vendredi 7 juillet 2017

Macron et le sacrifice de la France d'en bas


Jean Pierre C. : "Coup de théâtre ! : "La découverte d’une structure composée de crânes humains, à Mexico, autrefois la capitale de l'empire aztèque, révèle l’existence de victimes jusque-là insoupçonnées par les chercheurs : des femmes  et des enfants". C'est décidément sympa toutes ces chouettes religions..."


Mariane F. : "Ce n'est pas une nouveauté que la pratique du sacrifice humain chez les Aztèques ! Et ce que j'adore, c'est la réaction rapportée comme "horrifiée" de Cortes le colon espagnol sanguinaire en découvrant ce peuple primitif, exterminé jusqu'au dernier par la même occasion par les Européens. Faut-il rappeler que les "bons sauvages" amérindiens étaient pour nombre d'entre eux anthropophages ? Et que la peur éprouvée par le colon à leur encontre, si elle ne justifie rien, explique néanmoins que la confrontation ait pu être problématique ?"

Moi : "Oui tout à fait cela est un élément de réponse dans l'explication du génocide de ces "barbares" par les colons. Il faut rétablir la bonne conscience de notre civilisation occidentale telle qu'elle va. Il est évident qu'avec Macron au pouvoir nous profiterons tous pleinement des bienfaits du progressisme, et que jamais dans l'histoire de l'humanité un pays n'a eu un président aussi parfait que lui. Jamais non plus l'Homme ne fut plus civilisé, conscient des horreurs du passé et conscient que sa vie s'améliore considérablement au rythme du progrès. Alors bien sûr le génocide des Indiens est un peu regrettable, mais il faut bien voir la barbarie à laquelle nous avons échappé si les Indiens avaient remporté la victoire sur les colons, nous avons échappé à un grand péril, c'était eux ou nous. Et comme ce fut nous, nous pouvons voir aujourd'hui l'incomparable supériorité de notre civilisation démocratique basée sur l'idée de progrès, sur toutes les autres civilisations du passé."

Jean Pierre C. : "Bravo pour cet utile rapprochement entre les Aztèques et l'élection française: tout s'éclaire soudain!..."

Moi : "Ce que je veux dire Jean Pierre C., malgré votre aveuglement dogmatique, c'est tous les ravages qu'entraîne déjà le mode de fonctionnement de notre civilisation reposant maintenant depuis trois cents ans sur l'idéologie libérale, telle que conceptualisée de manière systématisé par Adam Smith, et appliqué à la lettre, avec de moins en moins de régulations étatiques pour pondérer ses effets. Ces ravages consistent en France en une rupture désormais quasi radicale entre les Français bobos des grands centres urbains exploiteurs et les Français dits de la France périphériques exploités, l'abandon du projet d'éduquer les enfants de France en sous payant les fonctionnaires chargés de le faire, donc démotivés, pourquoi ne faudrait-il récompenser que la finance, le patronat et les actionnaire ? C'est ensuite à l'échelle mondiale, les guerres et le désordre exportés au Moyen-Orient (des millions de victimes dont nous sommes responsables). Enfin c'est la question de la préservation de l'environnement incompatible avec l'idéologie libérale qui postule une croissance illimitée, oui mais le problème est que notre monde, notre planète, elle, est finie, comporte des limites, les ressources ne sont pas inépuisables. Conclusion : nous sommes bien pires que les Aztèques qui eux ne remettaient pas en question les équilibres écologiques qui assurent notre survie (pour combien de temps encore ?), sur cette petite planète, dans un petit coin d'une galaxie, perdue dans le vaste univers."

Sylvie T. : "Je trouve fâcheux d'instrumentaliser une découverte "archéologique" dans un sens ou dans un autre. Et fâcheux est un terme un peu lâche pour dire mon indignation."

JP F. : "La religion ou les idéologies, cela donne si souvent des catastrophes, mais à vrai dire c'est l'Homme qui est la cause."

JP F. : "Cet amalgame de haine de l'élite et d'antioccidentalisme est du populisme évitable mais triomphant actuellement. D'un autre coté le mépris des religions est bien compréhensible mais ça n'avance guère car l'Homme doit surtout apprendre à gérer ses angoisses tout en trouvant du sens. Cela ne se réglera pas par ce genre d'attitude, même le rationalisme scientiste s’avère farci de contradictions et faiblesses. Non ?

