poids en fonte qui écrase notre cœur. Qui peut comprendre ça si ce n'est un membre de la famille, de cette grande famille que nous formons, même sans nous connaitre tous. Mais « eux », qu'en savent-ils, comment pourraient ils resentir la même chose, et pourquoi le devraient-ils ? La seule chose que l'on puisse attendre des nations c'est le respect pour notre souffrance permanente, et le silence. Celui des enterrements, le silence des cimetières quand il nous arrive de nous rappeler de cette immense tragédie qu'a été la Shoah. »

Le polémiste : « Je ne vois pas où vous voulez en venir Erwan... »

Moi : « Dès qu'on essaie de prendre un peu du recul ou de ne pas prendre parti comme des membres d'une secte néolibérale, islamiste ou autre, vous ne voyez jamais où l'on veut en venir : ceux qui vous critiquent sont par nature coupables, c'est comme ça que vous les discréditez, et vous vous sentez par nature innocent. Je n'ai pas envie de me sentir coupable, donc je ne rentrerai pas dans votre jeu malsain à base de points Godwins récurrents. »

L'intransigeant : « Votre galimatias est incompréhensible : c'est quoi votre problème contre les juifs ? Vous êtes antisémite ? Soit ! Dans ce cas ça relève de la psychiatrie et rien d'autre donc il faut se faire suivre comme on dit... »

Le républicain : « Je sens la proposition - surtout d'une seule ligne et n'argumentant pas mais affirmant tranquillement - conçue principalement pour (re)conforter les convictions qui sont les vôtres, fussent-elles peu étayées, plutôt que pour contribuer à plus d'intelligence sur les phénomènes pouvant nous paraître "bizarres". À ce compte-là, généralisons : tout être humain a plus ou moins d'inclination à la haine de soi (et donc, entre autres, des principaux aspects spécifiques qui le constituent en propre). C'est regrettable, mais qu'est-ce que ça a à voir avec l'antisémitisme haineux et peu éclairé « envers l'autre », qui est à combattre ? Rien de significatif. Cette UJPF a l'air gauchistement délirante, mais ce que vous autres, Phalange-sioniste-active-chez-Causeur cherchez à étouffer par une étonnante posture symétrique du Point Godwin, ce qui est en soi révélateur, c'est simplement la possibilité d'une critique de gauche raisonnable de la politique d'Israël, une gauche qu'on n'entend quasiment plus, là-bas, et ça fait partie des dérives que l'on en droit de critiquer sans encourir de stupides stigmatisations comme celle dont nous discutons. »

Moi : « Comment voulez-vous que les Français s'unissent pour lutter contre le péril islamiste sur de telles bases ? Certains Juifs jouent constamment sur la corde sensible de l'antisémitisme pour que les Français se sentent coupables, un peu de tout et de rien (croisades, guerres de religions, colonialisme, esclavagisme, torture en Algérie, Shoah etc.), mais surtout de la Shoah.
Sans fond commun les Français ne pourront plus s'unir, car comme le souligne pertinemment quelqu'un comme Zemmour, ils ont renoncé à leur identité qui était leur roman national, pour se suicider eux mêmes depuis 1968. Il n'y aura donc personne pour s'opposer au péril islamiste en France, sinon sur quelles bases ? La défense de l'intégrité de l'État israélien ou la sécurité des ressortissants de confession juive, en France ? Si l'on suit le fil de mon raisonnement jusqu'au bout cela débouchera sur le scénario catastrophe évoqué dans le roman de Houellebecq : Soumission...
Je suis non-juif est je me sens suffisamment sensible à votre souffrance par le biais de ma génitrice qui s'est laissée embrigader par la secte de ceux qui exhibent constamment leur souffrance pour en retirer des avantages sonnants et trébuchants. Si ils voyaient l'usage que certains font de leur mort, je parle de l'instrumentalisation de la Shoah, bien des Juifs victimes du crime le plus abominable de l'histoire (je ne conteste nullement ce fait avéré et établi) se "retourneraient dans leur tombe". Le meilleur moyen de rendre hommage aux morts est de les laisser "reposer en paix".
La Shoah est un héritage funeste à méditer pour l'humanité entière sur le mal que peut générer l'espèce humaine mise dans des situations extrêmes (cf L'espèce humaine, Robert Antelme), ce n'est même pas l'héritage du seul peuple juif. Autrement cela débouche sur tous les abus d'instrumentalisation, et l'esprit de partialité inouï dont on voit constamment l'expression outrancière dans les commentaires du magazine Causeur. L'espèce humaine, le bien comme le mal qu'elle est capable de faire, est Une, il n'y a pas de petits groupes innocents par nature et d'autres coupables par essence. Et oui quand on médite sur l'Histoire récente de l'humanité on constate que l'homme générique (par delà ses appartenances religieuses, spirituelles ou laïques) est plutôt pécheur et ontologiquement coupable, plutôt que bon par nature.
Notre société repose sur la victimisation et les avantages que des « minorités » peuvent en retirer sur la plan politique et économique, qu'il s'agisse des femmes, des juifs, des musulmans, des noirs descendants d'esclaves, et pourquoi pas des Bretons comme moi. Tout le monde utilise la même dialectique victimaire pour clouer le bec de son interlocuteur. Si l'on fait la somme des « minorités » persécutées, elles sont largement majoritaires dans le pays. »

