mardi 2 novembre 2021

Zemmour underground, Sainte Blandine livrée aux lions



Tautisme : « Autisme tautologique par lequel on répète interminablement la même cérémonie abstraite. Autisme totalisant par lequel nous sommes dilués dans l’absolu du monde, faute de nous être séparés de lui pour le comprendre. »

Dans notre monde on ne peut être que tautiste : « Principe qui consiste à prendre la représentation de la réalité pour son expression. Par ce biais les médias se copient les uns les autres et cette répétition tend à nous faire croire qu'elle vaut preuve.  Le terme est à la fois un néologisme et un mot-valise, forgé à partir des mots tautologie et autisme (maladie de l’auto-enfermement communicationnel dans laquelle le patient n’éprouve pas le besoin de communiquer) » Lucien Sfez (Cf. Critique de la communication. Seuil, 1988)

Tous tautistes donc, puisque le monde est totalement désenchanté des religions qui l'avaient enchanté. Pourtant il existe toujours de la création artistique, ou plutôt des choses bizarres, des phénomènes étranges comme l’art contemporain, le rap et les smartphones. Oui on ne peut être que tautiste puisque le monde ne nous parle plus, alors on se raccroche à des images, à des discours, qui nous font prendre la représentation de la réalité pour son expression. En général on se raccroche à la doxa dominante, et comme la nature a horreur du vide, il y a toujours un discours transgressif. La grosse ironie est qu'aujourd'hui la transgression vient des milieux catholiques les plus conservateurs et traditionnalistes, alors qu'au départ la transgression se définissait par rapport à ces milieux catholiques conservateurs et traditionnalistes, étant aujourd'hui complètement marginalisés et quasiment underground, totalement ridiculisés et traînés quotidiennement dans la boue dans tous les médias, faisant l'objet des caricatures les plus grotesques comme celles qui représentent Zemmour en réincarnation d'Adolf Hitler.

Désormais c'est le dogme religieux catholique qui est transgressif et underground en France, tandis que la censure est imposée par ceux qui se prétendaient hier les transgressifs et subversifs de mai 68. Nous voici revenus 2000 ans en arrière en une seule génération, celles des baby-boomers, où ils jouent le rôle des Romains persécuteurs et Zemmour le rôle de Sainte-Blandine livrée aux lions, persécuté pour ses idées par la doxa tautiste ; et plus globalement tous les conservateurs et les réacs le rôle des premiers chrétiens.

Entre parenthèses Zemmour a permis d'ouvrir la boîte de Pandore de toute la frustration catho tradi, parce qu'il a la légitimité pour ça, et qu'est ce qui lui donne cette légitimité ? C'est le fait d'être juif, c'est à dire d'appartenir à ce peuple que nul ne peut suspecter d'entrer en collusion avec le fascisme, qui jouit d'une pureté virginale en ce domaine, comme Jeanne qui était pucelle. Un homme blanc c'est toujours 100 % coupable, un homme blanc juif non, pas tout-à-fait, car il peut toujours brandir la Shoah qui lui permet de se refaire une virginité morale.

Le Génocide des Juifs était la part maudite du nazisme au sens de Georges Bataille, il y a quelque chose là-dedans qui a à voir avec le sacrifice. Peut-être un sacrifice collectif aux dieux païens germaniques pour obtenir la victoire.

Zemmour est comme Jeanne d’Arc, il décuple les forces de ses sympathisants, non parce qu’il est une femme comme Jeanne au milieu de guerriers mâles, mais presque de la même façon, parce qu’il est un Juif et qu’il représente l’altérité au sein de ces milieux catho tradi ; désormais le camp de la subversion et de la transgression. Il est évident que pour les conservateurs et réacs de tous bords, Zemmour représente la DIVINE SURPRISE. D'un point de vue freudien c'est aussi le retour du trop longtemps et trop brutalement refoulé.

NIETZSCHE A DIT DIEU EST MORT, RESSUSCITONS DIEU !

Je suis matérialisme car je pense avec mon corps, paradoxalement je pense que l'homme n'est rien sans transcendance. Quand je regarde le monde autour de moi avec mon corps, je ne vois que violence, laideur, rapports de force pour obtenir le moindre travail salarié ; les seules choses belles que je vois sont des œuvres du passé quand les hommes avaient encore de l'esprit : églises, cathédrales, grands monuments, châteaux, toute l’architecture jusqu’aux débuts du XXème siècle...

Alors bien sûr on fait vivre un maximum de gens dans un bien-être relatif, avec un consumérisme qui leur sert de religion, mais le prix à payer est-ce la disparition de l'esprit ? Dans ces conditions le soi-disant recul de la misère n'a aucun sens.

Quant à la littérature un des derniers bastions préservés, elle est contaminée comme tout par le wokisme et la déconstruction ; Finkielkraut et Houellebecq prédisent sa disparition. Que restera-t-il ? Quel sera le moteur de nos actions ? La pure spéculation scientifique (la science spéculative), qui ne pense pas selon Heidegger ? Non ce moteur ne sera vraisemblablement que l’expression de la médiocrité la plus crasse lorsqu’elle n’est dirigée que par la vanité et l’orgueil sans nulle transcendance, c’est-à-dire sans ressentir aucune présence.

Nietzsche disait que l'homme avait besoin d'illusions pour penser et créer, si Dieu doit être cette illusion, ressuscitons Dieu ! On ne voit plus que la vanité et l’orgueil des hommes, donc leur médiocrité, qui s’affichent partout en gros caractères, c’est cela l’émancipation ? Les droits de l’homme je veux bien, mais un peu d’humilité quand même.

Misère de l’homme sans Dieu, comme le disait Pascal. Sans cette présence qui est à ressentir avec son corps, et qui est de l'ordre de l'expérience mystique que bien des hommes pouvaient ressentir tout naturellement quand les époques étaient encore religieuses, même la famille et la nation disparaîtrons. Et ce n'est pas par décret que vous pourrez lutter contre les dérives du wokisme, qui n'est que l'effet de la fragmentation de la société depuis 1789. Cette fragmentation, cette dissolution, dans les rapports humains, nul besoin d'être un grand clerc pour la ressentir dans son corps ; tout le monde à sa propre échelle peut la ressentir et c'est faire preuve de mauvaise foi que de prétendre le contraire.

Nietzsche avait sans doute raison de dire que le nihilisme est dans la volonté des philosophes à vouloir changer le monde à partir d'arrières-mondes. Mais plus encore aujourd'hui comme le dit Heidegger qui prônait le retrait dans la fin de sa vie, ce nihilisme est dans la volonté de puissance de nos contemporains qui tournent complètement à vide, absurdement.

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