Moi : "Bien sûr que le rationalisme scientiste s'avère farci de contradictions et de faiblesses, par exemple je pense que la science s'avère incapable de donner du sens à nos vies, et que nous avons besoin de chercher des nourritures spirituelles, ailleurs, c'est évident. Mais notre civilisation progressiste et matérialiste s'éloigne de toute trace de spiritualité et va à sa perte à n'en pas douter, même les Aztèques avec leurs sacrifices humains étaient porteurs de plus de spiritualité que nous, car leur religion donnait un sens au monde, c'est cela que nous avons oublié, que l'Homme est un animal certes rationnel mais avant tout religieux qui a besoin pour son équilibre psychique de donner un sens au monde. Ainsi peut-on voir notre civilisation comme une civilisation criminelle, criminelle pour la santé mentale de ses propres citoyens."

Jean Pierre C. : "Votre vie à le sens que vous lui donnez..."

JP F. : "Je ne crois pas a un sens nombrilisé, ni a une culpabilisation aussi extrême de notre civilisation."

Moi :  "C'est une réponse typiquement conforme à l'idéologie libérale Jean Pierre C., qui voudrait nous faire croire que nous somme des individus atomisés, séparés spirituellement les uns des autres. Or non, comme le présentait Rimbaud "Je est un autre", autrement dit nous avons besoin des autres, de l’intersubjectivité pour dire "je". Même la bourgeoisie occidentale qui se croit parfaitement "autonome" conformément à une tradition métaphysique occidentale, qu'Elisabeth de Fontenay qualifie de subjectivité humaniste et prédatrice, est avant tout une construction qui repose sur le rapport aux autres, et dans le cas de la bourgeoisie occidentale sur l'exploitation d'autrui. La bourgeoisie occidentale a en outre rejeté massivement la religion pour adhérer aux valeurs du libéralisme, et elle ne se pose même plus globalement les questions du bien et du mal, donc le problème de la liberté et du choix entre le bien et le mal. Le nouveau dogmatisme de la bourgeoisie n'est plus religieux, mais c'est celui du politiquement correct qu'il impose aux populations les plus défavorisées du territoire."

Moi : "Comment expliquez vous alors si la santé mentale de nos concitoyens n'est pas atteinte, l'usage massif d'antidépresseurs et d'anxiolytiques, notamment chez les Occidentaux, et particulièrement chez les Français, si notre société libérale est capable de fournir du sens ?"

Jean Pierre C. : "C'est Le manque d'Aztèques..."

Moi : "Expliquez moi votre jeu de mots, je n'ai pas compris !"

JP F. : "Nous allons dans le mur"

JP F. : "Je veux dire cette discussion dogmatique..."

Moi : "Nous allons dans le mur", c'est vrai puisque le libéralisme postule une croissance illimitée sans se poser la question de savoir si la Terre possède des ressources inépuisables ou non. Le dogmatisme est généralement du côté de ceux qui se croient dans le camp du bien et imposent à leurs interlocuteurs le dogme du politiquement correct comme argument, alors qu'il ne s'agit pas de réflexion mais d'un genre de réflexe défensif dénué de toute spiritualité et intelligence."

JP F. : "Je le répète, cet amalgame de haine de l'élite et d'antioccidentalisme est du populisme évitable mais triomphant actuellement. D'un autre coté le mépris des religions est bien compréhensible mais ça n'avance guère car l'Homme doit surtout apprendre à gérer ses angoisses tout en trouvant du sens. Cela ne se réglera pas par ce genre d'attitude, même le rationalisme scientiste s'avère farci de contradictions et de faiblesses. Non ?"

Moi : "Comment répondez vous à l'argument qu'un croissance illimitée est criminelle et non viable dans un monde fini, postulez vous comme dans Interstellar que nous arriverons à coloniser d'autres planètes pour désengorger la planète Terre ? Je ne suis pas un anti occidentaliste obtus, j'admire les civilisations grecques et romaines à l'origine de la nôtre, j'admire bien des réalisations de notre civilisation, mais je conchie le libéralisme, je conchie cette idéologie purement matérialiste, qui est en train de détruire toute trace de spiritualité dans notre civilisation, spiritualité qui avait fait sa force, matérialisme qui fera sa perte."

Moi : "L'élite médiatico-intello-politico-artistique bobo de Paris particulièrement et des grands centres urbains n'ont plus d'Aztèques à exploiter ou exterminer, ce seront donc désormais les indigènes de la France périphérique (lire Christophe Guilluy), l'éradication par la mort médiatique puis professionnelle puis psychique est "en marche", de ces Français plus ou moins de souche, qui avait le tort d'avoir des racines, désormais comme le dit Macron, ils ne sont "riens"."

Sylvie T. : "Je pense que, plutôt que de faire des comparaisons an-historiques, il vaut mieux examiner le présent et sortir du mythe. Par exemple, si nous restons au Mexique, que se passe-t-il dans les Chiapas? Ou comment ces gouvernements exaltent-ils des Aztèques mythiques pour continuer à ne pas voir et écraser les "Indiens" indigènes etc. réels."