L'intransigeant : «Vous vous sentez suffisamment sensible à notre souffrance ? Mais on ne vous demande rien.
Notre souffrance, comme vous dites, fait partie de votre histoire. Méditez là, cette histoire, réfléchissez à comment vous en êtes arrivés à un tel degré d'ignominie. Cela, c'est votre héritage.
Occupez vous de votre héritage et nous nous occupons du nôtre. »

Le polémiste : « Vos délations et dilutions seront (sont?) appréciées à leur juste absence de valeur sur des sites d'une sphère lointaine. »

Moi : « Délation... Et quand Proust parle du rapport qu'il a eu avec sa mère, là aussi il y a délation ? On est ni responsable ni coupable du rapport que l'on entretient avec ses ascendants, et notre devoir est d'en rendre compte lorsqu'on estime que c'est nécessaire. »

La prof d'Histoire : « Une chose que dit Erwan avec laquelle je suis d'accord si vous permettez : la Shoah fait partie de l'histoire des juifs mais pas seulement. Elle appartient à l'histoire de l'Europe et au-delà, à l'histoire de l'humanité. Je me sens concernée par ce qui a été fait à Auschwitz parce que ça a été fait par des hommes, à des hommes que l'on ne considérait plus comme des hommes. »

L'Israélien : « Je vous dirais ce que j'ai répondu à Erwan plus bas : "vous pouvez compatir, mais pas vous substituer à nous". C'est comme dans un enterrement, au premier rang c'est la famille, viennent ensuite les amis. »

La prof d'Histoire : « Je ne cherche pas à me substituer à vous. Je ne me place pas sur le plan de l'émotion. Je ne cherche pas à faire une hiérarchie des souffrances (Cela, c'est ce que croient ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez). Je dis qu'intellectuellement, ce qui s'est passé là, constitue une césure dans l'histoire de l'humanité. Je ne peux comprendre votre souffrance mais je j'ai un vertige immense quand j'étudie cette histoire particulière. »

Le polémiste : « Personne ne nie la dimension universelle de ce fait historique. C'est bien pour cela que "l'argument" arabe qui consiste à dire "on n'a pas à payer le prix de ce crime" n'est pas vraiment recevable. »

Un républicain : « Je ne sous-entends pas qu'il y ait une solution à ce conflit cinquantenaire - dont les répliques perturbent la plupart des régions du monde sur toute cette période - dans le retour au "statu quo ante". Aussi bien pour un bénéfice local que pour faire cesser ces "répliques" très pénibles en plus de l'état du monde actuel, il faut vouloir trouver une solution à partir de la situation actuelle, ce que ne commence pas à essayer de faire le gouvernement d'Israël depuis trop d'années, ce pour quoi il est critiquable. Personnellement, j'aimerais voir advenir une solution confédérale où pendant une période initiale, Israël assurerait les fonctions régaliennes (et une remise à niveau des ressources) pour une Palestine désarmée, qui serait ainsi provisoirement sous tutelle. »

