Ce que l'on évalue avant tout chez un élève, c'est la santé. La
santé au sens des psychologues, au sens de Nietzsche. L'intelligence est un
signe de bonne santé. La bêtise est un signe de mauvaise santé. Même quand on
croit juger quelqu'un au nom du bien et du mal, on le juge en réalité du point
de vue de la santé. La santé a toujours raison. Souvent on ne sait pas que l'on
est en mauvaise santé. C'est par le fait d'avoir été en bonne santé que l'on
peut se rendre compte que l'on est malade. Dieudonné par exemple s'en rend-il compte
? On l'attaque au nom du bien et du mal, alors qu'on devrait faire preuve à son
égard de compassion, comme à l'égard d'Hitler, difficile toutefois de faire
preuve de compassion pour un homme responsable plus ou moins directement de 60
millions de morts. Mais cessons de rêver à de vaines utopies. L'Histoire juge et
elle juge durement du point de vue du monde des adultes, à un instant t. Cet instant
t n'a rien d'absolu, il est relatif. Il dépend de chaque époque qui est
gouverné par des "forts", c'est-à-dire par des gens en grande santé. Mais
même la vision du bien et du mal des hommes en bonne santé est relative. Ce qui
compte c'est d'appartenir au groupe et d'adhérer aux valeurs qu'il s'est
choisi. Dans un régime aristocratique, les valeurs ne sont pas les mêmes que
dans un régime démocratique. Le temps de la démocratie nominale ou de l'oligarchie
réelle, n'est pas forcément éternel. Il n'est pas dit que l'on puisse faire
mieux, ni faire pire. Des gens psychologiquement malades, comme Jésus, peuvent
aussi être repris par des forts, pour orienter l'époque vers des millénaires de
conception du monde. L'Histoire se
nourrit de martyrs, de héros, c'est-à-dire de gens souvent en mauvaise santé,
qui ne font pas passer leur volonté de persévérer dans l'existence, avant celle
des autres, ou comme un absolu. C'est un signe de bonne santé de s'accrocher à
l'existence comme un ténia, comme une moule à son rocher ; mais cela ne fait
pas de vous un martyr. Hitler a le profil d'un martyr, bien qu'il soit
criminel. Et toute sa gestuelle et son discours sont aujourd'hui repris par
certains humoristes ou penseurs complotistes. Preuve que Hitler est toujours
vivant, ne serait-ce que dans la gestuelle, dans le geste de la quenelle par exemple. Cette
survivance est en plus le déclencheur d'un guerre civile larvée. Quelquefois
aussi dans les cours de recréation, c'est l'élève malade, d'un point de vue
psychologique, qui se retrouve en état de bouc-émissaire, et taxer de
ressemblance au laid, c'est-à-dire au vaincu, c'est-à-dire à Hitler. Quelquefois
on a besoin d'un plus petit que soi, pour en faire son petit Hitler intime. Autrement
dit tout le monde, et pas seulement les gens en mauvaise santé, est responsable
de la propagation d'une forme de délire de persécution post-hitlérien. Le problème c'est qu'à l'heure actuelle on ne sait toujours pas sortir du paradigme hitlérien.
Conclusion : c'est un signe de faiblesse de l'époque que
nous ne soyons pas sorti du paradigme hitlérien. La censure est la preuve que
nous ne sommes pas sorti de ce paradigme. Si nous étions forts, il n'y aurait
pas de censure et nous ne ririons non pas des spectacles de Dieudonné, mais du
bouffon Dieudonné.
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