lundi 14 février 2022

L'Homme peut-il avoir la connaissance des causes de ses désirs ou pourquoi Macron sera réélu ?


Je ne sais pas si Spinoza lui-même a trouvé les causes de ses désirs (aujourd'hui on dirait de ses fantasmes) qui le déterminaient, c'est peut-être finalement un trop grand optimiste. Car Schopenhauer avec la Volonté, puis Freud plus tard avec la psychanalyse, ont montré que la part inconsciente du sujet, donc inconnaissable si ce n'est par bribes dans les rêves notamment, était plus prépondérante que la part consciente dans les prises de décision, dans les actes ; un peu comme la face immergée de l'iceberg bien plus importante que la part émergée. Bref que notre volonté, notre liberté, notre représentation, la face visible de notre moi que l'on veut bien montrer aux autres, sont des illusions, sont factices, sont des faux-semblants, ce que je crois bien volontiers.

Au départ il y avait eu la tradition pour nous « aider », voire nous obliger, à faire des choix en nous y soumettant avec en toile de fond Dieu ou des dieux. Puis il y eu l'idéologie surtout au XIXème siècle et aux débuts du XXème siècle. Aujourd'hui c'est soi-disant chacun pour soi, une logique de l'individu au sein d'un système néolibéral, et jamais le sujet, qui ne l'est plus de rien ni personne, n'aurait été aussi « libre » émancipé de toute contrainte sociale, traditionnelle, idéologique, voire politique (qui n'est plus qu'une formalité sans véritables enjeux, comme voter Macron parce que c'est normal, tout le reste étant bizarre, excessif voire exotique), et même familiale avec en toile de fond un antagonisme né du féminisme, entre les hommes et les femmes ayant remplacé la nécessaire complémentarité féconde - en Occident mais pas en Asie ni en Afrique ; pur animal consumériste, c'est en réalité une vaste fumisterie !

L'Homme est un animal social, un animal politique même comme le disaient les Grecs - zoon politikon, qui a besoin de vivre en communauté pour faire des choix, et notre société postmoderne d'individus solitaires, aliénés parce que coupés de la communauté, semble vouloir faire l'impasse sur cette nécessité. Nous sommes désormais comme des atomes propulsés dans le vide selon une trajectoire rectiligne et invariable, en nous percutant souvent, où est le clinamen cher à Lucrèce et Épicure qui permettait de nous rencontrer et non de nous percuter ?

Les Français sont craintifs et grégaires (de Gaulle disait qu'ils étaient des veaux), ce n'est pas une communauté politique mais un troupeau apeuré au sein duquel la crainte est contagieuse et l'envie exacerbée, ils ne prendront jamais le risque de voter pour des extrêmes, qu'il s'agisse de Mélenchon, MLP ou Zemmour. Ils voteront comme ils ont toujours voté, pour qui ont leur a dit de voter, c'est-à-dire Macron ; ça s'appelle la fabrication du consentement et la technique est désormais bien rodée. Et toutes les contorsions sémantiques n'y changeront rien car les Français sont comme ça ! Je le répète, sans doute dans le vide hélas, notre volonté, notre liberté, notre représentation, la face visible de notre moi que l'on veut bien montrer aux autres, sont des illusions, sont factices, sont des faux-semblants ; au final les Français veulent plutôt montrer une belle image d'eux-mêmes au reste du monde, et ils sont persuadés que cette belle image c'est Macron, c'est de l'ordre de l'inconscient, du message subliminal que l'on fait passer dans les médias, plus encore que de la volonté consciente.

La plupart des gens préfèrent le mensonge à la vérité, pourvu que ce mensonge les soulage de la culpabilité et leur donne bonne conscience.


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