L'intransigeant : « "dont les répliques perturbent la plupart des régions du monde sur toute cette période." Vous considérez les juifs à l'origine de tous les conflits du monde ? Argument antisémite classique. Reprise du Protocoles qui se trouve sur votre table de chevet. »

Un républicain : « À propos de la remarque de Finklielkraut comme quoi il "regrette de voir l'antisémitisme coincé aujourd'hui entre le racisme et la haine anti-LGBT" je crois qu'il faut remarquer que les stratégies de combat et la dialectique des minorités visibles (femmes, noirs, homosexuels, musulmans...) ont été inaugurées par les groupes de pression et des intellectuels juifs entre 1950 et 2000 ce qui explique que l'on puisse parfois les ranger dans le même sac : celui des groupes qui demandent des traitements particuliers en raison de leur appartenance à une minorité menacée ou discriminée... Les musulmans en particulier ont beaucoup appris des juifs dans leurs efforts pour se victimiser et retournent contre ces derniers leur propre dialectique dans une nouvelle version de l'arroseur arrosé. Il y a pourtant une logique imparable dans ce retournement de situation : le concept de minorité est l'ennemi de celui de nation et de démocratie et donc, à terme, de liberté individuelle. Pour qu'un État-nation (et donc une démocratie) puissent fonctionner il faut qu'il limite au maximum le sentiment qu'ont certains de ses citoyens d'appartenir à des minorités, sentiment qui va parfois jusqu'au point où ces appartenances finissent par primer sur le sentiment d'identité nationale. La démocratie c'est la nation solidaire et unie, c'est l'union des citoyens qui luttent ensemble pour un même idéal, pas une somme de minorités qui luttent les unes contres les autres pour tirer le meilleur d'un système politique et d'un État. »

Moi : « Ah oui j'avais oublié ! Vos adversaires (les Golems qu'en réalité par votre attitude dogmatique et sectaire vous avez contribué à créer), c'est-à-dire tous ceux qui n'adhèrent pas aveuglément à votre idéologie néo libérale et mondialiste, en plus d'être l'incarnation du mal, sont de quasi réincarnations d'Adolf Hitler individuelles, et sont tous globalement des nihilistes caractérisés par leur absence de valeurs. Ce faisant vous vous privez d'alliés intéressants dans votre lutte légitime contre l'islamisme. »

Le libéral : « Oui monsieur, et je ne sais pas qui est votre génitrice ni de quelle secte vous voulez parler, et je ne suis pas curieux de le savoir, mais ce vous êtes, vous, je le sais, et je parie que vous n'êtes ni juif, ni arménien, ni allemand des sudètes, ni ukrainien, ni biélorusse, sinon vous comprendriez certaines choses. Enfin je me trompe peut être et tout simplement vous n'avez pas de coeur. »

Moi : « Est-ce que je vous demande d'avoir du cœur avec mes ancêtres qui se sont fait massacrer par les armées républicaines en Bretagne et en Vendée ? Ou bien alors avec la quasi intégralité de mes arrières grands parents qui on péri lors de la première guerre mondiale, occasionnant des traumatismes irréversibles ? Je vous répète que la Shoah est le crime le plus abominable de l'histoire, je veux bien que certains se sentent meurtris dans leur chair plus que d'autres, c'est légitime, mais c'est aussi un héritage à méditer pour l'humanité entière. Autrement dit je ne me laisserai pas voler cet héritage, pour l'intérêt d'un seul peuple, fusse-t-il plus que les autres meurtri dans sa chair. Il faut arrêter de jouer avec le chantage affectif ! »

L'homme viril : « "je ne me laisserai pas voler cet héritage" ! Même si d'aucuns peuvent vous comprendre, sur le fond, vous devriez surveiller vos formulations. »