Moi : "Bien sûr que je fais des comparaisons an-historique parce que précisément j'essaie de m'éloigner du dogme du politiquement correct, auquel vous essayer de ramener notre conversation : vous me parlez d'un problème local propre au gouvernement mexicain, je vous avouerais que je ne connais pas du tout cette problématique certainement digne d'intérêt. Mais Rousseau disait déjà des intellectuels en France à son époque, qu'ils préféraient éprouver une forme de compassion pour de lointains Tchétchènes ou autres opprimés, qu'ils ne connaissaient ni d'Eve ni d'Adam, que d'avoir la moindre compassion pour le vagabond démuni au pied de leur immeuble. Mais comme l'a très bien exprimé Macron ils ne sont "riens", donc on ne les voit pas..."

Sylvie T. : "Ce n'est pas un problème local propre au gouvernement mexicain. Il n'est pas question de phrases compassionnelles, mais de comprendre réellement, mondialement, de quoi on parle quand on parle de mondialisation et des dégâts causés par le néocapitalisme. J'aimerais ici chanter l'internationale..."

Moi : "Je crois savoir de quoi on parle quand on parle de mondialisation et rassurez vous je ne crois pas aux théories du complot qui serait mondialiste selon Pierre Hillard, ce ne sont pas mes références, même si ses écrits peuvent parfois être intéressants. Vous voulez chanter l'internationales dans le sens d'une solidarité des travailleurs de tous les pays ou dans le sens des vertus du libéralisme qui par le biais du commerce rapproche les peuples entre eux, en abolissant les frontières ?"

Didier H. : " L'élite médiatico-intello-politico-artistique bobo" ça me rappelle quelqu'une..."

Moi : "Vous savez que dès ses origines le socialisme, qui s'était construit en réaction aux ravages dans le monde ouvrier du progressisme (ce dernier était porté déjà idéologiquement au XIXème siècle par la gauche républicaine), le socialisme et ses adeptes donc (Proudhon, Fourier, Marx, Engels etc.), ne trouvait pas stupides tous les arguments énoncés par la droite monarchiste et réactionnaire contre l'idéologie bourgeoise, et en reprenait même certains à son compte. Tout comme Mélenchon et Le Pen utilisent souvent les mêmes arguments, et se copient l'un l'autre, contre l'idéologie libérale. Jacques Sapir avait même préconisé une fusion des deux mouvement qui se recoupent idéologiquement sur bien des points, car leur division est contre-productive pour les classes populaires et arrange bien la classe bobo (bourgeois hors-sols et modernes), qui ne cesse de caricaturer ces deux mouvements et de les qualifier de populistes. Alors qu'au départ il n'y a pas si longtemps, le terme de "populisme" était un terme noble pour qualifier la colère légitime des classes populaires exploitées."

Jean Pierre C. : "Abandonnez un instant votre obsession, il s'agit d'un commentaire sur les "bonheurs" de la religion, et accessoirement sur les Aztèques…"

Moi : "Dans le monde de Macron, il n'y a que les "créateurs de richesses" qui comptent. Les fonctionnaires ne sont pas des créateurs de richesse, ils ne produisent rien, ils ne sont donc "rien" ; aussi Macron va-t-il réduire leurs salaires et "dégraisser" la fonction publique de 120 000 fonctionnaires inutiles et "parasites". Heureusement pour le "salut de l'humanité" les 2000 personnes les plus riches du monde, les créateurs de richesses, ont une fortune totale estimée à environ 7 670 milliard de dollars, soit 3 fois le PIB de la France et un peu moins de la moitié du PIB des Etats-Unis. Tout notre système économique libéral a pour finalité l'enrichissement toujours plus grand de cette caste : c'est ce qu'on appelle un système pyramidal, où la grande masse des populations (dont les fonctionnaires ces parasites), doit se contenter des miettes qui tombent parcimonieusement de ces gâteaux colossaux. Pyramidal comme les pyramides du haut desquelles les Aztèques pratiquaient leurs sacrifices humain. Finalement notre société n'est pas très différente de celles des Aztèques, les sacrifiés sont les chômeurs, les pauvres, les fonctionnaires etc.... Ainsi va le monde, et on n'y peut pas grand chose !"


2 commentaires:

  1. Intéressante cette réflexion. Avez-vous lu la part maudite de G. Bataille ?

    RépondreSupprimer
  2. Je vous remercie beaucoup de m'avoir donné une piste pour tenter d'approfondir un thème qui me tient à cœur.

    RépondreSupprimer