vendredi 1 avril 2016

Le déracinement programmé

L'idéal aurait été que la planète ne fut peuplée que de déracinés, le déracinement donne une sensibilité exquise et souvent une intelligence supérieure. Le mal absolu en France, c'est évidemment le franchouillard enraciné dans son terroir, qui se croit chez lui, et est d'autant plus virulent qu'il défend son "chez soi". Les gens qui se croient quelque part chez eux sont souvent odieux, notamment avec ceux qu'ils dénomment les "métèques", mot dont l'origine est grecque et désigne l'étranger dans une cité.
Pourtant le déracinement a déjà eu lieu, il n'est pas le fruit d'une invasion musulmane, même si celle-ci est toujours possible. Le déracinement est le fruit de l'école, mais surtout du caractère de notre société, portée vers le progrès technoscientifique et soumise à l'économie libérale dérégulée, sans aucun souci de l'épanouissement individuel ou du bonheur de chacun. Le problème est que ce déracinement se fait de façon perverse et brutale, sans que l'on demande leur avis aux habitants du pays France notamment, on comprend que presque tout le monde - à part quelques fidèles, dont la fidélité frise le fanatisme - soit complètement déboussolé, et ne se reconnaisse plus dans aucun parti politique.
Ce qui explique évidemment la montée des votes extrêmes, c'est une réaction de rejet  - mais que l'on assimile aussitôt à du racisme et de l'antisémitisme - de ce cette aliénation : absence de choix, et non possibilité d'épanouissement personnel ; mais pour un autre caractère qui si il a des similitudes avec le racisme des états du sud des États-Unis avant la guerre de sécession, ou encore avec l'idéologie allemande des années 30, sera très pervers aussi, mais de toute façon n'aura plus la puissance de frappe qui était celle de l'Allemagne à cette époque. En réalité aujourd'hui on a le choix entre Charybde et Scylla, choix entre le libéralisme dérégulé qui porte un projet - celui de l'oligarchie mondialisée -, ou le repli sur son identité, sans autre projet politique ou économique que ce repli sur soi.
Il est évident aussi que l'oligarchie qui s'est constituée à partir de ce libéralisme dérégulé, et de cette quête technoscientifique vers toujours plus de progrès, sans autre finalité que sa propre amélioration technique - vers but ultime nous dit-on l'IA, c'est-à-dire le contrôle généralisé de la population mondiale par des machines -, sans souci du devenir de chaque caractère particulier, peut aussi donner l'impression de la manipulation et du complot. Alors que non ! l'oligarchie ne fait qu'accompagner le caractère pervers de la société technocratique et libérale, qui a sa volonté propre et son propre destin déshumanisé et déshumanisant, elle surfe sur ce caractère pervers généralisé pour en retirer des bénéfices, jusqu'au bout elle cherchera le profit pour le profit, sans aucune finalité d'épanouissement personnel, même pour elle-même, et là on rejoint l'éthique du protestantisme. Il ne faut pas croire que les Français auraient fait mieux, par d'autres chemins ils auraient aussi accompagné, de la même façon que les Anglo-Saxons le caractère de la technique, qui est de se développer sans autre finalité que son propre développement et en dehors de la considération de tout épanouissement individuel possible, hormis dans l'intégration à ce système qui au final est... pervers, car il se fait derrière le dos des hommes "en chair et en os".

2 commentaires:

  1. Pour moi qui aime le symbolisme déracinement/enracinement sont les deux faces d'une même médaille.
    J'aime le symbolisme en sa conception ancienne : « À l'origine, en son étymologie (σ υ μ-β α ́ λ-λ ε ι ν), le symbole est un objet coupé en deux dont les parties réunies à la suite d'une quête permettent aux détenteurs de se reconnaître ».
    Donc enracinement déracinement constituent un ensemble très humain contenu dans chacun d'entre nous seule les proportions de l'un et l'autre peuvent varier un peu, cette proportion est finalement liée au compte en banque ………….
    Les V .I.P. cosmopolites sont enracinés dans leurs mondes ... mêmes lieux de séjours, même langue des affaires … mais à l'échelle Monde. Le Roi d'Arabie il y a peu comptait faire une pause sur notre côte d'Azur et sans doute y inviter et y donner des fêtes à ses clones des affaires!
    Les gueux enracinés ou déracinés du coin n'y auraient pas eu accès.
    Bref mon ouverture au Monde peut être proportionnelle à mon aisance ?
    Il y a une autre notion populaire dont vous ne parlez pas mais que j'ai trouvé chez les plus humbles.
    C'est le sens de l'hospitalité, de l'accueil de l'autre.
    En général, pour en avoir moi-même bénéficier, ces sociétés ont un sens de l'accueil proportionné au respect qu'il sente/ressente chez l'autre par rapport à eux.
    Ce que vous appelez racisme n'est peut être que l'expression d'une rancœur en réaction qu'il ressente chez l'autre ?
    C''est sans doute une erreur dramatique car porteuse de guerre civile de nier cette réalité psychologique.
    Bref tout cela est complexe et les raccourcis dangereux.

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  2. Je vous avais répondu par un message trop pathétique, je me ressaisis. Que vous répondre ? Que je ne fais pas de l'antiracisme un dogme, et que je suis souvent très critique par rapport au mouvement SOS-Racisme, dont j'ai l'impression qu'ils ont cherché à manipuler la jeunesse dans les années 80, mais il y avait aussi de la manipulation de l'autre côté, je marche sur le fil d'un rasoir en essayant de garder l'équilibre ; je n'ai aucune dette envers les années "tonton", je n'ai de dette qu'envers les quelques personnes qui n'ont pas mis de dogme, toujours susceptible d'écraser toute personnalité et tout caractère, au nom d'une bonne cause.

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