L'intransigeant : « Oui, après avoir fait disparaître la moitié des juifs d'Europe, vous souhaitez voler à ceux qui ont survécu, jusqu'au souvenir de leurs morts? Vous êtes un grand malade, vous ! Peut être un haineux pathologique ? »

Moi : « Je n'ai pas dit ça, j'ai dit que cela constituait un héritage universel à méditer, à ne pas oublier, et également évidemment un deuil plus particulier pour ceux qui ont été meurtris dans leur chair. Vous dites, "vous", comme si c'était moi qui étais responsable de la disparition de la moitié des Juifs d'Europe. Écoutez, oui si vous voulez c'est moi le diable, le grand malade responsable de tous vos malheurs. Est-ce que réellement on peut discuter sans être assimilé à une réincarnation d'Adolf Hitler ? »

L'intransigeant : « Vous avez exprimé exactement "cela". C'est vous qui avez dit "je ne me laisserais pas voler cet héritage". Comme si les juifs qui évoquent leur histoire familiale vous "volaient" quelque chose, par cette simple évocation. »

Moi : « Merci docteur Freud. Je sais qu'il n'est pas de bon ton d'avouer ses faiblesses sur ce genre de forum, sous peine de passer pour une mauviette avec des problèmes psychologiques. Mais c'est effectivement quelque chose de cet ordre là. Quelque chose qui a une relation avec ce que la nature humaine a de plus immonde. Comme le lavage de cerveau et la culpabilité imposée à une mère, au nom d'une cause supérieure, celle d'un certain génocide, pour qu'elle ne s'occupe plus de son enfant, mais de membres de la communauté qui fut persécutée. Ça ressemble un peu à un film de Polanski, effectivement, on peut penser à "Rosemary's baby". »

L'intransigeant (qui finalement transige) : « Cela ne ressemble pas du tout à "Rosemary's baby". C'est vous qui décidez de le vivre ainsi. Malgré votre âge certain, vous restez bloqué au petit, furieux que sa mère ait d'autres centres d’intérêt. Le problème, ce ne sont pas les juifs. Le problème, c'est vous et votre incapacité à accepter votre enfance.
Tous ceux de la génération d'après ont des stigmates de ce qu'ont vécu leurs parents. J'en fais partie. On fait avec, on n'accuse personne. On comprend bien que nos parents ont fait comme ils ont pu pour survivre et vivre avec ça. On sait bien, de plus à notre âge, que ce n'est pas facile d’élever des enfants, que même sans la Shoah, la guerre, nous aussi on a fait des erreurs avec eux.
Alors, en plus, avec ça, comment leur en vouloir de quoi que ce soit ? »

Moi : « Je suis entièrement d'accord avec vous. Il se trouve que j'ai été sensibilisé très tôt au problème que posait la Shoah au peuple juif, parce que dès ma prime adolescence j'ai été élevé au contact de ce que ma mère appelait "la tribu", et qui était un groupe d'amis juifs. Il se trouve que ma mère par une certaine forme de haine de soi (ou simplement de moi), a choisi de totalement me désinvestir symboliquement, pour totalement investir et faire d'un des membres de cette "tribu", son quasi fils spirituel, et qui fut en même temps son amant. Je suis même à peu près sûr qu'elle essaiera de me déshériter, à l'avantage de cette personne (même si je sais que dans le droit français, il est impossible de totalement déshériter ses descendants). Honnêtement je n'ai rien à redire sur ce groupe d'amis juifs, ils étaient sympas avec moi, toujours. Oui ce que je condamne c'est le comportement irresponsable de ma mère, et je ne devrais pas faire l'amalgame avec le peuple juif en général. C'est elle qui a fait des choix (Shoah ?), ce n'est pas ce groupe d'amis qui l'a forcée à quoi que ce soit. Mais comprenez que les dommages psychologiques induits par une telle attitude, peuvent susciter l'éclosion de fantasmes, car c'est toujours difficile pour un fils de totalement stigmatiser sa mère, et on lui cherche toujours des circonstances atténuantes, comme une forme d'emprise exercée de l'extérieur sur elle. »

Le libéral : « Et je ne me suis jamais permis de dire un mot sur les gens qui évoquent les colonnes infernales et les exploits de Turreau Carrier et du général Amey (on trouve son nom sur l'Arc de Triomphe), qui sont une préfiguration des Einsatzgruppen. Cette guerre m'intéresse beaucoup, c'est une tentative de génocide pour le bien de l' humanité. Je suis également très intéressé par le sort des Arméniens en Turquie des Tibétains des Ukrainiens au début des années 30 des Biélorusses entre 1941 et 1944 des Polonais de Galicie des Tchetchenes Ingouches Karatchaïs Balkhars Kalmouks Tatars de Crimée Grecs en Turquie et à Odessa Gitans Russes d' Asie centrale Allemands de Prusse orientale Silésie Sudètes etc etc etc. Je ne sais pas quel crime est le plus abominable de l'histoire parce que la concurrence est sérieuse, mais je trouve tout à fait naturel que certains peuples pensent plus souvent que d'autres au passé. Quant aux néolibéraux et aux golems, je ne comprends pas trop et je m'en fous complètement. En gros, Robespierre, Hitler, Adam Smith, même combat ? »

Moi : « Ne sommes nous pas passés d'un paradigme religieux à un paradigme sacrificiel qui découle de l'économie de marché dérégulée, avec un court intermède laïque qui ne générait pas assez de sens ? Sacrificiel au sens où l'on peut faire l'analogie avec une civilisation comme la civilisation aztèque, je m'explique. Au sein de la famille : sacrifice de l'un de ses membres généralement un des enfants ou le seul enfant, pour qu'elle fonctionne ; au sein de l'entreprise ou d'un groupe social, sacrifice d'une catégorie du personnel ou de certains membres du groupe pour qu'ils fonctionnent, au sein d'une nation, sacrifice de catégories de la population (chômeurs, sdf), pour qu'elle fonctionne. Alors que les religions faisaient la différence entre fidèles et hérétiques, ou fidèles et infidèles (selon la terminologie musulmane, les "infidèles"), avec tous les abus liés à l'intolérance que cela pouvait susciter (l'inquisition, les croisades, les guerres de religions) ; notre société sacrificielle, dont le leitmotiv est la jouissance très intense du réel immanent comme justification et comme récompense, sans principes transcendants d'origine divine ou spirituelle, et sans contraintes liées à la transmission d'une culture ou d'une civilisation, ne génère-t-elle pas une fabrique dualiste de bourreaux et de victimes ?
Enfin pour rendre compte de ce Réel traumatisant ou exaltant, cela dépend où l'on se situe, bien des œuvres d'art sont là pour en rendre compte. La noirceur de la vision de l'homme des premiers théoriciens libéraux, qui repose sur le fondement irréfragable de son unique intérêt personnel, de son isolement théorique au sein de la société, et du rapport de lui-même avec lui-même comme un Robinson Crusoé, et non sur la théorie anthropologique du don et du contre don qui sous-entend qu'il est avant tout un animal social qui puise sa richesse dans la relation avec autrui, interrelationnel observable dans toutes les tribus primitives et aussi dans la plupart des sociétés religieuses d'antan ou contemporaines, et enfin les conséquences de cette vision noire, pessimiste et pauvre, sur le fonctionnement de la société, est bien rendue visible dans une grande partie de la production artistique issue du cinéma (je pense tout particulièrement à un film comme "Crash" de Cronenberg qui rend compte du thème de l'automutilation), de la bd, ou de la littérature.
Pour conclure la crise actuelle ne vient-elle pas d'un contresens par les théoriciens libéraux, de ce qui fait la nature profonde de l'homme, et aboutissant aujourd'hui à des phénomènes comme le sacrifice ou l'automutilation ? Ce vaste contresens n'est-il pas à l'origine de l'aporie ou crise de civilisation gigantesque dans laquelle nous nous trouvons ? »

Le polémiste : « blablabla incompréhensible, fumeux et prétentieux. Ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut ouvrir sa grande g.... »

Le libéral : « Il y a plus d'assassins au Venezuela qu'en Suisse. »

Moi : « Tout être humain est digne de donner et de recevoir. C'est plus conforme à sa nature et à sa dignité d'être humain, que la poursuite de son seul intérêt personnel. Caractérisation purement individualiste faite de lui par les premiers penseurs libéraux (parmi lesquels Adam Smith), et qui l'abaisse non pas au rang de la bête, mais plus bas encore que la bête. »

L'israélien : « Je ne crois pas que vous soyez antisémite, ce serait dommage pour votre fille, en bon père que vous semblez être. Mais vous n'êtes pas un endeuillé vous-même. Vous pouvez juste compatir, pas nous juger. Notre ressentiment, notre souffrance nous appartient. Elle n'est pas un bien commun. Personne ne vous empêche de mettre un caillou sur nos tombes, mais leur entretien est à notre charge, c'est notre concession, pas la vôtre. »

Moi : « Pourquoi alors l'enseignement de la Shoah est-elle l'enjeu crucial de l'Éducation nationale, faudrait-il y renoncer ? Il faudrait renoncer au fait que cela constitue non pas seulement un deuil privé légitime, mais un bien publique au sein de la chose publique qu'est précisément la République ? »

Le libéral : « Ah parce que vous pensez qu'un libéral est incapable de donner et de recevoir ? »

Moi : « Vous ne pouvez nier la crise de civilisation dans laquelle nous nous trouvons, et qui est aussi un élément d'explication de l'émergence d'un phénomène comme l'islamisme. Autrement dit sans libéralisme il n'y aurait pas d'islamisme virulent en Europe ? Oui je le pense... »

Le libéral : « N'importe quoi... Si vous avez tellement la nostalgie du marxiste, il y a encore des pays qui le pratique qui peuvent très bien vous accueillir. »

Moi : « Cet héritage qui appartient au patrimoine universel de l'humanité, quand je dis « je » (« je » ne me laisserai pas voler cet héritage), très immodestement j'aimerais parler pour ce qu'il y a d'universel en l'homme, au nom de tout ce qui échappe à ses particularismes, nature universelle et intemporelle de l'être humain, rendue par bien des penseurs, écrivains, artistes d'origine juive notamment, puisque des circonstances contingentes (que j'ai déjà expliquées) ont permis à ce peuple de survivre à l'Antiquité, contrairement aux Grecs anciens, aux Romains ou aux Gaulois.
Pour ma part je comprends tout à fait le besoin pour les Juifs, de savoir que quelque part ils peuvent se sentir en sécurité, et ce quelque part est la terre d'Israël, avec le moins d'injustices possibles souhaitables sur le partage des terres entre Israéliens et Palestiniens (je sais que la situation est très complexe), je ne leur jetterai pas la pierre sur la gestion du conflit israélo-palestinien.
Tout comme pour la France à défaut désormais d'un fond commun religieux comme le catholicisme à la base de son identité et qui remonte au baptême de Clovis, ne peut-on envisager au moins l'enseignement du roman national, c'est-à-dire de l'histoire tout court, sans qu'on la censure au nom du politiquement correct ?
Moi ce qui m'intéresse plutôt c'est le sort de la France, plus encore que celui d'Israël. Et la France ne va pas bien, mais alors pas du tout. Finkielkraut dit que « nulle sphère de l'existence n'échappe désormais au principe marchand ». Allons plus loin, le déclin de la France est une conséquence directe du triomphe du libéralisme, et du communautarisme multiculturel qui est une de ses conséquences. »

Le polémiste : « Plus haut dans le fil de la conversation, vous avez évoqué l'expression "chantage affectif", je ne comprends pas ? »

Moi : « "Chantage affectif" renvoie au recours trop systématique et banalisé de photos qui évoquent la persécution des Juifs durant le seconde guerre mondiale, pour les comparer à la situation actuelle sur le rapport des Juifs avec les musulmans, le point Godwin est systématiquement atteint, j'appelle cela jouer avec les émotions de vos lecteurs pour emporter leur adhésion. Tout comme l'intervention en Irak fut justifiée notamment par la comparaison de Saddam Hussein avec Hitler. La banalisation de la persécution des Juifs à tort et à travers, risque à terme de vous desservir et de se retourner contre vous. Car vos adversaires sont suffisamment intelligents pour comprendre vos techniques de combat afin de les retourner contre vous. Ce que les islamistes ont commencé à faire en France, non seulement contre les ressortissants français d'origine juive, mais aussi contre l'enseignement de l'histoire du roman national à l'école, et plein d'autres choses, par la victimisation qu'ils savent très bien faire de leur "communauté" musulmane au sein de la nation française (bien que la notion de "communauté" ne soit pas conforme au modèle français d'intégration). Au point que l'on ne sait plus très bien aujourd'hui ce qu'est la nation française... »

Le polémiste : « Vous puisez vos plaintes d'une source riche en n'importe quoi. »

Moi : « Ce qui m'intéresse plutôt c'est le sort de la France, plus encore que celui d'Israël. Et la France ne va pas bien, mais alors pas du tout. Finkielkraut dit que « nulle sphère de l'existence n'échappe désormais au principe marchand ». Allons plus loin, le déclin de la France est une conséquence directe du triomphe du libéralisme, et du communautarisme multiculturel qui est une de ses conséquences, c'est dans ce sens là que je parle de la responsabilité du néolibéralisme dans la situation actuelle.
Golems, c'est dans le sens où à force de polluer le débat et de tout ramener à leur souffrance particulière (sans nier le caractère universel d'un traumatisme comme la Shoah), certains Juifs risquent de créer leurs propres créatures monstrueuses qui se retourneront contre eux, à force de les avoir stigmatisés dès l'enfance à coup de culpabilisation outrancière. »

Le libéral : « Hélas monsieur, je suis un travailleur et je vois parfaitement que la société où je vis n'est pas du tout libérale en économie. Je paye pour le savoir et je vous assure que le travail n'enrichit pas. C'est même tout le contraire.
Quant à créer des golems... Si des gens sont agacés au point de devenir des criminels, c'est peut être que ce sont de très mauvaises gens. Moi aussi on m'emmerde, je n'ai pas l'intention de devenir un assassin. »

Moi : « Et bien luttez pour que la société devienne enfin libérale, moi je lutterai pour le contraire. »

Moi : « Et bien sûr nous tous européens sommes à mettre dans le même sac pour des faits certes imprescriptibles, mais pour lesquels nous n'étions même pas nés. Comme je l'ai déjà évoqué dans mon premier commentaire, nous sommes tous nés coupables car Européens, sauf les Anglo-Saxons bien sûr.
Mais dans votre raisonnement vous oubliez l'Asie aux facultés d'adaptation remarquables, dans la lutte à mort que se livrent des continents entiers sur le plan économique, je ferais bien un petit pari sur l'Asie.
Pourquoi ? Parce qu'ils ne se déchirent pas comme nous, comme sur le continent européen, entre descendants de juifs, chrétiens ou musulmans désormais.
J'ai déjà expliqué que mes ancêtres avaient été persécutés et pour certains génocidés par la République durant la Révolution française. Je n'ai aucune leçon à recevoir en matière de persécution de votre part, merci ! Est-ce que je vous demande d'avoir du cœur avec mes ancêtres qui se sont fait massacrer par les armées républicaines en Bretagne et en Vendée ? Ou bien alors avec la quasi intégralité de mes arrières grands parents qui on péri lors de la première guerre mondiale, occasionnant des traumatismes irréversibles ? La nature profonde de l'homme consiste dans sa capacité à donner et recevoir, pas dans la poursuite de son petit intérêt individuel égoïste, fusse-t-il celui d'un peuple ayant subi la plus abominable et singulière des persécutions. »

L'homme viril : « Ben alors ramenez pas votre fraise avec les Chouans... si je vous disais que le sud Vendée était pour grande part républicain ; que je viens d'une famille bretonne jacobine ayant célébré l'empereur... et que la couronne britannique a mis les ancêtres qui m'ont donné mon patronyme au martyr... allez ça va... »

Moi : « Tu me fais craquer, tu es d'une telle virilité mon chou ! »

L'homme viril : « Gamin va ! Mais la Shoah n'est pas un héritage c'est une plaie. Il n'y a rien à "voler" !»

Moi : « Oui mais c'est une plaie pour le genre humain, qui descend de son piédestal avec un tel crime sur la conscience. Car encore une fois selon moi le genre humain est Un, il n'y a qu'une seule nature humaine qui est universelle. C'est tombé sur le peuple allemand de commettre l'irréparable, mais cela aurait pu être n'importe quelle autre nation du monde. D'ailleurs les Allemands ne sont pas les seuls à avoir commis des génocides. Il me semble quand même que le premier génocide de masse fut celui des Indiens d'Amérique. Peut-être même que ce qui caractérise l'espèce humaine par rapport aux espèces animales est son aspect génocidaire... Ça fait réfléchir effectivement ! »

L'homme viril : « Houla ! Vous pleurez des ancêtres d'il y a deux siècles que vous n'avez pas connu vous ? Ne voyez-vous pas que votre comparaison est totalement déplacée ?! »

Moi : « Et si je vous disais que mon ex-compagne est juive, que ma fille est juive, que mon beau-père qui m'a apporté affection et bonté est juif, vous me croiriez ? »

Le polémiste : « Qu'est-ce qu'on a à foutre de votre chantage sentimenteux? En quoi vos problèmes psychologiques sont-ils pertinents au sujet en discussion ? »

Moi : « Je reconnais là bien votre style de juif à la nuque raide, et votre façon de chasser vos proies en meutes. Vous vous trompez de cible ! »

L'homme viril : « Ah mais sur le fait que l'humanité est souvent à désespérer, qu'on a fait des progrès dans la barbarie, et le génocide, pour finir par s'envoyer en l'air aux portes des ghettos, là, bien sûr qu'on va tomber d'accord... vous n'avez pas inventé l'eau chaude mon vieux ! »

Moi : « Oui ce n'est pas ça le cœur de "mon" problème effectivement. Moi j'ai su donner et recevoir de la part de Juifs. J'ai même "donné" un enfant à votre communauté par amour, mais continuez à m'insulter de façon dogmatique pour vous prouver votre virilité. Je sais que désormais le mot Amour n'évoque plus rien pour vous, et qu'il n'y a plus que la Haine ! »



1 commentaire:

  1. Si je devais mettre le doigt sur un concept qui a à voir avec ce qui se reçoit comme une « aporie », quand on te lit ci‐dessus, et sur quoi il faut travailler, c'est celui de « dogme ». Appliqué à la séquence des siècles m(Lumbroso)odernes, ce concept de dogme à largement plus à voir « avec le problème qu'avec la solution ». J'ai cru comprendre en te lisant que tu avais trouvé, pour ton bien, à faire un cheminement de retour de l'athéisme vers la religion, et si c'est bien le cas, eh bien dans ce type d'aspiration, dans cette forme de nécessaire spiritualité dont tout être humain ressent, sous une forme ou une autre le besoin « vital », il y a aussi trop de « dogme » à se laisser penser que le choix est juste binaire, Oui/Non, être dans l'Église ou hors de l'Église, croire comme on a cru classiquement pendant des siècles ou ne pas croire. Au titre de la nécessaire action engagée, en ces temps de tsunami matérialiste (au sens commun et non philosophique du terme) et individualiste sous imperium US, je me suis engagé pleinement, pendant plus de 3 ans, d'octobre 2012 à janvier 2016, comme porte‐parole national « juif, athée et de gauche » de « La Manif' pour Tous », le mouvement populaire le plus retentissant en France depuis Mai 68 (où j'avais 15 ans et ai défilé de République à Nation le 13 mai en criant » 10 ans, ça suffit ! ;). J'ai été immergé comme jamais auparavant en « Catholand », aux côtés de mes camarades catholiques, très majoritaires dans le mouvement, et dans mes nombreux discours en tribune, j'ai longtemps remercié toutes ces foules conscientes et concernées de nos sympathisants, « d'être restés dépositaires de bonnes valeurs qui dépassent la religion, qui valent universellement ».

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